Kiru regardait l’île vers laquelle ils se dirigeaient avec l’estomac noué, il était à la fois pressé d’y retourner et hésitant à ce qu’il allait bien pouvoir leur dire à tous. Après tout ça faisait désormais un an qu’il était parti de Las Camp et tant de choses s’étaient déjà déroulées. Il n’y avait personne pour les accueillir sur le port ce qui était tout à fait normal puisque personne ne savait qu’ils arrivaient. A vrai dire le fait qu’ils aient pu traverser Calm Belt grâce à l’un des navires marines volé par la Révolution lors de l’attaque sur Marine Ford lui permettait d’avoir un coup d’avance sur la marine puisque les hommes du gouvernement devaient penser qu’il était encore quelque part sur Grand Line avec le Commandant Zora et les autres Révolutionnaires. Ainsi il avait un coup d’avance sur le Gouvernement Mondial mais surtout ses liens avec cette île et ses habitants resterait inconnue à leurs yeux ce qui était primordial pour le maudit. Finalement ils accostèrent sur le port et Kiru descendit aussitôt pour se diriger vers le village près duquel il avait grandi, un peu à l’écart du port. Il y allait seul, laissant les autres révolutionnaires se reposer au port en attendant que Le Golem ne revienne pour repartir sur une autre île. Ils avaient encore beaucoup d’escales à faire avant de pouvoir se poser sur Las Camp plus longtemps, même s’ils resteraient quelques jours il serait bientôt reparti sur les eaux de West Blue pour continuer de faire avancer la Révolution. A vrai dire cet arrêt était plus pour la Révolution que pour lui bien que ça lui fasse plaisir de revoir tout le monde, Caril en particulier. Seulement il savait aussi que le fait de devoir repartir dans quelques jours, même s’il reviendrait rapidement, lui déchirerait le cœur. Si ça n’avait tenu qu’à lui il aurait réglé tout ce qu’il avait à régler avant de pouvoir venir sur Las Camp pour une durée plus longue. S’il avait été encore en vie Lorka l’aurait certainement accompagné, mais malheureusement l’ex-mentor de Kiru n’était plus de ce monde. La blessure qu’avait causée cette disparition était encore à vif et il fallait bien avouer que le réconfort de Caril lui serait d’une grande aide pour surmonter cette épreuve. Cependant le plus dur pour Le Golem serait certainement d’annoncer à Jiro, ex-partenaire et ami de Lorka la mort de ce dernier.


Il avait appris par Lorka, du temps où ils avaient voyagés ensemble, que Jiro avait jadis était un membre de la Révolution au côté de son ami. Cependant il avait décidé de tout arrêter et s’était retiré sur cette île à la naissance de sa fille et à la disparition de sa femme. Kiru espérait ne pas le croiser, pour ne pas avoir à lui annoncer cette tragédie mais il savait pertinemment qu’il faudrait qu’il le voie. Après tout c’était l’homme qui l’avait recueilli lorsqu’il s’était évadé de Mariejoa et surtout Le Golem avait une demande à lui faire, il avait besoin d’instructeur pour le centre d’entrainement révolutionnaire qu’il projetait de construire sur l’île ainsi que d’hommes de confiance pour quand il n’y serait pas afin de le gérer. Et Jiro était absolument parfait pour réaliser ceci, de plus Kiru aurait du mal à construire ce centre sur cette île sans avoir l’approbation de cet homme qui était quasiment comme son père. Le maudit continuait d’avancer tout en réfléchissant à ce qu’il allait faire en arrivant dans le village dont il apercevait déjà les toits des bâtiments.


A peine rentra-t-il dans le village qu’il sentit le poids des regards des habitants sur lui, certains semblaient hésiter quant à l’identité du nouveau-venu mais d’autres n’eurent visiblement pas la même hésitation puisqu’ils s’avancèrent tout sourire vers lui. S’ensuivirent des commentaires amicaux et admiratifs quant à l’homme qu’il était devenu, certains tellement content de le revoir le serrer fort dans leurs bras. L’engouement qu’il suscitait parmi les villageois le faisait sourire, il était vrai que bien qu’il n’y soit pas né il avait été littéralement adopté par le village mais il fut néanmoins surpris lorsque la porte de la taverne s’ouvrit et qu’il découvrit à l’intérieur, juste au-dessus du bar, son avis de recherche! Dans un premier temps il ne sut pas trop quoi penser, était—il possible que ces gens le trahissent? Il en doutait mais quand même, il était aussi vrai que sa prime était désormais élevé et que celui qui le livrerait à la marine aurait de quoi s’arrêter de travailler jusqu’à sa mort. Voyant son regard fixé sur l’avis de recherche l’un des hommes du village lui lança :

T’as vu? On suit tes exploits depuis que t’es parti! C’est la première fois qu’un gars du village devient célèbre!

Kiru sourit en entendant ces paroles tandis que la pression retombait, pendant un moment il avait vraiment cru être tombé dans un piège mais tout allait bien, il se rendait même compte que certains seraient prêt à se battre pour qu’il échappe à la marine, ce qui lui faisait chaud au cœur. Il était pressé de revoir Caril mais sous la pression des demandes des villageois il accepta d’aller boire une bière avec eux à la taverne. Ils se mirent alors à lui demander de raconter ses exploits, ses aventures au point que Le Golem fini par accepter de leur conter quelques épisodes de son voyage. Prenant soin néanmoins de prendre ceux joyeux et incroyable en laissant de côté ceux tristes et sanguinaires. Les plus jeunes se massaient autour de lui, l’écoutant avec attention tandis que les plus vieux restaient un peu plus à l’écart, tendant néanmoins l’oreille pour entendre le récit du jeune Révolutionnaire.


Finalement après une bonne heure avec les villageois, alors que ceux-ci réclamaient encore et toujours plus de détails et d’histoires Kiru décida de les quitter pour retrouver son amie. D’un geste du bras il les salua en reprenant son chemin vers la forêt qui abritait la maison de Jiro. D’après ce qu’il avait appris des villageois Caril n’y vivait plus mais avec l’aide de Jiro et du village elle résidait désormais dans une maison se trouvant sur le chemin de celle de son ancien mentor. Il avança ainsi pendant quelques minutes avant de voir la maison que les villageois avaient construits pour la jeune femme, celle-ci se trouvait juste à l’entrée de la forêt, à mi-chemin entre le village et la maison de Jiro et Gaya. Il s’arrêta quelques secondes, contemplant la maison en pensant à tout ce qu’il pourrait y faire, imaginant sa vie s’il s’installait ici, oubliant la Révolution et le monde extérieur si cruel pour se poser ici et vivre de la nature. Surement auraient-ils des enfants qu’ils élèveraient sur l’île tranquillement, ayant une vie heureuse et sans soucis. Kiru se secoua la tête afin de se remettre les idées claires, il n’avait pas le temps de rêver d’autant plus qu’il savait pertinemment que cette vision n’était pas possible, peut-être un jour mais il faudrait encore des combats et des morts pour qu’au final la paix règne sur le monde, enfin si cela était seulement possible. Il se décida finalement à avancer vers la bâtisse d’un pas sûr qui ne reflétait pas du tout l’état mental dans lequel il était actuellement.


Arrivé devant la porte d’entrée il hésita de nouveau pendant quelques secondes à frapper avant de prendre une longue respiration et de prévenir de sa présence en toquant à la porte et en appelant son amie. Au bout de quelques secondes la porte s’ouvrit, lui laissant découvrir avec soulagement le doux visage de Caril qui n’avait pas changé d’un pouce. En le voyant la jeune femme écarquilla les yeux et lui sauta au coup en fondant en pleurs. Le fait de la voir si heureuse de le revoir faisait du bien au maudit, il savait que c’était idiot mais tous les scénarios possibles lui avaient traversés la tête, qu’elle est retrouvé quelqu’un d’autre et l’ai oublié par exemple. Mais au vu de sa réaction il comprenait que pour elle comme pour lui il n’y aurait jamais personne d’autre. Serrant fort sa bien-aimée contre son cœur il entra dans la maison, découvrant les pièces et les lieux où elle vivait tous les jours. Rapidement elle commença à le questionner, les questions lui venant visiblement en tête bien trop vite pour qu’elle puisse toutes les dires. Finalement il posa son doigt sur sa bouche afin de la stopper avant de l’’embrasser. Cela sembla la calmer  puisqu’elle ne parla plus, ne faisant que le regarder avec un grand sourire. Il lui expliqua alors rapidement qu’il ne revenait pas définitivement, qu’il resterait sur l’île pendant quelques mois seulement avant de repartir. Cette révélation semblait à la fois combler et décevoir Caril dont la mine avait légèrement changée mais dont les yeux lui disaient toujours à quel point elle était heureuse de le revoir. Certainement que ses yeux lui disaient la même chose. Il lui dit aussi qu’il devait aller voir Jiro mais à la vue de son visage décida de passer le reste de la journée avec elle. Ils allèrent se balader sur la plage où leur histoire avait commencée, remplie de souvenirs qui leur revenaient à chaque pas qu’ils faisaient. Puis il rentrèrent à la maison à la tombée de la nuit, là ils se couchèrent en se serrant l’un contre l’autre, Kiru l’entourant de ses bras avec le sentiment de ne jamais plus vouloir la lâcher.


Le bruit du coq réveilla le Révolutionnaire à l’orée du jour, il contempla le visage endormi de Caril pendant quelques minutes avant de se lever et de lui faire un baiser sur le front. Il sortit alors de la chambre et se prépara rapidement afin d’aller voir Jiro. Il partit finalement de la maison à regret même s’il savait qu’il y serait de retour le soir même. Après quelques minutes de marche il arriva finalement en vue de la bâtisse qu’habitait son premier mentor. Celui-ci était d’ailleurs déjà dehors en train de couper du bois. A peine avait-il fait quelques mètres de plus que l’homme le repéra, stoppant son activité aussitôt. Il sembla tout d’abord plisser les yeux afin de distinguer l’identité de l’individu qui venait vers lui puis finalement son visage s’éclaira quand il reconnut celui qu’il avait recueilli et entrainer pendant quelques années. Les retrouvailles entre les deux hommes et la jeune fille qui avait encore grandie depuis son départ furent tout d’abord grandes embrassades et bonne humeur jusqu’à ce que Kiru demande à Jiro de le suivre un peu à l’écart afin de lui dire quelques mots :

Ecoutes beaucoup de choses se sont passées depuis mon départ, au Royaume d’Illusia je suis tombé sur Lorka, un de tes amis apparemment qui m’a intégré à la Révolution. Il m’a ensuite accompagné sur Grand Line pour une mission, malheureusement celle-ci a été un fiasco et il y a perdu la vie. J’ai fait en sorte qu’il ait un enterrement digne de lui et je te présente toutes mes condoléances.

L’homme avait tout d’abord sourit en entendant le nom de son vieil ami mais l’annonce de sa mort semblait l’avoir grandement troublé. Même s’il ne montrait aucun signe de réelle tristesse le Golem connaissait assez son mentor pour savoir que la nouvelle le ravageait intérieurement. Certes il s’en remettrait mais il ne pouvait que trop comprendre la souffrance de son ami puisqu’il avait ressenti la même, et encore maintenant il la ressentait au plus profond de lui. Ce genre de blessures étaient les plus difficiles à guérir et ne disparaissaient jamais réellement. Le maudit commença à se relever afin de laisser Jiro seul pour qu’il prenne le temps d’encaisser la nouvelle mais celui-ci lui attrapa le bras, l’obligeant à se rassoir et lui dit :

C’est très triste mais je m’y attendais! Depuis le temps que je ne l’ai pas vu et sachant les risques qu’accompagne la Révolution je me doutais qu’il ne passerait pas éternellement entre les mailles du filet. Mais il n’y a pas que ça, n’est-ce pas? Tu as autre chose à me dire alors vas-y maintenant pas la peine de me ménager ce n’est pas la première fois qu’un de mes amis meurt, c’est triste mais la vie doit continuer.

La réaction du vieil homme laissa Kiru bouche-bée, il ne s’était pas du tout attendu à ça. Son mentor ne cesserait jamais de le surprendre! Ce qu’il avait à lui dire semblait un peu déplacé au vu des circonstances mais sous l’invitation de son ami le maudit accepta de lui dire. Il chercha ses mots avant de lui répondre :

J’ai acheté le terrain de la bâtisse abandonnée sur la face Nord de la forêt afin d’y construire un centre d’entrainement Révolutionnaire secret. J’ai l’appui de la Révolution et le fait est qu’il sera très discret afin d’éviter des ennuis à cette île. Nous nous cantonnerons au nord de l’île pour former des jeunes soldats. Mais pour cela il me faudrait des instructeurs! Certes j’en ai déjà en tête et ça ne sera pas réellement un problème mais je voudrais que tu en prennes la tête. Je sais bien que tu as tiré un trait sur tout ça mais tu as un talent inné pour la formation et je suis certain que tu serais parfait dans ce rôle.

Ce qu’il venait de lui dire sembla surprendre légèrement l’homme qui sembla comprendre au fur et à mesure que les secondes passées. Il était certainement en train de peser les pours et les contres afin de prendre une décision. Certes puisque les terrains avaient déjà étaient achetés Jiro ne pouvait pas les empêcher de construire ce centre mais Kiru doutait de pouvoir le construire sans l’approbation de cet homme qu’il considérait un peu comme son père. Finalement après quelques secondes Jiro lui répondit :

Je ne sais pas si cette décision aura des conséquences sur le destin de cette île mais il est vrai que la vie est un peu monotone en ce moment et Gaya serait contente de participer à quelque chose comme ça. En plus ça lui permettra de voir un peu de monde. Donc je vais accepter ton offre avec plaisir, mais il faudra tout de même que tu m’expliques tout ça plus en détail.

Kiru poussa un long soupir de soulagement en entendant les mots de son ami et entreprit de lui expliquer un peu plus en détails les conditions et les plans du centre. Finalement après quelques minutes de discutions ils rejoignirent Gaya à la maison qui commença aussitôt à harceler de question le jeune Révolutionnaire qui lui répondit patiemment, ravi de revoir cette jeune fille qu’il considérait comme sa sœur. Le soir il repartit et rejoins Caril avec qui il passa la journée du lendemain. Finalement après trois jours sur l’île il dit au revoir aux trois personnes qui constituaient désormais sa seule famille et rejoins le port afin de repartir pour le Royaume d’Illusia. Maintenant que les premiers détails techniques étaient réglés pour le centre d’entrainement il devait aller chercher les ouvriers et les matériaux qui seraient nécessaires à sa construction. Tout s’emboitait parfaitement et Le Golem sentait que ce n’était que le début d’une nouvelle Grande Aventure.