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Péripéties quelque peu aiguisées [PV Kyoshiro]
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Mar 15 Avr - 22:43

Lystriss



Quatre heures du matin, l'air était frais dans cette petite île de West Blue. Tout le village dormait encore à l'exception d'une personne. Celle-ci se préparait pour une dure journée de labeur. En effet, un forgeron se devait de se lever très tôt pour respecter les délais de ses commandes. Déhann Rigell buvait son café, assis devant la table en regardant sa femme qui préparait le petit déjeuner pour son enfant, les yeux encore embués par le sommeil. Il commençait à s'impatienter, son fils prenait du temps, trop de temps. Il se leva de sa chaise en la faisant racler sur le sol. Il monta l'étage en tapant légèrement du pied.

Dans la chambre, le jeune Rigell dormait paisiblement, laissant entendre des ronflements impressionnants. Il se frotta instinctivement la joue, rêvant de quelques aventures extraordinaires. Le pauvre était loin de se douter de ce qui allait se passer. Encore enfoncé dans les bras de morphée, il se sentit se faire renverser. C'est tout affolé qu'il ouvrit les yeux, se retrouvant couché par terre, le matelas et le sommier renversés sur lui. Son père aimait tout particulièrement le réveiller d'une façon brutale. Pour lui, rien ne valait un réveil forcé, il trouvait que cela donnait un coup de fouet dès le début de la matinée.

- Cuisine dans cinq minutes.

Ce furent les seuls mots que Déhann prononça, puis il partit aussitôt laissant son fils émerger. Le jeune homme se leva en grognant, il attrapa ensuite ses vêtements et les mit à toute vitesse. S'il ne respectait pas les ordres de son père, cela allait chauffer pour son matricule. Après s'être passé un coup d'eau sur le visage et s'être "arrangé" la coupe de cheveux en y passant une main, il descendit. Rejoignant ses parents dans la cuisine, il s'assit devant une bonne plâtrée. Son père était déjà parti dans la forge, l'on pouvait déjà entendre le feu ronfler dans la grande cheminée de chauffe. Adhara regarda Keld avec tendresse et lui dit de se dépêcher. Le jeune homme l'écouta et engloutit son petit déjeuner. Une fois terminé, il se leva, déposa ses couverts dans l'évier et alla déposer un baiser sur la joue de sa mère.

La forge dégageait déjà une chaleur étouffante, l'air dehors était un peu frais et le choc thermique fut un peu brutal. Keld frissonna et alla attraper sa tenue. Il enfila un tablier et des gants en cuir épais. Le futur maudit rejoignit son père qui lui demanda de préparer les gardes des outils et autres armes ainsi que d'aiguiser les pièces déjà terminées.

Les minutes passaient d'une lenteur inégalée, Keld avait déjà terminé les gardes et venait à peine de commencer à aiguiser la première lame. Un coup d'oeil lui permit de voir que le soleil venait à peine de se lever. C'était un travail qui ne lui plaisait pas vraiment, il aurait préféré aider son père dans le gros du travail. Cela aurait peut-être changé sa vision quant au métier de forgeron. Il était encore trop inexpérimenté pour pouvoir faire des pièces d'A à Z. Il lui faudrait encore plusieurs années pour atteindre un niveau suffisant pour commencer les travaux les plus intéressants du métier. Cependant, il aurait déjà pu atteindre le niveau de son père s'ils ne croulaient pas sous les commandes exubérantes des bandits du coin. Rappelons-le, Lystriss était sous le joug du gang de BigJack et Déhann, pour protéger son village, avait décidé de taire sa fierté et de se plier à leurs ordres.

Le fils du forgeron soupira et se plaignit de manière que son père, pour une fois, le laisse faire quelque chose d'intéressant. En vain. Déhann était tellement borné et à cheval sur la perfection de ses oeuvres qu'il ne voulait pas que son fils pourrisse son travail. En effet, si une seule des pièces à fournir était de "mauvaise qualité", les bandits se vengeraient sur eux et pourraient blesser des gens, ou encore pire, ils pourraient s'en prendre à Adhara. Et cela, Déhann ne pouvait se le permettre.

L'horloge sonna onze heures et l'estomac de Keld commençait à faire des siennes. Il avait terminé d'aiguiser les lames et son père lui avait demandé d'aller récupérer du bois pour le fendre en quarts. À force, ce n'était plus lourd pour le jeune homme, en effet, ce métier et son entraînement hors normes avait décuplé ses forces et son endurance. Cela ne l'empêchait pas de flâner en portant une corbeille pleine de rondins de bois sur le dos.

Il se fit une énième fois rappeler à l'ordre par son père qui l'avait vu traîner du pied. La journée risquait d'être encore très longue.
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Tadake Kyoshiro
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Mer 16 Avr - 15:09
Péripéties quelque peu aiguisées



Cela faisait bien facilement deux ans que le jeune homme voguait d’île en île, à bord d’un vieux rafiot qui ne lui appartenait pas, ne sachant pas réellement ce qu’il espérait trouver sur sa route mais en profitant chaque jour de ce que la vie se permettait de lui offrir . En l’espace de deux ans il avait découvert bien plus de choses qu’il n’en avait vues sur son île natale ou dans son dojo durant tout le reste de son existence. Des hommes de très petite taille, des animaux féroces, des paysages magnifiques à vous couper le souffle, des femmes à la beauté incomparable : malgré le fait qui passait il n’arrivait toujours pas à totalement réaliser ce qu’il était en train de vivre. Il n’était qu’un fils de personne, qu’un anonyme au milieu de ce monde et la terre lui avait permis de sortir de l’anonymat le plus total afin de réaliser ses envies, afin de découvrir plus et de devenir plus que ce n’il était initialement destiné à devenir.
Comment remercier la vie elle-même de la chance qu’elle avait donnée à ce jeune candide ? Comment profiter au maximum et célébrer chaque jour cette nouvelle existence emprunte d’aventure qui était désormais la sienne ? Une chose évidente lui vint à l’esprit : désormais, sur chaque île où il poserait le pied, il ferait tout pour aider les miséreux, pour aider les faibles et les affamés, pour aider ceux qui n’avaient pas eu la chance qui lui avait été offerte. N’était-ce pas la moindre des choses qu’il pouvait faire pour rétablir l’équilibre ? Si personne dans ce monde ne souhaitait tendre la main à autrui, qui le ferait ? Qui le ferait si ce n’était pas lui ?
Non, il ne faisait pas ça parce qu’il se sentait contraint et forcé d’agir ainsi, il ne tendait pas la main simplement parce qu’il avait une dette envers la vie elle-même, il ne se sentait nullement obligé d’agir de la sorte mais il en avait profondément envie. Au fond de lui, contrairement à beaucoup de personnes, il était  foncièrement bon et généreux. Il était généreux alors qu’il ne possédait rien, il était bon alors que, en vérité, personne n’avait été bon envers lyi avant qu’il ne se mette à aider autrui. C’était là un acte de foi, un premier pas vers l’humanité et la bonté qui résidait enfouie dans chaque individu peuplant ce monde, une main tendue dans l’espoir qu’elle soit serrée : un acte de foi afin de gagner la confiance d’autrui, un pari sur l’avenir et la bonté supposée de l’humanité.

Mais à force de tenter de venir en aide à la veuve et l’orphelin, à l’affamé et au pauvre, le jeune homme s’était confronté plusieurs fois à ceux qui ne souhaitaient pas que les choses changent, à ceux qui se repaissaient de cette interminable inégalité…et ceux-là étaient prêts à user de force pour faire en sorte que cette inégalité prospère…et youpla boum…d’accord, je ne referais plus cette blague.
C’était pour cela qu’il s’était entraîné à l’art du sabre, pour avoir un moyen de défendre autrui lorsque les paroles n’étaient plus suffisantes, ce qui était arrivé souvent ces derniers temps. Nombreuses furent les fois où il fut contraint et forcé de dégainer son arme et de la brandir afin de calmer les ardeurs de ses opposants et les faire rebrousser chemin…et nombreuses furent les fois où montrer seulement l’objet fut loin d’être suffisant. Il dût se battre, il dût parer les assauts de ses opposants, il dût frapper au bon moment, du côté non tranchant de l’arme, afin de repousser et désarmer l’adversaire. Malheureusement, à force de combats, le jeune homme avait récemment noté que certaines parties du tranchant des deux lames avaient commencé à s’émousser et à perdre de leur efficacité. Ces armes étaient le symbole de la fin de son entraînement, l’objet symbolisant sa réussite et sa capacité à se défendre et à défendre autrui : il ne pouvait décemment pas les laisser dans un état pareil.

Il décida donc d’arrêter son rafiot sur la première île avec un semblant de village et, malgré le fait que les habitants semblaient se faire plus discrets que ce à quoi il était habitué, le jeune Kyoshiro demanda s’il y avait une forge dans les environs et, rapidement, on lui pointa du doigt la bâtisse à quelques rues de là. D’un pas rapide, pressé de voir ses lames retrouver leur éclat d’antan, le jeune homme pénétra dans la forge et s’adresse à l’homme qu’il y rencontra. Courbant légèrement la tête en guise de salutations respectueuses, il sourit à l’homme et lui expliqua la raison de son intrusion :

« Excusez-moi de vous déranger ainsi, mais on m’a dit que vous étiez le
forgeron de votre village et j’aurais grand besoin que mes lames soient aiguisées. J’ai l’impression que le temps et la pratique ont fini par les émousser quelque peu. »

À ces mots, le jeune homme attrapa le premier sabre et son fourreau et, lentement, extirpa une partie de la lame du fourreau afin que le forgeron puisse attester de l’émoussement de la lame. Attendant quelques secondes, le temps de laisser au forgeron le temps d’observer la lame, le jeune bretteur rengaina son arme et présenta au forgeron les deux lames dans leur fourreau.

« Bien sûr, je paierai en conséquence. »

Que pouvait-il ajouter de plus ? Si le forgeron acceptait sa demande alors le jeune homme n’aurait plus qu’à partir, pour le laisser faire son travail, et à revenir une ou deux heures plus tard. L’affaire était lancée, il ne restait plus que l’avis du forgeron.

Tadake Kyoshiro
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Ven 18 Avr - 0:16

Le forgeron



Déhann se tourna en entendant l'éventuel client s'annoncer. Il haussa un sourcil en jaugeant le jeune homme, il lui fit un signe de tête pour lui dire bonjour puis son regard se posa sur le sabre que dégainait l'homme en face de lui. Sans bouger, il continua d'analyser la lame qui se présentait devant lui puis il finit par se tourner vers son fils.

- Keld, deux lames qui arrivent, tu as deux heures.

Le jeune homme sortit de son tas de bois, les bras croisés, il regarda les katanas du client et se gratta le haut du crâne en réfléchissant quelques instants.

- Deux heures !? Des lames de cette qualité ?
- 1 heure et demie.
- Quoi !?

Keld resta là abasourdi devant les dires de son père mais celui-ci ne dit plus rien et finit par lui faire un geste d'humeur. Comprenant que ce n'était pas le moment de discuter, le fils se dirigea vers le jeune homme et prit l'une des lames. Ses yeux s'éclairèrent un instant.

- Ce sont de très belles pièces., lui dit-il, puis il se rapprocha un peu plus du jeune homme et chuchotta. Désolé, mon père est souvent grognon et pour lui, je devrais pouvoir faire le travail assez vite, cependant j'aurais bien voulu passer plus de temps sur des armes de si bonne facture, nous n'avons pas souvent la chance d'en voir ici. Elles seront prêtes dans une heure et demie, je viendrai vous les rendre en main propre. N'hésitez pas à visiter le village en attendant, il y a une taverne très sympa dans le centre du village.

Il attrapa la seconde lame et alla commencer son travail. Keld alla chercher dans l'armoire quelques pierres d'affûtage et en plaça une dans une tenaille. Il alla remplir plusieurs seaux d'eau par la suite et les amena non loin de là. Il prit le premier seau et le vida sur la pierre à gros grains, il dégaina la lame et commença à l'aiguiser. Les méthodes traditionnelles japonaises devaient être respectées, en effet s'il avait utilisé les techniques occidentales, il aurait endommagé la lame. Il changea la pierre pour un grain plus petit et reversa un seau d'eau dessus et recommença l'opération. Il fit ainsi de suite avec des pierres à grains de plus en plus petits.

Il regarda ensuite la lame nouvellement affûtée, il tourna le sabre dans tous les sens et vérifia s'il était toujours droit. Il prit une feuille de papier et la lâcha au-dessus du côté tranchant du katana. Celle-ci se découpa sans souci et Keld regarda son travail en souriant. Il fit de même avec l'autre katana. En tout cela lui prit trois quarts d'heure par lame, il avait bien fait son travail et alla montrer le fruit de son labeur à son père. Celui-ci lui ébouriffa gentiment les cheveux en lui disant d'aller les lui rendre. Il lui avait aussi donné le tarif.

Le jeune homme rangea les deux sabres et les accrocha à sa taille puis il partit à la recherche du bretteur. La journée s'était grandement réchauffée et le ciel était d'un bleu irréprochable, sans nuages. Keld gambadait tranquillement sans se douter de ce qui allait lui arriver. Cinq types débouchèrent de la forêt qui bordait la route, c'était un infime partie des bandits du coin. Le jeune homme se figea en voyant les gars s'avancer vers lui en brandissant des couteaux.

- Sympa les armes que t'as là héhéhé...

Le jeune homme ne dit rien et mit l'une de ses mains sur le pommeau d'un des sabres. Les types se mirent à rire.

- Tu crois être de taille ? Sérieux, on est cinq, donne nous gentiment ces katanas et peut-être qu'on te laissera partir.

Cependant, Keld savait pertinemment qu'ils n'en avaient pas l'intention. Il se mit en garde et leur fit signe de s'approcher. Sans attendre, le premier gars se rua sur lui, la lame vers l'avant. Le jeune homme fit un pas de côté pour esquiver le coup, attrapa le poignet du type et lui retourna d'un coup sec, le type se mit à genoux et Keld en profita pour lui casser le nez d'un coup de rotule. Les quatre autres virent ensuite à l'assaut, Keld esquiva leurs coups sans difficulté et en mit deux autres au tapis. Soudainement, un sixième type sortit des fourrés et assomma le futur maudit d'un coup bien placé sur la nuque. Le jeune homme s'effondra sur le sol, inerte. Puis ces individus le tirèrent plus loin dans la forêt une fois qu'ils s'étaient occupés de leurs blessés.



Cela faisait maintenant une heure que Keld était parti et il n'était toujours pas revenu. Déhann posa un marteau qu'il venait de terminer et alla s'essuyer les mains. Il grogna en se demandant ce qui lui prenait autant de temps. Peut-être s'était-il arrêté pour bavarder avec le bretteur ? Si c'était le cas, il prendrait une sacrée raclée en revenant. Ils avaient encore beaucoup de travail à achever et le fameux dimanche arrivait bientôt. Ils n'avaient pas le temps pour prendre des pauses et pour une fois qu'ils avaient eu un client, ils ne pouvaient pas se permettre de se faire de la mauvaise pub. Son fils avait fait du bon travail, mais s'il le fallait l'autre type ne serait pas content et encore une fois, Déhann aurait à repasser derrière l'oeuvre de son enfant.

Une fois débarbouillé, il se plaça devant la forge, la mine renfrognée et attendit quelques minutes. Ne voyant pas le retour de son fils, il décida d'aller au village pour ramener son gamin par la peau du cou.

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Tadake Kyoshiro
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Ven 18 Avr - 15:25
Péripéties quelque peu aiguisées


 

Le jeune homme n’avait jamais eu l’occasion de mettre les pieds dans l’antre d’un artisan du métal jusqu’à maintenant, il ne savait donc pas vraiment comment ces artistes arrivaient à donner vivre à un simple bloc de métal pour en faire l’un des plus belles et simples créations de l’homme. Il était inutile de vous dire que, en voyant cet assortiment d’ustensiles et de marteau qui pendaient au fond de la pièce, ses yeux se mirent à briller d’une lueur de curiosité et de fascination. N’avait-vous jamais souhaité savoir comment étaient créés vos biens ? N’avaient-vous jamais eu l’envie profonde de voir, étape par étape, un forgeron donner vie à la sublime création que vous finiriez par porter et brandir ? Non ? Eh bien, peut-être était-ce sa prédisposition naturelle à l’émerveillement face à la nouveauté, ou peut-être était-ce sa curiosité naturelle…ou peut-être les deux, mais il avait une envie brûlante de voir un artiste du métal à l’œuvre mais savait aussi que les artistes avaient besoin de concentration pour mettre en œuvre tout leur talent.
Avez-vous déjà essayé de travailler correctement en sachant que quelqu’un était derrière vous, à presque souffler dans votre coup, à épier chacun de vos faits et gestes ? Avez-vous déjà essayé de vous concentrer sur une tâche minutieuse, que vous ne pouvez-vous permettre de rater, en ayant constamment conscience d’un regard gênant et emmerdant, derrière votre épaule, vous fixant sans arrêt ? Si certains pouvaient être capables d’une telle concentration, tous ne pouvaient pas en dire autant et le jeune homme ne voulait sûrement pas déranger cet artiste durant son travail. Cependant, à la grande surprise du jeune homme, ce ne fut pas l’homme d’un certain âge qui allait s’occuper de redonner vie au tranchant de ces lames, mais bien un jeune garçon sortit de nulle part qui ne put s’empêcher de rechigner en entendant le temps qui lui était imparti pour réaliser ce travail.


Était-ce beaucoup demander que de laisser une heure et demie pour aiguiser deux lames ? Le jeune bretteur, n’y connaissant absolument rien, supposait que oui et était prêt à dire au forgeron qu’il pouvait bien attendre un peu plus longtemps si c’était nécessaire. Cependant le jeune garçon, qui se trouvait être le fils du forgeron, rassura le jeune bretteur en lui disant qu’il prendrait bien soin de ces deux belles lames et ferait le travail demandé en temps et en heure. Que demander de plus ? Bien sûr le jeune bretteur ne fut pas étonné que le fils fasse partie de l’entreprise familiale, peut-être la reprendrait-il un jour, mais si son père lui faisait confiance pour s’occuper de la réparation d’armes de qualité c’était qu’il avait un certain talent et une certaine expérience dans ce domaine. N’est-ce pas ? Oh et puis je ne sais même pas pourquoi je vous demande votre avis, c’est comme ça et pis c’est tout !

En apprenant que la commande serait honorée dans le temps imparti, le jeune Kyoshiro courba légèrement la tête en signe de remerciement et, se fendant d’un sourire, ajouta au jeune forgeron en herbe :

« Je vous remercie. Prenez-en soin. »

Voyant le jeune garçon partir se mettre immédiatement à la tête, Kyoshiro remercia également le père avant de sortir de la forge pour aller se perdre dans les ruelles de la ville. Que pouvait-il faire ? Le jeune forgeron en herbe lui avait bien conseillé d’aller se perdre dans la taverne et de manger et boire assez pour ne pas voir le temps passer, cependant, n’ayant pas forcément très faim, le jeune homme décida plutôt d’aller se perdre dans les rues et d’apprendre à connaître les gens du coin. Bien sûr il ne comptait pas forcément s’éterniser sur cette île une fois ses lames aiguisées, mais qu’avait-il à perdre à discuter un peu avec ces hommes et ces femmes ? Du temps mais c’était justement ce qu’il avait besoin de perdre.


Prenant son temps pour discuter avec les hommes et les femmes qu’il croisaient, ou du moins ceux qui prenaient le temps de s’arrêter pour discuter un peu avec cet étranger, il remarqua que certaines personnes semblaient être plus respectées que d’autres car tous se tenaient à carreaux, silencieux, lorsque ces personnes déambulaient dans les rues. Haussant intérieurement les épaules, il continua à discuter avec les habitants et, comme à son habitude, ne puyt s’empêcher d’aider les personnes qu’il croisait quand elles avaient besoin d’aide. Les aider à porter ou à attraper quelque chose : la routine.
Une fois ayant fait le tour du centre-ville et des environs, comme convenu, le jeune homme attendit au centre-ville que le forgeron en herbe lui remette en mains propres ses armes. Mais, après une heure à regarder un peu partout pour ne pas le rater, le jeune Kyoshiro parvint à une conclusion horrible : le forgeron était en retard !

NO SHIT !!!!

Ahem, excusez-moi. Se rendant compte du retard du forgeron, ne le blâmant pas pour autant, le jeune homme se leva et, s’avançant, croisa du regard le père du garçon et s’approcha donc de ce dernier qui ne semblait pas d’être d’une excellente humeur. Cela pouvait se comprendre, n’est-ce pas ? Par ce retard c’était l’image du forgeron qui était ternie.
S’approcha du forgeron, se fendant d’un sourire discret pour détendre l’atmosphère, le jeune niais lança :

« Oh, rebonjour. Sauriez-vous où se trouve votre fils ? J’ai attendu comme convenu, peut-être s’est-il perdu en chemin. »

Que pouvait-il rajouter de plus ? Il n’était clairement pas du genre à faire un scandale quand il n’était pas satisfait, il était même plus du genre à trouver une excuse pour ce genre de retard. Peut-être avait-il eu une urgence peut-être s’était-il perdu en chemin ou peut-être lui était-il arrivé quelque chose de grave. Comment savoir ? Kyoshiro espérait, en tout cas, que le père ait une idée d’où pouvait se trouver le fils.



Tadake Kyoshiro
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Mar 22 Avr - 17:57

Le forgeron



Déhann lui fit un signe de tête. Il n'était pas d'une nature très bavarde avec les étrangers, mais s'il voulait retrouver et mettre une rouste à son fils, il devrait faire une exception. Il se gratta le haut du crâne tentant de réprimer sa colère.

- Keld ? Se perdre ? Cela m'étonnerait. Le connaissant il doit prendre son temps...

Il grogna quelques mots inintelligibles dans sa barbe et commença à avancer en direction du village. Au bout de quelques minutes, il arriva là où Keld s'était fait agresser. Son oeil fut attiré par une trace de sang sur le sol. Le père soudainement inquiet - et cela est compréhensible - se rua sur la trace de sang. Il jeta un coup d'oeil partout autour de lui et vit qu'au niveau de la forêt, se trouvaient quelques branches d'arbres cassées. Il s'y engouffra et aperçut une énorme trace sur le sol, comme si quelqu'un s'était fait tirer. Un frisson parcourut le dos du père de Keld. S'était-il fait enlever ? Si cela était le cas, c'était sûrement un coup des brigands du coin. Le sang monta à la tête du forgeron, il chercha un peu et attrapa un bout de bois assez large et solide pour assommer quelqu'un. Son village était important pour lui, mais beaucoup moins que la vie de sa famille. Qu'allaient-ils lui faire ? À cette pensée, Déhann devint encore plus rouge. Il souffla pour reprendre un peu ses esprits et commença à suivre les traces au sol sans se demander si le jeune bretteur le suivrait. Les traces semblaient de plus en plus fraîches, il devait faire vite. En effet, s'ils atteignaient leur camp et que Keld était bien avec eux, il ne le reverrait sûrement plus jamais. Tant pis s'il devait mettre en jeu la pérennité de son village. Cela faisait très longtemps qu'il ne s'était pas battu, la dernière fois que cela s'était passé, c'était lors d'une rixe avec de pauvres péquenauds qui étaient venus mettre la zizanie une vingtaine d'années plus tôt. Cette leçon qu'il leur avait donnée, ils devaient encore s'en souvenir. À l'époque, il avait à peine vingt-cinq ans et respirait la santé. Cependant, se battre contre une bonne cinquantaine de gars s’avérerait beaucoup plus difficile.

Déhann pressa le pas et finit par entendre un certain bruit. Tout en discrétion, il se planqua derrière un buisson et observa la scène. Il y avait sept types, dont un par terre. L'un d'eux pissait le sang par le nez et gémissait stupidement pendant qu'un autre tentait de lui soigner la plaie. Ils devaient s'être arrêtés pour soigner leur blessé qui devait leur taper sur le système à force de se plaindre. Déhann regarda l'homme à terre. C'était Keld ! Le père fut fier de comprendre qu'il ne s'était pas fait attraper sans se défendre, mais maintenant, il devait faire quelque chose. Il regarda tout autour de lui pour établir un plan d'action.

S'il voulait tous les mettre hors d'état de nuire, il devrait faire une petite diversion. Il attrapa un caillou qu'il balança contre un arbre à l'opposé de sa position. Les six bandits se retournèrent dans un même mouvement, c'est alors que Déhann sortit de sa cachette. Avec une vitesse fulgurante, il se plaça à côté du type qui soignait son collègue et lui asséna un violent coup de bâton qui l'envoya valser quelques mètres plus loin, en balançant son bâton dans le sens inverse, il finit le travail de son fils avec celui qui avait le nez cassé. Son coeur battait la chamade, il n'avait plus ressenti d'adrénaline depuis fort longtemps et cela l'enivra quelque peu. Alertés par les bruits sourds qu'ils venaient d'entendre, les quatre autres forbans se retournèrent et commencèrent à attaquer le vieux forgeron. Celui-ci bloqua les coups de poignards et d'épées sans mal avec son bout de bois, mais celui-ci finit par se briser. Il esquiva une fente en roulant sur le côté et empoigna l'épée du type qui avait volé quelques instants auparavant. Il se remit en garde, l'air totalement menaçant. Les quatre types se mirent à rire et tentèrent de l'intimider en vain. Déhann était décidé à récupérer son fils quel qu'en soit le prix. L'un des gars rompit leur formation pour aller dégainer un des sabres du jeune bretteur. Son poignard était certainement trop petit à son goût. Déhann afficha un sourire et pointa le gars du doigt. Il allait être le premier à y passer. Le vieux forgeron se rua sur le mec, esquivant au passage une attaque de celui-ci et lui enfonça sa lame dans le ventre.

Ils n'étaient maintenant plus que trois, mais la précédente attaque du forgeron fut une erreur. En effet, lorsqu'ils le virent se précipiter vers le voleur de katana, les autres bandits se déplacèrent juste derrière lui. Une lame vint se placer sur la nuque du combattant et celui-ci lâcha son épée.

- Trop pressé Papy... C'est dommage pour toi.

Après ces paroles, le vieux forgeron entendit un bruissement provenant des vêtements de son assaillant comme s'il levait son bras pour porter l'attaque finale. Le vieux ferma les yeux pour se préparer psychologiquement. Le temps de sa mort n'était pas encore venu. Il allait leur faire regretter de s'être attaqués à sa famille. Le type abaissa sa lame en direction de la nuque de son ennemi.

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Mer 23 Avr - 18:49
Péripéties quelque peu aiguisées



Le jeune homme n’avait vraiment eu besoin, jusqu’à maintenant, de faire réparer ses armes pour quelque raison que ce soit, il n’écartait donc pas la possibilité que le temps imparti pour redonner vie à ses armes pouvait-être un petit peu plus court que ce qui était réellement nécessaire. N’avez-vous jamais essayé de travail plus vite que prévu afin de satisfaire un client pour qu’il vous fasse une bonne publicité ? C’était peut-être ce que le forgeron en chef essayait de faire, mais quoiqu’il en soit le jeune homme attendit une heure et demi durant, à regarder les allers et venues des passants sur la grande place, perdant son regard rouge vif dans le ciel azur. Que pouvait-il faire d’autre de toute façon ? Retourner à la forge avec la possibilité de croiser le jeune forgeron, sans le voir, et ainsi rater la réception de sa commande tant attendue ? Non, il n’était pas à quelques minutes près  et pouvait bien laisser le vent caresser son visage pendant quelques minutes de plus.
Il attendit donc, toujours sans résultat et sortit de sa torpeur lorsque son regard écarlate croisa celui du père du forgeron qui, balayant la foule de son regard, semblait cherchait quelqu’un également. S’approchant de lui, le jeune bretteur sans armes lui avoua qu’il avait attendu en vain et, tout ronchon qu’il était, le forgeron avoua penser que son fils était juste resté traîner en chemin. Traîner ? Le chemin était plutôt simple d’ici jusqu’à la forge et si c’était le cas le père aurait fini par croiser le fils, mais ce ne fut apparemment pas le cas.
Tout optimiste qu’il était, le jeune niais était convaincu du sérieux et du professionnalisme du forgeron en herbe, convaincu qu’il devait s’être passé quelque chose pour qu’il ne soit toujours pas arrivé. Se fendant d’un léger sourire afin d’essayer de détendre la situation et de rassurer le père, le jeune niais répondit :

« Prendre son temps ? Il me semble être un garçon sérieux pourtant. Je suis certain qu’il doit avoir une bonne raison.»


Ni une ni deux, sans prendre le temps d’argumenter ou de répondre à Kyoshiro, le père se mit à observer les alentours et suivit subitement une piste que le jeune homme ne comprit pas trop ou ne prit pas la peine de comprendre. Le père semblait extrêmement concentré et il serait assez mal venu que d’essayer de le déranger pour savoir ce qu’il était en train de faire. Avez-vous déjà été interrompu lorsque vous comptiez quelque chose de très important ? Vous pouvez donc imaginer à quel point cela pouvait être vite énervant…et Kyoshiro n’était pas du genre à essayer d’être énervant par pur plaisir ou sadisme. Le père suivit donc du sang apparemment, il suivit une trace qui le mena jusque dans la forêt, ne lâchant sa piste sous aucun prétexte, ne cherchant même pas à savoir si son précédent interlocuteur le suivait. Mais ce dernier le suivait….à quelques mètres en arrière, certes, mais il le suivait tout de même jusqu’au moment où le père se figea devant une scène assez singulière. Face aux deux hommes se tenaient sept hommes, dont un à terre et l’autre  qui semblait pisser le sang par le nez…et à bien y regarder, l’homme à terre n’était autre que le jeune forgeron en herbe qui avait été en retard. Kyoshiro était partiellement rassuré de voir que le retardataire avait une bonne raison de ne pas être venu, mais partiellement inquiet de la raison même de son retard.
Les mains pendant le long de son corps, car le bretteur ne pouvait pas faire grand-chose sans ses armes, ou du moins était-ce ce qu’il croyait, le jeune homme laissa agir le forgeron qui se battit ardemment pour sauver son enfant des griffes de ces crapules : une telle passion et un tel dévouement étaient vraiment admirables.

* Hey ! Je crois que cette lame m’appartient. *


Le jeune home garda cette pensée pour lui lorsqu’il aperçut un homme dégainer une de ses propres lames afin de terrasser le forgeron. Certes cela ne se passa pas vraiment comme le bandit l’avait prévu mais il n’empêchait que ces lames appartenaient au jeune niais et il y tenait. Mais vint le moment tragique, le moment où tous les efforts du père furent réduits à néant lorsqu’il fut mis à terre et qu’une lame caressa lentement sa nuque avant de se lever dans le seul but de séparer sa tête du reste de son corps.

Non, il ne laisserait pas faire ça. Laisser quelqu’un mourir sous ses yeux était clairement impensable.

L’espace d’un instant le jeune niais ferma ses yeux et, quand il les rouvrit, ses prunelles écarlates brillaient d’une lueur nouvelle et bien moins amicale que la précédente. En un clin d’œil il disparut dans une lueur jaune et réapparut la seconde d’après au-dessus du bourreau, lui télescopant un coup de pied à une vitesse folle qui, au bruit que firent ses os, lui brisa littéralement la nuque avant de l’envoyer embrasser un arbre à quelques mètres de là.
Retombant sur ses jambes sous le regard médusé des deux autres bandits qui eurent à peine le temps de comprendre ce qui venait de se passer et encore moins le temps d’y réagir, le jeune gardien qui venait de faire surface envoya un puissant coup de pied fouetté dans le genou du premier bandit, assez fort pour le faire plier et l’envoyer dormir en lui télescopant un rapide et puissant crochet du droit dans la mâchoire.
Le second bandit tenta de dégainer son sabre accroché à sa ceinture mais fut cloué sur place par un direct du gauche en plein dans l’estomac, coup assez brut pour lui couper le souffler et le forcer à se recroqueviller sur lui-même. Lentement le gardien s’approcha, posa une main sur le menton de l’homme et une autre sur l’arrière de son crâne avant de tourner violemment, provoquant le bruit caractéristique d’une nuque brisée avant de laisser tomber le corps du bandit tomber à terre comme un vulgaire morceau de viande.

Cela n’avait duré qu’un instant, cela n’avait en aucun cas plaisant mais néanmoins absolument nécessaire. Le gardien resterait donc encore quelques temps à la surface afin de s’assurer que son hôte était en sécurité et que d’autres gêneurs ne viendraient plus interférer.
Tadake Kyoshiro
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Lun 28 Avr - 19:28

Le forgeron



Le forgeron ne put qu'entendre une succession de bruits sourds. Il se retourna et fut surpris devant la scène. En effet, tous les ennemis étaient maintenant hors d'état de nuire. Il en restait à peine trois mais ils furent exécutés en une fraction de seconde. Déhann ne comprenait pas vraiment la situation, leur client devait être un bretteur exceptionnel pour se débarrasser d'adversaires grâce à une telle vitesse. Il haussa un de ses sourcils en analysant le comportement du jeune homme. Sa posture avait quelque peu changé et son regard n'exprimait plus vraiment cette naïveté qui caractérisait la jeunesse. Ses yeux étaient froids et presque menaçants. Il n'y prêta plus attention lorsqu'il se pencha au-dessus de son fils pour tenter de le réveiller. Il le secoua et voyant qu'il ne bougeait pas, il plaça sa main devant la bouche de Keld pour voir s'il respirait encore. Un souffle chaud lui toucha la main ce qui le rassura. Il marmonna un "désolé" dans sa barbe et lui infligea une énorme gifle qui le sortit du pays des songes en un impressionnant sursaut.

- J'suis réveillé !, s'écria-t-il sans comprendre d'où venait la douleur à sa joue. Ahhh... Ma tête...
- Laisse-moi voir.

Keld s'était relevé et Déhann put jeter un coup d'oeil à l'arrière du crâne de son enfant. Il y avait une petite plaie qui saignait mais ce n'était rien de bien méchant. Il déchira un morceau de son vêtement et lui appliqua sur la blessure. il exerça une pression de manière à arrêter le saignement. Le forgeron aida Keld à se relever qui avait du mal à tenir sur ses jambes. Le jeune homme regarda frénétiquement autour de lui afin de retrouver les lames perdues. Il fut soulagé de voir qu'elles n'étaient pas loin, il les récupéra et les examina sans dire un mot à son père ni à son client. Par chance, elles n'avaient subi aucun dégât. Le futur maudit soupira, il rangea les lames dans leur fourreau et s'approcha de son client.

- Je suis désolé pour ce contretemps... Voici vos katanas.

Il n'eut même pas le temps de lui tendre les lames qu'il tourna la tête en direction des buissons sur sa droite. Son oreille l'avait alerté, il avait entendu un bruit suspect mais ne put réagir. Une énorme ombre le faucha et l'emmena au loin lui et les armes de l'autre homme. Les branches lui fouettaient le visage et il ne pouvait se dégager. Il mit un certain temps à comprendre ce qui lui arrivait. Il vit son tee-shirt transpercé par une énorme défense blanche. Par chance il n'était pas blessé. Il continua de tenter de se dégager, cependant, il était ballotté dans tous les sens ce qui rendait la tâche vraiment ardue. Il réussit à ranger les lames à sa ceinture pour éviter qu'elles ne tombent et le jeune homme commença à frapper l'ombre qui l'avait enlevé. Ses poings frappaient une étendue de poils marrons et hirsutes. Tellement durs qu'il avait l'impression d'enfoncer ses poings dans des ronces. L'animal ne broncha pas et continua sa route, secouant le malheureux comme un prunier. Une branche qui dépassait finit par assommer l'apprenti forgeron.

Décidément, son crâne allait lui en faire voir de toutes les couleurs aujourd'hui. Il se réveilla dans un endroit sombre et sa tête lui faisait horriblement mal. Il tenta de se relever en vain, ses jambes ne répondaient plus du tout. Légèrement prit de panique, il jeta des coups d'oeil partout autour de lui. Il se trouvait dans une grotte apparemment. La lumière filtrait légèrement à travers la paroi laissant voir que le fond menait à une impasse et qu'il était coincé à l'intérieur par un immense rocher. Il se laissa retomber sur le dos et souffla. Comment allait-il sortir d'ici ? Il n'y avait que lui pour se mettre dans des situations pareilles. Il frappa le sol du poing, maudissant le karma. Soudain, il entendit de petits couinements stridents juste à côté de lui. Il put voir trois petites ombres tremblantes, recroquevillées dans un coin de la caverne. Le jeune homme plissa les yeux pour mieux voir et fut surpris de voir que c'était de tout petits sangliers. L'un d'eux, visiblement plus courageux que les autres, s'approcha du malheureux qui ne put s'éloigner à cause de son mal de crâne et de ses jambes. Il vint lui sniffer les cheveux et eut un mouvement de recul. Il éternua bruyamment et retourna vers ses congénères.

Ces trois bestioles allaient être les seuls compagnons qu'il aurait jusqu'à ce qu'il puisse sortir de ce trou à rat. Sa tête tournait de plus en plus, il mit une main sur son front et la regarda. Un liquide sombre recouvrait sa main, c'était sûrement son sang vu l'état dans lequel il était. C'était bien sa veine, il n'allait pas sortir indemne de cette "aventure". Il finit par entendre un bruissement provenant des petits sangliers avant de s'évanouir.



La scène qui s'était déroulée sous les yeux du forgeron le laissa littéralement sur le cul. L'immense ombre était passée juste à côté de lui et à une telle vitesse qu'elle le renversa au sol. Il ne comprit pas tout de suite que son fils avait une nouvelle fois disparu. Il allait pour lui parler mais il vit qu'il n'était plus là. Il secoua frénétiquement la tête de droite à gauche afin de le trouver mais sans succès jusqu'à ce que son cerveau fonctionne. L'ombre avait emporté son fils. Combien de temps allait-il lui courir après encore ? Malgré cette question plus que sarcastique qui lui traînait dans la tête, il ressentit tout de même la panique l'envahir. Il regarda le trou qu'avait creusé l'animal dans les buissons de la forêt. Sans hésiter, il s'y engouffra dans l'espoir de rattraper son fils, cependant, il savait qu'il ne pouvait rivaliser avec la vitesse et la puissance d'une bête sauvage. Il jura et augmenta l'allure au risque de se faire un bon claquage, s'il ne se remuait pas, il risquerait de retrouver son fils en morceaux éparpillés dans la forêt.
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Jeu 1 Mai - 3:57
Péripéties quelque peu aiguisées



Même pour lui ce n’était jamais simple de prendre une vie, même pour lui ce n’était pas plaisant de sentir les os d’un homme se briser sous ses coups. Pour qui était-ce simple ? À part des malades mentaux, qui pourrait finir par s’habituer au fait de grièvement blesser quelqu’un au point que cela en devienne presque aussi naturel que respirer ou se nourrir ? Oh je sais ce que vous allez me dire, ce gardien avait été créé pour être ce qu’était Kyoshiro et ce qu’il ne pourrait jamais être, il avait été créé pour faire des choses que son créateur serait moralement incapable de faire. Il pouvait être brutal quand il le choisissait, il pouvait être sans pitié quand c’était mérité, il pouvait être froid quand cela était nécessaire…mais, même si ce n’était pas évident de prime abord, il savait également être bienveillant et protecteur. N’était-ce d’ailleurs pas le but même de son existence ?
Brutal, froid et sans pitié, oui il pouvait être tout cela à la fois mais y prenait-il un véritable plaisir malsain ? Ressentait-il une certaine jouissance en sentant ses poings briser la mâchoire d’un homme ? Était-il satisfait de voir un homme agoniser à ses pieds, en implorant son aide ? Non. Bien sûr les derniers évènements avaient bien réussi à le surprendre et à lui montrer qu’il était également capable de réponses émotionnelles incontrôlées, mais la plupart du temps il agissait bien plus par nécessité que par choix. Il agissait car il le devait, il agissait car Kyoshiro en avait besoin, il agissait pour que personne ne marche sur les pieds de Kyoshiro ou ne profite de sa crédulité. Était-ce condamnable ? Il ne savait pas et s’en fichait.
Bien sûr que rabattre le caquet d’un prétentieux était plaisant, bien sûr que tabasser une ordure était parfois satisfaisant car il savait qu’il faisait ce qu’il f allait, mais était-ce vraiment ce qu’il cherchait ? Cherchait-il à se satisfaire plutôt qu’à faire ce qui était juste et bon pour son créateur ? Par moment même lui avait du mal à faire la différence, par moment il avait du mal à savoir si c’était mal ou non de céder à ses émotions, par moment il avait du mal à savoir s’il agissait dans l’intérêt de Kyoshiro ou dans le sien. Mais malgré tout il tenait bon, malgré tout il continuait de mettre un pied devant l’autre en essayant de ne pas céder à ses émotions qui pulsaient au fond de lui plus que chez n’importe qui…après tout il avait été créé pour céder à des émotions encore inconnues de son créateur.
Combien de temps tout ceci allait-il pouvoir durer ? Combien de temps tenterait-il d’avoir recours à ses émotions sans les laisser prendre le dessus ? Il ne le savait pas mais ferait son possible pour continuer à avancer, quoi qu’il en coûte.
Il avait donc terrassé en un instant ces trois individus et l’un d’entre eux ne se relèverait jamais plus de toute son existence, ce n’était pas plaisant et nécessaire. Fort heureusement après un petit check up le jeune forgeron en herbe semblait aller bien et tint à remettre les sabres du jeune homme en mains propres, s’excusant du retard et du dérangement par la même occasion. S’approchant du jeune forgeron, le jeune gardien tint à le rassurer en répondant :

« Pas besoin d’excuses. Plus de peur que de mal. »


Tendant la main pour attraper les sabres, le jeune homme referma sa main sur du vide tout en tournant légèrement la tête, voyant le jeune homme disparaître dans les buissons, emporté par une ombre des plus rapides. Quoi ? À peine retrouvé il se faisait déjà enlever de nouveau ? Était-ce une blague de mauvais goût ou le destin s’amusait-il avec eux ? Pas encore très habitué à la vitesse que lui conférait son fruit, le jeune gardien mit un temps à réaliser ce qui venait de se passer et, lorsqu’il assimila correctement la situation, se tourna vers le père et lui lança clairement :

« Suivez la lumière. Je le retrouverai. »


Ni une ni deux, pliant les jambes, le jeune home bondit en avant mais commença à s’élever dans les airs, à quelques centimètres du sol. Comment était-ce possible ? Quelle était cette sorcellerie ? Un chemin de lumière naissait sous ses pieds, comme une voie qui s’ouvrait à lui ou plutôt comme une surfait qui semblait surtout sur l’air même. Oui, il pouvait faire des tas de choses avec son fruit et il avait à peine commencé à gratter la surface pour effleurer les possibilités les plus évidentes qui s’offraient désormais à lui.
En l’espace de quelques minutes il arriva jusqu’au bout du chemin tracé par cette ombre, en l’espace de quelques instants il parvint jusqu’à l’entrée de ce qui semblait être une grotte. Tournant la tête pour voir si le père était loin il se demanda s’il devait y aller sans lui…mais il n’avait pas le temps d’attendre, peut-être que le jeune était en train d’agoniser et il n’avait donc peut-être pas quelques secondes de plus à perdre. Ni une ni deux, prêt à l’action, il pénétra dans la grotte et y trouva…. ?


Tadake Kyoshiro
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Lun 26 Mai - 15:57

Le forgeron



Déhann ne comprit pas tout de suite ce que le jeune homme lui dit. Il le regarda s'élever dans les airs et eut un mouvement de recul. La seconde d'après, il avait disparu laissant une traînée de lumière indiquer un chemin menant vers les buissons défoncés par l'ombre. Qui était ce type ? Était-ce un sorcier ? Par quels moyens pouvait-il se mouvoir de la sorte ? Il contempla la traînée de lumière et se ressaisit lorsqu'il vit que celle-ci s'estompait peu à peu. Il n'avait pas le temps de se poser de questions, la vie de son gosse était sûrement en jeu et il se devait de le retrouver au plus vite, même si cela signifiait qu'il devrait vendre son âme au diable. Il entreprit donc de suivre cette lumière en courant avant qu'elle ne s'éteigne.



Keld reprenait peu à peu des forces et ses yeux s'étaient habitués à l'obscurité du lieu. Il distinguait mieux les parois de la grotte. Il réussit à se relever au prix d'efforts incalculables et s'appuya contre l'un des murs. Il attendit que son mal de crâne cesse pour pouvoir explorer les lieux. La grotte était entièrement bouchée elle avait un fond malheureusement et la seule lumière qui filtrait provenait d'un énorme rocher qui bloquait l'entrée. Keld s'approcha du rock et le tâta. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il sentit des poils tellement sales qu'ils piquaient ses doigts. À mieux y regarder, il vit un léger mouvement de respiration provenant du "rocher". Il était donc bloqué dans la tanière du sanglier. Il s'assit et vit les trois petites ombres s'approcher doucement. Le plus courageux s'approcha plus et Keld aperçut qu'il portait la même... coupe de cheveux que lui ? Keld se rappela des histoires de sa mère sur les animaux de la forêt de Lystriss. Elle lui avait dit qu'il existait une race de sangliers très rare il y avait de cela quelques centaines d'années auparavant.

- Des sangliers-mimes..., le murmura-t-il pour lui-même.

Ils étaient censés avoir disparu quelques années après la colonisation de l'île. Keld regarda le petit sanglier qui lui sentait les jambes à présent. De ce qu'il se rappelait, ils étaient inoffensifs et avaient été massacrés à cause de cela. Le jeune homme poussa un soupire, il fixa le dos du sanglier qui lui bouchait la sortie. Il resta comme cela un bon moment avant d'être surpris par un tremblement. Le sanglier s'était levé et avait engouffré la tête dans la grotte. Il attrapa ses petits les uns après les autres et s'enfuit à toute vitesse.

La lumière du Soleil aveugla quelques instants le jeune homme, il mit du temps à ouvrir les yeux. La grotte était maintenant baignée dans une forte lumière et il put voir que sa main n'était recouverte que de boue. Bizarrement, il se sentit plus léger et eut un sursaut. Les sabres ! Il regarda à sa ceinture et vit qu'il n'en avait qu'un. Il jura et commença à sonder toute la grotte pour retrouver l'objet plus que précieux en vain. Il finit par sortir de la grotte et vit le fourreau de l'arme manquante à terre. Une pensée ridicule lui vint à l'esprit, mais après tout cela était possible. L'un des petits avait sûrement dérobé l'arme. Au même moment, une lumière étrange fonça sur lui. Il tomba sur les fesses et regarda le rayon avec surprise. Qu'est-ce que c'était que cela ?



Déhann avait l'impression de courir depuis des années. De grosses gouttes de sueur coulaient sur son visage et un point de côté lui tiraillait la hanche gauche. Il ne pouvait pas s'arrêter là, il devait continuer de suivre cette lumière provenant du bretteur. Pourvu que rien ne soit arrivé à son fils. Il n'aimait pas le montrer, cependant il tenait à son fils et sa femme plus qu'à sa propre vie. Si seulement il pouvait débarrasser le village des brigands, ils pourraient enfin vivre une vie paisible, Keld reprendrait la forge et pourrait se trouver un joli brin de femme et lui donner des petits-enfants. Seulement, les forbans étaient beaucoup trop nombreux pour lui, il savait qu'il pouvait compter sur son fils pour l'aider à les faire fuir, mais à deux ils n'arriveraient à rien. Aucun des villageois n'aurait assez de courage pour les suivre et il ne pouvait pas non plus se permettre de mettre leur vie en danger. Il finit par atteindre une grotte et vit son fils assis par terre l'air déboussolé. Déhann se rua sur lui et l'inspecta dans tous les sens pour voir s'il n'était pas blessé. Il n'avait qu'une bosse sur la tête et son visage était à moitié recouvert de boue. Il l'aida à se relever et le regarda avec insistance.
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Tadake Kyoshiro
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Péripéties quelque peu aiguisées



D’ordinaire le jeune gardien ne faisait son apparition que lorsque son père n’avait pas les capacités ou la détermination pour faire face aux épreuves qui apparaissaient toujours sur son chemin. Si le jeune bretteur n’était clairement pas prêt à user de son sabre pour ôter la vie de quelqu’un, aussi nécessaire puisse-t-il être, comment est-ce que son protecteur pouvait lui révéler qu’il possédait un pouvoir encore plus destructeur que son talent naturel pour le maniement des armes blanches ? Oh non il ne risquait pas de péter un plomb et de perdre le contrôle comme cela pouvait arriver à certains maudits, au début, il était plus du genre à se couper de son pouvoir et à ne se pas oser s’en servir par crainte de blesser ou de tuer des innocents. Il était comme cela, il ne voulait user de violence que lorsqu’il n’y avait clairement aucune autre option viable, alors obtenir l’un des fruits du démon les plus dangereux et destructeurs de ce monde n’était clairement pas une chose que la sentinelle était prête à lui révéler de sitôt.
Il n’était pas prêt, il n’était pas encore assez mentalement stable et sûr de lui pour faire face à une telle nouvelle et pour accepter un don aussi potentiellement dangereux que celui-ci. Dans ces mains capables un logia était capable de choses formidables, voire même de miracles pourraient dire certains, mais dans les mains d’une personne instable comme le jeune garçon c’était un don qui pourrait se transformer en malédiction. Le gardien avait déjà bien assez de travail à modifier les souvenirs de son maître pour le maintenir dans cette réalité illusoire et trop parfaite pour être crédible, il n’allait certainement pas insérer une autre variable en lui rajoutant une charge supplémentaire de travail sur les bras.
En prenant la place de son maître pour sauver la vie de cet homme en ôtant celles des autres, en attrapant les rennes du contrôle de ce corps le jeune gardien s’attendait à ce que le vieil homme soit surpris de ce changement d’attitude ainsi que de cette débauche de pouvoir dont il fit preuve…et, bien sûr, il ne fut pas déçu. Il existait encore dans ce vaste monde des personnes n’ayant jamais entendu parler de ces fruits et de ces capacités uniques qu’ils donnaient, il existait peut-être même des civilisations primitives où les maudits pouvaient être élevés au rang de Dieu.
Il n’était pas un monstre de foire, il n’était pas une abomination mais juste un homme aux capacités sortant du commun des mortels. Ignorant le regard surpris et décontenancé de son interlocuteur, le jeune homme fila à toute allure à travers les arbres, comme une fusée, jusqu’à arriver face à une grotte de laquelle s’extirpa le jeune homme que son père recherchait avec ardeur. Lui aussi était surpris de voir Kyoshiro apparaître sur une traînée de lumière, ne sachant sans doute pas encore ce qu’était un logia, et ne sut quoi dire. Pour briser la glace, le gardien demanda sur un ton monocorde :

« Tout va comme tu veux ? »

Oh non il ne pouvait se ficher davantage de l’état du jeune homme, pourquoi le ferait-il ? Il ne le connaissait pas le moins du monde mais il était le dernier à avoir eu dans les sabres de Kyoshiro, ses armes si importantes à ses yeux autant pratiquement que symboliquement. Bientôt le père arriver pour s’occuper du fils, cela aurait sans doute été émouvant, une telle retrouvaille entre un père et son fils si le gardien pouvait oublier ce qu’un père était capable d’infliger à son enfant, s’il était capable d’oublier les souvenirs de son créateur. Il ne l’était pas.
Coupant court aux joyeuses retrouvailles, le gardien renchérit sur un ton toujours aussi monocorde et sec :

« Je ne pensais pas devoir crapahuter autant juste pour récupérer mes sabres. D’ailleurs…puis-je les avoir ? »

Les bras croisés devant la poitrine, le jeune gardien attendait désormais une réponse car il avait largement perdu de temps simplement pour récupérer ce qu’il avait commandé. Cette île l’ennuyait plutôt qu’autre chose et il n’avait plus en tête que la direction dans laquelle il ferait pointer son bateau pour s’en aller d’ici.
Tadake Kyoshiro
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