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Rainbow Dieulegrand
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Sam 3 Mai - 0:05
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
 


Tourne, tourne le plafond. Encore et toujours, comme un petit manège qui n’a aucune envie de s’arrêter. On m’a si souvent mise en garde sur les effets que l’alcool peut avoir, surtout sur les personnes de petites tailles et de faible corpulence… Mais rien n’y fait, les taverniers d’ici ne font jamais confiance à une personne qui ne goûte pas à leurs produits locaux. J’aurais dû me douter quand il m’a tendu ce petit verre de… Comment il a appelé ça déjà ?... La nymphe violette ? Non… Un truc avec une couleur oui mais… La fée… Ah oui, la Fée Verte. Jamais entendu parler de ce truc avant hier soir. Après avoir bu ça, tout a commencé à partir en vrille, j’ai bien ri, j’ai discuté d’autant plus avec l’homme au comptoir et le serveur, et ils ont fini par me raconter plein de choses bien intéressantes… Mais rien qui m’intéresse dans ma quête si je me souviens bien. Rien sur l’homme au masque, ni sur un quelconque pirate aux yeux rouges. Non, vraiment rien de tout ca. Je ferme les yeux, histoire de tenter une introspection pour remettre en place tous mes souvenirs de la veille.

Prenez donc un vieux barman qui a plein d’histoires à raconter, un autre vieux bonhomme pour lui donner la réplique, et une jeune fille curieuse. Mettez ca dans l’ambiance des bons vivants, ajoutez-y encore l’alcool à foison, une bonne absinthe. Buvez la première pour raconter qui vous êtes et d’où vous venez. J’ai raconté mon enfance, et attendrit les cœurs en leur racontant comment on m’a déposée sur cette île d’Azalariane. Puis j’ai bu le verre d’amitié pendant que le tavernier et l’homme au fort caractère énuméraient toutes leurs aventures. Ma volonté et mon équilibre ont disparus quand j’ai bu le troisième verre de la Fée Verte, emportant avec moi des bribes de souvenirs, ou en laissant certains plus flous que d’autres s'effacer de ma mémoire. Je les entends parler de rôdeurs dangereux du coin. Puis des mots. Cheveux. Arc-en-ciel. Piraterie. Trésor. Marines. Chats. Rhum. Plus que des bribes. Danse… J’ai dansé avec l’homme aux histoires, bien longtemps. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une seule personne éveillée au comptoir je suis restée, déblatérant de choses et d’autres, complètement désinhibée. Puis le tavernier m’a portée jusqu’aux chambres à l’étage de l’auberge, me disant qu’il m’offrait de passer la nuit en sécurité.

Je rouvre les yeux sur la chambre simple, me relevant difficilement, et tourne la tête à gauche puis à droite, juste avant de découvrir un petit mot déposé sur la table de nuit. Soulevant un sourcil, je me penche pour attraper le bout de papier et reconnaît tout de suite l’écriture de Baba-sama… Cette dernière m’a abandonnée. Pour la journée ! La voilà qui m’écrit le plus simplement du monde qu’elle me laisse cuver pour la journée et qu’elle passe me rechercher au crépuscule… Elle n’a pas pris la peine de me porter au bateau malgré mon poids plume. Je regarde par la petite fenêtre et voit que la journée n’est qu’à peine commencée, la rosée elle-même encore présente sur la verdure alentour. Peut-être en me dépêchant, arriverais-je au port pour découvrir que le bâtiment n’a pas encore disparu au loin ! Aussitôt, je me jette sur mes deux jambes, pour aller… Directement m’écraser au sol. Avec les nausées en prime. Puis voilà que des nains tapent à l’intérieur de mon crane. Ouille… Ca faisait longtemps tiens. Etre pareillement enivrée ! Je me relève et me dirige à vue de nez dans le monde encore vacillant autour de moi jusqu’au dehors, et enfin dehors, j’avance lamentablement dans la rue qui s’éveille. Hagarde, j’arrive au port pour découvrir que la vieille est évidemment partie sans moi…

C’est à ce moment là que je vois quelque chose sur ma droite. Un homme qui s’avance, l’air on ne peut plus bizarre des hommes auxquels on ne devrait pas adresser la parole sur le visage. Une expression bien malsaine de ma vision des choses. Dans mon état, c’est pas vraiment une bonne nouvelle qu’un type pareil vienne me parler. Mais rien à faire. Je suis encore saoule de la veille, et tout va trop vite pour que mon esprit embrumé retienne réellement l’ordre des évènements. La seule chose dont je suis certaine, c’est de voir un mouchoir finir sur mon visage, et de sentir l’odeur du chloroforme venir s’insinuer au plus profond de mes narines. Après ca c’est le vide. Plus rien. J’imagine que le reste d’alcool additionné à l’anesthésiant doit offrir le plus profond des sommeils à n’importe qui,non?
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[30/08/14 00:26:35] Zeke: It's a me mario !
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Erwin
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Dim 4 Mai - 18:23
Enlevez des filles... C'est pas bien.


Ma tête tambourinait tandis que mon corps lessivé tombait, avachi, dans un fauteuil douillet, seul apparat de la chambre dans laquelle il résidait un peu de réconfort. Ce n’était pas l’alcool qui me provoquait tant de maux de tête, mais bel et bien une lecture trop intensive à la bibliothèque du coin. Je recherchais des informations sur la légende du Basilic. C’était une créature qui m’avait fasciné lors de mes escapades sur certaines îles de Grande Line, et il m’était arrivé de croire que je l’avais croisé, alors qu’il n’en était rien. Selon certaines rumeurs, il en existerait uniquement sur le Nouveau Monde… Bien que j’en doutais fortement. Pour moi, il n’y avait aucune raison qu’une telle créature existe quelque part. Ou sinon, elle était tellement puissante que… Mon mal de tête s’amplifia tandis que je réfléchissais et m’obligeai à fermer les yeux. Miu, mon petit compagnon animal à l’intelligence presque humaine, tentait comme d’habitude de me réconforter en tapotant ma tête. Ainsi, j’avais mal à l’intérieur et à l’extérieur. Je ne m’en plaignis cependant pas. Le soleil était en train de décliner et je fus happé par les ténèbres.

Quelques heures plus tard, une dizaine tout au plus, je me réveillai en sursaut dans le lit. Comment… Je ne me souvenais pas m’être déplacé jusque là-bas. Autant ne pas s’en formaliser, je savais que certaines personnes avaient cette manie de somnambules. La fenêtre était cependant encore ouverte, et je regardai à l’extérieur pour voir quelle heure il était à peu près. Dix heures… Par chance, le bruit des bateaux qui s’échappaient du port au petit matin ne m’avaient pas dérangé. Miu s’était posé dans le fauteuil, prenant une place qu’il enviait, confortable, contrairement à cette plaque de bois que l’auberge dans laquelle j’étais osait appeler un lit. Je ronchonnai, n’espérant pas un livre d’or pour me plaindre de la mauvais qualité de cet établissement.

Et en plus il fallait que je plis bagage avant midi. C’était rare que je m’arrête dans une ville pour étudier, cette exception m’avait coûté une mauvaise nuit de sommeil et une dizaine de berrys pour la location de cette chambre. Bien sûr, j’étais à court d’argent, ce qui compromettait énormément mon séjour en ces lieux. Me dirigeant vers la sortie, je passai à l’accueil après m’être lavé.

« - Je ne vous remercie pas pour votre ‘service’, lançai-je à l’accueil en sortant, définitivement mécontent de cet établissement. »

Le soleil ne tapait pas très fort, mais quelques personnes avaient décidé de sortir sans être trop couvert. Je rajustais ma veste noire, frissonnant légèrement à cause du vent marin qui soufflait sur la ville. Mon tee-shirt blanc à manches courtes n’aidait pas vraiment à conserver la chaleur, et mon pantacourt de la même couleur que ma veste ne cachait pas les poils sur mes jambes qui se hérissaient à cause du temps. Ma situation n’était pas celle de tout le monde. D’habitude, pourtant, je n’étais pas sensible au froid, mais le surmenage des jours précédent m’avait sûrement amené à cet état avancé de sensibilité.

Miu s’était hissé sur mon épaule lorsque je l’avais réveillé, et à présent il appréciait le soleil sur ses poils, s’avachissant contre ma tête, m’empêchant ainsi de la tourner. Je grognai, me dirigeant vers le port de l’île pour y consulter les horaires des prochains bateaux qui sortaient de l’île. C’était quelque chose d’assez incroyable, cette ville ne possédait même pas de centre d’information, et j’étais obligé d’aller directement sur les quais ! Pourtant, ça me dérangeait moins que mon air ne le laissait paraître. Sentir l’odeur de la mer était un plaisir bien plus qu’un fardeau. Naviguer sur les mers était contradictoire avec mes capacités,

Pourtant, il m’arrivait parfois de préférer les transports communs aux facilités que m’offraient ma malédiction. C’est là que je l’aperçus. Un homme bâti comme Hercule s’était lancé sur une fille. Je crus dans un premier temps qu’il allait la violer dans ce lieu public, bien que désert. Mais il lui mit simplement un mouchoir sous le nez, et elle tomba dans les vapes. Mes cils battirent à toute vitesse, essayant de balayer l’image devant moi. Impossible, était-il en train de la… Kidnapper ?

Mon instinct m’aurait poussé à ne pas m’en mêler. Mais ça faisait bien longtemps qu’il n’avait plus son mot à dire. Je me jetai dans la direction de l’homme et lançai mon compagnon, sans son accord, jusque sur sa figure. Il ne semblait pas s’y attendre puisqu’il lâcha sa cible à terre. Mon ami s’en sortit très bien à ce moment-là. Il donna une baffe à l’homme et lui mordit la peau du front avant de lui envoyer l’un de ses petites pattes arrières dans le nez, ce qu’il l’obligea à reculer. J’arrivai alors à la hauteur de la fille endormie. Qui quelle soit, elle devait être mise en sécurité le plus rapidement possible.

« - T’es qui, toi ?! M’hurla le gars en faisant craquer ses doigts et son cou. Tu veux l’informatrice ? »

L’informatrice ? Cette fille ? Je ne savais même pas de qui il s’agissait. La secouant légèrement et lui tapotant les joues, je tentai de la réveiller. La seule façon que je voyais pour l’obliger à s’extirper de ce sommeil obligatoire n’allait sûrement pas lui plaire. Miu faisait toujours face à l’homme, concentra une partie de son attention, ce qui me permit de me saisir d’un seau d’eau claire et de l’en asperger. Une partie m’éclaboussa la jambe… C’était froid !

« - Désolé ! Hurlai-je avant qu’elle n’ait le temps de dire quoique ce soit, ne vérifiant pas l’effet de mon acte barbare. »
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Rainbow Dieulegrand
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Lun 5 Mai - 22:10
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
   


Quand tout va mal, tout va mal. Par définition, à chaque fois qu’une de mes journées commence différemment, ca se finit toujours par des situations impossibles, avec des ennemis affreux, dans des lieux improbables… Commencer la journée par une douche glacée, voilà qui ne fait que confirmer mon avis sur le fait que la journée va vraiment être pourrie. Au moins, le type qui m’a fait inhaler le chloroforme ne s’y est pas pris comme il faut. Cela n’empêche pas que j’aie l’impression d’être dans un épais brouillard, avec la désagréable sensation de me transformer en glaçon en prime ! J’ouvre les yeux pendant qu’on m’hurle une excuse à la figure, et découvre un jeune homme debout devant moi, un seau dans les mains… Sans doute le récipient qui contenait le liquide qui me recouvre maintenant d'un manteau de froideur et me fait frissonner. Il m’a sans nul doute balancé ca sur la tronche pour me faire reprendre conscience, je ne vois pas d’autre explication… Hagarde, je dévisage le jeune homme, prenant le temps de remarquer ses cheveux roux encadrant un visage simple.  En me relevant sur mes coudes je vois la flaque d’eau qui m’entoure et remarque sa jambe mouillée, juste avant de tourner un peu la tête pour apercevoir un homme musclé. Mon agresseur, ca ne fait aucun doute, avec l’air étonné sans doute de me voir réveillée… Entre lui et moi se trouve un petit animal un peu sur la défensive. Tu parles d’un tableau ! C’est une manière pour le moins originale de commencer la journée. Je retourne alors la tête vers le garçon, sortant lentement de mon état vaseux.

« Pas de soucis… Merci de m’avoir balancé de l’eau plutôt. »

Je me remets alors difficilement debout, lançant un simple sourire au petit jeune à la volée avant de faire face au bonhomme massif. D’un coup d’œil je le déshabille du regard comme je sais le faire, enregistrant sa corpulence, son visage, et tous les signes distinctifs qui constituent sa personne. Ce faisant, mon regard se bloque alors instantanément sur un tatouage qui dépasse de sous son chandail… Je le reconnais tout de suite. Un papillon dessiné par des flammes. Une des histoires d’hier soir me revient alors à l’esprit, et je me rappelle les dires du tavernier : « Il paraît que ce sont des vendeurs d’esclave, mais pas seulement. On dit qu’ils ont d’autres choses pas claires à leur actif… On les reconnaît grâce à ce tatouage qu’ils ont tous sur leur bras droit : des flammes qui dessinent un papillon. ». Et moi qui ne crois pas aux coïncidences… Au moins, je sais à qui j’ai à faire mais ca ne m’arrange pas du tout de savoir que des vendeurs d’esclaves soient intéressés par ma petite personne, surtout que l’homme a l’air enragé, là, tout de suite. Je le regarde droit dans les yeux, l’air le plus déterminé et inébranlable que je puisse afficher avec ma gueule de bois sérieuse.

« Je sais qui vous êtes. Et si vous passiez votre route ? Je ferai en sorte d’oublier que je vous ai vu, et tout ira très bien… »

J’imaginais bien que ça n’allait pas marcher, mais quand je vois son sourire carnassier, je recule d’un pas, chancelant comme la fille imbibée que je suis. Faut croire que le reste d’alcool m’a convaincu de l’existence des contes et autres princes charmant… Ouais, tout peut arriver. J’aurais bien aimé cuver tranquille, dommage ! Il croise alors les bras et me regarde en rigolant d’un air pour le moins peu aimable.

« Tu crois vraiment que ça va s’passer comme ca madame Je-sais-tout-sur-tout ? »

Sortent alors d’endroits reculés deux autres types marqués du même papillon au bras droit armés presque jusqu’aux dents et je me sens défaillir. Voilà qui ne va en rien arranger la situation. Je sens le coin de mes lèvres tressauter, et je lance alors un regard contrit vers le rouquin.

« Désolée que tu te retrouves là-dedans… »

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Mar 6 Mai - 14:17
Il y a de la vente d'esclaves dans l'air.


La jeune femme se montra plus que compréhensive. Miu, dont le tempérament guerrier retomba très vite, revint se percher sur mon épaule quand les deux nouveaux opposants arrivèrent. Bien plus frêles que leur homologue, ils semblaient malgré tout correspondre à une élite en matière de kidnapping. L’angle d’inclinaison de leurs armes me prouvait que leurs coups seraient faits pour tuer, et non pour prévenir. Et c’était moi qu’ils visaient, pas la jeune femme. Elle devait être trop précieuse pour être abimée. C’était une informatrice, je l’avais compris suite aux paroles du Hercule. En revanche, je ne savais pas s’il s’agissait d’un règlement de compte, d’une affaire malfamée ou d’une vente d’esclave. Phénomène courant sur Shabaondy, ici c’était quelque chose de plus rare. Mes capacités auraient pu me permettre de m’enfuir avec la demoiselle, mais ça ne m’amusait pas d’éviter le problème. Après tout, il leur suffirait de retrouver pour lui mettre le grappin dessus.

« - Ne t’en fais pas, chuchotai-je en continuant de fixer les ennemis. »

Je mis mes mains en l’air, derrière ma tête, et Miu m’imita comme s’il s’agissait d’un jeu. Mon regard se portait principalement sur le principal kidnappeur, maître de cette mascarade. Il s’était avancé, me surplombant de son imposante stature. Je donnais vraiment peine à voir en face de lui. Mon corps maigrichon, bien que musclé, frêle mais résistant devait faire un quart du sien. Ses mains épaisses saisirent simplement une corde et, avec une étonnante agilité, créèrent des liens assez serrés. Il sembla plus tendre avec l’informatrice, mais j’avais du mal à voir comment il s’y prenait. C’était gênant. Au final le prince charmant, sauveur des dames, avait été à son tour capturé par les vilains, devenant lui-même une princesse en détresse. Je soupirai devant cette pensée, trainé par le bras par notre principal ennemi, regardant Miu qui, lui, n’avait eu le droit qu’à une corde autour du corps pour limiter ses mouvements et l’empêcher de s’enfuir.

« - Que nous voulez-vous ? Demandai-je au géant sur un ton ferme, un petit sourire narquois sur le visage.

- La gamine… Les informateurs valent pas mal de berrys sur le marché aux esclaves. »

Il lâcha un rire gras et brutal, me faisant bouger au rythme de ses spammes, hilare. On était dirigé dans les recoins les plus sombres, les plus pourris de cette ville. Le port lui-même fut hors de portée de notre vue en à peine quelques minutes, et l’homme demanda à ses deux acolytes de presser le pas. Il semblait avoir un rendez-vous ou quelque chose sur le feu. Mes mains ne pouvaient pas bouger et je n’avais aucune envie de dévoiler mes capacités de maudit ici-même. Dans les meilleurs des cas, les autorités gouvernementales viendraient nous libérer. Sinon, je n’avais pas l’intention de laisser la demoiselle aux mains de ces vauriens, ces canailles sans foi ni loi qui kidnappaient la chair du monde actuel pour la transformer en sacs de viande tout juste bon à servir de punching-ball.

Cette image me rappela que j’avais faim. Mon estomac criait famine. Miu, lui aussi, partageait cet état. Nous étions deux pauvres créatures abandonnées à un sort pire que la mort : la famine. Un instant, je me rappelai de cette délicieuse langue de veau que j’avais mangé sur une île de Grande Line, ce met raffiné était accompagné d’une sauce liquide exquise qui transportait le gout de la viande sur le riz, laissant dans mon esprit une marque de tendresse digne du plus bon bout que possédait le bovin. J’étais à la limite de baver quand l’homme m’arrêta.

Mon oreille essaya de se tendre vers l’arrière quand nous arrivâmes devant un entrepôt à première vue abandonné, dans une friche industrielle. L’homme à côté de moi ne s’était pas retourné du voyage, et les seules remarques qu’il avait lancées s’étaient accompagnées d’un silence presque religieux. Les faibles bruits de pas qui m’étaient parvenus tout au long du trajet pouvaient très bien appartenir à n’importe quel passant, ce qui me fit douter un instant que la jeune femme ait été capturée, me faisant ainsi virtuellement, pendant quelques secondes, seul prisonnier de cette mascarade.

« - Le mot de passe. »

La voix qui résonnait à travers le métal semblait provenir d’outre-tombe. Je regardai le trou par lequel les yeux venaient de parler, un beau regard beau océan, à la voix rocailleuse et légèrement stridente. Un mélange désagréable qui m’étonna de plus en plus tandis que le semi-géant répondait sur un ton on ne peut plus sérieux :

« - Nirvana. »

Le paradis ? Cet enfer avait comme clé l’un des mots qui désignait son opposé ? Lorsque la porte fut ouverte, mon kidnappeur baissa la tête pour entrer dans les lieux. Je grognai à sa suite tandis que mes pas forcés me conduisirent à l’intérieur, croisant le portier, un homme au crâne dégarni avec pour seul avantage des yeux qui auraient rendu jaloux un grand nombre de personne. Il fallut une trentaine de secondes pour que la porte se referme, m’indiquant ainsi que quelqu’un d’autre avait dû entrer. Je ne me formalisai pas de l’apparence des lieux, vides à souhait. Lorsqu’on faisait un commerce aussi dangereux sur les Blues, il fallait préparer un lieu souterrain, caché.

C’est ainsi que l’homme m’emmena, cette fois-ci sans qu’il ait besoin de me forcer, vers un amas de caisses poussiéreuses. Ma curiosité me poussait à le suivre, à observer le sol pour remarquer que quelques traces mal camouflées indiquaient la présence d’une trappe ou d’un mécanisme qui soulevait la saleté de ces lieux. Et je ne me trompai pas. L’homme souleva le couvercle d’une caisse, enleva le double fond et fit pivoter un levier à l’intérieur avant de remettre tout en place. Le mécanisme ingénieux se mit en route, et les caisses devant nous commencèrent à s’écarter tandis que le sol se fendait en deux, laissant échapper de l’air chaud et quelques bruits de cabaret.

« - Incroyable, m’émerveillai-je avant de reprendre mon calme et de tousser légèrement. »

Il me lança un regard presque animal, me tirant à son tour vers le bas, sûrement pour m’emmener avec l’informatrice, supposée nous suivre en proie aux deux hommes armés, dans des cages spécialement prévues à cet effet.
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Mar 6 Mai - 16:12
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Non mais vous êtes sérieux ? Je veux la tête de ceux qui m’ont appris que dans la vie, on peut tout obtenir à partir du moment où on fait preuve de bonne volonté, de compréhension, et patati, et patata… Ah oui mais non, ca ne marche pas. Ca c’est dans les livres… Je les brûlerai en rentrant. Et après ca, encore mieux, j’en écrirai un où je marquerai toutes les vérités, ce qui arrive vraiment dans la vraie vie de tous les jours. Autrement dit, tout et n’importe quoi, sauf des bonnes nouvelles ! J’avais bien compris depuis un moment que tout n’était pas rose, mais alors là c’est vraiment le pire truc qui me soit arrivé depuis que j’ai pris la route des mers… Ca, on peut dire que je suis énervée… D’abord on me ligote, on m’emporte moi ainsi qu’un pauvre jeune homme innocent qui n’avait sans doute rien demandé, et on me porte comme si j’étais un gros sac de patates sur une longue distance. Heureusement que je n’ai pas mangé ce matin, car le ballottement m’a donné des nausées infernales. J’aurais dû m’attendre en tant qu’informatrice à faire face à ce genre de situations, mais je crois que je ne m’y ferai tout bonnement jamais. Manquerait plus qu’on me dise que je devrais me sentir flattée qu’on porte autant d’intérêt à ma personne, qu’on m’estime à si bon prix. Je crois que dire à un poulet qu’on allait le tuer parce qu’il aurait bon gout une fois cuisiné en sauce aigre-douce aurait exactement le même impact.

Je suis à deux doigts de la crise de nerfs mais me retiens de ronchonner, essayant de retenir précisément le chemin que nous empruntons. On nous emmène dans une partie de la ville que je suis on ne peut plus loin de connaître, et si je dois penser à fuir avec le rouquin et sa petite bête, il vaut mieux que je me souvienne de quelle route prendre, histoire de ne pas finir dans un cul de sac dans un avenir potentiel plus qu’incertain… Et comme je ne connais aucunement les capacités des deux autres victimes de ma situation, mieux vaut assurer les arrières. Parce que dans tout ca, qui allait s’inquiéter de moi là tout de suite ? Baba-sama doit repasser me prendre au soir, mais ca n’est que l’aurore, et rien ne me dit que je serai encore sur cette ile au soir… Et personne ne sera là pour la prévenir. C’est moi l’indic’, la chercheuse, la touche-à-tout, pas elle ! Quand nous arrivons enfin à leur repère, je suis plus que réveillée, en rogne, à l’affut du moindre détail insignifiant, d’une quelconque possibilité d’issue. On me repose par terre et me voilà poussée par derrière, à la suite de l’autre homme s’occupant de mes compagnons d’infortune. Nous sommes alors baladés dans des locaux simplistes dont je ne retiens rien qui démarque…

Mais ca c’était avant d’arriver dans cette pièce où sont entreposées quelques caisses ici et là, au beau milieu de la poussière. Deux choses alors rassasient mon appétit de savoir, à noter d’abord l’une des caisses éloignées sur le côté dont le couvercle n’a pas bien été remis, laissant entrevoir quelque chose qui fait battre mon cœur aussi fort qu’il le peut. Boum. Dans ma poitrine. Pourquoi ? Quel est le rapport ? Pourquoi, oui… Pourquoi ces types malfaisants ont-ils un carton de fioles de poison de mon ile natale ici ? Dans quel but ces malfrats ont-ils du poison mortel en réserve ?... Je donne alors enfin mon attention aux mouvements de l’homme qui déverrouille une entrée secrète, dont le loquet se trouve caché dans une des caisses non ouvertes de la salle. Mes yeux doivent sans doute être pleins d’étoiles, moi qui adore les secrets, voilà quelque chose qui m’émoustille au plus haut point malgré la situation catastrophique. Quelles magnifique chose, que les endroits cachés, les portes secrètes, les livres qui sont en fait des leviers… « Incroyable », c’est le mot, et j’ai un demi-sourire vers le jeune rouquin. C’est rassurant de voir que je ne suis pas la seule à apprécier cette certaine majesté dans le mécanisme.

Je déchante très vite en voyant le visage tordu et malsain de l’homme-montagne qui nous ouvre le chemin vers un lieu peu éclairé qui sent l’humidité, juste avant de nous abandonner à nos deux bourreaux et de remonter vaquer à ses affaires. Le problème avec les endroits bien camouflés, c’est qu’une fois qu’on y est enfermé, on peut salement douter de la possibilité d’être retrouvé et secouru… Mauvais, très, très, très mauvais, ca. Mon pouls s’accélère, mais j’essaie malgré tout de garder la tête froide, cette dernière désormais totalement désertée par la rage et l’énervement. Deux cages se trouvent dans la pièce, une avec une toute jeune fille brune effrayée à l’intérieur dans un coin de la pièce et l’autre vide un peu plus au centre de cet entrepôt d’humains improvisé. Un homme me balance à même le sol juste avant d’aller ouvrir ce que je devine être ma future « maison ».

« Pas bouger, la p’tite.

-Ca, comme si j’allais bouger ! »


Je lance un regard mécontent à l’homme mais ce dernier appliqué à sa tache n’en a rien à faire. Ca fait mal à ma hanche, cet abruti m’a fait atterrir sur le coté et je suis légèrement recroquevillée sur moi-même. Une fois la boite de métal ouverte, il m’attrape et me jette dedans sans mal et sans réfléchir. Alors il se retourne vers son compagnon qui tient toujours fermement le garçon à la chevelure rousse et a soudain un air interrogatif.

« On fait quoi d’lui ? »

Haussement d’épaule de l’autre, apportant alors une proposition qui me fait écarquiller les yeux d’horreur.

« On le tue tout de suite ? Après tout, on a pas besoin de ce gosse là et on n'a pas d’autre cage…

-On peut le mettre dans la cage avec elle en attendant de savoir si on le garde comme ressource potentielle aussi ?... »

Eh bah dis donc, l’heure est au débat. Je vois la fille dans la cage du coin qui se roule en boule face au mur, plaçant ses mains sur ses oreilles pour ne plus rien entendre du monde qui l’entoure, et me demande qu’est-ce qu’elle fait ici… Peut-être une autre informatrice ? Qui sait, après tout…

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Mer 7 Mai - 13:38
Pourquoi ?


La jeune fille que je tentais de sauver depuis le début vient de se faire jeter comme une malpropre dans une boite au métal usagé, certainement rouillé et porteur du tétanos. Puis, comme si j’étais sorti de nulle part, ils se demandaient quoi faire de moi. Et c’est là que ça devint un peu plus compliqué. Me tuer ? Très peu pour moi, je me préfère vivant, avec des cheveux roux sur le crâne et de la peau sur les os. C’est quand même plus facile de draguer dans ces conditions-là. Une autre raison, c’est que j’étais encore jeune, vigoureux. Vexé qu’ils ne me prennent pas comme un candidat-esclave potentiel, je leur lançai un regard noir. La réplique du dernier homme ne fit que redoubler ma rage tandis que les premières clameurs accueillirent sur la scène de cet endroit secret, sûrement cachée derrière des rideaux, la première fournée d’esclaves.

« - Je ferais un esclave de premier choix, messieurs ! Lançai-je d’un ton supérieur, le menton relevé, les joues légèrement boursouflées. »

Miu se mit une main sur le crâne, désespérant de la façon dont je faisais passer mon cas avant la gravité de la situation. J’étais impossible, je sais. Mais c’était une insulte assez grave que de me considérer comme un moins-que-rien, une marchandise tout juste bonne à jeter dans la fosse commune. En tournant les talons, je me dirigeai vers la cage, leur tournant le dos, attendant tout bonnement qu’ils m’ouvrent ma nouvelle chambre.

Cela me permit d’observer la diversité des personnes présentes ici. Principalement des filles, recroquevillées, les yeux en larmes et le regard perdu. Elles avaient l’air de venir d’îles diverses, et de conditions tout aussi variées. Paysannes, riches, enfants… Ils étaient vraiment exécrables, même des gamins étaient présents dans ces cages. Mon sang ne fit qu’un tour à cette vue, et je déglutis en pensant qu’ils ne les kidnappaient certainement pas pour faire un service d’adoption.

Leurs objectifs, bien que floues dans le cas de l’informatrice, me paraissaient assez évidents pour les autres personnes enfermées dans ces cages : la revente pour les plaisirs malsains des hommes et femmes qui en avaient les moyens. Il n’y avait pas que de frêles jeunes femmes ou des enfants de six ans. Au fond, dans l’une des cages à moitié cachée dans l’ombre, se trouvait un jeune homme, certainement mon âge, mais faisant trois têtes de plus que moi et dont les muscles saillants auraient fait baver n’importe quelle dame de la haute société, trouvant ainsi le réconfort d’une image bien différente de leur mari gras, potelé, dont les nombreux plis à tous les niveaux de leurs corps les rendaient écœurants au toucher.

Je regardai à côté de lui une jeune fille, le regard presque bleu à cause des coups qu’elle avait dû recevoir. Je retins mon souffle lorsqu’on me fit entrer, sans me répondre, dans la cage aux esclaves. Il n’y avait que la jeune fille et moi, mais c’était déjà largement suffisant. Miu, lui, ne prenait pas assez de place pour être comme une personne. Toujours saucissonné, il se posa sur mes genoux. Les hommes commencèrent à s’éloigner, passant le relais à leur compère chargé de nous surveiller. Bien, encore une histoire qui allait mal finir. Mon sourire, totalement décalé par rapport à la situation, révélait la confiance que j’avais dans ma capacité à m’échapper. Mais maintenant que j’avais vu ça… Ces personnes, ces futurs esclaves qui n’avaient rien demandé à personne, avaient eux aussi besoin d’aide. Tant que la vente ne serait pas terminée, il y avait de grande chance que nous restions tous groupés à cet endroit, ce qui me donnait un avantage certain. Je pouvais les faire s’échapper… Mais ça signifiait aussi les laisser connaître mes capacités.

« - Je m’appelle Erwin, lançai-je à ma camarade de chambre en perdant mon sourire, mes méninges tournant à leur maximum. »

Mon corps s’était instinctivement tourné vers elle. Mes jambes, croisées au sol, firent vaciller Miu dans ce même mouvement qui le tira et lui permit d’observer la jeune fille. Elle était peut-être moins âgé que moi, ses cheveux arc-en-ciel, peut-être une fantaisie, me semblaient sortis tout droit d’un conte de fée. Mais quand on avait vu ce que j’avais vu, on ne s’étonnait plus de ce genre de choses. Il en fallait peu pour m’émerveiller, mais pour me provoquer un choc capable de m’abasourdir quelques minutes, ce n’était pas gagné.

En me concentrant sur les sons à l’extérieur de la cage, je pouvais clairement discerner la musique d’un cabaret souterrain. Les gens, bruyants, parlaient si forts qu’ils formaient un bourdonnement insupportable dans les coulisses. Et ceux, malgré le présentateur qui mettait devant leurs yeux les marchandises tout droit importées d’îles ou de pays aux noms imprononçables. Ses mensonges commencèrent à me paraître évident lorsqu’il présenta un ‘samouraï’ originaire d’une île du Nouveau Monde. Soit ils possédaient un employé plus puissant que les meilleurs sabreurs du monde, soit… Le mensonge me paraissait une meilleure option. Ou tout du moins, une option plus sûre, car s’ils étaient si puissants, même moi ne pourrait rien faire contre eux.

« - Et lui c’est Miu, présentai-je l’adorable créature sur mes genoux en fronçant les sourcils. Tu sais pourquoi ils veulent vendre une informatrice ? Et toutes ces personnes… Cela n’a ni queue, ni tête. »

Peut-être que de mon point de vue un peu niais, je loupais quelque chose. Mais ces personnes n’étaient pas de bons esclaves, ils n’avaient pas été ‘éduqués’. Ils représentaient donc un danger pour leurs futurs maîtres… Me plongeant dans mes pensées, je commençai à réfléchir à un plan d’évasion pour tout le monde.
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
   


Donc pour résumer la situation, on a : la farine, les œufs, le lait qui risque de tourner et nous dans notre cage, on tient le rôle de la levure. Voilà qui fait avancer les choses. Entre nous, pauvres ingrédients mis dans nos moules, nous n’attendrions alors que la cuisson lente et douloureuse avant de nous faire bouffer comme des petits gâteaux mièvres ? Très peu pour moi. Pour mon colocataire non plus, j’ai l’impression. Et quelque chose me dit que sa petite bête n’a pas non plus pour intention de finir dans l’estomac de gens malfamés. En ce qui concerne la combativité des autres esclaves, je crois que ces derniers se sont avoués vaincus depuis longtemps… Mais j’imagine que passer par les mains de ces hommes menaçants doit avoir comme impact d’annihiler tout espoir. Je regarde ce jeune rouquin, Erwin donc, qui me fait face assis en tailleur. C’est un soulagement qu’il soit là, je préfère autant partager cette cage avec lui plutôt qu’il finisse en bouillie !… Ca doit être un reste de mes années sur l’île, mais j’éprouve le besoin de prendre soin de lui comme je me suis occupée des gosses auprès de Leora, puis de Soralia, même si ce petit homme a l’air d’être sacrément débrouillard, avec un zeste de… Je sais pas. Un zeste d’assurance. Etrange vu la situation qui m’a l’air bien désespérée aux abords ! Pour ma part, je n’ai aucune raison de penser à baisser les bras, parce que j’ai un atout énorme en poche, qui tient debout parce que ces gars qui nous tiennent emprisonnés sont proprement inconscients…

Je souris à mon voisin de chambrée juste avant de détailler le petit Miu. Mignon comme prénom au passage… Enfin passons. Je réfléchis un instant à sa question, soupirant longuement et m’avachissant au passage puis plante mes yeux dans les siens. Je laisse passer deux secondes pendant lesquelles je le fixe, essayant de comprendre qui j’ai exactement en face de moi. Quel allié me fait face ? Mystère. Je suis bien curieuse d’en savoir plus, après tout, il a délibérément choisi de me venir en aide, et d’être emprisonné avec moi. J’en connais, des trouillards, qui auraient trouvé un moyen de fuir lâchement, et sans demander leur reste. Qui n’auraient pas eu cette confiance que semble avoir le jeune homme. Mon esprit se met alors à tourner à toute allure, et je lâche un petit rire amusé, plissant légèrement les yeux et rapprochant très légèrement mon visage du sien.

« Enchantée jeune homme, moi c’est Rainbow ! »

Je me redresse alors, m’adossant aux barreaux dégueulasses de la cage… Etre assise ainsi me donne un peu mal au dos, et je dois l’avouer les liens commencent à me gaver sévèrement. Je sors alors simplement la petite dague coincée dans ma ceinture, non sans difficulté. Après tout, c'est une arme qui n'est pas faite pour découper des liens, elle est plutôt faite pour me permettre de me défendre en cas d'extrême urgence, et jusqu'ici, je n'allais pas la sortir pour risquer de me la faire confisquer ou de me blesser avec… Et je n'ai aucunement l'envie de me paralyser par mégarde ! Avec les liens j'aurai trop facilement pu me mettre moi plutôt que les molosses en situation de faiblesse tout à l'heure. Je ne le sais que trop bien… C'est comme ça qu'une fois j'ai failli me faire attraper. Il faut toujours apprendre de ses erreurs, pour sur.

« Pour répondre à ta question, je dirais simplement qu’en premier lieu, j’étais aussi perdue que toi. Qu’est-ce que je viens faire là-dedans ? En plus je t’ai entrainé aussi dans ce grand truc infâme, et voilà que nous sommes une flopée maintenant à espérer se tirer d’ici vivants et libres. »

Tout en parlant, je prends le soin de tailler ce qui m'entrave physiquement… La tache s'avère un peu plus difficile que je ne m'y attendais, et il me faut m'y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à retrouver ma liberté corporelle. Je m'attaque ensuite à ceux de mes partenaires, prenant soin de défaire leurs liens sans leur faire mal. Ces trucs  sont vieux et râpeux, tout comme la cage où nous sommes semble dater de plusieurs siècles.

« Bien. Voilà qui est fait. Je disais donc, ca c’était en premier lieu. Mais maintenant que j’y réfléchis un peu plus, je crois que je suis juste arrivée sur la mauvaise ile au mauvais moment… En fait, je viens de l'île d'Azalariane, où nous faisions du poison à partir des roses Rainbow qui ne poussent pour l’instant que là-bas. Et il se trouve que je sais comment on fait ce poison… Qui soit dit en passant et mortel. Poison en fiole qui se trouve, je ne sais pourquoi, dans une caisse de la salle du passage secret. Je suppose qu’ils savent qui je suis et veulent me vendre au plus offrant, peut-être une personne importante qui voudrait que je travaille pour son compte, et crée en plus mon poison exclusivement pour lui ? Enfin, ce ne sont que des suppositions vois-tu. Plus que comprendre pourquoi on est ici, je crois qu’il est temps de nous échapper ! »

Je lui souris largement, détaillant son regard, ne sachant quoi y voir. Paradoxalement, je ne sais rien de lui. Pourtant, je n'ai eu aucun de soucis à lui parler avec honnêteté de mon passé, et quelque chose me pousse à lui faire confiance. Peut-être cet air de Kotobuki. Oui, c'est vrai, il a un quelque chose de mon ami d'enfance, mais avec un truc en plus. Une puce à mon oreille me souffle que ce jeune Erwin en a vu bien d'autres, malgré son jeune âge. En jetant un coup d'oeil aux personnes autour, je me dis que tous dans cette pièce nous avons dorénavant une belles mésaventure commune...

« J’espère bien que tu vas m’aider à échafauder un plan pour nous sortir tous d’ici ! Je ne sais pas toi, mais j’ai la folle envie de foutre le bordel dans ce trafic dégueulasse. »

Je me tais enfin, prenant conscience que j’ai peut-être trop parlé, pour changer. J'espère franchement que je n'ai pas fini par saouler mon interlocuteur, et qu'il va accepter ma proposition. Qui serat-il s'il osait me dire qu'il n'a rien à faire de la suite des évènements? Ou qu'il n'a aucune considération pour le sort de ces pauvres personnes qui nous entourent, abandonnées à ce lugubre avenir? Je crois que je ne comprendrais pas, et ça m'étonnerait beaucoup. Sans compter que nous avons à notre disposition une info qui pourrait jouer en notre faveur : les fioles de poison et leur emplacement. A utiliser avec précaution, mais sans modération, quand on sait qu'on se trouve entre la liberté et la captivité, à défaut de se trouver entre la vie et la mort… Mais la captivité en elle-même ne serait-elle pas une mort ceci dit !  Je me concentre alors sur le petit Miu, m’avachissant un peu pour le regarder et lui tendant ma main à distance raisonnable, paume vers le ciel comme pour lui proposer de venir vers moi.

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Jeu 8 Mai - 19:37
C'est vrai que le poison, ça tue ?


« - Ne t’en fais pas, je suis venu de mon plein gré, répondis-je toujours en souriant. »

La salle dans laquelle nous nous trouvions était mal éclairée. La jeune fille en face de moi se trouvait être assez habile de ses mains pour saisir une dague cachée à sa ceinture, et commencer à couper les liens qui nous retenaient prisonniers. Un point pour elle ! Lorsqu’elle eut fini son affaire, elle continua de parler. Un vrai moulin à parole, agréable à écouter dans une situation qui nous était sûrement des plus périlleuses. Elle me parla d’un poison dont je n’avais jamais entendu parler qu’on faisait sur une île où je n’avais jamais été. Au mot poison, je commençai à me demander dans quel genre d’affaire je m’étais embarqué. Avec cette fille, et la recette d’un nouveau type d’arme, la personne qui l’obtiendrait deviendrait un peu plus dangereuse. Surtout si l’antidote n’était pas connu des autorités.

La question qui trottait dans ma tête suite à cette révélation était : Que faisait tout un cageot de fioles de poisons juste au-dessus d’une vente d’esclave secrète ? Une vente d’esclave… Mon visage blêmit alors et je tournai ma tête vers les autres participants. Non, ce n’était pas possible qu’ils aient capturé autant de monde juste pour ça. Un instant, mon esprit s’évada et je compris que la situation était plus grave que ce que j’avais pu imaginer. Je vis sur la scène les corps étalés à terre des personnes qui venaient de goûter au poison, les cris de l’audience qui réclamait de voir la future créatrice de cette merveille. Je déglutis en regardant Rainbow. Pourquoi avaient-ils besoin d’elle ?

« - Eh, le garde ! Hurlai-je en me levant, pris de court par la situation. »

L’homme que je venais d’interpeller m’adressa à peine un regard, baillant bruyamment pour faire comprendre qu’il n’en avait rien à faire. Une dizaine de possibilités se bousculaient dans ma tête, toutes plus intéressantes les unes que les autres, toutes plus surprenantes. Ces personnes, ces ignobles créatures qui se disaient être des êtres humains, avaient peut-être eu une première personne capable de fabriquer le poison. Alors, si cette personne s’était suicidée, ou avait été tuée, rien de plus normal de la remplacer, en urgence, pour ne pas annuler la vente. L’objectif n’était pas de vendre le poison mais bel et bien de vendre une personne capable de créer du poison.

Comment étaient-ils sûr qu’elle n’allait pas commettre l’acte sacrificiel pour éviter que d’autres personnes ne perdent la vie par la faute, malgré elle, de ses connaissances ? Le savoir n’était pas forcément une bonne chose. Il était bon d’oublier, j’en savais quelque chose. Cette fille n’avait cependant rien à voir dans une affaire de ce genre, et il se pouvait que toutes les suppositions que je venais de faire étaient pures coïncidences. Je l’espérais vraiment.

« - Viens ici, espèce de gros balourd ! »

Encore des paroles dans le vide. Cependant, cette fois-ci, sa bedaine se releva un peu plus et il étouffa un grognement. Son métier n’était sûrement pas de tabasser les futurs esclaves. Il n’aurait cependant sûrement pas hésité à me filer une bonne raclée si ça avait été pour me tuer derrière avec du poison. En regardant Rainbow à nouveau, je m’assis en tailleur, croisant les bras. Miu vint se hisser sur mon épaule. Le garde tourna alors la tête vers nous. Il venait de comprendre que nos mains et le corps de mon ami étaient libres. Sans sembler réellement réfléchir, il vint vers nous, attrapant un nouveau bout de corde qui trainait à côté de sa chaise. Pratique pour saucissonner les plus récalcitrants.

En regardant le porc arrivé vers nous, je chuchotai à mon acolyte :

« - Voici le plan. »

Il s’approcha avec sa matraque, apparemment un appareil électrique. En ouvrant la cage, il semblait sûr que nous allions coopérer. Cependant, j’étais sûrement le plus confiant des futurs esclaves dans cette pièce, et ce n’était pas un jouet en plastique qui allait me faire peur. Ou du moins, ce n’était pas ça qui allait faire peur à Miu. A peine eut-il ouvert la cage que mon compagnon de voyage se jeta sur lui, l’aveuglant juste assez longtemps pour que je l’empoigne par la taille, le mette à terre et lui envoie un coup de poing dans la tête avant de m’emparer de l’arme qu’il avait maladroitement lâché pour le menacer.

« - Faîtes attention à ne pas être trop bruyants, lançai-je avec un sourire malicieux sur le visage. »

Bien sûr, ce n’était pas fini. L’homme à terre semblait ne pas avoir été achevé, ou mis hors combat par ma première attaque. Quand je fus sûr que Miu avait rejoint mon épaule, je lui envoyai une décharge dans le corps pour qu’il s’évanouisse. Saisissant ses clefs, je les envoyai vers Rainbow. Maintenant, il fallait trouver un plan pour sortir. Là encore je pouvais utiliser mon pouvoir pour évacuer tout le monde, et ça aurait été certainement la chose la plus censée à faire, mais en analysant la situation je me dis que moi aussi je pourrais devenir une cible s’ils avaient connaissance de ce genre de caractéristiques. Pire encore, un témoin pourrait en parler à la marine. Il allait donc falloir faire sans.

« - Tu peux commencer à libérer les esclaves… »

Je ne voulais pas les appeler autrement. Si je les appelais autrement, j’avais peur de mettre le doigt sur une vérité qui pourrait être gênante. Les victimes.
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Eh bien, moi qui me demandais juste avant qui j’avais en face de moi, et qui me demandais de quelle manière il allait m’aider, je crois que j’ai ma réponse maintenant. J’ai deux alliés, et de taille, une fine équipe de… Non quand même pas chevaliers sans peur, mais du point de vue du caractère, on s’y croirait. Enfin bon. Ca n’est pas tout, mais il y a du pain sur la planche, les problèmes n’ont pas encore commencés ! Si on n’avait été que deux à vouloir s’échapper, passe encore, mais là on est une bonne flopée de gens à vouloir sortir de ce trou. Avec plein d’ennemis qui rodent dehors dans des couloirs prêts à nous remettre en cage dès qu’ils nous verront, et probablement à nous mettre une bonne correction pour la route. J’attrape donc les clés que me balance le jeune homme au vol, et manque presque les rater. Mes réflexes ont l’air de ne pas être encore tout à fait revenus, on dirait… Je lui lance un grand sourire avant de m’extirper de la cage me frottant un peu le dos légèrement endolori, et commence ma besogne déverrouillant un à un chaque serrure. Et chaque cliquetis annonçant un prisonnier de plus libéré est accompagné d’un sourire mi soulagé, mi apeuré. C’est bien un silence de morts qui règne dans cet entrepôt humain, comme si tous partageaient un secret aussi noir que le charbon, et aussi lourd que la mort.

La dernière personne que je libère se trouve être une fillette de 12 ans tout au plus, en sale état. Ses cheveux noirs sont collés par un mélange de terre et de crasse, et ses yeux noirs semblent désertés par la volonté de vivre. C’est la plus jeune selon moi de la pièce, et je me demande bien ce qu’une si petite fille fait ici. Quel est donc son rôle dans cette ignoble mascarade ? Elle a un visage commun, est maigrichonne comme tout, sans aucun muscle… Quand j’essaie de l’aider à se relever, celle-ci s’effondre tout bonnement par terre comme un sac de patates, ne tenant pas sur les allumettes qu’elle a en guise de gambettes. Une rage gronde alors encore plus fort au fond de moi, et je soulève la fillette de mes petits bras sans difficulté, la portant comme une petite princesse. Cette dernière se blottit alors contre moi, commençant à pleurer sans faire de bruit, et je la berce légèrement en me rapprochant de la porte de sortie. J’aime de moins en moins tout ce que je vois. Je n’appréciais déjà pas cette idée de vendeurs d’esclaves, mais là je trouve qu’ils tirent le bouchon un peu trop loin. Ces gens sont il vraiment destinés à être esclave ? Je jette un coup d’œil général sur le petit peuple de la salle et commence à douter des véritables intentions de ce clan de malfaiteurs. Avaient-ils réellement l’intention de les vendre ? Ne nourrissent ils pas de plus sombres dessins ? Quoi qu’il en soit, en emportant ces pauvres gens avec nous, plus rien n’aura lieu d’être pour l’instant… Je l’espère. Je regarde le jeune homme.

« Bien… Va être temps de filer, maintenant ! Je vais aller en repérage… Suis moi si tu veux ! »

J’embrasse la fillette sur le front et la dépose dans d’autres bras qui se tendent pour l’attraper, et m’approche de la sortie, tendant l’oreille. N’entendant rien, je me faufile à l’extérieur, ne prêtant aucune attention à la possibilité que quelqu’un m’accompagne ou pas. Je suis bien trop concentrée à essayer de voir quelque chose dans ces couloirs quasiment complètement noirs. Des rais de lumière provenant de sous les portes avoisinantes éclairent à peine le chemin ! Au moins, les couloirs sont vides… Mais bon. On ne sait jamais. Je m’avance en rasant les murs, respirant doucement et prenant soin de ne faire aucun bruit de marche. C’est à ce moment que j’entends des bruits étranges en provenance d’une porte éloignée… Qui se rajoutent à une odeur inhabituelle absolument nauséabonde… Je me rapproche alors de la source de toute cette immondice, pressant le pas, mon cœur battant un peu plus fort. Une fois arrivée sur le pas de la porte, je me colle contre le mur et laisse mon odorat et mon ouïe trier ce qui leur parvient. Je ferme les yeux très fort. Bruit métallique. Gémissements et pleurs. Puis rien qu’une seconde après… Un coup de feu. Mon cœur manque un battement, et j’entends une masse… Peut-être un corps ? Qui s’écrase au sol. Des sortes de sanglots gorgés de je ne sais quoi, comme si quelqu’un s’étouffait et se noyait. Mon sang se glace. J’ai soudainement effroyablement peur.

La porte s’ouvre en coup de vent, et je vois un homme dans un uniforme que je ne reconnais pas taché de sang sortir de la salle, avec un air on ne peut plus réjoui. Dans sa main droite un revolver et dans l’autre quelque chose qu’il regarde mais comme il se tient je ne peux pas voir quoi. Tellement dans son truc, il ne me remarque pas et s’éloigne en sautillant presque, joyeux comme un gosse, c’en est carrément malsain. Il laisse derrière lui la porte ouverte et dès qu’il s’est assez éloigné je me glisse dedans, paniquée par ce que je risque de découvrir. Je me retrouve alors dans le pire des trucs au monde. D’un coté, un petit tas de poulets crevés. D’un autre, deux ou trois cadavres humains mis les uns sur les autres comme si c’étaient de vulgaires sacs. Sur la gauche une petite table où trône un petit carnet plein d’annotations avec des dessins d’armes à feu. Mais le pire, c’est au milieu de la salle. Un homme, dans une petite marre de sang et de bave… Une mousse visqueuse s’échappant d’entre ses lèvres. Comme s’il avait été empoisonné. J’identifie alors l’odeur qui retroussait mes narines. C’est l’odeur de la mort qui émanait de cette salle qui ressemble à un minuscule royaume de l’enfer. Mais dans quel monde sommes-nous… Quelle est donc cette affreuse histoire ? Et quel pion suis-je sensée être au milieu de ces immondices ?! Je suis tellement retournée par la scène que je ne remarque même pas les bruits derrière moi.

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Ven 9 Mai - 23:41
Il ne faut jamais juger un livre sur sa couverture.

Les couloirs sombres et nauséabonds semblaient regorger de moisissures, reconnaissables à leurs odeurs si distinctives. En regardant par terre, mes pas m’indiquaient que je pataugeais sur une substance gluante et collante. Une porte d’où provenaient des bruits d’agonie se situait à l’extrémité du chemin. Bien avant, mon corps s’arrêta, stoppé par la peur dans son état le plus primaire. J’étais tétanisé, mes muscles bandés semblaient refuser d’obéir au moindre de mes ordres et je me retrouvais à laisser Rainbow s’occuper de la partie la plus difficile, quelques mètres devant moi. Un homme sortit alors de la pièce, m’obligeant à expirer l’air coincé dans mes poumons. Il semblait totalement fou, son pistolet trainant dans sa main le long de son corps. Une odeur de cadavre le précédait dans les couloirs tandis qu’il passait à côté de moi, lentement, ne m’offrant même pas un regard, me montrant à quel point j’étais insignifiant. Il portait sur son visage un sourire satisfait.

Miu émit alors un petit cri et je me baissai. Un coup de feu retentit vraiment proche de moi, et je me retournai en hâte, mes mains couvertes d’une matière visqueuse, tandis que le canon de l’arme réajustait sa trajectoire. Instinctivement, je me téléportai derrière l’homme qui n’eut pas le temps de me chercher tandis que je tombais sur lui de tout mon poids. Il grogna alors que son visage rencontrait le sol pâteux. Je tentai, maladroitement, d’aller chercher le pistolet, un bel automatique à présent à moitié couvert de sang mêlé à une autre matière inidentifiable au premier abord. Mes genoux à terre, j’essayai de le précéder pour récupérer l’arme. Alors qu’il allait sans saisir, me précédent d’une vingtaine de centimètres, une petite boule de poils vint la chaparder juste devant lui. Mon compagnon se réjouit de son coup en criant, comme à son habitude. Avant qu’il n’ait pu faire un geste, je pris la tête de l’homme surpris et l’écrasai contre le sol, lui cassant certainement le nez mais lui laissant la vie sauve.

Me relevant, j’inspirai un coup. Les esclaves étaient restés dans la salle où ils avaient été enfermés, tandis que Rainbow et moi étions partis en… mission de reconnaissance si on peut dire ça comme ça, dans ce genre de situation. Ma cage thoracique n’arrêtait pas de faire quelques rebonds tandis que mon cœur essayait de sortir de ma poitrine. J’essayai de me calmer, couvert de sang et, à la lumière, d’une matière verte.

Rassuré de voir que ça ne semblait pas affecter mes fonctions motrices, je me dirigeai vers la jeune fille aux cheveux arc-en-ciel et tentai de lui faire comprendre, d’un signe, que tout allait bien. Miu me tendit l’arme que je plaçai à ma ceinture après l’avoir secoué légèrement. En arrivant devant la porte, je compris que ce qui s’y trouvait justifiait une partie du sang qui recouvrait les dalles en bois dans le couloir. Des cadavres de poulets à perte de vue, et celui d’un homme tout fraichement tué. Celui-ci était tout particulièrement intéressant. De l’écume sortait de sa bouche, je ne connaissais pas les causes de ce genre de mort, et je ne savais pas si mon acolyte était plus calée que moi à ce sujet.

« - C’est quoi ce bordel, lançai-je d’une voix un peu affolée, regardant derrière moi pour être sûr que plus personne ne nous suivait. »

Ma surprise fut redoublée lorsque j’aperçus une jeune fille, une douzaine d’années certainement, aux cheveux noirs et sales, et aux yeux onyx vides. Elle s’avançait dans le couloir, un canif dans la main, lui-même dégoulinant de quelques gouttes de sang. Ce regard ressemblait à celui d’un tueur, d’une démone dont l’habit de chair était celui d’une gamine innocente. Mettant ma main sur l’épaule de Rainbow, je tentais de lui faire percevoir la scène derrière nous. Baissant la tête, j’arrêtais à nouveau de respirer, comme si c’était devenu une habitude dans les situations tendues.

D’un geste rapide, je fermai la porte essayant de trouver un loquet là où il n’y en avait pas. Je déplaçai alors une table en bois devant la porte, faisant tomber quelques cadavres de poulets. Cette astuce pouvait la bloquer quelques minutes, mais on ne savait pas à qui on avait à faire. Commençant à faire les cents pas dans la pièce, je remarquai une caisse dans laquelle quelques fioles remplies d’un liquide violâtre traînaient, à moitié vide, tout au fond. Je voulus en saisir une mais m’abstins au dernier moment. Je ne savais pas s’il s’agissait de poison et si un maladroit en avait recouvert les parois. Un contact pourrait provoquer quelques effets indésirables.

« - Rainbow… C’est le poison de ton île ? Demandai-je, légèrement inquiet, regardant la porte qui n’avait toujours pas bougée. »

Les poulets dans cette salle, cet homme à terre… Il ne pouvait pas s’agir d’une coïncidence, tout concordait. Il ne s’agissait pas d’une vente d’esclaves comme les autres. Et à présent que leur lot principal s’était évadé, ils allaient tout faire pour le retrouver.

Je jetai à nouveau un regard interrogateur à la jeune fille pour presser sa réponse. D’habitude, pour les expérimentations, certains scientifiques avaient tendances à préférer les rongeurs, pour une raison qui m’avait toujours échappé. Ici, c’était de la volaille, des oiseaux sans noms et sans visage, des créatures à bec considérées bonnes uniquement dans les assiettes des loups affamés que sont les humains. Sans vouloir paraître froussard, j’avais peur. Malgré mes capacités, je ne pouvais pas partir de là sans réponses.

Au moment où je pensai à ça, j’allai fouiller le corps sans vie de l’homme à terre. Il n’avait pas grand-chose sur lui : ni papiers d’identités, ni carte de séjour, rien… A l’exception d’une feuille sur laquelle était inscrite une liste de composants. Mes yeux grands ouverts étaient ébahis devant ce genre d’enchainements de noms en tout genre, car je n’y comprenais strictement rien. Cela aurait pu être écrit en ponéglyphes que ça m’aurait fait le même effet. Je transmis la liste à la jeune femme à mes côtés, espérant qu’elle aurait une vision des choses différente de la mienne. A ce moment-là, la porte commença à bouger violemment, faisant s’écarter légèrement la table en bois.
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
   


Je ne m’étais même pas aperçue du court mais intense combat qui faisait rage derrière moi. En me retournant et me précipitant dans l’embrasure de la porte, j’ai juste le temps de voir Erwin fracasser la tête du scientifique au sol. Ceci fait, je retourne dans la salle, et regarde mon acolyte rentrer et découvrir cette chambre des cauchemars. Je vois à son visage qu’il est autant sous le choc que moi, voir plus. Bien sûr, j’ai des notions en chimie et je connais quelques sortes de poisons ainsi que leurs effets, lui ne doit rien comprendre à ce qu’il voit, pour sur. Pour ma part, j’ai côtoyé le poison Rainbow depuis si longtemps que je sais parfaitement comment les victimes vivent leurs derniers instants quand elles y goutent… Pas que j’aie déjà eu l’occasion voir une personne mourir, juste qu’on m’a instruite, et que j’ai potassé des livres de mon propre chef. J’avais moi-même réussi à remanier le poison de manière à ce qu’il ne soit pas aussi douloureux qu’à l’origine… Bien sur le poison tue la personne, mais j’ai retravaillé la formule à l’époque en me disant que si quelqu’un devait mourir de cet élixir macabre au moins ca serait indolore. On ne peut pas empêcher les guerres et les meurtres, pour sur, mais en changeant la formule de ce nectar maudit ca soulève une infâme part d’horreur, c’est ce que j’ai pensé à l’époque.

C’est ce moment que choisis mon compagnon pour attirer mon attention sur un spectacle on ne peut plus effrayant… La petite fille de tout à l’heure est en face de moi, avançant,  mais son visage indique qu'elle n'est pas réellement la même. C’est son corps, mais la voilà avec le regard des grands meurtriers, armée, qui s’avance vers nous.

« Mais… Mais qu’est-ce que c’est que ca encore ?! »

Mes yeux s’écarquillent, et je ne peux même plus bouger. On se trouve dans une sorte d’hôpital, ou d’asile malsain, ou toutes les situations les plus glauques et lugubres sont possibles. Je me sens défaillir, mon estomac se soulève. Il n’en faudra bientôt pas plus pour que je tourne de l’œil, ca commence clairement à faire beaucoup trop ! Vraiment, vraiment beaucoup trop… Heureusement, le jeune homme lui parvient à bouger, barricadant la porte du seul meuble réellement viable. Je prends quelques secondes pour reprendre mon souffle, le laissant fouiller la pièce. Ce faisant, je me rappelle alors du carnet annoté sur la table, et vais m’en saisir pour le feuilleter. J’acquiesce gravement sans lever les yeux de mon livre quand Erwin me demande si c’est effectivement le poison de mon ile qui se trouve dans les fioles présentes dans un coin. Mes yeux s’agrandissent au fur et à mesure de ma lecture. Dans mon esprit commencent à se dessiner des plans répugnants, et des schémas ignobles présentent de pauvres êtres pris au piège. C’est tout le plan qui se trouve dans ce livre abandonné. Quand enfin le rouquin me tend la liste, je porte à peine attention à la porte contre laquelle quelque chose se cogne encore et encore, pour forcer le passage. Ce que je lis finis de m’abattre. Ce plan est pensé dans les moindres détails, infaillible… Et probablement destiné à des personnes de haute importance.

Je me laisse aller contre le mur et glisse contre le mur jusqu’à être assise. Des larmes de rage, d’incompréhension, d’horreur pointent dans le coin de mes yeux. Je tends le livre au jeune homme et le regarde alors, à deux doigts de me sentir partir tellement la situation me dépasse.

« Je ne sais pas à quoi tu pensais, ni ce que tu as pu t'imaginer sur la situation à laquelle on fait face, mais tout est dans ce petit livre. Tout. Leur plan. Je pense qu’ils visent des gens très hauts placés ! Regarde, feuillette un peu. Cette liste que tu as trouvée dans la poche de l’homme à terre, c’est les composants d’un gaz qu’on lui a administré avant, il y a des excipients dedans qui font qu’il a complètement perdu la tête. Chez certains ca peut même faire apparaître des voies dans la tête, faire délirer. C'est probablement le cas de cette petite fille, on lui a sans doute fait respirer un truc avant de la jeter dans une cage comme les autres… Ils veulent mettre du gaz dans une salle. Rendre les gens fous au cas ou ils réchapperaient des balles ! »

Je projette mon poing droit contre le sol de rage.

« Des balles améliorées, avec mon poison. Tu vois ces balles spéciales, qui explosent en plein de fragments au contact de leur victime, s’éparpillant dans leur corps ? Eh bien avec un peu de poison dont ils enrobent la balle, ca fait pénétrer le liquide direct dans le corps en même temps que les fragments de balle se logent dans la chair. Mort assurée en moins d’une minute. Du coup même s’ils ne touchent pas les organes vitaux, aucune chance de sauver la personne. »

Je le regarde gravement.

« Et il n’y a pas d’antidote. Ce plan a été conçu pour que personne ne réchappe de ce qu’ils prévoient. PERSONNE. Les victimes visées vont TOUTES mourir… Ils n’espèrent pas de prisonniers. Ils veulent juste TUER. »

La porte s’ouvre alors, et la fillette arrive à se glisser comme elle peut dans cette antichambre de la mort, rampant presque comme une morte-vivante. Je bondis debout, en alerte, et saisis ma dague empoisonnée. Je m’approche alors vite à la manière d’un éclair et lui donne quelques petites piques du bout de la dague, ce après quoi je m’éloigne, pour laisser le poison paralysant faire. Je ne veux pas tuer cette pauvre fillette, mais juste la mettre hors d’état de nuire. En quelques secondes, elle est dans l’impossibilité de se mouvoir comme il faut, et se contente de grogner, comprenant que ses membres ne lui obéissent plus. Je regarde alors successivement Erwin et toutes ces fioles en vrac.

« Il faut qu’on bousille leur plan. Qu’on détruise tout ce qui leur sert pour leur machin, qu’on foute en l’air ces balles de malheur. Et surtout qu’on trouve l’endroit où ils s’occupent de la partie gazage. Il faut absolument qu’on arrête tout ca ! Quoi qu’ils visent, on ne peut pas laisser faire ça ! »

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Dim 11 Mai - 19:48
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La situation était plus critique que je n’aurais jamais pu l’imaginer. Le petit carnet que m’avait tendu Rainbow contenait, entre deux feuilles collées par quelques produits chimiques, une liste de noms. Des personnes assez haut placées. On y retrouvait des objectifs fantasmés comme l’Amiral en Chef actuel, Lida Asya. Mais aussi des personnes plus atteignables comme l’un des présidents d’une grande multinationale, Joe Kerwich. Certains noms m’étaient totalement inconnus et je n’avais pas rencontré le reste. Les deux noms qui me disaient quelque chose étaient apparus récemment dans les journaux. Je grognai en pensant à toutes les victimes potentielles qui pourraient être entrainées avec ces dirigeants. Détruire le système par le haut n’était définitivement pas une bonne idée. Les leaders étaient remplaçables, les mentalités en revanche restaient ancrées tant que personne n’osait parler. Je posai le carnet. En dehors de cette information, de la transformation du poison de l’île natale de Rainbow et des plans de ce bâtiment, il n’y avait quasiment rien. Pas d’indications quant à la première cible, elles étaient juste classées par postes.

En voyant la petite s’effondrer suite à l’attaque de Rainbow, je commençai à me demander s’il était possible de créer un remède. Après tout, ce n’était pas possible qu’il y ait réellement une arme comme ça sans antidote, tout était créé sur cette terre avec son contraire… Même les pires atrocités. J’espérai à cet instant là que cette façon de penser n’allait pas nous mettre en danger. Déglutissant, je me dirigeai vers la gamine et la portai jusqu’à une table où elle ne pataugerait pas dans le sang. Elle dormait bel et bien, ce qui me rassura.

« - On pourra détruire ces balles si on trouve où elles sont entreposées… Et combien il y en a. Pour le gazage, il peut s’agir d’un petit laboratoire comme d’une usine imposante, mais ça doit être à l’écart du gouvernement, un endroit où ils ne font jamais de descentes… »

Je commençai à réfléchir. Il fallait que je trouve cet endroit. Retirant un peu le sang sur mon corps, je contournai la table et allai observer les cadavres de poulets de plus près. Ils avaient l’air d’avoir été intoxiqués eux-aussi, mais l’un d’entre eux avait été tué par balle. Un liquide violet s’était échappé du trou pendant quelques secondes, quelques minutes peut-être, et recouvrait à présent ses plumes dans un mélange de couleurs mortel. Les pauvres volailles avaient été amenées pour une expérience bien cruelle. Leur sacrifice nous permettrait cependant d’en apprendre plus sur le poison.

« - Combien de temps exactement penses-tu que les balles mettent à tuer ceux qu’elles touchent ? Demandai-je à Rainbow en fronçant les sourcils. »

C’était l’une de mes premières interrogations sur un plan pratique. Entre le coup de feu tiré à l’intérieur de la pièce et l’agonie de cette bête, il ne devait s’être déroulé que quelques secondes pour ma jeune amie et deux minutes ou trois pour moi-même. Les autres cadavres dans la pièce, ceux des trois humains superposés les uns aux autres, ne semblaient pas avoir été empoisonné mais tout simplement assassinés. Des sujets tests ? Je feuilletai à nouveau le petit carnet pour y déchiffrer les dernières indications. Il y avait des chiffres, sûrement correspondant à des personnes. Ils devaient leur être tatoué dessus lorsqu’ils étaient achetés pour les expériences, ce que je confirmai rapidement en allant vérifier le bras des cadavres : deux-cent trente-et-un, deux-cent trente-trois et deux-cent cinquante-six.

Ce dernier numéro était l’avant dernier de la liste. Regardant la gamine, j’allai aussi vérifier son bras : deux-cent cinquante-sept. Hallucination, contrôle mental, il s’agissait d’étapes vers une mort certaine. Je blêmis en regardant l’enfant endormi qui ne se réveillerait peut-être jamais.

« - Rainbow… Cette gamine… Est-ce qu’elle est atteinte par le gaz mortel ? »

Je me retournai, sachant que je ne pouvais rien faire. Ces trois personnes n’avaient pas été tuées par empoisonnement, pourquoi ? Et pourquoi ce gars et cette petite-fille l’avaient été ? Qui était leur prochaine cible ? Il n’y avait pas trente-six manières de le découvrir. Abandonnant l’enfant et Rainbow, j’ouvris la porte en volée et tirai le scientifique à l’intérieur de la salle. Le regardant dans les yeux, je lui mis une baffe dont le bruit étonnant raisonna dans toute la pièce. Il me regarda, ahuri, en se réveillant. Son sourire de psychopathe s’était envolé.

Il était encore couvert de sang, dégoulinant de son visage, et d’une sorte de morve verdâtre écœurante dans laquelle nous nous étions involontairement baignés. Je lui tapotai la joue pour être sûr qu’il soit bien parmi nous et éviter de voir son regard se balader autour de lui.

« - Qui sont tes alliés ? Hurlai-je d’une voix ferme. Où vont-ils frapper ? »

Il me lança un regard rempli de dédain et cracha du sang par terre, un sourire satisfait sur le visage tandis que je pointai sa propre arme vers lui, me relevant doucement. Je ne m’intéressais pas vraiment à la façon dont les informations me parvenaient… Quand tout à coup je me tournai vers Rainbow, me rappelant de ses capacités :

« - Tu es une informatrice, n’est-ce pas ? Tu veux bien le faire parler ? »
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Mar 13 Mai - 23:09
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
   


La mauvaise nouvelle, c’est qu’on est dans une affaire salle. La bonne, c’est qu’on a une chance de s’en sortir vivants, maintenant savoir si on arrivera contrecarrer les plans de ces barbares, qui sait… Comme le dit Erwin, pour ce qui est du gaz, ca ne doit surement pas se trouver ici, c’est même fortement probable qu’ils aient mis cette petite entreprise sur une ile où jamais personne ne fait de descente… Une ile dont personne se soucie, une ile dont la plus grande partie de la population de cette planète ne connaît pas l’existence. Je blêmis un instant, cachant mon angoisse passagère. Une ile comme Azalariane serait parfaite. Mais à tout y réfléchir, je préfère me dire que Soralia et les autres n’auraient jamais laissé faire ca… Je l’espère, franchement. Pourvu que ca soit juste moi qui fantasme sur ce coup ! L’idée que mon il, que tous les autres se soient fait virés de l’ile, voir même… Tués ? Non, c’est impossible. Je suis clairement en train de fantasmer sur la cruauté de ces types, oui, c’est uniquement ca. Je m’approche alors de la fillette déposée alors sur une table, m’affairant vérifier ses fonctions vitales. Voyant qu’elle est fiévreuse j’utilise avec le peu de choses du coin pour lui fabriquer une compresse d’eau fraiche que je lui mets sur le front, puis m’assois à coté d’elle et lui prend la main. J’observe mon compagnon de galère fouiner, et lorsqu’il me questionne sur l’efficacité des balles, il ne me faut que quelques secondes pour faire le calcul.

« Je pense que l’efficacité des balles dépend aussi des conditions physiques de la personne qu’elles touchent, et de leur corpulence. Les enfants touchés par de telles balles mettraient sans doute pas plus d’une vingtaine de secondes. Pour ce qui est d’adultes, ca doit varier de deux à trois minutes. Ce poison détruit le système nerveux de plus, les gens une fois touchés ne pourront plus se défendre ou riposter. »

Je reste près de l’endormie, changeant la compresse. En quelques instants elle a même rendu brulant le bout de tissus ! Ce gaz est vraiment purement nocif, pour de bon… Plus qu’à espérer qu’ils ne fassent pas usage de ce truc maléfique. Déjà voir cette petite me fait tellement mal au cœur, et je ne doute pas un instant que nous soyons sur le point d’assister à ses derniers instants. Tournant la tête, je vois justement mon compagnon d’infortune devenir aussi blanc qu’un linge en regardant cette petite inconnue qui a quelques spasmes dans ce sommeil agité dans lequel elle se trouve plongée. Ca y est. Il a compris ce qui se passe. J’imagine que ca doit être lourd à porter… Il ne doit sans doute pas être habitué à voir les gens mourir comme ca à petit feu.

« Oui… On ne peut plus rien faire pour elle, c’est fini. Elle n’aura même pas conscience qu’elle est en train de mourir, elle avait déjà perdu la tête depuis un bout de temps. Là c’est la phase terminale. »

Je restai encore quelques instants auprès de la gamine, jusqu’à ce que les choses commencent à prendre une toute autre tournure. Voilà que le jeune homme semble très en colère, il ramène le scientifique pour lui soutirer des informations, et n’arrivant rien en tirer, voilà qu’il me demande de le faire parler ; je me sens enfin un peu plus dans mon élément à l’idée d’aller à al pêche aux infos. Je souris, de mes grands sourires entendus, et descend de la table pour m’approcher du crevard par terre. Je m’accroupis, lui choppe le menton et tourne son visage pour qu’il me regarde.

« Alors comme ca on veut pas parler hein ? Tu vas vite nous dire tout ce que tu sais. Et tu sais pourquoi ? »

C’est qu’il rigole cet abruti, en plus ! Le voilà qui part d’un grand rire digne des méchants de série B. Grand bien lui fasse. On dirait qu’il a oublié qu’il était plutôt en mauvaise posture. Je me relève, lui envoie un petit coup de pied gratuitement dans la face toute excédée que je suis, et vais chercher deux fioles de poison. J’enfonce mon pied sur son ventre, et débouche dans le même temps une de mes fioles, et son visage déjà déformé par la douleur qu’engendre mon coup, voilà qu’il semble se liquéfier en voyant ce que j’ai en mains et qui s’agite juste au dessus de lui.

« Bien, maintenant on va passer aux choses sérieuses. Ca serait dommage que tu goutes à ton propre poison, n’est-ce pas ? Je te vois très bien, toute enflure que t’es, prendre toutes les précautions du mondes en manipulant ce produit… Ca serait tellement dommage que quelqu’un t’en verse directement dans le gosier ! »

Il commence alors à s’agiter et j’enfonce ma petite dague empoisonnée directement dans son bras droit qui se paralyse alors au bout de quelques secondes, puis son bras gauche. Il panique alors encore plus, d’autant plus que je n’ai pas arrêté de sourire. Je n’éprouve aucune pitié pour l’enflure qu’il est, sans compter qu’à cause de lui tout pourrait partir en vrille dans ce bas monde. Et ca serait de sa faute. A lui. Il est maintenant entre la vie et la mort, livide comme s’il était déjà un fantôme.

« Dis nous ce que tu sais, et on te laissera pour mort. Si tu refuses de nous dire quoi que ce soit, de toutes façons, j’enfoncerai ce qu’il y a dans cette fiole dans ta gorge pour que tu le boives jusqu’à la dernière goute. Et on sait très bien tous les deux que ca risque d’être extrêmement douloureux co…

-Je ne dirai rien ! Je sais qui tu es. La gentille jeune fille de l’ile aux roses mortelles. Mais tu n’es pas une meurtrière, tu n’oserais jamais faire du mal à une mouche ! »

Je laisse alors « malencontreusement tomber quelques goutes sur son visage.

« Oups ! »

Un rire enfantin sort de mes lèvres, et je le vois qui a tourné la tête juste à temps pour n’en recevoir que dans les cheveux.

« Je te jure sur cette fillette sur la table, sur tous mes amis, sur Leora, et sur tous les habitants d’Azalariane… Que si je dois te tuer, je n’aurai aucun scrupule à le faire. Et je ne le regretterai pas. PARLE MAINTENANT!

-D’accord… D’accord. Je vais vous dire ce que vous voulez. Ce sont des gens du gouvernement qui ont commandé ca. Le nom de certaines des personnes qui ont passé commande sont inscrits dans le carnet… A l’origine c’était juste pour le gouvernement, mais apparemment il y a une fuite parmi eux. Maintenant il paraît que même des hors-la-loi sont intéressés par ce que nous faisons, mais là je n’ai aucun nom. Ils veulent ce matériel pour pouvoir faire pression… C’est tout ce qu’on m’a dit. Mais si vous voulez mon avis, c’est que des excuses. J’ai plutot l’impression que ceux qui commandent ca veulent un moyen de faire pression sur autre chose de beaucoup plus gros, ou alors retourner leur veste… Je sais rien de plus, moi ! »


Enlevant mon pied du scientifique, je me recule et regarde Erwin, perdant mon sourire carnassier pour reprendre mon air normal, peut-être ai-je l’air fatiguée en plus. Tant de nouvelles aussi incompréhensibles… Je suis vraiment perdue.

« Voilà, on a nos réponses… Mais on fait quoi maintenant ? »

C’est le moment que choisissent deux hommes tatoués du papillon de flamme pour entrer dans la pièce. Comme si ca ne suffisait pas ! Voilà que les ennuis recommencent…

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Jeu 15 Mai - 1:06
Le gong retentit pour annoncer la mort de la pureté.


Je m’étais approché de la gamine, sachant à présent qu’elle vivait ses derniers instants. Elle était toujours étalée sur la table, inconsciente, et Rainbow commença son interrogatoire, me montrant une autre de ses facettes. Menaçante, intimidante, elle semblait spécialisée dans ce genre d’interrogatoires. Mieux valait l’avoir en tant qu’amie plutôt qu’en tant qu’ennemie. Quand le scientifique annonça que c’était une affaire placée sous le signe de gouvernementaux véreux, cela ne me surprit qu’à moitié. Mes yeux ne dévoilaient aucune émotion face à ce rebondissement. Miu, lui, s’était accolé à la jeune fille, tentant sûrement de la réconforter dans son dernier sommeil, sa première et dernière chute vers les enfers.

En se retournant vers moi, l’informatrice semblait fatiguée. Moi aussi je devais avoir pâle mine. Ce n’était pas tous les jours que j’assistais à la mort d’une enfant, d’un être innocent perverti par un gaz. Peu importe la manière dont elle avait été contrôlée d’ailleurs, cela s’était conclu par sa déchéance. Qu’allions-nous faire à présent ? Quand mon acolyte me posa la question, j’étais retourné aux côté de la gamine, lui serrant la main, voyant ses respirations se faire de plus en plus courte, jusqu’à disparaître tandis que la porte s’ouvrait en volée, laissant entrer deux personnes, un tatouage mis en avant sur leur bras.

« - Un papillon de flamme, chuchotai-je en les observant. »

Ils étaient assez grands, musclés, le regard débordant d’une flamme malsaine que je n’aurais su nommer dans l’immédiat. Et ils étaient sûrement au courant de quelque chose. Je pris mon pistolet, profitant de l’effet de surprise pour faire le premier mouvement, lâchant la main sans vie de la jeune fille sur la table. On ne pouvait plus rien pour elle, mais on pouvait encore quelque chose pour les personnes qui allaient se faire attaquer. D’un tir simple mais appliqué, je désarmai le premier qui s’empressa de tirer sa propre arme à feu. Il sembla sursauter. Son collègue se tint alors tranquille et le scientifique se mit à reculer dans un coin, tremblant. Il avait perdu son attitude hautaine, peut-être à cause des menaces de Rainbow.

Mon sourire s’illumina lorsque je compris que j’avais peut-être affaire à deux personnes qui pourraient m’aiguiller sur la marche à suivre. Une petite balle pour leur faire peur, peut-être en arriver à tuer l’un des deux… Cette pensée m’échappa mais m’effraya aussi. Tuer quelqu’un était un acte abominable, même s’il s’agissait d’un criminel… Ce n’était pas mon rôle, je n’étais pas le bourreau de la Justice, si celle-ci existait.

« - Maintenant, vous allez me dire où va avoir lieu la prochaine attaque. Tout de suite. »

J’armai à nouveau mon pistolet, menaçant de manière me faire comprendre. Ils semblaient moins résistants que le scientifique puisqu’au bout d’à peine quelques secondes, ils commencèrent à parler d’une seule voix, s’embrouillant l’un, l’autre, avant que celui aux cheveux bruns ne prennent définitivement la parole sous le regard consterné du scientifique.

« - La mairie de cette île… C’est la première cible… Le Maître a prévu de faire une démonstration à grande échelle après avoir tué les personnes kidnappées, pour prouver aux potentiels acheteurs que le gaz était tout aussi efficace que les balles et le poison qu’il utilisé sur scène pour tuer les otages… »

Mes yeux s’écarquillèrent à nouveau devant l’horreur de cette révélation. Bien sûr, comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ? Cette île se nommait Commited Island. Elle n’avait pas de spécificité, à part être sous la faible protection du gouvernement à cause d’un commandant laxiste et de la mobilisation des forces marines pour renforcer les rangs sur Grande Line. De toutes les manières, ces lieux étaient calmes. Et…

« - Le commandant de la Marine en place sur cette île doit être de mèche avec eux. Je ne sais pas pourquoi, Rainbow, mais c’est la seule façon qui pourrait expliquer pourquoi ce réseau a pu s’installer et grandir. »

Ma déduction ne devait pas être éloignée de la réalité à en croire les visages pâles qui venaient de se décomposer devant moi. Je jouai un instant le revolver, gardant un œil sur les deux malfrats, comprenant aussi que nous devions partir maintenant. Si la mairie de l’île allait être attaquée, ce serait aujourd’hui même. Il y avait un discours de prévu, une sorte de commémoration pour les natifs de cette île tombés à la guerre.

Nous n’avions pas de corde à portée de main pour les attacher et les rendre inoffensifs. Un mauvais point pour nous. Mais nous étions armés, contrairement à eux. D’un geste prudent et calculé, je ramassai l’autre arme à terme. Un automatique de trente-six balles, le chargeur semblait complet. Ça me facilitait la tâche, même si je ne comptais pas tirer autant aujourd’hui.

« - Toi, le gars aux cheveux châtains, lançai-je en m’adressant au deuxième homme. Dépose ton arme à terre et fais la glisser doucement vers moi. Et dîtes-moi dans combien de temps l’attaque va avoir lieu ? »

Le discours devait commencer dans… Je n’avais pas notion du temps, mais si j’en croyais mes maigres repères, il devrait avoir lieu dans moins d’une heure. La réponse fut courte et simple : vingt minutes. Il ne nous restait que vingt minutes pour localiser la mairie et nous rendre là-bas. Je blêmis cette fois-ci plus qu’auparavant, ressemblant à un linge transparent. Un sourire satisfait se percha sur les lèvres des hommes, un à un, lorsqu’ils comprirent que nous ne pouvions pas gagner. Reprenant mon sérieux, je lançai à Rainbow :

« - Paralyse-les, s’il-te-plaît, et n’hésite pas à y mettre la dose. Quand t’auras fini, touche-mon l’épaule. »

Miu, qui était resté assis tout ce temps aux côtés de la demoiselle, se releva après m’avoir entendu parler. Il s’émoustilla légèrement, sautant sur mon épaule, ses pattes tachées de sang. Mon corps et mes vêtements étaient encore en partie couvert de cette matière visqueuse qui avait recouvert le sol. Je souris un instant, et quand une minute fut passée, je disparus, utilisant ma capacité de téléportation au milieu de la salle pour arriver derrière la mairie, passage obligatoire pour se rendre à l’auberge où j’avais logé.

« - Ne pose pas de questions, dis-je à Rainbow, espérant qu’elle avait suivi mon conseil. Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? »
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
   


Coup de feu. La vérité, c’est que je n’avais encore jamais rien vécu de pareil. J’avais toujours eu quelqu’un de proche juste à coté de moi pour me protéger, ou un mentor pour me rassurer… Je n’avais jamais été aussi énervée de ma vie, aussi exaspérée par la laideur des dessins de certaines personnes ! C’est donc surprenant. Tout ce remue-ménage me fait reprendre conscience de mon corps, d’où nous sommes, de la situation. Statufiée, je regarde le scientifique s’aider de ses jambes pour se déplacer loin de l’altercation. J’ai du mal à me dire que je viens d’effrayer ce type d’homme, de quoi avais-je l’air avec des menaces de morts ? J’ai beaucoup de respect pour la vie humaine, mais il a suffit d’un seul homme pour que toute la colère et la haine en moi refassent surface et que des paroles dépassant ma pensée sortent de mon gosier. Certains fous ont vraiment le don pour vous faire sortir de vous-même… Ou peut-être est-ce simplement la peur de me retrouver encore une fois dans une situation où je suis restée en plan sans rien faire alors que le moment était critique. La vision de la jeune fille délaissée par la vie me donne envie de vomir. Comment peut-on ôter si facilement la vie à quelqu’un d’innocent et pur ? Le fait est là, maintenant je suis accompagnée par un allié de force, si j’en crois mes yeux, on devrait avoir toutes les chances de nous en sortir non ? Surtout quand je remarque à quel point il peut être convaincant, soutirant en quelques instants des informations aux deux hommes quand il m’a fallu toute ma concentration pour extorquer des infos au scientifique. Faut dire aussi qu’avec ce pistolet, ‘y a de quoi flipper comme pas deux oui. J’avais moi-même même pas vu qu’il en avait un sur lui, comment ca a pu échapper à mon regard ? Il devait être bien caché, et je dois sans doute aussi mettre ca sous le compte de la confiance que je lui accorde.

La mairie, ca pourrait se comprendre, mais carrément prévoir une démonstration à grande échelle, là je trouve ca abusé. Tout autant que tuer des otages avec des balles empoisonnées sur scène. Bizarrement je soupire, même plus étonnée. Tout concorde de manière bien glauque, et je m’y attendais. Avec tout ce que j’ai vu depuis mon réveil, il y a de quoi écrire un roman, facilement ! J’acquiesce devant la remarque perspicace d’Erwin : un truc aussi gros n’avait pu se mettre en place ici que grâce à quelqu’un pour parrainer tranquillement toute cette salle affaire. Rien de plus simple. Je cherchais quelqu’un qui veuille toucher au gouvernement, mais c’est ce dernier en personne qui tient les reines de cette immondice depuis le début, comme quoi l’habit ne fait pas le moine. Ha. Ha. Je fais soudain le lien avec un souvenir qui me remonte tout embrumé d’hier soir. L’homme aux histoires disait qu’aujourd’hui allait avoir lieu un discours en place publique, ou quelque chose du genre… Le schéma parfait. Je m‘apprête à faire part de mon souvenir au jeune homme, mais celui-ci a apparemment déjà entendu parler de ca, et le verdict tombe très vite. Vingt minutes. Vingt minuscules petites minutes… C’est déjà trop tard, les deux faces d’affreux devant nous semblent bien fiers de leur révélation, et avant que j’aie pu m’énerver sur eux, le jeune rouquin me fait part d’une requête bien étrange. Paralyser les deux hommes et lui toucher l’épaule…

Bon. On n’a pas trop le temps de discuter. Je dois lui faire confiance, il a l’air de savoir ce qu’il fait. Je dégaine alors ma petit dague préférée sans tarder, et sans laisser le temps à mes deux futures victimes ni de comprendre ni de réagir, et me faufile vivement jusqu’à eux en m’abaissant. Je laisse fuser mon arme droit dans les mollets des deux gaillards et ce faisant me laisse glisser jusque derrière eux sans qu’ils aient même le temps de me voir passer. La main d’un des deux types se tend vers moi alors pour m’attraper mais ne rencontre que l’acier de ma lame, s’enfonçant en lui comme dans du beurre. Le poison fait alors effet sur le premier homme qui s’effondre à terre, ses deux jambes endormies ne le portant plus. Le deuxième homme comprenant ma manière de me déplacer parvient alors à me saisir par les poignets alors que je lui fais face. Je souris alors, lui balançant mon pied dans l’entre-jambe comme toute bonne fille en détresse qui se respecterait. Par réflexe il lâche sa prise ce qui me laisse pile le temps de l’immobiliser définitivement de quelques coups dans les épaules, et dans les bras lorsqu’il rejoint enfin son compagnon à terre. Renfilant la petite chose à ma ceinture, je vais poser ma main sans demander mon reste sur l’épaule d’Erwin.

Se passe alors un truc incompréhensible. Genre comme un… Comme un tour de magie ? On a disparu d’un endroit, et on vient d’atterrir… Là où il faut, c’est à dire juste derrière la mairie. Maintenant, va savoir comment, et je préfère ne pas me focaliser là-dessus, sa remarque m’étant logique. Ca m’a l’air bien trop long à expliquer, et nous sommes en situation de crise, il nous reste moins de 20 minutes pour mettre à mal leur petite fête macabre. Ce qu’on fait ? Ca me paraît bien simple.

« C’est très simple. Ils veulent sans doute répendre le gaz sur tout le monde, alors ils ont forcément dû cacher le gaz directement dans cette Mairie. On s’introduit là-dedans, on trouve le dispositif – parce qu’il y en a forcément un – qu’ils ont placé et prévu pour l’événement. Ca ne m’étonnerait pas que ca soit mis dans une salle à l’étage, avec deux trois personnes pour garder le truc. Une fois que c’est fait, faudra qu’on aille jusqu’à ce machin, qu’on maîtrise les éventuels gêneurs et que tu me couvres pendant que je jouerai au démineur histoire d’éviter un accident. »

Je jauge alors le bâtiment, et constate un balcon juste au-dessus de nous. Le pointant du doigt, je dis clairement.

« C’est soit ca, soit la porte d’entrée. »

Tournant la tête vers lui, je dis d’un air dissuasif.

« Vaudrait mieux arrêter les tours de magie pour l’instant je crois… »

Je me dirige alors vers la gouttière et me hisse en un rien de temps, petite et légère que je suis, jusqu’au balcon à l’étage. Je m’accroche alors à ce dernier et me glisse sur la petite plateforme, me collant sur le bout de mur près de la baie vitrée. Je fais alors signe à mon compagnon de me rejoindre, s’il a décidé de me suivre.

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Ven 16 Mai - 0:42
Il fallut trouver la foi dans le cœur des hommes, alors les hommes posèrent une question.


Le plan était simple, mais c’était aussi le seul qu’on avait : Se faufiler à l’intérieur du bâtiment pour détruire le dispositif. Il fallait le localiser et maîtriser les gardes le plus rapidement possible. Mon esprit allait cependant déjà plus loin. Nous étions face à une conspiration interne, il faudrait donc dénoncer ça aux marines en poste, et si ceux-ci étaient de connivence avec ce complot, nous devions voir plus haut. Le commandant détenait sûrement une arme bien malfaisante et dangereuse, avec pour seul but d’ôter la vie des humains. Il pourrait en faire passer dans les plus grands meetings… Et renverser ses supérieurs sans problème, ce qui causerait plus de soucis que jamais il n’y en avait eu en presque un millier d’années d’histoire pour le Gouvernement Mondial. Les Amiraux et les Vice-Amiraux morts, ce serait l’anarchie la plus totale. Je ne voyais peut-être pas assez loin malgré tout, et j’étais bien conscient que mon raisonnement comportait des faiblesses.

Regardant le ciel avec un certain tracas, je souris à moitié et commençai à me hisser par la gouttière au signe de ma collègue. Nous allions devoir être très discrets, ce qui signifiait aussi être rapide pour éviter que les passants n’alertent les occupants de la mairie. Arrivé en haut, j’essayai de passer discrètement ma tête pour voir ce qui se passait derrière la baie vitrée, à l’intérieur du bâtiment. Rien. Absolument personne. C’était très étonnant, mais ça m’arrangeait d’une certaine manière. Utilisant la crosse de l’arme que j’avais subtilisé, avec l’aide de Miu, au scientifique, je brisai la vitre près de la poignée et ouvris de l’intérieur. Pas très bien gardé, on dirait.

« - C’est ouvert. »

J’avais chuchoté, un sourire malicieux sur le visage. Aucune caméra de surveillance. Ça rendit la scène encore un peu plus étrange. Je fronçai les sourcils, cette fois-ci concentré pour réfléchir quant à la tournure des évènements. On n’avait pas le droit à l’erreur. En tout et pour tout, il devait nous rester un tout petit peu plus de quinze minutes. Le temps de trouver le système, si on avait de la chance, il nous faudrait au moins cinq à dix minutes, à supposer qu’on le trouve. Dans le meilleur des cas, nous pourrions le désamorcer, mais si on comptait uniquement sur nos capacités, ça demandait une marge de risques qu’on ne pouvait s’octroyer.

La salle dans laquelle nous étions entrée ressemblait à tous les salons qui permettaient de recevoir des visiteurs, pourvus de canapés confortables, d’une table basse sur laquelle les divers boissons pouvaient être déposées et d’un grand nombre de bibliothèques où étaient entreposés des livres qui servaient juste à faire la décoration, dépoussiérés une fois par mois pour la bonne forme. C’était un spectacle incroyable et ridicule, mais cela expliquait l’absence totale de caméras. En raison de la faible criminalité, ils n’avaient sûrement pas jugé utile de placer cet endroit à une autre position. Cependant, au moment où j’arrivai derrière le canapé, un bruit de mécanisme s’enclencha et la bibliothèque à l’exact opposé de ma position, sur le mur à droite en entrant par la baie vitré, commença à bouger lentement.

Je me mis à terre, chuchotant d’une voix modérée et à peine audible que ma camarade devait en faire de même. Miu, aussi habile qu’intelligent, plongea à mes côtés sans faire un seul bruit. Fort heureusement, les hommes présents sortirent la pièce sans prendre la peine de regarder la porte vitrée en partie brisée. Ils claquèrent la porte sèchement, apparemment occupés à parler d’un match qui allait avoir lieu dans peu de temps. Comment pouvaient-ils être aussi insouciants avec ce qui se tramait ? Je ronchonnai un coup avant de me lever et de me diriger, brièvement, vers le mécanisme d’activation de la porte. La bibliothèque s’était déjà remise en place mais il y avait forcément une façon d’entrer à l’intérieur, un maigre indice pourrait nous aider.

Ce n’est pas moi qui trouvai la solution, mais mon compagnon de route. Il se hissa à nous sur mon épaule et commença à envoyer valser les livres à terre, un à un, jusqu’à ce que l’un d’entre eux lui résiste. Il le tira alors vers lui, déclenchant le mécanisme d’ouverture, et sauta sur mon épaule pour éviter d’être entrainé sur le côté.

« - C’est ouvert, lançai-je pour la seconde fois, prenant soin de m’armer pour éviter les mauvaises surprises. »

J’entrai à l’intérieur, doucement, voyant que le passage secret donnait sur des escaliers en colimaçon. Contre le mur arrondi en face de moi, une petite lumière clignotait, comme pour signaler la présence de quelque chose en bas. Nous devions faire attention, même s’il s’agissait du mécanisme, il pouvait y avoir un piège n’importe où. Cela devait être quelque chose de désactivable assez rapidement dans le cas où il y aurait besoin d’accéder à cet endroit à cause d’un changement de plan. Je n’avais pas de lampe torche, mais sans hésité, j’entrai dans l’escalier. Mes premiers pas furent d’une prudence extrême, mais très rapidement je compris que ces escaliers seraient très rapidement parcourus, et je pris moins de précautions, comptant sur la chance pour me garder en vie. C’était rare que ça m’arrive de prendre ce genre de décisions, mais une fois n’est pas coutume, voir la mort d’une personne comme la jeune fille de tout à l’heure avait tendance à me retourner les boyaux. Il n’y aurait pas que des hommes politiques à ce discours, mais aussi, sûrement, les enfants de ces mêmes hommes. Ils n’avaient rien demandé, ils n’avaient pas choisi de risquer leur vie en naissant. Pas même que moi.

Arrivant devant une petite pièce allumée d’écran, je vis un homme assis dans son fauteuil, les bras ballant, le corps convulsant. A peine me fus-je approché de lui qu’il arrêta de bouger, totalement. Je ne pris pas la peine de relever son pouls. Il se trouvait devant une console qui indiquait en gros plans chacune des pièces, dont celle où se déroulerait le discours. Les invités étaient déjà en train de pénétrer dans les lieux. Mon cœur commença à battre à tout rompre. La bombe n’était pas ici.

« - Rainbow… Il va falloir qu’on choisisse quoi faire maintenant. Soit on prend le risque d’évacuer tout le monde, et on fera sûrement fuir le gros poisson, soit on trouve la bombe et ça va l’énerver, il pourrait devenir imprudent, perdre ses acheteurs et couler. Mais il faut qu’on trouve cette bombe dans ce cas-là… Et qu’on soit sûrs de la désamorcer ! »
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
   


Après l’épisode gâteau, nous voilà transformés en singes, à devoir escalader la mairie. Le jeune rouquin me rejoint donc en empruntant la voie de la seule, l’unique, l’indispensable, j’ai nommé notre amie la gouttière. Je crois que si il refait encore une fois ce tour bizarre, en fait, je vais vraiment me poser des questions et commencer à flipper. C’est là que je m’aperçois qu’au final je sais vraiment pas grand chose, d’autant plus qu’il a une arme. Il utilise justement cette dernière pour briser la vitre et nous introduire dans l’endroit qui ressemble, de ma vision, au salon parfait d’une maison de  nantis : tout à l’air confortable et bien rangé, le seul désordre correspond entre autres aux brisures de verres que nous avons laissées derrière nous et à un minuscule petit livre posé sur une petite table, à côté d’une somptueuse lampe à huile en parfait état. Une autre chose intrigante est le manque total de surveillance… Nous ne sommes que deux dans la pièce, avec rien pour nous perturber… Sauf peut-être le « standing » qui donne son genre à la pièce et me donne accessoirement à moitié envie de vomir, à moitié envie de pouffer de rire. Si j’avais de l’argent, je ne l’investirai surement pas dans ce genre de choses, pour sur. Enfin bon, l’heure est à autre chose. Je regarde les quelques pages remplies du petit livret, imprimant dans ma mémoire tous les chiffres marqués. Rien que trois pages, mais j’imagine que ce sont de précieuses informations ! Une fois cela fait, je fourre ce petit rien dans ma poche arrière gauche discrètement. On n’sait jamais, ca pourrait servir !

Un petit bruit se fait entendre, et sous les recommandations de mon compagnon, je me planque à ses côtés derrière un sofa, cependant que deux hommes passent tranquillement, ne remarquant rien. On peut dire qu’on a de la chance qu’ils soient tous aussi stupides les uns que les autres. Entre ceux qui n’ont pas pensé à nous fouiller, et ceux-là qui sont limite AVEUGLES ! Ca ne me rassure pas, ils ont tous l’air trop surs d’eux, comme s’ils savaient que leur plan était infaillible… Une boule d’angoisse se loge alors dans ma poitrine. Mais pas le temps d’angoisser. En effet, ces deux hommes nous ont sans le vouloir donné le chemin à emprunter pour atteindre, ca me paraît logique, l’endroit où doit être caché tout ce qui nous intéresse. Je l’espère, sinon, je crois que je ne saurais clairement plus quoi faire ! Et je me sentirais très mal par la même occasion. Nous allons donc en face d’une bibliothèque dans laquelle est planqué un livre qui devrait nous ouvrir un passage, et c’est le petit Miu qui trouve le levier ouvrant un passage qui menait vers un escalier, et très vite, nous nous retrouvons en haut avec… Cool. Un nouveau cadavre sur les bras, victime d’empoisonnement en plus. Génial, c’est un bon jour, carrément. Si j’avais quelque chose dans l’estomac, j’aurais probablement vomi, et je remercie cette idée que j’ai eue ce matin de ne rien ingérer. Bref, pour tout résumer, un cadavre, pas de dispositif pour le gaz, que dalle, à part un stupide écran de contrôle devant nous, et le temps qui presse. Je secoue la tête excédée, et les dires d’Erwin ne m’aident en rien, à part faire grossir encore un peu plus la boule d’angoisse en moi.

Je le regarde dans les yeux puis ferme ces derniers un court instant, me concentrant. En quelques millièmes de secondes, je refais le tour de la situation, de tout ce qui s’est passé, du moment où on m’a attrapée, jusqu’ici. Je refais le tour de tous les visages croisés, les personnes impliquées, les poulets, les esclaves, les balles… Le gaz. Le gaz. Peut passer, s’immiscer n’importe où. Mais oui, bien sur, pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt. Je rouvre les yeux, et prends Erwin par les épaules, agitée et al boule d’angoisse toujours plus grosse dans la poitrine.

« On est deux. Alors il y a moyen qu’on fasse d’une pierre deux coups ! On peut à la fois faire évacuer les gens, et chopper le gros poisson au passage. Ils vont utiliser le conduit d’aération, c’est évident ! Mais ils vont sans aucun doute devoir fermer le lieu pour éviter qu’une fois fous les gens aillent se balader dans la ville en mode zombie… Je pense qu’ils ont prévu des masques ET ces fameux pistolets pour les acheteurs potentiels et eux-mêmes… Pour tester en réel l’efficacité des balles, en restant dans la salle avec des masques à gaz. Voilà ce qu’on doit faire. Je vais désinstaller le dispositif dans le conduit, et de ton coté tu dois t’assurer que les portes s’ouvrent … Ils vont sans doute mettre tout de suite leurs masques dès que les portes se fermeront, on doit trouver aussi un moyen de forcer les gens innocents à sortir. On n’aura qu’à enfermer les masqués dans la salle à la fin si on y arrive, et sinon, ca sera une confrontation directe. Pour ma part, je n’ai aucun doute sur ma capacité à venir à bout de ce gaz. Je ne me permettrai pas de mettre en danger des vies, il y a déjà eu trop de morts aujourd’hui… »

Pendant la fin de mon discours, pour ne pas perdre de temps, j’ai cherché et trouvé un panneau en métal sur un côté du mur cachant une ouverture de conduit justement. Avec ma petite taille, je devrais pouvoir me faufiler, c’est pourquoi j’ai retiré la plaque et l’ai mise de côté. Prête à plonger, je lance un dernier regard à mon compagnon, angoissée comme pas deux. Au pire, la confrontation n’est même pas obligatoire. Il suffit juste que je voie leur visage, après je pourrai en dessiner un portrait, et peut-être Erwin les reconnaitrait. On a toujours la ressource d’aller rapporter ca à des personnes plus à même de descendre les malfrats…

« On se retrouve à la sortie ! »

Je plonge alors dans le conduit, en priant très fort pour qu’on puisse arriver à tirer d’affaire tous ces gens.

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Dim 18 Mai - 21:53
Les hommes dormaient tandis que les enfants vaquaient hors de leur foyer.


Le plan de Rainbow pouvait marcher. En fait, il avait toutes les chances de fonctionner, si on enlevait un petit détail assez ridicule : les méchants nous attendaient et nous n’étions sûrement pas aptes à les battre. En se mettant à dos un commandant de la marine, nous passerions hors-la-loi, à part si celui-ci est démasqué avant nous. Il nous faudrait la jouer fine… Très fine. Je souris à moitié en regardant la jeune fille. C’était un pari risqué, mais un risque à prendre pour sauver la vie de ces innocents. Détaillant l’écran et ses différentes coupes d’images, je remarquai directement que les différentes pièces ne seraient pas utilisées pour cacher le gaz, mais que celle-ci, dans les conduits d’aération, devrait être relativement bien cachée.

Mon regard se porta une nouvelle fois sur la jeune informatrice devant moi, et ne s’en détacha qu’après m’être décidé à accomplir mon devoir. Je ne lui donnai rendez-vous nulle part, c’était bien trop dramatique, et le drame n’allait pas se produire aujourd’hui. Je ne savais pas qui elle était exactement, mais je savais une chose : Je pouvais lui faire totalement confiance. Bougeant rapidement, je me dirigeai vers la salle où le discours aurait lieu. C’était une sorte de grande pièce rectangulaire, un havre de paix et d’harmonie au niveau des couleurs, toute de marbre et totalement hermétique. L’objectif n’était donc pas de tuer les habitants mais bel et bien le maire et sûrement les personnes qui lui étaient affiliées.

Une nouvelle idée saugrenue germa dans mon esprit : cela pouvait être un complot monté contre le maire pour capturer l’île… Elle n’avait pas une position stratégique, mais après une attaque terroriste, vers qui allait se tourner le peuple pour reprendre les rênes ? La marine, bien sûr… Et le commandant des forces de cette île aurait tout pouvoir ici. Il pourrait ouvrir des usines pour fabriquer le gaz et les balles empoisonnées par exemple. J’espérais d’une certaine manière avoir tort. Nous n’avions aucune preuve de ce que nous pourrions avancer.

Mon cœur se mit à battre tandis que j’arrivais devant la porte fermée de la porte, le bruit des conversations se faisant de plus en plus pressant. Il restait pourtant bien quelques minutes, peut-être même une dizaine. Tout ce qu’il y avait était cet homme, un garde habillé dans un costume noir, un sac en toile à ses pieds. Je reconnus, sans forcer, la forme distinctive d’un masque à gaz. Il allait assister à ce massacre, y participer même, sans lever le petit doigt. Mettant mon casque, je ne pris pas la peine de vérifier mes pensées. Il ne me fallait qu’une Little Melody pour en finir au plus. Mon cœur se mit à battre plus rapidement et je bougeai à une vitesse plutôt extrême.

« - Dégage de mon chemin ! Lui hurlai-je en sautant sur lui, mon poing en avant, le faisant voler contre le mur dans un bruit sourd qui ne sembla pas perturber les conversations au-delà de la porte. »

Avaient-ils mis leur plan en avance ? Je n’avais pas le temps de les interroger. Prenant les poignées de la porte, je tentai de l’ouvrir en vain. Totalement fermée. Cette journée risquait de mal se finir. Je regardai la caméra qui donnait sur la porte. Nous n’avions que peu de temps… Faire évacuer maintenant était risqué, mais cela serait encore plus risqué de ne rien faire. Je regardai dans le trou de la serrure, sorti mon arme et tira un coup qui fit éclater le tout. Un premier gaz venait déjà d’être déversé, les conversations venaient de s’interrompre et l’étrange brume jaunâtre commençait à se propager même en dehors de la salle. D’un geste habile, je saisis le masque à gaz de l’homme et me le mis.

Miu, sur mon épaule, ne prit pas le temps de réfléchir, et sûrement grâce à son instinct de survie il repartit en haut des escaliers. Il devait sûrement être sorti par le balcon. Sage décision. Les personnes avaient été endormies rapidement, c’est sûrement un gaz soporifique, rien de très dangereux. Mais qu’est-ce que tout cela signifiait ? Un homme à l’intérieur sortit, une arme à feu dans la main, dirigeant le canon vers moi. Apparemment il n’avait pas l’intention de me laisser en vie, mais le temps d’hésitation qu’il mit pour tirer me permit de disparaître et de sortir ma propre arme, tirant dans le filtre d’air du masque. Il commença à se tenir la gorge avant de tomber à terre.

« - Fais chier, lançai-je avec une voix de robot, courant à l’intérieur de la pièce, totalement vide à l’exception des corps étalés à terre. Où en es-tu, Rainbow ? »

Je pris les enfants pour les emmener à l’extérieur, les déposants en premier hors du bâtiment. Toujours avec le masque à gaz, je commençai sortir les adultes quand un bip strident retentit dans les airs.
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Ven 23 Mai - 16:38
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
   


C’était quoi déjà le proverbe ? Ah oui, autant chercher une aiguille dans une meule de foin. Autant dire que l’instinct est la seule chose qui puisse assurer notre sauvegarde à tous dans ce genre de situations. Je m’étais crue inébranlable, oui, je dois l’avouer. Je ne m’étais jamais mise en danger de mort comme le suis maintenant, alors que j’avance sans soucis dans ces conduits répugnants… Vraiment pas romantique, encore moins épique, mythique vous OUBLIEZ aussi. C’est répugnant, juste répugnant, un point c’est tout. Entre les toiles d’araignées, les résidus d’on ne sait pas quoi, l’odeur digne d’une décharge publique, me voilà qui espère me réveiller et me retrouver sur ma petite île d’Azalariane. La brise, les roses, le linge en train de sécher, le repas qui cuit… Non, ici c’est tellement glauque. Mais je ne fuirai pas, j’irai jusqu’au bout de cette mission qui m’est tombé dessus, coute que coute. Voilà mes pensées alors que je tourne la tête à une bifurcation, et je m’aperçois du labyrinthe dans lequel je me suis fourrée… Ca aurait de quoi faire flipper n’importe qui, seulement voilà, je sais exactement où je me trouve. Très précisément. Très près de la bonne salle, et accessoirement… A quelques mètres du dispositif, cet l’objet de malheur qui représente la mort prochaine des gens dans la salle. Ma propre mort si je ne fais pas ce qu’il faut, d’ailleurs, mais on va dire qu’on s’en fiche, que vaut une mort en plus, quand c’est le vie de tellement plus de gens, voire d’enfants dont il est question.

Je me précipite littéralement sur le machin,  et je dis bien machin parce qu’il n’y a pas d’autres mots ; un petit patchwork de pièces de toutes sortes qui semble sortir du cabinet du docteur foldingue… Non mais ils se foutent de nous ? C’est avec un truc comme ca qu’ils ont intoxiqués ces pauvres gens dans les sous-sols ? La chose semble avoir déjà fonctionné, sans doute ont-ils tenu à vérifier l’efficacité de la bestiole et je comprends clairement pourquoi quand je vois ca. Une espèce d’agencement de matériaux, c’est vraiment fait n’importe comment. Si les chimistes qui ont créé ce gaz sont pas mal intelligents ou du moins assez pour créer un gaz mortel, ils ne savaient paradoxalement rien des bombes ou des dispositifs pour les gaz. D’ailleurs, je me demande comment c’est possible, comment peut-on avoir tant de notions en chimie et ne pas savoir créer une bonne machine qui va avec ? Je suis loin de m’en plaindre, mais je ne peux maintenant que m’imaginer qu’ils ont volé la recette et ensuite employé des scientifiques de bas étages pour s’occuper de ca. Je manque m’étouffer de rire, et m’imagine bien ces faux scientifiques fous essayer de créer cet engin comme des gosses essaieraient de peindre du Da Vinci avec de la pâte à modeler, parce que clairement c’est un peu ca. En deux coups de cuillers à pot le problème est réglé, j’ai désamorcé le tout et retiré le liquide qui, contenu dans un récipient hermétique, était voué à être transformé en gaz. A cet état il ne représente pas de véritable menace, ca n’est qu’une fois gazeux que ca aurait été un véritable problème. Ni une ni deux, je fourre ca dans ma poche. Une bonne chose de faite déjà, on a évité le pire !

Soulagée, je réfléchis en dépiautant la fin de la machine pour la rendre inutilisable. On ne sait jamais, des fois qu’ils aient l’idée saugrenue de venir la récupérer pour la réutiliser. Je regarde à travers les ouvertures d’aération qui donnent sur la salle, et remarque les bancs à ma gauche, le podium à ma droite, puis juste en face une autre grille d’aération. Un coup d’œil me permet de voir qu’une sorte de brume jaune semble commencer à s’en échapper. Catastrophe ! Qu’est-ce que c’est que ca, encore… Qu’est-ce qu’ils ont prévu ? Pourquoi ca… Puis je regarde alors les restes de l’engin que je viens de mettre hors d’état de nuire. Ce truc jaune, c’est le plan de secours qui s’est déclenché parce que je viens de réduire en cendres leur plan A. Je vois les premières personnes au premier rang s’endormir : aucun doute, ca doit être un gaz soporifique. Ca ne m’étonnerait pas qu’ils veulent garder leur lot de victimes pour s’en occuper un peu plus tard, et pourquoi pas parler d’attaque terroriste ou les premiers incriminés seraient mes deux acolytes et moi-même. C’est la mouise totale. En un éclair, je m’active à aller jusque l’autre côté où il doit y avoir le même genre de machine, et je prends ma respiration avant d’arriver jusqu’à elle. Une fois face au truc, je me dépêche de le débrancher puis de le rendre inutilisable ce après quoi je donne un grand coup dans la petite grille. J’aimerais bien pouvoir respirer, et la seule façon assez rapide pour me sauver est d’aller dans la salle pour recueillir un masque à gaz ou de sortir en vitesse de cette salle. Manque de bol, la grille refuse de céder facilement, je m’y prends à plusieurs reprises m’aidant de mon poignard je m’occupe à peine de l’agitation qui règne dans la salle alors que tous devraient être soit endormis soit sauvés par Erwin. Blam. Enfin, la grille a cédé et je m’extirpe hors du conduit comme un serpent. Je remarque alors qu’il manque la moitié de gens dans la salle, pas un seul enfant ni une seule personne avec un masque et la porte grande ouverte. Je me relève alors et cours jusqu’en dehors de la salle puis cours dans une direction aléatoire, arrivant dans un endroit de la mairie vide de garde et de gaz.

J’emplis mes poumons, et vacille quelque peu. Aucun doute, j’ai failli y passer, ou tout du moins j’ai échappé de justesse au sommeil de la belle au bois dormant. Il faut que je me trouve un masque à gaz, de toute urgence, et je me mets à fouiller. Au diable la discrétion, j’ai mon arme avec moi, et la volonté d’un rottweiler, c’est pourquoi je en fais pas de cartier. Je mets cette salle qui ressemble à un bureau additionné d’un côté débarras sans dessus dessous. Je finis par trouver deux masques que j’inspecte vite fait : le premier a l’air cassé, le second en état. Je prend ce dernier et l’installe sur ma caboche, avant de courir comme une dératée jusque cette salle des martyrs dont je viens. J’arrive pour voir, oh bonheur, mon compagnon d’infortune en train de sortir un adulte. Au moment où j’arrive presque à lui, un Bip, puis un deuxième retentissent… Une alarme se met alors à sonner. Bah oui, bien sûr… S’ils voulaient s’innocenter, fallait bien qu’un détecteur de fumée marche, ou que les personnes alentour croient qu’un tel détecteur marche. C’est ce qui est sensé innocenter directement ceux qui ont organisé toute cette histoire, j’imagine. Faisant des tireurs non pas des meurtriers mais en plus les sauveurs ! La marine, en bon témoin d’une attaque terroriste, sauve l’île en tuant les personnes rendues folles par l’intoxication, empêchant ces dernières de mettre la ville à feu et à sang. L’alarme se serait déclenchée, quoi qu’il arrive.

« Raaaaaaah ! Fais chier ! »

Pas un mot de retrouvaille, non, il faut que cette alarme cesse. Parce que cette alarme risque de rameuter du monde, des témoins, des membres de la marine non impliqués dans l’histoire, et ca ferait de mon compagnon et moi les deux terroristes de l’histoire. Et ca, c’est hors de question. Un coup d’œil et je remarque un homme à terre armé, probablement un garde, qui ne semble pas avoir eu le droit à son masque. J’attrape son pistolet, me précipite dans la salle et dès que j’ai repéré le boitier je lui envoies une balle en plein dedans. L’alarme ne me vrillant plus les tympans, mon arme se met alors à voler dans les airs, allant directement rencontrer le sol. Je lance un regard de détresse à Erwin, bien plus loin et me retrouve dans les bras du grand méchant loup. Une lame sous la gorge, me voilà face à la mort, bien plus proche de cette dernière que je ne l’avais été depuis bien longtemps.

« Un geste et ma lame fera de toi un futur sac de viande froide… Rainbow. Ou plutôt devrais-je dire Rose, si j’en crois mes informateurs ! »

Sa voix grave résonne fort à travers son masque, et je me mets à avoir des sueurs froides. J’ai peur. Vraiment, j’ai peur. Je sens mes yeux se remplir de larmes. Il élève alors la voix pour s’adresser à mon compagnon d’infortune. Je ne peux pas voir mon agresseur ni ne deviner qui c’est, mais j’imagine que c’est LE gros poisson.

« Quelle pêche, n’est-ce pas, jeune homme ? Une informatrice doublée d’une brillante connaisseuse des poisons, et un garçon qui, semblerait-il, a mangé le fruit de la téléportation ! Et si on s’asseyait tous les trois et qu’on discutait un peu de la suite, petit ? »

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Lun 26 Mai - 13:31
Les hommes sont des loups pour les hommes.


Le retournement de situation surprenant qui eut lieu devant mes yeux me pétrifia tandis que l'homme qui venait d'entrer vivement dans la salle s'était emparé de Rainbow pour lui mettre le couteau sous la gorge, littéralement. Il semblait prêt à exécuter la jeune fille sans le moindre état d'âme si jamais on ne lui obéissait pas. Hors de question de mettre en danger mon acolyte, ma nouvelle amie peut-être, qui venait tout juste d'être sortie d'une cage qui aurait pu la porter jusqu'à l'esclavagisme. Déposant doucement mon arme à terre, je levai les mains, les mettant bien en évidence. Il avait dit à Rainbow de ne pas faire un geste mais tant que ça n'allait pas à son encontre, je savais bien qu'il ne ferait rien pour blesser l'informatrice et la seule capable de créer le poison qu'il désirait tant utiliser. Le risque que nous allions prendre était grand, mais il fallait jouer son jeu.

« - Ne lui faîtes pas de mal, lançai-je sous le masque que j'avais emprunté à l'homme évanoui devant la salle. J'obtempèrerai. »

Ce dernier mot sembla le faire sourire, mais c'était difficile de l'affirmer, habillé tel qu'il l'était. Je me dirigeai tranquillement vers l'un des fauteuils mis à disposition des invités et m'y installai confortablement, regardant l'odieux personnage dans les yeux, réfléchissant à un plan d'action tandis qu'il traînait Rainbow, ne lui portant apparemment qu'une attention minime. Sûrement un de ces machos qui ne craignent des femmes que leur langue et leur habileté à créer des poisons virulents. Il fallait d'abord que je lui fasse avouer son rang dans la marine, parce qu'il était évident que sa tenue permettait de l'identifier comme tel. Il sembla réfléchir un instant et sortit une paire de menottes de sa veste, lançant d'une voix désagréable, déformée par le filtre à air de son masque.

« - C'est juste une manière de m'assurer que tu ne partiras pas. »

Sans lâcher la jeune fille, il s'avança vers moi et, d'un geste lent et précautionneux, me passa les menottes autour des poignets. Un vrai gentleman, dit donc. Au moment où la matière froide toucha ma peau, je me sentis tomber. Mon corps tout entier s'effondra sur lui même et ma capacité à me mouvoir sembla diminuer. J'aurais certainement été incapable de faire un sprint. Du Granit Marin. Je n'avais pas besoin de tenter d'utiliser mes pouvoirs pour le savoir. Me redressant difficilement dans le siège, je regardai mes poignets liés. J'étais vraiment dans la panade jusqu'au cou. Non seulement j'étais incapable de me défendre, mais nous étions tous les deux, Rainbow et moi, aux mains de cet homme. Pourtant mon regard pétillait encore d'une petite flamme de hargne, ne m'avouant pas vaincu dès à présent. Il fallait bien sûr qu'on quitte cet endroit, mais si on pouvait tirer quelques informations utiles...

Mon salut arriva pas la porte tandis que le gaz avait partiellement disparu de la salle. Apparemment Miu ne semblait pas avoir été touché par la toxine, se mouvant avec habileté, un escargophone dans les pattes. Retirant mon casque je souris pâlement. C'était l'heure de vérité. L'homme en face de moi en fit de même, grognant un instant avant d'arracher presque celui de Rainbow, ne la ménageant pas. Il avait le visage carré, les épaules larges et le teint blafard. C'était un homme d'une quarantaine d'années, les cheveux grisonnants, le regard vif et d'un noir profond qui semblait refléter les ténèbres de son cœur. Me faisant violence, je relevai la tête et le défiai d'un air insolent. Le petit lapin vert s'avança comme pour s'interposer, mais je lui fis un signe du doigt. Il se recula et commença à composer maladroitement quelque chose sur le pauvre appareil.

Alors j'entamai la discussion avec notre geôlier, lui souriant à moitié tandis que mon corps m'ordonnait de me taire :

« - Qui êtes-vous ?

- Tu n'as toujours pas trouvé, gamin ? Je pensais que vous étiez plus intelligents que ça... Mes clients vont être déçus, mais tant mieux au final... Tu seras plus facile à utiliser.

- Ne me prenez pas pour un imbécile, vous êtes le commandant des forces Marines en faction sur cette île, répliquai-je d'un ton acerbe, une mimique agressive sur mon visage tandis que les sourcils de mon interlocuteur se haussèrent à cause de la surprise.

- Correct, je m'appelle Vince Armstrong. Parlons de vous deux, vous êtes d'une rareté sans précédent sur ce petit trou paumé, et j'aimerais fortement faire plus ample connaissance, mais le temps presse... Mes clients n'aiment pas patienter trop longtemps. Et comme on dit par chez moi... Le client est roi.

-Avant cela, j'aimerais que vous me confirmiez quelque chose, dis-je au moment où il commença à me saisir l'avant-bras, voyant l'escargophone que Miu avait dans les pattes apparemment éveillé depuis quelques instants. C'est bien vous qui avez tué toutes ces personnes avec le poison de l'île de Rainbow, n'est-ce pas ? C'est bien vous qui avez utilisé ces ressources pour assassiner devant vos clients les personnes que vous avez capturés dans toute la ville par le biais de mercenaires ?

-Oui, c'est moi qui ait fait ça, j'ai tué tous ces parasites. Ce n'était que des moins que rien, ils ne manqueront à personne.

- Une gamine est morte par votre faute,  hurlai-je, les yeux humides, mon corps se balançant tandis que des sanglots me prenait et que le couteau de l'homme se baissait. C'était juste une enfant ! Elle a été empoisonnée et elle n'est même pas morte en étant elle-même ! Vous êtes un monstre,  lançai-je tandis que ma voix déraillait. »

Il déglutit un instant mais son regard restait toujours aussi froid, comme si toutes les émotions l'avaient abandonné. Mes épaules étaient basses, je déglutis un instant avant d'inspirer. Relevant la tête, je vis que Miu s'était rapproché. Il sauta habillement sur le trousseau de clefs et l'arracha de la ceinture du commandant tandis que celui-ci pencha légèrement sur le côté, lâchant Rainbow au passage. Je ne jetai qu'un vague coup d’œil à la jeune fille, saisissant ma porte de sortie et me défaisant de mes menottes. Je sentis alors mes forces revenir. Soulagé, je regardai l'escargophone avec un sourire amusé et me téléportai aux côtés de la jeune informatrice pour la mettre en sécurité, à mes côtés et nous éloigner un peu de cet homme. C'était fini pour lui. Le canal de la marine avait été ouvert et tous ses collègues étaient au courant de sa trahison.

« - On a gagné, lançai-je à Rainbow tandis que les hurlements à l'extérieur priaient le commandant de rendre immédiatement. On a gagné, répétai-je, soulagé. »
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Mar 27 Mai - 21:34
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
   


Comme il existe des milliers de façons d’aimer et de le montrer, il existe des milliers de façons de faire sa loi comme un tyran et de maltraiter son prochain… C’est ainsi que la frêle jeune fille aux cheveux multicolores se trouva prisonnière du méchant loup au gros masque puant le glauque, et que le héros tenta de toutes ses forces d’arranger la situation malgré les menottes qui l’entravaient. Que de péripéties ! Je fais le schéma, m’amusant dans ma tête afin d’essayer de na pas perdre pied avec la peur et l’angoisse ancrés si profondément en moi. Je pense alors soudainement à la lavande, et revois passer sous mes yeux les courts instants passés prêts du fameux magicien masqué. La lavande a des vertus apaisantes, c’est lui qui me l’a appris, c’est lui qui m’a calmée ce jour-là où j’ai côtoyé la mort, où je l’ai sentie si près de moi, où je l’ai vue prendre sous mes yeux… Leora. Je ne peux pas mourir. Ca ne peut pas se terminer comme ca. J’ai encore des choses à accomplir, j’ai une vengeance à accomplir, j’ai quelqu’un qui doit payer pour son crime, quelqu’un dont je souhaite dérober la vie. Avant de commencer à converser, nous nous défaisons tous les trois des masques à gaz… Enfin. Disons plutôt que le mien m’est arraché de la figure par ce marine pourri, plutôt. Pas vraiment des manières de gentleman, hein ! Nul, zéro pointé je dirais même. C’est très loin d’être agréable d’avoir à en porter un mais encore moins de se le faire littéralement jarreter, j’aurais pu y laisser mon nez, j’en suis sure ! J’écoute alors la discussion que je définirai comme houleuse, mais une partie de mon esprit reste branché à mon passé, aux évènements, et maintenant sans ce masque, j’ai comme la sensation de sentir la lavande. Ma respiration si hachée jusqu’ici commence à ralentir, et les battements de mon cœur si irréguliers et incertains reprennent à égrener des rythmes constants. Bien, c’est déjà ca, j’ai réussi à me calmer.

C’est à ce moment, en plein milieu de la conversation que j’aperçois la petite bête un peu plus loin, munie d’un escargophone… Et le chemin se fait dans ma tête. Le poids en moi se soulève. L’adorable petite chose vient nous sauver ! Je ne peux m’empêcher de regarder le jeune rouquin, en me disant qu’il a bien de la chance d’avoir un compagnon aussi fidèle qui le suit… J’aimerais être moins seule, c’est ce que je me dis de temps en temps, depuis que j’ai pris la mer. J’ai beau avoir Baba-sama, ca n’est pas elle qui me suivrait partout ou qui nous sauverait aujourd’hui par exemple. Sans Miu, je ne donnerai pas cher de nos peaux à Erwin et moi, oh oui, vraiment pas grand chose. Le marine est en trian de se rendre lui-même sans s’en rendre compte. Quel imbécile… Tant pis pour lui, ca vaut bien pour nous, nous voilà sur une bonne route à présent. Les choses vont encore plus en s’arrangeant quand, après avoir ouvertement avoué son crime, la petit boule de poil vert lui saute dessus et récupère les clés des menottes de mon compagnon. Je souris, totalement soulagée, et sentant qu’à partir de maintenant tout ira de mieux en mieux. De toutes manières, je ne pourrai pas accepter que ca aille autrement… Me retrouver face contre terre en ce moment épique est plus qu’appréciable, pour sur, je préfère ca à l’étreinte répugnante du marine pourri. Je m’arrange pour m’éloigner le plus de lui possible, totalement répugnée par l’homme, quoiqu’homme est encore un nom qui ne va pas vraiment… Je devrais plutôt dire ce monstre.

C’est pile le moment que choisis le jeune homme pour user encore de sa magie, m’emportant à présent loin de cette chose qui selon moi n’était plus vraiment humaine… Non, cet homme a perdu sa nature même d’homme. Je relève enfin la tête, et l’écoute dire ces mots signant notre victoire… Oui, nous avons gagné. Nous avons coincé cette chose. Nous y sommes arrivés ! Je souris alors, les yeux pleins de larmes, le marine s’effondrant plus loin… Alors qu’il contemple ses plans, et son avenir avec tomber en ruine, je prends Erwin dans mes bras laissant libre cours à quelques larmes.

« Oui, on a réussi ! TU as RÉUSSI ! »

Je souris encore et explose de rire, le relâchant. Mes épaules tombent toutes seules, et je remarque qu’elles étaient jusqu’à présent crispées. Seulement voilà c’est fini. Heureuse, je me précipite vers la porte pour ouvrir à des membres de la marine qui se ruent alors sur le marine véreux sans faire attention à nous. Je me mets à rire, prends la main d’Erwin et le tire vers l’extérieur du bâtiment, toute joviale que je suis. Rien ne pourrait gâcher ma joie… Mes muscles se relâchent, et je respire à pleins poumons en tendant les bras vers le ciel.

« Merci, non seulement on est en vie, mais grâce à toi, on a pu détruire cette chose ignoble qu’ils construisaient… »

Je me retourne vers mon compagnon et son petit animal, j’ai les larmes a coin des yeux. Eh oui, je suis une personne simple, j’ai tout de même la larme facile, je ne suis pas une pierre, pour sûr !

« C’est grâce à toi, merci, merci vraiment, de tout cœur. »

Toute excitée, je le prends pour un petit instant par les épaules.

« Il faut fêter ca ! Allons boire un coup ! on l’a bien mérité, je t’invite ! »

Je reprends alors sa main sans lui demander son avis, et me mets à courir jusqu’à la taverne où j’ai séjourné, en sautillant à moitié comme un lapin dans les rues. Tant d’émotions dès le matin, c’est sûr que maintenant je suis dans un sacré état. Je nous mène jusqu’au comptoir et m’assieds en l’invitant à faire de même. Je me tourne vers ce bon tavernier qui m’offre un sympathique demi-sourire.

« Alors, réveillée demoiselle ? Héhé…

-Ca, oui ! Si vous pouvez servez moi un verre de cette chose si délicieuse que vous m’avez faite gouter hier soir… Une absinthe je crois. »


Je me tourne vers Erwin, et tout sourire je lui lance :

« Et pour toi ? »

Je le laisse prendre sa commande et pendant que l’homme prépare les boissons je souffle un grand coup avant d’entamer la conversation, un peu calmée.

« Que d’émotions dès le matin, hein… Encore merci, de tout cœur. Sans toi je n’en serai jamais sortie, et ce chien serait encore en train de faire des choses affreuses. C’était un plaisir d’en venir à bout en ta compagnie en tous cas ! »

Le serveur apporte alors notre commande jusqu’à nous, et je lance un « santé » joyeux.

« On a pas eu trop l’occasion de parler jusqu’ici vu la brusquerie de la situation… Pourquoi ne pas me raconter comment tu es arrivé ici ? »

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Sam 31 Mai - 23:03
Autour d'un verre.


« - La même chose… En plus alcoolisé,  lançai-je au serveur en baissant les bras, la tête en arrière, fixée vers le plafond de bois.»

La journée avait vraiment été entourée d’horreur. Nous ne savions pas ce qu’étaient devenues les personnes kidnappées mais quelque chose me disait que leur vie s’était terminée prématurément. Je fermai les yeux, écoutant Rainbow tout en m’évadant, Miu assis à côté de moi. Le tavernier mit peu de temps à apporter nos boissons, et j’avalai en une gorgée l’alcool qu’on venait de m’apporter avant de le reposer, faisant trembler la table au passage. Je ne voyais pas le plaisir dans ce qui venait de se dérouler : Nous n’avions sauvé que nos peaux et celles de personnes qui en prendraient sûrement d’autres à leur tour. Il faudrait aussi restructurer le système de cette île, et un pourri reprendrait peut-être le flambeau des activités du commandant de la marine. Quelque chose de plus dangereux encore, mon pouvoir n’avait plus rien de secret pour les personnes qui visionneraient les caméras de surveillance.

En m’enfonçant dans la chaise, j’inspirai un coup pour essayer de me détendre. Je n’allais pas traîner sur l’île. Il fallait que je parte le soir-même, avant qu’on ait le temps de m’identifier clairement. Il me fallait aussi le silence de Rainbow, mais je l’imaginais mal me le refuser après l’aventure que nous venions de vivre. En échange, j’éviterais de raconter l’histoire du poison de son île, un cocktail mortel qui pourrait bien mettre un court à l’existence de nombreuses personnes. Elle devrait aussi peut-être s’informer de la situation sur son île. Je déglutis cette fois-ci en lui adressant un sourire après avoir fini de l’écouter, recommandant un second verre pour moi-même et la jeune fille en précisant que c’était moi qui régalait. Après tout, même si je n’avais pas beaucoup de moyens, je préférais les mettre dans mes nouvelles amitiés.

« - Par magie,.  lançai-je avec un soupçon de malice, faisant référence au tour qui nous avait sauvé, ma capacité de maudit. Je voyage au gré de mes envies sur les mers bleues et sur Grande Line pour découvrir le monde, l’observer… En explorer les moindres recoins en somme..  »

Je baillai, mettant maladroitement une main devant ma bouche tandis que le tavernier apportait un second verre d’alcool, lui réglant les premières consommations. Il avait sûrement été volé plusieurs fois par des clients bourrés, et sa prudence me rassurait quant à sa fiabilité. Les épaules basses, le corps flageolant, je laissai échapper toute la pression de mon corps. C’était un véritable soulagement que de pouvoir me reposer tranquillement après une journée pareille.

« - Quelle va être ma prochaine destination ? Lançai-je sur un ton enjoué. Peut-être que je me prendrai un petit déjeuner sur l’Archipel des Gekko, la dernière fois que j’y suis allé… On va dire que j’ai apprécié leurs viennoiseries. »

Il y avait deux jours de navigation pour se rendre à l’endroit que je venais de citer. Mais je n’avais qu’à y penser et à vouloir y aller pour y être. Je voyais déjà la taverne où on m’avait servi mon repas la dernière fois que j’y étais allé. Cependant je retenais l’activation de mon pouvoir. Cela me rappelait mes premières expériences. L’envie d’être dans un endroit était si incontrôlable que je pouvais disparaître au milieu d’une conversation, et que j’étais incapable de repartir de là où je venais.

« - Et toi, comment es-tu arrivée ici ? Que faisais-tu sur cette île ? »

Je continuais à sourire, essayant d’oublier le corps de la petite fille étalée sur la table de bois, de ne pas penser à mes habits encore tachés de sang et d’une couleur visqueuse, et ma peau légèrement touchée par le même mal que celui qui avait arrosé mes vêtements.
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Lun 2 Juin - 16:23
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Enlèvement en bonne et due forme.
   
   
   


S’il y a bien quelque chose que j’ai fini par comprendre, c’est que dans ce bas monde il y a des choses qui ne tournent pas rond. Quand j’entends le rouquin parler de magie avec des yeux rieurs, je ne peux m’empêcher de repenser à la façon dont il se… « Déplace ». C’est un fait, je viens d’une petite île au commerce sombre, j’avais déjà vaguement entendu parler des fruits du démon, mais je croyais qu’il s’agissait d’une légende, comme pour le One Piece. Je fais rapidement le lien maintenant que j’ai le temps de réfléchir et que le temps ne joue plus contre moi : d’abord sa façon de disparaître d’un endroit pour réapparaître à un autre, puis ce type véreux qui parlait d’avoir mangé le fruit de la téléportation. J’essaie de garder mon calme, et commence à regarder mon interlocuteur avec plus grande attention. En jeune fille qui sort de sa grotte, je ne peux que me rendre compte de ce que j’ai entendu jusqu’ici, et je m’aperçois que je suis une idiote finie. Pas une fois je n’ai donné crédibilité à tout ce que j’ai entendu dire sur les fruits, à toutes ces choses que l’on m’a soufflé au creux de l’oreille à propos de l’endroit où se trouvait tel ou tel fruit, ou même que telle personne aurait mangé ce fruit-là… Et maintenant, voilà que je me retrouve devant un jeune homme qui a mangé le fruit de la téléportation, ce même jeune homme qui m’a sauvée et qui au passage a également sauvé un bon nombre de personnes… Je suis juste une crétine. Définitivement. Ce jeune homme peut voyager comme bon lui semble, comme il me l’explique, et j’imagine bien qu’il n’a que l’embarras du choix quant à la destination… Lui qui veut faire le tour du monde, ca serait bien le premier capable de le faire en moins de 80 jours. Ironie du sort ?

La deuxième tournée d’alcool est accueillie comme il le faut par mon pauvre gosier qui en appelle d’avantage, et je remercie le jeune homme de son invitation. Pour faire passer l’information jusqu’à mon estomac puis plus tard jusqu’à mon cervelet, et surtout que ce dernier ne rejette pas le tout, il faudra bien un tout petit peu plus d’alcool… Au moins… Et le voilà qui me fait rêver avec ses destinations fantaisistes, ses mets qui mettent l’eau à la bouche et autres histoires de pâtisseries. Voilà une éternité que je ne me suis pas vraiment posée dans un endroit quelconque dans le but simple de ravir mes papilles, et la dernière chose que j’aie mangé était une vague soupe d’algues ; pas vraiment des plus rassasiant, voire très loin de l’être avec un niveau gustatif au plus bas. De bons croissants, un ragout, un coq au vin, des tartelettes aux fraises ou même de simples fraises, je donnerai n’importe quoi pour ca ! Mais c’est un fait, avec Baba-sama, pas le temps de se poser pour manger ni cuisiner, on achète le strict nécessaire et des fois même la bière est traitée comme un repas à part entière. La réplique du siècle, et je n’invente rien : « Une pinte de bière, c’est comme deux tartines ! ». Pour un lapin-crevette comme moi ca n’est pas vraiment ce qu’il y a de mieux, mais bon on en est un peu au système D je crois. Le temps des rêveries prend fin alors qu’il me demande d’où je viens et ce que je fais ici. Je perds alors un peu de mon sourire, en reprenant un peu plus pied dans la réalité. Je lance un regard au tavernier en lui demandant une autre tournée qu’il apporte, ajoutant avec un clin d’œil pour moi que c’est lui qui nous offre celle-ci.

« Je suis arrivée ici par la voix des mers… »

Je le regarde en plissant les yeux rien qu’un instant, en essayant de cacher toute la nostalgie qui m’habite soudain. Sans doute le contrecoup de toute cette affaire qui vient tout droit de mon île… Si j’avais su que mon passé n’attendrait pas pour me rejoindre et me poursuivre.

« Je suis… Née sur une île qui n’avait rien que ce commerce de roses empoisonnées. On utilisait l’argent de ce commerce pour nourrir les enfants abandonnés sur nos terres. Fort étrange tu me diras, de vendre des armes mortelles pour offrir une nouvelle famille à des bambins. Pendant un moment le commerce de ce poison avait été arrêté, mais voyant qu’on n’arriverait pas à nourrir toutes les bouches on a recommencé à exploiter notre unique ressource locale. »

Je bois mon verre avant de le reposer sur le comptoir pour commencer à tapoter nerveusement de l’index. Il est évident que je ne veux pas raconter toute mon histoire, mais que je veux au moins expliquer toute cette histoire pour qu’elle soit au clair.

« A cause de certains évènements, j’ai dû quitter mon île natale. C’est là que j’ai rencontré des marines, l’équipage des Salopards et donc la bien connue Baba-sama. On a fait escale sur cette ile pour le ravitaillement et j’en ai profité pour me poser et écouter un peu ce qu’on « racontait » ici. »

Me disant que j’ai assez parlé de moi et apercevant un jukebox du coin de l’œil, j’essaie d’effacer ces paroles qui m’ont complètement miné le moral, prends une pièce dans une de mes poches pour aller jusqu’à la machine et lancer une chanson. Je reviens m’asseoir près d’Erwin et soupire, fatiguée, avant de le dévisager. Je ne sais pas trop quoi dire, c’est un fait.

« Ca va ? »

Question idiote. Bien sur que non, ça ne va pas… Ca doit être une nouvelle mode de sentimentale, car je suis sure qu'une ou deux larmes se pointent et doivent faire briller mes yeux, mais j'essaie de rester égale. Et de respirer normalement par la même occasion… J'essaie.

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Autour de la musique.


J'écoutais la musique qui commençait à se déverser dans la taverne tandis que Rainbow venait de finir de raconter son histoire. Le morceau qui passait avait l'air de sortir tout droit de la décennie précédente, un mixe entre différents styles qui se voulaient par moment doux et par moment agressifs. Mon coeur s'emballait tandis que je me remémorais les quelques balades nées sur mon île, inventées par une artiste qui se nommait Joséphine Ritan. Elle avait le sens du rythme le plus effrénés et la voix la plus envoûtante que j'avais pu entendre... Du moins, en face à face. Sur sa pierre tombale résidait une inscription qui mettait en avant la joie qu'elle avait procurée aux habitants de ma ville natale. Mais la mort est plus cruelle que la vie. Sa sépulture avait été profanée après la chute du culte de Skarn. Ayant été l'une de leurs adeptes, les non-croyants l'avaient traitée avec une grande virulence. Ses chansons avaient été censurées quelques temps, lorsqu'on crut qu'ils portaient un message de haine envers ceux qui n'avaient pas rejoint le culte. Malgré tout, je ne m'étais jamais injurié contre son art... Et ses croyances avaient été les miennes pendant toute mon enfance, je ne pouvais pas la blâmer.

« - Je suis surpris de savoir que des personnes vivent encore de ce genre de commerces... Les terres sont trop pauvres pour pouvoir planter de quoi nourrir la population ? »

Je ne posais pas cette question dans le but de chercher à leur jeter la pierre, mais ce type de condition de vie me paraissait bizarre. J'avais bien peur que ça ne cache quelque chose de plus gros, du type de la première pensée qui m'était venue lorsque nous avions été capturés aujourd'hui-même : Des esclaves. Secouant la tête, mes pensées se remirent en ordre et je souris à Rainbow, prenant Miu sur mes genoux. Ce n'était pas possible de voir le mal partout, il fallait que je calme mes ardeurs. Je me levai à mon tour et regardai les chansons proposées par la machine, en choisissant une que je connaissais bien. Commençant à danser, je me laissai aller au gré de mes pensées. Je continuais d'arborer mon plus beau sourire, faisant quelques pas tout seul. Une femme entra alors, me regardant un instant avant de se joindre à moi et de remuer son corps de la manière la plus comique qui soit, ne cherchant pas à paraître belle ou gracieuse mais de sorte à chasser ses démons.

Ce fut rapidement que le rythme endiablé commença à répandre la bougeotte dans le lieu et à ameuter quelques personnes qui ne cherchaient qu'à extirper leur mal de leurs pensées, si bien que je fus englouti par la foule et perdis Rainbow de vue. Sans chercher à la retrouver, je continuais à m'amuser, à me déhancher parfois de manière totalement déjantée, parfois en respectant quelques pas que l'on m'avait appris, quelques années auparavant. Je vis des sourires, quelques larmes de joie et des visages familiers, tout droit sortis de la petite fête qui venait d'avoir lieu.

Joséphine avait raison quand elle disait que la musique endormait les plus grands maux et réveillait les plus frêles esprits. Elle savait ce que c'était que de s'amuser, et sa croyance ne l'empêchait pas d'orchestrer ses chants en public, au moment où celle-ci était encore active et acceptée. Ses partisans n'étaient pas toutes de mauvaises personnes... Mon père non plus d'ailleurs. A cette pensée, je fis mine de tout oublier et jetai un regard sur la foule, reprenant mon activité.

Quelques minutes passèrent, Miu sur ma tête faisait maladroitement quelques pas qui vinrent tambouriner mes méninges, la sensation immédiatement emportée par l'endorphine qui parcourait mon corps. Je mis ma main dans les airs, le poing serré, dans l'espoir que Rainbow le vit une dernière fois. Alors, quittant l'île, je disparus jusqu'à ma prochaine destination.
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Sourire. Bien évidemment, la musique apaise les maux et les mots, nous voilà dans cette discussion qui atteint une sorte de point de non-retour… Une question simple, à laquelle je réponds le plus simplement du monde.

« Les terres ne sont pas stériles, loin de là, c’est juste que nous manquons de main d’œuvre et que nous n’arrivons pas tout faire nous-même, tout simplement. »

Je soupire, laisse les dernières notes de mon morceau de musique s’égrener doucement, entrant dans ma boîte avec le même effet qu’un anesthésiant, et je ferme les yeux un instant. En les rouvrant je vois mon partenaire relancer la machine qui balance quelque chose de beaucoup plus emportant encore, et le voilà qui… Se met à danser, en souriant comme euh… Je ne sais pas. On dirait tout simplement qu’il fait valser tous les évènements de la journée avec ce sourire qui ressemble à une arme, une barrière contre toute mauvaise pensée. Sans m’en apercevoir, je me suis moi-même mise à sourire jusqu’aux oreilles avec cette vision sous mes yeux. J’aimerais bien me joindre à lui, mais déjà une autre fille se joint à lui, et puis après tout, j’ai l’impression que c’est son instant à lui et je n’ai pas envie de venir gâcher ca sans compter que je ne sais pas du tout danser. Je ne voudrais pas venir tâcher cette belle performance, et je manque pouffer en voyant sa petite bête sur sa tête… Décidément, quel tableau ! Bientôt une foule improbable vient le rejoindre pour former un gros tas dansant digne de ce nom… Une bien étrange journée.

Du mouvement au comptoir près de moi, je tourne la tête pour voir Baba-sama qui boit une bière cul-sec, avant de reposer brutalement son verre sur le bar, m’offrant alors un bon grand sourire. Au-dessus de tout le bordel ambiant, j’arrive à peine l’entendre me dire de la suivre, je ne fais que lire sur ses lèvres… Elle m’a l’air pressée, j’en doute encore moins quand elle m’empoigne le bras sans que j’aie le temps de demander mon reste ! J’aimerais pouvoir dire au revoir à mon compagnon d’aujourd’hui, tout de même ca serait plus poli, j’imagine, mais rien n’y fait elle m’entraine avec une sacrée force. A l’embrasure de la porte je tourne une dernière fois la tête vers la foule dans l’espoir de voir Erwin pour lui adresser un geste, mais il m’a devancée. Au milieu, un poing en l’air qui disparaît… Et je comprends. Un épisode, une journée, une histoire qui se termine. Je me laisse entrainer à présent par la vieille jusque dans le bateau, réfléchissant soudainement à ce que mon commerce à créé, et germe une idée folle dans ma tête. Détruire toutes les roses rainbow… Un jour, ca sera possible. Je peux commencer par détruire toutes celles qui poussent dans le sol. Et quand j’aurais retrouvé mon fameux pirate, et qu’il aura disparu… Alors, je pourrais détruire la dernière des roses Rainbow.

Une fois le bateau sur le départ Baba-sama me demande enfin comment s’est passée ma journée et si j’ai des infos intéressantes. Je la regarde en souriant l’air de rien en me faisant une réflexion…

« Tout s’est bien passé, j’ai rencontré des gens sympathiques, d’autres moins… Mais rien de notable. »

Je vais éviter, pour une fois, de parler de « certaines choses » que j’ai vues et que je sais. Disons que ca sera mon secret de savoir qui dans ce bas monde a mangé le fruit de la téléportation.

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