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"Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?" [PV Tenshi]
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Dim 8 Juin - 1:27


"Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?"





Ses talons raisonnaient en claquant sur le sol avec la rigueur rythmique d'une horloge des plus précises. Les paupières closes, le visage légèrement penché et la mine sérieuse et sereine, elle arpentait l'un des sinistres campements qui recouvraient Military Island. Il s'agissait plus précisément d'un campement hors-la-loi, où de nombreux clients de son employeur se trouvaient. Ici, tout se trouvait, tout se vendait et tout s'achetait, des armes-à-feu à la drogue, en passant par les organes et l'alcool. L'ambiance malsaine qui survolait l'endroit alors que le crépuscule s'affichait à l'horizon ne semblait pourtant nullement gêner Izanami, laquelle continuait de parcours l'endroit sans même prendre la peine de se lamenter pour toutes les pauvres victimes qui devaient voir le jour à cause de ces échanges vils et frauduleux. En réalité, elle se fichait bien des crimes que pouvait générer le marché noir de cet endroit, étant donné qu'elle détestait autant les hommes qu'elle ne pouvait aduler Konan. Mais ce qui était le plus intéressant à remarquer, alors qu'elle se frayait un chemin entre ces murailles de toiles dressées pour abriter les criminels de tous les environs, c'était le fait que malgré son corps alléchant et l'envie qu'il semblait provoquer chez la grande majorité des mâles qui croisaient son chemin, personne ne semblait vouloir prendre le risque de l'importuner. Était-ce à cause de l'écusson de Konan qui couvrait sa poitrine à l'endroit du cœur, ou bien à cause de la présence des deux armoires à glace qui la suivaient partout où elle allait ? Un seul homme, armé d'un couteau et d'un sourire édenté particulièrement vicieux, tenta de s'approcher d'elle, manifestement animé de pulsions perverses. Il n'alla pas plus loin, puisque le premier des deux gardes-du-corps se rua dans sa direction pour abattre son poing sur son crâne avec une violence inouïe, le choc ne produisant guère plus qu'un crac sonore des plus dérangeants. Un coup, un mort. Même au milieu d'un marché noir, la chose fit grande impression, tant et si bien que personne n'osa par la suite s'approcher de la Awazi pour l'importuner.

Sa présence sur l'île s'expliquait en vérité assez aisément. Konan, quelques jours plus tôt, lui avait demandé de quitter Himitsu Shima pour traquer l'un de ses acheteurs, manifestement plus cinglé que les autres, puisqu'il n'avait pas jugé bon de lui payer ses dernières livraisons de drogues. Elle avait donc été dépêché pour le rattraper et lui faire regretter ses habitudes sournoises, quitte à le réduire à néant s'il le fallait. Et c'était avec une soumission exemplaire que la brunette avait docilement accepté, partant à la recherche de ce cancrelat aussi vivement que possible. La poursuite l'avait mené jusque ici, sur South Blue, où l'individu semblait se terrer en espérant passer inaperçu. Malheureusement pour lui, c'était un espoir risible : personne dans le milieu de la mafia ne pouvait échapper à Konan. Jamais. Et Izanami comptait bien le lui faire comprendre. Certes, elle aurait tout aussi bien pu laisser le sale boulot aux deux gorilles qui se baladaient derrière elle et obéissaient à ses moindres exigences, tels les guerriers bien dressés de l'Harashigawa qu'ils étaient, néanmoins cela n'aurait de toute évidence pas été réellement drôle que d'agir de la sorte. Ainsi donc la bretteuse comptait bien le mettre en pièce grâce à ses propres capacités et par le seul tranchant de sa lame, afin d'améliorer ses techniques et de développer son art. L'occasion était bien trouvée pour, après tout, non ?

Mais malgré tout, le fugitif n'était pas à prendre à la légère, et la Awazi ne le savait que trop puisque ses collègues de voyage n'avaient cessé de le lui rappeler au fil du trajet. C'était bien parce que Konan lui avait ordonné de ne pas s'en prendre à eux que la jeune femme n'avait pas encore pris un malin plaisir à jouer avec les entrailles de ces fichus mâles en rut. Toutefois, elle le sentait : leur tour à eux aussi finirait par arriver... Et à ce moment précis, elle serait là pour leur enfoncer son épée dans la nuque. Ses talons s'immobilisèrent devant une tente en toile légèrement plus grande que les autres, mais toute aussi miteuse. L'ennemi se trouvait à l'intérieur, à n'en pas douter : c'était les renseignements qu'on avait pu lui fournir, et les services secrets de la mafia ne se trompaient jamais, à condition qu'on y mette le prix fort. A l'intérieur, la demoiselle trouverait donc Ernest Zapata, un révolutionnaire quelconque accro à diverses substances illicites. En plus d'être un combattant au corps-à-corps agile et doué, il était réputé pour ses capacités à user d'objets incongrus pour attaquer ses adversaires : des chaises, des tables, parfois des armoires pouvaient lui servir tels des lames chez le commun des mortels. Malheureusement, tout cela ne serait pas d'une grande aide face à la maudite, dont le fruit du démon permettait judicieusement de lutter face aux ennemis combattant au corps-à-corps... D'une voix sèche, elle prit la parole à l'intention des deux gorilles qui avaient également cessé leur progression derrière elle :

"Restez ici et taisez-vous. Je n'en aurai pas pour longtemps."

Ils se contentèrent d'acquiescer béatement tandis que la demoiselle continuait son chemin, se dirigeant vers un morceau de toile légèrement surélevé qui faisait office de porte. Elle donnait trois minutes au fugitif pour expier son dernier soupir.

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Tenshi Taya
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    Quel crime avons-nous fait
    pour mériter de naître ?



      Arrivée sur Military Island, l'étrange ambiance de cette île se fit immédiatement ressentir. Je sus, dès le moment où je posai mes pieds dans ces lieux qu'il ne s'agissait pas d'un endroit sans histoire dans lequel régnait une vie paisible et quotidienne. Après mon aventure avec Kyoshiro sur une île, Akimitsu avait donc décidé de me mener là-bas. Au moins, pour une fois, je pouvais être certaine qu'il ne cherchait pas à me protéger car cet endroit sentait les malfrats et les mauvaises histoires.

      Prenant mon courage à deux mains, je m'étais surprise à vagabonder. Il ne semblait n'y avoir réellement aucun village sur Military Island. Seulement des tentes, disposées comme dans un camp militaire, étaient plantées par-ci, par-là, sur l'île. Je me demandais bien si une guerre se déroulait ici et si je ne risquais pas d'être fautrice de troubles au milieu de tous ces gens. Je me demandais si Akimitsu était lui-même au courant de la situation de ces lieux. Savait-il seulement qu'ils étaient dans cet état ? Soupirant, je continuai néanmoins à marcher entre les tentes, non sans jeter des coups d’œil inquiets autour de moi. Certaines des personnes me regardaient avec un étrange regard. Un regard qui était pour le moins effrayant et qui me donnait l'impression d'être une proie qu'on était en train de traquer. Serait-ce un camp de cannibales qui mourraient de faim ? Cela était peu probable car, autrement, ils auraient déjà commencé à se manger entre eux avant même d'avoir faim.

      M'imaginant toutes sortes de scénarios dans mon esprit, j'en oubliai presque où je me trouvais et marchais naïvement entre les tentes, sans plus me soucier de ces gens autour de moi qui, pour moi, ne pouvaient me vouloir aucun mal. Après tout, je n'avais certainement pas l'air dangereuse et me laisser passer ne leur coûterait rien. C'était ainsi que je réfléchissais.

      Ne me pensant donc pas vraiment en danger, je sortis une bouteille de mon sac et commençais à boire tranquillement tout en continuant à marcher jusqu'à ce que j'aperçoive un homme du coin de l’œil qui s'approchait dangereusement de ma personne. Me retournant dans sa direction, je l'interrogeai du regard, me demandant ce qu'il pouvait bien me vouloir, ce drôle de personnage. Cela ne suffit pas à le stopper et il se jeta presque littéralement sur moi. Quelles étaient donc les raisons d'un tel comportement ? Par réflexe, je saisis ma bouteille par le bas et frappai l'homme sur la tête à l'aide du haut de celle-ci. Bien sûr, cela ne suffit qu'à le sonner l'espace d'une seconde, de quoi me délivrer de son étreinte. Le voyant récidiver, je le repoussai du pied. Je ne voulais pas lui faire du mal, à ce pauvre homme. Il avait probablement besoin de quelque chose, et je me demandais bien de quoi cela s'agissait. En effet, on aurait dit qu'il avait faim. Mais faim de quoi ? Allez savoir !

      Le pire n'était pas encore arrivé car, il n'était pas le seul à avoir ce regard de fou et très rapidement, je me rendis compte qu'une dizaine de personnes, qui lui ressemblaient assez étrangement, s'approchait de moi. C'était plutôt effrayant. Ils avaient l'air de zombies affamés et si je n'agissais pas rapidement, ils risquaient d'appeler leurs amis à la rescousse et ils seraient ainsi beaucoup plus nombreux. J'étais encore trop jeune pour mourir dévorée par des cannibales. Je pris donc la ferme décision de ne pas me laisser manger. Cela devait, en plus, être plutôt douloureux. Néanmoins, j'étais toujours dans l'optique que ces pauvres gens n'y pouvaient rien et que je ne pouvais pas les blesser. Je pressai donc la marche en me faufilant parmi la dizaine de personnes qui se dirigeait vers moi, espérant que cela suffirait à les faire partir. Cela aurait été bien, mais cela ne pouvait arriver. Car, alors que je marchais plutôt vite, les personnes derrière moi me suivaient encore plus rapidement.

      Soupirant, je me décidai finalement à sortir un de mes katanas, au moins pour faire peur à ces personnes et les faire fuir. Cela n'eut pas cet effet et les hommes continuèrent à marcher dans ma direction. Je me saisis donc du fourreau du katana, cela serait bien moins douloureux qu'une véritable lame qui pouvait blesser plutôt gravement. Ce fut donc avec cette arme de fortune que je tentai d'asséner des coups à ces individus. Très rapidement, je me rendis compte que cela n'allait pas suffire à les stopper. Décidément, je ne savais vraiment plus quoi faire pour eux.

      Ce fut à ce moment que je pris mes jambes à mon cou. La meilleure solution pour ne blesser personne. Je courus donc une bonne minute avant de regarder derrière moi, tout en continuant ma course, pour voir où se trouvaient les individus. Ils semblaient plutôt loin à présent. Néanmoins, à présent, le mal était déjà fait et, en me retournant sans prendre la peine de réfléchir à ce qui se trouvait devant moi, j'avais fait une erreur qui risquait de me coûter cher. En effet, ne regardant pas devant moi, très rapidement, je me retrouvai par terre, étant tomber nez à nez avec une tente qui s'écroula avec moi. Il me fallut quelques secondes pour comprendre ce qui venait de se passer et lorsque j'en pris enfin conscience, je me relevai, honteuse et balbutiant quelques excuses à l'adresse de la personne qui semblait être sur le point d'entrer dans la tente et de la personne à l'intérieur en train de pester. Regardant autour de moi, je remarquai que les personnes auxquels je fuyais étaient actuellement en train de me rattraper. Soupirant, je pensai que, cette fois-ci, j'étais piégée. J'allais me faire manger, ou écorcher vivante avant le coucher du soleil. Je n'avais vraiment pas de chance...





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Tenshi Taya
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Dim 8 Juin - 23:35


"Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?"





Malheureusement, la pauvre Izanami n'était vraisemblablement pas au bout de ses peines, puisqu'elle n'était pas encore entrée dans la tente pour faire subir à ce pauvre traître son bien funeste et inévitable destin que ladite tente sembla s'effondrer sur elle-même, visiblement sans aucune raison. Peut-être était-elle mal fixée ? Ou bien peut-être ce chien galeux d'Ernest Zapata avait-il senti la demoiselle s'approcher et avait-il décidé, pour semer le trouble, de faire s'effondrer la toile ? Quelques secondes plus tard, la combattante affiliée à la mafia du trop célèbre Konan comprit que rien de tout cela n'était vrai : en réalité, c'était une nouvelle arrivante, plutôt jeune et manifestement aussi simplette que maladroite, qui avait entraîné l'édifice dans sa chute. D'ailleurs, une autre silhouette se débattait sous la tente en pestant, apparemment agacée d'un tel effondrement aussi imprévisible. Était-ce l'homme que recherchait la maudite ? Elle n'en était pas certaine, et ne souhaitait pas vraiment exterminer la population de Military Island à chaque doute qui s'offrait à elle : aussi prit-elle la décision de s'assurer de son identité avant de réduire son existence à néant. Toutefois, la chose ne sembla pas s'annoncer aussi aisée qu'elle n'aurait dû l'être en temps normal : l'épéiste, qui jeta un regard en coin à la maladroite personne à quelques mètres d'elle seulement, eut le malheur de reconnaître derrière elle un groupe imposant constitué de hors-la-loi de l'île, qu'aucune raison de semblait mouvoir. Et si la candide et maladroite gamine ne semblait pas comprendre ce qu'ils recherchaient en la poursuivant ainsi, la Awazi, de son côté, eu le malheur de cerner leurs pulsions sexuelles inassouvies depuis bien trop longtemps. Ayant elle-même essuyé un viol quelques mois plus tôt, la mafieuse se sentit soudainement en proie à une effroyable colère. Ces gars voulaient s'en prendre à une jeune fille comme les autres sous le simple prétexte d'une libido débordante ? Très bien. Elle allait les démembrer sous le simple prétexte d'un excès de colère. Se désintéressant complètement de sa cible initiale, la combattant dégaina son katana et s'avança jusqu'à se mettre devant l'étrangère, comme dans une posture protectrice. Si les hommes semblèrent hésiter, tant à la vue du katana qu'à la vue de l'écusson qui symbolisait la faction de Konan, ils finirent par reprendre leur chemin tels de misérables cloportes assoiffés et affamés. Peut-être pensaient-ils qu'Himitsu Shima ne réagirait pas à un simple crime tel que celui-ci ? Dans ce cas de figure, ils se mettaient le doigt dans l’œil.

Tandis que, dociles et dressées telles les chiens qu'elles étaient, les deux armoires à glace s'empressaient d'attraper un Ernest plus ou moins immobilisé à cause des vestige de la tente, la maudite prit la parole à l'intention de la seconde demoiselle, montrant alors une délicatesse effarante malgré son aspect colérique et froid :

"Reste derrière-moi, surtout. La chose sera vite réglée." 

Elle s'avança alors, ses talons raisonnant une fois de plus sur le sol froid dans l'atmosphère déjà trop sombre, faisant face à la marée humaine et perverse qui ne semblait pas faiblir. Elle tendit alors ses deux mains en avant, posant le creux de sa main gauche tendu sur le plat de son katana, lui-même tenu par sa main droite collée à la première. Cette posture étrange ne sembla pas alarmer les criminels qui auraient pourtant bien mieux fait de s'en méfier, et Izanami prit la parole lentement faisant un geste horizontal avec ses deux bras comme pour couvrir une aussi large zone que possible :

"Noro Noro no Te !"

Le rayon rosâtre sortit de ses deux mains et balaya l'assemblée, transperçant la poignée d'hommes et ralentissant soudain leurs mouvements sans qu'ils ne puissent rien y comprendre. Une fois cela fait, la trafiquante savait qu'il lui restait en tout et pour tout trente secondes pour terrasser l'ensemble des adversaires avant que ceux-là ne reprennent contenance. Si elle n'y parvenait pas à temps, leur vitesse leur serait rendue, et probablement que quelques uns d'entre eux sauraient faire preuve d'assez d'intelligence pour tirer des leçons de ce pouvoir ralentissant... Ainsi la Awazi se rua dans leur direction, tranchant violemment les premiers hommes à sa portée avec une vitesse brusque et imprévisible, sans qu'aucune blessure n'apparaisse pourtant dans l'immédiat. Comme pour le reste, elles feraient leur apparition une fois le délai écoulé... Et les hommes regroupés-là seraient sans nul doute les premiers surpris par un tel pouvoir pourtant rarissime sur les Seas Blues en temps normal.

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Lun 9 Juin - 13:53


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    Quel crime avons-nous fait
    pour mériter de naître ?



      Tandis que je ne savais plus vraiment où me mettre, je me rendis compte que la femme qui était sur le point d'entrer dans la tente me fixait plutôt étrangement, ou fixait les gens derrière moi, ce qui était tout aussi probable. Jetant à mon tour un coup d’œil derrière moi, je compris rapidement qu'il ne restait plus que quelques secondes avant que les hommes soient à mes côtés. Néanmoins, un événement inattendu se passa.

      En effet, l'inconnue s'approcha de moi et, je pensai alors qu'elle avait l'intention de me faire du mal, néanmoins, cela ne fut pas le cas. Elle se mit devant moi, face à ces individus affamés et dont j'ignorais encore les buts. Je me demandai ce qu'elle avait l'intention de faire et, lorsqu'elle dégaina son arme, je me rendis compte qu'elle allait certainement s'en prendre à ces pauvres hommes.

      Tandis que cela se passait d'un côté, de l'autre, les deux énormes bonhommes qui accompagnaient probablement la femme s'étaient saisis d'un autre bonhomme qui était dans la tente. Certainement celui qui pestait précédemment, mais bon, cela n'avait pas plus d'importance, peut-être essayait-il simplement de lui porter secours, étant bloqué dans la tente sur laquelle je m'étais écroulée. Si j'avais pu moi-même l'aider à sortir je l'aurais probablement fait, mais je n'avais pas réagi assez rapidement.

      Reportant mon attention sur les hommes et la femme qui semblait vouloir les mettre au tapis un par un, je fus rapidement intriguée par cet étrange pouvoir qu'elle avait en sa possession. Certainement un fruit du démon car tout le monde n'était probablement pas doté d'une telle capacité. En effet, celle-ci était pour le moins étrange et surprenante. Je n'avais vu cela nul part ailleurs car, tandis qu'elle prenait une drôle de position, un rayon rose, tout aussi bizarre, sortit de sa main et sembla ralentir l'avancée des hommes. Comment avait-elle fait cela ? Je ne saurais le dire, mais cela me fascina tant que j'en restai ébahie durant une bonne dizaine de seconde.

      Dizaine de secondes durant laquelle la femme en profita pour s'en prendre à ces pauvres personnages. Étrangement, aucune blessure n'apparaissait dans l'immédiat, mais il était plus que certain qu'elle était en train de leur faire du mal, voire même peut-être de les tuer. Qui sait ? Et, si elle s'en prenait à ces hommes, rien ne me disait qu'elle ne s'en prendrait pas à moi d'ici quelques secondes. Après tout, ils ne lui avaient rien fait, je ne lui avais rien fait. Elle attaquait donc des personnes sans aucune raison apparente. Quelle monstre ! Prenant mon courage à deux mains, et pensant que cela serait plus utile, autant à moi qu'aux hommes qui me suivaient, je m'approchai de la femme qui était en train de les attaquer.

      Lorsque je fus en face d'elle, que j'arrêtai son arme de la mienne et que je saisis son poignet pour l'arrêter, une vingtaine de secondes était déjà passée. Ce fut alors que je lui dis, calmement, et espérant qu'il n'y ait pas de représailles :

      - Ils n'ont rien fait les pauvres, laissez-les tranquilles.

      Je ne savais pas si ma réaction aurait l'effet escompté. En vérité, j'en doutais car cette personne n'avait pas l'air d'être la plus compréhensive et la plus commode. Je redoutais même presque qu'elle s'en prenne à moi en retour. Un dizaine de secondes passa encore. Et, soudainement, les personnes qui étaient presque immobilisées auparavant, avaient à présent retrouvé leur capacité. Elles bougeait donc plutôt normalement. Sauf pour celles qui étaient blessées et qui s'écroulèrent sur le sol. Les autres eurent la présence d'esprit de fuir sans plus de cérémonie ni d'excuses. De toute façon, cela m'importait peu. Maintenant, c'était moi qui était dans une mauvaise posture. Je l'avais peut-être stoppé dans son élan et cela risquait de ne pas lui plaire du tout. Devais-je présenter des excuses ? Non, cela ne servirait plus à grand chose après tout. Elle n'avait pas l'air d'être une personne qui pardonnait les autres facilement et sous de simples excuses, c'était bien dommage.





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Tenshi Taya
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Jeu 12 Juin - 0:16


"Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?"





L'envoyée de Konan avait tout juste commencé à trancher les premiers hommes à portée de sa lame, avec la froideur et la brutalité qui lui étaient innées, lorsque l'inconnue réalisa une action qui la fit immédiatement transparaître comme idiote, naïve et simplette aux yeux d'Izanami : elle vint l'arrêter, en la prenant par le poignet pour l'empêcher de se déchaîner davantage sur ces rebuts de la société plus immondes que le plus répugnant des animaux, en ajoutant à l'oral qu'ils n'avaient rien fait, ces "pauvres", et qu'elle devait les laisser tranquilles. Sur le coup, la bretteuse songea à une mauvaise blague, tant et si bien que ses paupières s'écarquillèrent sous le coup de la surprise lorsqu'elle réalisa que cette sotte était plus sérieuse que jamais. Bien évidemment, sa malédiction cessa, délivrant aussitôt ceux qui y étaient prisonniers et qui se mirent à fuir, mis-à-part ceux qui avaient eu la malchance de croiser l'épée de la hors-la-loi un peu plus tôt. Leur fin funeste, à eux, avait été amplement méritée, d'ailleurs : ils étaient les plus proches de la pauvre et idiote victime de leur marche glauque, et donc les plus bêtement téméraires. Si leur décès brutal suffisait au moins à calmer les ardeurs des autres ahuris, la trafiquante était satisfaite... Mais elle ne pouvait malgré tout pas être heureuse : à cause de l'intervention de cette pauvre niaise qu'elle n'avait voulu que protéger, certains d'entre eux s'étaient déjà enfuis. Quelle bande de rats... La Awazi, d'un coup sec, se délivra de l'étreinte de l'autre jeune femme, reculant par la suite de quelques pas en lui jetant un regard des plus froids, comme pour lui faire comprendre qu'elle ferait mieux de se tenir loin d'elle à l'avenir, si elle ne voulait toutefois pas connaître la même destinée tragique que les cadavres non loin de là. Ne pouvant néanmoins se résigner à attaquer froidement une autre jeune fille, qui, quoique grossièrement utopique, semblait posséder un bon fond, la criminelle rangea ensuite son katana dans son fourreau avant de tourner le dos et de s'éloigner sans lui adresser le moindre mots. A quelques mètres de là, les deux colosses qui l'accompagnaient avaient profité de la tente, ou de ce qu'il en restait, pour l'utiliser en tant que sac d'enlèvement improvisé. A l'intérieur semblait vainement se débattre Ernest Zapata, qui allait à coup sûr passer une bien mauvaise heure...

Les deux armoires à glace semblèrent immédiatement comprendre, en voyant l'envoyée de Konan s'approcher d'eux en fermant les paupières et en reprenant son masque d'indifférence et de sérénité, qu'ils pouvaient d'ores et déjà se remettre en route. C'est donc ce qu'ils firent, prenant un peu d'avance tandis que la Awazi marquait une légère pause, tourna son visage dans la direction de l'inconnue sans vraiment prendre la peine de se retourner pour lui jeter un regard froid et jaugeur. A vrai dire, elle n'aurait jamais cru possible de croiser quelqu'un d'aussi niais sur une île telle que Military Island... A croire qu'elle n'avait absolument pas sa place ici, au milieu de ces tentes dressées pour abriter tout un tas de criminels sanguinaires et violents... Peut-être avait-elle grandi dans un environnement saint, dans une famille saine, abritée de tous les dangers par des gardes du corps et des chiens dressés ? Même si la chose pouvait être véridique et fondée, ici, personne ne viendrait la protéger si une brute lui sautait dessus pour la violer, la torturer, ou pire encore. Le fait qu'elle ait croisé la route d'Izanami à un moment critique relevait déjà du miracle, alors cela ne pourrait clairement pas se réitérer une seconde fois... L'épéiste ferma, à cette pensée, les paupières avant d'orienter à nouveau sa tête droit devant elle. Elle prit alors la parole, d'un ton calme et qui ne souffrait d'aucune effusion que ce soit :

"J'imagine que tu n'es pas d'ici et que tu n'as pas été élevée en contact avec ce genre de milieux. Donc je vais te le dire, et considère ces paroles comme un manuel à respecter à la lettre."

Pour une fois, la maudite semblait plus prompt au dialogue que jamais. Peut-être parce que cette fille lui faisait de la peine, au final ? L'abandonner à son sort au milieu de toutes ces enflures n'était pas concrètement quelque chose qu'apprécierait la hors-la-loi. D'autant plus qu'elle lui avait ressemblé, plusieurs années plus tôt, lorsqu'elle était encore une enfant candide et naïve...

"Les hommes que tu pourras croiser sur ce genre d'îles ne seront jamais que des ratés. Des criminels, des psychopathes en puissance, des tueurs. Bref, des insectes, qui ne méritent rien d'autre que la mort."

Ses talons percutèrent alors à nouveau le sol, tandis que la jeune femme commençait à nouveau à progresser dans la direction empruntée par ses deux colosses :

"Si tu ne veux pas finir violée ou écartelée, vise la carotide."

Froide, dénuée d'émotion, impassible. L'ironie allait peut-être frapper Tenshi : alors qu'elle critiquait manifestement les instincts bestiaux de ces hommes, elle n'avait aucune honte à dégager l'aura d'une prédatrice née pour tuer... De toute manière, maintenant que les conseils étaient donnés, Izanami n'avait plus qu'à prier pour que cette inconnue ne comprenne la nécessité qu'il y avait à tuer des hommes dans ce genre d'endroits. Dans le cas contraire, la luxure deviendrait rapidement son pire ennemi.

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Jeu 12 Juin - 11:41


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    Quel crime avons-nous fait
    pour mériter de naître ?




      La réaction de la femme en face de moi ne me surprit pas beaucoup. En effet, elle ne paraissait pas d'une grande douceur et le reste de ses actions le prouva. En effet, elle me jeta un regard qui voulait en dire long sur ses pensées à mon égard. Elle devait certainement me prendre pour une imbécile, elle devait certainement me prendre pour une fillette perdue au milieu de toutes ces personnes dangereuses. Et elle avait bien raison. J'étais encore trop jeune pour comprendre le monde qui m'entourait, ou, du moins, je ne le connaissais pas depuis assez longtemps et j'avais encore, et toujours, du mal à comprendre que certaines personnes pouvaient avoir des envies qui me dépassaient. Lorsque la femme tourna les talons, me faisant comprendre qu'elle ne m'appréciait pas beaucoup, je me mis à soupirer et regardai ce qui se passait au niveau de la tente.

      Celle-ci avait été transformé en sac pour enfermer un personnage qui se débattait à l'intérieur. Je me demandai de qui il pouvait bien s'agir et j'aurais bien fouiné si je n'avais pas pensé qu'aux vues des derniers événements, il valait mieux pour moi que je me fasse discrète avant que cette folle à lier avec son katana décide qu'il était le bon moment pour mettre fin à mes petits jours qui devaient certainement lui paraître sans importance. Après tout, il était facile de tuer les gens sans penser à tous les autres qui pouvaient regretter ou être attristés par cette mort. Bien évidemment, elle ne devait pas y penser, elle. Ou bien, elle croyait simplement que ces individus méritaient la mort plus que quiconque. Il existait des gens ainsi dans ce monde. Il était triste de se dire que ces personnes se mettaient à haïr à un tel point qu'elles souhaitaient la mort de beaucoup d'individus qui n'avaient rien fait de bien mal. Certes, ces personnes qui me suivaient ne me voulait certainement pas de bien, mais j'aurais bien été capable de les éviter toute seule et ils auraient rapidement abandonné cette stupide course. Soupirant une seconde fois et sur le point de laisser cette femme à ses affaires, le fait qu'elle m'adresse la parole me surprit.

      En l'écoutant, je crus entendre parler Akimitsu. Il avait exactement le même discours, toujours et en permanence : Écoute mes paroles, j'ai la science infuse !C'était ainsi qu'il était, c'était ainsi qu'elle semblait être. À me considérer comme une idiote qui n'avait rien compris et qui allait se faire manger avant même d'avoir eu l'occasion de faire un pas. Cela en était presque exaspérant. Quand il n'était pas là, en voilà une autre qui apparaissait. À croire qu'il s'agissait d'un cercle sans fin. Elle commença ensuite à me parler de tueurs, d'assassins, de criminels qui ne méritaient que la mort. Encore une phrase qui venait d'Akimitsu. Ne pas avoir peur de donner la mort à une personne que je ne connaissais même pas était une chose que je n'arrivais pas à concevoir. Je ne souhaitais la mort de personne, je ne parvenais pas à concevoir qu'une personne puisse mériter la mort, aussi terrible soit ses gestes. Pour moi, chacun avait encore le moyen de changer, de devenir meilleur et de se faire pardonner.

      Par la suite, le conseil que me donna cette femme était encore semblable à ceux d'Akimitsu. Décidément, ils étaient fait pour se rencontrer. C'était plutôt ironique de se dire qu'une femme puisse ressembler à un katana capable de prendre une forme humaine. Cela me fit sourire et me poussa à ne pas la laisser partir ainsi. Je la rattrapai donc, ne me souciant pas de l'aura effrayante qu'elle pouvait dégager. Après tout, Akimitsu était dans son genre. Il m'avait aussi toujours pris pour une imbécile et se demande en permanence les raisons de mon idiotie apparente, mais il avait bon fond. Cela m'amusait beaucoup de rencontrer une personne comme lui, à cet endroit. Prenant la parole, m'adressant à la femme, je lui dis :

      - Tu me fais penser à quelqu'un ! Il me donne aussi en permanence ce genre de conseil : « Il faut tuer les méchantes personnes, sinon, tu vas mal finir. ». Et puis, il me prend aussi pour une idiote naïve à qui il ne va pas tarder à arriver des malheurs. Mais, pour le moment, il ne m'est rien arrivée et, même si ces hommes que tu as attaqué avaient de mauvaises intentions, ils ne m'ont rien fait. Alors, je viserais la carotide le jour où je serais vraiment en danger.

      Je disais cela, mais je savais que ce n'était pas réellement vrai. Actuellement, je ne me sentais pas capable d'une telle monstruosité, mais bon, j'essayais au moins de m'en convaincre. Si je n'avais plus le choix, peut-être que l'instinct serait au-dessus de tout. Cela était déjà arrivé à plusieurs reprises, cela risquait de se reproduire, encore et encore. Reprenant la parole, je dis alors :

      - Au faite, je m'appelle Tenshi Taya.

      Je n'étais pas certaine que la femme allait apprécier que j'essaie d'engager une conversation avec elle.





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Sam 14 Juin - 12:10


"Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?"





Malgré les mots eux-mêmes et l'intonation que leur avait donné Izanami, qui invitait très clairement l'autre demoiselle à ne pas tenter de la rattraper pour faire connaissance, cette dernière ne put manifestement s'en empêcher. Pour le coup, la hors-la-loi ne savait pas vraiment comment réagir... Continuer en l'ignorant ? Lui répondre comme elle pourrait le faire avec une autre femme, en oubliant cette naïveté qui aurait pu la faire vomir de dégoût ? Ou tout simplement la cogner pour lui dire d'aller voir ailleurs ? La dernière option était probablement la pire des trois, et c'est pour cela que la bretteuse continua sa route sans même prendre la peine de regarder l'inconnue, écoutant juste ses paroles distraitement. Manifestement, elle avait bien fait de ne pas s'arrêter pour prêter davantage attention à ce qu'elle lui disait : ça n'avait pas grand chose d'intéressant. Cet étranger, même s'il avait l'air d'être un homme vu ce qu'elle en disait, était peut-être un homme, mais il était objectivement parlant bien plus saint d'esprit qu'elle. D'ailleurs, cette jeune fille aurait mieux fait d'écouter ses conseils à la lettre, et de ne plus le côtoyer lui non plus. Aucun mâle ne méritait la parole : ils étaient répugnants, abjects, immondes, plus repoussants que ne pourrait l'être une abomination créée de toute pièce par un esprit malade. Le seul qui sortait de l'ordinaire schéma du criminel pervers en puissance était bien évidemment Konan, qui devait à coup sûr condenser toutes les bontés qu'auraient du obtenir les hommes en sa propre personne... Toutefois, et une fois de plus, la criminelle fut tirée de ses pensées par l'inconnue qui n'en était plus une, étant donné qu'elle venait tout juste de dévoiler son nom. Tenshi Taya. Un patronyme et un prénom pour une sotte. La Awazi, moins révoltée que quelques secondes plus tôt, s'arrêta et lui lança un regard en coin, n'hésitant pas à la dévisager. Viser la carotide lorsqu'elle sera réellement en danger... Hein ? Utopie. Cette fillette avait tout, absolument tout d'une mauvaise blague. Un jour ou l'autre, elle finirait violée, battue et jetée dans une fosse à ordures où elle passerait des heures à se lamenter sur sa médiocre condition de petite sotte.

Cependant, malgré les apparences, la trafiquante ne méprisait aucunement cette jeune femme, bien loin de là... Après tout, elle avait été comme elle, avant que ce fumier d'Ernst ne la viole, elle-même. A ce souvenir l'épéiste serra les poings et détourna le regard en reprenant le chemin. Izanami avança durant quelques mètres, toujours d'un pas calme mais décidé, ses talons percutant le sol avec la force des sabots d'un taureau, mais finit par marquer une nouvelle pause. Toujours sans jeter le moindre regard à la dénommée Tenshi Taya, elle prit la parole avec une douceur que l'on n'aurait pu lui soupçonner au premier abord :

"Izanami. Viens avec nous, ne serait-ce que pour quitter ce lacis d'esprits tordus. Quoique tu en dises, tu n'es pas en sécurité, ici."

Elle reprit alors la marche, silencieusement. L'idée d'enrôler cette jeune femme dans la mafia de Konan ne lui avait pas encore effleurée l'esprit, et ne le ferait probablement jamais, mais malgré tout elle ne pouvait se contenter de la laisser là, au milieu de Military Island, en sachant pertinemment que le nombre de cinglés était clairement plus élevé que sur les autres îles de South Blue. La Awazi n'insista cependant pas : si Tenshi ne voulait pas la suivre, elle n'allait pas la forcer à le faire. C'était à elle de prendre une décision, et seulement à elle. Quelques mètres devant la hors-la-loi continuaient de progresser les deux armoires à glace, qui retenaient le fugitif avec une fermeté exceptionnelle. La mission semblait être un succès total, et Harishigawa serait heureux de l'apprendre... La jeune maudite jubilait presque en songeant au fait que son employeur la congratulerait dès son retour, et irait peut-être même jusqu'à la comparer à d'autres éléments pour la mettre plus en valeur. Même si elle avait conscience de n'être encore qu'au bas de l'échelle dans son organisation, la demoiselle sentait qu'un lien tout particulier l'unissait à son boss, et c'était la seule chose qui l'intéressait, au final. Mais, bien évidemment, elle n'irait pas refuser une offre de montée en grade à l'avenir...
Elle continuait donc de marcher, plus lentement qu'auparavant toutefois, attendant tranquillement que son interlocutrice ne prenne une décision. Ce qui était sûr, c'était qu'une fois qu'elle serait partie, si Tenshi décidait de rester seule, les hommes parqués dans les tentes sortiraient soudainement pour s'emparer d'elle... Et, quelque part, laisser une pauvre jeune fille au milieu d'un lot de violeurs et de psychopathes ne gênait pas vraiment la Awazi : après tout, des dizaines d'autres demoiselles subissaient ce genre de crimes, tous les jours, et elle ne le vivait que trop bien.

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    Quel crime avons-nous fait
    pour mériter de naître ?



      En premier lieu, je crus que cette femme allait tout simplement m'ignorer, ne plus jamais m'adresser la parole ou bien qu'elle allait juste m'assassiner avant que je n'aie l'occasion d'en dire plus. Elle pouvait toujours essayer, j'avais bien l'intention de ne pas me laisser faire et malgré mon air candide et idiot, je n'en n'étais pas pour le moins sur mes gardes, prête à me défendre et à l'empêcher de s'en prendre à moi. Je me méfiais presque plus d'elle que des hommes qui m'avaient poursuivi. Elle était imprévisible, eux ne l'étaient pas.

      Néanmoins, elle ne réagit pas de la sorte, et cela était plutôt rassurant. Au moins, je n'allais pas me faire arracher les yeux, couper les oreilles ou encore subir d'autres tortures dont elle semblait avoir terriblement envie. Elle marqua donc une pause dans la marche. Je ne compris pas bien pourquoi dans un premier temps et, lorsqu'elle prit la parole, la réponse ne me vint pas non plus. Cela resterait donc une question sans réponse pour un bon bout de temps, mais je n'allais pas me préoccuper de cela maintenant. Elle me répondit donc en me donnant son nom, ou son prénom. Izanami. Cela était compliqué à retenir, mais je ferai un effort. Ce n'était pas comme si ma tête était remplie de beaucoup de souvenirs après tout. Elle me proposa donc de la suivre. Cela me surprit, elle semblait se préoccuper de ma sécurité. Dans un second temps, cela me fit sourire. Elle était donc vraiment le même genre de personne qu'Akimitsu. En humain et en femme.

      Ne cherchant pas trop à réfléchir face à la proposition d'Izanami, pour moi, la réponse paraissait être une évidence. Je n'allais pas la laisser s'échapper aussi facilement alors que nous commencions à peine à faire connaissance et que je trouvais cette personne plutôt intéressante. Il n'était pas commun de rencontrer des gens dans son genre. Elle avait l'air et se donnait un air de méchante, mais dans le fond, elle était comme n'importe qui et avait un côté bien caché et bien plus sympathique. Du moins, je voulais me persuader de cela, et le fait qu'elle me propose de la suivre pour ma sécurité devait renforcer cette idée.

      La rattrapant donc et marchant à présent à ses côtés, spontanément, et sans bien y réfléchir, je repris la parole, gardant toujours cette même voix qui devait vraiment me donner un air d'idiote naïve qui ne savait plus où elle se trouvait :

      - C'est fou ce que vous vous ressemblez. Peut-être que, vous aussi, vous êtes un kat...

      Je me tus soudainement, me rendant compte de la bêtise que j'étais sur le point de dire. Me reprenant rapidement, je dis donc :

      - Enfin, vous faites peut-être parti de la même famille.

      Fixant son visage avec insistance, je me rendis compte qu'il n'y avait que très peu de ressemblance entre Akimitsu et elle. De toute façon, il était très peu probable qu'un katana ait de la famille. Parlant à nouveau, et dans un haussement d'épaule, je dis donc :

      - En tout cas, physiquement, vous n'avez vraiment rien en commun. Entre nous, vous avez beaucoup de chance de ne pas lui ressembler au niveau du physique, ce ne serait pas très flatteur.


      Je me demandais s'il était en train d'entendre ça actuellement. Probablement et, si c'était le cas, il ne chercherait même pas à relever la petite pique à son égard. En vérité, et je le savais très bien, il se fichait pas mal de son apparence physique et de ce que je pouvais en penser. Néanmoins, je ne m'étais jamais demandé ce qu'il pouvait ressentir lorsqu'il devenait humain. Ce que cela pouvait lui provoquer de pouvoir, soudainement, courir, marcher, grimper, tenir quelque chose dans sa main. Cela devait lui faire un sacré choc et pour moi qui vivait cela tous les jours, je ne pouvais m'imaginer réellement ce qu'il devait ressentir.

      Ma curiosité me piqua alors à nouveau. Cette vilaine bête m'empêchait d'apprendre à parfois me taire et à être discrète. C'est bien pour cette raison que, sans me préoccuper de ce que pouvait en penser la femme au katana, je demandais, le plus naturellement du monde :

      - Et c'est qui ce bonhomme que vous avez empaqueté dans la tente que j'ai renversé ? Qu'a-t-il fait pour mériter ce traitement ?

      J'espérais que cela n'allait pas sonner comme un reproche, car ce n'était pas mon intention. Même si je n'étais pas tout à fait en accord avec ce genre de pratique, je ne pouvais pas me permettre de juger les actes d'autrui qui ne me concernaient pas directement.





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Lun 16 Juin - 21:42


"Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?"





Une naïve bavarde et sociable, voilà sur qui, par une chance extraordinaire, Izanami venait tout juste de tomber dans un endroit qui semblait pourtant des moins accueillants. Le fait de croiser ce genre de personnes sur Military Island était faible, celui de le croiser pendant une mission d'importance primordiale l'était d'autant plus... Alors pourquoi fallait-il obligatoirement que cela tombe sur elle ?! Quelque part, la demoiselle n'avait pas vraiment à en vouloir son interlocutrice, qui s'obstinait vraisemblablement à instaurer un dialogue décent entre elles : elle lui avait demandé de la suivre et ne pouvait pas lui en vouloir si elle acceptait. Toutefois, en y repensant, la subordonnée du fameux mafieux ne se souvenait pas lui avoir donné l'autorisation de déballer sa vie sans vraiment se soucier de ce qu'elle souhaitait : n'était-ce pas une fâcheuse preuve d'outrecuidance, quelque part ? En tout cas, il s'agissait de candeur : la prénommée Tenshi semblait connaître la hors-la-loi depuis des siècles, alors qu'il n'en était manifestement rien... Le contact facile, donc. Une qualité pour les hommes d'affaires et les diplomates, de ce qu'elle avait pu en entendre dire. Un défaut des plus pénalisant pour les gens du bas peuple, qui s'exposaient d'autant plus aux larcins en tous genres. Quoi qu'il en fut, la bretteuse se contenta d'écouter les paroles de l'inconnue d'une oreille distraite, sans y accorder quelque importance que ce soit. Certes, elle était rassurée de savoir la jeune femme près d'elle, et donc loin des forbans et déviants sexuels en tout genre, mais si cela était pour finir assommée par un flot de paroles trop constant... La maudite risquait forcément de revoir ses louables demandes vis-à-vis des naïves jeunes femmes à l'avenir. Les choses devinrent un peu plus intéressantes après quelques secondes dans un profond mutisme : en effet, l'autre jeune femme sembla se désintéresser des possibles ressemblances qu'entretenait la Awazi avec une autre personne dont elle ignorait l'identité et lui demanda quelques précisions sur le pauvre homme toujours enroulé dans sa propre tente et porté par l'un des deux colosses un peu plus loin. Elle voulait savoir ce qu'il avait fait, hein ? Sotte et curieuse, donc. La liste des défauts semblait s'agrandir à chaque instant... Sans montrer son exaspération, restant parfaitement impassible, voire plutôt sereine, la trafiquante répondit tranquillement en continuant de faire claquer ses talons sur le sol de pierre et de terre :

"Dette, dirons-nous. Il s'est permis de ne pas payer ce qui était convenu à mon employeur. Rien de plus."

La maudite se retint de déclarer froidement que l'individu en question risquait fortement de terminer écorché vif après que Konan n'eut récupéré son dû : candide comme elle était, elle aurait probablement fini par s'évanouir. Izanami fut toutefois soulagée de voir la voile de la petite embarcation qu'elle avait emprunté pour se frayer un chemin jusqu'à Military Island pointer à l'horizon, entre les collines et les tentes restantes : ils y seraient d'ici quelques minutes, au maximum. Avec un peu de chance, ces précisions suffiraient à repaître l'insatiable curiosité de l'inconnue... Même si la bretteuse avait le puissant sentiment que c'était le contraire qui se produirait. Elle imaginait d'ores-et-déjà tout un tas de questions tournant autour de cette réponse : Quel employeur ? Qu'est-ce qu'il lui devait ? Combien ? Il ne voulait pas rembourser ? Pourquoi ne pas lui avoir demandé poliment ? Après ce petit scénario dressé dans sa propre boîte crânienne, la jeune femme songea qu'il était préférable de jouer le jeu de d'expliciter un peu plus : de cette manière, l'étrangère n'aurait plus rien à lui demander et finirait par se taire... C'est dans cette optique que la Awazi continua donc :

"Ne demande pas ce qu'il n'avait pas payé, tu ne veux pas le savoir, crois-moi. Et il a également refusé de payer malgré les multiples demandes. Il a tenté de se cacher ici. Il a échoué."

Pas très exhaustif, en fin de compte. Malheureusement, la trafiquante était incapable de faire mieux. L'habitude de restée muette mis-à-part en cas d'extrême nécessité, probablement. Même si elle avait toujours plus de facilités à discuter avec des demoiselles plutôt qu'avec des hommes, elle n'était vraisemblablement pas faite pour cela... Elle continua donc d'avancer, stoïquement, en espérant tout simplement que Tenshi finirait par comprendre que lui raconter sa vie n'était pas dans ses intentions premières. Au final, peut-être était-elle la plus candide des deux, pour songer à cela.

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Mar 17 Juin - 9:57


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    Quel crime avons-nous fait
    pour mériter de naître ?



      Alors que la femme que j'accompagnais semblait ne pas du tout se préoccuper de ce que je disais, même ma question ne changea pas l'expression de son visage, ni le rythme de sa marche qui se voulait presque militaire. On aurait dit un robot en train d'obéir à des ordres qui se contentait d'avancer sans réfléchir vers l'endroit vers lequel elle se dirigeait. Je me demandais bien quel état son objectif, son but ultime. Après tout, même si la fin de la route est toujours la même pour chacun, les chemins que l'on choisit sont tous différents et je m'interrogeais sur celui qu'elle avait emprunté. En tout cas, elle semblait plutôt bien entourée et en sécurité avec les deux armoires à glace qui avait capturé une personne dont je ne savais rien. Personne sur laquelle j'avais posé des questions.

      La réponse que me donna Izanami fut très vague. Elle parlait de dettes impayées, mais cela pouvait être n'importe quoi. Après tout, on pouvait avoir des dettes d'argent, mais pas seulement. Néanmoins, cela me permit de comprendre que la femme travaillait pour quelqu'un et qu'elle lui apportait ce bonhomme, certainement pour l'obliger à payer sa dette, ou même pire. Je me demandais comment cette femme pouvait offrir une loyauté sans faille à une personne au dessus d'elle, qui la dirigeait et lui donnait des ordres. Je ne me voyais pas faire ça. J'avais toujours besoin de cette petite liberté qui me donnait le droit de dire non et d'aller où je voulais quand je voulais. J'en profitais toujours lorsqu'Akimitsu n'était pas là pour me tenir la main. Soupirant, je commençai à m'interroger sur la vie de cette personne. Avait-elle seulement un objectif ou se contentait-elle de satisfaire son employeur pour obtenir ses faveurs ?

      La femme répondit alors à des questions imaginaires, exigeant de moi que je ne lui demande pas ce qu'il avait à payer et prétendant que je ne voulais certainement pas le savoir. Trop faible pour le comprendre, trop bête pour s'en remettre. C'était certainement ainsi qu'elle voyait les choses. Elle n'avait peut-être pas tort, néanmoins, cela m'agaçait. Elle expliqua ensuite que l'homme avait refusé de payer puis c'était caché sur Military Island. Elle me fit comprendre que ce ne fut pas une réussite. Vu son état actuel, en effet, ce ne fut pas une réussite pour lui.

      Continuant à marcher au rythme d'Izanami, je songeai vaguement à toutes les questions et remarques qui se bousculaient dans ma tête. J'avais bien trop de choses à dire, il valait mieux faire le tri avant de finir par assommer de questions la pauvre femme qui semblait ne pas trop apprécier cela. À moins qu'elle ne s'en préoccupait pas le moins du monde. En tout cas, son visage semblait affirmer que rien ne pouvait la perturber. Prenant la parole, je commençai donc :

      - Pourquoi ne voudrais-je pas le savoir ? Serait-ce parce que tu penses que je ne suis pas capable de le supporter ? Je ne suis pas une idiote, je sais très bien ce que tu penses de moi et tu as certainement raison.

      Soupirant et songeant que, de toute façon, ce que je disais ne l'intéressait certainement pas, je ne dis plus rien durant quelques secondes, réfléchissant à une façon de lui retirer cette expression impassible du visage. Je repris alors la parole :

      - Mais, moi, je pense que tu te contentes d'obéir à des ordres venant de plus haut et que ça n'est pas mieux.

      Je la voyais déjà venir. Elle allait m'ignorer royalement, ou bien me faire comprendre que mon avis ne l'intéressait pas. Si elle réagissait d'une autre façon, j'aurais gagné à la faire réagir, ne serait-ce qu'un peu. En espérant que cette réaction ne soit pas trop violente.





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Tenshi Taya
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Sam 21 Juin - 19:55


"Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?"





Le duo continuait de progresser, à son rythme. Peut-être juste assez rapidement pour Tenshi, clairement trop peu pour Izanami : au final, elle avait surtout hâte de voir l'autre naïve en sécurité, afin de quitter l'île et de l'abandonner à son sort sans aucun scrupule... Si discuter avec une demoiselle ne la gênait pas outre-mesure en temps normal, elle était actuellement en mission et ne devait pas chercher à esquiver ses devoirs, que ce soit volontairement ou non. Konan attendait des résultats, c'était une certitude : dans le cas contraire, ce n'était pas elle qu'il aurait envoyé à la poursuite d'Ernest, mais un quelconque mercenaire payé une centaine de berrys. De ce fait, la trafiquante comprenait bien que plus elle passait de temps à discuter avec cette inconnue, plus elle serait lente à remplir son objectif et à rentrer à Himitsu Shima où son employeur devait l'attendre de moins en moins patiemment... Certes, elle n'était pas motivée, comme les autres, par la crainte de recevoir quelques centaines de coups de fouet si elle ne réalisait pas sa mission à temps, étant donné que l'Harishigawa n'avait jamais eu recours à ce genre de punitions sur elle notamment grâce à sa loyauté indéfectible, mais malgré tout, l'envie de satisfaire son patron était plus forte que toute. La demoiselle voulait à tout prix qu'il la voit non pas comme un soldat ou un larbin comme les autres, mais comme un appui exceptionnel et indispensable grâce auquel il pourrait agrandir son influence et son commerce aux quatre coins du globe. Toutes ces divagations menaient donc à une seule conclusion : il fallait à tout prix que la bretteuse s'en aille avant qu'elle n'en vienne à couper la gorge de cette gamine pour la faire taire et pour avancer à allure raisonnable. Ceci étant, une fois n'est pas coutume, elle ne montra absolument rien de ses pensées morbides, conservant son masque d'indifférence tandis que l'autre jeune fille prenait d'ores et déjà la parole pour lui répondre. Cette dernière démontra dans un premier temps une certaine lucidité, déclarant plus ou moins qu'elle savait ce que pensait la hors-la-loi à son propos et qu'elle avait probablement raison. Mais la suite releva davantage de l'instinct suicidaire, et la Awazi le lui fit comprendre d'un simple regard glacial et en biais, ne prenant même pas la peine de tourner la tête, songeant à cet instant précis que ce serait-là un bien trop grand honneur pour elle. Elle prit ensuite la parole, après quelques simples secondes d'un silence bien dosé pour laisser un temps de réflexion à l'inconnue :

"Tu ferais bien de comprendre que je ne suis pas aussi pure que toi. Répandre du sang ne me gêne aucunement : le tien n'est pas une exception."

Le ton était donné. Après cet avertissement des plus explicites, la maudite reprit son habituel masque de froideur, regardant à nouveau droit devant elle en progressant toujours à allure modérée. Le port se rapprochait encore lorsqu'elle prit la parole une fois de plus :

"Concernant mon allégeance, tu n'as aucunement les cartes en main pour juger du bien fondé de la chose. D'ailleurs, je pense qu'il est plus sage d'obéir à quelqu'un de puissant, que ses ordres soient légitime ou non, plutôt que de se contenter de voguer bêtement et naïvement à travers les marasmes et les tourments humains."

La critique était méritée, pour une fois. Après tout, comment diable Tenshi pouvait-elle tenter de la juger sans sourciller, alors qu'elle avait été la première des deux à faire preuve d'une idiotie sans bornes ? Toutes les demoiselles du monde présentant un gramme de jugeote et de bon sens pouvaient décemment comprendre que Military Island n'était pas un endroit où on pouvait se promener seule et paisiblement. A moins d'être extrêmement repoussante ou célèbre pour diverses barbaries, aucune jeune femme ne pouvait s'en sortir ici sans avoir à combattre : Izanami elle-même avait bien failli être attaquée par l'un de ses pervers, malgré l'écusson de Konan qui luisait sur sa poitrine et les deux molosses qui l'accompagnaient désormais en portant le malheureux fugitif tel une vulgaire cargaison de fruits et légumes. Maintenant, il n'y avait plus grand chose à espérer, mis-à-part le fait que l'inconnue apprenne rapidement à tenir sa langue pour éviter de terminer son existence en un sinistre tas sanguinolent de dés de viande. A nouveau plongée dans le mutisme, la trafiquante ne prit même pas la peine de songer à relancer la discussion, espérant tout simplement que l'autre jeune fille ne comprenne enfin qu'il n'était pas judicieux de vouloir à tout prix lui adresser la parole. Les premiers navires se faisaient voir déjà bien plus clairement qu'auparavant : d'ici quelques minutes au grand maximum, le petit groupe serait arrivé sur les quais et n'aurait plus qu'à quitter ce fichu endroit rempli de répugnants mâles en rut. La maudite n'avait plus qu'une seule envie, à présent : de rentrer à Himitsu Shima pour contenter Konan et passer quelques jours sur l'île à apprendre la vie aux malfrats récemment arrivés.
Enfin, avant tout chose, la Awazi n'espérait que de pouvoir poursuivre le chemin dans un silence religieux et relaxant...

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Dim 22 Juin - 10:29


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    Quel crime avons-nous fait
    pour mériter de naître ?



      Le silence qui suivit mes paroles fut lourd de sens. En effet, il était pesant et avait certainement pour but de me faire comprendre que j'aurais mieux fait de tenir ma langue. Souriant bêtement, cela ne me gênait aucunement. Je n'avais pas peur de dire ce que je pensais, je ne craignais pas ce silence. Bien au contraire, cela en disait long sur cette personne. Elle pensait certainement que cela allait m'arrêter, que j'allais être effrayé par elle. Dans le fond, elle était peut-être tout aussi naïve que moi. Marchant toujours en silence, celui-ci fut rompu par la femme qui prit la parole d'une façon glaciale.

      Elle m'expliqua qu'elle n'était pas aussi pure que moi. Mais qu'en savait-elle ? Moi-même je ne saurais dire qui de nous deux était la plus pure, je ne me souvenais de rien et je savais pertinemment que mon passé n'était pas des plus beaux. Si je rêvais de mon ancienne vie la nuit, alors j'étais certainement la moins pure. Mais ça, elle ne pouvait pas s'en douter, elle jugeait sur les apparences. Quelle idiote. Quel dommage de considérer que telle ou telle personne est d'une certaine façon sans n'en rien savoir. Soupirant, j'écoutai tout de même ce qu'elle avait à dire ensuite.

      Elle répondit alors à ma remarque sur son obéissance à une autre personne. Comme attendu, elle m'expliqua que je n'étais pas bien placer pour en parler. Elle ajouta à cela qu'elle préférait obéir qu'agir bêtement et ne rien faire d'intéressant de sa vie. Sur ce point, j'étais d'accord, même si jamais je ne pourrais me résoudre à obéir totalement à une seule personne et à tout faire pour obtenir sa reconnaissance. Non, j'avais besoin de cette liberté qui me donnait le droit de faire comme bon je le voulais. Un instinct qui dépassait beaucoup d'autre chose.

      Marchant quelques secondes dans le silence, je ne pus pas tenir ma langue bien longtemps, il fallait absolument que je prenne la parole. Je ne pouvais pas la laisser s'en tirer aussi facilement, sur des paroles qui semblait implicitement me critiquer. Prenant mon souffle et souriant naïvement, je lui dis simplement :

      - Que sais-tu de moi ? Plus pure que toi, hein ? Laisse-moi en douter, je ne suis simplement pas, comme toi, en train de vanter mes mérites. Ce n'est pas parce que j'ai l'air docile et naïve que je suis d'une pureté absolue. Si je n'ai pas les cartes pour juger le bien fondé de ton allégeance, tu n'as pas les cartes pour me juger.

      Faisant encore quelques pas, je ne pus garder le silence bien longtemps. Je savais que cela n'allait pas lui plaire, mais après tout, elle ne m'avait rien fait pour le moment et c'était souvent ceux qui parlaient le plus, qui ne savaient rien. Alors, la grande méchante sanguinaire, j'avais du mal à accrocher à l'histoire. Je repris donc :

      - Tu as bien le droit d'obéir gentiment à quelqu'un. La liberté, ce n'est pas fait pour tout le monde et ça a un très grand prix. Tu sais, je n'ai fait qu'un petit pas vers la liberté et j'ai déjà peur de ce qui peut m'attendre au bout du chemin, alors je peux comprendre qu'on ait besoin de quelqu'un pour se fixer un objectif et faire quelque chose de sa vie.

      J'arrêtai mes paroles à ces quelques mots pour lui laisser le temps de réfléchir. Je n'avais pas l'intention de lui exposer ma vie dans son entièreté et j'espérais que cette petite parcelle la ferait un peu réfléchir, même si j'en doutais. Comment pouvait-elle comprendre alors qu'elle avait tant de dédain à mon égard ?





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Tenshi Taya
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Dim 29 Juin - 16:38


"Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?"





Des paroles d'une petite béate naïve arrogante et qui pensait tout savoir des hommes alors qu'elle ne savait même pas reconnaître des pulsions explicites et non camouflées. A vrai dire, si elle n'avait pas été aussi candide, Izanami aurait probablement déjà choisi de l'abandonner ici, au milieu de Military Island. Et puis, si elle avait été un homme, et bien la bretteuse aurait tout simplement utilisé son katana pour la réduire à néant, une fois pour toutes. Vanter ses mérites ? Quand diable l'envoyée de Konan avait-elle fait cela ? Elle établissait des faits, des réalités, et disait tout simplement que tuer ne la gênait et ne la gênerait aucunement. Puis vint le discours plus outrecuidant encore sur la liberté : selon cette fillette vraisemblablement tout juste sortie du cocon familiale et encore cible de bien des espoirs, il ne s'agissait pas d'une chose que tout le monde pouvait atteindre. De ce fait, Tenshi semblait dire qu'elle était l'une des rares à prendre le risque et à vivre dans une liberté parfaite, contrairement aux autres humains tels que la trafiquante qui se contentaient de suivre les ordres d'un homme lambda. A vrai dire, une fois de plus, cette inconnue frôlait la décapitation aussi subite qu'incontrôlée, et la seule chose qui maintenait alors sa tête sur ses épaules était tout simplement la bonne humeur toute relative de la guerrière suite à la capture d'Ernest un peu plus tôt. Si les circonstances de cette discussion avaient été différentes, probablement que les réactions de la brunette auraient divergé également... Quoi qu'il en fut, cette dernière se contenta dans un premier temps d'avancer en silence, sans jeter le moindre regard à son interlocutrice. Non pas qu'elle admettait ses torts, ou encore qu'elle réfléchissait ardemment à une réponse à formuler ou aux mots à choisir, mais bien que la Awazi n'avait finalement pas grand chose à cirer d'une discussion sur ce genre de sujets avec une idiote qui n'avait encore et visiblement pas eu de confrontation directe avec la gent masculine et le douloureux monde réel. Un oiseau de candeur peut avoir l'illusion de voler, ça n'est pas pour autant que ses ailes enchaînées par les vices et la corruption pourront se mouvoir d'une façon ou d'une autre. Oui, au final, cette jeune-là était probablement la plus à plaindre, car elle était prisonnière de ses propres chimères d'espérance. Pauvre gamine.

La maudite arriva bien rapidement à son navire où les deux colosses avaient d'ores et déjà balancé le fugitif dans une cellule, dans la cale. Ce gars y passerait les quelques jours à venir, et aurait la chance d'être nourri avant de recevoir le juste châtiment qu'il méritait pour n'avoir pas payé son dû à Konan. Izanami se tourna alors en direction de Tenshi et lui envoya un regard froid, mais calme et dénué de quelque mépris que ce soit. Au final, elle avait plus pitié de cette fillette qu'autre chose. Elle ne la haïssait pas : il était de bon ton, pour quelqu'un qui débutait dans la vie, de croire aveuglément en cette dernière. Quoi qu'il en fut, la bretteuse se décida à prendre la parole, répondant enfin à ce qu'avait pu lui dire l'autre jeune femme un peu plus tôt pendant que les membres d'équipage préparaient l'embarcation :

"Tu es sotte et candide. La liberté, ça n'existe pas. Au contraire, j'ai probablement bien plus de liberté dans ma condition de subordonnée que tu ne pourras en obtenir durant toute ta vie de femme émancipée et courant après des principes aussi morts que la bonté naturelle."

La Awazi continua de scruter cette demoiselle droit dans les yeux et ajouta par la suite :

"Nous partons vers Himitsu Shima. Si tu veux rester ici, libre à toi. Si tu veux nous accompagner jusqu'à la prochaine escale, tu le peux aussi. Toutefois, je te déconseillerais par pure gentillesse de me reparler de liberté ou d'innocence. Personne sur cette foutue terre n'est innocent, et surtout pas les hommes. Ceux qui te poursuivaient étaient juste plus idiots et moins délicats que les autres, j'espère pour ta santé physique et morale que tu le comprendras avant qu'il ne t'arrive malheur."

Puis, sans s'occuper davantage de Tenshi, Izanami tourna les talons et commença à s'éloigner, se dirigeant tout simplement vers sa cabine. Elle aurait bien envie de prendre un bon bain, une fois que le navire serait lancé sur les mers : cela aurait au moins le don de lui changer les idées...

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Du coup c'est probablement la fin du RP, selon ta réponse !
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Tenshi Taya
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Mar 1 Juil - 23:22


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    Quel crime avons-nous fait
    pour mériter de naître ?



      Nous étions presque arrivés au port. En vérité, je n'avais presque pas vu le temps passer en compagnie de cette très froide, mais néanmoins sympathique personne. Je ne doutais pas de sa gentillesse, après tout, elle ne m'avait pas abandonné seule sur l'île alors qu'elle aurait très bien pu le faire sans aucun regret. La fin du chemin se fit néanmoins dans le silence. Je laissais l'occasion à la bretteuse de prendre la parole à son tour et de s'exprimer. De toute façon, cette discussion n'avait pas de sens. Je ne parviendrais pas à la faire changer d'avis et elle n'y arrivera pas non plus. C'était triste à dire, mais c'était la vérité et, même si je n'en étais pas vraiment consciente, tout au fond de moi, je le savais.

      Quand la femme se stoppa, je m'arrêtai avec elle attendant la suite des événements. Elle allait certainement partir à présent. Allait-elle seulement me laisser ici, seule ? J'en doutais. Elle allait certainement me proposer de l'accompagner par politesse, mais je n'étais pas certainement que ma présence serait la bienvenue. Néanmoins, pour le moment, je ne pipais mot, attendant, tout simplement. Enfin, elle se retourna dans ma direction et m'accorda un regard glacial. Décidément, elle n'avait vraiment pas l'air de m'apprécier et j'hésitais presque à prendre la fuite pour sauver mes yeux. Néanmoins, le regard fut accompagné de paroles. Toujours la même chose.

      Elle me disait que j'étais une imbécile. Je l'avais bien compris à présent. Elle ajoutait à cela que la liberté ne pouvait pas exister. Je n'étais pas d'accord avec cela, néanmoins, elle ne me laissa pas le temps de donner mon avis et enchaîna en prétendant qu'elle était bien plus libre que moi à présent. Cela me fit sourire car je doutais que cela soit réellement le cas. Après tout, elle ne s'en est pas pris à cet homme sans raison, mais bien parce que quelqu'un le lui avait demandé. Moi, je ne ferais pas cela pour des raisons aussi futiles. Soupirant, je l'écoutai continuer à parler. Elle m'expliqua qu'ils se dirigeaient vers Himitsu Shima et qu'ils pouvaient me déposer à leur prochaine escale ou me laisser ici, tout simplement. La première option était la plus tentante, cela allait m'éviter de chercher un moyen de transport et d'avoir à dépenser des berrys pour l'utiliser. Elle ajouta néanmoins une condition : je n'avais plus le droit de lui parler ni de liberté, ni d'innocence. Cela ne me paraissait pas bien compliqué, pour le moment. Elle ajouta à cela que les hommes qui m'avaient suivi n'était pas innocent, loin de là, et qu'il fallait que je l'accepte.

      Je ne répondis rien à cela. La voyant tourner les talons et prendre la direction de son navire, je pressai le pas pour la rattraper. Je devais avoir l'air d'un pot de colle, à la suivre partout. Mais je n'avais pas vraiment le choix, ou du moins, je venais de choisir la possibilité la moins compliquée et la moins encombrante. Du moins, c'était ce qu'il me semblait, mais je n'étais pas certaine que ce voyage serait de tout repos, autant pour moi que pour Izanami. Je me mis donc à son hauteur, lui disant sans une once d'hésitation dans la voix :

      - Je veux bien vous accompagner jusqu'à votre prochaine escale, après tout, je n'ai rien de mieux à faire.

      Prenant le temps d'une réflexion, l'espace d'une seconde, des tas de questions me brûlaient les lèvres. Je n'osais pas toutes les poser d'une traite et j'avais même du mal à prendre la peine d'en poser une seule. J'avais l'impression que cette femme allait exiger de moi le silence à la prochaine parole que je tenterai d'émettre. C'était bien triste à dire. Je posai alors la question qui me paraissait la plus logique et la plus importante :

      - Au faite, c'est où votre prochaine escale ?

      Après tout, je montais sur un bateau sans savoir où il allait. C'était vraiment idiot de ma part et je montrais, encore une fois, que j'étais d'une grande naïveté. Personne n'oserait monter sur le bateau d'inconnus. D'ailleurs, des parents le répétaient souvent à leurs enfants : Ne jamais monter dans le navire d'un inconnu, et surtout pas s'il nous propose des friandises.





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Tenshi Taya
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Mer 2 Juil - 23:15


"Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ?"





Au final, peut-être que Tenshi avait été capable de faire preuve d'une sagesse élémentaire, en comprenant qu'il ne servirait pas forcément à quelque chose que de persister à vouloir discuter de ce genre de choses. C'est en tout cas la conclusion que put en tirer Izanami durant le trajet qui se fit en silence et le calme qui suivit son ultime tirade. C'était une bonne chose, quoi qu'il en fut : si la jeune femme souhaitait partir de là au plus vite, et sans avoir à payer qui que ce soit, l'occasion était inespérée, et devoir garder le silence vis-à-vis d'une poignée de principes naïfs ne serait qu'un faible prix à payer. Loin d'être absolument exténuée par l'acharnement que semblait éprouver son homologue à vouloir la poursuivre constamment, la maudite la laissa se rapprocher sans presser le pas, gardant toujours son air très calme et sérieux pour progresser à son rythme. Au final, une présence féminine ne serait pas non plus à fuir, sur un navire si morne et si austère, plus masculin que les enfers... Cela ferait un peu de compagnie à la trafiquante, qui n'irait pas s'en plaindre, quand bien même la compagnie en question faisait preuve d'une candeur à toute épreuve. Elle resterait bien moins ennuyante que ces mâles en chaleur, mouvés par la seule tentation de déverser leur libido sur une pauvre inconnue, ayant pour seul crime celui de posséder un organe qui se prêtait à ce genre de déferlement d'énergie bestiale. Gardant ses funestes pensées pour elle, la Awazi continua de progresser en écoutant d'une oreille plus ou moins distraite ce que lui disait la voyageuse. Elle souhaitait donc les accompagner jusqu'à leur prochaine escale... Une bonne chose, au final : même si elle ne refusait pas de présence féminine sur le navire, la subordonnée de Konan se doutait malgré tout que l'interdiction formelle de parler de liberté et de ce genre de niaiseries ne pourrait retenir les mots de la demoiselle éternellement. De ce fait, il était bon de savoir qu'elle s'en irait avant l'escale finale qui, fut dit en passant, était au moins aussi dangereux en terme d'environnement masculin que Military Island, qui s'éloignait déjà du navire ébranlé par les eaux.  

Ainsi, lorsque Tenshi prit une nouvelle fois la parole pour demander à la jeune fille qu'elle serait leur prochaine escale en question, cette dernière prit la peine de répondre, toujours aussi sereine en apparence :

"Royaume de Trader, avant de quitter South Blue pour Grand Line."

Une telle escale était nécessaire, après tout : la suite du trajet risquait d'être des plus mouvementés, car les mers agitées de l'autre côté de Red Line réservaient souvent des surprises à ceux qui l'empruntaient, même lorsqu'ils étaient envoyés par un puissant baron de la pègre internationale... Izanami espérait dans tous les cas qu'aucun inconscient ne tenterait quoi que ce soit à leur encontre, étant donné qu'ils risquaient fort de se heurter à un mur insurmontable. Elle n'était pas la seule à savoir se défendre, à bord... Repousser un assaut de quelques débutants ne serait qu'un jeu d'enfant des plus distrayants. Malheureusement, il leur fallait désormais rentrer au plus vite : Konan n'attendait pas.

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