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Dim 12 Avr - 14:28
Préparatifs

Le sang est une chose difficile à nettoyer. Physiquement parlant, avec un peu d'eau, on peut l'ôter de son épiderme sans problème. Mais moralement, une fois que l'on a plongé les mains dedans, celles-ci ne peuvent jamais retrouver leur propreté originelle. Ceux qui choisissent le chemin de la vengeance en se laissant guider par la haine se retrouvent vite avec chaque centimètre carré de leur peau teinté d'un vermeil sombre, profond, et dégoûtant. Cette salissure ne partira pas... Jamais. Que dirais ma famille si elle me voyait maintenant ? Alors que je suis dans une habitation de Merotsuchi Island, avec le sang d'un homme sur mes mains, sur mon visage. Il faut dire que brûler la trachée de quelqu'un a tendance à le faire cracher l'épais liquide écarlate plutôt facilement, juste avant de lui ôter la vie.

Dans la nuit sombre, alors que la pièce est juste éclairée par une bougie donnant une atmosphère oppressante à la scène qui vient de se dérouler, je regarde ce cadavre calciné qui gît devant moi. Qui était-il ? L'ai-je tué sans raison, sans motif valable ? Bien sûr que non. Même si mon âme est teintée par le crime et la mort, je ne suis pas le genre de personne qui ôte la vie sans avoir une raison de le faire. Il s'agit d'un énième officiel, agissant pour le compte du Gouvernement Mondial, en tant que comptable pour une personnalité locale de l'île. Le fait qu'il refuse de me donner les informations sur la sécurité de celle-ci ne m'engageait pas, de base, à me montrer tendre avec lui. Le fait qu'il était en train d'essayer de prévenir ma future cible via escargophone me poussa à l'être encore moins. J'avais eu raison de faire demi-tour après lui avoir arraché les informations que je voulais, afin de vérifier ce qu'il allait faire. Le voir avec l'appareil de communication en main, prêt à composer le numéro, me confirma que je devais lui ôter la vie, car il s'agissait d'un être de la pire espèce qui soit.

J'avais quand même tiré de lui de précieuses informations. A dire vrai, j'avais obtenu plus que ce que j'étais venu chercher. Je savais maintenant où résidait Lence Roward, l'un des hommes marqués dans la liste de mon père. Il s'agissait à l'époque d'un membre du Cipher Pol Five, défavorablement connu pour être mêlé à la disparition de plusieurs jeunes femmes. Cette ordure profitait de sa position au sein du Gouvernement pour se livrer à l'enlèvement et sans doute au meurtre de celles-ci. Tout comme les autres individus marqués sur la liste, il était coupable des crimes ayant mené ma famille à sa destruction. Et l'heure était venue de lui faire payer, avec les intérêts. Mais l'information qui me fit écarquiller les yeux lorsque son comptable me la donna en crachant son sang, fut le fait que depuis quelques jours, un Tenryuubito résidait dans le manoir de Lence, pour affaire. Comme quoi, les cafards attirent les cafards.

Quittant la demeure de mon "indicateur" en semant quelques gouttes de lave qui déclenchèrent un incendie, je m'avançais dans la nuit pour me diriger en direction du manoir de Lence. Il était temps de régler mes comptes avec lui... Et de prendre un bonus au passage. La tête d'un Dragon Céleste était une chose difficile à obtenir, et sans doute que la garde serait renforcée suite à cette venue. Mais rien ne m'empêcherait d'écraser ces deux insectes d'un seul coup sous ma semelle, même si je devais transpirer le sang par tous les pores de ma peau. Après une demi-heure de déambulation dans la ville, je finis par arriver face à la colline où se trouvait l'immense bâtisse. Quelque chose d'aussi gros que l'égo de son propriétaire, sans aucun doute. Ou peut-être s'agissait-il d'un problème de compensation d'autre chose. Toujours fut-il qu'un muret assez haut entourait le domaine, alors que je voyais clairement plusieurs gardes postés ici et là pour surveiller.


Que le spectacle commence...



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Sam 25 Avr - 22:32
Rédition

Certains n'hésiteraient pas à dire que je suis vicieux s'ils avaient vent de ce que j'ai fait pour attaquer le manoir de Sir Roward. Dans un exposé des faits concrets, il serait judicieux de dire que j'ai juste provoqué une explosion volcanique à l'arrière de la bâtisse. D'une façon nettement plus imagée, on pourrait aisément sous-entendre que j'ai explosé l'arrière-train de la baraque comme un sadique qui s'amuserait avec une masochiste dans un jeu pervers et violent. Le muret arrière, du côté jardin, présentait désormais une belle alcôve très discrète, d'environ un mètre et demi de hauteur pour un mètre de large. C'est ce qui se passe quand un corps composé de magma passe à travers des briques comme s'il voulait passer un mur de beurre.

En revanche, tout la patio et la véranda n'eurent pas la chance d'avoir juste un "petit trou". L'arrivée prématurée de trois gardes m'avait poussé à sortir des arguments un peu plus convaincants. Un Dai Funka avait fait brûler et fondre un bon sixième de l'immense baraque. Après tout, maintenant que j'étais repéré, ce n'était plus la peine de me retenir. Puis exploser le manoir empêcherait mes deux cibles de se cacher. Plusieurs gardes arrivèrent alors à la suite, comme des fourmis attirées par un morceau de sucre. Tch... Voilà qui était gênant. Sans l'ombre d'une hésitation, je me lançais dans le combat, fonçant à toute allure vers mes opposants qui tiraient plusieurs coups de feu sans une once d'hésitation. En même temps, pourquoi en auraient-ils eu ? J'avais fait sauter un pan complet du manoir, même si ce dernier n'était que le côté "extérieur", nettement plus petit que le reste de la baraque. Si un type se pointait chez moi en jouant les pyromanes, je n'hésiterais pas non plus à lui exploser les miches.

Les balles fusaient alors que j'approchais rapidement de la douzaine d'agents en costards. Leurs balles fusaient, passant près de moi tandis que je courais, arrivant au niveau d'un premier auquel j'assénais un coup de pommeau en sortant mon épée. Cela suffit à le mettre à terre, alors que je fis un tour sur moi-même pour sortir complètement mon arme et donner un coup horizontal à un deuxième gus, avant de continuer vers ses congénères. Un coup d'épée vertical pour en abattre un troisième, puis un quatrième, et un cinquième. Exécutant un véritable ballet artistique, faisant virevolter ma lame en bondissant, courant, sautant, donnant des coups de pieds. Un peu plus de la moitié d'entre eux étaient à terre avant que je ne me prenne non pas une balle, mais un tir de canon portatif. Vous savez, le gros truc qui ressemble à un bazooka et qui tire des boulets là. On dit que ça ne fait pas du bien, et je confirme.

Mais la mine des adversaires, lorsqu'ils passèrent du sourire en pensant m'avoir tué, à un air effrayé en voyant la moitié de mon corps se reconstruire lentement avec de la lave, n'avait pas de prix. Courant à nouveau vers eux, je m'arrêtais au centre du groupe, affichant un sourire avant de relâcher un Funka. Mon corps tout entier généra une explosion volcanique qui envoya les cinq marauds passer un appel à la faucheuse. M'éloignant de ce qui restait du salon avec un sourire, je n'étais cependant pas si satisfait que je le laissais sous-entendre. Même si je pouvais assimiler ce petit combat à de la résistance, je n'avais pas encore croisé de véritable défense. J'aurais pourtant pensé que la présence d'un Tenryuubito aurait suscité des gardes plus expérimentés, mieux équipés, et surtout plus nombreux. Ce n'était pas normal.

Je me mis alors à courir rapidement, allant dans le grand hall pour découvrir qu'il n'y avait toujours personne. Cette baraque était immense et j'avais du mal à me repérer. Deux immenses escaliers se trouvaient de chaque côté de la porte d'entrée. Lequel choisir ? Ce fut le bruit d'un objet assez lourd qui tombait sur le sol, du côté droit, qui me décida à partir de ce côté. Sans une once de réflexion, je me lançais à corps perdu dans la direction de ce bruit qui, selon moi, témoignait de la présence des individus que je cherchais. Lence Roward et le Dragon Céleste. Leur heure était venue ! Et j'allais faciliter le travail de la faucheuse en les expédiant moi-même en Enfer ! A force de courir, je finis par arriver devant une porte double, que je pris soigneusement la peine de défoncer en sautant, pied en avant. Le bois vola en éclat et une bonne partie de l'entrée vola ainsi à travers une gigantesque chambre, de taille plus qu'imposante. La tapisserie bordeaux, de la même couleur que le gigantesque lit à baldaquin qui s'y trouvait, témoignait du fait qu'il s'agissait d'une chambre à coucher des plus cossues qui soient.

Et là, devant le boudoir, je vis ce que j'étais venu chercher. Enfin, presque. Je voyais bien Lence, avec sa barbe, son costume haute couture, ses airs de dandy, ainsi que sa douzaine de gardes du corps. Mais en revanche, pas de trace du moindre Tenryuubito. Où est-ce que cette ordure se cachait ? Alors que je le cherchais des yeux, ces derniers se posèrent sur la chaîne en acier que tenait mon hôte. Au bout de celle-ci, on pouvait voir une jeune fille en haillons, marquée par des coups et autres blessures. Elle gisait, posée contre le mur, un collier autour du cou. Mais ce qui me choqua le plus fut son regard. Un oeil était caché par sa chevelure brune crasseuse, alors que l'autre était ouvert, mais semblait vide de toute vie. C'était comme si elle n'était qu'une coquille vide. Et pourtant, elle semblait toujours respirer.


Où est le noble de Mariejoa. Parles sur le champ Roward, et je ferais peut-être en sorte de te tuer rapidement !

Comme toujours, je ne prenais pas la peine de me perdre en formalité. J'étais venu ici pour prendre deux têtes, et je comptais bien honorer ce contrat moral passé avec moi-même. Où était le fichu gros lard à tête de scaphandre pardieu ! Et surtout, où étaient ses gardes ? Ne pas les voir m'inquiétait au plus haut point, me laissant redouter de les voir débarquer d'un seul coup à trois cents contre un.

J'ignore qui tu es et ce que tu viens faire ici, mais la bienséance voudrait au moins que tu te présentes à la personne dont tu as ravagé une bonne partie de son lieu de résidence, tu ne crois pas ?

Ce salaud agissait avec un calme des plus étonnants, et à mon sens, cela n'augurait rien de bon. Il savait qu'une partie du manoir avait volé en morceaux, alors pourquoi était-il aussi serein ? En général, ce genre d'ordure n'est pas sujet à la panique lorsqu'il possède en main une ou plusieurs cartes lui assurant la victoire. Cela ne me plaisait pas de voir ce type aussi calme, et je sentais que je commençais à perdre patience. Cela se ressentit d'ailleurs très bien dans ma réponse.

Lèche mes fesses, face de pet ! Si tu ne veux pas parler, je n'ai qu'à t'y obliger !

Alors que je me mis à m'avancer vers lui, faisant rougeoyer mon bras en le faisant fumer, comme s'il s'agissait d'un fer chauffé à blanc qui ne demandait qu'à tutoyer la peau de mon interlocuteur, ce dernier tira un grand coup sur la chaîne en fer, bougeant brutalement la jeune femme qui arriva à son niveau, devant lui. Il l'agrippa brusquement par le menton, la plaçant entre lui et moi, comme s'il s'agissait d'un objet. Malgré la brutalité du mouvement, cette dernière ne fit rien d'autre qu'une grimace de douleur, sans pour autant laisser émaner le moindre son, comme si elle était passée maîtresse dans l'art de la retenue.

Voyons voir à qui j'ai à faire. Es-tu le genre de salaud qui n'hésitera pas à tuer une innocente ? Ou le genre de justicier qui répugne à prendre la vie des pauvres jeunes filles ?

Je stoppais alors mon avancée. Cette fille était le seul obstacle qui me séparait de l'un de mes objectifs. La haine et la colère qui régnaient en moi me hurlaient de ne pas tenir compte de sa vie, de la lui prendre si cela me permettait de tuer Lence. Même si je fermais les yeux un instant, en pensant à cela, je sentais chaque battement de mon coeur me pousser à passer mon bras à travers son corps, pour atteindre celui de Roward. Cette envie me brûlait les entrailles, plus encore que la lave qui les constituait. Je me remis alors à avancer d'un pas, brandissant mon bras en arrière pour faire un mouvement. J'allais tuer cette fille. J'allais tuer Lence. J'allais faire un pas de plus vers ma vengeance.

Alors que mon bras s'avança pour exécuter cette action, j'eus le flash de Laurence, la jeune femme que j'avais rencontrée sur l'île minière quelques semaines auparavant. Son sourire chaleureux, les bons moments passés à ses côtés. Tout cela me rappela ces discussions que nous avions eu, où elle me voyait comme "quelqu'un de bien", pour reprendre ses mots. Cette simple réminiscence suffit à stopper mon poing avant de commettre l'irréparable. Ce dernier s'arrêta à quelques centimètres de la peau de l'inconnue. Je pouvais déjà sentir que la chaleur et la proximité de la lave brûlait légèrement son épiderme et le lin de ses vêtements, risquant à tout moment de l'embraser.

Je baissais alors mon bras, fixant Lence de mes iris écarlates. Si mes yeux avaient eu un quelconque pouvoir meurtrier, il était certain que cet homme serait mort sur le champ. Voir son sourire arrogant et satisfait lorsqu'il constata qu'il avait bien parié sur le genre d'individu que j'étais, me rendait encore plus en colère que je ne l'étais déjà. Ses sbires passèrent alors autour de moi sans dire un mot, me passant des menottes qui me firent sentir immédiatement lourd, comme si j'étais nauséeux, patraque. Du Kairouseki... Voilà qui allait être plutôt gênant à gérer. Lorsque les entraves furent fermée, l'autre espèce de pourri ne put s'empêcher de rire aux éclats, avant de faire un mouvement brusque de la main en laissant tomber la jeune femme sur le côté, comme s'il s'agissait d'un bibelot.


Pauvre idiot. Ta "cible" est déjà partie depuis plusieurs heures. Estime-toi heureux que ce soit le cas, sans quoi, tu aurais fini avec ta tête séparée de ton corps depuis un moment. Et dire que tu es assez bête pour avoir décidé de sacrifier ta vie pour cette fille...

Il tira à nouveau sur la chaîne, laissant le corps de la jeune femme gesticuler comme un vulgaire bout de chiffon. Ressaisissant sa tête entre ses mains, j'étais effaré de voir à quel point l'adolescente manquait de réaction alors qu'elle était ainsi malmenée.

Cette pauvre créature est un cadeau laissé par mon invité. Tu viens de décider de mourir pour une pauvre poupée cassée dont les nobles de Mariejoa n'ont plus rien à faire et se sont lassés. Elle n'est plus rien qu'une coquille vide après tout ce qu'ils lui ont fait subir. C'est comme si elle était déjà morte, et tu viens de te laisser capturer pour sauver cette carapace vide. C'en est risible au plus haut point !

Son rire résonna alors dans toute la chambre, alors qu'il ne me regardait déjà plus et relâchait la brunette qui s'effondra sur le sol, comme si elle était sans vie. Je ne savais pas ce qui m'énervait le plus. Savoir que le Tenryuubito était parti, ou voir cette fille ne pas réagir alors qu'elle était malmenée de la sorte. Je n'osais pas imaginer le genre d'existence qu'elle avait vécue. Les Dragons Célestes étaient connus pour être irrémédiablement sadiques, pourris, voire même psychopathes, considérant leurs esclaves comme des jouets qu'il est amusant de casser avant de les jeter aux ordures. C'était le sort qu'avait reçu cette fille, et sans doute ne retrouverait-elle jamais l'envie de vivre après ce qu'elle avait vécu.

Et pourtant... Voir quelqu'un abandonner la vie, même après toutes ces épreuves, m'énervait au plus haut point. Peut-être même plus que le rire strident de l'autre salaud qui exultait de l'ironie de la situation. Je refusais de perdre la vie pour rien. Je refusais de considérer cette fille comme "rien". Dans un élan d'énergie, je donnais alors un coup de coude à l'un des gardes, lui brisant le nez, avant de m'avancer et de me mettre à genoux devant la jeune fille.


Réagis bordel ! Tu es toujours en vie nom de Dieu ! Peu importe le passé ! Arrête de te contempler dans ta souffrance !

Un violent coup sur ma tête me fit alors tomber, visage au sol. Ce coup là allait laisser des traces. Relevant péniblement la tête alors que j'étais allongé sur la moquette de la chambre, toujours en entendant Roward se moquer de mes paroles, je ne tenais pas compte de ce parasite. Toute mon attention était portée sur la demoiselle qui me fixait, toujours avec ce regard vide. Je n'avais pas besoin de mots pour comprendre ce qu'elle ressentait. Pas besoin de communiquer pour connaître ses pensées, m'étant trouvé dans le même état qu'elle quelques années auparavant. Peut-être pas aussi violemment, peut-être pas en ayant subi autant qu'elle, mais en connaissant tout de même la nature de sa souffrance.

Tant que tu respires, trouve de quoi avoir envie de vivre ! Et si tu ne trouves pas de but, alors trouve quelqu'un en qui avoir confiance ! Et si tu n'en trouves pas, alors ais confiance en moi ! Tu sortiras d'ici ! Que ce soit la colère, ou l'envie qui te guide... VIS ! Arrête de faire plaisir à ces enfoirés !

L'étreinte de mes gardes me releva sans délicatesse du sol, me tordant légèrement les bras. Et alors que j'entendais Lence me dire qu'elle ne vivrait pas très longtemps et qu'elle partagerait mes "quartiers" en attendant qu'il ait fini de jouer avec elle, je jetais un dernier coup d'oeil vers la jeune fille. J'ignorais si mes mots avaient trouvé un écho chez elle. Mais avant que la porte de la chambre ne ferme, j'eus l'impression de voir comme une étincelle dans son regard. Ce fut cependant trop bref pour que je sache si j'avais rêvé ou non. Était-ce vrai ? Ou était-ce juste moi qui espérais que mes mots l'avaient touchée ? Je n'aurais sans doute jamais la réponse à cette question.

Sans autre préambule, je fus conduit jusqu'à une sorte d'ascenseur qui descendit profondément, très profondément, sous le manoir. J'ignorais à combien de mètres sous le sol nous étions, mais à en juger la durée et la vitesse de la descente, on pouvait compter une bonne vingtaine, voire davantage. Lorsque la porte s'ouvrit, le spectacle qui se présenta à moi était des plus immondes. Des cachots, le long d'un couloir qui faisait facilement une centaine de mètres, le tout éclairé par des torches donnant un aspect sordide à cette scène. Et alors que j'avançais péniblement le long du couloir, je voyais des femmes, plusieurs demi-douzaines dans diverses cellules, toussant, dormant, couvertes de marques, dans les différences pièces se trouvant à droite et à gauche de l'allée. Lence les "stockait" ici avant de "s'amuser" avec elles. Et que faisait-il lorsqu'elles n'étaient plus "utilisables" ? La réponse à cette question me sauta au visage et j'eus préféré ne pas l'avoir.

Juste en face de ma cellule, je vis une pièce fermée par une porte, empêchant de voir ce qui s'y trouvait. Mais l'odeur était assez nauséabonde et familière pour que je le devine aisément. Si j'avais un doute concernant le fait que ce cher Roward était un malade doublé d'un psychopathe, il venait de s'envoler. Pour que l'odeur soit si forte, j'ignorais combien de corps gisaient derrière cette porte. Et vu que les murs s'étalaient sur une bonne vingtaine de mètres, je n'osais pas l'imaginer. Voilà donc comment je m retrouvais en cellule, sans arme, avec des menottes en granite marin aux poignets, attendant le moment de ma mort... Ou de ma libération. Le tout après avoir été sensiblement rossé de coups par mes geôliers qui me laissèrent, gisant dans mon propre sang, dans la cellule. Mais j'avais traversé des épreuves bien plus douloureuses, bien plus désespérantes. La douleur physique infligée... Le désespoir de la scène s'offrant à moi en voyant toutes ces femmes apeurées, battues, était loin de pouvoir me faire abandonner.

La flamme de la rage et de l'espoir brillait dans mes yeux. Aucune chance que ces salauds me fassent abandonner. J'étais captif... Mais pour combien de temps ? Que ce soit les pieds devant ou non, j'allais sortir d'ici, et sûrement après m'être battu comme un beau diable ! Restait à trouver le moyen de m'échapper. Ce fut avec ces pensées que je laissais mon esprit lâcher prise et ma conscience sombrer, après avoir reçu encore et encore d'autres coups par mes bourreaux. Je sortirai d'ici...

Et avec la tête de Lence sur une pique !



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Dim 26 Avr - 10:42
Révolte

Combien de temps s'était écoulé depuis ma captivité ? Deux jours ? Peut-être trois. Impossible de savoir en se trouvant sous terre de la sorte, sans repère temporel. Et les séances de torture s'enchaînaient les unes après les autres. Depuis mon arrivée, Lence m'avait amené dans la pièce face à ma cellule. Plus que des corps de jeunes femmes empilés dans des chariots, on voyait des membres tranchés, suspendus à des crochets, des seaux se trouvant en dessous pour recueillir le sang qui coulait de ces derniers. D'autres étaient cousus entre eux, comme si ce malade essayait de jouer les chirurgiens de l'Enfer avec des morceaux de cadavre. Pourquoi me torturait-il dans ce cas ? Je n'étais pas vraiment le genre de personne qu'il prenait plaisir à voir souffrir. Il ne me posait même pas de questions en plus. La réponse à cette question était aussi tordue que celui qui la fournit.

Le seul fait de t'entendre crier alors que tu es un homme... As-tu idée d'à quel point cela effraie les demoiselles dans les cellules d'à côté ? A quel point elles sont déjà terrifiées en voyant que même un homme hurle de douleur ? C'est si exquis de voir leur visage déformé par la peur avant même que je ne les touche !

Mais même si je criais, je serrais les dents, la rage et la colère qui grondaient en moi étant assez forte pour changer la peine en énergie me donnant la force de continuer. Et pour chaque cri que je relâchais, une insulte hurlée à plein poumons suivaient, comme pour contrer l'effet sadique que ce malade voulait avoir sur ses victimes. Insulter ce monstre avait pour effet de montrer qu'au-delà de la douleur, j'étais toujours conscient, je ne restais pas à me contempler dans la peine qu'il m'infligeait en m'abandonnant à celle-ci. Ma volonté... Ce salaud ne la briserait jamais ! Pas avec des moyens aussi limités que des pinces et autres scalpels dont il se servait pour me couvrir de plaies. Cela pouvait peut-être me faire parfois crier, mais cela n'atténuerait jamais ma rage et ne ferait que nourrir le feu qui brûlait en moi.

Après quelques heures, j'étais de retour dans ma cellule, désormais en compagnie de la jeune brunette que Lence avait pris en otage pour me conduire ici. Je voyais qu'elle m'observais du coin de l'oeil, même si ses mouvements étaient ralentis, comme si elle n'avait plus de force, plus d'envie de vivre. Alors que je gisais dans mon sang, je serrais toujours les dents, me relevant à chaque fois qu'ils me jetaient à terre après la torture. Je sentais le regard de la jeune femme sur moi. Pas besoin d'être un devin pour savoir ce qu'elle pensait. Elle se demandait pourquoi. Pourquoi, après avoir été saigné, scarifié de la sorte, je me relevais toujours, respirant de façon haletante, saignant, souffrant, mais avec toujours la volonté de me battre.

Même si elle ne parlait pas, je lui adressais parfois quelques phrases, quelques questions rhétoriques. Peut-être pour passer le temps, peut-être pour essayer de produire chez elle une réaction. Mais sa voix ne sortait pas. Mes yeux se perdaient dans les siens parfois, à la recherche d'une étincelle de vie comme celle que je croyais avoir aperçue quelques jours plus tôt. Mais rien n'y faisait. Je ne voyais que son oeil gauche, le seul qui n'était pas caché par sa chevelure, me suivre du regard, alors qu'elle ne parlait pas. Cette fille... Elle n'avait pas d'envie de vivre. Elle n'avait pas de raison de vivre. Voilà ce que me disaient ses yeux. Et la voir ainsi... Cela m'insupportait. Les autres victimes que je pouvais voir dans les autres cachots étaient rongées par la peur. Mais la peur de mourir, de souffrir. En ce sens, je pouvais dire qu'elles tenaient encore à la vie. Mais pour celle qui était avec moi, je ne sentais rien de tout cela. C'était comme si elle avait abandonné... Et cela, je ne le supportais pas.


Tu pourrais au moins me dire ton nom tu ne crois pas ?

En avait-elle seulement un ? Je savais que les esclaves des Tenryuubitos étaient détruits psychologiquement après peu de temps passé en leur compagnie. Parfois même qu'ils étaient faits prisonniers alors qu'ils n'étaient que des enfants, avant même qu'ils ne soient arrivés à l'âge de raison. Mais avant que j'eusse le temps d'insister, l'un des geôliers arriva, laissant ses traces de pas résonner sur le parquet en bois de l'annexe souterraine. Cette démarche, cette allure nonchalante. C'était Roward. Je n'étais pas le seul à connaître ce pas inquiétant. Toutes les femmes présentes dans les cellules se recroquevillèrent, poussant déjà des sanglots. Cet enfoiré jubilait sans doute intérieurement rien qu'en entendant ces derniers, en sentant à quel point il avait une forte emprise sur ces jeunes femmes. Le noble barbu s'arrêta devant ma cellule avec un sourire jusqu'aux oreilles.

Aujourd'hui est le dernier jour que je passe en la compagnie de ta camarade de captivité jeune homme. Elle ne me satisfait pas du tout. Pas de réaction, même lorsque je la charcute un peu. Pour mettre fin à ce jeu ennuyeux, je vais cependant prendre tout mon temps.

Cet enfoiré savait pertinemment que ses mots allaient provoquer chez moi une vive réaction. De toutes les tortures qu'il aurait pu me faire, me dire qu'il allait tuer une innocente et que je ne pouvais rien y changer, étant sans doute la pire. Me relevant brusquement, j'avais beau cracher toute ma haine en l'incendiant verbalement, rien n'y changea. La seule différence fut de voir son sourire déformer son visage, constatant que sa stratégie pour enfin me faire souffrir, venait de marcher. Un garde entra pour me frapper d'un coup de crosse de fusil dans le ventre, me mettant à terre, toussant lourdement, alors qu'il emmenait ma compagne de cellule. Mais pour une fois, quelque chose changea dans le schéma de réaction de la brunette. Une fois hors de la cellule, elle cessa d'avancer, avant de se tourner vers moi, posant son regard sur moi, toujours sans vie.

Lazarus... Joe.

Mes yeux s'écarquillèrent lentement, alors qu'elle se dirigeait vers l'ascenseur avec Lence qui jubilait intérieurement. Son nom... Elle venait de me donner son nom. Mais si l'on aurait pu penser que cela signifiait qu'elle s'ouvrait enfin à moi, je comprenais qu'il s'agissait de l'exact contraire. Joe... Elle m'avait donné son nom avec une pensée tout à fait différente. Elle savait qu'elle allait mourir d'ici quelques heures, peut-être moins. Si elle m'avait donné son nom, c'était uniquement pour ne pas être oubliée. Pour que je me souvienne d'elle. Même si elle ne le réalisait pas, elle avait fait cela non pas par pitié, mais parce qu'intérieurement, elle ne voulait pas qu'on l'oublie, elle ne voulait pas cesser d'exister en tant que Joe Lazarus.

Ce simple acte suffit à me faire me redresser, alors que je me tenais sur les genoux. Si je devais m'échapper, c'était maintenant ! Je devais trouver un moyen ! Immédiatement ! Je devais sauver cette fille, lui faire prendre conscience du fait qu'elle avait encore envie de vivre. Peu importe que je doive me couper les mains pour enlever mes menottes en Kairouseki, peu importe que je perde une jambe ou même la moitié du corps. Je devais sortir d'ici ! Maintenant ! Avant que Roward ne tue Joe !

Tandis que j'étais seul dans la cellule, je regardais autour de moi. Qu'avais-je à ma disposition ? Un seau pour faire mes besoins. Rien d'autre. Pas même une fourchette à utiliser comme épingle à nourrice pour crocheter mes entraves. Rien d'autre que cette foutue pièce en bois ! Je frappais alors du poing sur le sol avec rage. Et alors que j'avais fait cela, je sentais la douleur de mon membre endolori se propager à mon corps. La douleur était une sensation que je n'expérimentais que rarement depuis que j'étais devenu un Logia, mais je la sentais toujours très bien. Relevant mon poing, je voyais que ma peau était écorchée au niveau de mon index, comme si la peau avait été arrachée. En regardant le sol, je voyais mon sang goutter sur ce qui avait retiré mon épiderme. Le clou qui fixait la planche.

Mes yeux s'écarquillèrent en le voyant ainsi. Sans plus attendre, je me mis en tailleurs, dos aux barreaux de ma cellule, pour commencer à essayer de retirer le clou. Ce dernier était très bien enfoncé, et je grattais le bois de mes ongles, allant jusqu'à me les casser et me les arracher pour y parvenir. La douleur que je ressentais en me faisant ainsi mal n'était rien quant à l'anxiété que je ressentais vis-à-vis de la situation précaire de Joe. Je ne pouvais pas la laisser mourir maintenant. Je ne me le pardonnerai jamais ! Ce souvenir me hanterait jusqu'à la fin de mes jours, même si je venais à tuer Lence. Ma faiblesse m'avait laissé ici, sans le moindre pouvoir. J'étais le seul à blâmer pour ma situation. Je ne pouvais pas la laisser mourir.

Après de longues minutes à tirer, gratter le sol, j'avais fini par retirer le clou, laissant au passage l'ongle de mon pouce, de mon index et de mon majeur gauche dans le sol, au milieu d'une flaque de sang. La souffrance que cela m'avait fait ressentir était loin d'être suffisante pour me bloquer. Sans attendre un instant de plus, je commençais à essayer de crocheter mes menottes. Mais le cliquetis de celles-ci alerta les quelques gardes présents dans le couloir. Ils ne pouvaient voir que mon dos alors que j'étais assis ainsi. L'un d'entre eux me somma de me retourner. Mais je ne l'écoutais pas. Je n'avais pas le temps. Si j'arrêtais maintenant, tout était perdu.

J'entendis le bruit de son pistolet chargé, alors qu'il me braquait sans doute. Ses cris et sommations résonnaient dans tout le couloir alors qu'il hurlait. Et plus il s'énervait, plus je me concentrais pour garder mon calme et retirer mes entraves. Finalement, un coup de feu retentit, suivi d'un deuxième et d'un troisième, de la part des deux autres gardes. Je sentais les balles traverser mon corps et mon dos. Plus aucun bruit ne vint alors de ma direction. Étais-je mort ? Les gardes étaient prudents, n'osant pas bouger. Puis, un autre bruit émana de ma geôle. Celui que fait une lourde pièce métallique alors qu'elle tombe sur le sol. Les menottes claquèrent en échappant ainsi à mon emprise, la chaîne en acier classique étant la seule partie d'elle que j'avais tenu au moment de me faire tirer dessus.

Une fumée s'échappa de mon corps à l'endroit où les balles étaient rentrées dans ce dernier, tandis que les trous se refermèrent, signe que les projectiles m'avaient atteint après le retrait des menottes. Puis, d'un seul coup, ce fut une explosion qui envoya valser la grille et mes trois bourreaux dans la pièce d'en face. Ils se retrouvèrent au milieu des morceaux de cadavres cousus entre eux. Tandis que j'avançais dans le couloir, je tendis mon index en direction des autres cachots, libérant plusieurs "balles" de magma qui atterrirent sur les serrures. Les prisonnières étaient maintenant libre de sortir de celles-ci, choses qu'elles ne se firent pas prier pour faire. Elles étaient rapidement dehors, une bonne partie s'amassant dans le couloir à mon niveau, pour voir la suite des événements, alors que je pénétrait dans la pièce qui signifiait pour elles la mort et le désespoir.

Avançant vers le trio de gardes, mon corps se mit à laisser une fumée noire émaner de tous mes pores, ainsi que de la lave qui suintait. D'un seul coup, je transperçais le ventre de deux gardes se trouvant à terre, l'un sur l'autre. Quant au troisième, il tira sur moi au niveau de la tête. Le trou dans celle-ci se résorba tandis que j'utilisais le Meigo pour passer à travers son torse et lui ôter la vie. Les jeunes femmes étaient effrayées, et je sentais leur désespoir, lorsqu'elles regardaient les morceaux de leurs anciennes camarades de cellule, ainsi exposés, dénaturés, dans ce musée des horreurs. Ma voix résonna au milieu des sanglots, avec un ton solennel.


Votre calvaire s'arrête ici. Cette pièce, cette désolation, ce désespoir... Je les emporte avec moi. Suivez-moi si vous voulez vivre !

Marchant vers la sortie de cette pièce immonde, je fis un mouvement brusque du bras droit pour lâcher une vague de lave qui commença à mettre le feu. Venais-je de nous piéger à vingt mètres sous terre en déclenchant un incendie dans la seule annexe vivable ? Certainement pas. Avançant au milieu des jeunes femmes, je laissais la lave suinter de façon à ne pas les toucher, avant de faire fondre la porte de la cage d'ascenseur. Je commandais à mon élément pour former une longue piste de lave. Fermant le poing, je laissais le magma refroidir, se changeant en basalte dur et, certes chaud, mais nettement moins offensif.

La souffrance de vos pieds brûlants sera la dernière que vous aurez à endurer. Survivez-y, ou restez ici et mourrez. C'est à vous de choisir !

Certes, le basalte était moins ardent que des braises, mais marcher dessus n'allait clairement pas leur faire du bien. Néanmoins, c'était une souffrance nécessaire. Contrairement à celles qu'elles avaient endurées jusqu'ici, cette souffrance-ci avait pour but de raviver leur envie de vivre. Il y avait un but, un objectif, qu'elles devaient atteindre au bout de cette souffrance : la liberté ! Passer à travers cet effort raviverait leur envie de vivre. Pour ma part, je ne me fis pas prier pour commencer à arpenter la route en colimaçon faite de basalte. Je courais à toute allure, pensant à Joe. Je devais la sauver ! J'espérais qu'il était encore temps !

La porte de l'ascenseur au rez-de-chaussée explosa littéralement, de même que ma lave, comme si l'élément lui-même était heureux d'être à nouveau libre. Mais je n'avais pas le temps d'apprécier l'air frais. Je grimpais les escaliers à toute allure pour arriver à nouveau dans la chambre où j'avais été fait prisonnier. Joe se trouvait sur une chaise, en sang, alors que Lence se tenait derrière elle, un scalpel à la main, au niveau de la gorge de cette dernière.


Coriace le môme ! Mais tu n'apprends pas il faut croire ! Si tu bouges ne serait-ce qu'un doigt, je lui fais un sourire jusqu'aux oreilles !

Je restais alors immobile. Et tandis que je ne bougeais plus, je vis le sourire de Lence s'agrandir, comme s'il se disait qu'il avait déjà gagné. Je ne supportais plus cette expression de salaud. Mais mon regard était tourné vers Joe qui semblait toujours aussi inexpressive. Mes mots s'adressèrent à elle sans tenir compte de l'ordure se tenant derrière elle.

Joe... J'ignore à quel point tu as pu souffrir par le passée. J'ignore ce que tu as pu endurer. Mais je te demanderai juste une chose : n'abandonne pas. Je sais que tu en as la force, même si tu n'en as pas conscience. Je t'ai demandé de vivre, mais pour cela, il faut en avoir envie. Et si tu ne trouves aucune raison pour ça... Si tu ne crois pas en toi, alors je te demanderai de croire en moi.

J'entendais alors Roward rire à nouveau aux éclats, me déblatérant encore une fois son discours sur à quel point la demoiselle était brisée, à quel point elle n'était qu'une poupée vide, n'ayant que l'envie de mourir pour faire cesser ses souffrances. Mais pendant tout son speech, mes iris écarlates étaient plongés dans ceux de Joe. Je voyais bien son oeil gauche trembler, au centre de la confusion qui régnait dans son esprit. Ce qu'elle avait en elle à cet instant, ce n'était pas du désespoir. C'était de la peur. La peur de croire encore une fois. La peur d'avoir de l'espoir et de se le voir retiré. La peur de vivre. Mais je le savais intérieurement... Cette peur... C'était le sentiment le plus proche de l'envie de vivre que je la sommais de témoigner.

Arrivèrent alors derrière moi les dizaines de femmes que Lence avait emprisonnées, chacune avec un objet en main, allant du morceau de bois au tisonnier. Toutes derrière moi, elles donnaient une impression de masse incompressible, animée d'une profonde rancoeur et haine envers leur bourreau. A cet instant, Roward cessa de sourire, afficha un air furibond, voire même haineux, alors que j'adressais mes intentions à Joe.


Joe... Dis moi que tu veux vivre... Si tu le fais, alors je m'assurerais de prendre tes souffrances, tes peines et tes Ténèbres... Et de les faire disparaître ! Dis moi que tu veux vivre, et je ferais en sorte que tu crois en moi. Que tu ne sois jamais déçue par cet espoir. Ne laisse pas ces ordures penser qu'ils t'ont brisée !

Lence me fixait toujours, réfléchissant à ce qu'il devait faire dans cette situation plus que tendue. Il avait certes une otage docile, mais il se trouvait face à plusieurs dizaines d'adversaires rancuniers, et sans aucun garde pour l'aider. Quant à moi, je devais trouver le moyen de sauver Joe, peu importe les risques pour moi. Tandis que je la fixais, je voyais les larmes qu'elle retenait, avant qu'elles ne finissent par couler le long de ses joues et qu'elle n'ouvre la bouche. Aucun son ne sortit. Mais je voyais qu'elle luttait pour essayer d'espérer. Pour essayer de croire. En cet instant, je lui donnais le dernier coup de pouce, la fixant et lui faisant un signe de tête l'encourageant, montrant que si elle croyait en moi, alors je croirais en elle.

Je... Je... veux vivre...

Ses larmes ne cessèrent alors plus de couler, tandis que Lence détourna son regard de moi pour se tourner vers elle, visiblement surpris de voir qu'il y avait encore une étincelle de vie dans celle qu'il considérait comme une poupée vide. Cette seconde d'inattention et de surprise que Joe avait générée en parlant fut celle que j'attendais. Une simple bulle de magma jaillit brusquement de mon corps, lança une bille de lave avec célérité pour qu'elle traverse la tête de Lence avant qu'il n'ait le temps de réagir. Son corps s'effondra lourdement sur le sol, à côté de la jeune Lazarus en larme.

Sans plus attendre, je me précipitais vers elle, la serrant dans mes bras pour lui faire ressentir une chose qu'elle devait avoir oublié depuis longtemps : la chaleur humaine. La chaleur d'un corps autre que celui d'un bourreau. La chaleur de quelqu'un qui s'inquiétait pour elle, qui se souciait d'elle, qui la considérait comme un être humain. A cet instant, ses sanglots redoublèrent, se mêlant à des cris que l'on pouvait penser être de la souffrance. Mais je savais, tout comme elle, que ces cris étaient comparables à ceux d'un nouveau né. Il s'agissait des larmes et des gémissements de quelqu'un qui renaissait, qui voulait vivre.

Je détachais mon étreinte de la jeune femme, tranchant ses liens avant de la prendre dans mes bras. Elle s'agrippait fermement à mes vêtements, continuant de pleurer. Je passais alors entre les dizaines de jeunes femmes présentes qui s'écartèrent sur notre passage. Toutes ne dirent aucun mot, se contentant alors de nous suivre jusqu'à la double porte qui servait d'entrée au manoir. Poussant celles-ci d'un coup de pied, je laissais la lumière et la chaleur du soleil jaillir et caresser notre épiderme à tous. Puis, alors que nous sortions tous de la propriété, je me tournais vers elles, toujours en tenant Joe dans mes bras.


Vous êtes libres désormais. Retournez dans vos familles, fuyez ou rejoignez l'armée. Cela ne regarde que vous. C'est votre choix. Vous êtes libres... Vivez !

Réalisant que ce qu'elles avaient pensé être un rêve lointain venait de se réaliser, pratiquement toutes les jeunes femmes se mirent à pleurer de joie, s'enlaçant, poussant des cris de joie, ne pensant plus à la douleur de leurs pieds légèrement brûlés. Cette exaltation faisait vraiment plaisir à voir. De mon côté, je pouvais rayer le nom de Lence Roward de la liste de mon père. Je pouvais contempler le sourire des jeunes femmes présentes, heureuses d'avoir été ainsi libérées. De toutes les joies de ce monde, voir des gens reprendre goût à la vie, retrouver le courage d'avancer, était sans doute l'une des plus grandes d'entre elles. Je fixais alors l'horizon, commençant à marcher en direction du port. Et alors que je m'éloignais, le silence se fit lorsque l'une des captives me demanda mon nom. Toutes semblaient désireuses de le connaître. Me tournant vers elles, je leur répondais avec un sourire chaleureux que je n'avais pas montré depuis longtemps.

Dante. Pyras D. Dante.

Toutes me sourirent alors avant de s'incliner, me remerciant de cette vie que je leur avais rendue. Avec une expression plus gênée qu'autre chose, je répondais à leur salut en m'inclinant à mon tour. Je les laissais alors à l'extériorisation de leur joie de vivre, d'être libres, en m'éloignant, avec Joe dans mes bras. Désormais, j'étais responsable d'elle. Je lui avais promis de détruire sa souffrance. Je lui avais dit de croire en moi si elle ne parvenait pas à croire en elle. J'avais pris cette responsabilité, j'avais redonné l'espoir à la jeune fille. Je ne pouvais plus la laisser seule sans m'assurer qu'elle soit capable de garder cette étincelle de vie qu'elle venait de manifester. Marchant vers le port, je regardais la petite brune que je tenais dans mes bras, dormir paisiblement, après toutes les émotions épuisantes qu'elle venait d'avoir. Pour la première fois depuis que je l'avais rencontrée, elle semblait apaisée...



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