Mochishi Ichi, Kitakita Ichi

- Tu penses qu'il...
- C'est un con, mais un con influent, alors surveille tes paroles.

Mochishi soupirait. Il en avait marre de tout ce cirque alors qu'il n'avait même pas encore rencontré Ren Tao. Celui-ci avait gagné de l'influence sur Kenzan, ce qui ne l'avait pas particulièrement dérangé : il continuait à mener son petit commerce en évitant les taxes tandis que ses concurrents sur le Marché Noir raquaient plein pot. Bien sûr leur présence était gênante, puisqu'il devait trouver des subterfuges pour les éviter à tout instant. Il n'avait cependant pas fallu longtemps au marchand pour attirer l'attention du nouveau maître des lieux. Ce n'était pas plus mal : de cette manière, il pourrait discuter des modalités de leur cohabitation, et, au pire, lui envoyer dans la gueule qu'il ne voulait pas travailler pour lui. Après tout, il était bien l'un des hommes les plus riches de cette voie, et il comptait le rester en perpétuant son petit commerce.

- Dis aux autres de se tenir prêts, quand même. Ah, et nos invités sont bien installés ?
- Ouais... Enfin, j'vois pas pourquoi t'as accepté de les recevoir.

La pièce dans laquelle ils se trouvaient avait l'air d'un bar tout à fait classique. Un escalier qui donnait vers les sous-sols donnait un peu plus de mystère aux lieux. On pouvait clairement y sentir plusieurs voix en train de jouer au poker. Un lieu d'échange, des danseuses en habits de charmes, et tout ce qu'il fallait pour rendre un homme heureux en terme de prostituées.

- Tu sais comment c'est... On ne peut rien lui refuser, à celui-là...

Soupirant, il tourna la tête en direction de la ville, qu'on pouvait apercevoir de sa fenêtre. Il n'espérait pas grand chose de cet entretien, à vrai dire : la nouvelle réputation du Tao, à qui on avait imputé la destruction totale d'une île, restait à stabiliser. Au moins, ça leur ferait un sujet de discussion s'ils étaient à court.


Vieil homme Otto
La voix du peuple avait besoin d'être entendue à Kenzan. Les hommes et les femmes, les enfants, semblaient incapables de s'exprimer directement envers l'homme qui était à leur tête. La terreur affichée par la récession à Banaro empêchait quiconque de réclamer une amélioration des conditions de vie, que ce soit au protecteur de l'île, ou à son supérieur. Loin de toutes ces considérations dans son grand âge, Otto avait abandonné depuis longtemps le conseil aux Longs-Bras qu'il avait pourtant servi longtemps auparavant. Aujourd'hui, le dos courbé, appuyé sur une canne pour marcher, il prenait sur lui, de son précieux temps, pour aller parlementer avec le seul homme qui avait retenu son attention : Ren Tao. Il voulait savoir si les choses s'arrangeraient. Il ne voulait pas des lois : son peuple en avait déjà. Il désirait une évolution, une nouvelle aube avant que le crépuscule ne tombe sur sa vie. Ainsi, attiré par le sommet de la colline, la tête bien haute malgré son allure de bossu, le vieil homme adressait un regard empli de sagesse vers l'habitacle en amont.


Mirabelle, Maxence
La réputation du hors-la-loi avait attiré un certain nombre de têtes d'affiches sur Kenzan. Le savoir aussi puissant, aussi véhément, prêt à tout pour appuyer sa puissance, et en avoir de toute évidence les moyens... Il leur fallait ce type de meneurs. Non pas pour les galvaniser, car ils avaient chacun leur raison de tuer, mais pour leur permettre d'exprimer leurs méfaits en toute impunité. Ainsi, quelle ne fut pas la surprise des habitants de voir débarquer ensemble, par hasard, Mirabelle et Maxence, respectivement surnommés La Furie du Baratie et le Tireur Fou de Lunas, pour les méfaits que leurs titres indiquaient : un carnage contre marines au Baratie et une fusillade en pleine rue à Lunas. La première possédait la belle prime de 27.000.000 de Berrys, tandis que le second avait sur sa tête 30.000.000 de Berrys pile poil. Marchant dans les rues, ils semblaient chercher capable de les renseigner.


Big Sister
Plus loin, déjà présent sur les lieux depuis le début de la matinée, l'ancien colonel de la marine, un fou connu sous le nom de Big Sister, semblait tenter de charmer une fleuriste du coin. Il avait le visage déformé par une expression de dégoût durant sa parade, ce qui semblait entrer en contradiction avec son trop plein de présence féminine. Primé à 42.000.000 de Berrys, il avait trahi ses camarades durant un assaut contre des pirates, étant éperdument tombé amoureux de la capitaine qui ne lui rendit jamais ses sentiments, sinon déchirés en mille morceaux. Depuis, il vaquait, attiré par le pouvoir, mais plus encore, avec le désir de se faire un nom pour attirer les poulettes.

Vieil homme Otto
Un vieil homme s'était installé au bar tandis que quelques hors-la-lois avaient finalement rejoint les lieux avec curiosité. Tant de primés sur l'île, c'était un véritable problème : pour peu que les chasseurs de prime ne soient au courant, ils pourraient tenter de venir s'en emparer. Mais là encore, il fallait prendre en considération la présence du Tao qui, avec ses navires de guerre, avait au moins l'aspect dissuasif dans la poche. Ainsi, lorsqu'il pénétra dans les lieux, une clope au bec, attirant sur lui tous les regards les plus animés de curiosité, d'admiration ou d'envie. Seul l'Otto mit un temps avant de remarquer que l'atmosphère avait changé, pas bien familier avec ce type d'endroit. Long-Bras de naissance, il attrapa sa canne pour se diriger vers le Tao, faisant craquer le parquet tandis que les Ichi étaient déjà totalement concentrés sur leur invité.

Ce fut donc la voix rauque et un peu lambinante de l'ancien, calme et pourtant emplie de sagesse, qui s'éleva dans un premier temps. Et tout le monde l'écouta, tout le monde but ses paroles comme s'il s'agissait d'une fontaine : cela semblait impossible d'y couper. Il avait une aptitude fort intéressante de ce point de vue là : « Captation Orale ». On n'avait beau ne pas y adhérer, on ne pouvait pas l'empêcher de s'exprimer. Fort heureusement pour lui, il n'avait pas l'air de chercher les ennuis, et le respect qu'il montrait à l'égard de ses interlocuteurs avait tendance à être flatteur.

- Messieurs, Monsieur Tao, je m'excuse d'accaparer quelques minutes de votre temps, mais le peuple de Kenzan aimerait vous adresser quelques demandes pour améliorer ses conditions de vie, en tant que vous êtes l'incontesté gérant de ces lieux.

Incontesté, ou plutôt incontestable, mais une vérité n'était pas toujours bonne à sortir, brute de décofrage. Le vieillard, la canne posée sur le sol pour le soutenir, la tête levée et le regard à demi-clos à cause de ses nombreuses rides, semblait bien précis dans ses demandes.

- Nous aimerions que vous permettiez la création d'emplois et la rénovation de certaines routes et certains bâtiments, avec l'aide d'une partie des taxes prélevées aux habitants. Un peuple satisfait, Monsieur Tao, est un peuple qui suit son leader avec dévotion. Un peuple qui a des besoins aura tendance à se réfugier dans les bras de celui qui saura y répondre. Vous respectez nos traditions, et nous apprécions votre discrétion vis à vis de nos lois. Nous ne cherchons pas à nous extraire de votre commandement, comme il fut le cas à Banaro, mais nous souhaitons simplement une considération vis à vis de nos conditions de vie.

S'arrêtant, la tension monta d'un cran. Chacun attendait une réaction particulière à cet échange. Serait-il sage ou serait-il brutal ? Lui prêterait-on les traits d'un monstre ou ceux d'un leader ? Le regard des Ichi revint en tout cas se placer sur le Tao et sa clique, admirant quelques peu l'homme derrière dont le visage figurait, depuis Nighty Town, sur les affiches de recherche du Gouvernement Mondial. S'il n'était pas aussi primé que Ayabusa et Krake, il avait le mérite d'avoir un trait physique particulier : sa banane semblait déjà en intriguer plus d'un.

Vieil homme Otto
Le protecteur de l'île était un relais essentiel pour s'adresser à Ren Tao, mais le vieil homme n'avait pas décidé d'outrepasser ce lien par hasard. Il prenait la température, regardait avec méfiance l'homme au pouvoir. Un simple intermédiaire n'était pas ce qu'il recherchait. Au moins, il savait à quoi le peuple allait pouvoir s'en tenir. Avec un sourire fatigué, il remercia simplement le Tao pour sa compréhension. Les taxes n'étaient donc pas plus hautes ici que sur la majorité des îles gouvernementales et révolutionnaires où elles étaient placées à 20%, permettant de servir l'effort de guerre.

- Sachez que les efforts d'un leader généreux sont toujours récompensés. Le peuple de Kenzan saura se souvenir de votre magnanimité le moment venu.

Se tournant vers Fudo, il l'écouta et acquiesça. Il pourrait devenir cet intermédiaire avec le peuple, c'était une évidence. Mais il restait profondément attaché aux traditions de son île : il serait donc la bienveillance dont avaient besoin les Shadow Ghosts durant leurs temps les plus sombres. N'ayant d'autre considération que le bien du peuple, il remercia le jeune homme à la banane pour ses sages paroles, et à nouveau le leader pour le temps qu'il lui avait accordé. C'est ainsi qu'il quitta les lieux, tandis que la tension dans la salle retombait brusquement.

Mochishi Ichi, Kitakita Ichi

Elle ne tarda cependant pas à remonter d'un cran quand les paroles du hors-la-loi se dirigèrent vers les frères Ichi. Il était venu pour eux, c'était une évidence. Malgré toutes les primes qui traînaient dans la salle et que l'informateur des Shadow Ghosts devait connaître, les raisons de ce rassemblement n'étaient pas encore connues. Ainsi, souriant avec une certaine impertinence, le plus jeune des deux frères, Kitakita, s'apprêta à sortir une tirade à leur interlocuteur, rapidement interrompu par Mochishi qui leva la tête et fixa le Tao dans les yeux :

- Voulez-vous bien nous accompagner ? Nous allons pouvoir parler dans un lieux plus approprié. Non pas qu'une démonstration de votre puissance en public me dérange, mais je ne suis pas le seul qui puisse requérir votre attention ici.

Il se leva alors, laissant tomber ses bras démesurés pour attraper sa lance. Il n'affichait pas de faste particulier, même si celui-ci fut présent dès le moment où ils descendirent les escaliers. Du bois d'une grande qualité formait le sous-sol du bâtiment, issu d'un arbre plus résistant que les autres, importé du Nouveau Monde. C'était ce genre de contacts qu'avait le criminel. Le commerce était un domaine dans lequel il n'avait plus rien à prouver : magouilles, ventes, rachats en tout genre... L'entrepôt qui se situait d'ailleurs au fond d'une des pièces de son sous-sol était une preuve de toutes les richesses qu'il avait pu accumuler.


Omi Gherer, Axes Permulii
En bas, les tables de Poker étaient disposées de manière à laisser chacun circuler à sa guise. Une seule était actuellement occupée par un groupe de hors-la-lois : parmi eux, des hommes des Ichi, mais aussi deux têtes bien connues de Grand Line pour leurs liens avec l'underground. Omi Gherer, primé à 44.000.000 de Berrys, connu pour son implication dans la Pègre. Fidèle lieutenant de Harishigawa Konan, il avait à plusieurs reprises été mêlé à des affaires de vente d'armes qui avaient amené à la destruction partielle ou totale d'îles. Son visage masqué semblait en faire quelqu'un de très mystérieux.

La seconde figure qui attirait pourtant moins l'attention, plus renfermée, plus discrète, mais pourtant plus primée, était celle d'Axes Permulii. 178.000.000 de Berrys avaient été posés sur sa tête pour le meurtre de deux Vice-Amirales, lors d'une mission de routine de celles-ci. Si ses liens avec la Pègre n'étaient pas encore avérés, certaines théories le plaçaient haut dans la hiérarchie de cette organisation. Que cela soit vrai ou faux, il était en tout cas redouté pour son instabilité. Avec son armure sertie de joyaux, il semblait toujours prêt au combat.

- Ren Tao... Nous vous attendions... Omi Gherer, représentant de Konan, fit l'homme en mettant un terme à la partie de poker. Nous avons déjà fait une proposition aux Ichi, et nous souhaiterions vous en faire une à vous aussi, mais pourriez-vous d'abord expliquer aux deux frères les raisons de votre venue et vos demandes ?

Un sourire savamment étudié, non pas provocateur mais encourageant, avait commencé à s'apposer sur la commissure des lèvres du garçon. Lui ne s'intéressait que peu aux figures derrière le roux. Il n'avait qu'une idée en tête, et il comptait bien la faire valoir.

Mochishi Ichi, Omi Gherer

- Nous pourrions considérer..., commença le plus âgé des deux frères en fronçant les sourcils.
- Bah, qu'importe, l'interrompit brusquement le Gherer avec un ton méprisant. La proposition de notre côté est bien plus alléchante : nous lui proposions d'étendre son commerce de manière à l'aider à annihiler les Longues-Jambes. Vous savez, leurs ennemis de toujours... Vos alliés.

La pique était envoyée avec un manque total de tact qui aurait pu déclencher une bagarre, mais ce fut le poing sur la table de Mochishi qui retint l'attention des combattants, tandis qu'il répondait avec un certain côté acerbe :

- La ferme ! Nous ne sommes pas des morceaux de viande. Que Tao choisisse de soumettre nos ennemis, c'est une aubaine. À présent, les termes du contrat ne me conviennent qu'à moitié : nous ne paierons rien à l'égard des Shadow Ghosts. En revanche, nous pourrions considérer un accord de principe : si vous nous livrez le clan des Jöguerbac, chez les Longues-Jambes, nous accepterons de vous aidez non seulement à asseoir votre pouvoir sur cette île, mais aussi à vous étendre sur Grand Line dans le monde underground.

Ils quitteraient alors leur zone de confort. C'était assez inespéré en fait comme proposition. Le clan des Jöguerbac était un clan de marchands équivalents aux Ichi, en terme de rentabilité pécuniaire. En revanche, ils se montraient beaucoup plus favorables aux taxes imposées par les Shadow Ghosts puisqu'ils y répondaient dans leur entièreté. Ils avaient même tendance à assouplir les revendications du peuple, trouvant dans leur affiliation aux hors-la-lois une aubaine pour leur marché en pleine expansion. S'ils étaient moins connus que leurs homologues Longs-Bras, c'était en raison de leur plus grande discrétion à l'égard des conflits.

Il était à présent évident que le Ichi avait accepté cette rencontre avec une idée en tête. Une idée bien ferme, puisqu'il présentait cette option comme la seule valable. Le Tao aurait peut-être du s'abstenir de leur demander une partie de leurs finances, aussi infime soit-elle. En tout cas, il se retrouvait à présent face à un réel choix. De son côté, le Gherer pestait intérieurement de s'être fait interrompre, n'aimant clairement pas la tournure que prenaient les événements. Il répondit cependant à Ren avec une certaine amabilité, hypocrite mais qui collait parfaitement à l'environnement dans lequel ils se trouvaient :

- Quant à nous, nous vous proposons de rejoindre les rangs de notre Pègre. Konan est à la tête d'un immense réseau de vente d'armes, de prostitution, de drogues, de vente d'esclaves, et tout autre type de commerces en tout genre. Il a besoin d'éléments comme toi pour asseoir son pouvoir.

C'était une proposition honnête que d'entrer dans cette organisation. Bien sûr, elle permettrait à la fois aux Shadow Ghosts d'étendre leur influence, mais aussi à Konan de gagner un élément de choix pour ses missions en tout genre, allant de la gestion de la vente au simple meurtre.


Mirabelle
Remonté à l'étage, Fudo ne tarda pas à attirer le regard des hors-la-lois. Certains lui portaient déjà une certaine admiration, d'autres avaient envie de le tester. Il faisait partie des Shadow Ghosts, c'était déjà fort intéressant en soit, mais il était aussi un primé qui avait fait parlé de lui récemment dans la destruction d'une île entière. Ainsi, Mirabelle, un verre à la main, se dirigea vers le jeune homme comme pour tenter de lui faire du charme, s'attirant intérieurement les moqueries des deux autres célébrités dans la salle. Le barman se contenta de déglutir en observant la scène : si ça dégénérait, ce n'était pas lui qui allait intervenir.

- Salut mon mignon, alors, ça fait quoi de détruire une île ? C'est quoi frisson ?

Elle lui sourit et s'approcha de lui en jouant de son gant sur sa joue. Elle tentait de le séduire en lui apportant un whisky et en se montrant sous son meilleur jour, de toute évidence.

Mochishi Ichi, Omi Gherer

La réponse de Ren Tao ne sembla convaincre ni le Ichi, ni le Gherer qui firent tous deux une moue un peu partagée. Finalement, arborant un regard fixe, le représentant de Konan fut le premier à reprendre la parole :

- Nous n'avons donc plus rien à faire ici. Ce sera à Konan lui-même de peser votre refus et votre proposition. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser. Axes.

L'homme à l'armure se leva, arborant un air stoïque avant de se diriger avec son camarade vers les escaliers pour quitter le bar, sans prendre la peine de saluer qui que ce soit. Les Ichi avaient pris leur décision en considérant celle de Ren, et au pire ils savaient où trouver les élus de Harishigawa. Claquant la porte derrière eux, ils laissèrent la tension monter d'un cran tandis que les hommes à la table de poker semblaient quant à eux se détendre devant l'absence d'une véritable menace.

Mochishi regarda le leader des Shadow Ghost. Il ne l'aimait pas particulièrement sans savoir pourquoi. Peut-être son discours sur l'esclavagisme qui ne collait pas avec l'idée qu'il s'en faisait. Il ne tirait certes pas ses gains d'un commerce d'esclaves, mais l'idée d'étendre son marché dessus en vendant des membres du peuple des Longues-Jambes ne lui aurait pas déplu. Pourtant il se contenta d'éviter de soulever ce désir auprès du Tao : il n'avait pas besoin de s'en faire un ennemi, et même plus encore, s'il lui apportait ce qu'il désirait, il était prêt à faire des concessions.

- M'étendre est un de mes principaux objectifs. Je vais récupérer leur commerce, et ça nous permettra de tenir cette île par les couilles.

Il s'arrêta un instant. C'était une ère de terreur qu'il désirait pour les hommes, les femmes et les enfants issus de cette race. Beaucoup semblaient avoir oublié les raisons qui avaient débuté cette guerre. Lui-même ne se souvenait pas de ce qui l'avait poussé à croire en cet affrontement sempiternel. En revanche, une chose restait absolue dans cette situation : ses expériences avec les Longues-Jambes avaient fait de lui ce qu'il était à présent. Rien ne se dissociait plus de ce monstre d'avarice, son passé ancré dans la mémoire de son frère et de lui-même.

- Il n'y aura pas de conflit une fois leurs têtes déposées sur ma table. J'aurai repris les rennes de leurs commerces en un rien de temps. Et nous serons alors tous deux gagnants.

C'était là une certitude. Ren Tao risquait de gagner des alliés de poids s'il réussissait à accomplir leur demande. Cependant, une chose était encore incertaine : quelle serait la teneur de leur dévouement une fois tout ce la réussit ? Une question qui n'aurait de réponse qu'une fois le sang versé.


Mirabelle
Mirabelle regarda le garçon avec admiration. Avec une prime aussi conséquente sur la tête, il dépassait déjà la jeune femme qui, le sourire aux lèvres, se demandait ce qu'il devait valoir en combat. Elle passa sa main le long de son visage, avant de poser son coude sur la table et d'accueillir dans sa paume sa tête endolorie par la situation. Elle soupira, laissant paraître un ennui devant l'échec de son jeu de séduction. Gardant cependant un regard profondément attaché au hors-la-loi, elle répondit sur un ton mal-aimable :

- Je viens pour rejoindre les Shadow Ghosts. On m'a dit qu'il y avait la possibilité de péter des gueules sans se faire juger. La Furie du Baratie, Mirabelle, se présenta finalement la demoiselle.

Autour d'elle, la salle s'était relâchée tandis qu'elle se présentait. Elle faisait honneur à sa situation. L'observant un instant, les deux autres primés se mirent à porter une oreille bien attentive à la conversation : ils remarquaient dès lors qu'ils n'étaient les seuls venus avec la même idée en tête.

Mochishi Ichi

Obtenir l'île dans son intégralité ? Cela serait un vrai plus pour le hors-la-loi qui semblait apprécié autant l'argent que le pouvoir. Au final, faire des affaires avec le Tao pourrait s'avérer lucratif. Hochant simplement la tête, le Ichi approuva la plupart des dires de son interlocuteur sans les reprendre. Il n'aimait pas l'idée de régner sur ce peuple d'imbéciles, mais sans ses principaux ennemis, il aurait obtenu vengeance. Il n'aurait qu'à massacrer tranquillement le reste de la population pour éradiquer les Longues-Jambes. Le premier génocide d'une race depuis longtemps... Et cela, il n'était pas sûr que son potentiel futur patron apprécierait. Au moins, il ne les réduirait pas en esclavagisme. Il les détruirait. Le seul barrage qui restait entre cette option et lui-même était les Jormungand. Un sourire aux lèvres, il finit par dire au leader des Shadow Ghosts :

- Nous nous entendrons bien. Je vais venir avec vous pour observer le travail...

Cette affirmation fit déglutir le plus jeune des deux frères. Il s'avança vers leur salle au trésor et en sortit quelques armes d'un certain intérêt. Il y avait parmi celles-ci deux qui pourraient porter le regard de Ren à s'attendrir. Le premier était un sabre intriguant : équipé d'un système à déclenchement manuel, des petites dents ciselées pouvaient sortir de la lame pour écharper la chair de celle-ci. Le second était une batte de base-ball, à l'image de celles qu'aurait pu porter Fudo. Il s'agissait d'un objet d'une qualité irréprochable : alliage en titane, manche recouvert d'un cuir qui permettait une excellente adhérence et protection des mains, elle possédait aussi une caractéristique supplémentaire. Le système de dial qui y était incrusté était celui d'un électro-dial. Le manche isolant permet d'empêcher les virulentes décharges qu'il pouvait provoquer et qui augmentaient la gravité des coups d'atteindre le porteur.

- Bien sûr, vous avez le droit à une contribution de notre part, un gage de sympathie.

Il se leva en attribuant les armes au Tao. Bien sûr, il fallait qu'il les accepte, mais c'était toujours plaisant de recevoir de nouveaux joujous. Entrant dans le sous-sol en courant, un homme respirait déjà lourdement. Il n'avait pas l'air particulièrement terrorisé, mais l'excitation se lisait sur ses traits. Observant le Tao, il déglutit avant de s'adresser à son chef actuel :

- Mochishi... Un gars... Un fou... A attaqué la flotte de Monsieur Tao. Il en a détruit une partie avant de s'enfuir.

La nouvelle tomba, et il n'aurait pas été étonnant que le Tao veuille détruire un mur pour exprimer son mécontentement. Observant la réaction du hors-la-loi, le chef des Ichi attendait beaucoup de lui à présent.


Mirabelle

- Te séduire pourrait devenir un de mes nouveaux objectifs, rigola la jeune femme avant de reprendre son sérieux et de secouer la tête pour indiquer qu'elle n'avait d'autre objectif que celui qu'elle venait de présenter.

Elle accueillit la réponse de Fudo avec beaucoup d'enthousiasme tandis que les deux autres hommes se levèrent en même temps. Il semblait plutôt facile de rejoindre les rangs du Tao, alors chacun se dirigea vers le porte-parole des Shadow Ghosts avant que la porte ne s'ouvre en trombe et qu'un homme ne descende dans les sous-sols.

- Maxence. J'ai tiré dans une foule de marines et de civils sur Lunas. Depuis on me nomme le Tireur Fou de Lunas. Pitoyable. Je veux rejoindre votre organisation pour... Bah, pour être honnête, parce que je serai moins emmerdé que si je suis seul.
- Big Sister, fit l'homme en se passant une main dans les cheveux et en envoyant un clin d'oeil à Fudo. Je veux juste me faire un nom pour... draguer. Enfin, tu comprends j'imagine.

Trois nouvelles recrues. Ça avait du bien d'avoir un capitaine primé à plus de 200.000.000 de Berrys.


Omi Gherer, Axes Permulii

- Alors je fais ça... ? D'accord... Je raccroche.

Omi Gherer soupira. Il se trouvait sur le port depuis moins de quelques secondes que déjà les ordres étaient arrivés par Den Den Mushi Blanc. Il ne pouvait pas aller à l'encontre des demandes de son maître. Il n'aimait pourtant pas particulièrement ça, se salir les mains. Se tournant vers le village, il fit sur l'armure d'Axes, au niveau du torse. L'homme leva alors la tête, souriant tel un démon, et prépara ses poings avant de les envoyer violemment vers les navires du Tao, faisant apparaître ses paumes au dernier moment. Ce ne fut pas son geste qui produisit un effet, mais bien la cinquantaine de bombes qui se répandirent au niveau de la flotte. L'explosion fut si puissante qu'elle souffla en même temps une partie du port. Omi, protégé par l'armure d'Axes, ne suffit pas les représailles de ce souffle brûlant.

Montant sur le dos du guerrier, ce dernier sauta au-dessus de l'eau et s'en alla sans demander son reste. Il n'avait pas totalement détruit les forces du Tao. Ce n'était qu'un doux avertissement : on ne refusait pas une proposition de Konan. Il n'avait pas fini d'entendre parler de sa part. C'était une erreur qu'il paierait amèrement, même s'il y avait plus pressé.

Mochishi Ichi, Kitakita Ichi

Les Ichi avaient suivi la fureur de Ren Tao, concevant chacun quel type de leader il pouvait être. Il avait son propre caractère, haut en couleur, violent et dominant. Si Mochishi n'appréciait pas particulièrement ça, il avait la délicatesse de ne pas le soulever. Lui-même préférait, en général, conserver ses excès d'humeur à des circonstances exceptionnelles, pas à la perte d'un demi-milliard de berrys, aussi grave cela soit-il. Son influence lui permettait cependant de relativiser cette somme colossale, pour un marchand hors-la-loi. Il ne fit qu'acquiescer aux paroles du Tao concernant Kenzan, sachant qu'il n'y avait de toutes les manières aucun commerce de ce type dans les environs. Le mafieux était plus du genre ambulant et n'avait installé ses antennes que dans des endroits sur lequel il avait la main, ou sans qu'on ne puisse relier le commerce en question à ses activités. Il était loin d'être un débutant dans ce domaine : les représailles seraient difficiles s'il restait en ces cocons.

- Konan n'est pas un imbécile, il a du prévoir ces représailles. C'est un homme intelligent, Tao, lança Kitakita avant de partir dans un rire franc.

Il aimait cette situation. Le sang des navires, la destruction amer à laquelle s'était frottée le Tao était loin d'être une exception. Il s'en tirait franchement bien en comparaison à l'affront qu'il avait pu faire au hors-la-loi : il fallait prendre en considération qu'il évoluait dans un monde bien moins tendre que celui des pirates peu rancuniers, plus volages.

- Qu'importe, coupa Mochishi. Nous allons amarrer notre navire et vous rejoindre sur Namakura d'ici quelques jours. Konan n'a aucun intérêt à défendre les Longues-Jambes... Du moins je suppose.

Saluant le Tao, il n'observa pas l'arrivée des trois nouveaux membres de l'organisation criminelle que Fudo requérait en guise de force de travail personnel. Si aucun n'était particulièrement alerte de ce genre de choses, ils pourraient effectivement consister un escadron sous les ordres du baseballeur. C'était une idée pertinente qui pourrait potentiellement leur permettre de s'impliquer dans les Shadow Ghosts de manière plus efficace. Ils devaient de plus chacun avouer qu'ils ne trouvaient pas le jeune homme déplaisant. Leur intérêt était de faire partie de l'organisation, mais la décision viendrait du chef. Fudo se serait-il montré trop greedy ?