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Mar 22 Mar 2016 - 15:46
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
Sur le pont du petit navire qu'il avait emprunté avec certains de ses collègues, Heziel humait l'air marin avec délice. Notre jeune cuisinier avait eu l'occasion de quitter temporairement Notebouque pour se rendre sur une île différente ! Cubeba était une destination que tout bon cuistot d'East Blue devait connaitre, car sur cette île était produit le meilleur poivre de cette mer. Le commerce allait bon train et il n'était d'ailleurs pas rare que la simple mention du poivre de Cubeba puisse donner plus de prestige à un plat ! Les baies utilisées ici étaient... spéciales. Nul ne connaissait le secret de culture utilisé par les Cubebanais, mais ce qui était sûr c'est qu'un accord tacite leur indiquait de ne pas en laisser la moindre miette à qui que ce fut. Cela faisait leur force, ainsi que leur renommée : une recette magique et bien gardée.
Pour sa part, le cuistot n'était pas vraiment plus emballé que ça à l'idée de savoir comment cultiver le poivre de Cubeba. Non, lui, ce qui le bottait vachement c'était de pouvoir l'utiliser dans ses plats. Il avait appris à maîtriser cette épice particulière, tant et si bien que son panel de compétence et de connaissances gastronomiques avait fait un bond en avant. Lorsqu'il débarqua enfin à Cubeba, habillé tel un civil lambda, un grand sourire éclata sur son visage, indiquant qu'il était aux anges. Non seulement il allait récupérer une cargaison entière de ce poivre, mais en plus de ça il avait quartier libre quelques jours à cause du temps de trajet ! Le chef Pandzani n'était pas un mauvais bougre et il comprenait parfaitement que quelques hommes partis en mer une semaine ou plus pouvaient apprécier passer un peu de temps sur la terre ferme... aussi, le brun comptait bien en profiter pour aller se balader dans le coin. Il se sépara donc de Bink et Molly, ses collègues, qu'il laissa livrés à eux même dans les rues ensoleillées et actives de Cubebana, la ville la plus grosse de toute l'île... et la ville par laquelle transitait le fameux poivre !
- MA-GNI-FIQUE !
Se dandinant comme un mélange à mi-chemin entre une poule et un calamar, le cuistot glissait sur place telle une anguille à la vue d'un set de cuisine rutilant qui transparaissait au travers d'une vitre. C'était presque à en voir des cœurs dans ses yeux tant la brillance des ustensiles lui brûlait la cervelle. Les gens le regardaient d'un air bizarre en passant, mais pour sa part il ne les remarquait même pas. Tout son être était tourné vers la beauté fatale en face de lui : une louche "Curvina 5000" en inox avec poignée grip facile et manche interchangeable en cas de casse ! Quel cuistancier n'aurait pas eu le cœur complètement retourné ? Les avances indécentes que lui faisait cette louche par sa simple présence étaient juste trop... raaaaaaaah ! Il s'engouffra dans le magasin et oblitéra littéralement ses économies dans le procédé (ce n'était pas lui qui avait l'argent pour la cargaison de poivre, donc ça ne représentait pas un problème). Il ressortit donc de l'enseigne avec une petite malle toute propre et polie, dans laquelle reposait l'objet de sa convoitise. À le voir, on aurait presque cru un jeune marié...
Il avait encore du temps avant d'effectuer la transaction avec ses compères du Crabe-Repu, celle-ci devant se produire vers 18h. Il allait faire d'une pierre deux coups en s'incrustant dans une visite touristique ! Il était évident qu'elle finirait par passer aux fameux moulins à poivre de Cubebana, il était prêt à y mettre sa main à couper. Aussi déambula-t-il jusqu'à trouver quelque chose qui, typiquement, ressemblait à une visite touristique : plein de gens qui se marchaient sur les pieds en regardant et pointant du doigt toutes les directions possibles et imaginables, devancés par un petit gars roux en bretelles avec des souliers bombés qui donnait des explications pleines de dates et de références que le cuistot n'arrivait pas à saisir. Il ne lui restait plus qu'à se glisser dans le tas et... hop, le tour était joué ! Maintenant, encore fallait-il qu'il rattrape son train de retard pour comprendre de quoi le monsieur parlait...
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Tadake Kyoshiro
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Mar 22 Mar 2016 - 22:57
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Bien avant d’être celui qui serait connu comme l’un des subordonnés zélés du phénix, bien avant d’être connu comme étant le possesseur du logia de la lumière, il fut un temps ù Kyoshiro n’était connu de personne et où la mention de son nom ne faisait que créer des regards remplis de scepticisme et d’incompréhension chez tout un chacun. Qui était-il ? Personne, tout simplement personne, simplement un triste inconnu qui venait de sortir d’une longue formation et parcourait les mers, empreint d’optimiste et le cœur léger, souriant aux jours qui s’annonçaient radieux. À cette époque-là il n’avait pas de plan de vie tout tracé car il lui faudrait des années avant de rencontrer Nakata et de trouver un but dans la vie, un chemin à suivre, il se contentait simplement d’errer de ville en ville en apportant son aide à ceux qui pourraient en avoir besoin, sans rien attendre en retour. Pourquoi ressentait-il ce besoin spontanément d’aider les gens ? Il n’aurait su le dire, il avait bien été éduqué en sachant que chacun avait un rôle à jouer et que tous devaient apporter la pierre à l’édifice, qu’il n’y avait pas de place en ce monde pour les tire-au-flanc, mais cela n’avait rien à voir avec cet altruisme totalement désintéressé qui le caractérisait. En vérité il ne s’était jamais posé la question car à ses yeux il n’y avait rien de louche ou d’étrange là-dedans, il avait toujours été comme ça et ne s’imaginait pas être autrement, il lui arrivait même de se demander pourquoi si peu de gens étaient comme lui.
Mais aujourd’hui le jeune candide avait laissé ces questions futiles de côté lorsque sa frêle esquif arriva au large d’une île qui ressemblait à toutes les autres, la plupart du temps toutes les îles sur lesquelles il mettait les pieds n’avaient vraiment rien de particulier mais il arrivait, de temps en temps, de tomber sur des exceptions qui titillaient sa curiosité. Ici ce n’était pas le cas, lorsqu’il mit les pieds hors de son petit bateau il ne ressentait rien d’exception de cette île mis à part une odeur épicée et presque écœurante qui embaumait l’air. Pas vraiment habitué aux épices, il amena sa main à son nez, le temps de s’habituer à l’odeur, mais remarqua qu’il était le seul que cela semblait déranger.
Peut-être y avait-il quelque chose de particulier sur cette île finalement, d’où pouvait bien provenir cette odeur qui le prenait au nez de la sorte ? Cette question n’arrivant pas à sortir de sa tête, le jeune homme s’approcha d’un groupe que l’odeur ne semblait pas gêner. La main droite toujours levée au nez, les deux sabres pendant au flanc gauche de sa ceinture, c’est le plus simplement du monde que Kyoshiro demanda à voix haute :
« Mais qu’est-ce qui pue comme ça ? »
Étrangement un silence de mort s’installa immédiatement et le groupe se tourna vers le jeune candide comme un seul homme, le centre de l’attention arqua un sourcil de surprise face à cette attention involontaire. Qu’avait-il fait ? Ne savaient-ils pas que c’était malpoli de dévisager les gens comme ils étaient tous en train de le faire ? Voyant que les regards courroucés ou intrigués ne cessaient pas, commençant à être gêné par cette attention, Kyoshiro pivota et lâcha :
« Euh…bonjour ? Pourquoi vous me regardez comme ça ? J’ai un truc entre les dents ? »
Tout en pivotant face au plus gros du groupe le jeune homme ne sentit même pas ses deux fourreaux taper contre la petite mallette que portait le jeune cuisinier. Le choc ferait probablement tomber la malle mais qu’y pouvait-il ? Il ne s’était même pas rendu compte de son étourderie, trop curieux de savoir pourquoi personne ne répondit à sa question.
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Lun 28 Mar 2016 - 15:20
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
Au ralenti, le brun observa le cataclysme. Il observa la fureur divine qui venait de s'abattre sur son pauvre être, sous la forme de fourreaux venant taper dans sa mallette et son poignet, lui faisant momentanément lâcher prise tout en effectuant un mouvement de recul. Il observa le contenant rectangulaire rutilant qui effectuait un vol plané dans les airs. Tout semblait si loin, si lent. Pourtant c'était tout à fait réel. Son sixième sens de cuisinier qui allait verser toutes les larmes de son corps sous peu venait de s'éveiller, un peu comme mec-araignée, le héros d'une bande dessinée qu'il avait eu l'occasion de découvrir sur Notebouque. Comme pas mal de choses, d'ailleurs... enfin. Tandis que la majorité de l'assemblée se tournait toujours vers le jeune sabreur, l'assassinant du regard, Heziel se jeta au sol de façon vindicatif tout en tentant de rattraper son bien qu'il venait de condamner à un triste sort à cause de son incompétence. Il n'aurait pas du lâcher !
- Naaaaaaaaaoooooooooooooooooooooonnnnnn...
Finalement, il se ramassa juste la figure comme un boulet à quelques centimètres de la malle qui tomba lourdement au sol dans un bruit sinistre. Les gens autours l'observèrent avec presque autant d'intensité qu'ils ne fixaient le bourreau de sa chère et tendre. Néanmoins, dans leurs yeux, la flamme était différente : curieuse, surprise. Un peu choquée, peut-être ! Après tout, pour qu'un adulte puisse ainsi se jeter derrière une simple mallette, c'était surement que son contenu était de la plus haute importance... non ? IL L'ETAIT, FIGUREZ VOUS ! Se redressant rapidement mais pas très adroitement, un peu comme un chat qui court trop vite sur du carrelage (fait étrange, puisqu'il n'y avait que des pavés sous leurs pieds), le futur membre de l'équipage du borgne se jeta au chevet de sa promise. Il soupesa la couche protectrice, la secoua doucement, avant de finalement se tourner vers l'épéiste.
- Non mais ça va pas non ? Faites un peu attention ! Vous vous rendez compte de ce que vous m'avez fait faire ? Et si c'était cassé ?! C'est d'une importance capitale ! Oh et puis zut hein ! Non mais je rêve ! Sérieusement, ça vous arrive de...
Il continua à sermonner son vis-à-vis de façon continue, l'harassant d'une flamme inextinguible de reproches et de remarques, alors que dans le dos de ce dernier les gens s'éloignaient doucement, peu à peu effrayés par une telle véhémence face à la chute d'une simple malle. Enfin, oui, c'était justifié mais... un peu exagéré ? Au bout de la seizième phrase sans interruption, la majorité de l'assemblée avait compris qu'il n'était pas vraiment très content... lorsque finalement, il ouvrit la mallette pour vérifier l'état de son petit bout de chou, la surprise fut générale. Néanmoins, le bonheur du cuisinier supplanta aisément le reste de l'équation, de loin.
- Oh ma toute belle, tu n'as rien... je vais prendre bien soin de toi maintenant, promis.
Après quelques secondes passées à se demander si c'était un numéro mal orchestré ou juste deux abrutis finis qui leur faisaient face, les visiteurs et leur guide détalèrent pour de bon, laissant les deux individus en plan. Pendant ce temps, le brun câlina littéralement la louche chromée rutilante, comme si il s'agissait de quelqu'un cher à ses yeux, avant de finalement la remettre là où elle était le plus en sécurité. Il se redressa, s'épousseta un peu, ayant repris son calme. Non mais dis donc, fallait pas la lui faire...
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Mar 29 Mar 2016 - 12:13
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça....
Aussi gentil et précautionneux que puisse être le jeune homme dont je vous conte l’aventure, il n’était pas parfait et avait bien sûr ses petits défauts, en effet il avait beau ne pas être maladroit il lui arrivait d’être assez tête en l’air et cela le menait dans des situations assez complexes. Combien de fois s’était-il perdu à force de laisser sa curiosité guider ses pas, ne sachant pas comment il était arrivé là et comment retrouver son chemin ? Combien de fois était-il arrivé là où il n’aurain13jg1t pas dû ? Beaucoup trop pour qu’on puisse les compter, en fait. Comme par exemple aujourd’hui, s’il s’était un peu plus renseigné sur cette île et ses particularités il aurait su que cette odeur était le poivre qui constituait l’attraction principale de cette île, s’il avait été un peu plus attentif il aurait sans doute remarqué les magasins qui vendaient des produits à base de poivre partout autour de lui. Un petit peu con le bonhomme, n’est-ce pas ? Tout crispé qu’il était, essayant de ne pas dévisager ces gens qui le fixaient sans vouloir donner un début de réponse quant à leur attitude aussi étrange que gênante, le jeune homme ne sentit que trop tard le choc entre le fourreau de son sabre et un autre objet tout aussi dur. Avait-il percuté quelqu’un ou quelque chose sans y faire attention ? Le cri d’agonie et de détresse qui parvint à ses oreilles tendait à lui donner une réponse positive à cette question.
Pivotant sur lui-même, tournant le dos à tous ces deux qui ne cessèrent pas de le fixer pour autant, le jeune bretteur ne mit pas bien longtemps à identifier la personne qui poussait ce hurlement chargé de désespoir, comme si son monde était en train de s’écrouler sous ses pauvres yeux. Se demandant pourquoi est-ce que ce jeune désespéré plongeait ainsi au sol, comme s’il tentait d’esquiver une attaque, Kyoshiro comprit bien vite quand son regard se posa sur une simple malle qui devait être très précieuse aux yeux de ce jeune sportif désespéré. À moins que ce ne fût le contenu de cette malle qui eut de l’importance ? Bah cela ne faisait pas grande différence, de toute façon.
Voyant l’homme se rater à quelques centimètres près, le bretteur fit la même moue que n’importe quelle personne faisait lorsqu’elle voyait quelqu’un se blesser ou se vautrer lourdement, comme s’il ressentait lui-même le désespoir et la douleur de cet inconnu. Ce même inconnu, constatant que son précieux bien était en bon état, se redressa et déversa son courroux sur le jeune maladroit.
Comment Kyoshiro pouvait-il bien se sentir à par confus et gêné ? Confus d’avoir été si maladroit et gêné que cette gueulante que poussait son interlocuteur attirait l’attention de tous les passants sur lui. Si le candide était adepte de la diplomatie dans la plupart des cas, afin de désamorcer des situations conflictuelles, il était aujourd’hui complètement en tort et n’avait pas vraiment 6 solutions de ce sortir de ce merdier.
Si au début le jeune bretteur se frottait frénétiquement l’arrière de la tête comme pour masquer sa gêne ou se donner une contenance, sa gêne ne fit qu’augmenter au fur et à mesure du monologue de son interlocuteur qui, décidément, semblait très mécontent. Sans crier gare le jeune homme se plia en avant dans une posture de plates excuses. Mains plaquées le long du corps, buste penché en avant, tête baissée, le geste partait d’une bonne intention mais son côté soudain et irréfléchi fit que la tête de Kyoshiro passa à quelques centimètres à peine de son furieux interlocuteur. Un pas de plus en avant et il lui aurait mis le coup de boule de l’année en voulant s’excuser.
« Je…je m’excuse ! Veuillez me pardonner, je ne regardais pas où j’allais ! »
La plupart du temps dans une confrontation comme celle-ci le ton montait rapidement et les deux interlocuteurs finissaient par s’engueuler proprement pendant des heures, au moins, mais c’était sans compter Kyoshiro et à sa propension à éviter les conflits dans la mesure du possible. L’avez-vous déjà vu gueuler sur quelqu’un avec de l’agressivité dans la voix ? Non, bien sûr que non. Mais, tout confus qu’il était, son regard de feu s’illumina d’une lueur d’incompréhension lorsque son interlocuteur sortit de la malle le véritable objet de son inquiétude. Une louche, une saloperie de louche. Et, comme à son habitude, sous le coup de la surprise le jeune candide ne put s’empêcher de balancer la première chose qui lui passait par la tête :
« Tout ça pour une…louche ? »
Il déglutit immédiatement après que ses mots sortirent de sa bouche, il avait l’impression qu’il venait encore une fois de dire ce qu’il ne fallait pas. Mettre en danger cette louche était une chose, mais s’en moquer ? Venait-il de signer son arrêt de mort ?
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Mer 30 Mar 2016 - 15:37
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
Le sabreur qui lui faisait face s'était excusé de façon très humble, chose qui avait surpris le cuisinier malgré son humeur quelque peu massacrante sur l'instant. Il était rare de voir quelqu'un faisant preuve d'autant d'humilité, de façon générale. Un homme qui soit prêt à s'excuser pour une faute qu'il n'avait commise que par inadvertance, tout en en assumant malgré tout visiblement les conséquences possibles. Heziel faisait partie de ces gens là, jusqu'à une certaine extension... et déjà lui, on le regardait comme un alien dans certaines situations. Certaines situations où il aurait été si facile pour lui de frapper dans le tas, d'obtenir sa propre justice via la loi du plus fort. Certaines situations où il aurait aisément pu se débarrasser de quelqu'un avec des reproches infondés. Pourtant, il n'agissait pas comme ça. C'était répugnant. En ce qui le concernait, il se devait de vivre sa vie selon certains principes et l'intégrité en faisait partie.
Aussi commença-t-il à sérieusement envisager la possibilité de s'excuser, lui aussi. Après tout, ce n'était qu'un accident et il savait qu'il avait tendance à s'exciter un peu trop lorsqu'on en arrivait au fatidique sujet des éléments de sa cuisine, dont il prenait soin d'une manière exemplaire et rigoureuse. Néanmoins, cet homme n'en savait sûrement rien et en plus de ça, il fallait qu'il garde en tête qu'il devait être l'un des seuls êtres au monde à aimer autant la vaisselle que cela. Il avait bien du mal... la vaisselle, c'était si beau. Secouant la tête, il prit le parti de se retourner pour reconnaître sa propension à l'emportement sur ce genre de cas, lorsque la mention d'une "simple louche" atteignit finalement ses oreilles. Une veine battant sur la tempe, il se redressa assez vivement avant de recommencer un laïus.
- Une "simple louche" ? Non non non, ça c'est une louche Curvina 5000, l'une des meilleures si ce n'est la meilleure sur le marché ! Flexibilité, équilibre, solidité, design, elle est superbe ! Comment on peut appeler ça une simple louche ? Co...
Il s'arrêta d'un seul coup avant de prendre une profonde inspiration. Calme, zen. Le pauvre bougre n'en savait encore une fois sans doute rien, tout le monde n'était pas le nec plus ultra du cuisinier moderne et ... posé. Il souffla un bon coup avant de sourire en plissant les yeux, retournant graduellement à son naturel plus sympathique. Et si ses émotions étranges pour ce qui constituait sa plonge n'étaient pas à la portée des autres, des arguments plus rationnels entraient assez vite en jeu.
- En fait, elle coûte surtout super cher, ahah !
Il se frotta la tête d'un air gêné. Il n'était pas spécialement fait pour en vouloir aux autres, encore moins lorsque ceux-ci ne le méritaient probablement pas. Et puis, même si beaucoup de gens auraient pu en penser du mal, que faire preuve d'un tel respect et aller jusqu'à s'excuser face à un hystérique visiblement peu enclin à écouter le moindre mot n'était qu'un signe de faiblesse, ce n'était pas le cas du futur Dokugan. Non. Il aimait ce trait de caractère, d'une certaine façon.
- Désolé de m'être emporté, ce n'était pas juste. Veuillez accepter mes propres excuses. Je m'appelle Heziel Coffe, je suis un cuisinier du Crabe-Repu, sur l'île de Notebouque. Je suis de passage pour récupérer la spécialité de cette île : le poivre. C'est le truc "qui pue" dont vous vous demandiez la provenance.
Amical et désormais plus détendu, le brun tendit la main vers son vis-à-vis, espérant pouvoir tirer de lui son identité ainsi qu'une poignée de main qui serait sans doute franche et dénuée, pour sa part, de toute trace d'hostilité. Que ce fut sur sa tête ou dans le langage de son corps, on pouvait déceler que le petit incident était passé pour lui et sans doute déjà sur la voie de l'oubli !
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Mer 30 Mar 2016 - 21:58
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Ce qu’il y avait d’incroyable avec ce garçon là c’était que, même s’il était rempli des meilleures intentions du monde, cela ne l’empêchait pas d’être suffisamment tête en l’air pour dire ou faire quelque chose qu’il ne fallait pas à longueur de temps. Mais comment pouvait-il deviner ? Il était encore assez ignorant des us et coutumes de ce monde toujours assez nouveau pour lui, il tentait de s’y habituer jour après jour mais cela demandait un effort constant et cet effort n’était pas toujours couronné de succès. Alors oui je sais ce que vous allez me dire, qu’il aurait sans doute pu faire plus attention et être un peu plus respectueux vis-à-vis de cette forte odeur qui embaumait l’air, de toute évidence se demander ce qui pouvait puer de la sorte n’était pas la meilleure phrase pour s’introduire auprès d’un groupe de personnes. Mais n’avez jamais fait d’erreur ou manqué de tact par inadvertance, au moins une fois ? Alors n’allez pas lui jeter la pierre, il ne pensait pas à mal !
Nul n’aurait su dire si la propension à s’excuser pour un rien était liée à l’extrême politesse et gentillesse du jeune homme, ou bien si c’était son caractère assez effacé et timide qui le poussait à s’écraser face aux autres dès qu’il sentait avoir fait une bêtise, mais force était de constater que le voir s’excuser en surprenait toujours plus d’un. Le remarquait-il ? Non, pas vraiment, il se contentait de s’excuser jusque ce que le regard courroucé de ses interlocuteurs finisse par disparaître…ce qui arrivait quasiment tout le temps. Alors qu’il se redressait, observant l’objet de l’inquiétude de son jeune interlocuteur, le bretteur ne put lâcher ce qui lui venait à l’esprit. Que quelqu’un monte sur ses grands chevaux pour le simple fait d’avoir été bousculé était compréhensible, certaines personnes pouvaient être un peu plus susceptibles ou colériques que d’autres, mais ce jeune inconnu venait de péter un plomb pour une malheureuse louche. Une…louche ??? Décidemment Kyoshiro avait encore beaucoup à apprendre sur ce monde, il faudrait que quelqu’un lui explique un jour comment on pouvait accorder autant d’importance à un simple ustensile de cuisine.
Alors que ce jeune cuisinier s’efforçait d’expliquer au candide ce que cet ustensile avait d’unique et de précieux, listant toutes les caractéristiques de l’objet avec autant de passion qu’un bretteur décrivant un meitou, le jeune candide se fit violence pour ne pas lâcher une réflexion qui ne ferait qu’envenimer la situation. Quelle réflexion ? Oh quelque chose dans le style « Oui. C’est juste une louche, quoi…. » mais, au vu de la précédente réaction, de son interlocuteur il en vint à douter de l’effet positif qu’aurait une telle critique. Si son propre interlocuteur fit l’effort de faire une pause et de respirer pour se calmer, le moins qu’il puisse faire était de ne pas jeter une nouvelle fois de l’huile sur le feu.
Écoutant cet inconnu préciser que, cerise sur le gateau, cette trouvaille coutait la peau des fesses, Kyoshiro se frotta l’arrière de la tête et éclaira son visage d’un sourire gêné avant de lâcher :
Que pouvait-il dire de plus de toute façon ? Il ne pouvait pas faire semblant d’avoir de l’empathie ou le même intérêt que son interlocuteur pour ce simple ustensile de cuisine, il pouvait simplement acquiescer en espérant que la conversation dérive sur un autre sujet. Et elle le fit. En effet le jeune cuisinier en vint ç s’excuser de son attitude ce qui ne manquait pas de surprendre l’autre benêt. Celui-ci rejoint la proposition de son interlocuteur en une poignée de main ferme qu’il agrémenta de :
« Nul besoin de vous excuser, c’est moi qui suis en tort. Enchanté je suis Kyoshiro et…eh bien…je me balade, je voyage. »
Que pouvait-il dire de plus sur lui ? Se qualifier d’aventurier était trop pompeux et il n’avait pas de réel métier à présenter comme une fierté ou comme étendard à brandir fièrement au-dessus de lui. Mais ces présentations assez formelles furent interrompues par l’arrivée de deux énergumènes courant à vive allure. L’un vint percuter le duo qui se serrait la main tandis que l’autre tenta de s’emparer de la malle du jeune cuisinier avant de s’engouffrer dans la ruelle la plus proche. Mais..qui…que…hein ? Si le jeune homme ne comprit pas vraiment ce qu’il venait de se passer, ayant atterrit sur les fesses après cette petite collision, il ne put que se tourner vers le cuisinier et lui demander la première chose qui lui passait par la tête :
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Ven 1 Avr 2016 - 17:36
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
Kyoshiro, tel était le nom de son interlocuteur. Kyoshiro qui voyage, qui se promène. Bah, ça lui suffisait. À en juger par les fourreaux qu'il portait à la taille, il s'agissait d'un sabreur. Heziel savait qu'une île de East Blue était réputée pour ses Dojos et sa voie du sabre... peut-être que l'homme qui lui faisait face en provenait ? C'était une bonne question qui méritait d'être posée, surtout qu'actuellement, avec la visite partie, le Mormoilnien n'était pas contre une petite discussion avec quelqu'un de sympa. En l'occurrence, ce type lui paraissait plutôt sympathique. À partir de là, il n'y avait pas besoin de se prendre la tête plus que ça...
Néanmoins, il n'eut pas le temps d'en dire davantage. Soudain, deux gugusse qui détalaient à toute jambe vinrent à leur rencontre, sans qu'ils aient le temps de s'en formaliser. Le premier les percuta tout deux avant de tituber et de reprendre sa course, envoyant par la même occasion l'épéiste sur les fesses alors que le cuistot se rattrapait de justesse à un mur qu'il manqua de peu de se prendre dans la figure. Dans le procédé, il lâcha la mallette contenant sa petite protégée toute fraîchement acquise. Le deuxième passa également à vive allure, sans que le Coffe ne constate immédiatement qu'il s'était emparé de sa malle qu'il venait de lâcher ! Se retournant, il leur adressa sa sympathie en quelques mots assez simples et clairs.
- Vous pourriez faire attention, hé !
Il se retourna vers le sabreur qui lui demanda si il connaissait ces deux malandrins qui n'avaient visiblement jamais appris à s'excuser auprès des gens qu'ils renversaient presque. Sans doute quelques creux à combler dans leur éducation, à n'en pas douter... enfin, dans tous les cas, ce n'était pas cela. Le futur second de l'équipage des Dokugan n'avaient aucune idée de qui pouvaient être ces deux trouble fête.
- Non, pas du tout. Enfin, je suppose qu'il y a des gens impolis un peu part...
Il se figea lorsque sa main rencontra le vide. La malle. Elle n'était plus là. Se tournant mécaniquement, avec un air à mi-chemin entre la dépression nerveuse qui allait craquer et la colère bouillonnante qui était en train de monter. Il observa le vide devant sa main l'espace d'une seconde, serrant finalement le poing avec force. Tant et si bien qu'il aurait aisément pu casser une noix à la seule force de ses doigts sans même avoir à y mettre d'effort. Il grogna avant de baisser la tête, tremblotant presque de rage. On venait de lui enlever son bébé ET on venait de le voler. Les deux ensemble, ça avait de quoi le mettre hors de lui.
- Les... les enfoirés...
Il se redressa d'un seul coup, l'expression changée par une vindicte nouvelle. La terrible colère de Heziel Coffe lorsqu'on s'en prenait à un élément de sa cuisine, à fortiori ses ustensiles fétiches ou sa vaisselle. Pointant la tête vers le ciel, sa voix tonna dans toute la rue et peut-être même celle d'à côté alors qu'il déclarait clairement ses intentions au monde entier aux alentours.
- COURREZ VITE, CAR QUAND JE VOUS METTRAI LA MAIN DESSUS, VOUS SEREZ CUITS !
Sur ces mots, il détala dans la direction qu'avaient emprunté les deux voleurs, laissa dans son sillage un nuage de poussière du à la vitesse de sa course effrénée... et sans doute également un Kyoshiro qui n'avait pas tout compris à ce qui venait de se passer. Mais qui aurait pu lui en vouloir ? Comprendre le maître-coq n'était pas une mince affaire, lorsqu'il s'agissait de sa passion...
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Dim 3 Avr 2016 - 17:20
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
À cette époque-là le jeune homme venait à peine de sortir des jupes de sa mère pour ainsi dire, enfin celles de son maître dans le cas présent, la vie n’avait pas encore eu le temps de lui donner les leçons essentielles qui feraient de lui l’homme, l’épéiste et le maudit qu’il était aujourd’hui. Alors quelle était la différence ? Il avait, à cette époque, une vision beaucoup plus idéalisée de la vie et des relations humaines, il voyait chaque rencontre comme une chance merveilleuse d’en apprendre plus sur ce monde et d’apprendre à connaître des gens formidables. Comment pouvait-il se douter, à cette époque-là, que le monde était rempli de davantage de connards sans scrupules que de gens biens ? Il ne le savait pas, la plupart du temps son gardien passait derrière pour faire le ménage dans les souvenirs peu agréables afin de ne lui laisser que le meilleur, afin qu’il n’ait qu’une version tronquée et idéalisée de cette réalité. D’ici quelques heures le jeune aurait donc sans doute oublié le regard inquisiteur des passants offusqués par son entrée en scène, peut-être même aurait-il oublié l’engeulade avec son jeune interlocuteur pour ne se concentrer que sur la partie un peu plus positive de la conversation. Qui pouvait dire ce qu’il avait oublié au cours de sa vie ? Le gardien avait si souvent fait le ménage que des années plus tard, la mémoire du maudit était toujours fragmentée. Mais nous étions dans un temps où Kyoshiro ne pouvait se douter de tout ça, dans un temps où le jeune candide se contentait de profiter de la vie et de lui sourire de toutes ses dents. Que pouvait-il bien lui arriver ? La vie ne l’avait encore jamais fait souffrir, et aujourd’hui il avait même rencontré un autre garçon d’à peu près son âge qui semblait assez sympathique si on passait outre les circonstances de leur rencontre.
Malheureusement dans une ville aussi touristique et active que celle-ci beaucoup de gens allaient et venaient dans les rues et ruelles de cette ville et, malheureusement, il arrivait que certains imprudentes en viennent à percuter des passants sans faire attention. D’ordinaire le jeune homme aurai haussé les épaules, désolé qu’il était devant l’imprudence de ces deux personnes, mais il ne s’empêcher de demander à son camarade s’il connaissait ces deux individus pressés. Après tout, s’il était sur l’île depuis plus longtemps que l’épéiste, peut-être connaissait-il certains habitants. Le cuisinier avoua au bretteur qu’il ne connaissait pas ces gens-là mais, avant que la discussion ne puisse reprendre son cours, ledit cuisinier se figea et resta silencieux pendant quelques instants. Arquant un sourcil d’incompréhension, le candide dévisagea son interlocuteur comme s’il espérait trouver une réponse à son étrange attitude, mais il ne parvint pas tout de suite à voir ce qui clochait dans ce tableau…pas avant que son interlocuteur ne parte en courant en tout cas.
Voyant le cuisinier s’en aller à vive allure tout en hurlant à pleins poumons, le candide comprit enfin ce qui clochait. Posant son poing droit fermé dans la paume de sa main gauche ouverte, il s’écria :
«Oh, la louche. »
Oui il n’avait pas percuté tout de suite, et alors ? Mieux vaut tard que jamais, comme on dit. Réalisant que les deux individus avaient emprunté la malle du cuisinier sans son avis, le jeune homme se mit lui aussi à courir tout en maintenant ses deux sabres en place avec sa main gauche. Bien vite il dépassa le cuisinier sans mal et arriva à hauteur des voleurs qu’il tenta d’appeler, mais sans succès. Étaient-ils sourds pour ne pas se retourner quand quelqu’un les appelait ? Apparemment, c’était la seule explication logique pour le candide. Vous ai-je déjà dit que Kyoshiro était incapable de mesurer sa propre force ? Il ne se rendait pas compte que ce n’étaient pas les voleurs qui étaient lents mais ses jambes qui étaient incroyablement puissantes. Que ce soit en combat, en technique ou en force pure le jeune homme ne craignait personne mais, puisqu’il fuyait les affrontements comme la peste, il était tout bonnement incapable de se rendre compte de sa propre puissance. Malheureusement sa propre puissance n’empêchait pas le bretteur d’être étourdi et, trop focalisé sur ces deux individus, il ne fit pas attention aux alentours et percuta un paquet de caisses en bois empilées. Surpris, il resta assis par terre au milieu des décombres sans vraiment se rendre compte de ce qu’il s’était passé : plus de peur que de mal, heureusement !
Les voleurs s’éloignant, le bretteur tenta de se relever et, voyant son camarade arriver, lui lança :
«Attention, ils empilent leurs caisses n’importe comment par ici. »
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Sam 30 Avr 2016 - 17:56
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
Emporté par un élan de rage comme il ne pouvait en connaitre qu'en ce genre d'instants, le cuistot courait à toutes jambes dans les rues en soulevant la poussière sur son passage. Sa tete traduisait la colère d'un animal, un taureau en train de voir rouge qui fonçait droit devant lui. Il ne remarqua même pas le sabreur qui le dépassa, tout comme il remarquait à peine les gens qui s'écartaient de son chemin dans l'espoir de ne pas se faire renverser par sa vindicte. On venait de lui voler son précieux sous son nez et ça, c'était hors de question qu'il le laisse passer ! Il traça donc sa route à la poursuite des malandrins, avec la ferme intention de leur faire passer un sacré quart d'heure dont ils se souviendraient longtemps... et pas dans les meilleurs termes, à n'en pas douter.
Alors qu'il gardait en visuel les deux petits plaisantins qui auraient bien mieux fait de s'attaquer à quelqu'un d'autre, le brun commença à graduellement accélérer, libérant sa puissance physique dans un élan de volonté terrible. Sa louche était en danger ! Il accéléra, accéléra et accéléra... jusqu'à ce que finalement, un obstacle humain en plein milieu de la route semble venir s'interposer entre lui et sa promise.
- RESTE PAS LAAAAAA !
Il freina de tout son possible pour éviter la collision avec le bretteur. Qu'il esquive ou pas ne changeait rien à la donne : le cuistot se ramassa lui aussi devant les caisses en bois, dans l'axe de Kyoshiro. Il avait percuté quelque chose, restait à savoir si c'était l'épéiste. Se redressant péniblement, il observa la rue devant lui. Il avait perdu de vue les deux voleurs. Mince ! Il se tritura les cheveux, tout en exprimant de vive voix l'aspect terrible de son malheur. Qui aurait bien pu savoir ce qu'allait subir l'ustensile entre d'aussi viles mains ? Non, c'était trop douloureux à imaginer ! Alors que tout espoir semblait perdu, un détail attira son attention. Une petite boite qui avait été laissée dans l'allée.
- C'est quoi, ce machin ?
Il s'en approcha, suspicieux. Et à raison : alors qu'il s’apprêtait à ouvrir la boite, cette dernière lui fit ce plaisir avec l'air d'une sorte de poupée montée sur ressort aux allures de clown. La figurine bruyante portait un petit message dans sa main droite. Était-ce là une note des ravisseurs ? Allaient-ils lui demander une rançon pour la survie de sa bien aimée louche ? Allaient-ils l'escroquer, le faire chanter, tenter d'obtenir de lui des choses ? Étaient-ils aussi bas que cela ? Ces hommes allaient payer leur exaction, c'était un fait indéniable ! Mais pour ça, il fallait d'abord les retrouver... aussi, il finit par se saisir du bout de papier en espérant pouvoir y apprendre quelque chose. S'éclaircissant la voix, il commença la lecture à voix haute...
- "Chère victime, nous espérons que notre tour vous a plu. Si vous voulez jouer un peu plus avec nous et récupérer votre bien, veuillez sans attendre vous rendre au grand ravin à l'ouest de la ville. Nous vous recontacterons. Bien cordialement, les frères Jugar."
Maugréant un bon coup, il froissa le papier avant de le fourrer dans sa poche. Ah ! Ils voulaient jouer ! Eh bien ils allaient jouer, sans faute... rester à savoir si le sabreur allait se joindre à lui dans sa quête. Pour sa part, son chemin était clair.
- J'ai une louche à récupérer et une correction à donner...
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Dim 1 Mai 2016 - 1:11
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Ce ne serait probablement un surprise pour personne si je vous disais que le jeune homme ici présent, ce grand gaillard aux yeux de braise et au sourire niais, n’était pas le plus grand fan du monde de toute situation conflictuelle et qu’il faisait généralement son possible pour les fuir comme la peste ou un fan un peu trop collant. Alors bien entendu il fuyait ces situations car ce n’était jamais plaisant que de voir des individus en venir aux mains pour des raisons stupides, mais aussi parce qu’il se sentait désemparé dans ces moment-là. Comme un végétarien à la fête de la côte de porc ou un musulman au salon du vin, le bretteur en herbe ne se sentait clairement pas à sa place en un lieu où ça puait la testostérone et où les mâles ambiants se la jouaient à qui avait la plus grosse, cherchant volontairement à provoquer des bagarres dont ils étaient certains de sortir vainqueur. Que pouvait-il faire, lui, si frêle et incertains, face à ces hommes qui se repaissaient de la violence comme si c’était une juteuse pièce de viande ? À cette époque il n’avait aucune idée de la puissance qui résidait en lui et de la force que ses muscles étaient capables de déployer, il se contentait de faire ce qu’il pouvait pour aider les gens en espérant ne pas se mettre à dos trop de gens. Il n’aimait pas se battre, il n’aimait pas voir la douceur humaine tenue en échec par la barbarie d’une poignée d’individus mal intentionnés…il n’aimait pas voir l’égoïsme triompher de la solidarité.
Pourriez-vous vraiment lui jeter la pierre ?
Il errait donc d’île en île avec la volonté de faire de son mieux et d’apporter sa petite contribution à chaque communauté où il mettait les pieds, avec la volonté d’apporter un peu de lumière dans la vie des gens grâce à une simple main tendue au bon moment, ce n’était pas l’ambition qui l’étouffait mais il était heureux comme cela. N’était-ce pas ce qui comptait le plus, de faire quelque chose qui le fasse sourire ? Ne pas avoir de désir de grandeur ne voulait pas dire que sa vie n’avait pas de valeur, il menait simplement une existence plus humble que ses congénères. Vivre humblement et surtout honorablement, l’un des nombreux reflets de la voie du bushido.
Mais aujourd’hui le bretteur avait pris une petite pause, pour au moins quelques heures, avec simplement l’envie de flâner et de découvrir cette ville, le temps des mains tendues et des sourires partagés pouvait bien attendre encore un petit peu. Mais une fois de plus sa maladresse et sa lenteur d’esprit le mirent dans une situation assez complexe qui, quelques instants plus tard, ne manqua pas de se compliquer davantage grâce à l’intervention d’habiles voleurs venus dérober la mallette du cuisiner que Kyoshiro venait de rencontrer. D’autres se seraient détournés de ce larcin, prétextant que ce n’était pas leur problème, mais c’était bien mal connaître ce bretteur que de penser qu’il pouvait détourner le regard face à une injustice. Aussi prit-il son courage à deux mains et courut-il à la poursuite de ces fieffés voleurs, espérant naïvement que le simple fait de les rattraper pourrait suffire à les faire lâcher prise et rendre ce qu’ils avaient si injustement dérobé. Il courut donc encore et encore, porté par ses puissantes jambes, trop puissantes jambes apparemment car il ne sut freiner à temps et vint embrasser un amoncellement de caisses en bois. Tentant péniblement de se relever, prenant appui là où il le pouvait encore, il ouvrit des yeux ronds comme des culs de pelle et n’eut rien le temps de dire avant que son camarade cuisinier ne vienne le percuter et l’enfoncer encore un peu plus dans l’amas de caisse. Décidément il était verni ! Sonné, il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et écouter son camarade lire à voix haute le petit papier laissé derrière les voleurs : une simple invitation à un rendez-vous non-loin d’ici. Se redressant, époussetant ses vêtements pleins de poussière, il répondit alors :
« Je viens avec vous, c’est à cause de ma maladresse que ce larcin a été possible. »
Vérifiant que ses sabres étaient toujours bien fixes à sa ceinture, le jeune bretteur prit quelques secondes pour repérer où était l’ouest avant de s’y diriger d’un pas leste. Il ne fallut au duo que quelques minutes pour atteindre les abords de la ville et voir apparaître le ravin das leur champ de vision. Tournant sa tête vers le cuisinier en colère, Kyoshiro essaya de calmer la situation en lâchant :
« Si ça ne vous gêne pas j’aimerai que vous me laissiez parler, histoire de pouvoir récupérer votre ustensile au plus tôt sans que cela ne dégénère. Vous ne voudriez pas les braquer, j’imagine. »
Il n’était pas forcément le meilleur diplomate du monde mais il avait au moins la volonté de faire en sorte que cette situation ne se termine pas dans le sang et les larmes, n’était-ce pas le principal ? Revêtant son plus beau sourire, pas désemparé pour un sous face aux amis que les deux voleurs avaient ramené, ce fut sur un ton doux et jovial qu’il s’introduit.
« Bonjour messieurs, nous avons bien reçu votre invitation. Ce monsieur ici présent aimerai vivement récupérer ce qui lui appartient. Je gage que vous ne pensiez pas forcément à mal, aussi sommes-nous prêts à passer l’éponge sur toute cette histoire à condition que vous nous remettiez cette louche. D’accord ? Nous devrions forcément pouvoir nous entendre. »
Malheureusement, même si ses intentions étaient honorable, son discours ne fit écho qu’aux rires gras des racailles présentes devant lui. Apparemment leurs intentions n’étaient pas aussi bienveillantes que le jeune bretteur voulait naïvement le croire. Cela commençait mal.
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Sam 2 Juil 2016 - 13:19
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
C'est un cuistancier relativement bougon qui suivit l'épéiste tout fraichement rencontré jusqu'aux abords de la ville. Non mais, pour qui se prenaient ces clowns ? Lui voler sa chère et tendre louche, à lui ! LUI ! Il ne demandait rien à personne, si ce n'était de pouvoir apprécier à sa juste valeur les beaux ustensiles, l'argenterie et la faïence... et tout ce qui avait rapport avec la cuisine, en fait. Les joues gonflées, il suivait en silence le sabreur qui semblait bien plus calme et composé en cet instant. Non mais, si il mettait la main sur ces... GRMPF ! Un ravin. Le fameux grand ravin à l'ouest ? Bien, parfait, vite qu'on en finisse. Heziel commençait à perdre patience en imaginant les atrocités que ces malfrats allaient faire subir à sa belle... pour sûr, une relation pour le moins étrange que beaucoup auraient pu railler pendant des heures et des heures durant.
Kyoshiro proposa de prendre la tête des opérations, incitant son comparse à faire preuve de retenue et d'une certaine prudence. Il ne fallait pas que cela dégénère... croisant les bras, le Coffe soupira. Il savait au fond de lui que son nouveau compagnon avait très certainement raison de tenter une approche diplomatique. Après tout, si il avait été à sa place et qu'il avait fallu, admettons, récupérer l'un de ses sabres... il aurait sans doute lui aussi pris la situation avec plus de recul et de légèreté. Néanmoins, le brun n'était pas vraiment raisonnable lorsqu'ils s'agissait de ce genre d'affaire. Et ça l'emmerdait réellement de devoir se retenir de mettre une rouste à ces racailles... aussi afficha-t-il un air peu convaincu, mais avec un semblant de coopération.
- M'ouai...
C'est sur ces mots qu'ils pénétrèrent dans la faille naturelle. Il faisait plutôt chaud par ici. Le soleil se réfléchissait sur les pierres lisses et la proximité des parois, en certains temps, donnait l'impression que la température augmentait ostensiblement. De façon générale, le climat de l'île était plutôt agréable. Cet endroit devait être une exception. Ils finirent par tomber assez vite sur les deux gugusses et... oh, une troupe de brigands ? Quoi, ils allaient tenter de leur faire les poches, maintenant ? Alors que le cuisinier faisait déjà craquer ses poings, le sabreur l'arrêta dans son élan en demandant poliment à ce que son dû lui soit retourné. Le calme et la sincérité de l'épéiste étaient... étonnants. Il n'y avait aucune once d'agressivité dans sa voix, pas même en préparation. Il semblait réellement désireux que tout le monde s'entende. Même si il parlait à de la mauvaise graine. Néanmoins, sa généreuse offre de paix ne fut accueillie que par des railleries... ce qui agaça encore plus le cuisinier du Crabe-Repu, qui aimait de moins en moins les visages en face de lui et les aurait bien vus avec quelques dents en moins.
- Bon, écoutez... je vais formuler ça autrement. Vous allez me rendre cette louche, où je vais vous faire bouffer chaque caillasse dans cette saleté de ravin. Et de la caillasse, il doit y en avoir, pas vrai ?
L'assurance du maître-coq sembla déstabiliser un instant les voyous, qui ne savaient pas si il était sérieux ou juste assez stupide pour s'en prendre à une bande armée et sans foi ni loi. Ils semblaient néanmoins prêts à en découdre, mais les deux hommes (qui devaient être les fameux frères Jugar) s'interposèrent.
- Nous avons une meilleure idée ! - Oh oui, oui, une meilleure idée !
Haussant un sourcil devant la prise de parole étrange, ainsi que le fait que les autres raclures s'arrêtent, le Coffe sembla refroidir momentanément pour écouter ce qui allait sortir de la bouche de ses détracteurs. Ces derniers sortirent la louche et la montrèrent à tous, avant de la pointer vers le cuistot qui l'observait comme si ils détenaient sa chair et son sang.
- Vous voulez cette louche, n'est-ce pas ? Alors nous allons faire un petit jeu... et inutile de préciser que si vous ne suivez pas nos règles, la louche en subira les conséquences... - Oh oui, oui, en subira les conséquences !
Mais qu'est-ce que ces deux là pouvaient bien préparer, à la fin ?
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Dim 3 Juil 2016 - 20:27
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Sans trop savoir si c’était lié à un simple instinct de survie ou bien à une volonté de ne voir que le meilleur en ce bas monde, le jeune homme faisait toujours son possible pour éviter les situations conflictuelles ou, dans le pire des cas, d’y mettre un terme le plus rapidement possible en usant de toute la diplomatie dont il était capable. Bon d’accord, ce n’était pas vraiment une science exacte et les résultats était assez mitigés pour ne dire que ça, mais n’était-ce pas l’intention qui comptait le plus ? Est-ce que cela ne lui vaudrait pas des bons points simplement pour essayer d’améliorer les choses par la parole plutôt que par les poings ? Difficile à dire, les avis divergeaient en ce bas monde. Mais malheureusement il y avait des situations desquelles le jeune homme ne pouvait décemment pas s’extirper, notamment lorsqu’il avait une part de responsabilité dans cette histoire, et l’histoire qu’il vivait en ce moment même en était une. Vous pourriez penser que ce jeune bretteur y voyait une responsabilité là où il n’y en avait pas, ce qui ne serait pas très loin de la vérité, mais force était de constater que son nouveau camarade n’aurait sans doute pas été victime d’un larcin si la maladresse du jeune candide n’avait pas détourné sa concentration pendant quelques précieux instants. Peut-être serait-ce arrivé malgré tout et que la maladresse de Kyoshiro n’avait fait qu’accélérer les choses mais quand bien même, le jeune homme se sentait coupable et c’est ce qui le poussa à accompagner son compagnon pour récupérer son bien.
Une fois arrivé sur place le jeune homme proposa de s’occuper de la partie diplomatie et il ne fut pas étonné de sentir le scepticisme de son compagnon qui, de toute évidence, aurait apprécié une approche plus directe et percutante de cette situation conflictuelle. Serait-ce préférable ? Dans la tête de Kyoshiro la réponse était forcément négative mais, en réalité, cela restait à prouver. Ce fut avec le ton le plus doux dont il était capable que l’épéiste tenta de désamorcer la situation mais force était de constater que les brigands n’étaient clairement pas du même avis que lui et ses paroles ne firent écho qu’à des rires gras. La suite ? La victime de ce larcin prit les devants et présenta une solution beaucoup moins amiable que celle de son camarade bretteur.
Les chefs de cette bande semblèrent s’amuser de cette situation et, désireux de faire partager leur amusement à autrui, proposèrent un petit jeu à leurs deux nouveaux visiteurs. Intrigués, Kyoshiro vit l’un des deux claquer des doigts et des bêtes étrangères furent amenées par plusieurs de leurs hommes avant que l’explication ne tombe :
- Une course d’autruches autour de la ville ! Si l’un de vous est le premier à faire un tour complet du village, alors nous réfléchirons à notre demande - Oh oui, oui, à votre demande !
De mémoire c’était bien la première fois que Kyoshiro faisait face à de si étranges volatiles mais, après tout, cela revenait à une bête course de chevaux. En quoi était-ce si compliqué ? Se tournant vers son compagnon comme pour chercher une réponse dans son regard, Kyoshiro répondit finalement pour le duo :
«Nous acceptons.»
Les bêtes furent amenées, les 4 coureurs furent amenés devant une ligne de départ dessinée à la va-vite et, finalement, les 4 montèrent sur les montures non sans difficulté. Qu’était-ce que ce volatile dans ailes et qui gigotait tout le temps ? Décidément le jeune homme n’était tout d’un coup plus aussi confiant.
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Mar 5 Juil 2016 - 20:44
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
Désormais harnaché à une des bêtes de course, le cuistancier se sentait, comme diraient les jeunes, "au bout de sa vie". D'abord il avait du voir son magnifique outil de travail se faire kidnapper par deux vilains quelconques. Ensuite, il avait du se retenir de les passer à tabac pour laisser à la voie diplomatique une chance d'ouvrir la marche vers une entente plus ou moins cordiale. Ou en tout cas sans dents cassées. Et maintenant... il devait se plier aux exigences débiles de ces voyous ! Foi de Coffe, ils allaient le lui payer d'une façon ou d'une autre. Il avait beau être monté sur un volatile, il ne s'était que rarement senti autant dindon de la farce que sur le dos de son autruche. En parlant d'autruche, quel animal bizarre... et puis, pour faire une course ? Franchement, cette bande de malfrats avait des passe temps étranges. Ce qui ne faisait qu'augmenter la crainte du cuisinier concernant sa belle et douce pièce d'art inoxydable...
La ligne de départ et d'arrivée était toute tracée, et quatre animaux avaient d'ores et déjà pris place tout du long de la marque malhabilement tracée. Le bretteur était également de la partie. Les deux compères allaient devoir se frotter à deux des zouaves qui s'interposaient entre eux et la récupération sacro-sainte de la louche. Agrippant fermement le plumage de la bestiole, Heziel était remonté à bloc. Ils voulaient jouer ? Bien, il n'avait pas le choix de toute manière. Mais il allait gagner cette course, et ils allaient amèrement regretter dès le moment où sa louche serait en lieu sûr...
Le coup d'envoi fut sonné. Sans se soucier de Kyoshiro qui avait sa propre course à mener, le cuisinier somma sa monture étrange d'avancer d'un bon coup de talon dans les flancs, un peu comme un cheval. L'animal se montra étrangement docile, sans doute formé à ce genre de traitement, bien qu'il lâcha un glapissement rauque d'insatisfaction. Partant dans un premier temps en zigzag, il finit par adopter une posture de course qui semblait parfaite et traça une ligne droite pour rattraper les deux premiers brigands, qui avaient pris un peu d'avance du fait de l'avancée inconsistante des premières secondes. Plissant les yeux, le brun se pencha vers l'avant, levant peu à peu le derrière. Il avait l'air concentré et estimait en réalité la distance qui le séparait du premier challenger... il le tenait presque... il le talonnait désormais ! Pour sûr, il allait le...
- HeuuUUAAAAAHHHHH ?!
Dans un bruit très désagréable, l'autruche s'envola soudainement en piaillant comme une abrutie. Le futur dokugan sentit ses tripes se soulever sous la violence du décollage, alors que le son caractéristique d'une flatulence s'éloignait de ses oreilles. Il ne comprit pas aux premiers abords. Mais bordel, qu'est-ce qui venait de se passer ?! Il était à une bonne quinzaine de mètres du sol maintenant ! C'était une autruche supersonique ou quoi ? De grands éclats de rire lointains lui parvinrent, sans doute ceux des truands. Il du attendre que l'autruche redescende, perdant un temps considérable tandis que les deux autres prenaient de l'avance ! Houspillant son bidet emplumé, le Coffe gesticulait en poussant des jurons tandis que l'autruche reprenait la course. Bon, ça allait être dur à rattraper, mais rien d'impo...
- AlleeEEEEEEHHHHHH !!
la bête s'envola une nouvelle fois, se tortillant sous un nouveau rejet ignominieux... la fête n'était visiblement pas terminée.
- Ahah, on leur a donné les deux autruches à problèmes au hasard, mais on ne savait pas qui avait laquelle ! Il semblerait que celui là soit tombé sur celle qui pète ! Alors, la vue est belle de la haut ? - Oh oui, oui, belle de la haut !
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Dim 10 Juil 2016 - 16:14
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Même si le bretteur avait un peu voyagé et rencontré une tripotée de bêtes aussi fascinantes qu’étranges, il devait bien avouer ne jamais avoir rencontré pareille créature dotée d’un cou ridiculement long et à l’allure si singulière. Pour tout dire lorsque le mot course était venu sur le tapis il s’était attendu à une course à pieds ou une course de chevaux à la limite, mais maintenant qu’il posait les yeux sur une de ces fameuses autruches il se demandait comment leur était venue l’idée de dompter et monter des bestioles. Y avait-il eu un concours des idées les plus ridicules et c’était le plus alcoolisé des participants qui avait émis l’idée de chevaucher ces bestioles aussi ridicules qu’inconfortables ? Voilà encore une question qui resterait sans réponse et, au jour d’aujourd’hui, cela ne changerait rien à l’épreuve qui attendait le jeune duo. Conscient que cette façon de régler un différend n’était guère orthodoxe mais qu’elle était tout de même préférable à un cassage de dents en règle comme le souhaitait son jeune camarade, le jeune homme rassembla ses forces et, en un seul bon et une bonne impulsion de ses jambes, grimpa sur le dos de la créature non sans manquer de se casser la figure. Comment pouvait-il espérer tenir sur une créature qui gigotait autant ? Elle avait intérêt à aller vite sans quoi cette course serait particulièrement longue et désagréable.
Prenant une profonde inspiration s’agrippant du mieux qu’il pouvait au plumage de cette monture dépourvue de selle et de rennes, le jeune bretteut fit son possible pour se stabiliser et, finalement, l’heure du départ retentit enfin. Faisant écho aux mouvements des autres coureurs, Kyoshiro donna un petit coup de talon sur le flanc de la bête pour lui donner l’impulsion nécessaire à son départ. S’il s’attendait à une course acharnée, le jeune homme fut surpris de voir les autres le distance avec une aisance ahurissante, il sentait pourtant bien sa créature en mouvement mais les trois autres coureurs ne cessaient de le distancer.
Ne pouvant masquer la surprise qui se dessinait désormais sur son fin visage, le jeune homme regarda tout autour de lui pour essayer de comprendre ce qu’il se passait et ce fut en voyant le décor autour de lui défiler à l’envers qu’il comprit que quelque chose clochait. Abaissant la tête vers le sol, il ne put s’empêcher de se demander :
«Mais qu’est-ce que… ? »
Pour une raison qu’il ignorait sa chère monture avait eu la bonne idée de courir à reculons si bien que le jeune candide se retrouvait à faire la course dans le mauvais sens alors que les autres prenaient une incroyable avance sur lui. Inquiet et perdu, il se pencha en avant, vers la tête de cette creature avant de lui demander:
«Euh…madame l’autruche ? Il semblerait que vous alliez dans le mauvais sens. C’est en avant qu’il faut aller.»
Si une telle chose était le bon sens même pour n’importe quell individu intelligent, le jeune bretteur n’oubliait pas qu’il tentait de raisonner un animal et que ses paroles ne parviendraient peut-être pas à l’atteindre. Essayant de donner de petits coups de talons pour signifier à cette creature qu’elle devait changer sa course, le garcon ne put lâcher qu’un profound soupir faisant écho à l’incroyable échec de son action. Pourquoi cette autruche courait-elle en arrière ? Nul ne saurait le dire mais, à défaut de ne pouvoir la faire changer de trajectoire, Kyoshiro se tourna face à l’arrière-train de cette chose. Au moins il verrait le décor defiler dans le bon sens comme ça et, d’ici peu, il pourrait voir ses concurrents arriver en face de lui.
Il était hors course avant même qu’elle n’ait commence.
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Dim 24 Juil 2016 - 20:41
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
- Deeeesceeeeeeeeeeeeend !! SALOPERIE !
Encore une fois, le cuistancier se retrouvait loin au dessus du sol, perdu dans des jurons incessants. Son fidèle destrier n'en faisait qu'à sa tête. Entre les flatulences très peu flatteuse qui commençaient à lui monter au nez comme un gaz moutarde low cost et l'aspect rebelle de sa monture, le maître-queux avait de plus en plus envie de tout simplement étrangler l'animal. Après tout, dans d'autres circonstances, il en aurait sans doute fait un rôti... alors pourquoi se priver ? Oui mais voilà, cette bête immonde et absolument pas fiable était le seul outil dont il disposait pour récupérer sa louche bien aimée sans risquer qu'elle ne subisse le moindre mal. Autrement dit, il devait composer avec ça aussi longtemps qu'il en serait forcé... ce qui commençait à l'exaspérer sévèrement, et à le paniquer : ses adversaires étaient déjà loin devant lui, et aucune trace de Kyoshiro !
Néanmoins, de sa haute position (bien que non désirée), il pu retrouver assez rapidement son compagnon sabreur : ce dernier parcourait la piste... dans l'autre sens. Non, plus exactement, sa propre autruche la parcourait à reculons ! Non mais qu'est-ce qui n'allait pas avec ces animaux ?! Agitant les bras, courroucé, il explosa de colère en vol en observant l'efficacité mortelle des animaux de ses concurrents, face à celle totalement risible de leurs propres bidets à plumes.
- RACLURES ! VOYOUS ! MAUDITS ! Vous trichez ! Nos piafs sont truqués, ils dysfonctionnent comme pas possible ! Vous les avez même pas fait réviser avant de nous les filer ! Non, PIRE ! Vous nous les avez sabotés !
Sa déferlante de mécontentement qui avait l'air totalement risible du point de vue des brigands fit éclater un grand fou rire parmi ces derniers, les frères Jugar compris. Ces derniers essuyèrent une larme tandis qu'un "C'est pas drôle" tonnait depuis les cieux, où Heziel commençait à se rapprocher du seuil fatidique du meurtre de son autruche de course. Les deux frangins se regardèrent avec un grand sourire, tandis que celui qui s'exprimait normalement repris la parole.
- Et le deuxième a celle qui est trop stupide pour avancer tout droit ! Mais qu'y pouvons nous ? C'est un triste hasard, hein ? - Oh oui, oui, un triste hasard!
Le cuistancier marin bouillonnait de rage sur son oiseau. D'abord on le volait, puis on le faisait chanter... maintenant, on se moquait allègrement de lui après l'avoir dupé ? Il s'accrocha si fort aux plumes de la créature que cette dernière se mit à piailler en tout sens, gesticulant avec vigueur pour se débarrasser de sa poigne d'acier. Le rouge lui monta graduellement au visage, comme sur un thermomètre, avant qu'il n'éclate finalement dans un grand geste de rage : il frappa le crâne de l'autruche d'un grand coup vindicatif.
- SUIT CETTE P*TAIN DE PISTE, CREBOUDIOU !
Il n'aurait pas pu en souhaiter davantage : l'oiseau fut rabattu au sol avec force, ce qui lui fit gagner une distance considérable sur celle qu'il venait de perdre sur ses adversaires. Dans son agacement, le futur chapeau de paille ne remarqua cet état de fait que quelques secondes plus tard. Venait-il de rattraper un peu d'avance ? Incroyable ! L'oiseau s'envola une nouvelle fois, en proie à une pétarade pas possible. Observant son poing, puis la bosse naissante sur le crâne de l'animal, le cuistancier prit sa décision. Quelques minutes plus tard, il était de nouveau au sol, et il avait ravalé une sacrée distance ! Il avait réussi à changer ce bestiau flatulent en une sorte de véhicule de piquée super fonctionnel. Était-ce donc ça, la clé de la victoire ? Il n'avait plus qu'à essayer à nouveau, jusqu'à ce que ça marche !
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Tadake Kyoshiro
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Lun 1 Aoû 2016 - 23:38
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Le jeune homme ici présent était-il fait pour participer à des courses ? La question avait le mérite d’être posé. Certes de par son expérience le jeune homme possédait des jambes puissantes et ses exercices réguliers lui avaient permis de gagner suffisamment en endurance pour participer à des courses assez longues, mais ici il ne s’agissait pas de compter sur ses jambes mais sur celles d’un animal dont il ne connaissait rien. Comment pouvait-il décemment espérer bien s’en sortir ? S’il s’agissait d’un cavalier connaissant intimement sa bête depuis plusieurs années alors les chances n’auraient pas été les même, mais ici il s’agissait d’un homme était aussi à l’aise sur la selle d’un cheval que dans l’eau – s’il y avait encore besoin de rappeler sa nature de maudit - qui était d’autant plus surpris de se trouver sur la seule bête du lot qui trouvait cela logique de faire la course dans le sens inverse.
Si vous connaissiez le caractère du jeune homme vous sauriez qu’il n’était clairement pas dans ses habitudes et encore moins dans ses convictions d’être violent, même dans un but précis, aussi ne put-il pas user de la même méthode que son caractère pour faire entendre raison à sa monture à coup de poing. Aurait-ce changé quoi que ce soit ? La question ne se posait même pas car ce scénario n’arriverait jamais, si le jeune homme se refusait de faire violence à ses congénères il en allait encore plus de même pour les animaux contre lesquels il n’avait aucun grief. Au début il essaya bien de gigoter dans tous les sens sur sa monture en espérant que ses mouvements pousseraient la bestiole à changer de posture ou de direction, mais force était de constater que cette bestiole était trop têtue ou bien trop stupide pour se rendre compte qu’elle partait dans la mauvaise direction. Parler arrangerait-il les choses ? Sans doute que non.
Aussi peu confiant dans ses capacités qu’il était, le bretteur mis bien vite de côté l’option de descendre de sa monture et de faire le reste de la course à pieds, il avait bien trop pris de retard pour envisager de pouvoir rattraper les trois autres coureurs. Que lui restait-il ? Malheureusement, même s’il ne voyait pas cela comme une fatalité, il ne pouvait que remettre son destin et celui de la louche entre les mains de son nouveau camarade. Lui qui était venu pour aider, il se trouvait dépendant de la personne ayant besoin de son aide : ridicule, n’est-ce pas ?
Mais bientôt, désormais tourné vers le mauvais sens de la course, face au fessier de cette curieuse bestiole, le jeune pilote écarquilla ses yeux de braise alors qu’un spectacle terrible se jouait sous ses yeux.
« Oh non… »
Là, face à lui, à quelques dizaines de mètre de lui, émergeaient d’un virage les trois coureurs qui lui fonçaient droit dessus, au coude à coude sans sembler vouloir se décoller les uns des autres. Le soucis ? S’ils ne se décollaient pas vite fait il allait y avoir collision et, pour couronner le tout, la monture de Kyoshiro allait se prendre un bec d’autruche dans les fondements car elle ne voyait pas ce qui arrivait droit dans ses fesses. Inquiet, inquiet pour lui comme pour les autres coureurs, le bretteur porta ses deux mains à sa bouche pour former un porte-voix improvisé avant de crier à pleins poumons :
« Si vous voulez vous écarter, c’est le moment ou jamais ! »
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Mar 30 Aoû 2016 - 21:33
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
- Je préfère !
Il courrait désormais à côté des deux autres, qu'il avait réussi à rattraper à force d'utiliser sa monture débile comme un obus. À ceci près qu'il rebondissait, cet obus, au lieu d'exploser. Un miracle de physique à n'en pas douter. Les deux autres se tournèrent vers lui de concert tandis que leurs montures qui étaient pour le coup totalement normales commençaient à paniquer un peu. Nom de dieu, comment le brun avait-il pu se retrouver dans leur dos aussi vite ? Leurs mines déconfites grava un sourire démoniaque sur le visage du cuisinier qui voyait la vengeance à portée de main. Bientôt, il aurait récupéré sa louche en plus d'humilier ces malandrins ! Cette journée allait peut-être bien se finit, au final. D'autant qu'il était là pour les affaires, à la base.
- C'est ça, courrez ! PLUS VITE !
Soudain, au loin, il vit un obstacle arriver en contresens. Plissant les yeux, il ne reconnu pas immédiatement l'animal étrange. Il semblait avoir une longue queue, une frange qui pointait vers le haut, et un seul oeil dont il n'apercevait pas la pupille. Par tous les saints, quelle était cette abomination ! Et... attendez deux secondes... pourquoi Kyoshiro était monté dessus ? Ces questions ne faisant pas de sens, le cuistancier se retrouva rapidement en proie au doute. Il ne se souvenait pas que l'autruche du sabreur fut AUSSI truquée que ça. Ils l'auraient vu, non ? Il lui fallu plusieurs longues secondes à haute vitesse pour comprendre que ... c'était juste une autruche normale, mais à l'envers.
Heureusement pour lui, la sienne fit de nouveaux son tour de passe passe et il s'envola alors qu'un choc retentissait peu de temps après. Une collision inter-piaf qui allait sans doute faire mal. Il espérait juste que l'épéiste s'en soit bien tiré, surtout qu'il lui semblait bien sympathique malgré sa maladresse d'un peu plus tôt. Pour sa part, il s'éleva donc dans les airs et se retrouva en position idéale pour effectuer une piquée. Il fallait qu'il trouve un truc classe à dire, alors que sa monture prodigieusement flatulente s'envolait devant l'astre incandescent dans le ciel.
- LA MORSURE DU SOLEIIIIIL !
un "CHBONG" plus tard, l'autruche fila vers le sol avec une puissance insoupçonnée, dépassant de loin tout éventuel poursuivant qui aurait pu esquiver l'homme aux sabres. C'était la dernière ligne droite ! D'un sprint lui aussi impressionnant, sans doute causé par une certaine peur de la créature face à l'agressivité de ce parasite sur son dos, il se rapprocha de la ligne d'arrivée.
- Mais ce n'est pas possible ! - Oh non, non, pas possible !
Il allait finir cette course et la gagner ! Quelques temps plus tard, il passa finalement la ligne d'arrivée. Mais quelle serait la réaction des frères Jugar, battus à leur propre jeu ?
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Mar 6 Sep 2016 - 21:21
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Il fallait être doté d’une patience à toute épreuve pour passer une décennie à répéter inlassablement les mêmes mouvements, un sabre en bois entre les mains, il fallait être doté d’une certaine abnégation et d’une endurance tout aussi grande pour ignorer la douleur jaillissant des mains ensanglantés par trop d’entraînements. Décidément, il fallait être très patient pour devenir samouraï, ou tout du moins pour arpenter la voie vertueuse qui était celle du bushido. Vous vous demandez certainement pourquoi le modeste narrateur que je suis aborde ce sujet sans grand intérêt dans la situation présentation, et vous n’auriez d’ailleurs pas totalement tort de vous poser la question, mais dans un récit chaque chose avait sa place et le thème de la patience ne faisait pas exception. Ne fallait-il pas être patient pour supporter le jeu stupide de ces racailles ? Ne fallait-il pas être patient pour supporter une vie solitaire et nomade, sur les mers tourmentées de ce monde ? Il y avait suffisamment de choses énervantes dans ce monde pour rendre quelqu’un complètement fou et il ne fallait que féliciter quelqu’un ayant réussi à rester sain d’esprit et intègre malgré tout ça.
Depuis qu’il avait mis le pied hors de ce dojo, quelques années auparavant, il fallait bien dire que Kyoshiro n’avait pas changé d’un iota à quelques exceptions près, il était resté le même garçon candide et plein d’entrain dont le sourire et les prunelles de feu réchauffaient le cœur de ceux qui l’entouraient. Oh bien sûr qu’il n’était pas resté totalement le même car après tout la vie était une éternelle leçon qui ne prenait fin qu’au moment de rendre son tout dernier souffle, mais il pouvait être fier d’être resté fidèle à lui-même malgré toutes les épreuves et les tentations jalonnant sa vie.
Il continuait de faire des efforts pour aider des gens qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, il continuait de se positionner comme bouclier face à la barbarie humaine, il continuait de croire que les mots restaient le meilleur moyen de résoudre un conflit et que la violence était l’échec de la civilisation face à la sauvagerie animale.
Dois-je vraiment continuer la liste ? Il était donc là, assis sur le dos de cette étrange monture à voir le décor défiler devant lui dans le sens contraire à la normale et pour cause, cette satanée monture était en train de courir à reculons le plus naturellement du monde et sans avoir envie de répondre aux avertissements de son jockey. Alors que son camarade sautait au-dessus de la foule grâce à une énième flatulence de sa monture, se rapprochant de la victoire à grandes enjambées, Kyoshiro ne put qu’assister impuissant à la collision entre la monture d’un autre concurrent et les fesses de sa propre monture. Serrant les dents en voyant sa propre monture pousser un horrible cri de surprise alors qu’elle se mettait enfin à courir dans le bon sens, essayant en vain de sortir la tête de son congénère de ses propres fesses, le bretteur fut projeté en avant par l’impact et manqua de peu de percuter l’autre jockey qui eut le réflexe salvateur de se baisser.
Relevant la tête en essayant de ne pas trop s’attarder sur cette douloureuse scène, le candide ne put que lâcher :
«Pauvre bête, ça doit faire mal..»
Alors qu’il voyait enfin son camarade traverser la ligne d’arrivée et remporter la victoire, non sans une certaine satisfaction, le bretteur se tourna vers les deux autres jockeys désormais à l’arrêt pour leur demander gentiment:
«Nous avons gagné, je crois que vous avez quelque chose à nous remettre. Non ?»
Comme un seul homme les deux se retournèrent et protestèrent d’une seule et même voix, appelant leurs compagnons à partager leur indignation face à cette victoire douteuse.
- Jamais ! Je ne sais pas comment vous avez fait, mais vous avez triché ! - Triché !
Kyoshiro était capable de supporter beaucoup de choses, beaucoup trop de choses à commencer par la mauvaise foi d’un individu mal intentionné, mais au fond de lui résidait une entité qui ne possédait pas en elle la même patience. Son gardien, cela vous dit quelque chose ? Non? Eh bien allez lire certains de ses autres récits et cela vous donnera une idée du personnage.
Le gardien était tout ce que le jeune Kyoshiro n’était pas et ne serait jamais. Le garcon était enjoué et plein de vie alors son ange gardien était froid et morbide. Si le garcon plaçait la diplomatie et le respect de la vie au-dessus de toute autre chose, son camarade de l’ombre n’hésitait pas à faucher des vies quand cela lui permettait d’avancer. Vous voyez le topo ? Bien, alors vous ne serez sans doute pas surprise de voir apparaître le gardien suite à la complainte de ces vermines.
Les paupîères de l’épéistes se fermèrent un instant et, quand elles se rouvrirent, ses prunelles jetèrent sur la scène un froid sentiment d’inconfort. Dans un seul et même mouvement le gardien posa les deux mains sur ses sabres et, les dégainant sans attendre, lâcha sur un ton plus grave que d’habitude:
«Vous commencez à m’emmerder, les frères glandus ! La louche, maintenant, où vous allez vous en mordre les dents..»
L’heure n’était plus à la rigolade, la patience du gardien commençait à être sérieusement entamée. Au diable ce stupide jeu !
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Sam 17 Sep 2016 - 1:50
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
Non mais quel toupet ! Maintenant qu'ils avaient été plongés dans la défaite, perdant de façon copieuse tels les loosers qu'ils étaient, les frères Jugar n'admettaient pas la fin triste qui attendait leur équipe. Ils disaient même que le cuisinier et le sabreur avaient triché ! DE LA TRICHE ?! Mais leurs autruches étaient en elles mêmes un handicap qu'aucune triche n'aurait pu surmonter ! En entendant ces dires, le cuistancier souffla bruyamment, de la fumée sortant de ses naseaux comme si un boeuf en colère venait d'être tiré de son sommeil. Pour sûr, il appréciait l'épéiste, mais là... l'heure n'était plus à la diplomatie, puisque ces têtes de mules ne voulaient rien entendre !
Mais alors qu'il se retroussait les manches, décidé à frapper à la moindre occasion, le comportement de son camarade changea de A à Z, lui provoquant même un petit pas de recul. Mais où diable était passé Mister Nice Swordsman ? Mains posées sur ses engins de mort, ton irrévocable, vocabulaire outrageant... d'un seul coup, il était devenu l'inverse même de ce qu'il montrait depuis tout à l'heure. Il était d'ailleurs visiblement prêt à en découdre, dégainant même ses sabres ! Lui qui voulait éviter la violence... c'était bizarre. Mais Heziel n'en était pas mécontent : avec ces idiots, on ne pouvait apparemment pas discuter. Du moins, il n'avait pas le temps d'apprendre à les connaitre, ni l'envie. Pour sûr.
- Très bien, si c'est ce que vous voulez ! - Oh oui, oui, ce que vous voulez !
D'un geste vicieux, le plus intelligent des frères -du moins, celui qui ne répétait pas les dires de l'autre comme un abruti en pleine attaque cérébrale- jeta la malle contenant la louche, dans le but évident de l'envoyer dévaler une pente en espérant qu'elle se brise. Dès que l'objet quitta ses mains, le temps se figea pour Heziel. Alors que le fameux "Nooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon" caractéristique des situations où le protagoniste s'oppose fermement à la réalisation d'une action spécifique retentissait, le maître-coq s'empara de sa monture sans ménagement avant de la jeter avec une hargne sans égale sur l'auteur du sacrilège. L'autruche traversa les airs en larguant au passage un autre de ses pets prodigieux, qui ne fit qu'accélérer sa vitesse. Elle percuta de plein fouet le "cerveau des opérations" tandis que le cuistot se jetait sur la malle pour la rattraper. Le frère touché disparu dans un hoquet sous une volée de plume, un autre bruit de flatulence et les piaillements paniqués de la bestiole complètement déroutée. Un "KEUAH" pu se faire entendre, venant de la victime.
- KEUAH !
- MON SUCRE D'ORGE !
Ses doigts se tendirent à l'extrême, caressant durant un instant divin la surface encore lisse et immaculée du contenant. Son corps entier se fit plus long, plus volontaire, dans un effort surhumain pour attraper la valise au vol. Chose qu'il fit finalement, se réceptionnant dans la poussière de façon très peu classe, mais avec un objectif réussi : récupérer son bien sans qu'aucun mal ne lui fut fait. Mais autour de lui, son action n'avait pas été très appréciée. Les différents brigands commençaient à montrer de clairs signes d'hostilité, et les choses allaient sans doute dégénérer d'un moment à l'autre...
- On peut les taper, maintenant ?
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Lun 19 Sep 2016 - 19:06
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Ce gardien n’était pas une personne à part entière, pas un individu fait de chair et de sang mais cela ne voulait pas dire qu’il était dénué d’émotion et qu’il ne ressentait pas la frustration ou l’impatience comme tout un chacun, lorsqu’il était poussé à bout. La plupart du temps il faisait office d’éminence grise et manipulait la tête de son hôte pour qu’il ne garde que les bons souvenirs et oublie les mauvais, il observait et nettoyait après son hôte lorsque cela s’avérait nécessaire mais il n’intervenait directement que très rarement. Très rarement ne voulait pas dire jamais, même s’il considérait chacune de ses interventions comme un pas en arrière loin de la réhabilitation de son hôte il considérait cela comme son devoir que d’intervenir chaque fois que la naïveté de celui qui lui avait donné la vie mettait en danger son existence-même ainsi que son intégrité physique.
Aujourd’hui cette entité était restée silencieuse lorsque la maladresse de son hôte avait créé un petit problème, elle était restée silencieuse lorsque son hôte avait été incapable de rattraper ces maudits chapardeurs, elle était même restée désespérément silencieuse lorsque ces racailles avaient présenté au duo un petit jeu pour gagner un objet qu’ils avaient subtilisé. N’y avait-il pas plus culotté qu’un voleur voulait faire payer un homme pour récupérer l’objet qu’il lui avait dérobé ? Décidément ces criminels ne cesseraient de le surprendre.
Mais alors qu’il pensait avoir atteint les limites de sa patience en laissant son hôte participer à un jeu ridicule où les règles du jeu étaient compromises d’entrée de jeu, par l’introduction de deux monture qu’on pourrait aisément qualifier de défectueuses, le duo de crétins accusa l’autre duo de tricheur pour seule excuse les empêchant de respecter leur part du marché. C’en était trop, le gardien connaissait bien trop son hôte pour savoir qu’il n’oserait jamais hausser le ton et serait même capable d’accepter de participer à des dizaines d’autres jeux jusqu’à ce que les crétins finissent par céder. Le gardien n’était pas aussi patient et ne désirait pas que son petit protégé s’éternise davantage sur cette île qui ne l’aiderait en rien, il souhaitait simplement aider son poulain à respecter sa promesse : fin de l’histoire.
Reprenant les rennes en main comme il aimait si peu le faire, laissant sa mauvaise humeur transparaître à travers ses prunelles de feu, il répondit à la question de son camarade du jour par un sombre :
«Fais-toi plaisir.»
Le cuisinier ne désirait que recourir à la violence depuis le début et si selon le gardien son hôte avait eu raison de céder à cette proposition jusqu’à maintenant, mais coller quelques baffes pour ramener un individu à la raison avait tendance à plutôt bien marcher. Bon ici les baffes seraient remplacées par des coups de sabres mais l’idée restait la même.
Alors qu’une partie du petit groupe se dirigeait vers lui, un mécontentement évident enlaidissant leurs visages déjà fort hideux, le sombre épéiste n’eut qu’à lever le sabre et, en tranchant l’air, une colonne d’air vint tous les percuter et les écraser d’un seul bloc sur un rocher situé à quelques mètres derrière lui. C’était bluffant, en se décallent un peu plus le gardien aurait presque pu les faire s’écraser les uns sur les autres : cela aurait été beau à voir !
Lentement, très lentement, le sombre épéiste s’approchait du reste du groupe qui ne savait plus trop que faire face à la démonstration de violence et de puissance de la part de quelqu’un resté étonnement calme et en retrait depuis le début. Comment auraient-ils pu savoir ? Alors que le gardien fronçait les sourcils, refermant sa poigne de fer sur ses deux sabres, ce fut d’un ton cassant qu’il conclut sa prestation par :
« Vous savez quoi ? Je ne vais pas vous tuer parce que vous le méritez, mais parce que vous m’emmerdez. Je vais vous tuer parce que vous avez mis ma patience à bout alors, si vous êtes du genre à prier, c’est maintenant ou jamais.»
Plaisantait-il ? Malheureusement non, il avait beau être doué d’émotions mais l’humour ne faisait pas partie de ses particularité.
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Mar 20 Sep 2016 - 13:06
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
Alors que quelques mécréants s'approchaient de lui, Heziel reçut l'affirmation de son compère comme une délivrance : il en avait assez de ce manège, qui n'avait que trop duré. Accepter de marcher dans leur combine débile avait déjà demandé un effort de sa part, alors faire face à autant de mauvaise foi... c'en était trop ! Et puis, ils avaient quand même tenté de faire du mal à sa louche, et ça, il ne le pardonnerait pas facilement. En l'occurrence, les brigands ne cherchaient même pas son pardon : de fait, il allait régler les choses comme il convenait de le faire. En enfonçant un peu de bon sens et de politesse dans leurs crânes tristement vides de bon sentiments. Il se redressa donc tandis qu'un premier adversaire arrivait à son niveau, armé d'un marteau à la tête arrondie qui n'avait certainement pas comme vocation de planter des clous.
Un premier coup tenta de le cueillir dans la poitrine et il s'évada sur le côté. Profitant de l'élan de l'assaut de son ennemi, il frappa rapidement dans son plexus pour lui couper momentanément la respiration avant d'enchaîner sur un direct dans le pif. L'homme s'écroula en hoquetant, KO. Un deuxième tenta pour sa part de le ceinturer par derrière, enroulant ses bras noueux autour de son buste pour laisser à son camarade l'occasion de le suriner. Prenant appui sur ses jambes, il les releva au niveau de sa poitrine avant de frapper à pieds joins dans l'individu armé d'un poignard, qui fut repoussé en arrière violemment et lâcha son arme. Alors que ses souliers allaient toucher le sol, il envoya ses bras vers l'arrière et attrapa le bandit qui le maintenait en place par le col avant de basculer violemment vers l'avant, le faisant passer au dessus de lui dans une pirouette et le propulsant dans son compagnon qui se redressait péniblement. Les deux affreux se cognèrent l'un à l'autre, visiblement désorientés et hors d'état de nuire. De toute manière, les finir ne serait qu'une formalité, au besoin.
Soudain, un grand bruit et quelques cris détournèrent son attention vers son nouvel ami sabreur. Ce dernier, usant d'une arcane encore jamais vue par le cuistancier, venait de plaquer un groupe de malfrats contre la paroi rugueuse d'un rocher qui se situait plus loin. C'était impressionnant ! Plusieurs fois, le brun avait entendu certaines louanges concernant ceux qui suivaient la voie du bushido. Des hommes doués de principes, qui s'entraînaient durement afin de maîtriser une panoplie de gestes aux effets surprenants. Pour l'heure, ça collait à la description. Mais ce qui arriva par la suite le refroidit d'un trait.
Il voulait... les tuer ? Certainement, ils méritaient une bonne déculottée et quelques os cassés à droite à gauche n'auraient fait que renforcer l'impact de la leçon... mais tuer ! Non, c'était bien trop expéditif ! Écarquillant les yeux tandis qu'il observait la peur s'encrer sur les visages des canailles, le brun s'interposa ensuite rapidement entre Kyoshiro et ses cibles. Après tout, il avait été celui qui prônait l'usage de la force : il se sentait quelque peu coupable d'avoir poussé l'épéiste à cette extrémité. Même si il n'avait aucune idée que le fond de l'affaire était bien plus complexe que cela et qu'au final, il n'avait pas réellement joué dans ce changement comportemental. Levant les mains dans un léger signe de temps mort, il s'adressa ensuite à son comparse.
- Woh woh woh, pas la peine d'aller jusque là ! Ils ont eu leur compte, je pense.
- Oh oui, oui, notre compte !
D'un regard vindicatif, le futur cuisinier des Dokugan fit taire l'abruti qui répétait ses propos, lui signifiant par la même occasion qu'il était tout ce qui le séparait d'une réalité bien sombre : sa tête qui tomberait de ses épaules. Le maraud se tassa donc contre son rocher, en attendant que la tempête passe. Le Coffe se tourna de nouveau vers son compagnon, qui arborait un regard bien sinistre. La différence était si frappante que le cuisinier commençait à se demander si il s'agissait bien de la personne qu'il avait rencontré un peu plus tôt.
- Ils nous ont bien énervé, moi le premier. Mais... j'ai récupéré ma malle et ils sont hors d'état de nuire. Pas la peine de leur prendre la vie, je pense qu'ils retiendront la leçon.
Restait à voir si l'épéiste rangerait son arme.
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Ven 23 Sep 2016 - 1:30
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Si vous connaissez un peu le personnage de Kyoshiro vous devez être au courant de son aversion la plus totale pour tout recourt à la violence car aucun objectif ne pouvait être atteint par l’usage de la force sans que sa réussite soit entachée par une telle marque de barbarie. N’avait-il pas raison sur ce point ? Certes beaucoup de personnes dans ce monde ne possédez pas des valeurs morales aussi fortes que les siennes, ce qui était assez dommage, mais comment pouvait-on ne pas corrompre une victoire en observant le sang versé pour cette cause ? Aucun objectif –même le plus noble – ne pouvait rester pur lorsque d’autres vies devaient être sacrifiées pour sa réussite, chaque fois qu’un homme faisait couler le sang il devenait un peu moins humain et un peu plus animal. Voilà pourquoi il refusait que ses actions ne soient entachées par cette violence, voilà pourquoi il agissait de telle sorte que ses motivées et ses actions puissent rester pures.
Mais l’étaient-elles vraiment ? N’avait-il jamais dégainé ses armes pour autre chose que la défense des opprimés et la lutte face à la barbarie humaine ? S’il était doté de puissantes valeurs morales qui étaient la raison même de sa faiblesse mentale, il ne pouvait en être dit de son gardien qui ne s’embarrassait pas de tels freins. Nombreuses étaient les fois où il avait pris les rênes de ce corps pour sortir son hôte d’une situation inextricable, nombreuses avaient été les fois où il avait senti le goût métallique du sang alors que ce chaud liquide carmin coulait de ses deux lames.
Si son hôte était un protecteur alors il était un destructeur, si son hôte était fait pour aimer et s’émerveiller alors il existait pour détruire et dégager la voie. Il était tout ce que son hôte ne voulait ou ne pouvait être, ou du moins pas encore, en ce sens il n’avait aucune difficulté à prendre la lourde décision de faucher une vie car c’était pour ce type de décision impossible qu’il était né. Et aujourd’hui il reparaissait de nouveau car il savait que jamais son hôte n’aurait la force de caractère d’obliger ces misérables individus à respecter leur part du marché, notamment parce que le candide était persuadé de pouvoir raisonner n’importe qui dans ce monde sans être conscient que certaines personnes étaient trop têtues pour entendre raison.
Si ses mots n’avaient pas été efficaces, ce qui semblait être le cas pour le moment, l’épéiste candide serait sans doute resté ici pendant des heures et des heures à jouer à d’autres stupides jeux jusqu’à ce que ces crapules acceptent enfin de lui rendre ce qui ne leur appartenait pas. C’était dans ce genre de situation que le gardien pointait le bout de son nez et généralement ce genre de situation se réglait dans le sang et les larmes car la violence semblait être la seule chose que ces fils de chiennes comprenaient et craignaient réellement. Ce n’était pas sage ni joli mais ça avait au moins le mérite de fonctionner.
Alors qu’il s’avançait vers ces vermines, les lames serrées entre ses puissantes mains, le gardien pouvait sentir la peur transparaître dans leurs regards et il ne pouvait nier que ce sentiment de puissance était grisant. Il tenait littéralement leurs vies dans la paume de sa main et il aurait pu balayer leurs existences comme le vent balayait les feuilles mortes si ce cuisinier ne s’était pas interposé en affirmant qu’ils avaient leur compte. Fronçant les sourcils devant ce constat qui ne pouvait pas être plus erroné que cela, le gardien rétorqua :
« Leur compte ? Ils auront leur compte que je le dirais. »
Kyoshiro était beaucoup trop gentil et n’osait jamais punir qui que ce soit, fort heureusement le gardien était là pour redresser le niveau et punir ceux qui devaient l’être. Ce cuisinier parlait de punition méritée alors qu’ils ne s’en sortiraient qu’avec quelques bleus ? Ce n’était pas ce qu’ils méritaient en récompense d’une vie de criminalité, absolument pas.
« Dans bien des cultures on punit les voleurs en leur coupant la main. Devrais-je vous punir de la sorte pour graver la leçon en vous, ou simplement vous éradiquer ? »
La simple idée de voir un membre détaché de leurs corps sembla faire réagir bon nombre de ces crapules qui eurent un mouvement de recul face à cette menace plus que réelle, signe qu’ils prenaient enfin au sérieux le jeune épéiste car ils ne pouvaient être au courant de son déséquilibre psychologique menant à l’existence du gardien. Ils avaient peur de l’épéiste et c’était exactement ce que voulait le gardien.
Écoutant la demande du cuisinier d’épargner ces criminels que rien ne semblait pouvoir racheter, le gardien ne lâcha pas ses armes pour autant et reporta son regard vers le groupe de crapules pour leur lâcher :
« Les vermines de votre genre ne comprennent que la douleur et la mort. Pourquoi devrais-je vous épargner ? Pour vous laisser recommencer quand nous ne serons plus là ? Je ne prendrai pas ce risque »
Lentement, sûrement, il reprit sa marche funèbre vers le groupe sans que sa volonté de faucher leur vie ne faiblisse d’un iota. Aujourd’hui il allait faucher plusieurs vies et ensuite aurait du travail pour bidouiller les souvenirs de son hôte afin de lui inventer une fin pacifique à cette sombre histoire. Le cuisinier parviendrait-il à le raisonner ou choisirait-il de se ranger de son côté ? La réponse ne tarderait pas.
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Ven 23 Sep 2016 - 22:18
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
Heziel ne comprenait pas ce soudain changement de comportement. S'agissait-il encore du jeune candide d'un peu plus tôt, sous ce masque de vindicte aussi lisse et sévère qu'une statue ? L'altruiste pacifique était-il toujours aux commandes de ce corps qui désormais, n'avançait vers les canailles désœuvrées et apeurées que dans le seul but de mettre fin à leur existence ? Il cru d'abord à une simple colère qui passerait bien vite, mais constata rapidement que l'épéiste ne se calma pas d'un iota lorsqu'il lui suggéra de les laisser en vie. Au contraire, il clama qu'ils auraient le sort qu'il déciderait de leur infliger, avant de reprendre sa route vers eux en parlant d'abord de couper des morceaux dans leur chair... puis de les exterminer.
Arrivé à ce point de l'affaire, le futur cuisinier de l'équipage du borgne commença fermement à avoir la conviction que son comparse Kyoshiro, aussi aimable, agréable et plein de bonté fut-il, était surtout atteint d'un grave cas de dédoublement de la personnalité. Un trouble dissociatif qui l'avait changé en une seconde, en un claquement de doigt, en un personnage animé d'intentions bien destructrices. Quelle autre explication y avait-il à cela ? Il lui semblait bien improbable qu'il passa mentalement du coq à l'âne en une si courte durée de temps, sans autre raison que le fait d'avoir été insulté de tricheur. Le reste de son comportement ne collait pas. Ce qui était sûr, c'est que quelque chose était louche...
Le brun reprit un pas cadencé et vint à nouveau s'interposer entre les bandits et leur bourreau, qui n'aurait pas eu la moindre hésitation à les terminer si ils n'avaient pas trouvé en la personne qu'ils avaient lésée un protecteur de fortune. Faisant barrage légèrement de son corps, cette fois tourné un peu plus vers son camarade -du moins, espérait-il que ça resterait le cas- de par un sens simple et logique de prudence, il reprit la parole d'un ton cette fois plus ferme et décidé.
- Non. Je suis désolé, mais je ne peux pas te laisser faire ça.
Il resta ainsi tendu, prêt à toute forme de réponse. Il ne pensait pas réellement que le sabreur s'en prendrait à lui. Du moins, il pensait savoir que ce ne serait pas le cas. Mais que savait-il, au juste ? Il connaissait l'épéiste depuis quelques heures, à tout casser. Il était actuellement confronté à un revirement psychologique dont il ne pouvait trouver l'explication, tandis que le reflet carnassier de l'acier se reflétait dans ses prunelles. Il tenta de rappeler le bretteur à un semblant de retenue, d'une voix qui trahissait de l'inquiétude. Pas pour sa propre vie, mais bien pour cette situation qui était d'un seul coup devenue bien moins amusante et satisfaisante qu'une simple rouste à des malfrats un peu trop présomptueux.
- Kyoshiro...
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Tadake Kyoshiro
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Dim 2 Oct 2016 - 15:53
Il y a longtemps, sur une île lointaine, mais pas tant que ça...
Ce ne serait que pur euphémisme que de dire que l’esprit humain était sans doute l’un des éléments les plus complexes de cet univers car malgré des milliers et des milliers d’années d’existence un individu pouvait toujours, occasionnellement, surprendre ses semblables par le caractère unique de sa psyché. Bien-sûr pour la plupart ces individus uniques étaient vus d’un mauvais œil et bien vite certains d’entre eux pouvaient être taxés de folie pour être enfermés dans des institutions spécialement créées pour gérer ce genre de problème, mais en vérité aucune institution ne pourrait jamais vraiment venir à bout d’une maladie de l’esprit. Alors pourquoi le faire ? Parce que le commun des mortels se sentait beaucoup plus en sécurité en ayant la certitude que son voisin n’entendait pas des voix ou que l’homme au bout de la rue n’était pas en proie à des visions lui faisait voir des choses qui n’existaient que dans sa tête. C’était de ce désir de sécurité que les hommes et femmes aux esprits troublés avaient fini par être surveillés et, pour les cas les plus sévères de démence, internés.
En vérité l’esprit humain pouvait aisément être comparé à une feuille de papier blanche où la vie, à force de temps, finirait par apposer sa marque pour forger l’esprit d’un individu jusqu’à le faire devenir la personne qu’il finirait par être. Bien entendu chaque esprit était différent et certains étaient sans doute plus marqués que d’autre, car chaque parcours était évident, mais certains individus les plus touchés par la vie finissaient par utiliser l’autre côté de cette feuille de papier. Pourquoi ? Pour repartir à zéro ? Pour fuir la démence ? Il y avait autant de raison de fractionner son esprit ou de laisser la démence y pénétrer que d’individus à la psyché perturbée, mais il était important de savoir que derrière chaque fou se cachait un homme qui – un jour – fut sain d’esprit.
Kyoshiro était de ceux-là, de ceux qui avaient fui la douleur en déchirant en deux cette feuille de papier ou en utilisant l’autre côté, il avait beau avoir eu les meilleures raisons du monde pour agir ainsi cela ne changeait pas le fait que ce soudain changement de personnalité et de comportement ne pouvait que semer le doute et la surprise dans le cœur de ceux qui le connaissaient au moins un peu. Lui qui était d’ordinaire si gentil et prévenant se targuait aujourd’hui de vouloir punir des voleurs par la plus violente des sentences, cela avait de quoi en faire douter plus d’un sur son équilibré mental.
Et pourtant Kyoshiro était toujours là, quelque part, tapi dans l’ombre tandis que le corps avait changé de chauffeur au profit d’un individu dont les valeurs morales étaient bien moins importantes voire même inexistantes. Le nouveau chauffeur n’était pas violent par plaisir malsain ou parce que cela l’amusait, chaque acte de sa part quand il était aux commandes de ce corps était dicté par la simple nécessité de faire ce qui devait être fait pour assurer la survie du véritable propriétaire de corps. Il était là pour se salir les mains afin que celles de son hôte restent immaculées, tout simplement.
D’ordinaire les choses se passaient assez simplement. Il prenait les rênes, faisait le ménage, trafiquait les souvenirs de son hôte pour garder une vision idéalisée et non-violente des évènements afin qu’il n’y ait pas de coupures dans ses souvenirs, puis il laissait la place au chauffeur originel et le tour était joué. Rien de bien compliqué, hein ? Mais aujourd’hui c’était différent car une personne semblait se poser là, déterminée à ne pas laisser le gardien faire son travail.
« Et alors » ? Me direz-vous car ce n’était certainement pas la première fois qu’un individu s’opposait à cette froide démonstration de violence, vous vous attendriez sans doute à ce que ce gardien se débarrasse froidement de ce gêneur comme vous vous débarrasseriez d’un moustique gênant, mais étrangement il n’en fit rien. Face à ce cuisinier qui faisait barrage de son corps en le suppliant de mettre un terme à cette marche funèbre, ledit bourreau posa un regard sur la lame tenue dans sa main droite tandis que celle-ci s’élevait en direction de la gorge du héros improvisé.
Écoutant ce héros tentant de l’appeler par son prénom – ou du moins par celui de son poulain – le gardien anonyme résistant à l’envie de dire au cuisiner que Kyoshiro n’était pas disponible actuellement, ne désirant pas encore révéler à qui que ce soit sa faiblesse mentale. Il resta quelques dizaines de secondes à observer cette lame, à peser le pour et le contre sans savoir ce qu’il devait faire. Oh oui il aurait pu séparer la tête du cuisiner du reste de son corps sans sourciller mais était-ce vraiment la chose à faire ? Tuer des racailles était une chose mais s’il venait à tuer un innocent dont la détermination faisait écho à celle de Kyoshiro, ne vaudrait-il pas mieux que les criminels qu’il fauchait avec une telle aisance ?
Les yeux de cet inconnu brillaient de la même lueur de pure détermination que ceux de l’hôte quand il était au commande, aussi le gardien ne put s’empêcher de souffler :
« Tu lui ressembles plus que tu ne le crois.»
Même si ses valeurs morales étaient inexistantes il était encore capable de distinguer le bien du mal et c’était sans doute cette distinction qui l’empêcha de frapper et pourfendre ce héros en devenir, il voulait terrasser ces criminels mais était-ce sage de le faire en dépend d’une vie innocente ? Finalement, après quelques dizaines de secondes d’intense réflexion, les lames furent rangées dans leurs fourreau et le garda ponctua son intervention d’un :
« Quoiqu’il arrive à l’avenir, tu seras responsable du sort de chacune de leurs victimes. Je les laisse entre tes mains.»
Quallait-il inventer comme fin pour garder intact l’esprit de son hôte ? Sans doute que les voleurs avaient fini par accepter de leur rendre l’objet sans faire de vague et que la journée s’était terminée ainsi, cela suffirait probablement pour cette fois même si le gardien gardait dans la bouche un arrière-goût d’insatisfaction face à un travail à moitié terminé. Il tourna alors les talons pour se diriger vers son navire qui le mènerait loin de cette île, il avait fait sa bonne action du jour et n’avait plus grand-chose d’autre à attendre de ce lieu : d’autres contrées l’attendaient !
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Lun 3 Oct 2016 - 13:29
Jouer pour tout récupérer ? Kyoshiro le sabreur !
La tension était à son comble. L'épéiste ne répondit rien, se contentant de lever son épée vers la gorge du cuistancier, qui déglutit alors que la pointe de la lame s'approchait de plus en plus de sa pomme d'Adam. Allait-il vraiment le faire ? Allait-il tenter de l'écarter pour pouvoir accéder à ce désir vindicatif, cette pulsion ténébreuse qui le poussait à éliminer les brigands sans autre forme de procès ? Le brun se préparait mentalement à devoir réagir avec autant de vivacité et de force qu'il ne le pourrait, mais finalement, il n'en fit rien. Après ce qui paru comme une éternité à Heziel et sans doute aux malfrats qu'il protégeait de son corps, tremblants comme des feuilles mortes, Kyoshiro décida de rengainer ses armes.
Heziel était encore en train de comprendre l'ensemble de la situation. D'abord, le changement de comportement du bretteur, puis cette phrase énigmatique... à qui ressemblait-il plus qu'il ne voulait bien le croire, au juste ? Sans avoir de nom, ça ne l'aidait pas beaucoup. De plus, le reste de ce beau bordel ne faisait que le rendre plus confus. Au final, l'épéiste lui annonça clairement qu'il les laisserait en vie, mais que le cuisiner allait devoir désormais vivre avec chacune de leurs prochaines mauvaises actions sur la conscience. C'était une chose que le brun acceptait, et pour cause : il les avait peut-être sauvés, mais ça ne voulait pas dire qu'il en avait fini avec eux de son côté... juste qu'il allait passer par des moyens plus conventionnels et légaux de régler ce petit problème. Sur ces mots, le sabreur s’éclipsa.
D'abord hébété, Heziel soupira finalement de soulagement. Il ne comprenait pas tout à fait ce qui venait de se passer, mais au final, seul le bilan comptait : il avait récupéré sa louche, les marauds étaient stoppés, et personne n'avait eu à mourir pour arriver à ce résultat. Il penserait à Kyoshiro plus tard : il devait d'abord s'occuper du cas des voyous. Il se tourna donc vers eux pour les découvrir bienheureux et joyeux d'être vivants.
- Pourquoi vous souriez ? C'est pas terminé, les cocos...
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- Ça fait mal ! - J'ai craqué mon pantalon ! - Oh, attention, chez les fesses sensibles !
- ... FERMEZ LA !
Progressant en direction de la ville, Heziel trainait derrière lui un bien étrange paquetage. Encordés et collés les uns aux autres, toute la bande des frères Jugar formait un ballot humain qui raclait le sol et les cailloux au fur et à mesure que le cuistancier le traînait vers sa destination. Quelques temps plus tard, il les remit aux autorités présentes dans le but de les voir incarcérés ou en tout cas suivis un minimum... il ne pouvait pas décider de leur avenir, mais il pouvait tenter d'y apporter sa note personnelle.
Il lui restait encore à faire sur cette île, mais une chose était sûre : il se souviendrait toujours de cette journée folle et de la rencontre surprenante qui l'avait ponctuée. Kyoshiro, le sabreur... un bien étrange personnage qu'il n'allait pas oublier de si tôt.