Cet après-midi sur l’éventail de chasse n’était pas comme les autres pour le capitaine Archer et la lieutenante Toupex. Les deux gouvernementaux, en plus de partager leur faction et le port des couleurs de la couronne, avaient en commun un autre centre d’intérêt non négligeable pour eux car constituant leurs professions : les plantes. Le contre-amiral était un botaniste apparemment chevronné qui en connaissait long sur les plantes et sur les animaux et spécialiste des pops greens. Son homologue féminin ne connaissait pas ces plantes avant de rejoindre son équipage et n’en connaissait encore que très peu à ce sujet. En conclusion, Ghetis était bien plus botaniste qu’herboriste.
 
De l’autre côté se trouvait Kanäe qui avait traditionnellement l’habitude de porter les deux casquettes, botaniste et herboriste. La différence se trouvait dans le but des professions, ils s’intéressaient tous deux aux plantes mais là où le botaniste cultive, recense et étudie, l’herboriste va récolter, analyser et utiliser le fruit de la récolte. La verte n’était pas experte en pops greens mais avait une spécialité tout aussi utile : les poisons végétaux. Et de ce fait, elle n’avait pas honte à dire qu’elle était largement plus herboriste que botaniste. L’alliance du savoir du vairon et du savoir-faire de la chasseresse serait donc un atout majeur et indéniable à porter au profit de la couronne.
 
Pour en revenir aux faits, Kanäe venait de sortir de sa cabine et s’apprêtait à rejoindre son supérieur sur le pont pour un moment « jardinage ». Elle avait abandonné sa tenue habituelle composé de sa jupe noir et son kimono rose à fleur de cerisier, délaissant aussi son uniforme de la marine et avait passé quelque chose de bien plus circonstancié. Ainsi, elle rejoignit son capitaine vêtue d’un short en jean et d’un débardeur assez sombre s’étonnant à ce titre de la blancheur du haut de son capitaine. Jardiner en blanc était rarement une bonne idée. Sur leurs têtes, les deux compagnons avaient eu la même idée : le chapeau de paille. Celui de Kanäe étant bien plus large : modèle féminin oblige. Ce qui pouvait, malgré tout, étonné le plus le capitaine était les pieds de la nouvelle recrue : elle ne portait rien, pas de chaussures, de sandales, de tongs … rien. Mais pour ceux qui la connaissait, il n’y avait rien de plus normal, elle aimait sentir la terre sous ses pieds.
 
Elle arriva donc devant le jardin où se tenait déjà l’autre protagoniste de l’histoire. Le terrain cultivable et cultivé se découpait en deux parties, une appartenant au brun et l’autre à la femme-scorpion. Le moins que l’on puisse dire était que les deux parties étaient bien différentes l’une de l’autre, chez le plus gradé on avait des curiosités de la nature et notamment un arbre à glace et des pousses étranges. Dans le fond, chez Kanäe, il y avait beaucoup plus de fleurs et de feuilles, les plants étaient plus hauts et plus encombrant et pour les connaisseurs : une mine d’or en terme de poison très souvent mortels. Si bien que la propriétaire avait placé une petite pancarte dans la terre signifiant aux membres de la couronne de s’abstenir de toucher.
 
Mais revenons à nos moutons, en approchant, il faut possible à la belle d’entendre l’ex chasseur de prime chanter, une première pour elle et le résultat n’était pas désagréable. Enfin du point de vue de la voix, car pour les paroles … le rendu n’était pas transcendent. Le haut gradé avait simplement parodié un air bien connu des pirates où il évoquait son envie de meurtre sur les représentants de la dite faction. Elle se permit donc un commentaire.
 

Capitaine, j’espère que tu es meilleur botaniste que parolier, sans vouloir te vexer bien sûr.  

 
Le session jardinage allait donc débuter.  
 
 

 
« Il faut de tout pour faire un monde » : voilà un proverbe assez connu pour illustrer la tolérance qui doit être de mise dans toute société. Mais à certains moments, il y a de forte envie d’amputer le monde de certaines personnes. Sur le pont de l’éventail, en ce bel après-midi, la lieutenante Toupex avait fort envie de renvoyer un abruti aux cieux. Elle parlait de son capitaine, qui avait littéralement perdu les pédales : en plus de croire que sa subordonnée voulait quelque chose de physique avec lui, il venait de la repousser et de lui enjoindre d’être fidèle envers le serpent de l’équipage. S’en suivit alors une scène ridicule d’excuse mise en scène par le contre-amiral de la marine accompagné d’un lancer d’arrosoir.
 
La réaction de la principale visée fut simple : une large crispation de la mâchoire.  Elle s’approcha d’un pas tranquille de son interlocuteur, récupérant au passage l’arrosoir qui avait été jeté en l’air, jusqu’à passer tranquillement devant le jardinier. Sur le pont, à part Kanäe et Ghetis, il n’y avait que la femme-arbre qui vaquait à d’autres occupations, c’est-à-dire des personnes déjà au courant de la malédiction de la chasseresse. Arrivant donc devant donc chef, elle prit sa forme hybride et pointa son dard ruisselant de venin sous le menton du chef de fil de la couronne.
 

Je sais très bien qu’avec ton haki de l’observation tu l’as senti venir. Mais que les choses soient claires, je ne suis et ne serai jamais en couple avec Caligula.

 
La verte pouvait sembler assez douce depuis son arrivée dans l’équipage mais avait son caractère, un caractère bien trempé qu’il ne fallait pas trop titiller. Malgré tout, et en dépit de son attitude un peu menaçante, la maudite n’aura pas frappé son supérieur. D’ailleurs, à quoi bon ? Ils étaient alliés et le gradé aurait esquivé. Mais par cette action, elle prouvait qu’elle n’était pas une soumise qui ne parlerait jamais : elle affirmait son caractère. Puis elle reprit forme humaine, on aurait pu croire que l’aiguille avait déjà piqué ; mais non.
 

D’ailleurs, ne crois pas que j’essaye de te draguer papy. Effectivement, je comprends que l’âge se faisant tu n’arrives plus à avoir autant d’emprise sur les femmes que dans ta jeunesse. Enfin, si les contacts charnels te manquent trop, je suis certaine qu’Ysis saura remplir ce rôle. Quant à moi, si je me sens trop seule, je préfère aller voir Madi, je suis certaine qu’elle sera très heureuse.   

 
De très loin sur le pont une voix se fit retentir, une voix féminine.
 

Je confirme ma petite fleur des îles à épine !

 
Le surnom pouvait paraitre un peu long mais Madi aimait appeler la belle comme ça. Elles s’étaient considérablement rapprocher depuis l’arrivée de la lieutenante mais toujours en restant très amicale. L’herboriste avait rapidement mit les choses au clair lorsqu’elle avait appris les penchants de la Sky.
 
Bref, elle reporta son attention sur l’Archer en souriant.
 

Alors chef, on commence le travail ? J’ai hâte d’en savoir un peu plus sur les pops  greens.

 
Comme si de rien n’était, l’après-midi pourrait reprendre son cours sauf si le chef de bord voulait se lancer dans une joute verbale contre son homologue botaniste. La jeune femme avait affirmé son caractère et espérait, qu’en un sens, le vairon ne se braque pas et comprenne l’utilité d’avoir une voix qui puisse s’opposer à lui en certaines occasions.
 
 

 
Cet homme, ce Contre-Amiral, ce capitaine, ce combattant, ce père… peu importe comment les gens pouvaient le nommer, une chose était certaine : il s’agissait en tous les cas d’une personne complétement tarée. Après compris que Kanäe n’était pas intéressé par le roux, elle vit son supérieur de décomposer tout simplement et commencer à pleurer à chaudes larmes sur le fait qu’il n’aurait jamais de petits-enfants. Puis il abordait des thèmes très sympathiques comme la possibilité de procréer avec le roux, les conditions de vie de la verte au sein de la couronne, et conserva le meilleur pour la fin, avec un début de dialogue sur la possibilité d’un inceste.


A ce niveau, première remarque, la nouvelle arrivante avait bien compris que dans l’équipage on ne formait qu’une grande famille, mais le trip des fils, filles, tantes, oncles poussé à l’extrême jusqu’à parler d’inceste… Kanäe avait un peu de mal avec ça. Elle savait, jamais elle ne pourrait considérer l’Archer comme son père, même adoptif. A cela, il n’y pouvait rien, d’ailleurs il avait raison, depuis l’arrivée de la jeune femme sur la bateau gouvernemental, le plus haut gradé avait tout fait pour qu’elle soit bien installée et lui avait notamment payé des meubles pour sa chambre. Mais l’expérience de vie que Kanäe avait vécue avec sa famille la mettait dans une position assez délicate. De toutes les personnes qu’elle avait pu rencontrer au cours de sa vie, il n’y en avait plus qu’une encore en vie qu’elle considérait comme de sa propre famille mais elle ne l’avait pas revu depuis assez longtemps. Pendant le temps de réflexion intérieur de la Zoan, le paramecia continuait son cinéma en faisant une liste des choses qu’il apprendrait au petit-fils hypothétique qu’il pourrait avoir mais la verte adopta une position tout autre en parlant de la vieillesse du capitaine. Apparemment il le prit plutôt mal, elle venait de toucher une corde sensible.
 
Il retira l’intégralité des boules de glace de l’arbre pistache-chocolat en les déposants en un tas devant les pieds de l’herboriste qui souriait déjà à l’épreuve qui l’attendait. Elle ne fut donc pas surprise lorsque le vairon lui ordonna de manger la moitié des glaces avant de pouvoir en savoir plus sur les pop-greens. Il s’installa sur son transat en feuilletant le journal alors que la verte prenait place devant son tas de glace.
 
Une chose que le chef ne savait pas : Kanäe adorait la pistache, et ce, sous toutes ses formes. Elle entreprit donc de manger le haut du tas qui n’était pas en contact avec le pont du navire. Elle mangea un bon quart du tas pendant que le journal s’épuisait page après page mais son estomac connaissait le même sort, il se remplissait et la faim s’en était allée depuis longtemps. Elle siffla alors un coup et une imposante bête noire se laissa tomber du mas principal de navire vers elle. Norok déploya ses ailes et, en volant au-dessus de sa protégée en raflant le pont, avala d’une bouchée ou plutôt d’une léchée, la totalité du reliquat de glace fondue. La mise à l’épreuve était terminée : il n’y avait plus de glace, d’ailleurs Ghetis s’adressait peut-être à Norok et pas à Kanäe lorsqu’il avait lancé son test. La verte prit place sur la second transat à côté de son capitaine en souriant.
 

Alors, ces pop-greens ?