Feuille de personnage Niveau: (38/75) Expériences: (302/350) Berrys: 24.322.996.000 B
Dim 2 Oct - 23:42
La Clinique du col.
Elina posa le pied sur Yakoutie après presque une semaine d’absence. Elle avait, tout comme à l’allée, utilisé la forme d’une araignée minuscule pour voyager avec diverses navettes, afin de brouiller les pistes et qu’on ne la suive pas. La protectrice de l’île esquissa un sourire lorsqu’elle fut accueillie par les mines réjouies et les paroles de bienvenue des habitants. Après tout ce remue-ménage sur le royaume de Luvneel, retrouver l’ambiance bien plus calme de son fief lui arracha presque un soupir de soulagement. Elle salua les passants en retour et se dirigea à pas sereins en direction de l’auberge où elle vivait, l’esprit encombrés de nombreuses pensées.
La mission confiée par Dead-End avait été un échec : Joel Oudot était mort sous ses yeux et elle devrait bientôt en informer le chef de cette organisation rivale. Nul ne savait comment il réagirait, mais sans doute ne sauterait-il pas de joie au plafond. Cependant il n’avait aucun pied à terre sur North Blue de ce qu’elle en savait, aussi pensait elle avoir un certain laps de temps avant d’être inquiétée par ces concurrents venus de West Blue. D’ailleurs, le fameux « Alpha » à leur tête ne savait sans doute même pas qu’elle séjournait sur Yakoutie. Mais elle se devait d’être prudente et de garder les yeux ouverts, en quête d’éventuelles représailles... Surtout si on considérait que le gouvernement mondial la tiendrait pour responsable de toute l’affaire, selon les dires de l’agent « Ryan ».
L’araignée passa dans un carrefour bondé où elle fut apostrophée par de multiples habitants, heureux de la revoir. Quelques rumeurs lui parvinrent concernant les constructions en cours qui avançaient bon train, ce qui réjouissait la totalité des personnes présentes. Les locaux avaient en effet hâte que les deux Quartiers Généraux et les divers avants postes de l’île ne soient terminés, afin de parfaire l’atmosphère de sécurité qu’elle tentait d’instaurer sur ces terres enneigées. Par ailleurs, Elina avait pris la liberté de débuter les travaux concernant quelques autres installations, en particulier un hôpital entièrement financé par ses propres économies et qui serait ouvert aujourd’hui même, ce qui n’était pas passé inaperçu ! Yakoutie Island avait été ravagé par un terrible virus, dix ans auparavant, et devant l’absence de personnel médical compétent, le risque de revoir une pareille épidémie surgir inquiétait la Zoan. Elle avait donc passé outre l’avis des maires qui lui avaient imposé de se concentrer sur la défense de l’île, pour implanter une clinique non loin de la capitale. Elle s’attendait donc à être vivement attaquée lors de la réunion de ce jour, malgré toute la logique de son initiative.
Elle aurait voulu rester auprès de Lydia et des mercenaires, et non revenir si expressément, mais c’eut été une perte de temps. La jeune fille arrachée aux griffes du CP9 au cours de sa précédente mission s’était en effet révélée une mine d’informations ! Cependant, son état fragile ne lui avait pas permis d’en faire part à sa sauveuse pour le moment... Elle avait besoin de temps pour récupérer et lui fournir les plans de la prison du royaume de Luvneel, mais l’araignée ne se faisait aucun souci à ce sujet : elle s’acquitterait de sa tache sans faillir. Les mercenaires la gardaient en bonne forme et restaient aux petits soins avec elle, au sein de leur bateau qui changeait fréquemment de position. Aussi, devant l’obligation de laisser sa précieuse informatrice se reposer, elle en avait conclu qu’elle devrait réaliser un aller-retour sur Yakoutie afin de ne pas manquer à ses devoirs : assister à une autre réunion avec les maires. En d’autres termes, essuyer maints affronts venant d’incompétents qui se reposaient exclusivement sur elle pour maintenir l’ordre sur cette île, tandis qu’ils profitaient de leurs privilèges d’hommes et de femmes politiques pour intriguer et tenter de tirer la couverture à eux...
« Jouez aux plus fins tant que vous le pouvez. », rongea son frein en pensée Elina. « Vous comprendrez bientôt que l’insouciance et la nonchalance ont un coût. »
Enfin arrivée à destination, la jeune femme poussa la porte de l’auberge pour trouver Shiro en train de chanter à tue tête à moitié ivre, ce malgré l’heure matinale. Le colosse ne la remarqua pas tout de suite, à la différence de Seika qui se leva pour aller l’accueillir. Le grand dadais suivit sa sœur des yeux tout en buvant à sa chope de bière, et faillit tout recracher en remarquant sa patronne qui lui avait pourtant interdit de s’enivrer aussi tôt dans la journée. Il tenta vainement de cacher l’objet de son délit tandis qu’Elina refermait la porte, dépitée. L’ambiance chaleureuse de la pièce reprit en voyant la nouvelle arrivante et, suite à plusieurs discussions avec les locaux, l’assassin put enfin s’asseoir et se reposer après ces jours tumultueux.
- Les nouvelles sont bonnes ? demanda l’air de rien Seika. - Mitigées, répondit Elina en commandant un thé. L’homme que j’étais allée chercher a besoin d’un peu de temps. Je passe sur Yakoutie pour assister à la réunion, puis je m’en irai de nouveau et, cette fois-ci, je le ramènerai sans faute.
Après un court silence, la Zoan questionna à son tour ses deux associés :
- Que s’est-il passé depuis que je suis partie ? - L’hôpital va ouvrir aujourd’hui, s’empressa de répondre Shiro. Mokuso a presque terminé d’aider à la construction des bases militaires et son projet à lui avance bien, sur Shousetsu. - Merveilleux. Qu’en disent les maires ? - Ils ne sont pas jouasse... résuma bien Shiro.
Sa sœur prit le relai, tandis que le barman apportait son thé à leur patronne :
- L’idée de la clinique a fini par se frayer un chemin, sans doute Rollon et Abitbol ont-ils réussi à plaider notre cause. Ce sont eux qui nous soutiennent le plus lorsque tu es absente. Par contre, ce matin, ils ont fait stopper la construction de l’atelier de Mokuso jusqu’à nouvel ordre. - Je m’y attendais, avoua Elina en soufflant sur sa boisson brulante. Mais cela valait la peine d’essayer. J’ai encore quelques heures avant la réunion en début d’après midi, je compte bien me reposer en attendant.
Les trois compères continuèrent peu à peu à se tenir au courant, utilisant des messages codés lorsqu’ils devaient aborder les sujets sous capes liés à l’organisation. La plupart des éléments étaient sur l’île en ce moment, notamment Chloé Gratz, la petite fille du marine vicieux qui avait failli la tuer. Cependant, elle n’avait toujours aucune nouvelle de Jack Saviour... Ce malgré quelques jours à l’attendre sur Luvneel en compagnie des mercenaires aux lieux de rendez-vous prédéfinis. Elle devrait se pencher sur ce sujet lors de son retour vers la prison. Mais peur l’heure, elle préféra savourer son thé en attendant de se frotter aux maires.
Feuille de personnage Niveau: (38/75) Expériences: (302/350) Berrys: 24.322.996.000 B
Lun 10 Oct - 18:16
La Clinique du col.
- Depuis quand vous croyez-vous au dessus des lois, jeune fille ?! s'écria d'une voix aigre la pie-grêche qu'Elina détestait. Nous vous avions expressément interdit d'installer le moindre commerce sur l'île ! - Vous me l'aviez en effet interdit... jusqu'à ce que je rétablisse une base militaire acceptable, répondit calmement la protectrice de l'île. Voilà qui est chose faite d’ici quelques jours tout au plus. J'ai donc pris les décisions qui me semblaient vitales pour le bien être de la population. - Ne présumez pas de votre influence sur Yakoutie, mademoiselle Kokuro, trancha un maire des terres du Nord au nez crochu. Nous sommes seuls juges des autorisations officielles, et vous avez clairement outrepassé vos prérogatives.
Un silence glacial s'abattit de nouveau dans la salle de réunion. Voilà plusieurs dizaines de minutes que la Zoan essuyait affronts, menaces, leçons de morale ou rappels à l'ordre. Les hommes et femmes politiques n'avaient pas attendu bien longtemps, une fois les intervenants installés, pour réaliser une coalition à l'encontre de l'araignée. Elle s'était attendue à des altercations, bien entendu, mais certes pas aussi virulentes ni prolongées. L'assassin devait puiser dans ses réserves de patience, qui commençaient doucement à s'amenuiser, pour ne pas leur sauter à la gorge. Elle maintenait un faciès et un ton cordiaux, mais n'en pensait pas moins que ces mammouths de la politique étaient ceux dans le tort. De sa voix grave, Abitbol brisa la quiétude précaire :
- Pour votre défense, la Clinique du Col est sans conteste une avancée importante pour l'île. L'insécurité grandissante et les manques de moyens nous avaient empêchés de lancer ce projet avant votre arrivée, aussi tous nos concitoyens vous en remercient, soyez-en certaine.
Elina nota qu'il ne semblait pas se compter parmi les simples habitants de Yakoutie redevables. Était-ce de l'arrogance ou une preuve supplémentaire de son ressentiment ? Rollon apporta un autre élément de réponse, en bon président de l'assemblée :
- Comprenez néanmoins notre surprise lorsque la construction a débuté sans avoir été porté à notre attention, ni avoir reçu notre assentiment... - Loin s'en faut ! grinça la vieille maire qui l'avait agressée un peu plus tôt. - Du calme, Cornelia, tenta de la tempérer Rollon avant de reprendre. Si ce projet vital pour l'île a été accueilli avec joie par les habitants et, au final, par nous-mêmes, nous n'apprécions pas d'être court-circuités. Aussi avons-nous tranché concernant votre autre établissement sur Shoutetsu qui nous semblait dispensable à l'heure actuel.
Elina se retint à grand mal de leur répondre qu'elle était assez grande pour choisir ses propres investissements et déterminer ce qui était « dispensable » ou non. D'ailleurs, la plupart des locaux avaient découvert les plans de Mokuso avec ravissement ! Après plusieurs semaines à étudier le niveau technologique de l'île, le gnome était arrivé à un bilan désastreux. La plupart des installations étaient dépassées, vétustes, voire tombaient en ruines ; et la majeure partie nécessitait une révision importante afin d'éviter que le gel ne finisse de les détruire. Les stations de ski, qui rouvraient progressivement depuis la forte diminution du nombre de bandits dans les montagnes, étaient pourvus de remontées mécaniques à moitié rouillées, percluses de dysfonctionnements et à deux doigts de la panne. Se passer ainsi des talents d'ingénieur du gnome à cause d’un sursaut d'ego la laissait pantoise. Pourtant, en un sens, la jeune femme se réjouissait de la situation.
Elle avait presque espéré que les maires lui mettent des bâtons dans les roues, juste après qu'elle n'ait lancé les travaux. Ainsi, les habitants pourraient peu à peu se rendre compte de la réelle nature de certains de leurs dirigeants. Par ailleurs, sa propre réputation continuerait de grimper et d'être associée à une promesse d'expansion et de rénovation qui faisait cruellement défaut à cette île au potentiel pourtant très important. Peut être même certains maires commençaient à se douter du procédé, notamment Rollon qui présentait des capacités d'analyse et un art de la diplomatie à ne pas prendre à la légère. Après tout il avait réussi à maintenir sous son joug la plupart des figures politiques de l'île, aussi récalcitrantes soient-elles.
La réunion se poursuivit dans une ambiance plus posée, lorsque la protectrice fit montre d'humilité et s'excusa à demi-mots, bien qu'elle n'en pense absolument rien. Yakoutie se portait bien, les attaques de bandits décroissaient de manière régulière, les commerces rouvraient peu à peu, les visiteurs semblaient moins timorés depuis quelques semaines et la réputation de ces contrées glacières devenait moins inhospitalière. Les maires s'assuraient de maintenir de bons rapports avec la plupart des autres royaumes de North Blue qui restaient inatteignables pour l'araignée, propageant à nouveau une bonne image de ces terres enneigées. Ils utilisaient très clairement le travail de la protectrice de l'île à leur avantage pour affermir leur position sur cette mer, malgré leur rupture d'affiliation au gouvernement mondial. La situation semblait se stabiliser pour l'heure et, mis à part le comportement d'Elina qui fut de nouveau critiqué en quelques occasions, la réunion se termina sur une note positive. Tout du moins jusqu'à ce que Rollon, en porte parole des maires, n'affirme d'un ton sans appel :
- La séance est levée. À présent rendons-nous à l'inauguration de la Clinique du Col, Abitbol a préparé un discours pour l'ouverture, en tant que maire de Taisetsu.
Elina feignit sa surprise, bien qu'elle ait anticipé pareille réaction au vue des critiques violentes à son encontre. Le détail ne passa pas inaperçu et, bien entendu, la maire d'un village du Sud qu'elle détestait tant sauta sur l'occasion :
- Vous vous imaginiez peut-être présenter l'hôpital, jeune fille ? Vous avez beau avoir réglé en intégralité les frais, passer outre notre avis a des conséquences dommageables ! - Assez, Cornelia, tenta de ramener le calme une nouvelle fois Rollon.
Mais un autre maitre, un grand épouvantail au teint cireux, assena d'une voix méprisante :
- Rappelez-vous que vous n’êtes qu’un chien de garde, mademoiselle. Ni plus, ni moins. Vous n'êtes ni une figure décisionnaire, et encore moins une maire. Tachez de rester à votre place à l'avenir. - Je m'en souviendrai, courba l'échine Elina.
Loin de se soumettre, la Zoan enrageait à moitié en son for intérieur devant tant de suffisance. Ils s'appropriaient sans aucune honte le fruit de son travail et se permettaient, ensuite, de lui faire la leçon ? Ces idiots imbus de leurs propres personnes ne perdaient décidément rien pour attendre. Certes, ils ne souhaitaient pas se voir ravir la place de dirigeants de l'île par une étrangère, ni même que la protectrice ne leur fasse de l'ombre... mais il existait l'art et la manière de défendre ses plates bandes ! Néanmoins, elle avait besoin de maintenir leur relation dans un statut quo acceptable pour le moment, aussi ne pouvait-elle se permettre de les défier ouvertement une nouvelle fois. Les hommes et femmes politiques passèrent devant elle sans un regard de plus, et elle les suivit en queue de procession en direction du nouvel établissement de santé. Ils allaient pavaner et s'accaparer tout le mérite devant une population enjouée et toute acquise...
Feuille de personnage Niveau: (38/75) Expériences: (302/350) Berrys: 24.322.996.000 B
Lun 10 Oct - 18:28
La Clinique du col.
La procession des maires, suivie de près par Elina, fut accueillie par des vivats de la part de la population. Les habitants de Yakoutie sortaient d'une période bien sombre de leur histoire. Après avoir été décimés par un virus inconnu, malmenés par des bandits, dupés par des officiers corrompus de la marine et pillés par des criminels de toutes sortes... l'arrivée de la nouvelle protectrice de l'île était vécue comme une bénédiction par une grande majorité de la population. En plus d'être une guerrière capable de diminuer le nombre de hors la loi sur leurs terres, elle était également une femme d'affaire au capital financier important. Comme elle le leur avait promis via le bouche à oreille, elle débutait ses investissements sur l'île afin de relancer l’économie ! Ce jour, il s'agissait d'inaugurer un hôpital qui manquait cruellement à cette île hivernale. Les hommes et femmes politiques de l'île prirent place sur des sièges au sein d'une estrade enneigée. Tous s'assirent sauf deux personnes. Abitbol qui se dirigea vers le pupitre, et Elina pour qui aucun siège n'avait été amené.
« Un autre signe clair de leur mépris et de leur mécontentement. », compris d'emblée la jeune femme sans s'en émouvoir.
Au contraire ! Les faits l'arrangeaient bien plus que les natifs de l'île, embourbés dans leurs petites manigances mesquines, ne pouvaient l'imaginer. Rollon s'excusa malgré tout prétextant un oubli malencontreux, en excellent diplomate qu'il était, mais ce fut tout. Elina n'en prit pas ombrage et se plaça volontairement en retrait des autres maires, derrière le demi-cercle formé par leurs sièges. Plusieurs de ses hommes étaient placés dans la foule compacte qui noircissait la grande place de Taisetsu. Certains commencèrent à lancer des vivats et acclamer la protectrice de l'ile en l'appelant par son prénom ; ils furent bientôt imités par certains locaux. Le procédé n'était pas anodin et, bien vite, Elina sentit plusieurs maires se raidir et vit, lorsqu'elle se retourna, la dénommée Cornelia lui adresser un regard noir avant de s'enfermer dans un une morosité digne d'une pierre tombale.
« Tu devrais bien plus prendre garde à l'image que tu renvoies, vieille harpie ! », se moqua Elina en pensée.
En effet, elle remarqua plusieurs regards interloqués de civils devant les mines fermées de certains maires. La journée était pourtant à la fête, depuis le temps que Yakoutie attendait son propre hôpital ! L'araignée s'en réjouissait sans trop en montrer pour autant. Après tout, elle venait se faire passer un savon ! Elle ne se priva pas de sourire et de saluer timidement la foule pour autant. La raison de ses fourberies était d'ailleurs fort simple. Toute l'île savait à qui elle devait la construction de la clinique, ainsi que le recrutement du personnel médical, paramédical et administratif qu'Abitbol présentait à présent sous des applaudissements triomphants. Elle avait sélectionné chacun des médecins, chirurgiens, infirmiers, aides soignants, comptables, responsables, cadres... même le directeur de la clinique lui était tout acquis ! Tous savaient à qui allait leur allégeance, qui les payait chaque mois, fournissait leur équipement et assurait leur protection.
Pourtant, leur bienfaitrice restait en arrière-plan.
Entre l'outrage à peine voilé envers la protectrice de l'île, les têtes d'enterrements de certains maires blessés dans leur orgueil et le fait que ce soit le maire de la ville, et non l'instigatrice du projet, qui présentait le résultat de plusieurs mois de travail... Cela avait de quoi faire germer plusieurs interrogations chez les spectateurs. Car toute l'île suivait l'inauguration, grâce à des Den Den Mushis caméras qui filmaient la scène et retransmettaient le discours d'Abitbol au travers de hauts parleurs et d'écrans. Le but était évidemment de semer le doute dans le cœur des habitants. Pourquoi n'était-ce pas elle qui présentait le projet qu'elle avait intégralement financé et mené à bien ? Pourquoi restait-t-elle en retrait ? Pourquoi certains maires ne semblaient pas heureux de la situation ? Et d'ailleurs, pourquoi avait-il fallut attendre autant de temps, après l'atroce épidémie de ce virus mortel, pour voir émerger un établissement de santé sur l'île ?
Bien entendu, certains questionnements reposaient sur la méconnaissance des faits, du manque de moyens des maires ou sur une ignorance de la géopolitique de l'île et des conflits inter-mairies qui, parfois, devenaient un frein au développement de Yakoutie. Elina, pour sa part, connaissait fort bien ces obstacles pour en avoir été témoin au cours de multiples réunions stériles. Il suffisait qu'un maire tente de briller un peu trop pour que les autres, jaloux ou ambitieux, ne réclament des fonds supplémentaires pour leur ville également ou ne bloque l'avancement de leur collègue par un procédé détourné. Certains étaient bien entendu tout à fait altruistes et recherchaient avant tout le bien être de leurs concitoyens... Mais ils se perdaient au sein de petites guerres intestines pour tirer la couverture à soi et qui paralysaient l'île... sans même parler des bandits, du climat inhospitalier, du gouvernement mondial ou du manque de liquidité.
« Il faut que cela cesse... », rumina Elina en pensée. « J'ai besoin de cette île au maximum de ses capacités pour mener à bien mes plans. »
En créant cette Clinique du Col, elle faisait d'une pierre deux coups. Un tel lieu manquait à Yakoutie, en particulier au vu de ses antécédents. Par ailleurs, elle sapait ainsi peu à peu l'autorité et la légitimité de certains maires en s'affichant clairement comme instigatrice du projet, alors qu'elle était rejetée et mise à l'écart par les politiques. Le fait que son autre commerce, visant à rénover les installations technologiques de l'île, soit interdit officiellement par les maires participait également à pousser les habitants à réfléchir. Que leurs élus refusent une telle avancée, car ils n'en étaient de toute évidence pas les principaux instigateurs et qu'ils ne pourraient bénéficier la gloire, avait de quoi en interloquer plus d'un. Bien sûr, Elina se gardait bien de tenir ouvertement un pareil discours ou de pousser à la rébellion ! Pour ce faire, elle comptait plutôt sur ses hommes du marché noir qui propageait des rumeurs ou grognaient dans divers villages, en tant qu'habitants de Yakoutie depuis des années. Ainsi, elle faisait un pied de nez aux maires en utilisant leur propre fierté, et leur forçait la main sans qu'ils s'en rendent compte en théorie. Dans leurs esprits, la décision de stopper la construction de l'atelier technologique servait sans doute de mise en garde pour la protectrice, afin qu'elle ne réitère pas ce genre de décision. Sans doute souhaitaient-ils marquer le coup, avant de rouvrir les travaux d'ici quelques temps.
Leur propre suffisance et leur défiance envers la protectrice de l'île précipiteraient leur perte.
Au cours des prochaines semaines, elle allait devoir jouer finement : balancer entre une certaine confiance, nécessaire à leur coopération récalcitrante afin de développer l’île ; et d’autre part une méfiance grandissante, pour les pousser à la rejeter toujours un peu plus. Le procédé s'avérait dangereux et délicat. D'autant plus si on considérant l'intelligence et le sens de l'observation de certains maires comme Rollon, Abitbol ou même Cornelia. Malgré toute la haine viscérale qu'elle lui portait, l'araignée devait reconnaitre à la vieille femme un redoutable pragmatisme. Mais la harpie ne possédait pas toutes les cartes en mains et, bien trop vite, elle lui avait révélé sa faiblesse : un égoïsme et un égocentrisme extrêmes. Il n'y avait qu'à voir sa réaction, lorsque les badauds célébraient le nom d'Elina ! Elle ne pouvait pas supporter de voir une étrangère plus appréciée qu'elle. Raison pour laquelle elle suspectait cette mégère d'avoir précipité l'arrêt des travaux de l'atelier de Mokuso bien plus que ses collègues.
L'ingénieur déprimait d'ailleurs depuis cette annonce. Le gnome était ravi de mettre son savoir faire et sa passion de la mécanique au service de cette île qu'il chérissait particulièrement. Son moral était au plus bas depuis ce matin, ce qui n'avait pas manqué de toucher plusieurs locaux qui avaient appris à le connaitre. Ici aussi, sa naïveté et sa candeur serviraient l'araignée pour toujours un peu plus grimper dans l'opinion publique. Bientôt, ce seraient les habitants qui pousseraient à la reprise du projet. D'ailleurs, certains de ses hommes se penchaient déjà sur une future pétition pour terminer l'atelier et commencer les travaux sur toute l'île !
Les maires ne gagneraient pas cette bataille, elle en était certaine.
Pourtant elle était loin d'avoir gagné la guerre d'usure qui consistait à les écarter du pouvoir. La jeune femme le savait, elle était loin d'être prête à prendre le contrôle total de Yakoutie. Mais elle était confiante. Ses plans avançaient peu à peu, en parallèle de sa lutte sous cape contre les trois crocs et de l'expansion de son organisation criminelle sur tout North Blue. Les alliances récentes avec l'Inquisition d'Erwin Dog ou les Shadow Ghosts de Ren Tao lui apporteraient le soutien nécessaire pour satisfaire ses ambitions. Les deux hommes différaient foncièrement dans leurs méthodes, leurs idéaux et leurs objectifs cela dit. Elle devrait user d'un certain doigté pour ne froisser personne, réfréner les penchants chaotiques du hors la loi et gagner la confiance du révolutionnaire... mais sans doute pourrait elle s'en faire de puissants et durables alliés. Elle même devrait se montrer utile et prompte à soulager ses nouveaux associés d'épines plantés dans leur pied. Après tout, Yakoutie n'était que la première étape de son plan. L'île était un tremplin vers le sommet, vers les plus hautes strates du marché noir mondial !
Pour l'heure, le discours d'Abitbol touchait à sa fin et les applaudissements redoublaient. Le directeur de l'hôpital adressa un salut formel au maire, puis un autre à Elina malgré sa position reculée. Elle le lui rendit d'un hochement de tête gracieux, avant de saluer la foule et, surtout, ses propres hommes postés au sein des badauds qui l'acclamaient de nouveau. Peu à peu, les habitants se dirigèrent vers la clinique pour une visite guidée. L'araignée suivit le mouvement et passa dans tous les étages du bâtiment, des urgences aux services de médecine en passant par les blocs et la bibliothèque médicale en libre accès. Elle reçut durant de longs moments les félicitations du personnel et des futurs patients, avant de finir par s'excuser lorsque le cocktail d'ouverture débuta.
Feuille de personnage Niveau: (38/75) Expériences: (302/350) Berrys: 24.322.996.000 B
Lun 10 Oct - 18:35
La Clinique du col.
L'assassin parcourait les artères de la ville basse sans un bruit. Elle réfléchissait au futur de l'île et à ses prochaines actions, en tant que protectrice de l'île mais, également, sous son pseudonyme hors la loi : Jorogumo. Pour l'heure elle devait attendre d'estimer la réaction des maires et adapter la suite de sa stratégie en fonction des mesures qu'ils prendraient. Elle pensait néanmoins avoir un coup d'avance pour l'heure et pourrait certainement continuer à faire tourner les vents en sa faveur, jusqu'au moment où ils pourraient éventuellement l'évincer... scénario qu'elle avait déjà prévu et contre lequel elle avait commencé à préparer une réponse définitive, pour assurer sa victoire.
La situation de son organisation criminelle la préoccupait un peu plus pour le moment. Tetsujin l'avait contactée via un appel codé, pour lui demander de venir s'entretenir avec lui de plusieurs sujets « préoccupants » selon ses propres mots. Enfin arrivée dans le bar sous-terrain, puis la salle de réunion, l'araignée retrouva le vieux renard et tous deux se mirent au travail sans tarder. Il attrapa une liasse de feuilles et commença à la tenir au courant des faits récents de North Blue :
- J'ai reçu le rapport d'un de nos espions envoyés sur l'île aux mains des trois crocs, selon les informations arrachées à la lieutenante jusqu'à présent. Il a réussi à obtenir quelques rumeurs concernant nos rivaux qui ne vont pas vous plaire...
Elina le laissa se racler la gorge, avant d'assener la nouvelle :
- Les trois crocs sont apparemment présents sur Luvneel, Dwarf Town et plusieurs autres îles mineures de North Blue. Je vous recommande la plus extrême prudence lorsque vous retournerez sauver Maimai Kichigai. - Je me montrerai prudente, lui promit la Zoan. Autre chose ? - J'ai reçu des nouvelles de West Blue, concernant notre nouvel allié. Ren Tao s'est fait repousser de Nighty Town, mais il semblerait qu'il ait causé des dommages importants.
L'araignée n'était pas certaine que l'exaction du criminel roux allait arranger leurs affaires. Au contraire, attiser la colère de la marine n'était jamais une bonne idée ! Cependant elle comprenait ce qui avait poussé son associé à lancer son offensive et respectait son choix. Quant à elle, Elina préférait jouer profil bas et rester hors d'atteinte de leurs radars le plus longtemps possible, afin de faire fructifier ses intérêts dans l'ombre. Sans doute sa rencontre avec l’agent du Cipher Pol, Ryan, allait changer la donne... Tetsujin la sortit de ses pensées d'un ton sombre :
- J'ai également eu vent d'un événement inattendu... Seppen Town a été attaquée par un groupuscule de hors la loi. Selon le communiqué officiel de la marine, le responsable se nomme « Ja'far Al-Ta'ir », récemment primé à vingt millions de Berrys. Il aurait été appréhendé. Et... - Et ? le questionna Elina, bien consciente que les mauvaises nouvelles ne faisaient que débuter. - La marine a proclamé qu'ils débutaient une politique bien plus agressive sur les Blues. Ils ont envoyé des renforts importants sur leur QG de North Blue.
Elina frappa la table du poing, de rage. Voilà qui n'arrangeait en rien ses projets ! Le but premier de son alliance avec les révolutionnaires, en plus de se trouver des alliés, était de maintenir la marine occupée sur cette mer. Elle partageait certains objectifs avec Erwin Dog et leur union serait sans doute profitable à tous les deux. En théorie, elle lui aurait permis de s'implanter en toute impunité, notamment à Dwarf Town, avant d'aider l'Inquisition à conquérir la majeure partie des îles de North Blue et de protéger à la fois le peuple de cette mer, mais aussi ses propres intérêts en écartant la marine de ses affaires. Voir le gouvernement investir des ressources humaines et militaires en masse ne l'arrangeait pas du tout ! Ce Ja'far venait de lui planter un couteau dans le dos sans même s'en rendre compte... le maudit !
- Ja'far Al-Ta'ir est à présent mis aux fers et en transit vers Impel Down. Selon le communiqué officiel... - Je me fiche de son sort ! trancha avec humeur la jeune femme. Seules les conséquences de ses actes m'intéressent. Je devrais me montrer bien plus soucieuse des détails lorsque j'aiderai Erwin à prendre Dwarf Town... j’imagine qu’il va nous falloir tenir compte de cet aléas dans notre conquête. - Il faudra sans doute nous attendre, par ailleurs, à des visites diplomatiques du gouvernement pour tenter de nous rallier à eux de nouveau... - Et lorsque nous refuserons, continua Elina, ils tenteront de s'infiltrer sur l'île pour nous faire tomber de l'intérieur. Oui, je m'en suis douté également.
Le silence s'appesantit peu à peu, jusqu'à ce que la Zoan ne reprenne la parole :
- En premier lieu, je dois m'occuper de Maimai Kichigai, puis de Dwarf Town afin de contenter Erwin. Gardez l'œil ouvert sur Yakoutie. Nous investirons bientôt une nouvelle fois dans le marché noir, afin de répandre nos oreilles et nos yeux sur tout North Blue de manière bien plus efficace. Cela nous permettra peut être de limiter d’autres surprises déplaisantes. - En parlant de mauvaises nouvelles, je n'ai toujours pas de nouvelle de Jack Saviour. - Moi non plus... maugréa Elina. Et il reste toujours le cas de Chloé Gratz. - Elle semble assez fidèle à l'organisation. L'attaque de Toroa est une réalité et tous ses dires ont été confirmés. - Je dois tout de même la tester moi-même en situation réelle, avant de lui confier des missions en solo. Et il reste cet autre souci, les gênes de la famille Gratz ne sont pas totalement compatibles avec notre métier... discret.
Elina soupira en se massant l'arête du nez, dépitée par les événements récents. Le vieil homme sourit tout à coup, s'attirant un regard intrigué de sa patronne. Il se racla la gorge et poussa une affiche de recherche en direction de l'araignée, avant de reprendre la parole d'un ton bien plus allègre que précédemment :
- Après cette série noire, j’aurais peut être de quoi vous remonter le moral. - Un assassin de plus ? releva la jeune femme en arquant un sourcil. - Un assassin particulièrement doué dans un domaine qui manque cruellement dans nos rangs, l’intrigua le vieil homme avec un sourire espiègle.
L’araignée parcourut d’un œil vif la fiche récapitulative du mystérieux criminel, avant de finir par sourire distraitement. Oui. Cet homme ferait parfaitement l’affaire. Voilà qui devrait apporter une touche d'optimisme après cette journée éprouvante ! Elle avait tant à faire, et si peu de temps pour s’occuper de tout. Mais l’araignée n’avait pas fini de faire parler d’elle.