Kanäe revenait de North Blue où elle avait affaire à un vieil ennemi. Durant cette mission elle avait perdu des hommes mais avait su préserver la vie de la majorité ainsi que l’intégrité de l’embarcation. En tous les cas, le groupe quittait donc les blues pour retrouver le calme paisible d’une base de la marine sur Grand Line, du moins c’était ce qu’elle pensait.
 
Alors qu’elle voguait tranquillement en direction du cap des jumeaux et dans le but de passer la montagne des périls, l’escargophone d’urgence embarqué sur tout bateau gouvernemental se mit à retentir. La lieutenante, plus hautement gradée parmi les mouettes présentes, accourut rapidement pour décrocher, elle savait pertinemment que l’usage de ce type d’appareil était réservé à des situations bien spéciales. A sa suite, Norok, la chauve-souris géante de la belle, ne la lâchait pas d’une semelle, il avait eu peur pour elle au cours de la dernière mission et se sentait plus protecteur que jamais. La Toupex décrocha et entendit un homme aboyer au bout du fil, celui-ci lui décrivait une situation catastrophique. Apparemment, un deal entre les décimas et le marché noir de trader avait eu lieu, s’en était suivit une course poursuite maritime entre la faction de Centes et celle de Chairoka jusqu’à reverse montain et jusqu’au cap des jumeaux. Les informations n’allaient pas beaucoup plus loin mais les instructions du colonel en charge étaient très clairs : toutes les troupes à proximité devait se rendre au cap des jumeaux pour stopper l’avancée criminelle. Peu avaient répondu à l’appel et le combat se présentait déjà comme plus que compliqué.
 
Quoiqu’il en soit, la verte n’avait d’autre choix que de suivre les ordres qui lui avait été ainsi transmis, son grade de lieutenante ne lui permettant clairement pas de discuter les ordres d’un colonel. Elle informa donc ses hommes de la future destination et les dirigea donc vers une mort certaine, elle espérait quand même trouver une situation stabilisée au-dessus de la chute inversée. Alors que le bateau montait à vive allure, l’escargophone sonna de nouveau, encore une fois, la belle alla y répondre espérant entendre que la situation était sous contrôle ; il n’en fut rien. Elle apprit donc que les décimas avaient réalisé une barrière à l’embouchure du cap des jumeaux, bloquant ainsi toute entrée vers Grand Line depuis les blues. Il fallait encore ajouter que les deux premiers navires à l’effigie de la mouette avaient été décimés par la barrière en l’enfonçant à peine, les hommes massacrés par les tireurs et combattants ennemis. Le colonel termina en précisant à ces troupes qu’ils devaient se préparer au combat et qu’il allait faire en sorte que son propre navire brise le mur, laissant ainsi plus de place aux gouvernementaux pour atteindre le cap, et pour pouvoir se battre.
 
Le navire de Kanäe s’approchait dangereusement de la destination lorsqu’un bruit terrible se fit entendre, comme si du verre, de la pierre et du bois éclatait de toute part. Il s’agissait en réalité du navire du chef de fil qui venait d’entrer en collision avec le blocus et avec la glace de la baronne ennemie. Quelques secondes plus tard, la Zoan ne put que constater l’horreur : la bataille avait apparemment débutée, les marines et les décimas s’affrontaient dans un concert de cri et de suppliques atroces. Le colonel était au sol, blessé et semblait se présenter devant une grande blonde. C’est alors que, s’apprêtant à se jeter dans la bataille,  la femme-scorpion ressentit une poussée monstrueuse contre laquelle elle ne put lutter, elle se rendit alors compte qu’elle venait d’être projeter dans les airs. Regardant le sol par réflexe, elle vit son embarcation empalée sur le flanc rocheux de la montagne, et quant à sa propre situation, elle allait elle-même s’écraser sur le sol dur de Red Line : les choses se présentaient bien mal.
 
Le colonel attaquait la baronne, les troupes de chaque bord s’annihilaient et Kanäe Toupex allait mourir, comme ça. Quelques secondes avant de toucher le sol, elle sentit néanmoins qu’elle était tirée par la gauche et sentait une prise forte sur sa cheville ; Norok venait de la récupérer en plein air. Malheureusement, aux vues de la puissance de la propulsion et de la vitesse de l’humaine, la bête ailée ne put maintenir son vol, il enroba sa maîtresse dans ses ailes et se laissa tomber lourdement sur le sol. Son aile était blessée mais rien d’irréparable. La verte quant à elle, eut quelques difficultés à reprendre ses esprits mais se redressa après quelques instants avant de jeter un œil à la bataille. Ce fut à cet instant qu’elle remarqua la glace qui recouvrait l’eau, elle ne lâcha qu’un commentaire qui reflétait bien la situation.
 

Un maudit…  

 
Elle ne savait pas vraiment par où commencer, il ne faisait aucun doute que la suite des évènements lui donnerait une réponse.
 
 

 
Le choc avait été rude mais la belle avait rapidement reprit ses esprits pour assister au déferlement de l’enfer sur Terre ; les décimas étaient en place et harcelaient largement les marines d’un flot de coup de feu quasi-ininterrompu. Les pertes du camp à la mouette devaient être lourdes mais ces derniers semblaient plus nombreux et toujours prêt à se battre. Ainsi, provenant des quatre carcasses de bateaux gouvernementaux, des coups de feu filaient en direction de l’ennemi, quelques soldats courageux sortaient encore du ventre des embarcations pour se mêler au combat. Puis, un blanc se fit et une voix parvint aux oreilles de Kanäe qui venait de rallier le bord de la falaise, regardant la mer, la zone gelée, et la femme qui se trouvait en son centre. Elle était l’oratrice qui avait causé la fin des combats.
 
Une décima… Une baronne de Centes, lieutenante de sa cour. Elle expliqua alors son point de vue pendant quelques instants, causant un sourire carnassier sur le visage de Kanäe. Elle savait bien vu qui elle allait devoir affronter pour mettre hors d’état de nuire les manœuvres ennemis, de plus elle n’était pas seule, le colonel devait bien se trouver quelque part. D’ailleurs, le message lui était directement adressé. Mais alors que la grande blonde avait fini, personne ne répondit. Les décimas ne tiraient plus, les marins non plus, les hommes visibles sur le champ de bataille regardaient de part en part dans le but de chercher le soutien de leur chef, mais celui-ci n’était plus de ce monde. En effet, Norok s’était remis sur patte, il ne pouvait plus voler à l’heure actuelle mais pouvait encore se déplacer, difficilement. Il avait bien compris que sa camarade cherchait le supérieur et l’informa d’un simple coup de tête sur l’épaule qu’elle était celle en charge. A l’aide de son sonar, la bête volante avait senti le funeste destin du colonel qui avait été congelé sur place par l’attaque glaciale de l’ennemi.
 
La lieutenante Toupex prenait ainsi toute la force de sa contribution à la situation, elle se pinça les lèvres en réfléchissant. Pour l’heure, les décimas semblaient attendre une réponse, et la personne la plus gradée ici ne se manifestait pas, s’agissait-il de Kanäe ? Elle n’attendit pas plus longtemps pour agir.
 
Dégainant l’une de ses lames, la belle fit un geste assez ample et rapide devant elle, dans les airs, en visant la gauche de la logia. Il ne s’agissait pas d’un coup visant à la toucher mais bien à attirer son attention. Etant donné la position, la blonde ne verrait probablement le coup arrivé, et même si elle le voyait, elle n’avait aucun intérêt à contrer ou esquiver puisqu’elle n’en était pas la cible. Une fois la lame ayant explosé un morceau de glace, et en attirant probablement l’attention de la baronne, la verte se mit en évidence sur le champ l’arrête rocheuse, visible de tout le champ de bataille. Elle commença alors son discours, d’une voix au moins aussi forte que celle de sa contradictrice.
 

Je suis Kanäe Toupex, lieutenante de la marine, et en l’absence d’autres réponses, je pense être la plus gradée ici. De ce fait, je serai donc votre interlocutrice pour cette négociation. Comprenez bien que je ne peux avaliser votre demande, vous êtes l’un des membres de l’armée Décima et de ce fait, une criminelle de premier ordre. Je me vois donc dans l’obligation de retourner la demande et de vous sommer de vous rendre immédiatement.   

 
Kanäe marqua un temps de pose pour marquer le poids de ses mots, elle regarda de part en part du champ de bataille, vers l’embouchure des deux côtés pour vérifier qu’aucun renfort ennemi ne pointait le bout de son nez, ce qui n’était apparemment pas le cas. Forte de cette conviction, elle reprit en retournant chaque argument énoncé par avant.
 

 Comme vous dites, nous sommes plus nombreux que vous. Quant à l’appel des renforts, vous vous doutez bien que la marine est prévenu qu’un convoi décima est présent ici. Notre armée est plus représentée que la vôtre sur ses mers, je prends donc le pari de voir quel renfort arrivera en premier. Et vu la menace que vous représentez, je suis à peu près certaine qu’un membre de l’amirauté ne devrait plus tarder. En attendant, si vous n’acceptez pas la reddition, je me verrais dans l’obligation de vous y contraindre… Maudite de la glace.  

 
En appelant son adversaire de cette façon, la botaniste prouvait qu’elle savait à qui elle s’adressait et montrait ainsi à son adversaire qu’elle ne se laisserait pas prendre au piège. La déduction quant à elle n’avait pas été bien compliquée, la mer avait été recouverte de glace sur une très large étendue, quoi de plus simple donc de comprendre qu’une manipulatrice de la glace était présente. Restait à savoir s’il s’agissait d’une logia ou d’une paramecia qui utilisait un pouvoir de refroidissement. En tous les cas, la mouette avait un plan de bataille simple : ne pas s’approcher.
 
Les combats ne reprenaient pas, tous dans l’attente de la réponse de la baronne, qu’allait-il advenir de tous ses soldats ?
 
 

Apparemment, la grande blonde ne se prenait pas pour « Madame tout le monde », elle était de la « haute » et semblait apprécier que les gens autour d’elle, ami comme ennemi, s’en rendent compte. En entendant sa réponse, l’envie de tuer cette femme qui avait déjà pris possession de la chasseresse verte ne fit que se renforcer. elle ne prit même pas la peine de lui répondre. Malgré tout, elle ne pouvait confondre hâte et précipitation, elle avait vu de quoi cette femme était capable, quelle malédiction était la sienne et ne pouvait donc pas se permettre de perdre un membre ou de finir en statut de glace, uniquement parce qu’elle la prenait de haut. Il s’agissait ici de faire preuve de mesure mais aussi d’initiative envers ses camarades et subordonnés qui étaient de nouveau sous le feu ennemi. Dans cet affrontement, cette bataille, pour la première fois elle n’était pas seulement Kanäe Toupex, la lieutenante, ou encore la chef d’expédition, mais bien la personne en charge de la bataille, un conflit ouvert opposant de nombreux hommes et par la même ; de nombreuses vies.
 
Alors qu’elle n’avait pas encore engagé le combat avec son interlocutrice, elle avait pu constater que cette dernière ne perdait pas la tête et pensait bien à ses hommes, elle avait orienté une manœuvre pour les mettre à l’abri tout en s’occupant des marines. Il fallait prendre la contre-mesure rapidement en empêcher trop de gouvernementaux de perdre la vie en terrain découvert. Elle avait en face d’elle deux problèmes : les groupes décimas assez grand même si moins nombreux que les mouettes et la baronne accompagnée de ce pouvoir pouvant gérer une masse ennemis facilement. Son regard se porta ainsi, en cherchant une solution, sur le bateau retourné du colonel, comme certains gradés, celui-ci avait la chance d’avoir un bâtiment muni d’un revêtement et qui résisterait donc aux tirs ennemis et qui ne se fissurerait pas sous les coups glacials de la logia.  Il n’était d’ailleurs pas étonnant qu’un navire de guerre blindé ait été envoyé à la poursuite de décima, le tout était assez logique et la marche à suivre fut clair dans l’esprit de Kanäe.
 

Soldats ! Rassemblez-vous dans les entrailles du navire du colonel, le bois a sans doute craqué mais le revêtement est intact. Ne faiblissez pas et répondez avec toute la férocité qui s’impose. Nous sommes face à des décimas, la plus grande menace de ce monde moderne alors ne tremblez pas, et battez-vous !

A peine avait-elle fini que les flèches de glace de la mondaine brisait les cieux pour venir empaler quelques marines qui se dirigeaient déjà vers le refuge indiqué par la lieutenante. Tandis que les affrontements suivaient leurs cours, Danyka enjoint à la verte de venir l’affronter, un duel au sommet. Mais l’herboriste n’avait pas apprécié l’acte de mort dont avait fait preuve la noble décima devant ses hommes, elle disparut donc du bord du pic rocheux et s’éleva dans les airs à l’aide du kamisori, mélange du geppou et du soru, pour rejoindre l’entrée d’une des deux phares, bloquant ainsi la route à un groupe d’ennemi. Devant eux, elle libéra sa fureur et fusa à travers le groupe à l’aide du soru. Les soldats de Centes furent massacrés les uns après les autres sans qu’ils aient eu même le temps de viser leur assassin.
 
Les dagues de Kanäe ruisselaient de sang ennemi, ce ne fut que les balances rééquilibrées que la mouette reprit place en amont de son ennemi. Elle l’avait invité à descendre mais jamais Kanäe n’accepterait de se battre contre une logia de la glace sur le de l’eau gelée, elle n’y aurait absolument aucun avantage. Elle décida donc de simplement répondre à sa contradictrice en souriant.
 

Allons-y dans ce cas.  

 

Comme précédemment, mais avec ses deux lames cette fois, la botaniste fit deux gestes amples devant elle libérant ainsi deux lames d’air qui volèrent à forte vitesse vers la maudite. Elle n’avait alors pas pensé à une chose évidente : les logias sont insensibles à ce genre de chose…  Ne maîtrisant pas le haki de l’armement, le combat s’avérait déjà compliqué.

 
Il n’y avait pas à dire, cette femme énervait la verte à un point inégalé, et probablement inégalable –même si Ghetis Archer arrivera à la mettre dans un état bien pire quelques mois plus tard- elle était tout simplement la vanité et l’égocentrisme transformés en femme. La baronne se prenait clairement pour la maîtresse des lieux, la figure dominante de la bataille et la grande dominatrice du cap des jumeaux. On voyait ainsi tout l’influence de Centes Decima qui, si l’on croyait les ragots, était au moins aussi égocentrique que la baronne. Ainsi lorsque Kanäe la vit tomber en trois morceaux sur le sol, elle comprit que cette femme, comme son monarque, avait les moyens de se vanter. Elle n’avait effectivement vu aucune goutte de sang se rependre sur le sol et comprit instantanément où était son erreur : la logia se relèverait sans aucune difficulté. Et ce fut d’ailleurs le cas.
 
Au moins, la mouette espérait avoir remis la plus âgée à sa place en lui montrant bien que si elle avait l’expérience comme elle l’avait dit, Kanäe avait la vitesse et la puissance de son côté, car après tout, cette femme n’avait apparemment pas vu le coup venir. Mais il n’en fut rien, à peine remise, la glaciale blonde reprit avec autant d’ardeur qu’auparavant en racontant sa vie et la puissance inébranlable de la flotte décima. Elle saoulait tellement la Zoan que cette dernière hésita presque à la couper en lui lançant une nouvelle lame d’air. Elle se reprit lorsque la femme termina sa première replique, demandant à la belle de s’agenouiller devant elle. Parmi les quelques choses qu’il ne fallait pas dire à la verte, il y avait bien cela : la forcer à se mettre à genoux devant un ennemi. Lorsqu’elle avait prononcé ses derniers mots, la blondasse avait scellé son destin et avait mis la lieutenante dans une rage folle. Ainsi, lorsqu’elle vit l’ennemi approcher, elle ne réagit pas, la laissant venir à elle. Elle savait qu’elle était une logia et sa glace serait un souci majeur mais tout irait pour le mieux si elle suivait son plan, et en premier lieu ; il fallait briser ce stoïcisme. Car si la décima semblait professionnelle en la matière, il ne faisait aucun doute que son opposante gouvernementale l’était aussi et savait donc de ce fait, comment s’énerver elle-même. D’ailleurs, l’ennemi venait de lui en donner les moyens en lançant cette première vague de glace contre la chasseresse qui se permit de souffler à l’attention de son adversaire.
 

Beaucoup trop lent …  

 
Alors qu’elle terminait à peine sa petite moquerie, et bien avant que les premiers éclats glacés ne puissent la toucher, la maudite avait décollé une nouvelle fois à l’aide du kamisori et n’eut alors aucun mal à esquiver la balle de glace qui avait suivi en changeant brusquement de cap dans les airs. Une fois stabiliser à quelques mètres au-dessus de son adversaire, toujours en utilisant le geppou pour rester dans les airs, la verte se mit à sourire, presque à ricaner alors que l’autre lui offrait de rejoindre la faction décima.
 

Vraiment trop lente… C’est tout ? C’est ça un noble de la cour de Centes Decima, je devrais peut-être effectivement vous rejoindre avec mon niveau je serais immédiatement nommée chevalier. Peut-être même bras droit de ton roi. C’est bien décevant en tous les cas.   

 
Elle espérait l’énerver suffisamment pour la faire perdre la tête et l’obliger ainsi à l’attaquer aveuglement avec ses attaques glacières, alors le combat tournerait en l’avantage des gouvernementaux : la lieutenante avait un plan. Mais pour l’heure, elle était toujours suspendue dans les airs, prête à esquiver une nouvelle attaque imminente, et surtout, prête à enfoncer le clou.
 

Dis-moi baronne. Tu fais exprès de raconter ta vie ? C’est profondément inintéressant, je te conseilles l’entrainement plutôt, tu en as bien besoin.  

 
Une dame de la « haute », se faire tutoyer par une roturière ? Elle risquait de ne pas apprécier.
 
Pendant ce temps, les échanges de coups de feu se poursuivaient, le phare était un édifice bien solide et tiendrait sans aucun souci, mais les habitants actuels de celui-ci continueraient eux à perdre la vie.  Concernant le dernier bateau décima, celui si cher au cœur de leur chef, il fut laissé de côté par les marines jusqu’à ce qu’un des hommes, John Jura, simple sergent, se rende compte de son début de fuite. Le bon John avait alors récupérer un escargophone pour appeler des renforts et faire état de la situation, on lui avait seulement répondu que les renforts étaient en route, mais que le blocus allait se mettre en place. Si les criminels voulaient sauver leur butin, il devrait le faire vite.
 
 

 
Du caviar et des blinis froid ? La réponse de Kanäe fut immédiate et candide.
 

Bien sûr que je n’en ai pas, pourquoi j’aurais ça ? C’est mauvais.  

 
Nouvelle tentative d’énervement ou simple révélation sur ces gouts ? Danyka pouvait en douter mais la verte avait abandonné le plan premier d’emportement de l’ennemi qui semblait ne pas porter, un professeur de yoga semblait plus enclin à se mettre en colère que cette inconnue. Donc non, elle détestait le caviar et tout ce qui était œufs de poisson  en général, que ce soit froid ou chaud. Sans rien ajouter, un genre de dôme de glace commença à se construire autour des deux combattantes, surement que la baronne voulait handicaper les possibilités d’esquive de Kanäe mais celle-ci prit un parti auquel son adversaire ne pensait probablement pas.
 
En effet, dans cette position entreprise par la blondinette comme une tentative de blocage, la verte voyait une erreur tactique incroyable, elle se prenait au piège toute seule en laissant à Kanäe la possibilité de ne pas entrer dans le dôme.  L’arène était certes en sa matière, elle pouvait donc passer à travers sans difficulté mais elle n’avait probablement pas pensé à ce qu’allait faire la verte. Néanmoins, celle-ci fut légèrement embêtée en regardant autour d’elle. Elle venait de voir ses renforts arrivés, bonne nouvelle donc, mais elle voyait aussi quelque chose d’étrange, des signaux lumineux depuis l’un des phares en direction de Danyka. La chasseresse avait des cordes à son arc, pour autant elle ne connaissait pas le morse et n’avait aucune envie de l’apprendre d’ailleurs. Le messager cherchait probablement à informer sa chef que les renforts gouvernementaux arrivaient. Si Kanäe les avait vus, ce n’était que grâce à la hauteur qu’elle avait pu prendre, son adversaire, elle, n’avait pas un champ de vision assez large pour le voir. Il fallait donc continuer à l’occuper et mettre hors d’état de nuire ce messager.  Elle pensa alors de suite à Norok avant de se rappeler qu’il n’était pas en état de voler. Quant à elle seule, elle ne pouvait laisser la glaciale et allait donc devoir s’en occuper.
 
La volante reprit un peu plus de hauteur grâce au geppou avant de prendre sa forme hybride et se laissant tomber sur le haut du dôme, dard en avant et asséna un énorme coup sur le dôme, trop fin pour tenir probablement. En tous les cas, la Zoan espérait qu’il allait céder, laissant alors à la belle le loisir d’attaquer avec deux lames d’air supplémentaires. Elle devait rester en mouvement pour ne pas voir le message. Les renforts allaient arriver et bloquer le navire ennemi : avec lui, toute chance de repli.
 
 

 
Les choses se précisaient et la fin de la bataille devenait imminente. Malheureusement pour les deux camps, leur victoire ou leur défaite ne dépendait que d’une chose : l’issue du combat entre les deux lieutenantes. Si la glaciale l’emportait, alors elle prendra place sur le bateau et couvrirait la retraite avec le pouvoir de son logia, gelant de nouveau la mer pour empêcher toute poursuite. Si la Zoan l’emportait, elle pourrait attaquer le bateau en personne avec l’aide de ses hommes, et ainsi en finir avec cette histoire. Tout dépendait donc de Kanäe, qui se devait d’esquiver les attaques adverses et de trouver un moyen de blesser la logia. Elle se rappela alors une chose assez évidente, un logia ne pouvait être battu que de deux façons différentes : grâce au fluide offensif ou grâce à l’élément inverse. Un bout de glace ne ferait ainsi pas le poids contre un torrent de flamme, de plus, la baronne semblait s’épuiser de plus en plus. Si Kanäe trouvait le moyen d’enflammer quelque chose, elle pourrait peut-être enfin blesser son opposante. Toujours silencieuse, la verte ne prenait toujours pas la peine de répondre à la noble.
 
Forte de cette pensée, la jeune femme esquiva la vague de glace en premier lieu mais fut surprise par les flèches de glace qui fusaient vers elle et ne put les esquiver qu’en replongeant au sol en direction de Danyka. Ne pouvant faire de feu sur l’étendue de glace autour de la maudite, elle décida de chauffer sa lame au contact du sol avec l’effet de frottement, espérant que la glace ne l’empêcherait pas de chauffer et surtout qu’elle chaufferait suffisamment. Il fallait ici donner le tout pour le tout. Elle pensait avoir en contre une position défensive de la baronne et comptait sur sa vitesse pour parvenir à la frapper, elle fut donc largement étonnée de voir que son opposante se jetait sur elle sans ménagement. Il était néanmoins trop tard pour engager une esquive, la verte se contenta donc de lancer sa lame en avant pour transpercer l’abdomen de son ennemi. Elle espérait ainsi la vaincre avant toute attaque de sa part. Mais même si la lame touchait, elle ne ferait qu’entamer un bout de glace : la lame de Kanäe était froide comme la décima.
 
Elle ne put esquiver le coup qui suivait et senti la froid s’emparer de l’intégralité de son corps. Bientôt elle ne sentit plus rien et sombra dans l’inconscience. Il ne lui restait donc plus qu'à attendre le dégèle, tout en espérant que son adversaire n'allait pas en finir avec elle. 

Derrière la logia, une groupe de  marins s'était rassemblé et commençait à la harceler de coup de feu, peut-être serait-ce suffisant à la faire déguerpir rapidement, cela ajouté à la menace imminente de l'arrivée des renforts. 
 

 
Les choses s’étaient si mal passées au final… En fin de compte la verte n’avait pas réussi à blesser la logia et avait surtout encaissé un coup monstrueux, elle avait perdu conscience et n’avait senti qu’un frisson intense au dernier moment. Elle avait été complétement givrée par son ennemi, cette dernière n’avait pas pris la peine de l’achever, peut-être ne mentait-elle pas ; peut-être l’estimait-elle réellement. Elle lui aurait donc laissé la vie uniquement pour pouvoir la rencontrer plus tard, la baronne avait fait un choix audacieux, mais surtout un choix terrible : elle avait trouvé une rivale.
 
Les hommes survivants de la bataille avait été, pour une partie gelés puis tués par les tirs fournit des décimas, avaient allumés des feux partout sur le champ de bataille et notamment trois autour de leur lieutenante. Peu en avait réchappé, mais sans elle, et ils le savaient, aucun n’aurait pu passer cette funeste bataille. Ce fut ainsi, après plusieurs heures de gel que les premiers hommes, les moins fortement touchés,  commençaient à émerger de leur hibernation en poussant des râles de douleur ou d’étonnement : la vie ne leur avait jamais paru si précieuse. L’un d’eux confia même à ses compagnons qu’il avait hâte de rentrer pour demander son aimée en mariage. Au fur  et à mesure, tous se réveillaient et les feux commença à se centraliser autour des quelques soldats encore gelés, et notamment autour de la verte. De trois, il y avait maintenant huit feux autour d’elle, de telle sorte qu’elle aurait pu être la grande prêtresse d’un culte étrange.
 
Les hommes s’étaient tous rassemblés autour de leur chef et attendait, tous sans exceptions, que cette dernière se réveille. Les premiers renforts étaient arrivés, avaient emporté les cadavres mais n’avaient pu récupérer les vivants : aucun ne voulait laisser celle qui leur avait probablement sauvé la vie. Et tous n’espérait qu’une chose : entendre le râle de la gradée, synonyme de son retour parmi les vivants.
 
De son côté, l’esprit de Kanäe revenait à la vie, elle retrouvait les sensations de chaleur dans son corps et une douleur affreuse jusque dans ses os, les tissus froids hurlaient. Pour autant, d’extérieur, aucun signe de retour jusqu’à ce qu’elle finit par ouvrir les yeux devant les cris de joie des hommes. Ils fêtaient le retour de la Toupex et ne voyait pas le regard de celle-ci, mâchoire crispée, poings serrés,  le regard dur ; Kanäe était en rage. Elle se moquait de la douleur et gardait cette impassibilité qui la caractérisait largement, elle n’avait qu’une idée en tête : retrouver cette femme qui lui avait pris tant. Elle lui avait volé sa bataille.  
 
Alors qu’elle se relevait lentement, plusieurs heures après le départ des ennemis, Kanäe Toupex, lieutenante de la marine se fit une promesse. La prochaine fois, elle briserait la glace.