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Fenice Nakata
Fenice Nakata
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Ven 7 Oct - 15:32
Être, un travail de longue haleine.
feat. Maud
Qu'être soit la fin de paraître. Wallace Stevens

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L'on oublie souvent que les origines d'un Grand homme se trouvent constamment dans son enfance, pourtant parfois banale et commune. Il est ainsi toujours intéressant de se plonger à cœur perdu dans les souvenirs qui, entrelacés, finissent par former un adulte accompli. On y trouve bien souvent, comme chez tout un chacun, désespoir et joie, mais aussi et surtout jours extraordinaires et, tout au contraire, mémoires futiles.
Nakata, avant d'être le glorieux pirate que tant d'autres redoutaient, avait eu à passer par d'innombrables chemin, d'innombrables voies plus tortueuses et escarpées les unes que les autres. La Révolution, la Marine, toutes ces factions d'importance l'avaient poussé à se forger une identité, une personnalité complexe mais droite, excentrique mais juste et respectable. Ses premières années de service, sans aucun doute les plus palpitantes car étant celles qui le poussaient le plus vers l'inconnu et vers d'intarissables sources d'adrénaline, n'y furent évidemment pas étrangères. Beaucoup considèrent les soldats du Gouvernement Mondial comme de fieffés idiots, gouvernés par des impotents, eux-mêmes tiraillés par leur avarice... En omettant malhabilement un certain nombre de ces représentants de la loi, agissant par sens du devoir, par passion pour la protection des plus faibles et des plus démunis. A cette époque, près de six ans avant sa nomination en tant que Schichibukai au service du Gouvernement, le blondinet n'était encore nul autre qu'un bambin, qu'un marmot égaré à qui la tâche de récurer le pont échoyait le plus souvent. Son fruit du démon extraordinaire, découvert l'année précédente, lui octroyait assurément un avenir d'exception... Et on se complaisait donc à lui offrir toutes les expériences les plus ragoutantes possibles pour s'assurer qu'il n'irait jamais sur la pente dangereuse du mépris ou de l'égocentrisme. Tout gradé, même doué de capacités hors normes, se devait de conserver les pieds sur terre pour continuer à s'attirer la sympathie des siens. Un exercice que le Fenice exécrait au plus haut point, tant il considérait que sa place se trouvait davantage sur les champs de bataille qu'on lui sommait pourtant d'éviter plutôt qu'au beau milieu des latrines ignobles des bâtiments de guerre qu'il chevauchait avec toute son innocence juvénile, mais qui allait sans conteste lui permettre de conserver l'humanisme en guise de fer de lance de son idéologie. Nul n'était supérieur à nul autre. Ni les hauts-gradés, ni lui-même.

Cette modestie désarçonnante pour un jeune homme doué de tels dons et d'une telle voracité en terme d'apprentissage ne l'empêchait pour autant pas de se questionner quant au fonctionnement de sa malédiction, celle du Phoenix. Il se savait désormais plus ou moins invulnérable, sans pour autant pouvoir aller à l'encontre de la douleur. Il se savait également capable de voler en revêtant une forme animale enflammée et illuminée, mais avait encore bien du mal à choisir de s'en parer de son plein gré. On lui avait vaguement conté toute la théorie, notamment le fait qu'il s'était vu pourvoir d'un rarissime zoan mythique, mais le Fenice continuait à ignorer beaucoup. Beaucoup trop, à son sens, d'ailleurs : l'information et le renseignement étaient les premiers rouages des guerres, c'était l'une des premières notions que l'on fournissait aux mousses embarqués sur les gargantuesques navires de guerre de la marine. Or, comment diable pouvait-il se prémunir d'une autre malédiction s'il n'était pas capable de la comprendre, de l'assimiler, de l'anticiper ? Difficile à dire. Le moujingue avait beau demeurer quasiment invincible, il n'était pas forcément une bête de guerre : son maniement du sabre, relativement approximatif, faisant encore rire les lieutenants chargés de son apprentissage. Un art complexe, bien plus encore que celui de la musique, dans lequel il avait excellé dès les premières semaines.

C'était en grande partir pour cela qu'à chaque escale, Nakata se faisait un point d'honneur à échapper à la vigilance des autres soldats pour leur fausser compagnie. Il s'esquivait ainsi dès les premières minutes, à l'accostage, et laissait à ses compagnons la douloureuse et lassante tâche de réapprovisionner le navire en mets et en équipements divers... Se préférant ainsi l'aventure et le frisson, la découverte d'une nouvelle île, d'une nouvelle population, de nouvelles coutumes. L'Archipel d'Orgao n'était que l'une des innombrables escales qu'avait comporté son trajet depuis son entrée dans la marine. Il avait écumé un grand nombre d'océans, rencontré tout un tas de personnes différentes aux objectifs aussi hétéroclites qu'envisageable. En ce sens, l'adolescent de tout juste quatorze ans aurait aisément pu se décourager en imaginant qu'il était impossible qu'il apprenne ici quelque chose qui lui avait échappé des mois durant, parfois même sur la Route de tous les Périls, autrement nommée Grand Line... Mais, pour autant, le Phoenix, pareil à lui-même, semblait incapable de s'en laisser aller à l'ennui et à la désillusion : il continuait de penser aussi fermement que possible que cette île serait différente, qu'elle lui livrerait les secrets qu'il avait attendu des jours durant, et qu'elle fournirait enfin des réponses à ses inquantifiables interrogations. Bref : la dernière secousse venait donc tout juste d'immobiliser le navire de guerre que l'artiste en herbe s'était éclipsé en se faufilant entre ses supérieurs, bondissant par-dessus le bastingage et profitant du regroupement de badauds venus admirer l'arrivée des troupes de la justice pour filer à l'anglaise. Comme d'habitude, lorsqu'il reviendrait, il serait accueilli avec un balais et un saut d'eau... Mais pourquoi s'en préoccuper ? L'inconnu lui tendait les bras.
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Fenice Nakata
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Ven 14 Oct - 0:13
Cirque
ft. Nakata Fenice

Huit mois que je me traînais sur East Blue, sans savoir décider que faire de ma vie. Je ne réalisais pas que j’étais orpheline. Je crois que je ne l’ai jamais vraiment réalisé. Ca ne changeait rien à ma vie. Si au début, la mort de mes parents m’avait satisfaite, je me rendis rapidement compte qu’elle était insuffisante. Je devenais capricieuse. J’en voulais toujours plus. C’était pas vraiment pour l’amour de la mort, du sang, ou du risque, ou je-sais-pas-quoi. En fait, c’était le mélange, et les sensations qu’il procurait. Il n’y a aucun mot exact pour les décrire. Elles ne ressemblent à rien qui existe. Ce qui était sûr, c’est que la violence était devenue une addiction, pire qu’une drogue.

Ouais, j’étais restée un peu paumée les mois qui venaient de passer, mais j’avais fini par trouver – ou par comprendre – ce à quoi je tendais. J’étais faite pour semer le chaos. On m’avait prévenue.

Bon, après, je m’attaquais à facile. J’étais encore loin d’atteindre la puissance des plus grands pirates et hors-la-loi, et je savais que ma progression serait longue. Mais je m’en foutais. J’avais aucune envie de devenir quelqu’un d’impressionnant, de mener des combats épiques contre des adversaires implacables ; rien de tout ça. J’étais pas suicidaire. Je foutais la merde chez les civils, ça m’allait bien. Ce fut comme ça partout, en passant à l’archipel des Orgao, où je fis une rencontre particulière.

*

J’attrapai une pomme en passant à côté de l’étalage d’un marchand. Je continuai ma route sans me soucier de savoir si on m’avait vue ou non, jusqu’à ce qu’une main m’arrête, me retenant par l’épaule. Le marchand me retourna, et je vis la colère qui animait son regard. Ouais, ouais, je connaissais la chanson. Il voulait que je le paye, parce que blablabla, et il commençait à serrer le poing en menaçant de me frapper. Je souriais en le regardant, imaginant déjà tout ce qu’il pourrait advenir de lui. Rien de bon, en tout cas.

Ma main prenait un peu d’élan, prête à découvrir qui de la pomme ou du piffe du gars était le plus solide. Alors que j’allais abattre cette première sur celui qui me faisait face, la pomme fut avalée… dans ma main. Comme par magie.

Ce genre de truc, ça m’était déjà arrivé, quelques fois. Plus ou moins violemment. Ça se manifestait comme un toc, sans prévenir. Le pouvoir du Yami Yami me faisait un peu peur, à l’époque, parce que je ne le connaissais pas, et que je le maîtrisais encore moins. Pourtant, je caressais déjà la sensation délicieuse des ténèbres sur ma peau. Ils m’enlaçaient, me recouvraient, m’emprisonnaient. Ça me foutait des frissons. L’étreinte de ce duvet sombre, c’était mieux – et de loin - que le plus doux des baisers. Alors je me laissais porter par ces ténèbres. Comme une danseuse qui se laisse porter par la musique. Au début, c’était eux qui menaient la danse, mais j’espère qu’un jour, je dirigerai le moindre de leurs pas. C’est pas drôle, sinon.

Le gars, en voyant mon poing foncer sur lui, eut le réflexe de basculer la tête sur le côté. La pomme, explosée par cet univers inconnu dans lequel elle venait d’entrer, ressortit aussitôt par l’autre main, pour s’écraser sur la face de ce qui devint mon assistant. Des passants avaient vu le tour de passe-passe, qui, à leurs yeux, semblait pas mal amusant. En même temps, il fallait voir la gueule du mec. A mi-chemin entre la surprise et la rage, il était drôle à voir, avec tous les morceaux de pomme dégoulinant sur sa face. La mise en scène était comique, et la magie incroyable. De ce fait, le spectacle était bon.

- Elle cache des pommes dans ses manches !

Celui qui venait de brailler était complètement con. J’avais pas de manches, putain. Mais prise au jeu, je me tournai vers mon public :

- Et pourtant, monsieur ! Il n’y a aucun…

Une pomme heurta violemment mon visage.

- AIE ! ENFOIRE !

- AHAH ! Prends-toi ça, grognasse !

En pivotant vers le marchand, je m’apprêtai à répondre à sa provocation. Alors que je m’avançais vers lui, décidée à lui arracher les membres, l’assaut reprit. Le vendeur lançait les pommes sans s’arrêter vers moi, dans le but de me faire reculer. Je me protégeais comme je pouvais, avec mes mains… d’où, à nouveau, sortit cette délicieuse matière noire qui agissait à la fois comme une protectrice et un assaillant. Les pommes, en arrivant à mon niveau, étaient aspirées dans une main, pour ressortir par l’autre. Je ne contrôlais qu'à peine ce phénomène. Mais au final, je m’étais pris très peu de pommes dans la face ! En plus, le public avait l’air vraiment amusé.

Mais – il en fallait bien un – ça avait vite fini par mal tourner. Il semblait que ces ténèbres étaient avides. Avides de tout. Plus ils aspiraient les pommes, plus ils voulaient en dévorer. Les pommes n’arrivant pas plus nombreuses, ils s’étaient mis à aspirer n’importe quoi. Moi-même effrayée par ces incontrôlables affamés, et surtout dérangée par le regard apeuré et dégouté du public, je fuis loin de lui, vers un endroit plus tranquille. Au bord de l’eau, sur la plage, je me vidai entièrement. Je ne me souviens pas exactement de ce qu’il s’est passé ; les ténèbres s’étaient épuisés avec une telle puissance que mon petit corps n’avait pas supportée. Allongée dans le sable, en étoile, j’avais retrouvé mes esprits avec une étrange sensation de bien-être.


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Fenice Nakata
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Sam 15 Oct - 22:05
Être, un travail de longue haleine.
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L'insouciant garnement ne se se préoccupait de rien d'autre que de l'aventure qui lui souriait à pleine dent, et à qui il renvoyait une expression angélique et euphorique, transmettant ainsi son profond bien être et sa satisfaction indicible. Nakata foulait de son pied léger et vif le sol de cet archipel perdu au beau milieu d'East Blue, gage certain à ses yeux d'une histoire calme et reposante mais vibrante et intense. Même si la grosse majorité de ses gestes restaient maladroits, même si un bon chemin lui restait à parcourir pour enfin devenir le gradé respectable que tous les bandits craindraient, le blondinet avait après tout appris les rudiments du combat et tâtonnaient à l'aveugle afin d'en savoir un petit peu plus quant à sa malédiction des aux capacités formidables qu'elle lui offrait. Ce fait indiscutable lui fournissait une certaine estime de lui-même, ce qui n'était ni plus ni moins que l'ego surdimensionné duquel il jouerait à l'avenir pour taper sur le système de ses opposants et le pousser à la faute. Le destin ne faisait jamais vraiment de miracle, et tout n'était que conséquence. Pour ainsi dire, le musicien en herbe ne craignait donc absolument aucun danger susceptible de se dresser sur son chemin, sur cette île hospitalière et chaleureuse : s'il avait dû s'exprimer à ce sujet, il aurait probablement laissé s'échapper un rire candide avant d'estimer que nul ne pouvait être en mesure de le blesser suffisamment méchamment pour l'inquiéter, considérant sa capacité de soin quasiment illimitée. Toutes ces raisons, fondées comme futiles, poussaient donc le gamin à se frayer un chemin à travers la foule plus ou moins dense sans prêter la moindre attention aux hurlements agacés et aux recommandations patientes que lui adressaient compagnons et supérieurs, déjà loin derrière. Le Fenice appréciait grandement leur proximité et leur touchante sincérité lors des longs voyages, mais aimait avant toute autre chose découvrir le monde à travers ses propres yeux. Se faire une idée des sociétés qui l'entouraient, des rites et des peuples qu'il croisait, user d'un esprit critique acerbe et virulent pour considérer tout ce sur quoi il posait les yeux d'un point de vue objectif sans que personne ne guide ses pensées, voilà ce qui le passionnait encore plus que l'aventure en elle-même. Le Phoenix était un esprit libre, parfaitement indomptable, qui ne voulait ni ne pouvait se soumettre à autrui.

Ainsi donc, son insatiable curiosité maladive et juvénile le poussa à calmer l'allure lorsque ses oreilles ouïrent enfin les rumeurs plaintives d'une foule de citoyens apeurés, sinon terrifiés par de lugubres événements ayant survenu quelques instants auparavant. Sans piper mot, le gamin tout de bleu vêtu se rapprocha à pas feutrés, captant quelques bribes de conversation tout en balayant son regard sur la scène désarçonnante qui s'étendait devant lui :

-Tout s'est passé si vite...
-J'ai rien vu venir... C'était bizarre...
-Faut qu'on la retrouve !
-Et pour quoi faire, hein ?
-Je sais pas trop...
-Excusez-moi ! Je peux vous aider ?

Mécaniquement, le Phoenix s'était approché de cette foule avant de se manifester, attirant ainsi tous les regards jusqu'à sa modeste personne. Si la vue de l'uniforme bleuté et du katana semblèrent rasséréner un peu l'assemblée, une bonne partie des citoyens présents ne purent s'empêcher de sourire, sans agressivité mais non moins hautainement. Nakata n'était encore qu'un enfant, à leurs yeux : un simple mousse engagé dans la marine par défaut, probablement sur conseils d'un paternel trop autoritaire, pas encore de quinze ans et qui devait donc en tout état de cause passer la plus grosse partie de ses journées à récurer le pont ou les latrines. Pas un point de vue tout à fait erroné, malheureusement, quoi qu'incomplet ou grossier sur certains points... Sans doute le sous-estimaient-ils un peu trop. Mais, pour l'heure, le jeune soldat n'avait strictement aucun moyen de les pousser à le prendre davantage au sérieux. Ainsi fut-il satisfait lorsque l'un des types du groupe de citoyens accepta de s'approcher de lui afin de lui glisser quelques mots bienveillants, mais également relativement énigmatiques :

-Et bien, juste un phénomène étrange que l'on arrive pas à élucider... Pourrais-tu me mener à ton supérieur, pour que je m'entretienne avec lui ?

A ces mots, le Phoenix comprit que ces types étaient nettement plus préoccupés qu'ils n'acceptaient de le lui dire. Peut-être par égard pour son jeune âge et pour son éventuelle témérité... Sans doute craignaient-ils qu'il ne réponde avec trop de brusquerie à leur requête s'ils la lui exposaient directement. Encore une fois, son inexpérience et son jeune âge lui jouaient des tours. A quel point aurait-il aimé être âgé d'une poignée d'années supplémentaires seulement, afin de pousser ces badauds à lui adresser un regard respectueux et honoré, plutôt que cet entrelacs débile de mépris et d'amusement ! Tout courroucé qu'il était donc quant à ce comportement qu'il trouvait audacieusement outrageux, le moujingue balaya une nouvelle fois les environs du regard pour décider d'en apprendre un peu plus de son propre chef. Des débris à droite à gauche, quelques morceaux de pommes écrasés semblaient témoigner d'une espèce de bagarre ou de larcin mineur. Pas de cadavre défiguré, pas d'apparente destruction trop conséquente... Dans une telle situation, le Fenice n'arrivait pas vraiment à savoir pourquoi on essayait de l'épargner de la vérité. Et même s'il ne parvint pas de son propre chef à mettre le doigt sur la clé du problème, il décida sans plus y penser de livrer ses propres recherches. Ainsi, il se mit à courir tout simplement dans la direction que semblaient pointer les dommages croissants, droit vers la plage qui, manifestement, longeait l'île. Et à nouveau, le maudit prit un malin plaisir à ignorer magistralement les citoyens qui lui demandaient de s'arrêter, sinon carrément de rebrousser chemin : leur inquiétude manifeste n'était que l'aveu de sa réussite prochaine. Il prenait la bonne direction, et arriverait à comprendre ce qui venait d'arriver à cette petite ville sans histoire d'ici une simple poignée de secondes. Pourtant, alors que ses pas laissaient enfin leur trace sur le sol sablonneux, le marine se rendit compte que nul danger ne semblait le guetter, dans les environs. Pas de gargantuesque bateau pirate, dont les entrailles rempli de cadavres relâcherait sur lui la putride odeur de la mort. Pas plus que de créature mythique vorace et pugnace, ou même que de brigands de bas étage saouls et désorganisés. Rien, sinon une silhouette gracieuse et raffinée, allongée à même le sol et le souffle vraisemblablement court, pour le peu qu'il parvenait à en percevoir. L'adolescent, interrogatif et surpris, s'approcha donc de cette demoiselle en annonçant sa venue avec politesse :

-Mademoiselle ? Pardonnez-moi ! Tout va bien ?

Ses yeux reflétaient assurément une lueur d'incertitude et d'empathie, comme s'il cherchait avant toute autre chose à savoir si cette jeune femme était bien en aussi bonne santé qu'il ne l'espérait. En un éclair, son caractère chaleureux et bienveillant avait pris le dessus sur sa curiosité et son courage, les engloutissant pour ne laisser au final qu'un seul et unique constant : il était alors aussi humain qu'il ne le demeurerait des années durant.
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Fenice Nakata
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Dim 23 Oct - 22:04
Au réveil
ft. Nakata Fenice

Le ciel qui se dessinait au-dessus de mes yeux me paraissait étrangement attirant. De minuscules étoiles violettes clignotaient au milieu d’un ciel entre le rouge et le rose, foncé comme du vin. Les yeux encore mi-clos, je profitais quelques minutes de cette scène magnifique, à la limite du fantastique. Puis je retirai les quelques mèches roses qui faisaient barrage entre le ciel et mes yeux, en essuyant l’humidité qui perlait au coin de ceux-ci. Je battais plusieurs fois des paupières, avec une lenteur presque fiévreuse. Puis, à nouveau, je plongeai le regard dans le ciel. De petits éclats de bleu fendaient une mer de nuages toujours plus sombres, se laissant parfois engloutir par des vagues noires, puis réapparaissant, toujours aussi purs. C’était dommage, les couleurs me plaisaient plus au début. Elles ressemblaient plus à l’image que je me faisais de ce monde. Alors que là, ces nuages gris n’indiquaient rien d’autre qu’une tempête.

Ce ciel tout triste, ça me foutait le cafard. Avant de me réveiller ici, j’avais beau fuir, je sentais au fond de mon corps une sensation de chaleur, de bonheur, d’euphorie qui grandissait en moi. Et maintenant, plus rien. J’étais vide. J’avais l’impression de servir à rien, d’être dépourvue de sens. D’habitude, je m’en foutais de ça, je le savais bien, que mon existence n’avait aucun sens. C’était ce qui me plaisait ! Toutes les directions étaient possibles. Mais à ce moment-là, ce réveil était une chute. Je n’avais plus d’énergie, plus d’envie, plus de joie ; plus de Maud. Du coin de l’oreille, pourtant, une petite voix me raccrochait au monde réel :

- Mademoiselle ? Pardonnez-moi, tout va bien ?

Toujours allongée dans le sable, silencieuse, je vis sa tête blonde et ses yeux d’ange remplacer le ciel, au-dessus de moi. Je ne lui répondis pas de suite. En fait, je le regardais comme un tableau vide, comme s’il n’y avait rien d’autre que du blanc sur son visage.

Vide, vide, vide. Putain, t’es pire qu’une larve.

Berk, ces embryons d’insectes, je les détestais. Jamais je ne voudrais ressembler à une larve. Ja-mais. Alors avec la plus grande volonté du monde, je me relevais au ralenti, face à l’horizon. Et je fixais le sol de mes yeux, les membres mous comme une poupée de chiffon, la tête pendante.

Roh, pourquoi bouger ? J’ai pas de motivation, pas de raison de faire ça.

Mais je n’avais jamais eu besoin de raison pour faire quoi que ce soit. J’agissais parce que j’en avais envie, parce que ça faisait mon bonheur. Les yeux plantés dans les grains de sable, il me semblait voir en chacun d’eux mon reflet, ou une minuscule moi qui s’agitait sous le vent, en hurlant et en sautant : Allez, motive-toi ! Allez, Maud ! Vas-y ! Qu’est-ce que tu aimes faire ? Qu’est-ce que tu peux faire, ici ? Qu’est-ce que tu aimes le plus au monde ? A quoi tu peux jouer ?

Et brusquement, je tournai mon corps en entier vers le garçon, comme si on venait de me piquer. Je le regardais avec un grand sourire, mes yeux et ma face reprenant leur éclat. J’avais mon partenaire de jeu, ma motivation, tout ! J’étais Maud, ça y était. A cet instant, pour moi, c’était comme si l’ombre du grand méchant Maud s’étendait et terassait le petit corps du garçon. Enfin, on allait jouer.

- Je suis en pleine forme ! Et toi aussi, hein ?!


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Fenice Nakata
Fenice Nakata
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Mar 1 Nov - 13:38
Être, un travail de longue haleine.
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L'empathie et l'incertitude ne l'avaient assurément pas quitté : le garçonnet demeurait figé, le souffle court, tout juste audible, et se concentrait aussi fermement que possible pour percevoir le moindre signe qui pourrait le réconforter en témoignant du bien-être de cette demoiselle pour l'heure toute aussi immobile que lui. Le temps défilait au ralenti, dans ces moments-là, et il ne savait pas vraiment comment réagir pour se montrer pertinent... Les faiblesses de la jeunesse, en un sens. Se rapprocher davantage pour vérifier son état de santé ? Demeurer à distance, par mesure de sécurité ? Si elle était bien celle que les villageois craignaient, d'une manière ou d'une autre, alors peut-être n'était-ce guère prudent, même pour un Phoenix... Nakata, en un mot, souffrait d'indécision. Il n'avait pas vraiment l'habitude de prendre des initiatives, étant donné que cela n'était au bord du navire des gouvernementaux pas du tout son rôle : on lui sommait d'apprendre sans se poser de questions, d'obéir sans se montrer irrévérencieux, de quelque manière que ce fut. Les gradés qui lui demandaient son avis sur une question ou une autre n'étaient que très peu nombreux, et le faisaient très généralement pour lui poser des pièges et se gausser de son ignorance par la suite... La dure école militaire ne le formait donc que très précairement à affronter un tel cas de figure, tant et si bien qu'il se surprit à tressaillir lorsqu'enfin la jeune femme en question amorça un mouvement pour se redresser, apparemment péniblement. Il fallut encore un instant à cette poupée décharnée et désarticulée pour se ressaisir : jusque-là, elle demeura toujours aussi silencieuse, prostrée dans une quiétude de mauvaise augure. Puis, brutalement, elle s'anima et lui offrit un sourire jovial, soudain et inattendu, qui lui arracha à nouveau un frisson des plus désagréables. Le Fenice, las de sa propre frayeur, considérant enfin que cette demoiselle souriante n'était pas aussi effrayante qu'il ne l'avait imaginé des secondes durant, soupira de soulagement avant de s'approcher de quelques pas, jusqu'à une distance plus ou moins modestes qu'il conserva tout en se courbant légèrement, poliment et courtoisement.

-Excusez-moi ! Je suis un soldat de la marine, Fenice Nakata... En vous voyant allongée ici, je me suis permis de... Enfin... Je ne voulais pas vous déranger.

Angoissé, le Phoenix ne l'était plus vraiment. Gêné, en revanche, assurément. Pourquoi ? Parce qu'il faisait face à une douce et délicate créature, de quelques années son aînée manifestement, mais à la beauté indéniable et aux traits raffinés. Difficile, pour un garnement qui ne connaissait guère plus que la rigueur de matelots solides et aigris par la mer, de rester de marbre face au sourire certes légèrement malsain a priori mais si adorable d'une jeune femme aux apparences si appréciables... Le moujingue sentit donc le rouge lui monter aux joues, et eut encore besoin d'une paire d'instants pour retrouver totalement ses esprits : il n'était pas là pour embêter cette délicate jouvencelle, mais pour mener à bien sa petite enquête concernant ce qui venait d'advenir dans le petit village local. Oui, le matelot n'était pas là en simple garnement étourdi et trop timide : il devait avant toute autre chose élucider un mystère des plus opaques, peut-être susceptible de lui en apprendre davantage quant au fonctionnement de son propre fruit du démon. Les anomalies étaient choses rares ici, sur East Blue, tant et si bien qu'en découvrir une était assurément une occasion inespérée, dorée d'enfin se renseigner. Puisque ses supérieurs demeuraient sourds à ses multiples demandes en la matière, estimant probablement que Nakata devait avant toute autre chose gagner en expérience et en maturité, celui-ci n'allait pas se gêner et allait mettre la main à la pâte de son propre chef... Ainsi, son visage s'éclaira soudain d'une lueur de curiosité tandis que le principal objet de sa présence ici lui revenait à l'esprit. Il fit encore un ou deux pas, dans la précipitation qui l'enserrait quant à la perspective de découvrir la vérité, et haussa la voix pour quémander de l'aide et des renseignements à cette séduisante et mirifique créature :

-Je... Je viens de quitter le village, et il y avait beaucoup de désordre mais les gens n'ont pas voulu m'en dire plus... Vous savez ce qu'il s'est passé ?

Le musicien en herbe n'osa pas demander à son interlocutrice si elle y était directement liée, tel qu'il avait pu l'imaginer de prime abord. Après tout, cela n'était ni plus ni moins que de l'impolitesse et que de l'effronterie... Et le garnement ne souhaitait pas renvoyer à une si charmante personne l'image d'un enfant désagréable au possible, oscillant sans cesse entre impertinence et insolence. Le Fenice était donc resté évasif, mais n'en attendait pas moins une réponse qui déterminerait assurément l'orientation de ses recherches à l'avenir. Il semblait même ivre de curiosité, d'un désir insatiable d'en savoir un peu plus... Et pour cause ! C'était la première fois depuis des lustres qu'il entrapercevait la possibilité d'en apprendre plus sur ces manifestations étranges qui couraient de par Grand Line : les fruits du démon... Pour affronter ses ennemis, il fallait à tout prix se connaître soi-même. C'était un dicton que l'on ne cessait de leur rabâcher depuis leur entrée en fonction au sein du Gouvernement Mondial, cela... Un dicton qu'il entendait donc bien appliquer, grâce à l'aide de celle qui lui avait offert un sourire aussi radieux.
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Mar 1 Nov - 14:59
Un marine ?!
ft. Fenice Nakata


Un marine, GE-NIAL. Je pouvais pas tomber pire. Bon, il faisait peut-être une tête de moins que moi, il était aussi maigre qu’une brindille, mais putain, il était de la marine. Franchement, un garçon mignon comme ça, il pouvait être… je sais pas, aller à l’école, ou… je sais pas, putain ! Mais pas soldat ! Si en me dévoilant sa fonction, il ne m’avait pas mise en confiance, il avait fallu qu’il pose une question tout naturellement, trop naturellement, à propos de ce qu’il s’était passé dans le village. Une question piège, ouais ! Je le sentais bien venir, moi, ce gamin. Il avait été envoyé ici pour me faire arrêter, il venait comme un ange pour me sauver mais il avait le diable en lui !

Brusquement, je perdis mon sourire et bondis dans le dos du garçon, pour passer mon bras droit sous son cou et le prendre en otage. A l’attention de ceux qui voudraient bien m’entendre, ces marines sûrement cachés çà et là, qui attendaient le bon moment pour lancer l’assaut, j’hurlai :

- J’ai attrapé votre gosse ! Si vous tentez quoi que ce soit, je le bute !

J’épiais les quelques rares buissons qui dansaient au gré du vent, attendant un mouvement humain, un signe d’abandon de la part des marines. Pendant une seconde… puis une longue deuxième… avant de réaliser que le gamin n’était vraisemblablement pas accompagné. Quel était l’intérêt de l’envoyer seul ? Ils me prenaient pour une déesse marine ? Ils m’envoyaient ce gringalet en sacrifice ? Dans le fond… peut-être pas, ok, ils auraient été vraiment cons sinon.

Je lâchai le gamin, le regard dans le vague, cherchant à comprendre. Puis mes yeux plongèrent sur lui, d’un regard plus intense que jamais – j’en avais mal à la tête. Peut-être était-il une arme secrète, ou avait-il été équipé d’un équipement spécial pour envoyer des informations à la marine. Moi, si jeune, on voulait m’enfermer ! Pourtant, je n’avais rien fait de si grave. Enfin, il me semblait que non. Puis, pour ma défense, je me plaçai rapidement devant le jeune garçon, glissant ma main devant sa bouche, comme pour l’empêcher d’hurler, si telle était son intention. Je croisai son regard, apeurée, paniquée, avant de le supplier :

- Ne dis rien à tes patrons, s’il te plaît ! Enfin à tes collègues, tes patrons, tes parents, tout ça. Tu ne dis rien à personne, ok ?! Tu ne m’as pas vu ! Si tu veux, je te donne de l’argent pour t’acheter des bonbons, mais surtout, ne dis RIEN ! J’ai pas fait exprès, moi, de tout défoncer. Enfin, je sais même plus trop ce qu’il s’est passé, mais j’imagine que la ville est bien redécorée ! Mais on peut pas tout contrôler, dans la vie, il y a des choses qui nous échappent !

Et remarquant que je ne connaissais pas son âge, je me demandai s’il comprenait ce que je voulais dire. Je n’étais pas douée pour associer à un visage une certaine maturité, mais pour lui, avec sa face de petit garçon parfait, un peu naïf mais courtois… Je misais sur huit ans. Un peu hésitante, ma voix tremblait quand je conclus en demandant :

- Tu comprends, hein ?

Puis tout délicatement, je me laissai tomber à genoux, en soupirant tête baissée, faisant glisser mes mains sur mes cuisses. Je soufflais doucement, réalisant que ma réaction avait peut-être été un chouïa excessive.


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>

La jeune femme à laquelle le jeune Phoenix avait affaire n'était pas vraiment quelqu'un du commun : ses réactions, plus grotesques et grandiloquentes les unes que les autres, en tardèrent pas à l'informer quant à cette véracité évidente. Ainsi, lorsqu'il fut brutalement pris en otage par cette furie en pleine crise d'hystérie, le garnement se mit à paniquer et à se débattre mollement, quoique pas assez sèchement pour parvenir à ses fins : elle l'avait totalement dépassé, l'avait pris de court et par surprise pour lui ôter toute possibilité de riposte et de défense. De surcroît, dans une telle situation, Nakata n'était pas encore assez habitué à son fruit du démon pour seulement penser à l'utiliser : aussi se voyait-il pour l'heure comme une victime semblable à toutes les autres, plongée dans une mordante impuissance, dans une vanité exécrable et exécrée, sans valeurs ni qualités. Il n'était plus qu'un objet, qu'une possession... Mais à quel fin, déjà ? Il se lamentait et larmoyait déjà de panique lorsqu'il entendit enfin les dires de la demoiselle et parvint à les analyser plus précisément : elle le croyait accompagné ? Mais... Pourquoi ? Lorsqu'il fut enfin à nouveau libre de ses mouvements, et ainsi grandement rasséréné, le gamin put enfin mobiliser toutes la maturité dont il était capable de faire preuve pour comprendre que cette dame-là était précisément coupable des événements sordides et inexplicables ayant eu lieu en ville un peu plus tôt. Tandis qu'elle s'affalait et le suppliait, manifestement toujours plus inquiétée à l'idée d'être découverte et jugée, le Fenice fit rapidement un tour des perspectives qui s'offraient à lui et de ce que pouvait bien signifier une telle frayeur bleue, aussi sanguine et si peu raisonnable. Bien entendu, il aurait pu faire l'inverse même de ce que lui demandait de réaliser cette inconnue, et la livrer aux autorités compétentes tel que son rôle le lui ordonnait habituellement... Mais à quoi bon ? Elle n'avait pas vraiment l'air terrifiante, à demie effondrée sur le sable, la respiration suave et délicate semblable à un aveu de colère... Les prunelles de l'adolescent se posèrent sur les lèvres roses qui se soulevaient et vibraient au rythme des expirations délicates et enfin calmes de cette criminelle, puis dérivèrent sur le léger teint pêche qui prenait place sur ses joues. Il se rendit compte, un instant plus tard, que lui-même se mettait à rougir, et prit une décision inconsidérée qui serait assurément à imputer à son inexpérience flagrante.

Vivement, et sans faire de fixette sur les diverses prises de paroles que la jeune femme avait dressé à son égard et qu'il aurait assurément relevé en temps normal, comme l'allusion aux bonbons qui n'était selon lui plus de son âge depuis bon nombre d'années, le blondinet vint fermement poser ses mains sur les épaules délicates et étonnamment frêles de son interlocutrice pour la forcer à se revigorer. Il planta son regard au sein du sien puis, soudainement, prit la parole à son égard :

-N... Non, ne t'en fais pas, je ne mettrai personne au courant, je ne veux pas que...

S'il lui avait fallu un certain temps pour se rendre compte du ridicule de l'action entreprise, il en vint finalement à prendre conscience de cet état de fait et bégaya un instant durant avant de se redresser, plus cramoisi encore. Nakata, estomaqué et étourdi, se mit à faire les cents pas, l'air assurément gêné, et à déblatérer quelques propos hésitants et nébuleux pour expliciter son point de vue à la demoiselle sur laquelle il n'osait plus même poser son regard.

-Je... Ils... Enfin vous n'avez rien fait de mal... C'est juste que... Je comprends, et... Vous avez l'air gentille donc... Ce serait dommage que...

Le vouvoiement avait repris, et il espérait qu'elle n'en viendrait pas à se méprendre quant à son impolitesse précédente : certes, il lui arrivait parfois de s'égarer, mais le moujingue n'en était pas moins un membre de la marine, un illustre soldat qui, parmi ses pairs, œuvrait pour la justice et la sécurité dans laquelle se baignaient les petites gens ! Il était un artisan de la paix et de la quiétude, un travailleur honnête et courtois qui obéissait aux dogmes qu'on lui dictait sans jamais chercher à les remettre en question, car ils avaient nécessairement été pensé par plus compétents que lui... L'épéiste en herbe se mit alors à maudire sa frivolité et son manque de sérieux dans l'exercice de ses fonctions : cela pouvait tout-à-fait lui être reproché, d'autant plus que ses supérieurs lui en voudraient déjà pour avoir déserté le navire sans leur accord, comme d'habitude... Si le Fenice se mettait à transmettre une mauvaise image du Gouvernement Mondial qu'il était censé servir, il faisait un bien piètre soldat, après tout ! Il lui fallut donc encore une paire d'instants pour que le mythique n'en revienne enfin à l'essentiel : comme son intuition le lui avait soufflé à la découverte des multiples gravas qui encombraient le village côtier, un peu plus loin, la demoiselle était bel et bien responsable des étrangetés qui y avaient eu lieu... Il se figea donc, puis pivota à nouveau pour lui faire face. Tout comme auparavant, son regard vint scruter celui de son interlocutrice et, après une vague hésitation, il formula à nouveau quelques mots, nettement plus audibles et francs que ceux auxquels ils succédaient :

-Vous... Vous avez dit que vous étiez responsable de l'état du village, n'est-ce pas ? Est-ce que vous... Posséderiez un fruit du démon ?

Il y croyait. Pour la première fois depuis des mois d'errance à bord de ce navire sot et sourd, à bord duquel personne ne semblait vouloir répondre à ses multiples interrogations, le Phoenix se trouvait enfin face à une perspective tangible d'en savoir un peu plus quant aux mystiques et mystérieuses capacités qui l'habitaient, qui lui permettaient jour après jour de transcender sa condition originelle pour se hisser vers le panthéon des soldats les plus prometteurs de sa génération. Bien entendu, depuis son recrutement, le gamin avait eu à de multiples reprises l'occasion de croiser la route d'autres individus de son âge, voués à une carrière extraordinaire parmi les plus hautes fonctions de la marine... Mais aucun d'entre eux ne lui arrivait véritablement aux chevilles. S'il avait pris conscience d'un fait, c'était qu'il possédait toutes les cartes en main pour chambouler durablement le précaire équilibre de ce monde, qui maintenait parfois les pirates dans une sécurité certes relative, mais qui leur était déjà trop bénéfique. Oui, il le touchait du doigt et n'aurait besoin plus que de quelques efforts et d'un peu de travail pour réussir à prétendre à ce qu'il avait toujours rêvé obtenir : une carrière remplie et chargée d'années d'exploits.
Pour ce faire, il lui était absolument nécessaire d'en apprendre davantage sur le pouvoir qui était le sien... Et, en ce sens, cette mirifique inconnue pouvait bien devenir la muse qu'il avait tant et tant cherché.
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Fenice Nakata
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Lun 5 Déc - 17:57
C'est chiant, les gosses
ft. Fenice Nakata


Alors que le calme revenait naturellement en moi, la petite tête blonde déposa ses mains sur mes épaules, les yeux plongés dans les miens, s’apprêtant à me rassurer par de sages paroles. Pendant un instant, j’eus l’impression que c’était moi, la petite fille, et lui l’adulte. Il y avait au fond de son regard une étincelle de maturité, de lucidité ou de je-ne-sais-quoi qui l’animait. Mais soudainement, il se mit à bégayer, à tourner en rond, et ses yeux se détachèrent des miens. A son tour et à sa manière, il se mit à paniquer, sans que je ne comprenne pourquoi. Ouais, ce gosse, il était vraiment bizarre. Il tentait de finir sa phrase, et je crus comprendre dans ses marmonnements qu’il me trouvait gentille. Je pouffai de rire en réponse au comique de la situation : ce petit bonhomme qui, s’il avait paru si sûr de lui au premier abord, rougissait de quelques compliments, ça me faisait marrer. Enfin, après le cirque que j’avais fait à l’instant, j’avais pas de quoi me moquer… mais quand même, il était drôle.

Puis mon petit rictus s’affaissa lorsqu’il me questionna :

-Vous... Vous avez dit que vous étiez responsable de l'état du village, n'est-ce pas ? Est-ce que vous... Posséderiez un fruit du démon ?

Le Yami Yami, je n’y comprenais rien. Pour moi, c’était un mystère autant dans son utilisation que dans le fait qu’il soit en ma possession. Je savais, je me souvenais qu’on me l’avait fait bouffer, que son goût était à dégobiller, et que la nuit suivant son ingestion, il m’avait fait buter tous mes camarades – du moins ce qu’il en restait déjà. De là, j’avais eu quelques misères avec. Je ne savais pas encore tout, si je ne savais pas rien sur ce fruit. Pourquoi on me l’avait donné, pourquoi celui-là, ce fruit maudit, comment le maîtriser… autant de questions qui me hantaient sans que je n’obtienne aucune réponse. En même temps, je ne les cherchais pas vraiment, les réponses. J’attendais qu’elles tombent du ciel, et c’est un peu ce qui est arrivé plus tard.

Je ramenais mes pensées vers la réalité, vers le gamin, toujours agenouillée. Je n’avais pas tant envie que ça d’en parler, du fruit. Pas du tout, en fait. Il me faisait chier, et m’encombrait plus qu’il ne me servait. Boh, des petites boutades comme avec le marchand, c’était marrant, mais ça partait trop souvent en vrille. Je devais fuir, ça me crevait, c’était chiant.

Je soupirais, sans trop savoir que répondre. Si je répondais « oui », j’étais sûre qu’il me questionnerait des heures dessus. Une demande de ce genre, c’était le germe pour un buisson de questionnements partant dans tous les sens. Putain, ce gosse j’aurais dû le buter plus tôt. Maintenant, il me pensait gentille, aimable, courtoise, il attendait de moi que je réponde à toutes ses questions… et que je l’adopte, peut-être ? Bordel, j’espérais ne pas avoir été chiante comme ça, à son âge. Je me rendais compte que d’une seule question, il avait réussi à me faire enflammer de l’intérieur. J’allais exploser. Ou l’exploser lui, qui sait ?

Le fruit des ténèbres me rongeait par les tripes, comme s’il était physiquement en moi, j’en pâtissais déjà bien assez tous les jours, et ce con n’avait rien d’autre à faire qu’en rajouter ?

Je finis par me relever, le visage, menaçant, dans l’ombre, et le regard plein de mépris… levé vers le sien, parce qu’il était plus grand que moi. Mais quand même, on pouvait considéré, que, j’étais si énervée que je le regardais de haut. C’était l’impression que j’en avais, en tout cas. Puis, me rendant compte du ridicule que je dégageais, je me détendais, soupirant, puis répondis d’un nonchalamment :

- Ouais, j’en ai un.


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Fenice Nakata
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Jeu 22 Déc - 10:58
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Si elle avait brièvement et temporairement semblé énervée par la question qu'il avait décidé de lui adresser, la jeune femme avec laquelle il conversait gomma bien rapidement cet excès de rage relativement surprenant pour reprendre son masque de calme et de quiétude, lui adressant une simple réponse affirmative qui, malgré sa simplicité, attira dès lors sur le visage du garnement un sourire des plus béats. Celui-ci, alors empreint d'une joie incommensurable et d'un soulagement hors norme, qui voyait en cette demoiselle séduisante la promesse d'une enquête définitivement résolue, ne put s'empêcher de bondir de joie. Nakata attrapa les mains de la maudite au sein des siennes, se rapprocha soudainement d'elle, tout à son euphorie, et se contenta de brailler à son tour, plus heureux que jamais :

-Moi aussi, j'en ai un ! Ça fait tellement longtemps que je cherchais quelqu'un comme moi !

Comme lui, comme eux, des maudits. Même si la chose n'était pas forcément pensé d'un point de vue malsain, force était d'admettre qu'il était fréquemment considéré comme un être à part, comme quelqu'un d'extraordinaire... Comme une arme en devenir, parfois, pour certains de ses supérieurs notamment. Apparaître ainsi aux yeux de ceux que l'on considérait autrefois comme des frères d'armes avait de quoi décontenancer... Au final, on le rangeait dans un panier différent, on faisait de lui une exception, et ce sentiment d'isolement, de solitude, ne se voyait qu'accru lorsqu'ils voguaient sur les Seas Blues. Sur Paradise, encore, de ce qu'il avait pu en comprendre, il n'était pas rare de croiser le chemin d'un zoan ou d'un paramecia en quête de sensations fortes, aussi bien dans le rang des alliés que dans celui des ennemis, mais croiser un autre fruit du démon sur East Blue relevait véritablement du miracle... D'autant plus que celui qu'arborait l'inconnue devait certainement sortir du commun : à en juger par les dégâts et les bribes de descriptions qu'il avait vaguement pu en saisir, le blondinet estima qu'il n'avait pas affaire à un zoan, dont les particularités augmentaient simplement le potentiel brut, pour le peu qu'il en savait. De fait, la demoiselle faisait peut-être partie des exceptions parmi les exceptions, au même titre que lui, qui se trimbalait l'un des rarissimes zoans mythiques... Le Fenice, tout comblé par l'excitation, finit toutefois par relâcher son interlocutrice sans vraiment se soucier de savoir s'il fallait qu'il s'excuse pour ce soudain contact physique : il était bien trop enthousiaste à l'idée d'en apprendre un peu plus quant à ses capacités, sans se douter un seul moment du fait qu'elle était au moins aussi perdue que lui à ce sujet...

-On m'a dit que j'avais un zoan mythique, l'un des plus rares et des plus puissants, celui du Phoenix ! Je sais pas encore bien l'utiliser, mais il paraît qu'avec l'entraînement, j'aurai forcément un haut grade dans la marine... Et toi, c'est quoi ton pouvoir ?

Là-dessus, le fameux moujingue ne put que tressaillir d'effroi en constatant un fait bête mais inébranlable : ils avaient tellement été entraînés par la situation, par la discussion puis par la découverte du fruit de l'autre qu'à aucun moment le marine n'avait eu l'idée de se présenter. Aussi se campa-t-il, droit et au garde-à-vous, avant d'ajouter dans la précipitation la plus absolue quelques paroles sérieuses :

-Ah ! J'ai oublié de me présenter ! Fenice Nakata, soldat de la marine, au rapport !

Puis il se détendit à nouveau, aborda une posture moins officielle et retrouva petit-à-petit la curiosité qui l'habitait auparavant. Il n'avait pas oublié l'excellente nouvelle que la demoiselle venait de lui adresser, même s'il attendait désormais qu'elle accepte de lui accorder son nom afin de savoir à qui il avait affaire plus précisément... Car il ne pouvait assurément pas restreindre l'entièreté d'une personne à son joli minois, oh que non ! Toujours était-il qu'un sentiment de malaise commença à prendre place au creux de l'estomac du gamin qui, petit-à-petit, se rendait compte du fait que la jeune femme n'était peut-être pas aussi saine et délicate qu'il n'avait pu le croire de prime abord. Après tout, les dégâts du village semblaient témoigner d'un comportement virulent et brutal, tout comme le simulacre de prise d'otage dont il avait été victime un peu plus tôt... Mais il décida d'effacer cette inquiétude croissante pour se concentrer sur le concret, sur le tangible, sur le seul fait qui à ses yeux demeurait crucial : il avait enfin croiser quelqu'un qui lui ressemblait, et entendait bien en apprendre davantage sur le monde qui l'entourait !
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Fenice Nakata
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Jeu 22 Déc - 20:19
Le Phoenix
ft. Fenice Nakata


Woh. Ce gamin, qui semblait n’être descriptible que par sa naïveté, sa niaiserie et sa couardise, venait de démontrer un excès d’énergie et de joie qui m’effraya presque. Je sursautai au contact de ses mains dans les miennes, lorsqu’il se mit à hurler le bonheur qui l’envahissait à ce moment-là. Je trouvais ça tellement bizarre, de se réjouir de rencontrer « quelqu’un comme soi ». Il me semble que nous étions tous assez commun pour que croiser la route d’une personne semblable à soi soit assez banal, et je ne comprenais pas tout à fait ce qu’il voulait dire. Ok, nous étions maudits tous les deux. Mais il n’en avait jamais vu d’autres ? De mon côté, j’avais l’impression de n’avoir connu que des « comme nous ». Et des pervers. Ou, en tout cas, c’était les seuls qui avaient assez marqué mon esprit pour que je me souvienne d’eux.

Quoi qu’il en soit, un peu paniquée par le contact humain non violent qu’il m’offrait, et cette soudaine démonstration de joie abusive, je ne pus bégayer qu’un timide et hésitant « ah », pour toute réponse. Je n’étais même pas sûre qu’il l’ait entendu, et étant donné la qualité de cette phrase, il me semblait que ce n’était pas très important.

Quand il me relâcha enfin, je soupirai, soulagée, comme si je venais d’avaler trop d’air. Le garçon ne tenait plus sur place, si bien que je l’imaginai, un instant, en train de sauter partout autour de moi dans un déguisement de puce. Je me demandais ce qui lui passait dans le cerveau, et si à son âge, moi, j’avais eu la chance de pouvoir être aussi heureuse. Rien n’était moins sûr, mais je ne pouvais pas dire que j’avais été malheureuse. Mon adolescence avait seulement été fade, et c’était certainement pour cette raison que maintenant, je cherchais à m’amuser à tout prix. Un rien me divertissait. Mais je me doutais qu’avec le temps, un petit vol de pommes deviendrait ennuyant, et que mes attentes croîtraient de manière exponentielle, jusqu’à ce qu’exploser la Lune ne soit même plus suffisant à me distraire. Alors dans mon esprit encore si serré, j’essayais de concevoir ce moi futur, qui se voulait capable de tout.

Malheureusement – ou heureusement, le gamin m’en empêcha en reprenant la parole. Lui qui jusqu’ici, paraissait des plus timides, me surprenait à déblatérer autant de paroles, aussi rapidement, et grâce à une si petite bouche. Vraiment, ce gosse, c’était une énigme. J’avais du mal à cacher que je me fichais pas mal de ce qu’il disait. Les fruits du démon, c’était un sujet qui ne m’avait jamais passionnée. Je n’avais pas encore conscience du tort que je me faisais. Enfin, il avait un zoan mythique, et ça ne me laissait pas tout à fait indifférente. Du peu que j’en savais, c’était assez extraordinaire. En fait, il était en train de m’avouer que son corps tout frêle renfermait certainement l’un des plus grands pouvoirs qu’il ait été donné de voir en ce monde. Ca me laissait perplexe, d’autant plus qu’il ne savait apparemment pas maîtriser les capacités que lui offrait le fruit.

Puis il me questionna sur le mien. A vrai dire, je n’en savais pas plus sur tous les autres fruits au monde que sur le mien. Toutes les connaissances que j’avais étaient des rumeurs, des « on m’a dit » et « il paraît ». J’avais appris qu’il se nommait le Yami Yami no mi, fruit des ténèbres, qu’il était de type logia, et assez redoutable. Enfin, en ma possession, il était plus impressionnant dans les histoires qu’on racontait sur lui que dans la réalité. J’avais appris à faire quelques tours de passe-passe avec, et ne maîtrisais rien d’autre. Ouais, comme ce garçon, j’aurais certainement dû vouloir m’entraîner. Mais à cette époque, le Yami Yami ne m’intéressait pas du tout. Je le trouvais plus handicapant que réellement utile.

Le jeune Phoenix ne me laissa pas le temps de répondre, qu’il s’empressa de se présenter… sans avoir l’air de se soucier que je ne lui avais pas demandé. C’était peut-être par politesse, ou quelque chose comme ça. J’avais du mal avec ce genre de conformités. Par contre, je sentis que sa phrase allait bien trop loin quand il se présenta en tant que soldat de la marine. Je m’étais calmée rapidement, bien trop rapidement. Je lui faisais confiance, putain ! Mais un gamin de la marine, tout seul, pas accompagné, c’était vraiment bizarre. J’avais du mal à y croire. Tout à coup, je ne me sentis plus du tout en sécurité, et même si cet instinct se rapprochait de la paranoïa, je n’arrivais pas à effacer cette sensation d’être encerclée, observée, et bientôt enfermée. J’étais comme une proie.

Pourtant, ce jeune homme, il avait l’air sincère. Quelque chose me disait de le croire, et qu’il était vraiment seul. Pendant un instant, j’hésitais sérieusement à décamper rapidement, avant de me faire attraper. Ça aurait été certainement plus sage et sécurisant pour moi. Mais dans le fond, si jamais on essayait de m’attraper, ça aurait été drôle de voir ce qu’ils auraient fait, ces ténèbres. S’ils auraient été utiles. J’avais toujours eu du mal à faire le meilleur choix, et je décidai donc de rester, et de poursuivre cette discussion, sans savoir où elle nous mènerait.

- Ahem… t’es de la marine…

Pauvre conne ! Réponds-lui !

- Enfin… ! Moi, c’est Maud Bingley. Ton prénom c’est Fenice ou Nakata ? Parce que… enfin dans la marine, c’est bizarre… je sais jamais dans quel ordre vous écrivez… Nom-prénom, ou prénom-nom…

Je me serais giflée.

- Hum… sinon, moi il paraît que mon fruit du démon, c’est celui des ténèbres. C’est un « logia », mais je sais pas ce que ça veut dire.

Maintenant, tu peux lui dire.

Mais je ne fis que le penser.

Très franchement, il faut être con pour s’engager dans la marine. Être traité comme un chien ou un esclave, et le faire volontairement, c’est débile. Tu devrais te tirer.


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Fenice Nakata
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Mar 3 Jan - 14:41
Être, un travail de longue haleine.
feat. Maud
Qu'être soit la fin de paraître. Wallace Stevens


Elle manquait singulièrement d'énergie, ou bien il en débordait lui-même : c'était le constat qui aurait pu frapper des observateurs extérieurs à cette scénette, mais nul doute que la vérité se trouvait entre les deux propositions énoncées. Au final, dans tous les cas, le blondinet se trouvait plongé dans une effervescence bouillante, qui le poussait à considérer cette demoiselle tout juste rencontrée comme une chance inouïe d'en apprendre davantage sur lui-même. Elle, au contraire, le voyait manifestement comme un marmot certes singulier et bien peu anodin, mais pas foncièrement hors-du-commun pour autant. En bref, ils avaient tout deux simplement une façon différente d'appréhender la situation qui s'offrait à eux, et qui s'expliquait majoritairement par leurs caractères et leurs vécus diamétralement opposés... Nakata, pour autant, se contenta sans la moindre difficulté de la placidité de Maud en se satisfaisant volontiers des informations qu'elle acceptait, apparemment à contre-cœur, de lui offrir. Son nom, d'abord, Maud Bingley, qu'il se jura de conserver gravé au fin fond de son être sans pour autant être certain d'y parvenir définitivement. Son fruit, enfin, la malédiction dont elle souffrait et qui s'avéra être de la famille des logias, elle aussi minoritaire parmi le paysage courant des fruits du démon, pour le peu que le marine avait pu en apprendre... S'il prit une mine pensive à l'annonce de ce pouvoir et de ce que cela impliquait, le garnement prit avant toute autre chose le temps de répondre à la brève interrogation que la demoiselle avait décidé de lui soumettre auparavant, l'air de vouloir la gommer sans s'y appesantir davantage, comme si cela n'avait pas la moindre espèce d'importance dans le contexte actuel :

-C'est Nakata, mais tu peux m'appeler Nak, ou Naka, si tu veux. Tout le monde le fait, ou presque.

Il avait soufflé ses surnoms sans trop s'en soucier, l'allure détachée et insouciante. Il ne savait de toute manière plus trop comment une bonne partie de ses compagnons d'infortune en étaient venus à abréger son prénom, pourtant déjà à son goût bien assez court tel quel... Toujours la mine habitée de doutes et d'interrogations, le moujingue était effectivement occupé par quelques préoccupations bien plus importantes que la façon que Maud aurait de le héler : s'il en croyait les rumeurs et les palabres captées au vent au fur et à mesure de ses voyages et de leurs péripéties, les zoans représentaient une catégorie de fruits métamorphes, ou plus exactement thérianthropes : ils permettaient à leurs possesseurs d'obtenir des caractéristiques animales ou, dans le cas du Phoenix, légendaires. Le Fenice, donc, faisait partie d'une catégorie bien à part, celle des changeurs de formes. Les logias, quant à eux, échappaient et de très loin à cette logique primaire : pour le peu qu'il en savait, il s'agissait d'une forme de puissance brute conséquente, attachée à une matière ou à un élément que le maudit pouvait générer à volonté. Cela étant, là encore, le lascar manquait cruellement d'informations, et se voyait contraint à imaginer plus qu'à penser. Il savait, bien entendu, qu'un certain nombre de hauts-gradés de la marine disposaient de capacités similaires à celle de la jeune femme, mais il n'avait évidemment jamais eu l'occasion de les voir en action... C'était peut-être là une nouvelle chance inouïe : celle d'en apprendre davantage sur les autres types de pouvoirs offerts par les malédictions ! Certes, au final, Maud ne pourrait certainement pas lui apprendre à utiliser ses attributs volatiles à bon escient, mais peut-être pourrait-elle par défaut ouvrir son horizon de pensée, ses connaissances et le rendre plus féroce aux yeux de ses futurs adversaires... Le savoir était une arme : tous les adultes se complaisaient à le lui répéter lorsqu'il rechignait devant les leçons de navigation ou d'histoire qu'on lui imposait, sous prétexte qu'il n'avait pas encore pu parfaire son éducation militaire ! Son visage sembla brutalement s'éclaircir, et il revint donc soudainement à l'instant présent, mordu par une insatiable envie d'observer :

-Dis, est-ce que tu sais l'utiliser ? Je veux dire, à volonté ! Je crois que tu peux créer des... Ténèbres, c'est bien ça que t'as dit, hein ? Mais ça sert à quoi ? Ça fait tout noir ?

Pour le coup, le mythique avait bien du mal à envisager les capacités destructrices dont était pourvue son interlocutrice : au final, il ne comprenait même pas le lien entre le fruit de Maud et les destructions et ravages dont avait été victime le village portuaire, un peu plus tôt. Soit quelque chose lui échappait inlassablement, soit la demoiselle possédait encore une autre caractéristique extraordinaire, susceptible de lui fournir une puissance redoutable, sinon incommensurable... Après tout, elle n'avait pas l'air de porter d'armes, pas en tout cas de calibre suffisant pour mettre à mal des stands marchands et des rues pavées. Perplexe et circonspect, Nakata se gratta la tempe droite d'un geste absent, le tout en contemplant l'inconnue de tout son saoul. Elle avait l'air d'en savoir moins sur les malédictions qu'il ne l'avait lui-même cru, voire peut-être même moins que lui, mais quelle importance ! Si elle était en mesure d'utiliser ses pouvoirs, il pourrait en tirer quelques conclusions logiques et salvatrices... Et en échange de son coup de main, il n'aurait qu'à réaliser la même action ! Malgré sa capacité à se soigner perpétuellement, le blondinet n'était pas encore frappé d'une quelconque maladie mentale censée le pousser à devenir machiste, comme l'en avait durant quelques semaines effrayés les autres marines avant que leurs supérieurs ne leur ordonnent de s'arrêter... Ainsi, la perspective de se faire souffrir volontairement ne l'enchantait qu'à moitié. Mais, en échange d'un fameux service, cela n'était que justice... Et puis, cela l'entraînait à tolérer ce genre de phénomènes ! Une nécessité absolue, pour tout militaire qui se respecte...
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Fenice Nakata
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Mar 3 Jan - 18:55
Les ténèbres
ft. Fenice Nakata


Après coup, en repensant à ce garçon, je me dis qu’il me fascine, que je l’admire un peu. Ce caractère toujours heureux, qui ne perd jamais ses moyens, ce gamin qui allait toujours de l’avant. Suffit de lire les journaux : ça l’a porté loin. Je me souviens encore de son regard, cette lueur de curiosité qui brillait dans ses yeux noisette, de ce sourire plein de joie et de malice à chaque fois que je lui apprenais quelque chose, même un rien, à propos des fruits. Jamais je n’avais connu quelqu’un d’aussi inspiré pour poser des questions. Ce gosse avait un esprit vif que j’aurais pu jalouser. Je suis incapable d’imaginer l’étrange vie qui lui était promise dans la marine, mais ça ne devait pas être du gâteau tous les jours. Comparé à lui, moi qui avais réussi à déprimer à cause de l’ennui, je me sens un peu nulle. Combien de temps m’avait-il fallu pour me souvenir à quel point je pouvais m’amuser et me réjouir d’un rien ?

Quoi qu’il en soit, à l’époque, je sombrais dans un terrible ennui. Je ne me rendais pas compte de toutes ces choses, de toute la joie qui émanait du gamin et qui aurait pu m’envelopper à mon tour. Au lieu de quoi je me contentais de l’écouter, parce que c’était toujours mieux que d’attendre à rien faire qu’un navire vienne me tirer de cette fichue île. Persuadée que la conversation pouvait s’éterniser, je tombais sur les fesses, m’installant confortablement sur le sable encore chaud tandis que le soleil finissait sa course vers l’ouest. Je relevai le visage vers le blondinet pour lui prêter mon attention, remarquant que le soleil, derrière son crâne, formait presque une auréole. Alors que moi, j’étais assise dans son ombre, insignifiante.

Son cerveau avait l’air de travailler à en exploser, tant il cherchait à tout comprendre. Je me demandais à nouveau ce qui leur trouvait de si intéressant. Je ne trouverais de réponse que bien des années plus tard, en commençant, à mon tour, à désirer en savoir plus sur mon fruit et son pouvoir. Et dire que lui, c’était si jeune. Merde, j’étais vraiment en retard.

Nakata reprit la parole aussitôt que j’eus fini de répondre :

- Dis, est-ce que tu sais l'utiliser ? Je veux dire, à volonté ! Je crois que tu peux créer des... Ténèbres, c'est bien ça que t'as dit, hein ? Mais ça sert à quoi ? Ça fait tout noir ?

A sa question, j’explosai de rire, jusqu’à en tomber en arrière, dans le sable. C’était tellement évident pour moi, que je ne savais pas l’utiliser. Ce truc faisait de ma vie un enfer, me forçant à fuir pour ne pas me faire enfermer. Enfin, c’était ce que je pensais. Le véritable problème, c’était moi, ma fainéantise et ma peur. Putain, je ne me rendais pas compte de tout l’amusement que j’aurais pu avoir, pendant toutes ces années, si j’avais su un tant soit peu maîtriser ces ténèbres. Quelle conne.

- Non, non, je ne sais pas l’utiliser. Je sais pas comment ça marche, ce truc.

Je cessai lentement de rire, prenant une grande inspiration. Je gardais pourtant un sourire béat, comme si les ténèbres étaient un bon vieux souvenir. Au fond de moi, je les aimais bien, même s’ils me pourrissaient un peu la vie.

- Ça me gonfle. Et oui, je peux créer des ténèbres, ça fait tout noir, ça aspire à peu près tout, et ça le recrache tout cassé. En gros, ils détruisent tout. J’en sais pas plus. C’est marrant, mais comme je ne sais pas les contrôler, parfois ils vont trop loin. Ils aiment bien chahuter.

Je rougis légèrement, en m’entendant parler. Je l’avais souvent pensé, et dans mon esprit il était clair que les Ténèbres étaient, à leur manière, une personne. Ou un esprit, ou quelque chose comme ça. Je les trainais avec moi, on s’amusait ensembles, et de temps à autres, c’étaient eux qui prenaient le dessus. Ça me paraissait logique et normal, et il ne me semblait pas que c’était de la folie de penser ça. Non, je n’étais pas folle. Peut-être un peu seule, mais c’était tout. J’aurais été certainement maboule si je leur avais parlé, c’était ce que je me disais. Ça, ça ne m’était jamais arrivé. Enfin, tant que ça restait pour moi, c’était pas grave. Le problème, c’est que c’était sorti devant ce gamin. A l'oral, ça sonnait faux.

« Ils aiment bien chahuter ». Bordel, mais quelle débile ! C’était un putain de fruit, qu’est-ce que j’imaginais ? Pourtant, je n’arrivais pas à m’en persuader. J’étais convaincue, sans savoir pourquoi. J’ouvrai bouche pour tenter de bafouiller quelque chose, n’importe quoi, pour essayer de me rattraper, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Honteuse, je sentis presque des larmes me monter aux yeux. Evitant de croiser le regard du gamin, de peur qu’il ne me prenne pour une malade mentale, je me relevai brusquement, trouvant enfin de quoi dire :

- On devrait peut-être aller plus loin. On est encore proches de la ville, si jamais ils me cherchaient, ils me trouveraient facilement, ici. C’est même étonnant que je ne me sois pas encore fait attraper.



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Fenice Nakata
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Sam 14 Jan - 13:58
Être, un travail de longue haleine.
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Il lui avait soumise son interrogation si candidement, si spontanément, qu'il fut totalement dérouté par la réaction surprenante de son interlocutrice. Lorsque celle-ci se mit effectivement à éclater de rire, le garnement demeura parfaitement interdit, muet comme une carpe, pétrifié et médusé. Impossible pour lui de comprendre ce qui avait été, dans sa prise de parole, suffisamment stupide et honteux pour déclencher un tel fou rire... Véritablement gêné, celui qui n'était encore qu'un marmot remua les pieds lentement, comme pour chercher quelque chose qui serait en mesure de le détourner de cette scène embarrassante. Nakata avait pourtant entendu dire des fruits du démon qu'ils conféraient à leurs utilisateurs des capacités spectaculaires... Et voilà qu'elle se mettait à rire, comme si son empressement n'était ni plus ni moins qu'un aveu d'idiotie ! Il s'emportait trop vite, trop aisément, et ce n'étaient pas ses supérieurs qui allaient dire le contraire... Le blondinet apportait énormément d'ennuis à tous les soldats censés s'occuper de lui et le guider vers une éthique irréprochable. Après tout, il était encore bercé d'enfance, d'un espoir juvénile et naïf, d'une curiosité maladive le poussant à tout vouloir savoir, à tout vouloir connaître. En l'occurrence, le Phoenix avait la ferme impression d'en avoir trop dit et de s'attirer inéluctablement, une fois de plus, dans une situation épineuse dont il aurait bien du mal à réchapper. Pourtant, cette fois-ci, il ne s'agissait pas de tenir tête à des pirates, à des monstres marins, ou à une tempête aux allures infernales... Il s'agissait de faire preuve de fierté et d'honneur, même quand tout semblait se gausser de lui ! Ainsi, le Fenice demeura relativement stoïque, la tête haute, jusqu'à ce que Maud accepte enfin de lui en dire plus, de répondre à ses questions : la raison de son hilarité semblait être son inexpérience en matière de malédiction, son incapacité à contrôler les ténèbres qui vivaient en son for intérieur. Lentement, le zoan en tira les conclusions qui s'offraient à lui : le village côtier avait eu affaire à un déferlement de puissance incontrôlé, ce qui prouvait bel-et-bien, à ses yeux, que la maudite n'était en aucun cas une mauvaise personne.

Par la suite, elle lui apprit que son pouvoir était en vérité plus complexe qu'il n'y paraissait de prime abord. En vérité, les ténèbres n'étaient pas que sombres : ils étaient aussi destructeurs, et possédaient manifestement le pouvoir d'écraser ce qu'ils englobaient. Cela expliquait également les dégâts matériaux au niveau des étals marchands : une simple ombre n'aurait jamais pu causer de tels destructions, alors qu'un rouleau compresseur portatif, c'était autre chose... Si, Maud, par la suite, se sentit gênée et rougir à cause des paroles qui venaient de lui échapper, Nakata n'en fit que peu de cas. Totalement désintéressé par le changement de faciès soudain de la maudite, il se contenta tout au contraire de se concentrer sur la situation et sur l'urgence qu'elle représentait. En vérité, en réagissant comme elle avait pu le faire quelques minutes auparavant, c'est-à-dire en prenant la fuite, la demoiselle avait en quelque sorte réalisé un aveu de culpabilité... Les instances judiciaires et gouvernementales n'accepteraient jamais de croire en son innocence si elle ne possédait pas de sérieux soutiens et de véritables appuis pour prouver que son pouvoir échappait à son contrôle ! En réalisant cet état de fait douloureux et agaçant, l'adolescent se promit de faire tout son possible pour lui venir en aide. Après tout, il n'était pas normal de juger quelqu'un sur ce qu'il ne contrôlait pas : tout au contraire, il fallait lui offrir une aide véritable, tangible, pour lui permettre de contrôler ses ténèbres au plus vite, afin que ce genre de phénomènes n'ait pas lieu à nouveau. Malheureusement, le Fenice lui-même était incapable de faire appel au Phoenix avec une réelle efficacité, et il ne connaissait personne, dans son entourage proche, ayant suffisamment de connaissances dans le milieu des fruits pour pouvoir guider la maudite à sa place... Mécaniquement, le marmot se passa une main dans la chevelure, qu'il ébouriffa brièvement, l'air embêté. Il était quasiment certain de ne pouvoir être d'aucun secours à cette malheureuse civile mais, d'un autre côté, il avait juré de la protéger, au même titre que tous les autres, lorsqu'il s'était engagé au sein des troupes de la marine... A quoi servaient ces serments s'il était incapable de les respecter ?

Puis elle prit à nouveau la parole, le tirant de ses avides réflexions, en lui faisant remarquer qu'ils se trouvaient encore trop proche du village côtier où avaient eu lieu ses maladroites exactions. Il acquiesça lentement, sans pour autant être convaincu de la nécessité d'une telle opération : après tout, tant qu'il était à ses côtés, il pouvait la protéger et lever le voile des malentendus, au moins brièvement... Cela étant, il décida de ne pas discuter, et prit l'initiative de marcher un petit peu sur le sable avant de remonter en direction d'une forêt éparse qui se trouvait non loin.

-Viens, par là ! On laissera moins de traces que sur la plage, si tu veux qu'ils ne te retrouvent pas...

En vérité, le gamin aurait également pu lui proposer de monter sur son dos, et de le laisser user de sa propre malédiction, mais il s'y refusa pour deux raisons. Certes, ils auraient pu se tirer de là par la voie des airs, ne laissant ainsi aucune empreinte matérielle suffisante pour les pister à la trace... Mais ils auraient avant toute autre chose dégagé une lumière virulente et tapageuse, que les curieux auraient pu remarquer à des centaines de mètres à la ronde. De surcroît, Nakata ne contrôlait encore qu'à moitié son fruit du démon, et s'il ne craignait guère une mauvaise chute ou une transformation ratée personnellement, ses passagers ne pouvaient se voir octroyer sa propre immortalité... Ainsi se contenta-t-il d'escorter la demoiselle jusqu'en lieu sûr, demandant par la suite à mi-voix :

-Mais... Tu serais capable, au moins, de les appeler ? Tu sais... Les ténèbres.

Elle lui avait bien dit qu'elle n’exerçait sur eux qu'un menu contrôle, mais il ne pouvait pas s'empêcher de souffrir de son habituelle curiosité. L'envie de voir un logia à l'oeuvre se faisait croissante, et presque irrépressible : on parlait d'eux comme de véritables calamités ou, a contrario, comme de littéraux héros, susceptibles de pourfendre le mal d'un simple geste. Toujours était-il qu'ils ne laissaient personne d'indifférents, d'une manière ou d'une autre... Cependant, comme la jeune femme était incapable de véritablement contrôler ses ténèbres, elle risquait d'avoir peur de l'atteindre lui durant l'exercice de la création : il prit donc les devants, arborant un sourire fier et courageux pour la rasséréner le plus possible.

-Ah, et t'en fais pas pour moi, je suis plus costaud que j'en ai l'air !

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Fenice Nakata
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Lun 16 Jan - 10:16
Bug
ft. Fenice Nakata


Ça avait quelque chose de surprenant, que ce gamin m’aide. Soldat de la marine, son devoir était de protéger les populations, et de punir le crime – je crois. Là, à priori, j’avais quand même causé pas mal de tort à ce petit village. Il aurait pu et dû avertir ses supérieurs, et blablabla, j’aurais passé quelques semaines, mois, années ou qu’en sais-je, en prison. Il ne l’avait pas fait, c’était un choix. Il aurait aussi pu demeurer passif face à la situation, et me suivre jusqu’à un endroit sécurisé pour moi. Au lieu de quoi, comme pour se rendre complice du petit saccage que j’avais fait subir au village, il avait décidé d’être mon guide et m’avait dégoté une cachette sûre. Quoi qu’il en fut, aussi étonnée que je pouvais l’être, je ne me plaignis pas de sa décision. Après tout, elle m’arrangeait plutôt bien.

Je le suivis jusqu’à un bout de forêt, un petit bois dont les arbres, aux feuillages denses, nous soustrayaient aux regards des curieux qui auraient pu me dénoncer. Etant donné que jusque-là, on n’avait vu personne sur la plage, je me sentais un peu parano. Mais ma dernière envie était d’être enfermée pour un crime que je n’avais qu’à moitié commis. Quitte à être jetée en cellule, j’aurais préféré m’amuser vraiment, de façon à ce que ce soit moi, et pas eux, qui aurais totalement détruit tout ce petit village.

Une fois arrivés derrières les branches, Nakata s’arrêta nettement, et comme s’il m’intimait un secret inavouable, demanda d’une voix presque inaudible si j’étais capable de provoquer la venue des ténèbres. Il avait vu comment les ténèbres avaient transformé les rues du village, qui, si elles n’étaient pas définitivement démolies, avaient découvert un agencement pour le moins chaotique. C’était normal que je me sente surprise, donc. Peut-être qu’il était inconscient, un peu masochiste ou trop curieux. Ou tout à la fois. Mais sa demande avait quelque chose d’attirant, quand même. Je devais l’avouer, créer ces petits trous noirs m’amusait. Voir un objet entrer dedans, et en ressortir tout déformé, écrasé, bousillé, ça avait quelque chose d’exaltant.

J’évaluais tout de même les risques que je courais en essayant de faire apparaître mes ténèbres. Je pensais que ne pas arriver à maîtriser un tout petit trou noir pour la deuxième fois de la journée, ce serait vraiment pas de chance. Après tout, si je faisais attention, il n’y avait pas de raison que ça explose, ou quoi. Tout était une question de dose. Ensuite, nous étions dans une forêt, et la seule personne que j’aurais pu tuer était ce gamin. S’il était tout seul avec moi, et que personne, jusqu’ici, ne l’avait recherché, c’était sûrement qu’il n’était pas très aimé. Sa perte ne serait donc pas quelque chose de grave, et on n’enquêterait sûrement pas assez longtemps ou sérieusement pour retrouver ma trace. Ainsi, il me semblait que je n’avais rien à craindre. Sans compter qu’il me prévint qu’il était plus résistant que ce qu’on pouvait penser.

- Ok, dis-je tout doucement, à mon tour.

Je n’avais pas l’habitude de jouer aux singes de spectacle, mais la curiosité du garçon était contagieuse. Son envie de savoir comment fonctionnaient les ténèbres, en cet instant, se propageait lentement en moi. Si l’apparition de ces petits cercles ténébreux était d’habitude assez instinctive, j’eus un peu de mal à répondre aux attentes du garçon. Un brin de timidité me déconcentrait, tandis que le jeune homme regardait certainement ce que j’étais en train de fabriquer. D’abord, je plaçai ma paume droite face au ciel, histoire de l’avoir en vue. Puis, me concentrant comme je l’avais rarement fait, et patientant quelques instants, je finis par réussir mon tour : un petit disque noir se traça au creux de ma main. Fière d’y arriver, je m’écriai :

- TadaaaaaAaaAhah..m !

Ma voix avait déraillé vers la fin, signalant à moi comme au jeune homme que quelque chose d’étrange venait de se produire. Soudainement s’installa en moi une irrésistible attraction pour le jeune homme. Loin d’être de l’amour, cette sensation était parfaitement nouvelle pour moi. J’avais envie non pas de lui, mais de quelque chose en lui. Je ne souhaitais que l’en extraire de lui et lui en priver, pour la garder uniquement avec moi. C’était comparable à la piqûre d’un insecte. A la différence près qu’une voix en moi m’intimait que plus je gratterais, mieux ça irait. Que c’était un désir à satisfaire, au risque de mourir d’envie. Et si cette appétence était arrivée déjà puissante, à chaque seconde, je la sentais se multiplier de façon exponentielle.

Si j’avais seulement tenté de créer un petit trou noir, comme ceux que j’avais appris à faire seule, assez spontanément, la situation avait tourné d’une manière que je ne comprenais, ni ne contrôlais, mais qui me plaisait étrangement. Je le sentais, tout au fond de moi, que j’avais besoin de jouer avec ce garçon en face de moi, si jeune, si inoffensif et à première vue sans défense. Le peu qu’il avait dévoilé sur son fruit s’était effacé de mon esprit. Je ne voyais à sa place plus qu’une proie, une petite mésange qui attend d’être dévorée. D’un geste mécanique, je levai la main dans laquelle se formait la substance noirâtre au niveau du buste du gamin. Comme pour atteindre son cœur, l’attraper et lui arracher l’âme.

L’excitation montait en flèche ; j’avais envie de savoir quelle sorte de plaisir je pouvais ressentir avec ce nouveau pouvoir. La plupart du temps, il ne m’intéressait pas, et je me disais toujours qu’il était un handicap. Je me mentais à moi-même, car à ce moment-là, ma curiosité ne connaissait pas d’égale. Euphorique, un petit rire me prit, animé d’un brin de folie.

Je sentis comme une force tenter d’attirer Nakata à moi. Au creux de ma paume, la matière sombre se mit à tournoyer à toute vitesse.



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Mar 24 Jan - 18:41
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La demoiselle et le jeune marine avaient donc découvert au creux de ces quelques arbres un abri provisoire et providentiel, susceptible de les protéger contre les regards que la maudite semblait craindre. C'était dans ces circonstances, niché au sein de cette sécurité que le blondinet ne put donc plus retenir sa curiosité croissante : il avait désormais pleinement envie de l'assouvir, d'en savoir un tant soit peu sur les capacités surprenantes que possédait Maud, ou tout du moins d'enfin les voir à l'action. Il était trop rare à son goût de croiser un autre fruit du démon pour avoir le luxe de se passer d'une petite démonstration... Et puis, selon lui, la jeune femme n'avait d'ailleurs aucune raison de lui refuser cette gentillesse. Après tout, si elle le lui demandait, en échange, il pourrait bien lui montrer ce dont il était capable depuis qu'il était devenu le Phoenix ! Nakata, donc, sentit un immense plaisir l'envahie lorsque la réponse de son homologue se fit positive. Elle acceptait de lui montrer, de relâcher ses ténèbres, cette matière sombre qui lui semblait si chère et si dangereuse, si instable à la fois... Il n'en fallut pas plus au marmot pour se sentir en proie à un pic formidable d'adrénaline et d'excitation. La perspective d'une découverte imminente le revigorait, mais c'était surtout la sensation de frôler un hypothétique danger qui l'extasiait au plus haut point. Déjà à cet âge précoce, l'adolescent n'avait jamais véritablement froid aux yeux, et se complaisait à vivre de loufoques épopées pour satisfaire ou plutôt épancher sa soif d'aventure constante... De facto, la perspective de toucher du bout des doigts le danger inqualifiable qui avait semé tant de pagailles parmi le village côtier non loin avait de quoi l'intéresser ! Pourtant, le Fenice était bien loin de se douter de ce à quoi il allait devoir se confronter : il demeura donc parfaitement silencieux et immobile tandis que Maud se concentrait intensément, la fixant avec attention, épiant le moindre de ses mouvements, sans jamais se douter de la pression qu'il plaçait sur les frêles épaules de l'autre maudite, peu habituée à ce genre de spectateurs.

Lorsqu'enfin elle y parvint, lorsqu'enfin de la paume de sa main émergea une espèce de tourbillon noirâtre, l'adolescent ne put refouler une exclamation stupéfaite, et à demi-admirative. Générer de la matière semblait plus compliqué qu'il ne l'avait imaginé de prime abord, mais le résultat était à la hauteur de ses attentes : les ténèbres existaient bel et bien, avaient l'air relativement palpables, et étaient même surgis de nulle part ! C'était comme la maudite l'avait dit, au final : elle habitait littéralement cette matière d'aspect si sombre et si glauque... Un constat paradoxal, pour un minois aussi joli, se surprit à penser Nakata qui, dans son empressement et sa folle curiosité, avait entrepris de se rapprocher d'elle avec un intérêt toujours plus intense. Toutefois, il n'eut pas le loisir de réaliser un second pas : il sentit d'emblée que quelque chose clochait, et son instinct ne le détrompa guère. Lorsque la main fut pointée dans sa direction et lorsque l'immensité naissante commençait à le toiser fièrement, il sentit son torse, en premier temps, connaître comme un furieux soubresaut, comme un violent à-coup. L'instant suivant, le phénomène s'intensifiait davantage encore, et le Phoenix comprit avec surprise que cela ne venait en l'occurrence pas de lui : il était littéralement attiré par Maud, ou tout du moins par ce qu'elle venait de brandir dans sa direction... Avec horreur, le bambin sentit soudain ses pieds quitter le sol et, sans qu'il ne puisse réaliser le moindre geste pour cesser sa folle projection, se retrouva nez-à-nez avec la criminelle, la main de celle-ci fermement plantée sur son torse. Là-dessus, son premier réflexe fut, naturellement cramoisi de gêne, de tenter de se dégager de cette étreinte étrange et mirifique. Il eut toutefois beau lutter, piétiner avec ardeur, il n'y parvint aucunement... Et quand l'idée d'utiliser son fruit du démon pour se filer un petit coup de main naquit en son for intérieur, il dût, pour la première fois de son existence de maudit, la refouler avec véhémence : il se sentit incapable d'appeler à l'aide le Phoenix, comme plongé dans une impuissance absolue. Là-dessus, le Fenice sentit l'excitation s'effacer, au profit d'une angoisse folle. Il commençait effectivement à prendre conscience du fait qu'il ne pouvait plus se libérer de lui-même... Et commençait à comprendre ce que Maud avait voulu dire, lorsqu'elle avait déclaré qu'elle ne contrôlait pas son pouvoir. Elle ne le souhaitait certainement pas plus que lui !

-Ah ! J'suis coincé ! Je peux pas rester comme ça !

Malheureusement, il ne sentit aucune idée lumineuse poindre dans sa petite tête écervelée : il se voyait d'ores et déjà vivre sa vie accroché à la main de Maud, devoir se plier à de nouvelles obligations, à de nouvelles contraintes. Adieu, ses rêves d'amirauté et les gloires folles et insensées qu'il s'était autrefois figuré capable d'obtenir ! Aucun pirate n'aurait peur de lui, dans ces circonstances... Il lui semblait même impensable de retourner sur le navire de la marine, qui le voyait grandir depuis quelques mois : comment les autres le recevraient-ils, ainsi accroché à une personne présumément coupable de la destruction partielle d'un village ? Et si la demoiselle était finalement coupable d'un crime bien plus odieux encore, qu'on décidait de l'envoyer à Impel Down, mais qu'il restait envers et contre tout accroché à sa main ? Devrait-il subir sa peine aussi ? Et si jamais elle avait besoin de se laver, devrait-il y assister, incapable de détourner le regard... ?
Bon, tous les points soulevés n'étaient pas forcément négatifs mais quand même, c'était la merde.
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Fenice Nakata
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Mar 24 Jan - 20:52
Vomito
ft. Fenice Nakata


Plus la distance s’effaçait entre Nakata et moi, plus l’extase m’emportait. Mon bonheur grandissait, comme si la disparition des mètres qui nous séparaient me susurrait de doux mots aux oreilles :

« Ca y est, il est presque-là. Tu l’auras entre tes mains, comme une pomme que tu peux dévorer. Quelques mètres, encore. Ou quelques centimètres. Regarde, comment veux-tu qu’il se défende ? Il ne touche même plus le sol. Il est minable, désarmé, impuissant. A un rien, tu tiens sa vie. Tue-le ! »

J’étais prête, car il était l’individu type que j’avais eu l’habitude de battre. Celles pour lesquelles on m’avait appris à ne pas avoir de pitié. J’avais déjà frappé des enfants à mort, de mon âge ou moins, sans scrupule, juste parce qu’on me le disait, et que ça m’amusait. Après tout, quelqu’un incapable de se défendre ne pouvait pas survivre dans notre monde. C’était une loi naturelle, je n’inventais rien. Je suivais l’ordre des choses, et ça me plaisait. Ma vie avait toujours eu quelque chose de sauvage, comme ça : survis ou meurs. J’avais conscience qu’un jour, j’agirais de la seconde façon, mais en attendant, je jouissais du don que tous les êtres possédés de donner la mort. Plus que tout, en cet instant, j’avais envie d’en finir avec ce gamin. Non pas le genre d’ « envie d’en finir » qu’on a quand quelqu’un nous agace, après tout, il n’était pas si emmerdant. Juste curieux. J’avais seulement le désir de lui retirer la vie. Un désir inexplicable, parce qu’il ne ressemble à aucun autre.

Je me pensais prête. Le garçon arriva sur moi plus vite que prévu, et s’il me fallut retenir nos corps en reculant vivement un pied, ce ne fut pas la violence du geste qui me surprit. Mais plutôt la courte distance qui séparait nos corps ; le sien, affolé et se dandinant, me poussant pour essayer de se défaire du mien, immobile. Nous n’étions plus qu’un : ses mouvements étaient vains, se pousser lui-même aurait eu les mêmes effets.

Moi, si j’avais senti, un instant, un bien sans pareil me prendre, une gêne immense s’installa en moi la seconde suivante. Nakata n’avait rien d’un petit garçon, comme l’image que je m’étais faite de lui au cours des heures passées. C’était un jeune homme, à cheval entre l’enfance et l’âge adulte. Bien qu’il fût de quelques années mon cadet, j’étais dans la même passe que lui. Tous les deux, nous n’avions pas une once de maturité, ou d’une quelconque qualité d’adulte, même si nous essayions d’y toucher un peu, juste pour voir. Non, il n’était pas si jeune. Son visage, son corps, tous proches de moi, m’inquiétèrent soudainement. Je me surpris à me délecter de l’éclat de son regard, qui pétillait de malice et de vie. Même s’il avait peur, il restait fidèle à lui-même. Il avait ses qualités, ses défauts, et ne se défaisait d’aucun. Il ne cachait pas son embarras à être pendu à ma main. Puis mes yeux s’élevèrent vers ses mèches blondes, secouées par les mouvements inquiétés de Nakata. Chacun de ces petits rayons solaires s’agitait, comme pour déterminer lequel d’entre eux était le plus… beau. Et son corps, son buste, ses bras et ses jambes. Non, il n’avait pas une musculature extraordinaire, ni la silhouette d’un Apollon. Juste quelque chose de charmant. Sans oublier sa voix, déjà celle d’un homme, qui avait passé la mue, mais qui se plaignait comme un enfant d’être prisonnier de mes ténèbres. Juste cette petit phrase, qui le rendait mignon.

Brusquement, prenant conscience des atroces pensées qui me traversaient l’esprit, je me mis à secouer la main qui retenait Nakata prisonnier, aussi fort que je le pouvais :

- DEGAGE, TU ME DEGOUTES !

BRRR ! Comment il avait osé me faire ça ?! C’était quoi ? Il m’avait lancé un sort ? C’était les pouvoirs de son fruit du démon ? Putain, il méritait de crever pour ça ! Pourquoi je ne l’avais pas fait plus tôt ? Non, j’avais même pas envie de le buter ; j’avais la gerbe, s’il me lâchait pas de suite, j’allais lui dégobiller dessus. Et sans hésitation ! Non mais… pour qui il se prenait ? On ne fait pas ce genre de choses aux dames ! Enfin, pas à moi, plutôt. Non, non, ces petits charmes, ça ne marchait pas avec moi. Vite, il fallait que je me débarrasse de ce gamin dégoûtant. Les gosses, ça chialait, ça se chiait dessus, c’était pas pour moi. Il me répugnait plus que jamais. Merde. J’avais vomi dans ma bouche ; un relent me prit.

Prise de panique, je finis par plaquer le gamin sur le sol, mes jambes sur son ventre, tentant de tirer ma main vers le haut. Je finis, en poussant un cri d’effort, par lâcher le vomi sur Nakata. Et sans en prendre compte, je continuais de tirer, de toutes mes forces. Non seulement, cette proximité avec le garçon me mettait mal à l’aise, mais en plus, je sentais que cette force qui le scotchait à moi puisait mon énergie à une vitesse impressionnante. Je n’avais pas l’habitude de ce genre d’exercice, et je ne réalisai que plus tard du potentiel destructeur qu’il pouvait représenter entre de mauvaises mains. Heureusement, entre les miennes, personne ne risquait d’échapper à ce potentiel !


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Lun 13 Fév - 21:01
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Son avenir glorieux, les belles promesses de carrières auréolées de réussite et de fierté s'échappaient à tire d'aile, loin, très loin, tandis que le blondinet prenait tout juste pleine mesure du bourbier dans lequel il venait de se glisser. Incapable de se libérer de l'étreinte mystique imposée par la demoiselle, il dramatisa promptement la situation en se rendant compte que Maud, elle aussi, cédait à la perspective d'un lendemain parfaitement commun. Comment pourraient-ils s'en sortir si même elle ignorait la façon de le délivrer de ce joug improbable ? La seule solution viable aux yeux de Nakata semblait encore être de trancher la main de la demoiselle, mais cette seule hypothèse, glauque et moribonde au possible, acheva de l'angoisser. Il ne voulait pas devenir le coupable d'une blessure d'une si grande gravité, d'autant plus qu'il n'était pas certain que cela fonctionne de quelque manière que ce soit... peut-être que la main morte de la criminelle allait rester collée à lui, envers et contre toutes les lois de la physique, même une fois détachée de sa propriétaire initiale ! Le futur pirate n'était pas sans ignorer l'étrangeté qui frappait un grand nombre d'individus de part le Monde, puisqu'il en était lui-même une part importante. Les malédictions dont se retrouvaient pourvus les mangeurs de fruits étaient diverses, variées, parfois loufoques, souvent désastreuses... Et si les ténèbres, au final, n'étaient ni plus ni moins qu'un coup du sort destiné à le punir de son incurable curiosité, malsaine et maladive ? Après tout, beaucoup de personnes, notamment adultes, l'avaient mises en garde contre cette manière spontanée d'être. Cela menait souvent à des situations inconcevables et inextricables, selon eux... Malheureusement, c'était dans cette posture incompréhensible que le mousse en prenait conscience. Ses supérieurs n'avaient pas eu totalement tort, en voulant brimer ses pulsions ! S'il les avait écouté et qu'il était resté à bord du navire, rien de tout cela ne serait arrivé... Le Fenice, le cœur pincé de regrets et l'esprit en proie à d'insondables tourments, songea défaitiste que tout s'arrêtait ici, pour lui. Autant sa vie de jeune homme que celle de soldat... Lui que le destin, ironique jusqu'au bout, avait rendu invincible, devenait incapable de servir autrui de quelque manière que ce fut ! Incapable de devenir célèbre et riche, puissant et influent... Les perspectives d'avenir qui s'offraient désormais à lui n'étaient guère plus intéressantes qu'une vulgaire condition de clown censé attendrir le public pour rapporter quelques berrys supplémentaires à un marchand véreux... "Oh, regardez les deux monstres, ils sont collés et rien ne les sépare !"

S'il frissonnait, autant de dégoût et de crainte que de frayeur, cela n'était toutefois rien en comparaison de l'intensité de la réaction de son homologue maudite, laquelle vivait cette expérience comme un traumatisme sans précédent. Alors même que le futur forban se débattait encore et toujours, avec la cohérence d'une anguille ou d'un ver de terre, gesticulant grossièrement pour se libérer d'un piège qui ne cessait pas de le priver de sa chère et tendre liberté, la jeune femme alla jusqu'à le faire basculer pour le plaquer à même le sol, profitant de sa carrure encore fluette et de son manque flagrant d'appui stable. Incapable de refréner cette course imprévue, le Phoenix fut condamné à s'effondrer lourdement, se cognant au passage sévèrement la tête contre un caillou tout en lâchant un juron grossier, désarçonné par la soudaineté et la violence du choc. Et tandis que Maud se débattait toujours plus vainement afin de se libérer de cette malédiction pour le moins facétieuse, Nakata eut alors une nouvelle prise de conscience, une énième, qui n'alla pas sans l'apeurer davantage... La douleur au crâne qu'il venait d'endurer persistait, tenace et pugnace ! C'était la première fois depuis qu'il avait consommé son propre fruit du démon que cela arriva, et cela le jetait face à une conclusion des plus implacables, des plus terribles... Même son pouvoir de soin venait de disparaître, comme brutalement englouti par la création de la demoiselle face à lui ! Pire encore : il n'eut pas le temps de se remettre de ces terribles émotions qu'un nouvel impondérable eut lieu, encore plus dégoûtant que les précédents. La belle lui dégobilla dessus, laissant ainsi sa délicatesse et son aura mystérieuse s'évaporer d'un coup d'un seul. Ce n'était plus un charmant membre du sexe opposé auquel se retrouvait littéralement accouplé le blondinet... C'était à une espèce de monstre abominable, à demi-couvert de vomis et aux capacités particulièrement dangereuses.

-Baaaaaah ! C'est super crade ! T'es dégueu !

La peur de rester définitivement collé à cette inconnue s'était transformée en une frayeur bleue : comment ses supérieurs allaient-ils bien pouvoir réagir en le voyant revenir, son sacro-saint uniforme tapissé de cette matière pour le moins nauséabonde ? Difficile de le savoir mais, dans l'absolu, le Fenice n'était de toute manière pas pressé de mettre un état de fait sur cette interrogation. Il devait trouver un moyen de se sortir de cette impasse, et laver ses vêtements avant de retourner sur le navire... Sans quoi il allait encore passer un sale quart d'heure !
De toutes les idées qui traversèrent alors l'esprit infantile du futur Schichibukai, aucune ne sembla véritablement le satisfaire : il ne pouvait pas se contenter de cogner la demoiselle jusqu'à ce qu'elle lâche prise, puisqu'il était empreint d'une galanterie incontestable et qu'elle n'y pouvait manifestement pas grand chose non plus. Il ne pouvait pas se contenter de lui couper la main non plus, c'était bien trop moribond et extrême de son point de vue. Et se couper en deux, lui ? Même avec son fruit du démon, le Phoenix n'était pas certain de pouvoir y survivre... Alors sans ? Impensable ! C'est pour cela que le marmot continua à gesticuler vainement, allant jusqu'à agripper quelques racines proches pour tenter de se traîner au loin, notamment à l'écart du vomi qui dégoulinait le long de leurs corps étonnamment enlacés. Définitivement, il n'aurait jamais cru que sa carrière lui réservait de tels moments...
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Mer 8 Mar - 19:06
On se détend et on respire
ft. Fenice Nakata


- Roooh ! Ca va, je t’ai trouvé mignon un instant, c’est pire !

Franchement, les enfants ça se plaignait vraiment d’un rien. Un peu de vomis, ça n’allait pas le tuer, quand même. Quoi que j’en pensasse, Nakata n’était pas du même avis, et tentait même de se tirer loin de mon déjeuner revisité. Moi, sur mes jambes tremblantes, la main toujours accrochée à son cœur, je ne tins pas longtemps sur mes pieds et ne tardai pas à tomber à plat ventre, à côté du rampant. En plein dans la gerbe.

- BEEEERK ! Mais fais gaffe !

Je relevai la face vers lui, les sourcils froncés et le menton tâché de mes rejets. Je lui aurais bien refait le portrait, pour ça. Non, vraiment, c’était dégueulasse ! Ce chanceux fut épargné par ma fatigue ; le fruit du démon, que je ne maîtrisais pas du tout, puisait dans mon énergie de quoi me faire vivre trois fois. Je me sentais m’affaiblir à une vitesse affolante, alors que je n’exerçais aucun effort ; si ce n’était, sans le savoir, celui d’arracher au phœnix ses pouvoirs. Assez vite, mon visage crispé par la colère se détendit, ne laissant apparaître de moi qu’une pauvre femme épuisée, harassée voire malade. Je réunissais toute la force qu’il me restait, pour, de temps à autres, tenter une énième fois de me détacher de lui, en tirant faiblement sur mon bras. Le jeu dura de longues minutes. Je ne savais pas exactement combien, mais ce temps me parut éternel. L’effort que je fis pour garder les yeux ouverts, pour essayer de me libérer de son buste, n’avait rien de comparable. Du moins, je n’avais aucun souvenir d’avoir vécu quelque chose d’aussi exténuant. C’était encore pire que de devoir rester éveiller tard le soir après une longue journée de travail, pire que la sensation des yeux qui se ferment tous seuls, alors qu’on vous a assigné une tâche de haute importance, et que vous vous endormez, et que George se met à… Hum. Ça n’a rien à voir avec l’histoire de Nakata.

Alors que je me battais, non sans peine, pour séparer ma main du corps de l’adolescent, le miracle advint enfin : le tourbillon noirâtre qui le reliait à moi s’avala, s’aspira et s’écrasa sur lui-même, pour nous laisser l’un autre l’autre libres et indépendants. Bien que vidée de toute mon énergie, je me permis de soupirer, laissant le souffle de soulagement se faire entendre tout faiblement. C’était déjà ça. Ma main glissa du bonhomme, s’écrasa fébrilement sur la terre humide sans que je ne puisse la retenir. J’avais cru mourir durant cette épreuve, mais au final, je me rendis compte que ce dont j’avais besoin, c’était surtout une bonne nuit de sommeil. Alors, satisfaite d’être toujours de ce monde, mes lèvres se soulevèrent sur mon visage : ça, pour rire et sourire, je n’avais jamais eu à faire d’effort. C’était naturel.

Cependant, je ne me laissai pas le luxe de m’endormir maintenant. Si la chose m’avait épuisée ainsi, c’était certainement qu’elle venait de moi. Le gamin, lui, ne me semblait pas aussi fatigué que je l’étais. Et si j’étais vraiment la cause de ce triste spectacle, il pourrait m’en vouloir. Etant de la marine, il n’aurait certainement eut aucune difficulté à appeler ses supérieurs, qui m’auraient enfermée pour quelques crimes de basse envergure. Comme au début de notre rencontre, je me mis à paniquer – seulement intérieurement cette fois-là – et imaginai déjà tous les pires scénarios, où l’on votait pour ma mise à mort. Malheureusement, à l’instant, j’étais incapable de me défendre contre qui que ce soit, pas même contre ce gringalet. Je me contentais de garder l’œil ouvert, pour au moins ne rien rater de ce qui pourrait m'arriver.


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Sam 18 Mar - 9:34
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C'était long... Trop long ! Chaque minute, chaque seconde, chaque traître instant qui s'écoulait dans cette posture précaire, son uniforme souillé et la demoiselle à demi-affalée sur lui augmentait de façon exponentielle le malaise du pauvre soldat de la marine, incapable de se sortir de cette inextricable situation par ses propres moyens. Il ne comprenait pas comment le tourbillon noir agissait et avait manifestement autant de mal que Maud à s'en débarrasser : ils étaient tout deux réduits à l'impuissance et Nakata comprenait avec douleur que puisque son propre fruit du démon lui était inaccessible, il était parfaitement inenvisageable de vouloir s'en tirer de son côté. Non, définitivement, seule la jeune femme pouvait y faire quelque chose... Mais pour cela, il lui fallait comprendre son fruit du démon et tenter de le contrôler. Bien entendu, le zoan mythique aurait éventuellement pu lui fournir quelques conseils, ayant déjà eu l'occasion d'apprendre les rudiments du contrôle de sa malédiction en la compagnie bienveillante de quelques gradés de la marine... Toutefois, pour ce faire, il aurait dû jouir de calme, de sérénité, et non d'une panique ouverte, puérile et incontrôlable ! De fait, le garnement était aussi dissipé que s'il avait été face à sa mort imminente : il ne comprenait rien, et ne voulait rien comprendre, de toute manière. Seule lui importait sa sacrosainte liberté et, fort heureusement, elle ne tarda guère à lui revenir. Effectivement, alors que le Phoenix gesticulait encore et toujours, sans véritable cohésion ni cohérence, et alors que la maudite se voyait à demi-traîné dans son propre vomi, l'étrange spectacle qui les liait jusqu'alors sembla mystérieusement se tarir, s'estomper soudainement et brutalement pour enfin les relâcher totalement. Fort de cette constatation et du soulagement dont il fut finalement emprunt, le Fenice se recula précipitamment en usant de ses pieds et de ses mains, toujours dans une position à moitié assise, relativement ridicule. Toutefois, le moujingue ne semblait guère prompt à se soucier des apparences : il fixait avec désarroi son uniforme maculé de vert et de brun, imaginant d'ores et déjà les innombrables reproches qu'il allait avoir à essuyer à son retour au navire. C'est pour cela qu'il tenta en premier lieu de se carapater à quatre pattes jusqu'au tas de feuilles et d'herbes humides le plus proche. Il s'y roula vigoureusement, sans y réfléchir davantage, et découvrit bientôt l'immensité de sa bêtise : ce qui n'était autrefois que vomi se trouvait désormais maculé de traces de boues et de végétaux en tout genre, lesquels gommaient presque intégralement le bleu et le blanc traditionnels de sa tenue. La panique fut alors à son comble : il était libre, certes, mais pour combien de temps ?

-J'vais me faire défoncer ! C'est trop la merde ! J'aurais jamais dû venir !

Hé oui : même si son respect soudain pour les règles et les ordres fut éphémère, il venait tout juste d'être érigé suite à cette constatation simplette. Si le blondinet n'avait jamais quitté le navire aussi promptement, s'il n'avait pas faussé compagnie au reste de l'équipage, alors il n'aurait jamais eu à vivre cette infamante et ridiculisante situation... Se sentait de plus en plus cramoisi, de honte et de malaise, le garnement ne tarda alors guère à ôter son haut, lequel contenait la grosse majorité des traces et des tâches, dévoilant sans hésitation aucune son torse juvénile au regard féminin dont il se contrefichait désormais. Nakata ne voyait plus vraiment Maud comme une demoiselle délicate, comme une fleur à la beauté sauvage et inconstante, comme une énigme raffinée, mais comme une espèce de folle furieuse sale et bien peu attirante. Ainsi, torse nu au milieu de ce petit bosquet, le marmot se mit à courir à droite à gauche dans l'objectif de découvrir une flaque, une mare, un étang ou n'importe quelle autre étendue d'eau qui aurait pu lui permettre de commencer à laver son uniforme. Comme il ne trouvait strictement rien de semblable, le mythique n'hésita pas davantage : il profita d'un tronc d'arbre comme d'un appui pour bondir... Et prendre son envol, littéralement. Son corps s'enflamma puissamment et vivement, se couvrant de flammes et de plumes bleutées ou dorées, se déformant progressivement pour embrasser des traits aquilins et volatiles. Ses deux ailes gargantuesques battirent les airs avec véhémence, le projetant alors en direction de l'océan qu'il regagna bien vite, sans davantage porter d'attention à l'autre maudite : il se précipita sur le banc de sable où il reprit forme humaine, puis se laissa choir à genoux auprès des flots tranquilles d'East Blue. Là, le Fenice plongea son haut dégoûtant dans l'eau et l'y fit macérer, le secouant sans vergogne et tâchant de faire partir autant de résidus que possible. Et il y parvint, avec plus ou moins d'efficacité : certes, la tâche demeurait, mais elle n'était au moins plus pourvue de ces innombrables morceaux qui la mettaient en valeur jusqu'ici... Après quelques bonnes minutes, l'oiseau se laissa finalement tomber en arrière, les bras écartés et l'air maussade, les yeux perdus vers l'immense mer azure qui le surplombait. Il n'allait pas pouvoir faire mieux... Les corvées des prochains jours allaient assurément lui être exclusivement réservées.

Une pensée folle lui vint à l'esprit. Il possédait encore un recours, certes fou, mais bel et bien tangible : il pouvait s'en aller. Grâce à sa paire de majestueuses ailes, il lui était tout-à-fait possible de quitter l'île sans avoir recours à l'aide d'un navire quelconque. East Blue était un océan calme et il se sentait capable de le traverser sans risquer de tomber dans l'eau mortelle qui le toiserait d'en bas... Le problème vint pourtant le percuter frontalement, un instant plus tard : le musicien en herbe n'y connaissait strictement rien, en navigation. Certes, il avait souvent eu l'occasion d'épauler le navigateur de l'équipage, mais cela s'était très fréquemment restreint aux tâches manuelles, notamment aux cordages et aux voiles. Nakata était encore incapable de savoir quelle direction embrasser pour trouver l'île la plus proche, de déceler les premiers signes d'existence d'une île encore invisible... Cette hypothèse-là fut donc également abandonné et, sans volonté aucune, le marmot se mit à se redresser. Il allait devoir affronter son destin, une fois de plus...
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Fenice Nakata
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Dim 23 Avr - 18:25
A plus
ft. Fenice Nakata

Allongée dans la boue, les yeux mi-clos, je le vis seulement s’agiter dans tous les sens, sans vraiment comprendre ce qu’il cherchait à faire. Mon dernier souvenir fut un piaf qui s’envolait, avant que je ne m’endorme complètement.

A mon réveil, au beau milieu de la nuit, il me sembla être seule. Un instant, je regardais le ciel : des branches et des feuilles plafonnaient le bois, de sorte à ce que ni la Lune ni les étoiles ne soient visibles. J’étais dans le noir complet, incapable de me repérer. J’aimais bien cet endroit, son obscurité et le vide qui l’emplissait. Ça avait quelque chose de relaxant, et à la fois, j’avais l’impression de ne plus exister. Je ne comprenais pas exactement ce qu’il se passait, je ne savais pas du tout si c’était dans ma tête, ou si je sentais vraiment tout ça. Mais j’aimais bien, alors je me contentais de vider ma tête de toute crainte, de toutes mes questions, et d’oublier tout ce que j’avais vécu plus tôt. Je savais que je n’étais pas morte, ou, en tout cas, j’en étais persuadée. Je levais une main vers le ciel sans être sûre de l’avoir vraiment fait, et je souris.

En fait, incapable de rester silencieuse, même dans ma tête, je finis par me demander si, quand je faisais du mal à quelqu’un, c’était comme ça, qu’il se sentait. Vide ? Juste vide ? J’avais du mal à me dire que ça ne pouvait qu’être ça. Il y avait bien trop de couleurs, dans ce noir, pour qu’il soit le seul à exister. Décidemment, c’était trop compliqué. Jamais je n’aurais pu comprendre totalement ce que les autres ressentaient, mais je me contentais d’imaginer, et j’aimais déjà beaucoup ça.

Après avoir passé une heure dans cette obscurité, à penser à mille choses, et surtout à mon fruit, qui me pourrissait et m’attirait à la fois, je me rendormis. J’avais eu l’impression d’être dans mes ténèbres, même si ce n’était que la nuit.

A mon réveil, je me fis assez discrète pour rejoindre un bord de l’île où je n’avais pas encore été remarquée, histoire de faire mon petit bonhomme de chemin tranquillement.

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