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Mar 20 Mar - 14:09


Alchimie singulière
La réponse de Massy face aux dires de son amoureuse ne tarda pas à pointer le bout de son nez. Elle se montra sous la forme d’un véritable bug de la matrice, c’est-à-dire le cerveau, qui lui-même se manifesta par une surchauffe du reste du corps. Un rougissement en bonne et due forme, en somme. Le bretteur crut avoir mal entendu, mais la confirmation à la fois verbale et physique d’Etsu le convainquit du contraire. Elle l’aimait lui - ce qui était une délicate attention, d’ailleurs - et la chimie ainsi que… Non, décidément, le maudit allait avoir du mal avec cette affirmation assez osée. Peut-être qu’il en faisait des tonnes pour pas-grand-chose, mais il était comme ça, un éternel timide. Le simple fait que son amante ose dire ce genre de choses aussi ouvertement en public lui semblait irréel, surnaturel. Jamais de sa vie il ne pourrait faire preuve d’une telle audace, mais elle, elle en était capable... C’était donc vrai ce qu’on disait… Les opposés s’attirent. Quoi qu’il en soit, le jeune homme laissa tomber sa réflexion, qu’il reconnaissait volontiers comme assez futile en vérité, et tendit l’oreille aux nouveaux dires de sa chimiste d’amour. Quelque chose en particulier le fit tiquer :

-« Incroyable n’est pas vraiment le mot juste, si tu veux mon avis… Vois plutôt ça comme une loterie. Tu as autant de chances de tomber sur un pouvoir fabuleux que sur une daube innommable. Par exemple, j’ai entendu parler d’un fruit, quasi-légendaire, qui octroierait à son utilisateur la capacité de faire des mauvaises blagues pour le restant de ses jours… Le terme "condamnerait" serait plus approprié dans ce cas précis… Grosso modo, il y en a pour toutes les couleurs et tous les goûts, de ce que j’ai lu. Bon, ok, la dernière affirmation est fausse parce qu'ils sont tous amers et mauvais au possible, mais ce n'est pas le sujet... Bref, tout ça pour dire que certains donnent des pouvoirs phénoménaux comme déclencher des séismes ou contrôler les éléments, et d’autres sont sidérants de par leur inutilité… Le mien est entre les deux, ça résume bien ma veine, tien. »

Se concentrant de nouveau sur celle qu’il comptait épouser, l’Umbra ne put s’empêcher de se sentir porter des ailes lorsqu’elle commença à lui caresser tendrement le menton. Entre ça et la lueur intense dans les yeux couleur or de sa bien-aimée, le marsupial comprit aisément que cela lui tenait vraiment à cœur d’en apprendre plus. Aussi, il se força à être le plus précis possible, même si le sujet n’était pas franchement à son goût. En effet, même après presque deux années de malédiction, le sabreur n’avait toujours pas digéré le fait d’être tombé sur un pouvoir aussi banal. Avec toutes les capacités monstrueuses qu’il aurait pu avoir, il avait fallu qu’il devienne un homme kangourou… Certes, ça aurait pu être pire et les capacités que ça lui offrait étaient étonnamment adaptées à son style de combat, mais il avait toujours du mal à ôter quelques questions de son esprit : et s’il avait eu un meilleur pouvoir ? Aurait-il pu aider plus de gens ? Aurait-il pu réaliser son rêve plus facilement ? Tâchant de mettre ses interrogations de côté, car ce n’était franchement pas le moment, Massy répondit enfin à Etsu :

-« Oui, tu as vu juste, mon ange. J’ai bel et bien mangé un zoan, le Yutai Yutai No Mi : Modèle Kangourou Roux. Il me permet, comme tous les fruits de ce type, d’avoir recours à deux formes en plus de celle de base : une totale, et une hybride. La première consiste à se transformer en un banal kangourou, tu en as été témoin tout à l’heure, d’ailleurs. La deuxième est un mélange entre ma forme humaine et ma forme animale, ce qui fait de moi en quelque sorte un surhomme. Je te la montrerais un peu plus tard, en privé, si tu en as envie. »

Après ces quelques explications, l’épéiste aux pupilles en spirale daigna enfin entamer son repas. Le sandwich n’était pas franchement fameux, mais il était déjà meilleur que ceux qu'il pouvait préparer lui-même, ce qui n’était pas vraiment difficile en soi maintenant qu’il y repensait. S’essuyant délicatement la bouche avec une serviette en papier, il enroula son bras autour de la taille de sa dulcinée pour lui signifier que son amour était réciproque, puis lui fit remarquer quelque chose :

-« Sinon, tu ne m’as toujours pas dit si tu détestais quoi que ce soit… Enfin, tu n’es pas obligée de répondre si ça te gêne d’en parler en public… »



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Dim 25 Mar - 19:37


Détester ?


Alors, il avait bien un fruit du démon. De toute façon, ça aurait pu être quoi d’autre ? Il m’expliqua quelques aspects des fruits du démon, et m’exposa son avis quant au sien. Ni nul, ni extraordinaire. Banal. Banal ? Non, non, aucun fruit n’était banal ! Chaque fruit du démon était unique, chacun avait sa couleur, ses formes, ses pouvoirs. Ils étaient tous extraordinaires. Ils n’auraient été que des fruits, sinon. J’aurais donné cher pour retrouver un fruit du démon, ou réussir à extirper le mien de mon corps, et enfin pouvoir fabriquer des machines, avec. Même une machine-kangourou ! J’imaginais la machine utiliser la force de ses jambes pour pouvoir propulser, écraser, pousser… Les fruits du démon dépassaient, de par leurs pouvoirs, toutes les sources d’énergie du monde. Lorsqu’il se mit à déguster son repas, je tentai de le rassurer :

Tu as le pouvoir d’un fruit du démon en toi… et ça, c’est déjà hors du commun !

Puis, à mon tour, je me mis à grignoter mon sandwich, qui s’était déjà bien effondré. C’est alors que Massy relança sa question, sur ce que je détestais. Je déglutis, passant ma langue autour de mes lèvres pour récupérer la moustache de sauce qui s’y était déposée.

Détester ? Pourquoi détester, quand on aime ? C’était du gâchis, gaspiller tout ce bonheur, tout cet amour, et laisser un peu de place à la rancœur, la tristesse, la haine. Non, si j’aimais, c’était toute entière, avec mon âme et mon corps. Tous les mauvais sentiments, je les avais oubliés. Aucune idée d’où ils étaient partis, mais je n’avais plus aucun souvenir d’eux. Tout ce que je savais, c’était que, oui, avant de rencontrer Massy, j’avais déjà ressenti de mauvaises choses. Peut-être avais-je même souhaité la mort de certains êtres. Mais à vrai dire, depuis cette matinée, je ne savais plus. Détester. La seule chose que je détestais, c’était ce mot. Détester. Ça n’avait plus de sens.

Un peu perdue, j’avais observé Massy durant quelques secondes, comme si je ne comprenais pas de quoi il voulait parler. En réalité, je ne savais pas quoi y répondre. Je cherchais ce qu’il y avait à détester, dans ce monde. Mais je ne voyais plus que notre bonheur. Alors je lui souris, et lui expliquai ce que j’en penser, de « détester » :

Je n’ai plus ni le temps ni l’envie de détester, avec toi. Je t’aime tellement, si tu savais… comme je n’ai jamais aimé ! J'aime même moins le MacLovald que toi, c'est dire !

C’était un peu une promesse. Avec ces mots, je voulais qu’il comprenne mon engagement. Mon amour était inconditionnel. Je l’aimais et l’aimerais pour toujours. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en Enfer ! Je ris en y pensant ; je me sentais comme une petite fille, qui embrasse pour la première fois son amoureux. D’ailleurs, je ne pus m’empêcher de déposer un tendre baiser dans son cou. Sans attendre forcément de réaction, je lui souris, blottissant ma tête contre mon épaule, puis contre la sienne.

Et toi, alors ? Qu’est-ce que tu aimes ? Raconte-moi tout de toi… Je ne veux plus que tu aies peur, dis-je en baillant, fermant les yeux en glissant mes doigts entre les siens.

Finalement, il y avait bien une chose que je détestais : je désirais que plus jamais les cauchemars ne viennent l’embêter. Plus jamais.


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Lun 26 Mar - 1:20


Alchimie singulière
La réponse de la sublime chimiste fut plutôt vague, bien que pleine de bonnes intentions. Massy en conclut qu’elle ne devait tout simplement pas vouloir en parler pour une raison ou pour une autre. Lorsque la belle déposa un baisé sur son cou, il ne put s’empêcher de trembler un peu tant cela lui était agréable. Dans sa jeunesse, il n’avait jamais eu de telles marques d’amour. Ses frères étaient plus du genre à lui montrer leur affection via de petites attentions toutes bêtes, des tapes m'en cinq, ou des taquineries. En vérité, maintenant qu’il y pensait, c’était la première fois de sa vie qu’on l’embrassait où que ce soit. Et le sabreur devait reconnaître que ce n’était pas déplaisant comme sensation. Aussi, au moment où Etsu se blottit contre lui, il reposa sa tête sur celle de sa petite amie. Il aurait souhaité que cet instant magique dure pour l’éternité, malheureusement, elle lui posa une question à laquelle il eut un peu de mal à répondre. Qu’est-ce qu’il pouvait bien aimer, tien ? Il ne s’était jamais réellement posé la question. Après un petit temps de réflexion, il finit par répondre :

-« Euh, j’aime bien les siestes. La musique aussi est une de mes passions. D’ailleurs, t’ai-je dit que je suis musicien ? Je suis aussi cuisinier à mes heures perdues, quand personne d’autre ne se dévoue pour le faire. Sinon, euh… J’apprécie la liberté. Personne pour me donner d’ordres, me dire quoi faire, où aller,… C’est pour cette raison que je suis pirate. Enfin, je suis inconnu des services de la marine, et ce n’est pas plus mal comme ça en vérité… Quelle plaie ce serait de devoir faire profil bas partout... »

Maintenant qu’il avait donné une réponse assez satisfaisante à ses yeux, Umbra était libre de se concentrer sur la dernière déclaration de sa promise. Elle ne voulait plus qu’il ait peur ? Qu’entendait-elle donc par-là ? Soudain, la réponse lui vint comme le nez au milieu de la figure : le cauchemar. Il lui avait semblé si réel que ça ne l’étonnerait guère qu’il ait réagi dans son sommeil. Aurait-il dit ou fait quelque chose de troublant ? Le jeune homme soupira, c’était bien lui ça. Même en dormant, il ne pouvait pas s’empêcher de commettre un impair comme celui-ci. Il devait réparer son erreur, et pour cela il ne voyait qu’une seule chose à dire :

-« Ne t’inquiète pas mon ange, je n’ai peur de rien ni personne. Enfin, si, il y a bien une chose qui m’effraie, mais je ne la laisserais jamais arriver de mon vivant. Oui, je ne te perdrais jamais mon amour, c'est promis ! »

Se sentant pousser des ailes après cette affirmation, le maudit décida qu’il était enfin temps de demander sa bien-aimée en mariage. Certes, l’endroit ne s’y prêtait pas vraiment, mais quelle importance ? Il aimait cette femme et ce n’était pas un fast-food de seconde zone qui allait changer cela. C'est donc avec une grande détermination qu'il s'apprêtait demander la main d'Etsu.



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Mar 27 Mar - 22:07


Oui !


La liberté ? Bof, je passai sur ce point, l’oubliant instantanément. Personne n’était parfait. Et puis, ne disait-on pas que l’amour était aveugle ? Je préférai m’attarder sur le reste. Un musicien ! Comme Hana serait heureuse de le rencontrer. J’étais sûre qu’il était très doué, autant que ma sœur. Peut-être qu’ensemble, s’ils devenaient amis – et ils le deviendraient, qu’ils le veuillent ou non - ils joueraient de magnifiques mélodies. J’aurais aimé savoir de quel instrument il jouait, mais je n’osai pas le couper pendant qu’il parlait. Je gardais néanmoins l’idée d’entendre un petit morceau, dans un coin de mon esprit.

Et, enfin, mon homme était aussi un cuisinier. Il paraissait que pour charmer un homme, il fallait d’abord charmer son ventre. J’étais un peu un homme, alors. En plus, quoi de plus sexy qu’un homme aux fourneaux ? Je l’imaginais déjà nu sous son tablier, en train de préparer quelques pancakes au petit matin, ou de me presser un jus d’orange. Grrroou… Je souris, ma tête reposant toujours sur son épaule, en essuyant du bout du doigt une goutte de sang qui tentait de s’échapper de mon nez. Mon péché ? La gourmandise, sans aucun doute.

Quant à ses craintes, il ne me les partagea pas. Du moins, il voulut me rassurer, je pense. Mais je n’insistai pas. Il avait sûrement encore besoin d’un peu de temps, avant de tout dire. Ca m’attristait un peu, qu’il ne me fasse pas confiance. Peut-être que c’était à cause de tout ce monde, aussi, qu’il n’osait pas parler tout fort de ce qui n’allait pas. Qu’en savais-je ? Et puis, de toute façon, il n’était pas encore obligé de tout me dire : nous n’étions pas mariés ! Pas encore… Pas encore. Mais il venait de se mettre à genoux, juste devant moi.

Mon cœur se mit à frapper contre ma poitrine, comme s’il cherchait à la déchirer, à s’enfuir, à sauter embrasser mon amour. A genoux devant moi, Massy n’eut besoin d’aucun mot pour que l’euphorie du moment me prenne. Il souhaitait, là, à l’instant, m’offrir la plus belle des vies que je n’avais osé imaginer. Je m’apprêtais à « vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Et ça commençait dans ce MacLovald.

Sous l’excitation, et peut-être la surprise, je m’étais levée d’un bond, les mains sur ma poitrine qui s’emballait. Seulement, l’histoire se répétait. En me levant, ma hanche cogna la table, qui, basculant un peu, renversa mon chéruburger sur Massy.

Ooh… AAAAH ! Désolée, désolée, désolée !

D’une main, j’attrapai des serviettes pour éponger la sauce qui tâchait son magnifique costard, tout en grignotant les crudités et la viande qui lui étaient tombés dessus – on déconne pas avec la bouffe. Dans la panique, qui se mélangeait étrangement au bonheur du moment, je balbutiai toutes les excuses que je pouvais, sans réfléchir, agitant mes bras dans tous les sens :

Je.. Euh, pardon ! Je suis trop maladroite ! Je suis vraiment… Scrounch, miom miom … Je suis vraiment trop bête ! Désolée, pardon, excuse-toi ! Euh, non, moi ! Pas toi, moi, moi, pas toi mais moi, non moi ! Pas toi ! Pas patois, pas toi ! Olala, je suis désolée ! Oui, je le veux !

Brusquement, je me statufiai. Non, le monde entier s’était figé. Et mes yeux, immobiles, s’étaient plantés dans ceux de mon bien aimé. Qu’est-ce que c’était ? Les joues rouges ? J’avais chaud ? Oui, c’était ça, j’avais chaud. Pourtant, il n’y avait personne sur moi. Est-ce que j’étais gênée ? Heureuse ? Heureuse d’avoir dire oui.


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Mer 28 Mar - 12:36


Alchimie singulière
S’agenouillant pour faire sa demande en mariage, le jeune homme prit une grande inspiration et s’élança. Toutefois, il ne put prononcer le moindre mot puisque sa promise, ayant très probablement compris où il voulait en venir, se leva d’un bond excité. Cela eut malheureusement pour effet de renverser sur le bretteur les restes d’un des sandwichs sur la table. Son costume était probablement fichu désormais, mais il s’en foutait royalement. Il pourrait toujours aller voir les deux escrocs s’il avait besoin d’un nouveau smoking, ils ne pourraient rien faire pour l’empêcher de se servir, après tout. Etsu, par contre, prit cela très au sérieux, un peu comme lui lorsqu’il lui avait renversé du café dessus… Elle se confondit en excuses tout en tâchant d’essuyer la sauce avec une des serviettes en papier du fast-food. Cependant, force était de constater que comme avec le jus d’orange, cet effort était plus que vain et ne faisait qu’étendre un peu plus la tâche. Alors, quatre mots retentirent parmi la myriade de sons paniqués de sa chère et tendre :

-« Oui, je le veux ! ».

Si l’on prêtait oreille attentive à ce qui se passait entre le petit couple, on pourrait entendre un véritable tambourinage de bruits sourds et répétés. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Je vous le donne en mille : le petit cœur du kangourou. Etsu, la femme de sa vie, sa princesse, sa belle, sa chérie, sa douce, son ange, sa bien-aimée, sa dulcinée, sa promise, sa Juliette… Elle venait d’accepter sa demande en mariage ! Ensemble… Ils allaient fonder une famille… Le maudit allait enfin connaître le véritable bonheur… Plus de combats, plus de virées punitives, plus d’infiltrations... Tout ça était terminé pour lui. Maintenant, la seule chose qui compterait, c’était sa femme et tout ce qu’ils allaient pouvoir faire à eux deux. À partir de cet instant, le jeune homme ne se considérait plus comme Massy, le pirate bretteur maudit du fruit du kangourou roux. Non, désormais, il était simplement Massy, mari d’Etsu. Dans sa joie infinie, il se releva d’un bond et enlaça sa fiancée comme jamais il n’avait serré quelqu’un dans ses bras. S’en suivit alors un long et tendre baisé auquel il ne mit fin que pour prononcer les mots suivants :

-« Allons nous marier, mon trésor ! »

Cela étant dit, il prendrait la main de cette sublime créature et l’entraînerait hors du MacLovald jusqu’à la mairie d’Attraction Town, le centre névralgique de l’amour. En chemin, les employés du fast-food tenteraient de leur barrer la route pour une raison qui lui échappait, mais il n’aurait aucun mal à les repousser comme les êtres insignifiants qu’ils représenteraient à ses yeux à cet instant-là. La seule chose qui avait de l'importance pour lui, c’était Etsu et rien d’autre. Au diable ces misérables fous qui croyaient pouvoir mettre un terme à leur relation d’amour si particulière.

-« Attendez, vous n’avez pas payé ! » Hurla l’une des serveuses encore à leurs trousses.

Maintenant qu’il y pensait, le sabreur devait reconnaître qu’il avait effectivement oublié de payer l’addition… C’était quelque peu embarrassant. Sans s’arrêter ni se retourner, il sortit de sa poche un petit sac de pièces d’or qu’il jeta tout simplement en arrière. Il y avait là-dedans au moins dix fois plus que ce qu’il ne leur devait réellement, mais quelle importance cela avait-il donc ? L’ex-pirate n’avait tout simplement pas de temps à accorder à ces gens, son mariage et sa nouvelle vie l’attendaient et il comptait les rejoindre de ce pas !

-« Je t’aime à la folie mon Etsu chérie, si tu savais ! » Dirait-il en éclatant d’un rire sincère. « Tu es la chose la plus importante à mes yeux, je veux que nous restions ensemble pour l’éternité et au-delà ! »



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Jeu 29 Mar - 20:00
Aux grands maux les grands remèdes !


Allons nous marier, mon trésor !

Immobile, les yeux dans le vague, je sentis les bras de Massy m’enlacer, sans être capable du moindre mouvement. Mon corps était tout mollasson, comme après un rude effort. J’avais dit oui. Nous avions dit oui. Je ne réalisai pas vraiment.

Un, deux ! Un, deux ! Ça répond, là-dedans ?

Petit pas par petit pas, mes lèvres se retroussèrent, mes joues se dressèrent, et je me jetai dans les bras de mon bien aimé, encore plus collée à lui, gloussant comme une adolescente à qui on dit « je t’aime » pour la première fois. Nous allions nous marier ! Combien d’enfants aurions-nous, ensuite ? Comme Maman serait contente ! Elle qui me répétait sans cesse qu’elle s’ennuierait, sans petits-enfants. Il nous en fallait… trois. Non, non, trois, c’était le pire chiffre. C’était ni beaucoup, ni trop peu. Beaucoup trop de famille avaient trois enfants. Il nous en faudrait dix, ou douze, même ! Plein d’enfants, autant qu’il en faudrait pour montrer comme nous nous aimions ! Si la grossesse ne m’effrayait pas tant, j’en aurais même voulu cent, ou mille, pour que le monde entier sache comme j’aimais mon Massy !

La joie m’emportait tant que j’en gloussai :

Oui, hihihihi ! Allons-y, mon amour, allons-y !

Les restaurateurs nous obligèrent à payer avant de partir. Mais qu’importait ! Ils pouvaient bien râler tant qu’ils voulaient : ça n’entacherait pas notre bonheur. Plus rien ne pouvait nous arrêter, et dès que mon amant eut lancé une bourse à ces rabat-joie, je glissai mon bras dans le sien, enlaçant mes doigts avec les siens, pour l’emporter avec moi, sautillant d’euphorie. Et chacun de ses mots faisait battre mon cœur un peu plus vite, un peu plus fort. Je ne pouvais plus attendre que la vie passe, j’avais déjà envie de tout vivre avec lui.

Comme je t’aime, moi aussi ! Pour la vie ! Pour toujours !

Il ne nous fallut que quelques minutes pour atteindre la mairie… ou plutôt, la file d’attente de la mairie. Près de cinq cent mètres de queue se dessinaient derrière les portes de la mairie. Nous en aurions pour des heures, de quoi déchanter. Nous ne pouvions plus attendre, c’était impossible ! Je me serais arrêtée de vivre, si l’amour de ma vie n’était pas mien dans l’heure qui suivait. Je voulais l’épouser, et toutes les files d’attente du monde ne pourraient rien y faire. Je tournai le visage vers Massy, sans perdre mon sourire, et lui fis un clin d’œil. Aux grands maux les grands remèdes !

STINK


Je remuai doucement la main, assez discrètement pour éviter de me faire voir dans la foule. Au mouvement, mes doigts, puis ma paume entière disparurent, se dissipant en un gaz parfaitement invisible. Seulement, ce gaz, c’était moi, alors je savais parfaitement où aller, avec. Dès qu’il rencontra la dixième fiancée devant mon futur époux et moi-même, je glissai le gaz sous la jupe de la demoiselle, tentant, à l’aveugle cette fois, d’atteindre ses fesses. Dès que j’y arriverais, de toute façon, je le saurais.

Prrfffiiiiiuuuuu… PROUT !

FART


J’y étais arrivée. Là, juste au moment où le bruit avait retenti, j’épaissis assez mon gaz pour qu’il vienne aux narines des dix personnes devant nous, prenant soin de murmure à mon Massy d’amour de se boucher le nez, s’il voulait qu’on avance. Et je bouchai le mien, ne connaissant que trop bien l’odeur du STINK.

- AAAAAAH ! Mais c’est dégoûtant, vous avez pété !

- La mariée a pété !

- Beeeeeurk, dégueu !

- Oh lalaaa, mais qu’est-ce qu’elle a mangé !

- Fuyez, ce doit être toxique !


Chacun y allait de son commentaire, s’éloignant autant que possible de la prétendue péteuse. Son fiancé lui-même fut choqué par les flatulences que dégageait celle qu’il aimait, et il recula. Elle tenta alors de le rattraper, alors qu’il tentait de fuir, tout en jurant l’aimer plus que tout. Je fis mine de rien, avançant tant que le trou qui se formait nous le permettait. A cette allure, avec trois pets, nous n’aurions plus que dix minutes à attendre à l’avant de la file !


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Ven 30 Mar - 19:53


Alchimie singulière
Une certaine déception naquit chez Massy lorsqu’il constata l’énorme file d’attente qui s’étendait à perte de vue devant eux. À peine étaient-ils arrivés à la mairie que leur rêve de mariage dans les plus brefs délais était mis à rude épreuve. Cependant, leur amour survivrait sans problème à cela, ce n’était pas quelques heures d’attente qui allaient ternir leur belle et unique relation. Surtout qu’ils allaient passer tout ce temps ensemble, donc ils n'allaient pas s'ennuyer, et c'était ça l'important… Malgré ces pensées, le maudit ne pouvait s’empêcher d’afficher la même mine peu enjouée. Il fallait croire que même avec toute la bonne volonté du monde, il n’arrivait pas à se convaincre lui-même que cette file ne serait qu’une formalité à passer. Toutefois, sa belle Etsu dut remarquer son trouble puisqu’elle lui fit un clin d’œil suivi… d’une disparition de sa main ? Le kangourou se frotta les yeux pour s’assurer qu’il ne rêvait pas, mais non, c’était bel et bien réel.
La main de sa fiancée était devenue tout bonnement invisible. S’en suivit alors un bruit reconnaissable entre mille et une multitude de complaintes liées à la mauvaise odeur engendrée. Tandis que la foule se dissipait, la bien-aimée du marsupial lui recommandait de se boucher le nez avant que l’odeur n’atteigne ses narines, ce qu’il fit. Tout ceci était véritablement surprenant… Alors comme ça, elle aussi avait mangé un fruit du démon ? L’Umbra ne voyait pas réellement d’explication plus plausible à un tel pouvoir. En tout cas, si c’en était effectivement un, il ne devait pas être très puissant si tout ce qu’il permettait de faire, c’était d’inciter les gens à laisser s’échapper leurs flatulences… Enfin, le fait est que cet épisode eut au moins le mérite de raccourcir drastiquement le nombre de personnes qui faisaient la queue.

-« Mon ange, tout ça est formidable et je te suis très reconnaissant d’avoir raccourci la file d’attente… » Commença le zoan, toujours le nez bouché. « Mais, qu’est-ce que c’était que ça concrètement ? Un fruit du démon ? »



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Ven 30 Mar - 22:34


Aux grands maux les grands remèdes !


Le Gasu Gasu no Mi ! répondis-je fièrement. Il me permet de générer tous les gaz que je veux, et de les contrôler à souhait ! Enfin, j’aimerais quand même en faire une utilisation un peu plus… scientifique que ça, à l’avenir. Là, je me suis servie du STINK, pour les faire tous dégager. C’est juste un gaz qui pue. Mais il en existe des tas d’autres, et même sûrement certains que je n’ai pas encore découverts !

Je lui souris, plutôt enflée d’orgueil après la réussite de mon coup. Après tout, nous étions aux devants de la file, et serions le prochain couple à être marié. Les nez de ces messieurs dames n’étaient pas très robustes, j’avais connu des personnes bien plus endurantes. Mais c’était tant mieux, après tout. Je n’avais aucune envie d’attendre, et mon cœur battait si fort qu’il devenait même urgent de nous marier, sans quoi j’aurais fini ma vie avant mes vingt ans, d’une crise cardiaque. Hors de question ! J’avais trop d’espoirs pour lâcher maintenant. Mon Massy, jamais je ne le laisserais seul.

Suivaaaaaants !sonna une voix enjouée, qu’on aurait pu croire appartenir à un enfant si l’homme dont elle provenait n’avait pas été aussi barbu et vieux.


D’ailleurs, si au son il paraissait si guilleret, son expression était le parfait opposé de son accent. Le vieillard avait de tous petits yeux, presque clos, soulignés de larges poches, signes d’un manque évident de sommeil. Il baillait souvent, et portait déjà son bonnet de nuit, prêt à aller se coucher. C’était à se demander s’il n’était pas même venu en pyjama ! Je clignai plusieurs fois des paupières, pour être sûre que je ne rêvais pas. C’était ça, le maire d’Attraction Town ?

Alchimie Singulière - Page 2 Latest?cb=20171106145007
Suripu, Maire d'Attraction Town (à l'époque)

Bon, qu’importait ! Que le vioque nous marie, c’était bien là l’important. Tremblante d’excitation, j’avançai avec Massy, si le mariage ne l’effrayait toujours pas, jusque devant le maire, comme il nous l’indiqua.

Alors, comme ça… BwwaaaAAAAAAAaaaaah… On veut se marier ?! Quelle bonne nouvelle ! Je m’occupe justement des mari… BwaaaAAAAAaaaah… ges ! J’adore mon métier ! Bon, bon, bwaaah… un peu de sérieux, les jeunes !


Un instant, il renifla l’air. Même si ma main était revenue à sa forme initiale, le gaz ne s’était pas totalement dissipé. C’était d’ailleurs étonnant qu’il ne se soit pas enfui, lui aussi, chose à laquelle je n’avais même pas pensé. Un frisson de frayeur me parcourut, lorsque son nez remua. Il ne fallait pas qu’il fuit, lui, sinon c’était fichu ! J’avais moi-même gardé mes doigts sur mon nez, pour le boucher et éviter d’avoir à supporter l’odeur du STINK.

Vous n’aimez pas cette odeur ? Je suis sûre que c’est bwaaaaah la cantine ! A midi, ce sera soupe aux choux. Le prêtre sera ravi ! Bon, désolé, désolé, je m’é-bwaaaah-loigne. Vous venez pour quoi, déjà ? Ah oui, le mari-bwaaaage ! On s’occupe que de ça, de toute façon, ici. Sinon, à quoi ça servirait d’être maire, si ce n’était pas pour bwmaaaaarier les amoureux ? Allons, allons, on va passer à la cérémonie. Vous… BwaaaaAAAAAaaaaavez les alliances ?

Les alliances ?!

Dans l’empressement, j’avais totalement oublié ! Je regardai Massy avec horreur, pensant que cette fois, ça y était, c’était fichu. Notre mariage gâché à cause de ces fichues bagues ! Comme si nous avions besoin de ça, pour nous aimer. Ce n’étaient que des bagues, l’amour était bien plus fort que deux bouts de métal. Mais le maire sembla anticiper mes craintes :

Si vous n’avez rien, ce n’est pas très grave… C’est bwaaaAAAAaaah… moins bien, mais c’est pas grave. Tenez, si vous voulez, on BWAAAAH va improviser des alliances. Mais conseil d’ami : allez en acheter bwaaaaprès dans la boutique à côté, et dites que c’est de la part de Suripu, il vous fera un prix ! Sinon… Bwaaaah…

Il farfouilla aux fins fonds de sa mâchoire, en profitant pour bailler une énième fois, et dégota un gros chewing-gum qui devait croupir là depuis un moment. Le maire se tourna bien vite, traficotant on ne savait quoi en remuant les bras – et en baillant – avant d’à nouveau nous faire face.

Voilà ! Deux bwmaaaaagnifiques alliances ! s’exclama-t-il en nous tendant deux boudins mâchés sculptés en boucles.

J'échangeai un regard avec Massy, attendant de connaître son avis pour savoir si nous devions accepter son cadeau ou retourner chercher les bagues et revenir plus tard.


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Sam 31 Mar - 16:35


Alchimie singulière
Oui, son amour avait effectivement mangé un fruit du démon, et pas des moindres apparemment… Le Gasu Gasu no mi… À la description que lui en faisait son amour, ça devait être un paramécia… Quoique l’aspect génération à volonté et le fait que ce soit techniquement un élément naturel pointaient un peu plus vers le logia. Quoi qu’il en soit, sa malédiction était bien meilleure que la sienne… Lui qui pensait passer le restant de sa vie à protéger sa bien-aimée tombait de haut. Elle était de toute évidence plus puissante que lui, alors comment, dans ces conditions, pourrait-il la préserver du danger ? Ce serait plutôt à elle de le faire en vérité… L’esprit légèrement chevaleresque du jeune épéiste en prit un sacré coup. En tant qu’homme et guerrier, c’était à lui de protéger sa fiancée, pas l’inverse ! Si jamais elle devait lui sauver la vie un jour, il ne se le pardonnerait jamais tant il serait déshonoré… Il serait probablement obligé de quitter femme et enfants pour leur épargner sa nullité accablante…

-« Non, ressaisis-toi. » Pensa-t-il. « Ça ne sert à rien d’imaginer des scénarios peu plausibles. Et puis, de toute façon, l’honneur n’est que superflu quand on a une famille, alors ne t’avises pas de tout abandonner pour ces conneries ! »

Ces quelques remontrances personnelles faites, le zoan et celle qui deviendrait très bientôt sa femme s’avancèrent au son de la voix du prêtre. Enfin, il paraissait être un prêtre vu ses apparats, mais le contraire n’aurait pas étonné le kangourou non plus puisqu’il n’y connaissait rien dans ce domaine. En tout cas, une chose était sûre et certaine : cet homme était unique en son genre. Entre sa voix bien plus aigüe que son âge ne le laisserait penser, et sa fâcheuse manie de bâiller à tout bout de champ, ce vieil homme sortait effectivement de l’ordinaire. En plus, il ne semblait pas affecté le moins du monde par l’odeur pestilentielle générée par les pouvoirs du fruit d’Etsu. Finalement, le vieillard révéla qu’il n’était pas prêtre, mais carrément maire de la ville. L’espace d’un instant, l’Umbra laissa paraître une mine quelque peu surprise. Était-ce monnaie courante à travers le monde de laisser les maires s’occuper des mariages ? Le marsupial n’eut cependant pas le temps de réfléchir à cela puisque la personne devant lui évoqua quelque chose d’essentiel : les alliances.

-« Raaaah mais quel abruti je suis ! » Ne put-il s’empêcher de s’exclamer à voix haute.

C’était le cas de le dire. Il venait se marier avec sa chère et tendre et oubliait de ramener ce qui devait symboliser à jamais leur amour éternel… Comment diable avait-il pu commettre une telle erreur ? Et plus important encore, comment pourrait-il se le pardonner un jour ? À cause de lui, tout était fini… Leur mariage était gâché ! Alors, les paroles réconfortantes du dénommé Suripu parvinrent aux oreilles de Massy. Apparemment, ce n’était pas si grave que ça de ne pas avoir de bagues sur soi, et ils pourraient toujours en acheter plus tard dans la boutique juste à côté… Un soupir de soulagement fut poussé par le futur mari d’Etsu, la cérémonie était sauve. Ne remarquant que maintenant le fait que le vieillard leur tournait le dos, le maudit se mit à le fixer avec curiosité. Quand il se retourna finalement pour leur offrir deux bouts de chewing-gum façonnés pour ressembler à des alliances, Massy eut besoin d'un petit moment pour saisir toute la situation. D’un sourire nerveux se voulant ravi, le jeune homme s’adressa à leur interlocuteur avec une voix quelque peu hésitante au départ, puis faussement enjouée :

-« Je… Euh… ne sais pas trop quoi dire... Merci pour ce beau cadeau, monsieur Suripu ! »

Bien sûr, ce n’était pas réellement agréable de se marier avec une matière collante et baveuse en guise d’alliances. Toutefois, ce vieil homme était plutôt gentil et il avait l’air si fier de son idée que le sabreur n’avait pas le cœur à refuser l’offre. Saisissant l’une des deux, l’ancien esclave offrirait l’autre à sa promise en lui chuchotant discrètement à l’oreille :

-« Je te promets qu’on achètera de vraies bagues plus tard, mais évitons de froisser les sentiments de notre hôte pour l’instant… »



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Dim 1 Avr - 21:54


Les discours ennuyants


C’est tout naturel, mon p’tiot ! répondit le vieux avec toujours autant de jovialité.


J’acquiesçai aux paroles de mon tendre, ayant bien du mal à cacher mon inquiétude. J’attrapai l’un des anneaux que nous tendait le maire, du bout des doigts. Chaque centimètre qui ne séparait plus les alliances de ma main criait « MALADIES MALADIES MALADIES ! NE REGARDE SURTOUT PAS SES DENTS ». Je regardai ses dents. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Si elles n’étaient pas noires ou tombées, elles étaient jaunes, et ne se confondaient pas avec celles qui étaient d’or. C’était un jaune âcre, qui tournait vers le marron, plutôt bien accordé aux ornements de son bonnet.

Mais heureusement, le doux visage de mon Massy étincelait tant que les dents de Suripu ne m’étaient plus d’une grande importance. J’allais me marier, bordel ! Peu importait les alliances, elles auraient pu être en toc, en plastique, en papier… en chewing-gum… Ca m’était égal ! Ca ne saurait gâcher le plus beau jour de ma vie. Je notai seulement, dans un coin de ma tête, qu’il fallait que je pense à me désinfecter les mains, une fois que tout ça serait fini.

Bien, bien, il ne faut pas faire attendre les autres. Me… bwaaaaah… mettez-vous face à face ! Ca bwvaaaaa aller très vite ! Parce qu’il faut marier tout le monde avant dix-neuf heures, on plaisante pas avec les horaires d’ouverture de la mairie.


Je m’activai, me retrouvant face à Massy s’il avait bien voulu se retourner, les joues un peu rouges. J’étais intimidée. C’était la première fois que je me mariais. Je lui souris doucement, attendant le discours du maire. Ma poitrine se soulevait régulièrement, assez rapidement, et mes mains tremblaient légèrement. Je n’avais d’yeux que pour lui, incapable de détacher mon regard de son visage. C’était étrange, cette sensation que tout allait changer du tout au tout, parce qu’on était en train de se marier. On se disait qu’on avait rencontré, le matin même, un homme, et qu’on irait se coucher avec un nouveau. Mais ce n’était que le statut, qui changeait, l’homme était le même : il était celui que j’aimais.

Nous accueillons aujourd’hui, bwaaah… Que c’est ennuyant, ces discours prémâchés ! Alors ! Moi, les enfants, je vous dis juste… Soyez heureux, ayez des bébés, aussi beaux que vous, et surtout, surtout... POM !


Sursautant lorsque le bruit retentit, je tournai le visage vers le maire, qui venait de s’endormir. Plusieurs fois de suite, mes yeux passèrent du vieux à Massy, de Massy au vieux, du vieux à la bague en chewing-gum, puis de la bague à Massy.

Rrroooooonnn… pshhhiiooouloulouloulou….


Je souris à Massy, mais c’était aussi bien moi que lui, que je cherchais à rassurer. Nous réussirions à nous marier. Après tout, ce n’était pas très grave. Ce vieux bonhomme devait être fatigué, à marier des couples toute la journée. On ne pouvait pas lui en vouloir, ni ne lui reprocher. Il aimait son travail, c’était lui-même qui le disait. Et le fâcher ne nous était d’aucun intérêt.

Tu penses qu’il va se rév…


RRRRRRRRROOOOOOOONPSHIOULOULOULOULOU !


RAAAAAAH MAIS CREVE, TU BOUSILLERAS PAS MON MARIAGE !

Je frappai la table qui nous séparait du maire du poing, juste à côté de sa tête, y mettant toute ma petite force pour le réveiller. Ce fut efficace : il releva directement la tête. Par contre, moi, j’avais un peu les larmes aux yeux. Elle m’avait fait mal, cette putain de table. Je me mordis la lèvre, caressant ma main endolorie sans manquer de plaisir.

Surtout, ne partez JBWAAAAMAAAIIIIS (là, sa voix trembla, grave comme celle d’un diable) d’Attraction Town. Le mariage est une épreuve.


Oui, on s’en est rendus compte, murmurai-je à Massy sur le ton de la plaisanterie. Même si j’étais au bout de ma vie.


Et Attraction Town saura vous aider à poursuivre votre route ensemble. Bwaaaaah… Oh, elle pleure la p’tiote ? C’est mignon ! C’est l’émotion, c’est ça ? C’est normal, après tout, on vit pas ça tous les jours. Enfin, bwaaaah, moi si, mais pas vous. Bon, bon. Petit bonhomme.


Il tourna le visage vers Massy, un grand sourire solennel l’invitant à me passer la bague au doigt, alors que je séchais mes larmes. Plus que quelques minutes, et l’épreuve serait passée. Nous y aurions survécu !

Voulez-vous prendre pour épouse la petite demoiselle, pour le meilleur et pour le pire, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?


Toute excitée, j’avais bien du mal à tenir en place, et je n’étais plus maîtresse de mon impatience. Plus que quelques minutes, quelques minutes, qui devenaient des heures ! Mais lorsqu’elles seraient passées, l’homme de ma vie serait mien.


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Alchimie singulière
Massy ne laissa pas tomber son petit sourire nerveux, le tic qu’il avait lorsqu’il mentait, tandis qu’il prenait l’anneau en chewing-gum en voulant faire semblant d’être heureux. La sensation peu agréable de la matière encore baveuse et toute chaude sur sa peau lui arracha un petit frisson. Cependant, le jeune homme tint bon pour une seule raison, la plus importante de toutes : Etsu. Elle semblait si heureuse à l’idée de se marier… Son sourire éclatant et ses yeux couleur or si pétillants suffisaient amplement au jeune homme pour être heureux. Ce n’était pas un petit détail comme ces alliances qui allait changer cet état de fait, rien ne pourrait jamais le faire, d’ailleurs. Ainsi, le bretteur ne put qu’acquiescer vivement lorsque le vieux Suripu décida enfin de commencer la cérémonie, ce n’était pas trop tôt !

En face de sa promise, le maudit ne put s’empêcher de remarquer la nervosité de cette dernière. Il aurait bien aimé la rassurer et lui dire qu’il n’y avait absolument rien à craindre, mais le fait est qu’il ne pouvait pas parce qu’il ressentait exactement la même chose. Après tout, c’était la toute dernière ligne droite… À partir de ce moment-là, sa vie changerait du tout au tout. Il ne vivrait plus pour lui-même comme il l’avait fait jusque-là, mais uniquement pour sa belle. Chaque seconde passée loin de sa douce lui serait un supplice, la moindre de ses pensées serait dédiée à elle, le but de sa vie serait désormais de combler sa femme, et il serait incapable de respirer un autre air que celui de la maudite… Littéralement. Peut-être que certains trouveraient que cela tournait à l’obsession chez lui, mais l’Umbra s’en fichait éperdument de l’avis des autres. Seuls Etsu et la famille qu’il fonderait avec elle compteraient pour lui. Au diable la liberté, au diable la piraterie, au diable son rêve, il était en passe de retrouver ce qu’il avait perdu il y a de cela six longues années et qu’il n’avait pu qu’effleurer jusqu’à maintenant : le bonheur.

À peine Suripu avait commencé son discours qu’il y avait mis fin pour donner dans l’improvisation. Ce n’était pas pour déplaire à Massy qui préférait que la cérémonie soit courte pour que lui et son âme sœur puissent commencer le plus tôt possible leur nouvelle vie. Cependant, un évènement plutôt inattendu survint avant que le vieillard n'ait pu conclure sa tirade : il s’écroula de fatigue sur son bureau. Le pauvre homme devait vraiment être exténué pour s’endormir si facilement dans un tel lieu… Toutefois, cela n’amoindrissait en rien la surréalité de la situation, comme pouvait l’exprimer Etsu via son regard qui passait sans cesse du vieux à son futur mari, sans doute pour s’assurer que tout cela était bien réel. Finalement, la bien-aimée du kangourou adressa un sourire se voulant rassurant à ce dernier qui le lui rendit sans hésitation aucune.

-« Tu penses qu’il va se rév… » Commença Etsu avant d’être interrompue par les ronflements soudain plus forts du maire.

Probablement très contrariée que son mariage soit en grande partie gâché, aussi bien à cause des fausses alliances que de la petite sieste de Suripu, la sublime créature aux yeux dorés frappa la table. Le coup avait probablement été donné avec toute la force dont disposait la présumée logia, et comme on pouvait s’y attendre, cela fut amplement suffisant pour réveiller en sursaut le dormeur. Cependant, il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu’une frêle jeune femme comme elle risquait fort de se faire mal en agissant de la sorte, et ses yeux qui commençaient légèrement à s’embuer en étaient la preuve indéniable. Ni une ni deux, Massy, qui se sentait un peu fautif pour le craquage de sa promise, se saisit de la main de sa douce et commença à la caresser dans le but de soulager un peu l’amour de sa vie.

-« Ça va mon ange ? » Demanda-t-il, l’inquiétude se lisant sur son visage. « Tu n’as pas trop mal ? »

Se concentrant de nouveau sur les paroles du maire, le maudit esquissa un sourire à la petite plaisanterie de sa chère et tendre, puis reprit son sérieux lorsque le vieux lui fit signe. Instinctivement, le zoan comprit qu’il était temps d’user des anneaux créés par le vieil homme chargé de les marier. S’arrêtant momentanément de caresser sa dulcinée, il prit la bague en chewing-gum en sa possession, puis l’enfila délicatement sur le magnifique doigt d’Etsu. C'est alors que Suripu posa la question qui allait définitivement mettre un terme au célibat du jeune homme :

-« Voulez-vous prendre pour épouse la petite demoiselle, pour le meilleur et pour le pire, jusqu’à ce que la mort vous sépare ? »
-« Non… » Répondit sarcastiquement le concerné en souriant. « J’ai fait tout le chemin depuis le MacLovald avec mon costard cravate tâché de sauce juste pour le plaisir de faire attendre les personne censées passer après nous… »

Comme sa fiancée y était allée de sa petite plaisanterie, il n’y avait aucune raison pour que Massy n’en profite pas lui aussi pour détendre l'atmosphère. Malheureusement, une pensée le fit redescendre sur terre : celle que le vieillard devant eux était peut-être un peu trop dur d’oreille pour faire la différence entre un ton sarcastique et un ton sérieux. Aussi, il n’attendit pas trop longtemps avant de donner une réponse plus traditionnelle, le tout en haussant la voix pour être sûr que Suripu comprenne :

-« Bon, plus sérieusement... Oui, je le veux ! »



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Mar 10 Avr - 22:51


Faux départ


J’échangeai un regard plein d’envie à Massy, lorsqu’il prit ma main blessée dans les siennes. Aaah, oui, j’avais mal, Mon Massy… j’avais mal. Et tout allait parfaitement bien. Je lui souris pour le rassurer, acquiesçant d’un signe de tête en réponse à sa demande.

Mais il y avait plus important : le mariage ! Enfin, Massy allait me passer la bague au doigt, si on pouvait appeler ça une bague. Peu importait les bijoux, de toute manière. Ce n’était rien devant notre amour. C’était juste pour la cérémonie, pour faire plaisir au petit vieux. C’était la moindre des choses que d’accepter sa requête. Même s’il était un peu bizarre, c’était lui qui allait nous marier.

La question avait été posée, et je n’attendais plus que le « Oui » de Massy. Mon cœur battait la chamade, comme s’il répondait déjà à ma place, avant même que le maire ne m’eut adressé la même interrogation : « Oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, je le veux ! ». Avais-je déjà désiré quoi que ce soit aussi fort ? Je n’en étais pas sûre. Ou plutôt, j’étais certaine que non. Ce n’était même plus seulement des sentiments, mon corps, mon cœur, me faisait sentir que Massy était l’homme de ma vie. Plus jamais nous ne nous séparerions, et d’ailleurs, depuis le début de la journée, nous n’avions jamais été séparés. Ca n’arriverait jamais, donc. Nous fonderions une famille ensemble. Il faudrait aussi que je le présente à ma famille. Comme Maman serait heureuse de rencontrer enfin l’homme que j’aime ! Cette rencontre était un miracle, et je ne me lassais pas de le penser : « Je l’aime, je l’aime, je l’aime, je l’… »

Non.

Mon cœur s’arrêta de battre. Vraiment. Vraiment ? « Non » ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passait ? Pourquoi « non » ? J’avais fait quelque chose de mal. Oui, c’était ça, c’était certain. Qu’est-ce que ça pouvait être ? J’avais frappé sur la table. Pas sur le vieux, sur la table. C’était pas vraiment de la violence, ça, non ? Non, c’était pas mal. Mais peut-être que pour Massy, ça l’était. Qu’est-ce que j’avais fait ?! Pauvre table ! Honte à moi, pauvre moi ! Pauvre table ! Je l’avais blessée, et ça n’avait pas plu à Massy. Pourtant, ce n’était pas grave. Il n’y avait pas de trace. Je l’avais pas tuée, cette table. Qu’est-ce que j’avais fait de mal ? C’était mal, de frapper une table ? J’étais perdue. Sans mon Massy, qu’est-ce que j’allais devenir ? Pourquoi voulait-il me lâcher ? Pourquoi maintenant ?

Si proche du mariage, il m’arrachait le cœur, il jouait comme un chat avec une souris, et ça faisait mal. C’était peut-être un problème de famille. Ca devait être ça ! Il devait descendre d’une riche famille, et moi, fille d’une petite maison d’inconnus, fille de rien, je n’étais pas digne de l’épouser. Ou pire, nos familles se connaissaient, se détestaient, et il venait de me reconnaître. Ô Massy, mon Massy ! Pourquoi étais-tu Massy ? Moi, j’étais prête à laisser tout mon passé et toute ma vie derrière moi, s’il le fallait. Tout ce que je désirais, c’était de vivre heureuse avec lui. Mais ce « Non »… ce « non »…

Bon, plus sérieusement, oui, je le veux.

Explosant en sanglots, relâchant toute la panique qui venait de me prendre, et plus heureuse que jamais, je bondis sur mon amour, le serrant dans mes bras pour l’embrasser. Je le serrai aussi fort que je pouvais, prête à rester accrochée à lui pour la vie. Sa blague ne m’avait pas vraiment fait rire, sur le coup, mais il fallait l’avouer, j’étais parfois naïve. Alors, sans pouvoir m’arrêter de pleurer, je me mis à rire de bon cœur, rassurée et pleine de bonheur.

Le petit vieux parut surpris, mais reprit bien vite sa bonne humeur naturelle, avant de lancer :

Bon, eh bien, bwwaAAAAAaahhh... on dirait que la demoiselle a déjà donné sa réponse ! Je vous déclare donc… Mari et femme ! Bonne vie à vous. SUIVAAAAAAANTS !


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Mer 11 Avr - 21:03


Alchimie Singulière
Massy n’avait jamais été très doué pour tout ce qui touchait au social ou au relationnel. Cependant, on ne pouvait pas tellement lui en tenir rigueur puisqu’il avait été élevé par un des nombreux gangs de Sabaody. En tout cas, c’était ce même manque qui l’avait conduit à faire cette plaisanterie que beaucoup n’auraient pas hésité à qualifier de mauvais goût. Si Suripu avait vraisemblablement saisi le sarcasme dont il avait fait preuve, Etsu, elle, l’avait pris sérieusement. Cela aurait sans doute brisé le cœur du jeune homme s’il s’en était rendu compte, mais forte heureusement, ce ne fut pas le cas. En effet, il avait mis les sanglots sur le compte de l’émotion. Après tout, lui aussi, ça lui faisait bizarre de savoir qu’il ne vivrait plus seulement pour lui-même et ses amis, désormais. Il aurait sans doute du mal à s’adapter dans les premiers temps, mais il ne doutait pas que cette vie était celle dont il avait besoin pour combler son vide intérieur. Oui, sa femme lui apporterait tout l’amour qui lui avait été pris en cette journée maudite d’il y a plusieurs années. À cette pensée, le maudit afficha un énorme sourire sincère lorsque sa bien-aimée le serra dans ses bras, et il lui rendit l’étreinte tout en apposant ses lèvres sur celle de sa belle dans un baiser qui scellerait à jamais leur amour éternel.

Quand vint finalement le moment de se séparer, l’euphorie du jeune homme ne baissa pas d’un iota, contrairement aux fois précédentes. La raison de cela était on ne peut plus simple : des moments comme celui-là, ils auraient toute leur vie pour en partager, le zoan en était sûr et certain. Cette certitude fut d’ailleurs renforcée au centuple lorsque son regard croisa une fois de plus celui de son épouse. Comme à son habitude, il ne put s’empêcher d’être comme hypnotisé par le spectacle qu’avaient à offrir ses magnifiques yeux dorés. Son sourire s’agrandit et il remercia chaleureusement le vieillard qui les avait mariés. Cela fait, il soulèverait délicatement son alchimiste chérie, si elle se laissait faire bien entendu, avant de lui dire d’un ton très doux :

-« Après toutes ces émotions, tu dois être exténuée… Laisse-moi te porter jusqu’à la bijouterie, mon ange, veux-tu ? Là-bas, on achètera les plus belles alliances en stock, et elles symboliseront notre bel amour… Notre nouvelle vie. »

Si elle acceptait, alors il la porterait, ou tout du moins la guiderait, jusqu’au magasin que leur avait indiqué le maire. Une fois là-bas, il poserait au sol la belle créature qui l’accompagnait puis lui laisserait le soin de choisir les bagues jumelles qu’ils porteraient pour le restant de leurs jours. Quel que soit son choix, l’Umbra l’accepterait sans broncher. Après tout, il devait bien ça à la femme de sa vie pour avoir osé oublier un objet à la valeur symbolique si inestimable. D’autant plus qu’il l’avait forcée, pas exactement mais c’était tout comme, à mettre les alliances en chewing-gum de Suripu pour ne pas froisser les sentiments de ce dernier. Une fois sortis du magasin, Massy enlacerait la main d’Etsu dans la sienne puis la conduirait jusqu’à un hôtel qu’il avait aperçu un peu plus tôt.

-« Tu sais, mon ange… » Commencerait-il devant la bâtisse. « Il y a quelque chose que je voulais faire depuis un long moment déjà… Allez, viens ! »



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Jeu 12 Avr - 22:50


Mari et femme


Tout juste chassés de la mairie, Massy m’avait pris dans ses bras, me tirant un petit cri de surprise. J’enlaçai les bras autour de son cou, déposant mille baisers dans son cou et sur ses joues, alors qu’il m’invitait à aller acheter les alliances que nous avions oublié. Si la chimiste en moi, en temps normal, n’aurait accepté que pour faire de ces bijoux des sujets d’étude, l’amoureuse, l’épouse même, que je venais de devenir accepta par amour. Ce n’étaient que des pierres, un peu de matière comme on en trouvait partout. Mais, finalement, c’était bien là notre essence d’humain, que de donner un sens ou une symbolique aux corps physiques. Si j’avais accepté, c’était uniquement par amour ; il était de notre devoir de matérialiser le passage de notre amour sur cette Terre. Les alliances nous y aideraient.

Comme prévu, nous nous présentâmes au nom de Suripu, ce qui fit soupirer le marchand. Il aimait combler les jeunes mariés, mais tout de même, ce vieux schnock, il allait finir par le faire couler, à force d’offrir des réductions à tout le monde. Enfin, ce n’était pas bien grave, tant que sa propre femme était à ses côtés, la boutique ne comptait que pour peu. Il embrassa d’ailleurs la marchande, avant que les deux ne viennent s’occuper de nous. Ils nous firent essayer diverses alliances, commençant par celles en argent. L’argent ne me déplaisait pas, esthétiquement, il était très parfait. Seulement, face à l’or, il était moins intéressant. Il s’abimait. Bon, pas vraiment, un coup de chiffon suffisait à faire s’effacer les traces d’usure, en réalité. Mais nous avions besoin d’une bague à l’image de notre couple : sans trace, sans tâche, sans usure. Jamais, de notre vie ensemble, nous n’aurions besoin de coups de chiffons ; c’était une promesse. Alors, une bague en argent, c’était impensable. Seuls l’or ou le platine pouvaient convenir. Mais le platine était trop cher, et je me refusais à ruiner mon époux alors que l’or, déjà onéreux, était parfaitement digne de notre amour. Ainsi, après une bonne heure à hésiter entre plusieurs modèles, jaugeant à la fois l’honorabilité des bijoux et leur élégance, je finis par proposer à Massy ceux qui me semblaient les plus appropriés. Deux petites alliances en or rose, dont le métal se séparait en deux bandes qui se croisaient avec élégance.

J’échangeai un regard complice avec mon tout jeune époux, l’embrassant en guise de remerciement. Je lui devais beaucoup. Mais j’avais déjà une idée de comment lui offrir un « merci » digne de ce nom, une fois à l’hôtel. En attendant de rejoindre notre chambre, nous sortîmes de la boutique, agrippant chacun l’alliance de l’autre. Je lui souris, crevant encore d’envie de l’embrasser. J’aurais pu passer ma vie entière à le faire. Je lui souris, donc, et dis d’une toute petite voix, écrasée par tout mon bonheur :

Mon amour, acceptez-vous de me prendre pour épouse ?

La réponse ayant déjà été prononcée devant le Maire, je n’eus pas besoin d’attendre de réponse pour glisser l’alliance autour de son doigt. Il fit de même, et, à nouveau, mes yeux s’humidifièrent. Décidemment, mes larmes auraient noyé toute ma journée de joie.

Quelques secondes et un baiser passés, nos doigts s’enlacèrent à la manière des deux bretelles dorées qui les ornaient, brillant de mille feux sous le soleil ensommeillé, et nous prîmes la route pour l’hôtel qui serait le nôtre pour cette soirée. Sur tout le chemin, je restai blottie contre lui, déjà prête à m’assoupir dans ses bras. Je n’attendais rien d’autre, ce soir-là, que de passer la plus merveilleuse de mes nuits. Alors, lorsqu’il m’avoua vouloir réaliser une chose à laquelle il pensait depuis longtemps, je penchai la tête sur le côté, un sourire au coin des lèvres, me demandant si nos pensées s’étaient rejointes. En tout cas, sans un mot, j’acceptai de le suivre à l’intérieur.


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Ven 13 Avr - 22:47


Alchimie Singulière
L’hôtel dans lequel le couple fraîchement marié était entré s’appelait le « Nid de Cupidon ». Comme on pouvait s’y attendre d’un établissement portant pareil nom, la décoration était totalement consacrée à l’amour, et plus particulièrement aux anges volants à couche culotte munis d’arcs et de flèches. Des statues et des fresques représentant des chérubins ou d’autres êtres surnaturels gracieux comme des fées et des nymphes emplissaient les lieux. Les employés aussi portaient des accoutrements assez peu ordinaires puisqu’ils avaient de petites ailes semblables à celles des chérubins dans le dos. Les murs et le sol d’un blanc immaculé attestaient aussi d’une grande propreté, et en cela, le maudit ne regrettait aucunement d’avoir choisi cet endroit pour passer la nuit. S’approchant de l’homme au niveau du comptoir, le bretteur réserva une chambre pour deux. Un groom vint alors pour prendre leurs bagages et pour les conduire à travers le dédale que les multiples couloirs de l’hôtel représentaient.

Une fois devant leur chambre, la numéro 315, l’employé tendit son chapeau, cherchant visiblement un pourboire que le kangourou s’empressa de lui donner. Apparemment contenté, le jeune travailleur s’en retourna à ses occupations avec le sourire, laissant le couple enfin seul à seul. À l’intérieur de la chambre, qui était décorée de la même façon que le reste de l’hôtel, Massy enleva son smoking tâché et ses chaussures puis se jeta sans attendre sur le lit. Il était confortable à souhait, c’était exactement ce dont il avait besoin pour se reposer après cette journée éreintante. Se relevant pour se mettre dans une position assise, le kangourou intima son épouse à venir s’assoir près de lui. Il lui afficherait ensuite un sourire charmeur et il commencerait d’une voix douce et chaleureuse :

-« Du coup, cette chose que je voulais faire… »



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Sam 14 Avr - 21:10
Cette chose qu'elle voulait faire


Mh ? Un monde autour de nous ? Je ne voyais que mon époux. Sa beauté, son intelligence, sa bonté, son amour, toutes ces choses qui faisaient de lui le plus merveilleux des maris brillaient tant et si bien que le reste semblait invisible. Je n’avais d’yeux que pour lui. Nous allions enfin nous retrouver ensemble, rien que nous deux et notre intimité. Et chaque marche que nous grimpions nous rapprochait un peu plus du paradis et des cieux.

Du petit homme qui nous accompagna, je ne fis pas attention ; ni des clés qu’il nous offrit pour ouvrir la porte. La seule clé qui importait, c’était celle qui avait su ouvrir mon cœur : mon cher, mon tendre, mon amour, mon Massy. Nous entrâmes dans la chambre, et mon petit kangourou chéri ne tarda pas à s’étaler sur le lit, sûrement épuisé après une telle journée. Je devais m’avouer que la fatigue commençait à me prendre aussi, mais mon devoir de toute jeune épouse n’était pas tout à fait terminé. Pourtant, avant même que je ne puisse me préparer, il m’invita à le rejoindre sur le grand lit. Je satisfis sa demande, m’installant tout près de lui alors qu’il prenait la parole :

Du coup, cette chose que je voulais faire…

Je déposai mon doigt sur ses lèvres, l’interdisant de continuer, pour lui faire comprendre qu’il me semblait avoir compris. Mais je n’étais pas prête. Pas tout à fait.

Je vais me débarbouiller un peu, avant, lui soufflai-je avant de glisser un baiser dans son cou.

Et je me relevai, bondissant sur la pointe des pieds jusqu’à la salle d’eau qui accompagnait la chambre. Là, je jetai un peu d’eau fraîche sur mon visage, tapotant mes joues en m’observant dans le miroir. Tu es belle, Etsu, tu es belle ! Puis, pour en être sûre, j’ouvris la bouche en serrant les dents, histoire de vérifier qu’aucun bout de salade ne traînait sur mes petites quenottes. Rien à signaler ! Je tirai ma tête hors du mur qui séparait la pièce d’eau de la chambre, souriant à mon Massy en attrapant l’un des sacs de notre précédent shopping, que le laquais avait montés. Je me déshabillai sans attendre pour enfiler l’une des tenues neuves, admirant le résultat. Pas mal ! Mais il manquait un truc, un petit détail, la cerise sur le gâteau ! Je m’observai, me dévisageai dans le miroir, cherchant ce petit quelque chose qui changerait tout. Pas de bouton ? Non. Aucun poil de sourcil naissant ? Non. Pas de crotte de nez au bout des narines ? Non. Et les dents, c’était déjà vérifié… Alors, c’était les cheveux. Oui, les cheveux ! Du bout des mains, j’ébouriffai ma crinière rose, pour lui donner un peu de volume, de folie, de bestialité. J’admirai le résultat. Parfaite !



Si Massy n’avait pas bougé, il pourrait me découvrir sortant de la salle d’eau dans une petite nuisette rose pâle, dont le tissu délicat et la fine dentelle ne laissaient aucune place à l’imagination. Pour mettre en scène mon entrée, j’étendis un bras contre le mur, m’appuyant de mon long dessus, en lui souriant. Les aisselles sont épilées ?! Oui, oui, elles le sont. Je me statufiai, silencieuse, prenant la pose pour lui laisser le temps d’apprécier le résultat.

Après quelques secondes, sans un mot, je m’approchai de lui, les courbes de mon corps ondulant à chacun de mes pas, mes pieds nus caressant le sol pour rejoindre mon amour. M’arrêtant tout en délicatesse, face à lui, j’abaissai le buste, une teinte rose coloriant mes joues alors que mon cœur recommençait à s’emballer. Je glissai un doigt sous son menton pour attirer ses lèvres vers les miennes, et y abandonner le baiser de sa vie. Durant quelques secondes, je lui offris mes jolies charnues, jouant avec les siennes, y laissant une petite bêtise. Puis je me détachai de lui, pour sussurer à son oreille :

Du coup, cette chose que tu voulais faire ?

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Sam 14 Avr - 23:53


Alchimie singulière
Avant que Massy n’ait pu aller au bout de sa pensée, le joli doigt de sa chère et tendre vint se poser sur ses lèvres, le faisant taire. Apparemment, elle voulait faire une petite pause pour se refaire une beauté, quelque chose que le jeune homme pouvait très bien comprendre. Après tout, s’il se permettait de faire patienter son épouse plusieurs minutes avec sa micro-sieste, elle pouvait très bien en faire de même avec la salle de bain. N’est-ce pas ? De plus, ça laissait un peu plus de temps au maudit pour définir la façon dont il allait aborder le sujet qui lui tenait tant à coeur… C’était d’une importance capitale pour le bon fonctionnement d’un couple, et sa timidité légendaire ne manquerait pas de refaire surface au moment de sa demande… Ce serait bien dommage de gâcher ce moment magique, le seul qui leur permettrait de réellement se connaître, non ? Lorsque sa bien-aimée sortit de la salle d’eau pour récupérer ses vêtements, l’épéiste aux pupilles particulières laissa sa réflexion de côté un temps pour lui rendre son sourire. Etsu avait l’air si heureuse, si radieuse, à l’idée de se débarbouiller un peu… Elle devait vraiment aimer l’eau, ce qui était d'ailleurs quelque peu paradoxal pour une personne maudite par les flots. Enfin, tout le monde avait son petit péché mignon, c’était la conclusion à laquelle était arrivé le kangourou avant de replonger dans ses pensées.

Quelques instants plus tard, un événement pour le moins inattendu survint, sonnant l’état d’alerte maximale dans la petite caboche du jeune marié qui rougit instantanément. Etsu, celle qu’il chérissait le plus au monde depuis un peu plus d’une demi-journée, avait enfin fini sa petite pause. Jusque-là, on serait tenté de se dire qu’il n’y avait rien de spécial pouvant mettre le zoan dans un tel état, mais si, il y avait bel et bien un détail quelque peu étonnant chez la mariée. Elle était vêtue d’un habit à la fois moulant et transparent. En d’autres termes, madame Umbra était quasiment nue. Si le sabreur avait déjà eu l’occasion de la voir en plus petite tenue que ça, c’est-à-dire avec zéro vêtement, cela n’en restait pas moins très gênant pour lui, jeune novice qu’il était dans cet art plus communément appelé l’amour. C’est donc instinctivement qu’il se cacha les yeux pour éviter de voir le corps si parfait de sa dulcinée. Toutefois, il fut pris d’un doute assez rapidement. Pourquoi paniquait-il ainsi ? N’était-ce pas normal pour un couple que de s’aimer de manière un peu plus… physique ? N’était-ce pas même la première chose que deux jeunes mariés étaient censés faire à leur nuit de noces ? Les réponses venaient dans cet ordre : pour rien, si, et si. Le problème venait bel et bien de lui, donc, et c’est avec une certaine réticence qu’il baissa ses mains pour contempler celle qui allait désormais partager sa vie.

Tandis qu’Etsu étendait son bras contre un mur en souriant, Massy lui rendit son sourire sans perdre la couleur rouge tomate qui caractérisait sa gêne. Alors, les yeux du jeune homme s’attardèrent, à la grande surprise du kangourou, sur le corps de cette sublime créature qu’il avait épousé. Jusque-là, l'épéiste n’avait fait qu’imaginer la perfection du corps de cet être qu’il avait d’abord pris pour une véritable déesse vivante. Mais maintenant, il pouvait réellement étudier l’enveloppe charnelle de cet ange descendu du ciel pour lui apporter le bonheur dont il rêvait tant. Des pieds jusqu’à la tête, rien ne paraissait disproportionné, la femme de l’Umbra était véritablement aussi parfaite qu’elle en avait l’air de prime abord. La jeune mariée laissa alors tomber sa pose pour s’avancer vers son mari qui était désormais comme hypnotisé par les courbes de son épouse. Cette dernière s’arrêta gracieusement devant lui et apposa délicatement ses lèvres sur celles du bretteur, lui offrant le baiser de sa vie, un baiser qui n’avait absolument rien avoir avec ceux auxquels ils s’étaient adonnés en public. Cependant, lorsque sa chimiste d’amour mit un terme à ce moment si intense pour lui susurrer quelques mots à l’oreille, le maudit ne put s’empêcher de paniquer. D’un côté, il ne devait pas perdre de vue son objectif premier. De l’autre, il avait tellement envie d’aller plus loin, d’assouvir les pulsions qu’il découvrait à peine pour la première fois, de faire plaisir de toutes les manières possibles à l’être tant aimée... C’est donc avec une grande hésitation - et préciser cela relève ni plus ni moins que de l’euphémisme - qu’il répondit à sa douce en détournant le regard :

-« T-t-t… euh… C-c-ce-cette…. ch-chose… euh… k-k-k… d-dont… euh… qu-qu-que j-j-j’ai… év-évo… évoqué… E-e-en fait… euh… »

Massy s’arrêta de parler quelques instants, inspira profondément, et bondit hors du lit avant de faire une longue série de pompes. Cela fait, il reprit son souffle, puis continua le fond de sa pensée sur un ton plus serein, et surtout plus compréhensible, tout en regardant cette fois-ci son amour dans les yeux :

-« Du coup… Je me disais qu’on pourrait… euh… discuter de choses un peu… intimes… Je veux dire personnelles… Tu vois ? Le genre de choses qu’on… euh… ne peut pas évoquer en public… Par exemple… nos enfants… euh… Enfances ! Enfances ! Enfances ! J-j-je… euh… j-je voulais dire enfances… Sinon, euh… on pourra faire tout ce que tu veux après... hein. Au… au fait ! Il y a une… euh… question que je me pose depuis un certain temps… Quel est ton nom de jeune fille ? Je veux dire… Tu ne t’es jamais présentée sous un autre nom qu’Etsu… qui est au passage un prénom magnifique qui te va à ravir, mon ange ! »

Alors que le maudit attendait une réponse de sa bien-aimée, il fut pris de bouffées de chaleur. Il avait dû faire un effort surhumain pour faire cette simple demande sans trop balbutier, ce qu’il avait modérément réussi. Il était donc plutôt épuisé, mais ce qui était réellement à l’origine de ce sentiment oppressant, c’était que son amour était toujours en petite tenue alors que lui… Eh bien, il était toujours habillé. En un sens, ça ne devait pas trop la mettre à l'aise, ça… Prenant son courage à deux mains, le jeune marié décida de se dévêtir lui aussi pour être sur un pied d’égalité avec celle qu’il aimait. Il commença donc par déboutonner sa chemise qu'il enleva assez maladroitement. Ensuite, vint le tour du t-shirt qu’il portait dessous, permettant ainsi à Etsu d’avoir une vue d’ensemble sur la musculature innatendue de son mari pourtant si svelte. Cependant, ce qu’elle ne manquerait sans doute pas de remarquer aussi, c’étaient les multiples cicatrices qui parcouraient tous le corps du jeune homme. Si elle s’y attardait un peu, elle pourrait constater que la majorité d’entre elles étaient dues aux morsures du fouet. Après avoir enlevé son dernier vêtement, c’est-à-dire le pantalon, l’ancien esclave irait s’assoir une seconde fois sur le lit et inviterait encore sa dulcinée à prendre place à ses côtés.

-« Je… Je m’suis dit que ce ne serait pas très juste si tu étais la seule en sous-vêtements… Héhéhé. » Dit-il, son petit rire témoignant de sa gêne. « Je dois t’avouer que… c’est la première fois que je me déshabille devant une fille… »



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Sam 26 Mai - 19:20
Des cicatrices


Tout pur, tout intimidé, tout rouge qu’il était, Massy, prit de panique, bondit sur le sol pour faire quelques pompes. D’abord surprise, j’écarquillai les yeux, mais ne manquai pas de me rincer les yeux sur le corps musculeux et svelte de mon époux. Quel homme, ce Massy ! Surprenant, c’était vrai, mais désirable. C’était lui tout entier, avec ses muscles et son manque de confiance, que j’aimais. Un homme comme on en faisait plus. D’une humanité sans nom.

Du moins, il ne tarda pas à me refroidir un peu. En bégayant, certes, mais quand même… parler de nos enfants ? Enfances ? En plein acte… ? Monsieur Massy Umbra… Aimeriez-vous un peu trop les enfants ? Seriez-vous un gros dégueulasse ? pensai-je sans oser poser la question, trop apeurée de la réponse. Mon amour était sans faille, et j’imaginais que rien ne pourrait le briser, mais quand même, là… ça devenait bizarre. Enfin, plus il s’enfonçait dans ses dérives dégoûtantes, plus mon sourire s’affaissait. Fort heureusement, la bonne idée de le laisser finir, ou seulement le fait que je restais moi-même bouche bée face à de telles obscénités, me laissa comprendre qu’il n’était rien de tout ça. Il voulait qu’on en parle avant ! Ah, comme j’étais rassurée ! Euh… attends… avant, comme pour se chauffer ? Non, l’homme que j’aimais était définitivement bizarre. Même plus que bizarre ! Y avait-il au moins un mot pour décrire son insanité ?

Et cette fois, lorsqu’il finit pour de bon, je m’exclamai :
 
Oooooooh, mais NOTRE enfance ! Fallait le dire plus tôt ! J’ai eu su-per-peur.


Je soupirai de soulagement, mon sourire naturel m’étant rendu par cette nouvelle rassurante : mon homme n’était pas un pervers. Oui, je lui souriais, comme tout le temps, le dévorant du regard, sans un mot. Silencieuse. Parce que, quand même, sans question me faisait chier. Pourquoi est-ce que ça l’intéressait ? L’important, c’était de savoir que maintenant, j’étais Etsu Umbra. Enfin, allez savoir pourquoi, il voulait connaître mon nom de jeune fille. Je détachai mes yeux des siens, pensive, tournant la tête vers la fenêtre de notre chambre.
 
Je m’appelle Etsu…

Ando. Ogawa. Ando. Ogawa.

Ogawa, c’était le nom que j’avais pris peu de temps après m’être installée avec lui. Ogawa, c’était le nom de mon Maître. On vendait surtout des armes, avec lui. Il m’a appris tellement de choses. J’avais pris son nom parce que toutes les raisons étaient bonnes de le faire. Si je m’attirais des ennuis, avec la Marine ou n’importe qui d’autre, personne ne ferait le rapprochement avec ma famille. Ogawa, c’était une sécurité. Et puis, c’était un peu une preuve que j’étais avec lui, que j’irai jusqu’au bout du monde avec lui, s’il le fallait. Ogawa, c’était ma détermination. Et peut-être que je l’aimais bien… Un peu plus que bien ? Pfff, n’importe quoi. Ce type avait voulu me tuer. Comment pouvait-il me manquer ? Comment je pouvais penser l’avoir… ? N’importe quoi. Même de son vivant, c’était un con, de toute façon.
 
… Ando.

Mon visage se retrouva à nouveau vers celui de Massy, balayant l’air comme mes paroles. Je le découvris nu comme un ver. Du moins, à moitié, parce que son ver, lui, n’était pas encore sorti. Mais ce n’était pas ce qui m’avait le plus surprise. Des cicatrices, qui se comptaient peut-être par dizaines, recouvraient son torse et son dos. Je les caressai du regard sans rien dire, sans comprendre non plus. Massy finit de se déshabiller, mais il me semblait qu’avant de poursuivre, c’était à moi de poser les questions. Sans lui répondre, je demandai :
 
Comment tu t’es fait tout ça ?


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Dim 27 Mai - 20:59


Alchimie singulière
Massy fut quelque peu étonné de l’hésitation d’Etsu à donner son nom entier. Elle agissait comme s’il venait de lui demander la réponse à une question des plus cornéliennes. Qu’est-ce qui pouvait donc tant la gêner ? Attendez… Au magasin des deux escrocs… Elle n’avait pas hésité ne serait-ce qu’une seule seconde à voler les habits qu’on lui proposait… Et si… Et si elle était une criminelle recherchée ? Oui, ça expliquerait pas mal de choses maintenant qu’il y pensait. Non, quoi ? Que venait-il de penser à l’instant ? Était-il stupide ou bien le faisait-il exprès ? Jamais une fleur si fragile et délicate que sa bien-aimée ne pourrait commettre un acte assez horrible pour se voir affublée d’une prime. D’eux deux, il était le plus proche de ce qui s’apparenterait à un hors-la-loi. Il avait envoyé si pieds sous terre bon nombre de personnes. Aussi, il lui était souvent arrivé de combattre la marine et la noblesse de West Blue, avec et sans masque. Maintenant qu’il y pensait, c’était un miracle que sa tête ne soit pas déjà placardée au détour d’une ruelle avec un « Dead or Alive » et quelques petits millions de berrys en-dessous. Mais alors, pourquoi sa femme hésitait-elle à lui révéler une information aussi anodine ? Finalement, l’élue de son cœur se décida à transmettre au bretteur l’information qu’il désirait.

-« Ando… » Répéta-t-il, contemplatif. « Ce nom est aussi joli que toi, mon ange, mais ça ne devrait plus m’étonner à présent. »

C’était un fait, madame Umbra - ça faisait bizarre à Massy de penser à elle comme ça - était ce qui se rapprochait le plus de la perfection. Des yeux d’or, des cheveux uniques, un visage emprunt d’une beauté certaine, une intelligence rare, une grâce féerique, une gentillesse plus à démontrer,… La belle Ando ne souffrait d’aucun défaut, à part peut-être une toute petite riquiqui propension au vol. Certains auraient pu penser que ce dernier point était incompatible avec la bonté d’âme de la maudite ayant volé le cœur du kangourou, mais c’était on ne peut plus faux. Elle prouva d’ailleurs cela en s’attardant sur les nombreuses cicatrices parsemant le corps de son époux. Le regard de ce dernier s’assombrit soudain alors que des flashs de son ancienne vie lui repassaient en mémoire. L’Umbra n’avait jamais pu totalement oublier l’année passée à servir Arios, et cela quand bien même il s’était efforcé de le faire. Il détestait donc par-dessus tout les vestiges de cette période horrible qu’il voulait à tout prix enterrer au fond de son subconscient et ne supportait pas qu’on lui en parle, même brièvement.

Pour autant, le bretteur n’allait pas s’énerver ou répondre de façon acerbe, comme il en avait l’habitude. Après tout, il était en présence du nouveau rayon de soleil de sa vie, et puis… À la base, il était celui qui avait eu l’idée saugrenue de se déshabiller pour mettre à l’aise son interlocutrice. Sa tactique avait visiblement fonctionné du tonnerre si on en jugeait par la mine troublée de sa dulcinée… Il était vraiment un piètre mari, n’est-ce pas ? Cela faisait à peine quelques heures que la logia et le zoan se connaissaient. Pourtant, ce dernier avait réussi l’exploit de brûler l’amour de sa vie ainsi que de la mettre dans une position aussi désagréable… N’était-il donc pas en mesure de faire quoi que ce soit sans blesser ses proches directement ou indirectement ? Était-il donc condamné à faire souffrir son entourage par sa simple présence ? Le jeune homme manqua de verser des larmes, mais il réussit à s’en retenir. Il ne pouvait pas laisser paraître sa faiblesse devant celle qu’il aimait, c’était impensable. Que penserait-elle de lui si jamais il se mettait à pleurer comme une madeleine sous ses yeux ? Et que penserait-elle en apprenant son passé plus que… pitoyable ? Et si elle le considérait comme faible ? Et si elle décidait qu’il n’était plus digne d’être son mari ? Et si… elle ne l’aimait plus ? Avec toutes ces interrogations en tête, Massy ne put trouver en lui le courage de répondre sincèrement à la question. Le pirate ne pouvait cependant pas mentir à un être aussi bon et magnifique que sa femme. Il en arriva donc naturellement à une conclusion à la fois simple et efficace : il n’avait qu’à donner une demi-vérité à son épouse.

-« Ce… Ce n’est rien. » Répondit-il avec le sourire nerveux qui caractérisait ses mensonges. « Ce sont des cicatrices de mes anciens combats… Là, tu peux voir la fois où je me suis fait empaler par une pique sortant comme par magie du sol. Et là, ce sont les marques de griffes laissées par un homme diable de Tasmanie primitif. »

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les dires du kangourou n’étaient en rien un mensonge. La première cicatrice, ressemblant vaguement à une spirale, avait effectivement été causée par une des lances de l’ancien roi de Maniralie, maudit de son vivant. Quant aux marques caractéristiques laissées par un coup de griffe, elles étaient véritablement la preuve de son combat contre un homme primitif ayant mangé le Yutai Yutai no mi : Modèle diable de Tasmanie. Même certaines des marques de fouet étaient le résultat de son combat contre son ancien maître lors de l’attaque des pirates Freewill. Cependant, malgré la véracité des faits évoqués, le jeune marié ne pouvait s’enlever de la tête l’idée qu’il n’était pas honnête avec celle qui allait partager avec lui chaque moment de sa vie. C’était donc pour ça que son tic s’était manifesté quand bien même il ne mentait techniquement pas.



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Massy Umbra
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Mar 29 Mai - 17:55
Qui es-tu ?


Au fond de moi, il y avait la tigresse, qui s’écriait : « Quel guerrier ! ». Après tout, l’homme belliqueux était excitant, car puissant et conquérant. Pourtant, allez savoir pourquoi, ça m’avait un peu refroidie. L’amour, sûrement. L’amoureuse que j’étais ne souhaitait que le bien-être de son époux. Et puis, il y avait l’humaine. Depuis toujours, ma mère, comme mes grands-parents l’avaient fait avec elle, m’avait inculqué quelques principes de vie simples, mais essentiels : l’importance de prendre soin les uns des autres. C’était, d’après ma famille, la base du vivre ensemble. La santé et le bonheur de chacun faisait ceux du groupe. Et, ce précepte, s’il devait être appliqué avec tous, l’était naturellement avec ceux que l’on aimait. Alors, voir mon Massy tout abîmé, ça m’avait un peu attristée. Je voulais prendre soin de lui, qu’il aille bien, et que plus jamais ni piques magiques, ni diables de Tasmanie-garou ne s’en prenne à lui. Surtout, ce n’étaient pas les seules cicatrices qu’il avait. Et je n’avais beau rien savoir des secrets du cerveau et des pensées, il me semblait que ces marques-là n’étaient que l’habit de blessures plus profondes.
 
Et les autres ? demandai-je en osant à peine les caresser du bout des doigts.

Je repensai au cauchemar qu’il avait fait, dans l’après-midi. Il m’avait dit que tout allait pour le mieux, et j’avais bien voulu le croire. Pourtant, son corps scarifié semblait signifier le contraire. Et mon bien-aimé avait beau se vouloir rassurant, quelque chose clochait, c’était certain. Massy ne me disait pas tout. Chacun pouvait avoir ses petits secrets, c’était normal. Mais ceux de Massy n’avaient rien de petit. On n’avait pas de stigmates de ses petits secrets ; on n’était pas hanté par ses petits secrets.

D’où viens-tu, Massy ? Qu’as-tu vécu ? Qui es-tu ?

Mon regard passa du sien à son corps. Je ne pouvais pas décoller mes yeux de ces blessures. Leur mystère était presque hypnotique. Mes pupilles parcouraient le chemin que les cicatrices paraissaient dessiner, comme si elles me donneraient une réponse, un indice, avant même que Massy n’ait parlé. Mais tout ce qu’elles semblaient vouloir dire, c’était qu’il cachait la vérité derrière son sourire et la fierté de ses combats.

Ce n’était qu’après l’avoir épousé que je réalisai ne rien connaître de lui. Pourquoi refusait-il de tout avouer ? Après tout, j’étais sa femme. Il était normal de me raconter ce genre de choses, qui, c’était certain, ne relevaient pas du détail. Et s’il ne voulait pas le faire, je connaissais mille façons de persuader un homme. Pour ne pas commencer trop fort, je redressai la tête vers lui, changeant mes yeux doux en un regard sévère. Je fronçai les sourcils, fermai les poings contre mes hanches ; et s’il avait osé bégayer, ou même ne pas daigner répondre, je lui lançai :
 
Monsieur Massy Umbra. Si vous m’aimez, vous devez me dire toute la vérité !

Un chantage classique, mais qui, je l’espérais, suffirait à convaincre le grand cœur tendre qu’était mon petit Massy.


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Mar 29 Mai - 20:28


Alchimie singulière
La réponse sommaire du jeune homme ne réussit visiblement pas à calmer la curiosité de son épouse. Les mots de cette dernière et ses doigts, caressant les vestiges du cauchemar qu’il avait vécu, étaient tant de lames acérées qui venaient assaillir la psyché du kangourou. Certes, Etsu ne pensait certainement pas à mal en insistant de la sorte, mais elle devait comprendre que le passé était parfois trop douloureux pour être remué. C’était-là le fond de la pensée du pirate qui suait à grosses gouttes sous l’effet du stress. Dans un ultime effort de se soustraire à cette oppression mentale exercée sur sa personne, le maudit se releva d’un bond et s’éloigna de quelques pas de sa bien-aimée. Alors, le ton de la jeune mariée se fit plus sec, plus autoritaire. Elle mettait son époux dans une situation plus que délicate qui ne manquait pas de le tourmenter. Il était face à un choix cornélien qui, à son sens, relevait de choisir entre la peste et le choléra, rien que ça. Ce dilemme, semblant plutôt banal à première vue, consistait en fait à se décider entre l’amour de sa vie et son plus grand secret. Normalement, le zoan n’aurait pas hésité une seule seconde à choisir l’être tant aimé, mais le fait est qu’à ses yeux, il était bloqué quelle que soit sa décision.

Si jamais il décidait de ne pas lui dire la vérité, sa dulcinée le laisserait tomber - à raison - comme une vieille chaussette. Cependant, s’il s’avisait de lui révéler son passé aussi tragique que pitoyable, il ne faisait aucun doute que sa belle comprendrait à quel point il était faible, en fin de compte. Dès lors, rien ne l’empêcherait d’aller chercher un meilleur parti, un autre homme plus fort et plus beau… Quelqu’un qui la méritait vraiment, en somme. Alors, que devait-il choisir ? Tout lui raconter ! Non, c’était stupide. Trouver un bon mensonge ! Pff, ça ne tiendrait forcément pas la route… Zapper tout le passage de son histoire sur l’esclavagisme ! Impossible, ça ne répondrait pas à la question de base. Changer de sujet ? Non, Etsu pourrait le prendre mal, et puis aucune chance qu’elle oublie aussi facilement. Que faire ? Que faire ? Le maudit se mit à suer encore plus qu’auparavant. Que faire ? Que faire ? Le bretteur entreprit de se gratter frénétiquement la tête comme pour créer une voie de fuite à son esprit et le libérer de cette question cruelle. Que faire ? Que faire ? Le musicien commença à se tordre dans tous les sens, en proie à une douleur imaginaire, et à scanner son environnement à la recherche d’une échappatoire. Que faire ? Que faire ? Des larmes embuaient désormais la vue d’ores et déjà troublée de l’homme torturé. Que faire ? Que faire ? Que… faire ?

-« RAAAAAAAAAH ! » Hurla-t-il rageusement avant de s’engouffrer à une vitesse phénoménale dans la salle de bain, le seul refuge qu’il ait pu trouver.

Le violent claquement de la porte résonna alors dans toute la pièce suivi du bruit caractéristique d’un verrou enclenché. Massy s’adossa contre la porte en bois sculpté et se laissa glisser le long de cette dernière, finissant au sol dans une position assise. Ses coudes se placèrent sur ses genoux tandis que sa tête vint se reposer entre ses mains. Réprimant quelques sanglots, l’ancien esclave s’invectiva intérieurement pour sa faiblesse, se traitant de tous les noms d’oiseaux qui lui venaient à l’esprit. Oui, il était un minable doublé d’un lâche de la pire espèce… C’était un fait indéniable. Quelqu'un comme lui ne méritait pas une véritable déesse vivante telle que la belle Ando. Comment avait-il pu espérer un traître instant que ça pouvait coller entre eux deux ? Bien d'autres questions affluèrent en continue, malmenant encore plus sa psyché.

Heureusement, le calme environnant des lieux fut une véritable bénédiction pour le guerrier meurtri par les moments les plus noirs de sa vie. En effet, ce silence relatif lui permit de regagner peu à peu la raison alors que son esprit écartait au fur et à mesure les fantômes du passé. Toutefois, alors que le kangourou n’était plus qu’à deux doigts de retrouver son sang-froid, une conclusion des plus terribles s’imposa à lui : il venait de faire montre d’un manque d'une faiblesse certaine. Qu’allait donc penser Etsu de lui ? Allait-elle accepter de supporter la présence d’un tel pochtron pour le restant de ses jours ? Ces interrogations entêtantes, terrifiantes, horribles, cruelles, n’en finissaient pas de torturer encore plus le pauvre garçon. Enfin, il ne put plus contenir ses larmes qui commencèrent à couler timidement le long de ses joues. C'était terminé. Par ses actions, il venait de condamner à jamais le chemin qui le mènerait vers le bonheur qu'il désirait depuis tant d'années.

-« Quel idiot… » Se maudit-il à voix haute, cette fois. « J’ai tout gâché… Etsu ne voudra jamais d'un lâche comme moi, maintenant, c’est évident. »



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Bravo, tu as cassé Massy. J'espère que t'es fière de toi Mad
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Mar 29 Mai - 21:32
Heureux


Malgré mes doutes sur le passé tumultueux de Massy, j’avais peut-être pris trop à la légère les conséquences de son vécu sur mon amour. La curiosité me piquait, c’était certain ; mais plus que cela, j’avais voulu faire bien. Et je lui avais fait mal. C’était en tout cas ce que laissait entendre son cri, suivi du claquement de la porte. Et moi, j’étais là, plantée au milieu de la pièce, à demi-nue, saisissant à peine ce qu’il venait de se passer. D’abord immobile, il me fallut quelques secondes pour réaliser que Massy venait de me fuir. Je remuai la tête comme pour revenir à la réalité, avant d’avancer vers la porte de la salle d’eau. Là, j’appuyai mon dos contre la porte, prenant autant de soin que possible pour ne pas faire de bruit. Peut-être m’entendrait-il quand même. Je glissai jusqu’à ce que mon derrière touche le sol, les genoux fléchis, croisant mes bras sur ces derniers. Je penchai la tête en arrière, pour poser mon crâne contre la porte.

Je jetai un coup d’œil vers la fine fente qui séparait le sol de la porte, tandis que la pensée de m’y infiltrer pour rejoindre mon tendre me traversait l’esprit. Une bonne idée ? Rien n’était moins sûr. J’attendais quelques secondes, pensive, me sachant parfaitement coupable. J’avais réveillé ses vieux démons. C’était involontaire, mais c’était fait. A présent, je devais l’aider, pour me racheter, et pour lui. Pour qu’il aille mieux. Pour qu’il aille bien. Et lorsque le temps me parut trop durer, je murmurai, de l’autre côté de la porte :
 
Mon Massy, je sais que tu m’aimes. Je le pensais pas, c’était juste…

Pour rire.

 
Bête. Pardon.

Je me tus un instant, sans forcément attendre de réponse. En cet instant, j’avais plus que tout peur qu’il m’en veuille. Et s’il ne m’aimait plus ? Parce que j’insistais trop, parce que j’étais indiscrète, pas très fine dans tout ce que je faisais. J’étais un peu brute de décoffrage, mais c’était pas de ma faute : les idées filaient si vite dans ma tête que j’avais peine à les attraper, et bien souvent, elles sortaient de ma bouche avant d’être passées par le cerveau. Pas de ma faute, pas de ma faute… Comme si c’était celle de Massy ! Bien sûr, que c’était de ma faute. Et c’était pour ça que je devais me rattraper.

Je ne savais pas quel mal habitait mon bien-aimé, et il refusait de me le dire. C’était trop dur, pour lui. Pouvais-je imaginer le tiers de ce qu’il ressentait ? Ou était-il trop sensible ? Peu importait que ce soit l’un ou l’autre. Massy était ainsi fait, et je l’aimais de cette manière. Je devais l’aider à passer outre ses cauchemars, je devais l’aider à les vaincre, à être heureux. Je n’étais pas faite pour les discours. Depuis toujours recluse dans mon laboratoire, les seules personnes avaient qui j’avais eu affaire étaient des clients, et les seules argumentations que j’avais eu à leur présenter tenaient de la stratégie commerciale. Tout ça, c’était du boulot. J’étais pas asociale, pourtant. J’aimais le monde, parler, rire, et plus encore, avec ceux et celles que je rencontrais. Mais je n’avais pas été habituée à soigner les maux du passé. Jamais de ma vie je n’avais été exposée à un tel mal-être. Jamais. Sauf à Ogawa. Pour d’autres raisons, c’était vrai, mais d’une certaine manière, dans la situation actuelle, je ne pouvais m’empêcher d’y repenser. Et je refusais de laisser partir Massy. Je devais l’aider. Sans oser insister pour qu’il me raconte ses mésaventures, bien que persuadée qu’il s’agissait de la meilleure chose à faire, je pris à nouveau la parole :
 
Je ne sais pas ce qu’il se passe, mon amour... Je peux pas te dire de juste plus penser à ce que tu as vécu, ou de tourner la page.

De toute façon, c’est pas possible, de tourner la page. On est marqué à vie par notre passé.
 
Je ne te demande pas de fuir non plus, mais… Fais-moi confiance. On pourrait s’en aller, loin, tous les deux. Et puis, on vieillirait ensemble, avec que des bons souvenirs. De si bons souvenirs qu’ils battraient tous les mauvais. Il faudra attendre, ça ne viendra pas tout de suite, c’est sûr… Mais si tu m’aimes, et si je t’aime, tu pourras te retourner en n’ayant plus peur, en n’étant plus triste.

Je savais pas trop où je voulais le mener, avec ce discours. C’était un peu bancal, et je n’étais pas sûre d’être très convaincante. Autant aller à l’essentiel :
 
Je veux que tu sois heureux.


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Tu devrais avoir honte, Massy.
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Mer 30 Mai - 1:39


Alchimie singulière
Dans une position peu glorieuse, le regard sombre, l’esprit embrumé par le doute et la peur, Massy faisait franchement peine à voir. Alors qu’il était bien parti pour se morfondre de plus belle, les paroles réconfortantes de sa chère et tendre résonnèrent à travers la porte. D’abord, ses excuses on ne peut plus sincères si on en jugeait par le ton doux et inquiet de la jeune femme. Ensuite, un long silence marquant sans doute un moment de réflexion chez son épouse. Finalement, cette dernière reprit la parole pour exprimer son incompréhension et son soutien vis-à-vis de son mari. Les mots d’Etsu… Ils étaient emplis d’une telle sincérité et d’une telle gentillesse qu’ils ne purent que toucher l’ancien esclave. Ce dernier se releva, écoutant avec intérêt la proposition de sa bien-aimée. Puis, vint le coup de grâce, l’ultime attaque portée aux sentiments si contradictoires du kangourou :

-« Je veux que tu sois heureux. »

Séchant ses larmes et prenant son courage à deux mains, il déverrouilla la porte avant de l’ouvrir. Ce geste conduisit la belle aux cheveux roses, jusque-là appuyée contre le bout de bois sculpté, à tomber sur le dos. L’Umbra, sans trop réfléchir, se baissa quasi instantanément et attrapa sa dulcinée pour l’empêcher de rencontrer le sol froid et humide de la salle d’eau. Il fallait croire que même dans ses moments de doute, le maudit savait garder de bons réflexes. Aidant l’amour de sa vie à se relever, il s’excusa prestement :

-« Désolé de t’avoir causé tant de souci… »

Une fois que le jeune couple fut debout, ils se firent face. Enfin, façon de parler puisque Massy détourna très rapidement le regard. Un petit silence assez gênant s’installa alors une ou deux minutes avant que le kangourou ne le brise :

-« Et si nous allions nous assoir ? J’en profiterais pour… tout te raconter. »

Voilà, c’était dit. Le bretteur avait finalement fait son choix, et il n’y avait plus de retour en arrière possible. Certes, ça ne lui plaisait guère de s’attarder sur les moments qu’il tâchait en vain d’oublier, mais c’était nécessaire. Sa lâcheté - car ce n’était rien de plus et il le savait - avait failli mettre en péril son mariage. Dans ces conditions, le pirate se devait d’en parler avec Etsu, de crever l’abcès, pour repartir sur des bases saines et enfin vivre l’idylle qu’il attendait depuis si longtemps. De toute façon, le musicien aurait été obligé d’aborder le sujet tôt ou tard, surtout qu’il avait demandé à connaître l’enfance de son épouse seulement quelques minutes plus tôt. Ce serait donc assez hypocrite de ne pas lui conter la sienne en retour.

-« Donc… » Commencerait-il une fois assis. « Hmm, comment dire ? C’est assez long… »

L’hésitation et le doute gagneraient alors le zoan qui aurait besoin d’un petit temps de répit avant d’enfin entamer son récit :

-« Je ne sais ni où, ni quand je suis né. Je ne connais pas non plus mes parents. Tout ce que je sais, c’est que j’ai été recueilli très jeune par un gang de l’Archipel Sabaody, sur Grand Line. Ce sont eux qui m’ont élevé et qui m’ont appris la majorité de ce que je sais. Ils étaient comme des frères pour moi. »

Nostalgique et le regard dans le vague, Massy se tairait quelques secondes tandis que les souvenirs des moments passés avec eux lui reviendraient en mémoire. Les entraînements stricts de Ryuku, la gentillesse pas forcément évidente de Lock, les fous rires avec tous les autres,… Tout ça achèverait presque de faire couler une larme solitaire le long de la joue du forban.

-« Mais un jour, il y eut un schisme entre les membres du gang. » Reprit-il. « Le chef voulait me vendre comme esclave tandis que les autres étaient opposés à ce plan. Un combat éclata et je n’ai rien pu faire pour l’empêcher. Pire encore, j’ai réussi à me faire enlever… »

Le maudit soupirerait face à sa faiblesse et à son inutilité d’antan, puis continuerait :

-« Au réveil, j’étais enchaîné dans une sorte d’entrepôt. Un sale type est venu me narguer et me dire que tous mes frères étaient morts. Bien évidemment, je ne l’ai pas cru et j’ai essayé de m’échapper, en vain. »

Son regard s’assombrirait alors que son ton se ferait plus froid, plus distant. Etsu sentirait sans doute que son mari arrivait au nœud du problème.

-« Heureusement… » Dit-il en mettant des guillemets avec ses doigts. « Une révolutionnaire infiltrée est venue avec un bon plan qui a permis à une partie des captifs, dont moi et elle, de s’évader. Elle et ses amis m’ont déposé là où je leur avais demandé et nous nous sommes séparés. Alors, j’ai couru encore et encore en direction de l’endroit où s’était déroulé le combat dans mon souvenir. En chemin, je suis tombé sur mon collier fétiche, celui que je t’ai confié tout à l’heure… Et un peu plus loin… Ils… Ils étaient-là… Tous… Allongés dans l’herbe… Inertes… »

L’Umbra, trop secoué par sa propre histoire, ne jugerait pas nécessaire de donner plus de détails. De plus, il ne pourrait cette fois-ci s’empêcher de verser quelques larmes sur ses frères disparus. Il n’avait jamais vraiment fait leur deuil, les circonstances suivant le drame ne lui ayant jamais offert un répit suffisant pour cela. Cependant, considérant leur retournement de veste à la fin, il leur avait pardonné leurs premières intentions depuis longtemps. Preuve en était son tatouage sur le dos - une carpe volante, symbole et moyen de transport du gang - qui couvrait l’ancien "A" que lui avait apposé au fer rouge son ancien maître.

-« Ce qui s'est passé après ça est… assez flou pour moi. » Répondit-il. « Par contre, je sais qu’on m’a vendu à un marchand. C’était une belle ordure de première. C’est notamment à lui que je dois la majorité de mes cicatrices et quelques terreurs nocturnes de temps en temps… Remarque, j’ai eu ma vengeance après, même si elle ne m’a pas du tout fait plaisir… »

Massy soulignerait aussi, avec ironie, que le fruit du démon qu’il a mangé appartenait autrefois à ce type. C’était d’ailleurs la raison qui l’avait poussé à se diriger vers West Blue : être plus en sécurité le temps de vendre l’aliment légendaire. Malheureusement pour Arios, le karma avait encore fait des siennes et il avait été victime d’une attaque pirate, comme l’expliquerait le kangourou.

-« Après la bataille, j’ai été recueilli par les forbans. » Ajouta-t-il, toujours nostalgique. « Ils étaient très sympathiques, ils me rappelaient beaucoup mes frères… Avec ça et le fait que je n’avais aucun endroit où aller… Je pense qu’il est inutile de dire que j’ai rejoint assez naturellement ces pirates. On a eu nos moments de joie et nos moments de peine, ils m’ont même aidé à recouvrir la marque laissée sur mon dos par mon ancien maître. Cependant… Au bout de quelques années, on a été coincés par la marine. La suite, elle est simple : certains sont morts, et les autres se sont rangés sur une petite île portuaire paumée. »

Le sabreur marquerait une légère pause, le temps de laisser son épouse assimiler tout ça, mais pas que. La bataille avait été sale, très sale, même. Il se rappelait encore très bien des corps de ses camarades calcinés par les boulets de canon ou bien taillés en pièces par l'ennemi. En particulier l'image du pauvre Clay, sévèrement touché par des éclats de roche projetés par une explosion. C'était à ce moment-là qu'il lui avait fait la promesse de protéger sa sœur quoi qu'il arrive... Enfin, le musicien s'égarait. Se concentrant à nouveau sur son histoire, il entreprendrait de la terminer :

« Moi… Je n’avais pas le cœur à tout abandonner. Pas que je ne voulais pas vivre une vie tranquille loin de tous les tracas d’être un hors-la-loi… Au contraire, même, j’y aspirais comme tous les autres. Toutefois, avec tout ce qui m’était arrivé… Je m’imaginais difficilement pouvoir vivre normalement, comme si de rien n’était. Et puis, au fond… Ça m’aurait fait mal d’abandonner l’exploration de cette énorme étendue bleue pour m’enfermer dans une pauvre petite vie monotone. Je n’aurais pas eu l’impression de profiter pleinement de ma liberté… Tu vois ? »

Une fois cette question rhétorique posée, il sécherait les rares larmes encore présentes sur son visage tout en étudiant celui d'Etsu. En faisant cela, le maudit espérait ne pas repérer de dégoût à son encontre ou quoi que ce soit du genre. Si jamais il ne remarquait rien qui allait dans le sens de la rupture, il dirait assez timidement :

-« Bref, voilà toute l’histoire… Euh… Est-ce que… Est-ce que tu peux me raconter la tienne, mon ange ? J’aimerais aussi apprendre à mieux te connaître… »



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Petite PNJisation ci et là avec l'accord d'Etsu.
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Mer 30 Mai - 11:14
A l'opposé


Je sentis la porte ne plus tenir mon dos, et perdant l’équilibre, tombai en arrière. De justesse, Massy me cueillit dans ses bras et m’aida à me relever. Je l’observai ; il avait pleuré. J’étais vraiment bête. Ce n’était pas ce que j’avais voulu. Et lorsqu’il s’excusa, je m’empressai de répondre :
 
Mais non, mais non ! Tu n’as rien fait de mal !

Un tout petit sourire pointa au bout de mes lèvres, me voulant rassurante. Quel genre de personne aurais-je été, de lui en vouloir d’être malheureux ? Aucun souci ne m’habitait, si ce n’était celui de son bien-être. Je voulais qu’il n’ait plus peur, qu’il essaye d’être heureux, malgré les cicatrices, qui, j’imaginais, lui rappelaient sans cesse bien d’atroces choses. A présent, je n’avais qu’un objectif en tête : l’aider. Mais comment ? Je sentais qu’au fond de lui, il appelait à l’aide, mais moi, je n’avais rien pour le rattraper. Je me sentais nulle, impuissante. Jusqu’à ce que, contre toute attente, il me tende la main ; il allait raconter son histoire. Je l’accompagnai au bord du lit, m’asseyant en tailleur dessus, juste en face de lui, attentive pour l’écouter.

Il me raconta tout. Tout. Peut-être trop, pour moi, qui n’avais connu que la douceur du cocon familial. A quelques détails près. Il m’expliqua qu’il n’avait pas de parents, pas de famille, si ce n’était une bande de hors-la-loi. Qu’il avait été fait esclave. Et qu’il était devenu pirate, pour pouvoir enfin profiter pleinement de sa liberté. Je ne dis rien, durant tout son récit, le laissant conter à son rythme ses mésaventures. Et plus il avançait, plus je le voyais sombrer dans une sorte d’obscurité, comme s’il s’enfermait dans ses souvenirs, incapable d’en briser la cage. Je n’avais rien à dire. De toute façon, la gorge serrée, les yeux au bord des larmes, aucun son n’aurait pu sortir de ma bouche. Je me mordais d’ailleurs les lèvres, les sentant trembler, ayant bien du mal à me contenir.

Dès qu’il eut terminé, je plongeai sur lui, l’enlaçant entre mes bras, explosant en sanglots. Comme j’avais envie de lui dire que tout ça était horrible, qu’il était fort, qu’il ne devait plus rien craindre, à présent. Que j’étais là pour lui. Que quiconque tenterait de lui faire du mal le paierait cher. Promis. Mais rien ne sortit, si ce n’était, entre deux sanglots :
 
Massy !

Je le serrai dans mes bras, d’une étreinte, qui, je l’espérais, lui ferait comprendre tout ce que je n’arrivais pas à dire. Puis, séchant ses larmes, il conclut en me demandant, à mon tour, de raconter mon histoire. Je me redressai, passant mes poings sur mes yeux et reniflant.
 
Moi ? Hum…

Y avait-il quelque chose à raconter ? Même sans comparer ma vie à la sienne, rien n’était passionnant, dans mon vécu. Non pas que son vécu l’était. Je ne pense pas qu’une telle histoire puisse être qualifiée de « passionnante ». Mais moi, je n’avais connu que le cocon familial, bien entourée de tous ceux qui m’aimaient, et même si tout n’avait pas été rose, je pensais pouvoir dire sans me tromper que globalement, j’avais été toujours été heureuse.
 
Ben… Je suis née dans le Royaume de Trader. J’ai un grand frère, Ichirô, une grande sœur, Hana, qui ont environ quinze ans de plus que moi. Mon père est parti quand je suis née, alors je l’ai jamais connu. C’était un proxénète. Ça veut pas dire que ma mère est une pute ! C’en est pas une.

Je lançai un regard sévère à Massy. J’interdisais quiconque de dire, ne serait-ce même que de penser, que ma mère était une femme facile. Pour le lui faire comprendre, je le lui dis : ma mère, c’était une femme comme on n’en faisait plus. C’était ma maman, quoi. Toute sa vie, elle avait tout fait pour ses enfants. C’était une lionne, une tigresse ; et gare à ceux qui osaient nous toucher, Hana, Ichirô et moi. Elle avait des défauts, c’était certain, mais je m’en foutais. Elle était parfaite comme ça. Je souris, en y repensant. Maman n’était pas un exemple à suivre ; et pourtant, elle avait voulu me marquer de petites leçons de vie, sans les suivre elle-même. Tant qu’elle avait un objectif en tête, le reste n’importait plus. Je pense avoir hérité de son caractère. Son objectif, à elle, c’était le bonheur de ses petits. Je pense qu’elle y était plutôt bien arrivée.
 
Enfin, peu importe, après ça, j’ai jamais eu besoin d’un père. Comme je te l’ai dit, mes frère et sœur sont beaucoup plus vieux que moi. Et même si je ne les voyais pas souvent, si on compte mes grands-parents, ça faisait cinq personnes pour s’occuper de moi !

Je regardai un peu Massy, après avoir lancé cette phrase pleine d’entrain. Etait-ce une bonne idée, d’exposer comme j’avais bien vécu, comme on me chérissait, après ce qu’il m’avait avoué ? Je n’en étais pas sûre ; mais même les petits malheurs de ma vie ne pouvaient qu’être relativisés face à lui. Un peu gênée, je poursuivis :
 
Enfin, on s’en fout, de ça. Hum… J’ai toujours voulu être chimiste, aussi, grâce à mes grands-parents. C’est eux qui m’ont appris toutes les bases. Et puis, j’ai dû hériter de leur amour des fruits du démon. Ce qu’ils voulaient, c’était tout découvrir d’eux, sans l’aide de la Marine. Ils souhaitaient partager leurs découvertes au monde, juste pour l’amour de la connaissance. Parce que c’était important, d’en parler. De savoir les bienfaits, les dangers. Ils pensaient que le savoir, c’était un pas vers une meilleure vie.

Y avait-il des bienfaits à tirer d’un fruit maudit ? Si j’avais pu garder tous leurs écrits, peut-être le saurais-je. Mais, avec la vente de leur maison, tous leurs secrets étaient partis, ou presque, et ce que je savais des fruits du démon, à présent, ne représentait qu’une infime part de toutes leurs découvertes. Pépé Bunmei et Mamie Miu étaient un peu naïfs, selon moi. En dévoilant tout des fruits maudits, ils auraient offert le pouvoir aux malveillants de ce monde.
 
Et puis, ils sont morts.

Wow, un peu rude, non ?

 
De vieillesse, je veux dire ! Enfin, normal, quoi. Ils avaient bien vécu, alors ils s’en sont allés. J’ai pas très bien vécu ça, j’étais très proche d’eux. Et puis, on a dû vendre leur maison, celle avec l’oranger.

Je l’avais précisé tout naturellement, comme si cette indication permettrait à Massy de situer le lieu.
 
Puis j’ai vécu chez un homme, un collègue à eux, un chimiste avec qui ils échangeaient. J’ai continué à apprendre des trucs, avec lui. Beaucoup de trucs. En échange de quelques services, il poursuivait ma formation. Et puis ensemble, on vendait quelques armes qu’on fabriquait. Comme c’était le genre d’activité qui pouvait amener pas mal d’embrouilles, j’ai pris son nom, pour protéger ma famille. Ogawa. Aussi, c’est chez lui que j’ai mangé le Gasu Gasu… qu’il étudiait. Ahem.

Ogawa, Ogawa. Et si, à toi aussi, j’avais essayé de t’aider, tu serais toujours là ?

 
Il était très sévère, avec moi. Des fois, je l’adorais, d’autres fois, je le détestais ; il m’engueulait beaucoup. Mais il m’a appris à grandir, et il a fait de moi la chimiste que je suis aujourd’hui. Et d’autres trucs.


Je passais sur les détails un peu plus crus. De toute façon, maintenant, je m’en foutais. Ogawa n’était plus qu’un professeur. Le seul homme de ma vie, c’était Massy, à présent.
 
Et puis, je sais pas trop, il est devenu parano, ou un truc comme ça, et il s’est mis en tête que je lui volais tous ses clients. C’est un peu bizarre à raconter, mais je crois bien qu’il avait l’intention de me tuer.

Je ne suis pas coupable.

 
Il avait pris une arme, je sais pas trop laquelle ; j’y connais rien, en armes à feu. En tout cas, il a voulu boire, avant de passer à l’acte. Dans la matinée, j’avais laissé de nouveaux produits reposer dans un placard, pour qu’ils ne se dégradent pas sous les rayons du Soleil… Enfin, je t’épargne les détails techniques, mais finalement, il a bu ça en pensant que c’était un alcool fort.

Je ne l’ai pas tué.

 
Il y a pas besoin d’être chimiste pour comprendre la suite. Après ça, j’ai voulu continuer ce qu’on faisait. Mais j’ai du mal, toute seule. Puis j’ai pas trop les moyens de me payer un laboratoire… il faudrait que je trouve de nouveaux associés.

Je relevai la tête vers Massy, haussant les épaules, comme pour dire : « enfin, voilà, quoi ! ». Ce qui ne voulait rien dire. En tout cas, à présent, il savait tout.

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Mer 30 Mai - 15:50


Alchimie singulière
Massy fut surpris de sentir les bras de son épouse s’enlacer autour de lui. Cependant, il ne lui rendit pas moins son étreinte rassurante. Lui qui était terrifié à l'idée que sa bien-aimée le laisse tomber pour un autre en apprenant son passé, il ne réalisait que maintenant à quel point sa douce était bien trop gentille pour faire ça. Un bref instant, le maudit secoua la tête de droite à gauche, comme pour chasser l’idée sans queue ni tête de son esprit. Comment avait-il pu douter un seul instant d’un être si pur, si honnête, si… parfait. L’amour que lui portait Etsu était, tout comme le sien, on ne peut plus véritable. Si seulement le pirate l’avait compris plus tôt… Il n’en aurait pas fait tout un plat et n’aurait pas inquiété outre-mesure sa chère et tendre. Le maudit fut pris d’un certain regret alors que des larmes chaudes et sincères perlaient le long de ses joues. Le liquide salé exprimait à la fois sa joie d’être accepté tel qu’il était et les remords de ne pas avoir fait pleinement confiance à sa femme. Ses lèvres s’étirèrent alors en un fin et long sourire alors qu’il réalisait enfin que tout ceci n’était pas un rêve, qu’il avait enfin trouvé le vrai bonheur.

-« Pardonne-moi d’avoir été si bête, Etsu ! » Dirait-il en raffermissant leur accolade. « Je n’aurais jamais dû douter de ton amour ! »

Une fois séparés, le jeune homme, un peu gêné, fixa le sol dans un premier temps. Puis, se rendant compte d’à quel point c’était stupide de fuir le regard de son amoureuse, lèverait les yeux pour contempler une fois de plus ceux de sa chimiste adorée. Pour une raison qui lui échappait, il ne se lasserait jamais de ce spectacle. Était-ce là… ce qu’on ressentait lorsqu’on aimait quelqu’un ? Si oui, le musicien ne serait jamais capable de mettre un terme à cette harmonieuse symphonie de sentiments. Quoi qu’il en soit, il mit momentanément cela de côté pour suivre attentivement l’histoire que lui contait sa belle. Le forban était si curieux de savoir quel passé avait pu façonner une telle femme. Ainsi, il apprit qu’elle avait une sœur ainsi qu’un frère, et que son père n’était pas réellement un bon exemple à suivre… L’ordure ! Comment avait-il osé abandonner un tel cadeau du ciel pour assouvir ses pulsions dégueulasses ? Le poing du kangourou le démangeait, ça ne lui aurait pas déplu de foutre une raclée mémorable à ce sale type. Alors, le regard et le ton de madame Umbra se firent plus sévères tandis qu’elle évoquait sa génitrice. Loin de Massy l’idée de critiquer cette femme qui avait sans doute tout donné pour le bien-être de ses enfants.

-« Jamais je ne penserais ça de ta mère. » Répondit l’époux en posant une main rassurante sur le beau visage d’Etsu. « Seule une personne d’exception peut élever un trésor tel que toi. »

Le kangourou sentit alors une petite gêne dans la voix de son âme sœur. Il ne savait pas réellement si c’était dû à son geste ou si ça avait quelque chose à voir avec le fait qu’elle lui expliquait tout l’amour qu’elle avait reçu. Toutefois, un peu au hasard, il partit du principe que c’était dû à la seconde option. Le maudit n'appréciait guère que l’élue de son cœur commence à culpabiliser pour avoir eu des moments de joie dans sa vie. Et puis, après tout, il en avait eu lui aussi, n’est-ce pas ? Il ne fallait pas croire que sa vie ne se résumait qu’à l’esclavagisme et au combat. En vérité, maintenant qu’il y pensait, tous les mauvais moments de son existence ne représenteraient probablement qu’un dixième de sa vie si on les réunissait tous. Malheureusement, les souvenirs en question étaient juste trop traumatisants à ses yeux pour qu’une simple relativisation de la sorte ne les efface… Enfin, ce n’était pas le sujet.

-« S’il te plaît, ne commence pas à éprouver des remords parce que nous n’avons pas eu le même type de vie. » Lui dit le marsupial avant qu’elle ne continue. « Moi aussi, j’ai reçu beaucoup d’amour jusqu’à mes douze ans. Certes, mes frères ne m’ont pas élevé de façon désintéressée, mais… Le fait qu’ils soient morts pour moi prouve bien que tous les moments passés avec eux n’étaient pas que du vent, non ? Et même après leur décès, j’avais tout un équipage pour veiller sur moi, je ne suis pas en manque de ce côté-là ! Alors, par pitié, évite de te morfondre toi aussi. On aurait l’air de quoi si on pleurait tous les deux sur nos passés respectifs à longueur de journée, hein ? »

Le sabreur avait posé cette dernière question sur un ton léger, dans le but de détendre l’atmosphère. Malheureusement, il se rendit bien vite compte qu’un peu d’auto-dérision n’allait pas surpasser le poids de son récit. C’était assez logique si on y réfléchissait un peu, mais bon… L’ambiance ne fit que s’alourdir, d’ailleurs, si on prenait en compte la révélation d’Etsu : le décès de ses grands-parents. À la façon dont elle parlait d’eux, elle devait beaucoup les aimer. Leur mort avait dû être un coup dur pour elle… Peut-être même autant que la perte des frères du marsupial, qui sait ? La seule différence entre eux deux, au final, c’était que sa bien-aimée avait eu le temps de faire leur deuil.

-« Toutes mes condoléances. » Lança-t-il tout naturellement.

Trop prise dans son récit, Etsu n’avait pas dû entendre les quelques mots de son mari. Elle commençait tout juste à parler d’un certain Ogawa, un chimiste qui aurait eu des liens avec les défunts. Apparemment, il l’hébergeait en échange de petits services, probablement des tâches ménagères, et lui enseignait l’art de manipuler des produits dangereux. Toutefois, ce n’était pas tout. La jeune femme et lui fabriquaient des armes de temps en temps pour subsister, on dirait… Massy fronça les sourcils. Contre toutes attentes, le zoan avait finalement vu juste quand il pensait que sa femme n’était pas tout à fait une amie de la loi. Son hésitation de tout à l'heure devait venir de là, tiens… Elle comptait sans doute lui donner le nom du chimiste au lieu de sien, à la base. Mais finalement, son amour pour lui était tel qu’elle n’avait pas eu le courage de mentir à son bien-aimé… Cela acheva de faire culpabiliser le kangourou, lui qui n’avait même pas pu faire assez confiance à son épouse pour lui révéler son passé…

Puis, l’ange de l’Umbra commença à évoquer les mauvais côtés d’Ogawa. Il était apparemment très sévère et criait beaucoup sur la pauvre jeune fille. Alors, une idée traversa l’esprit du maudit qui se retint difficilement de fulminer. Est-ce qu’il la battait ? Si oui, l’épéiste aux pupilles particulières n’aurait pas hésité une seule seconde à faire son enquête sur lui avant de lui rendre coup pour coup le mal qu’il avait infligé à sa dulcinée. Cependant… Ce ne serait pas nécessaire au vu de la suite de l’histoire. Ce connard avait essayé de tuer Etsu… Manque de bol pour lui, il était celui qui avait fini par manger les pissenlits par la racine. Le pirate n’était pas du genre à se réjouir du malheur d’autrui, même de ses pires ennemis. Cependant, le musicien pouvait difficilement nier qu’il était satisfait que ce déchet ne soit plus de ce monde. Comment avait-il osé - ne serait-ce qu’un millième de seconde - menacer la belle Ando ? C’était impardonnable ! Quoi qu’il en soit, le jeune homme tâcha de se calmer, histoire d’éviter d’effrayer inutilement sa femme. D’ailleurs, il répondit à la dernière affirmation de celle-ci en essayant d’être le plus rassurant possible :

-« Tu n’auras plus jamais besoin de fréquenter de tels gens. Je… J’ai réfléchi à ce que tu disais tout à l’heure et… Je me dis qu’on pourrait essayer d’emménager à East Blue ! De ce que j’ai entendu dire, il s’agit de la mer la plus tranquille du monde… On pourrait trouver un petit coin de paradis là-bas, y construire une maison et… Euh… y… élever nos enfants ? »

Voilà, la bombe était lâchée, comment y réagirait donc Etsu ? C’était une très bonne question à laquelle le maudit avait hâte d’avoir une réponse. Il était un peu inquiet, aussi. Et si sa femme ne voulait pas en avoir ? Non… Ce ne serait pas un problème. Tout ce dont Massy avait besoin, c’était d’être à ses côtés, rien de plus. Certes, le bretteur apprécierait beaucoup d’agrandir sa famille, d’avoir plus encore de personnes à aimer, mais il ne forcerait pas la main de son épouse. Après tout, son bonheur comptait autant que le sien… Non, c’était faux. Le bonheur de sa chère et tendre comptait bien plus que le sien, aux yeux de l'ancien esclave.



Code by Edward Lawrence

Massy Umbra
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