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Fenice Nakata
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Y a pas de fumée sans flammes
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Des plans en main, le Phoenix s'en était allé quérir la branche de Shabondy de Galley-la Compagnie, l'entreprise navale mondialement connue, dont le siège était établi à Water Seven. Il y avait ici des artisans compétents, qui ne rechignaient jamais devant un petit peu de travail, et ce quelqu'en soit la raison. Son appartenance à la piraterie et son nom désormais célèbre de part le monde n'étaient pas un frein pour ce genre de charpentiers passionnés, qui voyait chaque ouvrage comme une possibilité de se faire un nom, mais aussi et surtout de permettre à autrui de voguer librement, de dompter les vagues comme tout marin devrait être capable de le faire. Ils étaient probablement les seuls hommes assez doués ici, sur l'Archipel, pour mener à bien un tel chantier... Et c'était d'autant plus vrai qu'il avait réussi à mettre la main sur du Bois d'Adam par l'intermédiaire de Dario, le redoutable criminel qu'il avait tiré d'Impel Down, et qu'il n'avait donc plus qu'à l'offrir à des travailleurs compétents pour qu'ils parviennent à en prendre soin et à en tirer le meilleur. Une tâche compliquée, ardue, bien plus que de prime abord... D'autant plus que l'ex capitaine corsaire, fort de ses ressources budgétaires quasiment illimitées compte tenu du chantier qu'il entendait mener à son terme, n'avait pas vraiment lésiné sur les moyens. Entre la taille gargantuesque de cette nouvelle embarcation qui suffirait à rendre l'Aldébaran fluet et désuet, ses pièces spécialement étudiées pour être optimisées et confortables au possible et son mobilier varié, il allait sans dire que chaque membre de Tengoku no Seigi pourrait y trouver son compte. Bien entendu, Nakata avait eu du mal à se résigner à abandonner leur désormais vieux navire, d'autant qu'ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion de voguer à ses côtés, mais il devinait sans peine qu'il saurait lui trouver un nouvel usage qui pourrait lui rendre honneur. Il ne manquerait plus de subordonnés et d'alliés, à partir de maintenant, et c'était précisément ce constat qui le poussait à investir dans une embarcation nettement plus vaste. Ils n'avaient pas besoin de se sentir à l'étroit lorsqu'ils fouleraient enfin le Nouveau Monde... Et ils devaient disposer d'un galion aussi solide que possible. Susceptible de porter un Empereur en personne...

La perspective de changer de navire n'était pas sans lui rappeler le précédent changement en la matière qu'il avait été contraint d'opérer, après que le MOT ait été coulé par l'organisation que menait son demi-frère et qui avait eu pour ambition de pourrir leur vie et de condamner Tengoku no Seigi à la destruction. Ils avaient eu l'occasion de venger tel affront, bien entendu, mais la douleur était encore cuisante et bien présente pour le blondinet qui avait vécu cette disparition comme un véritable affront. Le MOT avait été un navire où de multiples souvenirs avaient trouvé leur source, et le Fenice s'y était senti chez lui pour la première fois depuis des mois. L'Aldébaran, avec le temps, plus pimpant et plus clinquant, avait réussi à le remplacer à merveille. Ce cadeau de Kernoza, l'un de ses alliés, avait pu leur être utile même si, du point de vue du Phoenix, il ne pouvait désormais plus qu'appartenir au passé. C'était le dernier endroit où Méliandre avait pu voguer à leurs côtés, l'endroit où lui et Holly s'étaient avoués leurs sentiments respectifs... D'autres devaient désormais y construire leur histoire, et lui fournir une vie plus sereine, plus saine, qui ne le mettrait pas en danger à la moindre escarmouche navale. Car ça n'était ni plus ni moins qu'une caravelle, certes encore quasiment flambant neuve, mais qui n'en était pas moins taillée pour le transport plutôt que pour le combat. Le galion qu'il s'apprêtait à commander, en revanche, saurait assurément se montrer plus efficient à ce titre... Il s'agirait, grâce au bois d'adam, d'une véritable forteresse flottante. Rares seraient les canons qui pourraient venir à bout de ses défenses, et le mythique entendait bien empêcher ceux-là de tirer personnellement : l'embarcation d'un capitaine digne de ce nom se devait d'être impeccable, car sa proue était la toute première chose que ses ennemis pourraient découvrir lorsqu'ils l'apercevraient à l'horizon. C'était un symbole qu'il fallait préserver à tout prix...

Quant au reste, Shabondy allait probablement être une escale rassurant pour le capitaine, qui n'avait eu de cesse de passer de péripéties en péripéties depuis un petit bout de temps. Certes, il se doutait que le Nouveau Monde recèlerait à son tour de tout un tas de complications, mais il demeurait confiant quant au bon déroulement de celles-ci. Après tout, il avait déjà eu l'occasion de tenir tête à de nombreuses pointures, et les progrès qu'il avait accompli l'avaient amené au panthéon des combattants, comme le prouvait bien assez sa petite rixe contre Groogal, le célèbre chasseur de primes qui n'avait pas pu le mettre à mal durablement. A moins qu'un Empereur ne se présente directement et en personne à sa rencontre, ce dont il doutait tout de même assez fortement, le Phoenix était relativement confiant quant à leurs chances de réussite et de survie y compris dans un environnement aussi hostile et redoutable. D'autant qu'ils avaient pris la peine de préparer le terrain : il possédait un certain nombre de contacts susceptibles de l'aiguiller et de le guider à travers cette mer houleuse... En bref ? L'Archipel Shabondy devrait, en toute logique, être une escale calme et placide pour Tengoku no Seigi...




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Mar 13 Mar - 21:52






Y a pas de fumée sans feu




Lorsqu’il foula de nouveau de ses pieds l’un des grove de l’archipel il se posa une question : « Pourquoi revenir ici ? ». Et la question était pertinente. Cela faisait quelques jours qu’il préparait son voyage, mais à aucun moment il ne s’était vraiment posé la question. Il devait rejoindre Shabaondy pour finir ce qu’il avait commencé, à savoir sa vengeance. De ses sources, le dernier membre de l’équipage de Kiruyo s’y trouvait depuis le début et il n’y avait tout simplement pas pensé. A vrai dire, cela était logique compte tenu de la puissance de leur capitaine ainsi que de son majestueux pouvoir.

Daisuke avait d’autant plus souffert de son affrontement contre le pirate qu’il en était ressorti dans un état encore plus pitoyable qu’antan. A l’instar de l’assaut sur Baltigo qui lui avait laissé des séquelles physiques à toute sa partie gauche, le combat contre Kiruyo lui avait apporté bon nombre de nouveaux stigmates. Résistant à la souffrance à coup d’anti-douleur que Firo lui faisait parvenir via son aigle, il parvenait tristement à se mouvoir. Capuchonné, l’ancien contre-amiral marchait en boitant et en haletant. Il était devenu clairement plus difficile pour lui de survivre dans cet état, mais il devait continuer… Pour Kazuma… Pour Okita… Et tous les autres.

C’est ainsi qu’il revint à Shabondy, pour terminer sa tâche et ainsi pouvoir reprendre le court de sa vie. Du moins, c’était ce qu’il s’imaginait. Pour le moment, tout ce qu’il pouvait faire c’était se rendre à la taverne où il avait pris rendez-vous avec son médecin et en apprendre plus sur cette fameuse dernière cible.

« Salut Firo… Comment ça va ? Commença-t-il la conversation une fois bien installé dans sa chaise tandis que l’autre commençait déjà à lui enlever sa toile qui lui servait de veste.
- Ca va… Répondit le jeune homme avant de voir l’état pitoyable de son capitaine. Comment tu oses te montrer ainsi devant moi ?
- C’est pas si grave que ça, j’arrive encore à bouger. »

Alors qu’il essayait de lui faire un signe avec sa main, le jeune médecin ne vit qu’une masse nuageuse paraitre devant lui. L’état de l’Aurola était traumatisant pour le garçon qui ne parvenait qu’à peine à garder son sang-froid. La vue de son ami et mentor le révulsait. Il ne pouvait accepter le sort pire que la mort qu’il s’infligeait lui-même au nom d’une vendetta des plus irréfléchie.

« Ecoute, Dai’…
- Dis-moi où je peux la trouver. Le coupa Daisuke, sachant pertinemment ce qu’allait lui retourner son ami. Une fois tout cela terminé je pourrais me reposer et me soigner.
- Tu ne comprends pas… Tu cours à ta mort… Il ne nous reste que toi, Daisuke. Nous ne voulons pas te perdre toi aussi. »

Le blond ne put retenir son sourire et, tandis que l’autre s’inquiétait au plus haut point pour lui, ce n’était pas aussi compliqué pour lui. Ses calmants, mélangés à toutes les merdes qu’il prenait à côté avait peu à peu commencer à ébranler sa santé mentale et il ne ressentait alors que très peu de sentiment. Les médicaments de Firo n’avait fait effet qu’au départ, mais la douleur se faisait de plus en plus présente. Il avait simplement dû se trouver des substituts au traitement que son ami tenait à ce qu’il prenne avec le plus de parcimonie possible. De ce fait, les effets secondaires de sa médication se faisait bien plus présent qu’il ne pouvait l’imaginer.

C’est ainsi qu’il avait continué, toujours plus loin dans la violence, toujours plus loin dans sa vengeance, mais tout cela semblait se terminer bientôt…

« Tout sera bientôt terminé. Dis-moi juste où aller… »


Le blond s’était rapidement éclipsé après avoir recueilli les informations qu’il était venu chercher. Approchant du lieu indiqué, il passa non loin de l’endroit où ses amis s’était fait massacrer, mais à aucun moment il se laissa dériver de sa course à la mort, sauf au moment où, dans un moment de lucidité, il aperçut une tête qu’il reconnut immédiatement. Du haut du bâtiment, il ne pouvait se tromper, c’était bien le gars qu’il avait rencontré à de multiples reprises : Nakata Fenice. « Qu’est-ce qu’il fait là ? » songea-t-il avant de ne trouver comme réponse qu’une série d’hypothèse. Sans doute parce qu’il était un Shishibukai, se répétait-il intérieurement, inconscient de la véritable essence du pirate.

Sans broncher, il se laissa tomber de plusieurs étages pour atterrir à quelques pas de l’ancien corsaire. L’instant d’après, il reparu, entouré de fumée, avançant sans marcher, dans la direction du phénix…

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Il se dirigeait donc vers le chantier naval local, seul, estimant que le premier rendez-vous qu'il avait pu fixer avec un expert local se déroulerait bien vite puisqu'il n'aurait d'autre rôle qu'établir un prix approximatif et une durée de travaux pour un chantier d'une taille aussi imposante, lorsqu'une personne retomba non loin de lui. Le mythique, interloqué, ne tarda guère à pivoter faisait face à l'homme encapuchonné duquel émanait une fumée évasive et pour le moins particulière, qu'il aurait pu reconnaître entre mille pour l'avoir déjà affrontée à maintes reprises. Un sourire machinal et nonchalant vint se visser sur ses lèvres tandis qu'il achevait de pivoter, faisant face à Daisuke Aurola avec son impétuosité fringante et son charisme insouciant. Ce n'était pas la première fois que ce marine torturé et déchu se présentait devant lui... A dire vrai, ils s'étaient même déjà battus par deux fois, et avaient été contraints d’œuvrer de concert à une autre occasion. Leur première rencontre était si lointaine et si floue que Nakata peinait très sincèrement à en obtenir des souvenirs tangibles et constructifs. C'était sur North Blue, mais il ne parvenait plus à se souvenir du nom de l'île en question. Luvneel, peut-être ? Au final, cela n'importait que peu : c'était à l'époque où le jeune pirate blond ne possédait sur sa tête qu'une prime modeste de 25 millions de berrys, et à l'époque où l'Aurola n'était ni plus ni moins qu'un jeune sergent-chef qui avait encore fort à prouver pour s'attirer la sympathie de ses supérieurs et pour susciter l'admiration de ses subordonnés. Ils s'étaient livrés un combat virulent, même si ni l'un ni l'autre des deux combattants ne possédait les moyens de venir à bout de son adversaire : lui, le Phoenix, pouvait se soigner du moindre assaut que l'homme fumée lui opposait sans pour autant réussir à atteindre son corps impalpable. En ces temps reculés, le Fenice ne soupçonnait pas même l'existence de cet art qu'il maîtrisait dorénavant comme peu d'autres, et qui portait le doux nom de haki de l'armement... Ce premier affrontement avait été comme le déclencheur d'une rivalité depuis lors disparue, mais qui n'avait pas empêché les deux blonds de croiser le fer à nouveau, à Alabasta, durant la grande tempête.


Tiens donc. Aurola Daisuke. Je ne m'attendais pas à recevoir la visite d'un soldat aussi prestigieux.


Il était railleur, exagérément même, mais l'état piteux de son interlocuteur ne lui avait pas vraiment échappé. Sa voix, perceptible grâce au haki de l'observation, ne transmettait aucune intention néfaste ou hostile à son égard. Alors pourquoi le logia usait-il de sa fumée ? Le forban ne se souvenait pas de Daisuke comme d'un homme soucieux des apparences au point de se fournir de la sorte une image grossièrement mystérieuse et nimbée d'une aura insaisissable... Sa démarche, approximative et peu sûre, laissait également sous-entendre un état physique des plus déplorables. Le gouvernemental masqué était usé... Par le temps, par les épreuves, par les combats qu'il avait certainement eu à mener, de son côté. Nakata n'était pas capable de se montrer empathique à ce sujet. Non pas parce qu'il n'en avait pas l'ambition, mais tout simplement parce que son fruit du démon coupait court à ce type de désagréments. Dans le pire des cas, seule une fatigue insupportable engourdissait le moindre de ses muscles... Mais il avait tôt fait de s'en débarrasser, dans les faits. A dire vrai, voir le logia dans un tel état avait, d'une certaine manière, un côté pénible, sinon difficilement soutenable. Ils avaient entretenu une relation conflictuelle plusieurs mois durant, mais s'étaient l'un l'autre dressés en tant qu'antagonistes naturels avant de combattre de concert face à Harushige. Autrement dit, le légendaire était bien placé pour savoir que son parcours aurait pu être celui de l'Aurola... Et inversement. C'était lui qui aurait pu finir brisé irrémédiablement par la vie et ses coups bas les plus traîtres et les plus pernicieux... Et si ça n'était pas le cas, cela n'empêcha pas le Fenice d'aborder une expression moins souriante et moins ironique l'instant suivant, à la fois plus sombre et plus terne. C'était l'homme qu'il était devenu, d'une certaine manière : plus mesuré, plus pondéré... Non sans un soupir lent et sans fermer les paupières, dans une expression pure et dure de fatigue et de lassitude, il reprit la parole d'une façon plus directe et plus franche, sans ironie quelconque, même latente.

T'es dans un sale état... J'avais entendu dire que tu avais été rétrogradé à la suite de Baltigo... J'étais loin de m'imaginer que ça t'aurait autant chamboulé. Je te l'avais dit. Le Gouvernement Mondial ne se sert que de ceux qui peuvent lui être utiles... Et ce jusqu'à l'usure.


Pour le coup, l'ex corsaire était excellemment bien placé pour en parler, lui qu'on avait utilisé sans hésiter pour contrer Centes, sans jamais lui rendre les honneurs qu'il méritait pourtant dûment. L'un des amiraux actuels avait été capturé et libéré de l'influence néfaste et despotique du Monarque grâce à ses efforts... Et pourtant, les hauts-dignitaires du Gouvernement Mondial n'avaient pas jugé utile de récompenser ses efforts avec honnêteté. C'était la dernière erreur qu'ils avaient commise à son égard : son incursion à Impel Down le leur avait prouvé. Restait à savoir ce que l'homme fumée, de son côté, avait bien pu endurer... Et s'il était capable de se montrer plus patient que le forban, ce dont ce dernier ne doutait pas un traître instant.




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Mer 14 Mar - 16:05






Y a pas de fumée sans feu




Malgré ses différentes blessures apparentes, sa démarche mal assurée et son état déplorable, c’était bel et bien le pirate qui avait le plus changé. Le seul qui avait « grandi », c’était le phénix, et Daisuke le comprit directement, avec seulement les premiers mots du Corsaire. La pique qui lui lança dès que leurs regards se croisèrent le firent doucement rire, mais il aurait pu avoir raison, en un sens. Cependant, il ne ressentait envers l’autre blond aucune rancœur, comme si tout ce qu’ils avaient pu vivre de concert n’avait jamais vraiment eu lieu.

« Baltigo ? Ah, oui. Je ne m’en souviens pas très bien, de ce qui s’y est passé. »

Ne comprenant pas vraiment ce que le Fénice essayait de lui dire concernant le gouvernement, il ne répondit pas tout de suite, cherchant dans ses souvenirs la moindre trace d’une quelconque conversation qu’ils avaient pu avoir, tous les deux. De ce dont il avait mémoire, ils s’étaient rencontrés au moins trois fois, à quel moment avaient-ils parlé du gouvernement ? Qu’en pensaient-ils vraiment ?

« Tu as beau dire ça, tu travailles toujours pour eux, Nakata Fenice. Je ne comprends pas très bien ce que tu veux dire. Je ne suis plus marine depuis un moment déjà. J’ai renoncé à être de côté de la loi pour quelques temps… »

Il parlait bien évidemment de sa rage enfouie. La perte de ses amis fut un traumatisme bien trop lourd à porter, surtout après sa désillusion presque oubliée de Baltigo. Ce dont il avait trace dans ses vagues réminiscences, c’était sa perte de grade à la suite d’une grosse erreur ayant eu de graves conséquences comme la mort de la quasi-totalité des marines présent lors de l’assaut. Les différents qu’il eut ensuite avec les différentes parties qui avaient statués de son sort, ainsi que les retrouvailles avec Kazuma et le reste de l’équipage, tout ça n’était plus présent dans ses mémoires.

A vrai dire, ce n’était pas la seule chose que sa mémoire avait laissée de côté. Sa sœur de cœur, son frère, ses parents, ses plusieurs vies. Plus rien n’avait d’importance, mis à part Kiruyo et son équipage, les meurtriers de Kazuma.

« D’ailleurs, je ne suis pas là en tant que Daisuke Aurola. Il est mort il y a quelques temps déjà. Maintenant, l’on m’appelle Ao Haruya. Je me fais passer pour un chasseur de prime pour retrouver quelques personnes. Et une d’elle se trouve par ici. »

S’il ne ressemblait plus vraiment au Daisuke que l’ancien marine connaissait, il n’avait pas perdu sa franchise, son honnêteté qui le caractérisait si bien. Il aurait bien dit simplement qu’il n’avait rien à craindre d’un pirate au service du gouvernement – qui pourrait leur faire confiance, d’ailleurs ? – mais c’était surtout les médicaments qui le désinhiber totalement. Franchement, il aurait pu lui avouer toutes les choses qu’il avait traversé pour en arriver là si le Fénice le lui demandait, même s’il ne se souviendrait probablement pas de tous les passages importants.

D’ailleurs, pour lui, tous les membres de l’équipage de Kiruyo étaient enfermés dans une cave, protégé par Sue, mais il se trompait royalement. En effet, le capitaine pirate l’avait pleinement dominé du début à la fin et était parvenu à libérer ses amis – sans pour autant faire de mal à la rousse ou même tuer l’estropier – le laissant pour mort et lui faisant croire à sa victoire. Une histoire bien compliquée que Daisuke n’aurait une résolution que bientôt.

« Et toi, Nakata, que fais-tu ici ? En mission pour le gouvernement ? »


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Jeu 15 Mar - 10:47
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Les dires de l'homme-fumée firent tiquer le Phoenix à maintes reprises, mais ce dernier opta pour un silence pesant dans un premier temps, se contentant de recevoir les informations que Daisuke daignait lui envoyer entre deux dires énigmatiques. Entre son amnésie apparente vis-à-vis des événements de Baltigo, le fait qu'il n'ait apparemment pas appris que le blondinet avait trahi le Gouvernement Mondial, quand bien même ce dernier n'avait fait ni dans la discrétion, ni dans la dentelle, ou encore le fait qu'il semblait avoir décidé de changer d'identité pour agir plus librement, Nakata avait beaucoup de points à soulever qui lui semblaient soit étonnants, soit simplement attristants. Le marine qui lui faisait face avait assurément eu de quoi souffrir dans sa vie professionnelle et personnelle, les derniers mois durant... Le capitaine corsaire ne pouvait pas l'ignorer, d'autant que la Grande Guerre, où ils avaient combattu côte-à-côte, les avaient vu grandir en tant que nouveaux capitaines de leurs propres équipages. A ce moment-là, le mythique avait d'ores et déjà constaté le côté hésitant et peu assuré de son interlocuteur... Et il semblait qu'il n'avait pas su s'en relever. Qu'il s'était, a contrario, enfoncé dans toujours davantage d'incertitudes... Au point d'en fuir sa véritable identité, de cesser d'assumer ses responsabilités de soldats, pour une raison ou pour une autre. Calme et tranquille, le Fenice poussa un soupir lent, presque infini, avant de ramener un regard quelque peu peiné sur son homologue justicier. Il s'y était attendu : combattre depuis l'intérieur du Gouvernement Mondial dans le vain espoir de changer les choses de l'intérieur ne pouvait pas s'avérer constructif, et ceux qui œuvraient au nom de la marine par pure bonté ne pouvaient que finir broyés par ce système oppresseur et tyrannique, quine voulait pas de militaires susceptibles de poser des questions dérangeantes. Finalement, il décida de répondre aux dires du logia selon son bon vouloir, sans s'encombrer de l'ordre des questions soumises.



Tu peux bien te faire appeler comme tu le souhaites. Ça ne change rien à ta véritable identité.


Ces paroles avaient été maugrées plus que franchement prononcées, mais l'artiste ne tâcha guère de les répéter plus assurément. Il ne savait pas si Daisuke avait pu les capter mais, à dire vrai, il s'en fichait. C'était l'occasion pour le marine de prouver sa valeur et la force de sa détermination : s'il décidait de s'enfermer dans une fausse identité dans le but candide de fuir la réalité et ses tourments, il finirait tôt ou tard par s'en mordre les doigts en tombant sur une déconvenue de plus. Rien de bon n'arrivait à ceux qui n'osaient pas s'assumer.
Cependant, quant aux autres dires du logia, le mythique du Phoenix avait d'autres commentaires à fournir et il ne tarda guère à le faire, revêtant cette fois-ci un faciès plus curieux et plus interrogatif. Il avait du mal à croire qu'un ancien haut-gradé de la marine ait pu passer entre les mailles du filet de la propagande journalistique qui n'avait eu de cesse de le matraquer agressivement depuis son incursion à Impel Down. Par ailleurs, il était plutôt cocasse de voir que le Gouvernement Mondial se donnait dorénavant un mal fou à réduire en charpie l'aura de grandeur dont eux-mêmes l'avaient affublé durant son travail en tant que corsaire, vantant les mérites de ce capitaine pirate intrépide qui n'en finissait plus de combattre les Decimas pour permettre aux citoyens honnêtes du monde entier de dormir sur leurs deux oreilles... Le problème de cette sempiternelle et archaïque formation politique était certainement sa tendance forte à adopter des postures d'aspect : ils misaient beaucoup trop sur la communication pour renvoyer une image forte et impeccable... Mais nier les aspérités, c'était les mettre en exergue lorsqu'elles arrivaient à filtrer malgré tous les efforts que le Cipher Pol 8 déployait pour les censurer. Au final, ils s'enfermaient d'eux-mêmes dans un cercle vicieux...


Je ne pensais pas que quelqu'un l'ignorait encore. J'ai quitté le Gouvernement Mondial. C'était assez pour moi. Je n'aime pas travailler au nom de personnes qui n'honorent pas leurs promesses. Le pouvoir n'exempt pas d'honnêteté.


Lorsqu'il repensait au triste état dans lequel il avait récupéré Elisabeth, qui avait littéralement dû frôler la mort durant son calvaire à Impel Down, puisqu'elle n'avait été soignée que très brièvement dans le but de lui empêcher un destin funeste dans un premier temps à tout le moins, il ne pouvait s'empêcher d'enrager. Les hauts-gradés du Gouvernement Mondial lui avaient donné sa parole : ils allaient la soigner, le temps qu'il parvienne à mettre la main sur l'un des plus prestigieux pions de l'armée des Decimas. Il n'en avait pas livré qu'un seul, au final : Wakai Tsuki, Nonoha Jean-Bart, Machigan Chesterfield... Des grands noms, des vices-amiraux, tous tirés d'affaire grâce aux risques qu'il avait personnellement encouru. Et pour quoi, au final ? Pour récupérer une Elisabeth mourante, atteinte de problème cérébraux majeurs et d'une paralysie au niveau des jambes, dont elle n'aurait potentiellement jamais pu se remettre pleinement si Mori n'était pas passé par là. Oui, les hautes-têtes du Gouvernement Mondial pouvaient encore s'estimer heureuses que Nakata ne soit pas allé plus loin : il aurait aisément pu mettre à sac Enies Lobby, ou une autre de leurs places fortes soit disant invulnérables...
Toutefois, le musicien n'oubliait pas qu'il venait d'occulter l'une des interrogations de son homologue blond : il décida donc d'y répondre posément, levant sa main qui tenait les plans du futur navire de Tengoku no Seigi, comme pour les exposer à la vue de Daisuke.



Je m'en vais dans le Nouveau Monde. Mais j'ai besoin d'un bateau. Plus solide, plus grand. D'où ma présence ici.


L'on oubliait trop souvent que la vie était toujours pleine de petites formalités ennuyantes et pénibles, mais absolument nécessaires et incontournables. Même s'il était l'un des plus grands pirates de la nouvelle ère, le mythique n'était en aucun cas une exception... Il aurait, bien sûr, pu donner l'ordre à l'un de ses subordonnés de se charger de mener cette entrevue à bien à sa place, mais considérant l'importance de cette tâche et son rôle à bord du navire qui allait naître de cet entretien, il préférait encore amplement s'en charger de lui-même. Finalement, après cette réponse lapidaire au possible, l'ancien Schichibukai tâcha de se renseigner un petit peu plus quant aux objectifs du surnommé Ao Haruya, curieux sans être avide de renseignements et d'informations pour autant.



Tu viens chercher quelqu'un ? Sur Shabondy ?


Plutôt logique. Où ailleurs que sur cet archipel ? C'était le point de passage phare pour un bon nombre de criminels. Les gouvernementaux y affluaient très fréquemment, au même titre que les chasseurs de primes qui se repaissaient des affaires sordides de ventes d'esclaves qui s'avéraient souvent bien plus juteuses que de simples livraisons de primés dans des bases de la marine... Tout en étant nettement plus sûres. Oui, si Daisuke avait décidé de persévérer sur le chemin de la justice et du bien commun, il avait assurément du travail, dans les environs...




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Lun 19 Mar - 19:07






Y a pas de fumée sans feu




S’il continuait sur cette voie, ce n’était que la mort qui l’attendait. Il le savait, au fond de lui, mais il s’était engagé sur cette route et il ne voyait aucun moyen de faire demi-tour, et plus il s’enfonçait dedans, moins il voyait le chemin parcouru. Une sorte de tunnel où plus aucune lumière n’arrivait, plus aucun doute ne l’empêchait d’avancer, plus aucune source de joie ne pouvait le toucher. Il se sentait perdu, mais la combinaison de médicament qu’il prenait journalièrement le transformait peu à peu en un être dénué de sens, de morale, de valeur.
Pourtant, il n’avait pas toujours été ainsi, sans doute qu’un jour il avait basculé. Sans doute lors d’un combat rigoureux ou d’une désillusion particulièrement provocante. Cependant, c’était probablement l’accumulation des erreurs qu’il avait pu remarquer au sein de cette justice que représentait la marine, assemblé à ses blessures personnelles – tant physiques que morales – qui avait perdu l’ancien marine.

Alors, quand il entendit le phénix parler du fait qu’il avait quitté les rangs – de nouveau – du gouvernement, il n’en tint pas réellement rigueur, sachant pertinemment que la confiance en cette institution relevé surtout de la folie, de la bêtise ou de l’ignorance. Ce qu’il voulait, lui, même si cela n’avait plus d’importance pour l’instant, c’était en quelque sorte réformer les choses de l’intérieur, détruire toute l’institution basé sur les valeurs de Tenryubitos, et créer une véritable révolution au sein du gouvernement. Une fondation, basée sur l’égalité des personnes, qui donnerait une chance à chacun, sans devoir utiliser une quelconque force pour la plier à sa volonté.

A une époque, il voyait clairement son étendard volait au grès du vent partout sur les mers après que l’on reconnaisse son idéologie, mais c’était sans compter sur les différents partis qu’il pouvait connaître dans le gouvernement… Que ce soit ses supérieurs directs tel que la Vice-amirale Hijima, la lieutenant-général Saori ou même d’autre personnes d’autres services du gouvernement, il s’était retrouvé mainte fois face à une réponse identique : la justice était dictée par les plus fort, qu’elle soit bonne ou pas. En tout cas, c’était ainsi qu’il ressentait les choses et ce fut sans doute le plus gros déclencheur de son état actuel.

L’autre blond répondit alors à son autre question concernant sa présence sur Shabondy. Vu qu’il ne faisait plus parti du gouvernement, l’Aurola aurait pensé qu’il valait mieux rester discret, surtout dans un environnement tel que celui-ci. Cependant, et il le savait, c’était aussi dans ces lieux que l’on retrouvait le plus de vermine alors que l’on se trouvait dans un des endroits les plus proches de Marijoa – le saint lieu des Dragons célestes – et qu’ils passaient assez fréquemment fouler les grooves de l’archipel. Pourtant, la seule idée qu’il avait du nouveau monde était un endroit qu’il qualifierait d’inutilement important, se repassant les différentes interactions qu’il avait pu avoir avec certaines personnes en revenant. Le monde sur Grand Line était suffisamment instable pour s’en aller là-bas.

« Une raison particulière ? Demanda-t-il, concernant le départ du pirate sur le nouveau monde. N’as-tu plus affaire avec les gens de Grand Line ? »

A croire, avec cette question, qu’il remettait en cause toute ses propres préoccupations, mais il n’en était rien. Il cherchait simplement à comprendre la situation de l’autre maudit.

Il laissa un long silence quand le phénix lui demanda s’il cherchait quelqu’un sur Shabondy. C’était sa seule raison d’être sur l’archipel : retrouver cette personne et s’en charger. Aucune autre raison n’était plus importante. Il devait simplement se venger, oubliant, se cachant à lui-même, ses propres convictions. Il n’était tout simplement plus en état de vivre sa vie comme il l’entendait, seule sa vendetta avait encore une importance, même sa vie et sa santé en étaient supplantées. Et quel autre égard pouvait-il avoir envers ses amis que cette vengeance ? Vivre ? A quoi bon ? Si c’était pour perdre à chaque fois ?

« Oui. Et je pense que ce sera la dernière chose que je ferais, ah ah… Je crois avoir atteint le bout du chemin. »

Dans un moment de lucidité, il leva le visage vers son ancien ennemi, un sourire à moitié masqué derrière une fumée dense et sombre se dégageait à peine. Aurait-il pu vivre en paix s’il s’était laissé faire, ne serait-ce qu’une fois ?



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Il était indéniablement calme et serein, le marine qui lui faisait face. S'il n'avait jamais été véritablement révolté et séditieux, le Phoenix se souvenait pourtant d'avoir pu constater à plus d'une reprise l'énergie qu'il dégageait par le passé, lors de ses années glorieuses, alors que les grades s'enchaînaient et que sa réputation fleurissante lui permettait de prétendre à des responsabilités que bon nombre avaient pu lui envier plus qu'ardemment. Ce n'était finalement pas le même Daisuke que celui qu'il avait côtoyé durant la Grande Guerre, à titre d'exemple, et son interlocuteur avait l'air d'avoir raison à ce sujet... Pour autant, Nakata avait peine à croire qu'il ait pu devenir si désespéré et moribond. Cela lui fit même froid dans le dos, l'espace d'un instant, puisqu'il comprit sans peine que c'était précisément ce qu'il aurait pu devenir sans le secours d'Hato et celui de ses autres proches. Il s'était longtemps durant raccroché à ses amis, à ses contacts, afin d'en oublier les peines qui le tenaillaient, et il ne pouvait pas assurer être désormais débarrassé de tous ses sentiments les plus sombres et les plus glauques. La vie était une suite de péripéties et les hommes qui, comme eux, s'exposaient tant et se dénudaient si sincèrement idéologiquement parlant ne pouvaient qu'endurer de pénibles sévices et turpitudes, au fil des ans et des batailles. Leurs carrières respectives de capitaines avaient pu les pousser à se dévoiler bien plus qu'un civil n'avait à le faire, et ils s'étaient ainsi causé bien plus d'ennemis et de problèmes que quiconque ne pouvait l'imaginer sereinement et justement d'un point de vue tout-à-fait extérieur. D'une certaine manière, ils étaient peu ou prou les seuls êtres aptes à se juger l'un l'autre, puisqu'ils avaient à ce titre écumé les mêmes mers et les mêmes maux... Et avaient simplement pris la décision d'y répondre différemment. Le Fenice, lorsque la question d'hypothétique actions à mener encore sur Grand Line fut abordée, s'autorisa un temps de silence et de réflexion pesé et tranquille, n'entravant guère l'atmosphère quiète quoique lourde qui s'était immiscée et précieusement installée mot après mot. Finalement, il reprit avec lenteur, revoyant sa conviction et la ressassant aussi fidèlement que possible, pour que son homologue justicier puisse en saisir les tenants et les aboutissants.

Si, bien sûr. J'aurai toujours de quoi faire sur Grand Line. Des intérêts à défendre. Des ennemis à endiguer, ou même à maîtriser. Mais ces choses-là, je les trouverai aussi sur le Nouveau Monde. Exacerbées, attisées... J'ai besoin de gagner en renommée. Je le sais, et je ne peux plus me leurrer. C'est à ma portée, aujourd'hui. Tout ne dépend plus que de moi.


C'était là la plus stricte des lucidités. Le blondinet en avait parcouru, un chemin colossal, avant d'arriver à embrasser la condition qui était actuellement la sienne... Entre ses capacités combatives indéniables qui avaient fait sa réputation, son fruit du démon glorieux et remarquable, son esprit acéré par des années d'échecs et cultivés par ses déconfitures les plus sinistres, Nakata avait foncièrement de quoi s'inspirer pour parvenir à grimper les dernières marches qui le séparaient d'un trône véritable sur lequel prendre place : celui de l'un des actuels Empereurs. La perspective des batailles qu'il lui restait à livrer le firent frémir, lui promettant une exaltation guerrière jusqu'alors inégalée. Ce ne serait certainement ni la première ni la dernière fois qu'il aurait affaire à un être légendaire et historique, mais ce serait sans aucun doute possible son combat le plus effervescent et le plus bouillonnant de ses jeunes années. Un tournant dans toute une existence... Un jour à marquer d'une pierre blanche, quel qu'en soit le résultat, fut-il porteur de félicité et de clameurs optimistes ou d'une débandade décourageante de plus à additionner au compteur froid de ses cinglantes débâcles.
Mais l'heure n'était pas encore à ces prévisions calculatrices et empiriques. Il n'était guère nécessaire de se précipiter en matière de stratégie, mis-à-part pour dessiner les contours globaux de la guerre qu'il aurait à livrer, car le mythique était bien placé pour savoir pertinemment que tout ne se déroulait pas nécessairement selon son bon vouloir. Les dires de Daisuke étaient pour l'heure terriblement plus terre-à-terre et plus palpables que le plus glorieux de ses combats : aussi se focalisa-t-il plutôt sur ceux-ci, saisissant sans peine le sous-entendu de son vieux rival. La fin du chemin ? Le Fenice fut quelque peu troublé par cette révélation qui manquait assurément de confiance et d'estime, mais il devait admettre que la chose était peut-être pesée et réfléchie, plus à tout le moins qu'il n'aurait pu le considérer s'il n'avait pas pu poser ses yeux sur le corps piteux et malmené de ce marine maudit d'un logia. Le forban n'avait pas la moindre idée des événements fort probablement terribles que son homologue blond avait eu à traverser, mais il n'en conservait pas moins un réalisme colossal, grisé par les mésaventures que lui-même avait pu connaître. L'ancien corsaire, finalement, prit la parole en accompagnant ces quelques mots d'un soupir lent et emprunt d'un doute qu'il ne tâchait pas même de camoufler, l'assumant pleinement et ostensiblement.



Tu te permettrais de mourir maintenant ? Tu n'avais pas vraiment d'ambition si modeste, à l'époque. Enfin, toutes ces histoires ont pu t'assagir, je ne le nie pas...


C'était le propre de la jeunesse que d'être aveuglément humaniste et idéaliste. Si leur âge n'avait pas éclaté exponentiellement, la vie elle-même s'était assurée de les faire mûrir précipitamment, leur offrant des expériences dramatiques et traumatisantes dont ils avaient dû se relever par la seule force de leur volonté. Si le Phoenix avait choisi d'y répondre par la persévérance, il était suffisamment empathique pour comprendre que d'autres aient opté pour un chemin moins tumultueux, revoyant leurs convoitises idéologiques à la baisse, principalement par désir de sécurité et d'ataraxie. Il avait juste du mal à croire que cela soit bel et bien le cas de Daisuke, ce donneur de leçon de première qui n'avait jamais manqué la moindre occasion de s'ériger en garant et en héraut de la sécurité du tout venant... Il mit bientôt ce sentiment en exergue, le soulignant volontairement en plissant les yeux, circonspect.


Tu le sais, n'est-ce pas ? Nous sommes à un tournant. La vieille ère se meurt. Elle n'a pas su être renouvelée à temps. Ce sont les jeunes têtes qui régneront, demain. Nous. Il n'y a pas de meilleure époque pour changer ce système décadent que la notre. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ?


Question rhétorique. L'un comme l'autre étaient assez pertinents et sagaces pour ne pas se faire d'illusions à ce sujet. La majorité des personnes qui vivaient se contentaient de se laisser porter par leur existence sommaire et paisible, s'adaptant aux normes sans chercher à les contester ou à provoquer quelque changement que ce fut. Les autres étaient divisés en deux catégories : ceux qui luttaient pour eux-mêmes, majoritaires, qui tâchaient d'asseoir leur suprématie ou tout simplement d'instaurer ou de garantir des normes qui leurs souriaient, qui leurs bénéficiaient... Et ceux qui, véritablement, faisaient don de leur personne au nom de la société du bien commun. Les uns étaient les rois, les gradés, les révolutionnaires qui croyaient savoir mieux que quiconque ce qui était bon pour ce monde déchu et gangrené. Les autres étaient les guerriers qui, sobres et plus ou moins pondérés, acceptaient bien volontiers de protéger autrui avec dévouement et grandeur d'esprit. Nakata songeait jusqu'à présent que Daisuke faisait plutôt partie de la seconde catégorie... mais en fin de compte, peut-être s'était-il grossièrement trompé.




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Mar 20 Mar - 19:45






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En prenant le parti de réformer le gouvernement, Daisuke s’était rapidement rendu compte qu’il ne pourrait le faire autrement que par la force. C’était donc à cette période, qui précédé largement sa déchéance, qu’il fit la rencontre avec un autre justicier du nom de Shirowashi. Cet homme l’avait, à plusieurs reprise, embarqué dans diverses histoires plus ou moins à la limite de la moralité. Sorte de juge de l’ombre, l’Aurola était rapidement devenu l’ennemi des pourris du gouvernement, tendant par moment à être plus qu’un simple hors-la-loi.
Cette partie de sa vie, bien enfouie dans son passé, inconnu de la majorité de ses connaissances, l’avait amené à faire d’autres erreurs, d’autres fautes, qui avait inéluctablement mené cet homme à cet instant. A vrai dire, à sa connaissance, il n’y avait pas meilleur éducateur que l’échec, et c’était sans doute cet instinct qui lui avait permis de grimper si rapidement les échelons de la marine, à l’époque. Pourtant, comme Icare, il s’était sans doute frotté de trop près de ce soleil que chacun convoite.

« Je ne comprends pas ce que tu recherches vraiment à récolter gagnant en renommée. Te faire plus d’ennemi ? »

Perdu dans sa quête de vengeance, Daisuke perdait toute autre notion. Ainsi, alors qu’il était promis à une place de choix dans la marine d’Alucard, le voila devenu un simple civil à la recherche de sa « dernière proie ». Ainsi, alors que le phénix lui parlait de renommée, tout ce que comprenait dans ses paroles le blond, c’était que le Fénice voulait simplement devenir encore plus reconnu. Pour qui, pour quoi, seul lui le savait, et c’était le pourquoi de sa question.

C’est après que le pirate reprit, en parlant de son ambition passée, celle qui l’avait poussé à devenir cet énergumène qu’il avait depuis oublié. Oui, il avait des ambitions, mais quelles étaient ses chances d’y parvenir ? Vain était l’espoir d’effleurer un jour le parterre de Marijoa et d’affirmer haut et fort que leur oligarchie n’était plus ! Nulle était la prétention un jour d’éradiquer la vermine qui foulait les terres et dévastait les peuples ! A quoi bon s’enhardir et chercher toujours plus loin dans la violence, quitte à délaisser sa famille, son entourage ?!
Mais il le savait, et le pirate le lui confirmait plus tard, qui le ferait, si ce n’était eux ? Il aurait pu sourire à la blague qui frappait dans son esprit, mais il la sortit sans aucun signe.

« Chairoka, éventuellement ? »

C’est vrai que cela était plutôt drôle. Cette femme, Daisuke l’exécrait. Elle se faisait passer pour la seule qui pouvait sauver le gouvernement – et c’était probablement vrai – de la puissance sans égale de Centes Décima. Seul vestige des souvenirs qu’avait l’Aurola de Baltigo, l’actuelle Amiral en chef de la marine la répugnait. Sa justice, bien que sans équivoque, n’était qu’usurpation. Il ne comprenait plus le monde dans lequel ils vivaient et ce n’était pas avec ses tendances quasi-suicidaire qu’il allait pouvoir mettre la main sur une réponse.

Cependant, c’était véridique, son entretien avec le pirate l’éveillait peu à peu. Raisonnant bien plus qu’à l’accoutumé, il sentait en lui revivre une flamme qu’il avait longtemps vu éteinte. Etait-ce cela, le prix à payer pour s’approcher d’un soleil si vif qu’était le Fénice ? Qu’est-ce que cela ? Les dernières fois qu’il avait abordé une autre personne tel que l’ancien corsaire, il s’était brulé les ailes. Que ce soit Chairoka, Shigure son frère ou encore Sardegna, le lieutenant d’Hadès. Aujourd’hui, maintenant qu’elles avaient totalement disparu, elles ne laissaient place qu’à des crocs, avides de vengeance et de mort. Le zoan mythique qu’il avait en face de lui avait-il un autre pouvoir que celui de se soigner soi-même ?

Ses maux, bien plus viscéraux que physiques, ne seraient sans doute pas soignés par une poignée de parole, mais les mots curatifs de son homologue avaient assurément touché une corde sensible qui jouait une musique que l’ancien contre-amiral n’avait pas perçu depuis des lustres.

« Ça fait du bien de parler un peu. C’est moins fatiguant que de se taper dessus, hein. »

Un air un peu plus égayé touchait les paroles de l’homme-fumée, même si cela ne serait sans doute que de courte durée.




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Jeu 22 Mar - 11:33
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Se faire plus d'ennemis ? Cette façon de voir les choses était si simpliste et si terre-à-terre que le Phoenix et son esprit alambiqué n'avait jamais eu l'ambition d'observer les choses sous cet angle. Et pourtant... Force était d'admettre que la chose était effectivement plausible : en s'aventurant sur le Nouveau Monde, forte tête comme il était, il risquait effectivement de fédérer des foules... Mais aussi et surtout de susciter l'inimitié chez les forbans qui étaient déjà en place. Toutefois, quelque part, cela n'était ni plus ni moins qu'une condition sine qua none à l'obtention du titre d'Empereur : les quatre Yonkous étaient bien installés, et Nakata devrait tôt ou tard se confronter à l'un d'entre eux, sinon à plusieurs d'entre eux simultanément pour s'installer durablement et puiser dans ces conflits attisés suffisamment de charisme et de respect pour être craint par l'ensemble des pirates du Nouveau Monde. Il devait, idéalement, légitimé sa position en vainquant l'un des actuels tenants du titre. En considérant froidement et objectivement les innombrables jeux d'alliances tentaculaires, l'orgueil et l'impétuosité de certains de ses rivaux, le musicien ne pouvait décemment pas songer que tout irait pour le mieux... Aussi, la remarque de Daisuke, si elle n'en était pas moins exagérément simple, demeurait fondée et véridique sous bien des aspects. Le Phoenix, pour autant, ne s'angoissait pas l'ombre d'un instant. Il conservait la tête froide, savait conserver une vision plus globale et plus raisonnable. Il ne pouvait pas sombrer dans la frayeur face à la tâche immense qui risquait de lui incomber dans les jours à venir : bien sûr qu'il allait avoir à faire face à d'innombrables dangers et à des hordes d'adversaires féroces, mais cela n'allait pas l'empêcher d'asseoir sa domination sur ses homologues pirates du Nouveau Monde... Le Fenice, soucieux donc de souligner cette façon de voir les choses et de rappeler à l'ancien gouvernemental la véritable teneur de ses ambitions et de son objectif à long terme, ne tarda guère à afficher un léger sourire amusé et à répondre d'une voix paisible, tranquille et sereine, comme si ce dernier voyage ne l'impressionnait pas le moins du Monde.


Les ennemis risquent de suivre, effectivement. Mais je compte avant toute autre chose m'installer. J'ai été Schichibukai. Je ne peux prétendre à rien d'autre de plus qu'au titre d'Empereur. Et c'est sur le Nouveau Monde que je pourrai y prétendre, pas ici.


Et il y avait un autre sentiment, même s'il s'évertuait à le refréner d'une manière ou d'une autre. L'envie de combattre. Il avait toujours vécu dans les affres de la bataille et, petit-à-petit, avait développé une espèce d'accoutumance à l'adrénaline et à l'effervescence qui débouchait d'un affrontement grandiose et titanesque. Malheureusement, plus le temps passait et plus son style de combat expérimenté, impeccablement précis et étonnamment prompt lui permettait de triompher de ses ennemis sans la moindre peine. Le forban était bien assez objectif pour le comprendre sans peine : sur Paradise, rares étaient ceux qui possédaient encore les capacités de lui mettre des bâtons dans les roues, et il s'agissait pour l'essentiel des grandes têtes du Gouvernement Mondial. Il avait été capable de se mesure à William Lancaster, ex amiral, ou encore à Satan, directeur d'Impel Down, tout deux considérés comme étant deux des meilleurs combattants au Monde... C'était une preuve indubitable du fait qu'il s'y trouvait à son tour. Qu'il pouvait dorénavant toiser de haut ceux qui avaient tâché de le détruire par le passé. Nakata avait toujours eu froidement conscience des progrès de son corps, et c'était désormais un constat éclatant qu'il se plaisait à établir, mais au sein duquel il puisait un bonheur plus que relatif et contestable : Wakai Tsuki, Mozero ou Mendela, ces types qui lui avaient par le passé causé tant et tant de problèmes et qui avaient incarné des adversaires féroces et compétents... Ne seraient plus en mesure de lui poser problème s'il en venait à les croiser à nouveau, à ce jour. Probablement avaient-ils progressé, eux aussi, mais le Phoenix était bien placé pour savoir que son fruit du démon n'était pas tout-à-fait étranger à ses progrès exponentiels et titanesques : il n'en finissait plus d'améliorer la résistance et les performances de son propre corps à force de le faire souffrir, de le soumettre à des luttes terrifiantes et apocalyptiques. Alors oui : il se gargarisait d'ores et déjà de pouvoir affronter les Yonkous eux-mêmes et il avait plus que hâte de s'y essayer... Même s'il ne risquait pas de commettre l'impair de les affronter sottement et frontalement, sachant pertinemment que ça n'était pas fondamentalement le cas du moindre de ses amis.
Le Fenice, donc, se concentra plutôt sur ce que Daisuke avait à lui dire quant à la marine, ce qui ne tint qu'en deux mots, ironiquement. Chairoka... C'était une femme talentueuse, personne n'aurait pu le nier, et elle était centrale quant à la lutte face aux Decimas. D'aucuns auraient pu lui reprocher son pragmatisme ouvert et assumé, mais le forban blond avait gagné en réalisme et s'était quelque peu désabusé lui-même au fil du temps : il pouvait comprendre que la première tête d'une armée aussi dense soit capable de déshumaniser ses soldats au point de les considérer comme n'étant ni plus ni moins que des instruments de la justice. D'une certaine manière, le capitaine forban vouait même à l'amirale-en-chef un certain respect : il la savait compétente et, quelque part, considérait justement qu'elle était en mesure de conserver le Monde dans un état de paix à tout le moins relative.

Lorsque la remarque de l'autre homme vint à propos du calme de la discussion, grande première entre eux deux qui, indignés et révoltés, avaient toujours combattu pour mettre en exergue la beauté des idéaux qu'ils défendaient corps et âme, le mythique ne put s'empêcher de rire sincèrement, amusé. Il était vrai que cette situation avait de quoi lui plaire ! Après tout, il avait toujours été un philosophe doublé d'un artiste... Il excellait dans les combats, mais il n'en était pas moins à l'aise également dans les joutes oratoires et verbales. Il ne tarda guère à le souligner, le tout en acquiesçant fugacement.



C'est vrai. Et j'aime à croire qu'on se connaît toujours mieux au fil d'une discussion plutôt qu'à l'issue d'une bataille.


Ils s'étaient toujours compris sans avoir à se parler, après tout : il était grand temps qu'ils soient désormais capables de converser et de bavarder librement sans que rien ne vienne les en empêcher. Toutefois, puisqu'il se remémorait une fois de plus les événements ayant eu cours durant la Grande Guerre, et puisqu'il se souvint, quoi que très brièvement, des hommes que Daisuke possédait à ses côtés à cette époque, le blondinet fronça les sourcils, s'assombrissant quelque peu, et ne tarda guère à reprendre d'une voix lente et peu assurée.




Tes amis de l'époque... Ils sont toujours avec toi ?


Son propre équipage avait connu une mutation colossale depuis lors : seul Damon était resté à ses côtés. Hato mort, Holly et Méliandre parties, ils n'étaient plus que deux membres de cet équipage d'antan à continuer à voguer dans le but de brandir plus haut l'étendard de leur philosophie... Restait à savoir si le Daisuke meurtris qui se trouvait face à lui avait eu davantage de chance ou si, lui aussi, avait eu à éponger quelques vicieuses déconfitures avant de parvenir à ce qu'il était aujourd'hui.




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Ven 23 Mar - 16:49






Y a pas de fumée sans feu




Il se figea un moment à la dernière remarque du Fenice. Daisuke se remémora, l’espace d’un instant un moment des plus agréable de sa vie. Un soir, alors qu’ils venaient de se rencontrer, Kazuma et lui était assis sur le bastingage de leur nouveau bateau. A cette époque, tout semblait si facile, tout semblait leur profiter et rien, mises à part quelques escarmouches ne pouvaient les inquiéter. A ce moment-là, il ne connaissait rien de la guerre, rien sur la mort, et il n’allait pas tarder à déchanter, c’était à peine plusieurs semaines avant la Guerre avec un G majuscule. Cette maudite aventure qui fut la dernière pour le frère de son ami. Yasuyoshi fut le premier à partir, mais les autres n’avaient pas tarder à le suivre. Kratos. Foxy. Ils s’en étaient tous allés, jusqu’à ce qu’il ne reste que lui.

Oubliant jusqu’à la présence de Firo resté en retrait ou même Sue, qui était encore à ses côtés, surveillant actuellement une prison vide dans la cave d’une maison de Grand Line. Pourtant, c’était en eux qu’il avait laissé sa confiance, car ils étaient son dernier rempart contre l’abandon, car oui, sa vengeance était une rancœur personnelle, mais elle n’était pas dénuée d’un but plus profond. La protection de ses amis était sans doute sa motivation principale, même si elle s’était fréquemment retrouvée cachée derrière cet écran de fumée qu’était son hystérie meurtrière.

Malgré son envie irrémédiable de meurtre, il avait toujours su se contenir et n’avait jamais poussé le vice envers ses malfrats à aucun moment, car il savait que la mort avait ce quelque chose de définitif qu’il ne pouvait concevoir. Et pourtant, il était prêt à l’accepter pour lui tandis qu’il ne l’autorisait à aucun de ses congénères. Cette ambiguïté faisait de ses pensées, souvent, un calvaire. Souffrant de ces erreurs du passé, ne retenant probablement pas de ses maladresses, il se les ressassait constamment, jusqu’à perdre le sommeil, l’appétit et l’envie simple de vie.

« Non… Plus personne n’est là… C’est pour ça que… Je suis là. »

Aucun d’eux n’était là. Même si Firo avait survécu au massacre, il ne comptait plus vraiment, pour Daisuke qui, tandis que ses idéaux masqués prouvaient le contraire, ne le comprenait pas dans sa réponse. Pour Sue, c’était différent, car elle n’était entrée dans la vie de Daisuke qu’après la Grande guerre, même si sa présence fut zappée des évènements du moment, quelque peu laissée-pour-compte.

« Mais dis-moi. Tu parles de Shichibukai, d’Empereur, mais tout cela ne fait-il pas parti de la vieille ère dont tu parlais ? A quoi bon suivre les mêmes traces que ceux dont tu annonces la fin ? Serait-ce juste de la vanité, finalement ? »

Le ton cinglant, Daisuke avait quelque peu changé depuis quelques secondes. Sans doute que la question du Fénice avait touché une corde sensible, mais la question aurait tôt ou tard fini par entrer dans la conversation. Changé de sujet était pour l’enfumée un moyen de s’éloigner de la réalité et s’attaquer au pirate une manière de se décharger de ses erreurs, tout en espérant pointer du doigt les erreurs de son homologue. Ce n’était pas du tout dans ses habitudes, mais les circonstances étaient telles que le Daisuke ordinaire n’existait plus depuis un moment. Ao Haruya n’appartenait à aucune ère dont pouvait parler le forban, ce n’était qu’un moyen pour l’ex-contre-amiral d’exister le temps de sa vendetta. Une fois celle-ci opérée, il n’aurait plus de raison de subsister, même pour les raisons de sa création.

Alors qu’il attendait simplement la réponse de son équivalent blond, il ruminait intérieurement concernant ses désaccords avec l’amiral en chef. A quoi bon y revenir, si ce n’était pour la maudire, c’était pour lui, à l’époque où il ressentait encore les choses de manière concevable, la seule fautive de la perte des milliers de soldats. Franchement, pour Daisuke c’était de la folie pure et simple que d’avoir utilisé des civils « innocents » contre leur grès pour se battre et voire servir ouvertement de bouclier pour ces héros autoproclamés qu’étaient les marines. Ces contradictions toujours plus fortes avaient pour conséquences la transformation de cet homme en véritable torturé psychologique, cependant, la conversation avec Nakata, bien plus réfléchi que lui le poussait à un autre raisonnement…





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Ainsi donc, les camarades de Daisuke avaient disparu également... Et de manière semblait-il plus irréversible qu'Holly ou Méliandre, si l'on en croyait son faciès assombri et peu enclin au dialogue. La phrase qui s'en suivit et la question que le Phoenix se vit adressée fut certes assez tranchante et sèche, mais l'homme ne s'en formalisa guère. Tout au contraire, il demeura silencieux en observant muettement son interlocuteur et en tentant de se ressasser les souvenirs de la Grande Guerre, durant laquelle il avait pu observer subrepticement les compagnons d'infortune de son ancien alter ego justicier. Il n'en avait que des réminiscences effrontément floues, et ne parvenait plus à se souvenir de l'ensemble d'un visage, d'une coupe de cheveux ou même d'un timbre de voix. Tout était si vieux, et tout s'était écoulé si vite, sur ce champ de bataille chaotique et insaisissable, que le mythique n'était pas certain de se souvenir véritablement du combat qui l'avait opposé à Harushige. Peut-être le temps l'avait-il poussé à fantasmer cet affrontement, à le déformer selon sa propre vision des choses... Selon son propre ego. Cela n'offrait que davantage encore de dimension et de profondeur à l'insinuation de Daisuke quant à l'hypothétique vanité de l'ancien corsaire. C'est d'ailleurs pour cela que ce dernier ne se montra guère hostile ou virulent à la suite de cette affirmation sèche et abrupte, qui aurait pourtant pu l'atteindre en son fort intérieur et se montrer terriblement pénible à encaisser. De deux choses l'une... Il comprenait qu'il avait sauté les deux pieds dans le plat en questionnant l'ancien contre-amiral vis-à-vis de ses infortunés camarades disparus, chose qui avait passablement pu l'irriter et le pousser à se placer sur la défensive. Il comprenait également que, d'un point de vue externe, la bataille qu'il entreprenait pouvait sembler perdue d'avance, et que bien des spectateurs pouvaient à ce titre le condamner de fou ou d'inconscient. Après tout, si la situation s'était embourbée et si elle se répétait cycliquement depuis des siècles, qui diable pouvait bien avoir la prétention d'y mettre un terme ou de la tordre suffisamment pour la rendre plus acceptable, plus humaine ? C'était preuve d'un orgueil considérable que d'affirmer en être capable... Et c'était, quelque part, un reproche que le musicien acceptait frontalement et sans rechigner si c'était le prix à payer pour inexorablement convaincre les foules du bien fondé de la cause qu'il défendait si âprement, littéralement bec et ongles.

Il n'appartient qu'à nous de nous complaire dans la société qui nous voit naître. Hadès et les autres ont prit le parti, depuis des décennies même, de s'y conformer parce qu'ils y puisent une renommée grisante et une influence égocentrique indéniable. Je ne suis pas comme eux. Je ne lutte pas pour moi. Je ne lutte plus pour moi.


Plus depuis un certain temps déjà. S'il y puisait indubitablement une ataraxie sereine et reposante, lui permettant d'aller de l'avant en toute quiétude, bercé qu'il était par la noblesse des idéaux qu'il brandissait et convaincu d'être un homme bon en luttant pour la tranquillité saine de son prochain à défaut de garantir la sienne dans l'immédiat, force était de remarquer que tout cela découlait d'une générosité et d'un don de soi formidable et remarquable. Peut-être était-ce là de la lâcheté, puisqu'il se dérobait volontairement face à ses démons, à ses désirs et à ses desseins qui pourraient s'avérer sombres et funestes, puisqu'il ignorait volontairement ce qu'il avait pu vivre et les envies qui auraient pu en naître. Mais ça n'en était pas moins la vie qu'il avait choisi de mener... Alors qu'elles auraient pu le radicaliser, le pousser à bout, ou simplement l'enjoindre à tout abandonner dans le but de préserver les siens, les morts d'Hato, de Raphaël et de ses autres compagnons tous morts sur le front avaient plutôt tendance à le survolter, à lui offrir suffisamment d'énergie pour persévérer, pour surmonter le moindre des échecs dans la seule optique d'en ressortir grandi. C'était ainsi que fonctionnait le Phoenix, et c'était précisément pour cela que la pique de Daisuke n'avait pas pu l'atteindre aussi sèchement que l'ancien contre-amiral irrité n'aurait pu l'espérer. Parce que le mythique était absolument convaincu d'être immunisé à ce genre de maux, à ce genre de défauts dévorants qui vous parasitaient...
Ce genre de défauts qui semblaient justement parasiter l'homme qui lui tenait tête. L'Aurola n'avait pas su surmonter les expériences les plus pénibles et les plus traumatiques que la vie lui avait expédié à la face : cela sautait aux yeux, et cela expliquait en grande partie son état physique pour le moins déplorable. Avait-il décidé de se mettre en danger dans le seul but d'expugner les fautes qu'il s'imaginait à tort être les siennes ? Possible. Probable... Le capitaine pirate lui-même avait senti une culpabilité sourde l'étreindre à la mort d'Hato, lors même qu'il n'avait pas pu lui venir en aide, lors même qu'il n'était pas lié à la décision de son défunt bras droit de se mettre en danger volontairement, isolé, esseulé. La même qui, à la vérité, ne l'avait pas quitté depuis qu'il avait failli à son rôle d'égide, laissant les Storms mourir pour couvrir sa fuite... Leur différence flagrante et qui rendait le contraste si saisissant entre eux n'était ni plus ni moins que la réponse qu'ils avaient décidé d'expédier à ce sentiment terne et crasseux. L'ancien corsaire semblait dégager une force et une vitalité hors normes, ainsi qu'un panache et qu'une détermination à toute épreuve. L'ancien haut-gradé, quant à lui, n'avait qu'un air misérable et éreinté. Le Fenice aurait-il terminé sa course dans le même état s'il n'avait pas eu la chance de se prémunir des blessures physiques par le biais de son zoan mythique ? Une question qu'il préférait voir rester en suspend...

L'Homme raisonnable s'adapte au Monde. L'Homme déraisonnable adapte le Monde à lui-même. C'est donc de l'Homme déraisonnable dont dépend tout progrès... C'est une maxime qui sonne comme une évidence et qui est, pourtant, bien plus profonde qu'elle n'y paraît. Si tu décides de mourir en affrontant quelques chimères sans importance alors navré de te le dire, mais tu ne sauras jamais rendre honneur aux tiens. C'est uniquement si tu essayes de déplacer des montagnes que tu pourras constater que tu en as la force : autrement, tu pourras passer toute ta vie à jouer dans les graviers en ignorant dûment ton potentiel...


Nakata s'était montré plus acerbe, mais l'avait foncièrement prémédité. Il savait que Daisuke avait besoin d'être remué, d'une manière ou d'une autre. Qu'il avait un besoin crucial et vital d'être confronté à ses échecs trop longtemps ruminés et ressassés sans qu'aucun enseignement positif et constructif ne vienne apparemment le faire grandir ou le transcender. Restait à savoir comment son homologue blond allait bien pouvoir réceptionner de telles paroles. Dans les faits, la discussion en était en tout cas fort probablement à un point de non retour. Restait à savoir si l'homme-fumée faisait, comme le Phoenix, partie intégrante du camp des hommes déraisonnables... Ou s'il trouvait dans la normalité et dans la complaisance une satisfaction rassurante et envoûtante à laquelle il se soumettait sans hésitations particulières.




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Lun 26 Mar - 17:38






Y a pas de fumée sans feu




« Tu cherches donc, en la place d’Empereur, un endroit d’égalité avec les sommités de ce monde pour pouvoir les confronter ? Une course au pouvoir, encore, pour redéfinir les règles du jeu. Que cherches-tu à faire, exactement ? »

Daisuke n’avait pas tardé à répondre aux dires du forban, sans se formaliser d’un quelconque rapprochement entre lui et sa vision des choses. Pourtant, il le savait, le pirate s’était essayé à maintes reprises de se fixer une sorte de point d’attache, que ce soit avec la marine ou la révolution, le Fénice avait à chaque fois changé son fusil d’épaule. Et encore une fois, il venait de trahir le gouvernement, peut être pour de bonnes raisons, mais cela avait, pour l’ex-contre-amiral un gout amer. Il ne pouvait dire si les dires du pirate étaient bienfondé ou non, et il le laissait se complaire dans sa future escapade.
L’Aurola ne tarda pas à se rappeler de certains souvenirs, même diffus, de son passé révolutionnaire. Lui aussi avait foulé les parterres du côté opposé à celui où il désirait se trouver, mais ne les avait pas quittés de la même manière que son homologue. Certes, ils avaient tous deux un passé en commun et étaient promis à un avenir similaire, mais c’était dans les détails que se dégageaient le plus leurs différences. Ils avaient accepté leurs destins d’une manière totalement discordante. Comme deux mêmes personnes dans deux univers parallèles qui avaient choisi, à un moment donné, deux voies diamétralement opposées. Le temps avait fait le reste, l’un s’était retrouvé sous l’égide d’un Shichibukai, tandis que l’autre avait fait le chemin seul.
Le premier avait-il eu plus de chance que l’autre, aucun d’eux ne pouvait vraiment le savoir, mais la sentence fut irrévocable, à aucun moment ils ne seraient plus sur un même pied d’égalité. Daisuke l’avait ressenti, déjà, à l’époque. Il éprouvait encore ce sentiment aujourd’hui, le Fenice avait toujours eu une longueur d’avance sur lui et cette distance n’avait fait que croitre avec les années jusqu’à les mener jusqu’à ce jour. Alors qu’un était à l’aube de nouvelles aventures toujours plus importantes, l’autre se morfondait dans son désir de vengeance, perdu dans les méandres de son esprit, ne relatant plus aucun exploit, plus aucune envie de vivre. Laissant filler ses dernières forces dans un combat déjà perdu, Daisuke s’était gâché.

« Le monde est pourri, Nakata. Commença-t-il. Et je crois que tu as raison. Il m’a gangréné et je touche assurément le fond, mais je ne peux m’empêcher de croire que je fais ce que je fais pour de bonnes raisons. Je ne peux pas… Je ne peux plus me permettre de rester inactif, comme j’ai pu l’être. La mort de Kazuma… Elle m’a fait tellement mal… JE N’AI RIEN PU FAIRE ! »

La honte et la colère était bien présente. Il n’avait pas eu le temps de réagir, encore blessé de Baltigo, il était resté en retrait, ayant confiance en ses amis… Mais ils s’étaient fait massacrer devant ses yeux. Comment pouvait-il, alors, continuer à avancer, en laissant les meurtriers de ses amis en liberté ? Des chimères ? Non, des assassins ! Il était prêt à tout pour venger la mort de ses amis, comment réfuter ces actions, alors qu’il faisait face à la plus dures des réalités, il était seul.

« Mourir en accomplissant ma vengeance… Cela aura le mérite d’être une belle mort. J’ai trop longtemps souffert de la perte de mes camardes. Je ne peux plus le supporter. »

En parlant ainsi, il avait oublié la plus fondamentale de ses valeurs. Ce genre de valeur qui l’avait forgé pendant des années et qui aujourd’hui croupissait au fin fond de ses entrailles. Quels idéaux poursuivaient-il avant de rencontrer Nakata, Kazuma, Okita et tous les autres ? Qui était-il avant d’être le contre-amiral Aurola, ou même le révolutionnaire Daisuke ? N’avait-il vraiment aucune autre ambition que celle de protéger ses amis ou en avait-il des plus spectaculaire ?

Pourquoi s’était-il rebellé face à Chairoka, l’amirale-en-chef ? Etait-ce par simple égoïsme ou y avait-il quelque chose de plus profond ? Cet idéal, transcendant même son histoire était-il vraiment effacé ou simplement camouflé derrière une crainte et une peur irréversible de la perte d’un être cher ?


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Ce que je cherche à faire ?


Il avait machinalement répété la question de Daisuke, comme s'il se l'était remémorée davantage pour lui que pour son propre interlocuteur. Mais c'était avant toute autre chose une manière de la laisser en suspend, sans se sentir obligé d'y répondre. Beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts depuis son départ de la marine, et même depuis la création des Tengoku no Seigi aux côtés d'Hato. Comment savoir si ses idéaux et ses motivations étaient restés intacts et inchangés comme au premier jour ? C'était impossible d'en avoir la certitude et, dans le fond, il s'était tant et tant battu qu'il avait du mal à se souvenir de la fin qu'il espérait si ardemment. Bien sûr, l'ancien capitaine corsaire voulait pouvoir créer un territoire ample, large, regroupant des myriades d'îles et de peuples différents et distincts... Il voulait créer une alternative pacifique et quiète aux civils du Monde entier. Un endroit paisible, un havre où les gens sauraient se reposer, las des maux qui naissaient de la régence contestable et contestée des Dragons Célestes ou encore des rapts et des rançons réclamées à corps et à cri par les criminels divers et variés qui parvenaient à se hisser jusqu'au sommet de l'échelle sociale. Nakata aurait pu laisser cela à la charge de la Révolution, ou plutôt à celle de l'Inquisition : après tout, il avait une certaine confiance en Erwin, comme leur incursion à Impel Down avait bien pu le prouver... Mais le voulait-il seulement ? Non. Il avait compté sur d'autres toute sa vie durant, s'était placé docilement en retrait, avait choisi de faire don de sa personne aux intentions d'autrui et s'en était quasiment à chaque fois sévèrement mordu les doigts. Il n'était pas homme à suivre un chef, fut-il le plus charismatique ou le plus impétueux d'entre tous... Le Phoenix était pareil à l'oiseau qu'il incarnait : flamboyant, attractif, fascinant, mais aussi et surtout indomptable et proprement indépendant. Il était un électron libre, et nul n'avait jamais su canaliser son adoration éternellement... Pas même Raphaël, qui avait compris que ça n'était pas là un rapace qu'on gardait en cage et qu'il fallait tôt ou tard lui rendre sa liberté pour lui permettre de briller aussi tapageusement qu'il en était capable. Au final, qu'Erwin ait ou non les mêmes objectifs que lui, cela ne l'intéressait pas le moins du monde. Le Fenice ne pouvait pas lui demander de mener cette tâche à bien, de lui adresser une confiance indéfectible, voire même de se placer sous ses ordres, car il savait qu'il ne serait jamais aussi bien servi que par lui-même. Des dizaines, sinon des centaines de personnes disaient lutter au nom du bien commun, militaient pour la mise en place de conditions de vie plus décentes et plus saines pour les démunis, tâchaient de minimiser l'impact de l'égoïsme des Tenryubitos sur les existences des petites gens qui avaient fort souvent à souffrir de leurs caprices. Cependant, parmi tous ceux là, combien étaient réellement sincères ? Révolutionnaires y compris, combien d'hommes pourraient, une fois arrivés au pouvoir, se tenir à leurs engagements, conformément à leurs primes années de bataille, et ne pas laisser l'ardeur de la vanité ronger leur innocence ?

Le blondinet n'en savait rien, et ne voulait pas le savoir. Cette société décrépite et déchue n'en finissait plus, depuis des siècles, de passer de déconvenue à faux espoir. Chaque symbole de la liberté et de l'égalité entre les peuples succédait au précédent sans rien apporter de plus à l'humanisme moribond qu'ils tentaient vainement de réanimer. Ceux qui arrivaient à leurs fins se damnaient le plus souvent, profitant des privilèges gracieusement acquis au rythme des guerres comme d'une vertu qui leur était due après qu'ils aient décidé de prendre les armes. Comme si le fait de se mettre en danger justifiait qu'ils deviennent par la suite les oppresseurs des peuples muets et fébriles qu'ils avaient eux-mêmes tâché d'affronter... La solution était donc l'unique envisageable. Que lui-même lutte pour instaurer ce Monde plus juste auquel il avait rêvé si âprement...
Daisuke, toutefois, ne tarda guère à tirer le musicien de ses pensées, établissant un constat sombre, funeste et sans appel. S'il demeura muet et lèvres closes, Nakata n'en fut pas moins touché par la faiblesse apparente que dégageait son ancien rival, dans l'état des choses. Il s'était laissé briser, comme le capitaine pirate avait pu l'être à la suite du décès de Raphaël... Comme il aurait pu l'être à la suite de la disparition d'Hato. Néanmoins, poussé par ceux qui avaient survécu, le mythique ne s'était pas permis de dévier du chemin outre mesure : il avait tout juste pris le temps d'honorer la mémoire de ses défunts qu'il s'en était retourné batailler, ne cherchant pas à protester contre la Mort elle-même, trop implacable pour qu'il s'y confrontât. C'était là la différence majeure que l'homme fumée et lui-même avaient pu entretenir, les mois s'écoulant... Après une expiration ample et profonde, qui ramena un tantinet de lassitude chez l'artiste et affaissa ses épaules quelques secondes durant, ce dernier darda son interlocuteur d'un regard franc. Il se fit soudain plus sec et plus sévère, comme pour le rappeler à l'ordre, comme pour le pousser à se souvenir qu'une chose et une seule survivait éternellement.

Si tu veux te battre contre leur mort et honorer leur mémoire, c'est par la force de tes souvenirs que tu devrais le faire. Te venger ? Et pourquoi ? Ça les ramènera ? J'aurais pu tenter de venger la mort de Raphaël et des autres. Tu crois que ça aurait été compliqué de me renseigner quant à l'identité de leurs meurtriers ? La presse a dû les encenser des mois durant ! Mais j'ai pris le parti de ne pas le faire. D'abandonner cette part de noirceur qui aurait pu me ronger. Car l'idée est là. Comment faire le bien avec de si mauvaises raisons ?


Le raisonnement pouvait avoir l'air simpliste, bien entendu, mais l'ancien Schichibukai n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. Ce dernier avança de quelques pas en direction de l'ex contre-amiral, pour la première fois depuis le début de leur échange, et s'arrêta à trois ou quatre mètres seulement de son homologue justicier. Il le toisa avec une pointe de mépris décelable dans le regard, sans que quiconque sache s'il était feint ou véritable. Sans perdre de temps en discussion supplémentaire, le Fenice recouvrit sa main libre du haki de l'armement et la remonta en visant le torse de l'homme-fumée, prêt manifestement à lui porter un coup mortel d'un instant à l'autre.


Tu veux mourir ? Je peux te tuer, ici et maintenant. Tellement vite que tu ne sentirais rien. Tu n'aurais ni conscience de la vie qui te quitte, ni du sang qui s'écoule le long de ton torse. Tout serait noir, simplement noir. Et tu disparaîtrais sans jamais avoir offert à tes amis le monde qu'il désirait avant qu'ils ne meurent.


La dernière phrase avait été plus sèche et plus implacable que les présentes, tâchant de le ramener à une fatalité indéniable et indicible. S'il ne les connaissait pas outre mesure, le Phoenix se doutait que, pour avoir été amis de Daisuke, ils devaient avoir été habités d'intentions louables et respectables. Rares étaient ceux qui s'engageaient dans la marine par instinct de violence ou par envie de pouvoir : ceux-ci se tournaient en général plutôt vers le monde criminel... Et, lorsqu'ils avaient la chance de rejoindre le Gouvernement Mondial, ils ne côtoyaient pas franchement les idéalistes de la trempe de l'homme-fumée.




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Mar 27 Mar - 18:25






Y a pas de fumée sans feu




Il ne bougeait plus. Il ressentait toute une myriade de sentiments à l’instant où le corsaire s’avança vers lui. Le bras levé en direction de sa poitrine, il le menaçait, calmement, lui offrant cette mort qu’il semblait simplement attendre. Son bras, recouvert de Haki prouvait ses intentions et consolidait la véracité de ses propos, si Daisuke le voulait vraiment, il pouvait accepter la mort à ce moment-là, sans aucun moyen de détour, sans aucune once de violence. Juste comme ça. A cet instant, toutes ses convictions n’avaient plus sens et il savait que s’il l’acceptait tout ce qu’avait dit le forban pouvait arriver.

A cet instant, il eu une sorte de révélation. Certes, à aucun moment il n’avait eu l’envie de mourir, mais le chagrin le faisait divaguer, acceptant sa mort comme un sacrifice nécessaire à l’accomplissement de sa tache vindicative. Cependant, les dires de Nakata le ramenaient à une réalité qu’il avait précisément préféré oublier. Etait-ce vraiment le bon choix !? Une voix en lui le martelait toujours les mêmes choses. « Fais-le pour tes amis. », « Tiens encore… », mais à force de se morfondre dans la haine et dans la mélancolie, il avait fini par en modifier le sens.

« J’ai bien compris pourquoi tu avais fait tout ça, mais je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi tu nous as laissé de côté. »

Les mots du forban le ramenèrent quelques mois plus tôt, alors que la guerre de Baltigo venait à peine de se terminer. Kazuma et Daisuke s’étaient retrouvés après des mois de séparation. Tandis que le premier n’avait fait que rechercher l’autre, le second avait fait tout son possible pour rester dans l’ombre, cherchant à en découvrir plus sur la véritable justice. Qu’était-elle, aujourd’hui ? Est-ce que la vengeance était réellement la réponse. Nakata avait clairement répondu à cette question, pourtant, l’ex-contre-amiral ne semblait pas pouvoir entendre raison.

« J’avais besoin d’être au plus proche des gens que nous sommes censés protéger. Je voulais comprendre leurs raisons de vie, je n’ai jamais été vraiment à leur place. Je voulais tout simplement savoir si nous agissions de la meilleure des manières pour eux. Et puis, je me suis souvenu de tout, de mon passé, de ma famille, comment on aurait pu être tous ensemble à ce moment-là ? »

La question, qui remontait à des mois, mais elle avait plus d’importance aujourd’hui qu’à l’époque. C’était cependant la réponse de Kazuma, que l’Aurola se répétait sans cesse dans sa tête.

« Il aurait simplement fallu nous faire confiance. »

Ces mots, à leurs retrouvailles, avaient un sens qui avait transformé le marine. Soucieux de se tenir à cette promesse, il les avait laissés en première ligne et c’était cette fatalité qui l’avait envoyé dans cette spirale décadente dans laquelle il se trouvait maintenant.

« Je leur faisais confiance, Nakata. Ils étaient comme des frères pour moi. Comment je peux continuer, tout seul ? »

Une nouvelle lucidité le transperçait. Il n’était plus le même homme qu’il était quelques minutes plus tôt. Tantôt agressé de souvenirs violents, tantôt apaisé par des souvenirs si bénéfiques pour lui. D’où venaient-ils ? Etaient-ils seulement réels ? Oui, ils l’étaient. Il en était persuadé. Cette voix, qui lui répétait sans cesse de continuer, de le faire pour ses amis. Ce n’était pas de vengeance qu’elle parlait. Ce n’était pas la condamnation des pirates meurtriers qu’il fallait rechercher. C’était de poursuivre leurs idéaux. Ceux de Kazuma, ceux d’Okita, ceux de Yasuyoshi. Comment avait-il pu l’oublier ? Les cachets ? C’était trop facile de leur jeter la faute. Non, c’était sa faiblesse. Il avait toujours été faible, que ce soit physiquement que mentalement. Il n’avait jamais pu aller au bout des choses.

Il parvenait à saisir succinctement la véracité des propos du forban, mais ne parvenait pas, malgré tout le mal qu’il pouvait se donner à reprendre véritablement le contrôle, toujours perdu dans sa plénitude vengeresse. Cependant, la discussion avec le Fenice avait fait beaucoup plus de bien que de mal à l’Aurola qui en ressortira grandi, même si les effets de la conversation n’apparaitraient pas immédiatement dans son comportement. Le temps nous le dira forcément, la lumière que Daisuke n’avait pas vu depuis des lustres reprenait des formes, des forces et n’allait pas tarder à retransformer le Sergent-chef.

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La faciès de l'Aurola s'était métamorphosé, reprenant une teinte plus triste que désabusée. Comme le musicien avait pu l'estimer de prime abord assez lucidement, la mort n'était pas la fin à laquelle il avait voulu se promettre : il n'avait simplement pas pu songer au-delà de la vengeance, d'une revanche froide et sanglante qu'il aurait pu espérer avec pour seul but celui de faire payer à ceux qui avaient fait du mal aux siens. Il s'était strictement enfermé dans une tourbillon d'intentions néfastes et n'avait pas su s'en sortir : il avait donc décidé plus ou moins sainement d'y mettre un terme par le biais de sa propre disparition, entrapercevant la mort comme étant une fin délectable et salvatrice qui saurait le libérer de ce carcan terne qu'était son obsession désespérée pour le moindre de ses disparus. Dans cet imbroglio de pensées et de songes, le Fenice laissa finalement retomber sa main le long de son corps, bras ballant, et fit disparaître le haki de l'armement qui l'avait couvert un instant durant en écoutant la question fébrile et hésitante que l'autre blond venait de lui destiner. Comment se remettre de leurs morts ? Comment survivre seul ? Un froncement de sourcils anima son visage, le déformant succinctement, avant qu'il ne prenne finalement la parole d'un ton plus doux et moins sec que précédemment.

Je ne pense pas que t'offrir corps et âme à la vengeance, pour commencer, soit une bonne manière de procéder. La mort appelle la mort. Plus tu lui donneras satisfaction à ce titre, et plus elle fera en sorte de te happer et de monopoliser tes pensées... La joie et le rire sont encore les meilleurs remèdes au désespoir, s'il me fallait en citer. Même si je tends de plus en plus à croire que le temps lui-même suffit à penser des plaies semblables.


C'était probablement optimiste. Mais le capitaine pirate ne s'était jamais caché de l'être, à tout le moins partiellement. Avec un parcours comme le sien, il ne pouvait évidemment pas pêcher de naïveté : il demeurait généralement pragmatique et assez critique, y compris vis-à-vis de ses positions personnelles et de celles de ses alliés. Pour autant, il avait tendance à croire que les bons sentiments possédaient toujours le moyen de faire davantage de bien que de mal, en finalité. Certes, il arrivait parfois que l'enfer se pave cycliquement de bonnes intentions, mais ce chemin de pavés menait parfois dans une direction toute autre qu'il fallait savoir emprunter à temps. C'était l'obstination qui, souvent, amenait la bonté à devenir néfaste... Il était un temps aux pleurs et au recueillement, à toute fin. Mais il était également un temps pour surmonter de telles douleurs...
Pour autant, Nakata ne souhaitait pas appuyer davantage sur cet état de fait strictement subjectif et sur lequel il ne pouvait pas argumenter. Leurs façons de voir les choses pouvaient les amener à éprouver une certaine conflictualité l'un vis-à-vis de l'autre, en la matière. Il était un sujet sur lequel, en revanche, le blondinet flamboyant ne pouvait pas accepter de reproche ou de contradiction de la part de son interlocuteur actuel : sur le fait de parvenir à surmonter la mort de ses amis tout seul. Pour la simple et bonne raison que l'artiste lui-même avait en finalité su se redresser, chose que l'ancien contre-amiral n'avait pas même semblé envisager, il tâcha de se montrer de nouveau plus ferme et plus autoritaire, ne cessant d'osciller entre le jeune homme au ton amical et au teint chaleureux et le pirate plus abrupt, façonné par des aventures plus morbides et plus glauques qu'il n'avait pu le craindre parmi ses cauchemars les plus terrifiants.

Surmonter ça seul ? De qui est-ce que tu te fiches ? Si la mort était aussi aisée à braver, nul ne se suiciderait jamais. En te comportant ainsi, tu ne manques pas seulement de respect aux morts, mais aussi aux vivants. L'Homme est l'animal sociable par excellence. Son intelligence et son adaptabilité devraient pouvoir lui permettre de se libérer des contraintes sociétales... Pour autant, rares sont ceux qui y parviennent. Pourquoi ? Parce que l'Homme a un besoin viscéral de s'ouvrir à d'autres. Si tu étais vraiment venu sur cet Archipel pour mourir, pourquoi es-tu venu me parler ? Parce que ta langue et ton cœur n'énonces pas les mêmes vérités.


Le légendaire poussa un soupir de lassitude, reprenant momentanément son sang froid et ses esprits, tâchant de ne pas houspiller son interlocuteur outre mesure. Il ne savait que trop bien que Daisuke était déboussolé, qu'il ne possédait plus ni repère, ni raison de vivre et de persister sur cette Terre désolée. Toutefois, le capitaine forban ne pouvait pas se permettre de laisser le soldat courir à sa propre déchéance, à sa propre fin. Ils étaient trop peu nombreux à lutter fièrement et honnêtement avec comme seul objectif en ligne de mire le bien commun. La mort du moindre d'entre eux était une victoire éclatante et terrible pour ceux qui, a contrario, visaient à promouvoir leurs desseins les plus égocentriques... Aussi le Fenice reprit-il plus sereinement, les paupières closes, d'une voix monocorde et quelque peu fataliste, lui aussi assaillit de visages depuis longtemps évanouis et de souvenirs qu'il aurait, à une époque, préféré effacer à tout jamais.

Si tous sont morts, remplace-les. Tu ne les oublieras jamais. Tu ne devras pas les oublier, car c'est à travers toi et nul autre qu'ils survivront. A travers tes actes, tes pensées et ton honneur. Ils seront le moteur de ta fierté et de ta persévérance, ceux-là même qui ont offert leur vie au nom d'autrui. Mais se cloîtrer dans la solitude, dans l'errance ou dans un ermitage sinistre dans le but de les honorer ? Ce serait, m'est avis, la chose la plus sotte envisageable. Tu penses sincèrement qu'ils éprouveraient quelconque félicité à l'idée de te voir mourir d'isolement ?


Car la vérité résidait là. Eux qui avaient vu certains de leurs amis disparaître ne survivaient plus seulement en tant qu'individualités : ils étaient porteurs d'efforts et de mémoires collectifs, que d'autres avaient pu brandir aussi ardemment et courageusement qu'eux. A la vérité, le Fenice lui-même ne luttait plus vraiment au nom des petites gens... Mais presque davantage pour tous ses amis morts au combat. Pour faire en sorte que leur disparition malheureuse ne s'avère pas vaine de surcroît...




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Y a pas de fumée sans feu





En soi, l’ex-contre-amiral comprenait parfaitement les dires de son équivalent pirate, pourtant quelque chose en lui l’empêchait d’accepter son raisonnement. Ce n’était qu’un simple mécontentement, ou alors une « obstination néfaste », qui l’enfermait dans cette cage de faraday ne laissant entrer que peu ou prou les bonnes intentions de l’autre blond. Restant retranché dans son idée de vindicte retentissante, le jeune homme écoutait son homologue parlait jusqu’au bout. Ses dires faisaient pourtant écho à des souvenirs, bien qu’oubliés, toujours présents dans la tête de l’ancien marine.

Comment avaient-ils fait, Kazuma et lui, pour passer à autre chose lorsque Yasuyoshi, le frère du premier, avait perdu la vie lors de la grande guerre ? L’avaient-ils seulement oublié ? Avaient-ils agi de concert pour se venger, menant des représailles meurtrières ? Non, cette fois, ils n’en avaient pas eu besoin, car ce fut l’équipage du Fenice qui avait accompli leur vengeance. C’était simplement arrivé juste après la mort de son ami. Daisuke se souvenait parfaitement du visage du pirate qui l’avait tué, hilare jusqu’à la fin, même dans la mort, Clyde fut le premier véritable challenge de sa vie et il l’avait vu lui enlever une personne chère à son cœur.

Cette période sombre de sa vie, pourtant, n’avait pourtant pas autant transformé l’Aurola, au contraire, cette histoire les avaient, lui et Kazuma, conforté dans leurs opinions. Alors pourquoi était-ce si différent aujourd’hui ? C’était sans doute des remords mal placés. Ce n’était pas dans le fait de leur faire confiance qu’il s’en voulait, mais probablement dans les erreurs qu’il avait commises pendant leurs absences. Lors de l’attaque de Baltigo, par exemple, quand il refusa – encore une fois – d’obéir aux ordres d’une supérieur et que « par sa faute » un nombre impressionnant de soldat avait perdu la vie. Ou encore avant quand un lieutenant avait perdu la vie sous ses mains alors qu’il essayait de le contraindre au silence. Toutes ses pertes de contrôles avaient sans doute été de plus gros déclencheurs d’une haine tournée vers les mauvaises personnes que la mort de ses amis. C’était probablement la goutte d’eau qui fit déborder le vase et les pirates devenaient alors la source de tout ses maux, mais c’était faux.

Ce furent ses erreurs qui l’avaient placé dans cet embarras et il avait fait le sourd, ne délayant que quelques informations à ses proches, et c’est là que les mots de Kazuma sur la confiance lui faisaient le plus mal. Que ce serait-il passé s’il leur avait vraiment fait confiance, en leur avouant tous ses pêchés ? Probablement se serait-il senti mieux, mais avait-il seulement la possibilité de se racheter ? Que se passerait-il si, un jour, il parvenait à redevenir droit ? Serait-il capable d’avancer en cachant ses secrets ? A qui pourrait-il les avouer ? Etait-il vraiment un homme bon ? C’était toutes ses questions, qu’il se lamentait encore alors que Kazuma et les siens étaient toujours en vie, qui l’avaient rongé antan. Maintenant, elles n’avaient plus lieux d’être, se focalisant exclusivement à sa vengeance, mais elle revenait à terme, tandis que la conversation avec le forban avançait.

« Non, tu as raison, mais je ne vois pas d’autre solution… »

Elles revenaient, plus vive que jamais, dans un imbroglio de souvenirs qui caractérisaient la vie de l’ex-contre-amiral. Il n’en fit pas part à son homologue de peur, une fois de plus, d’un jugement sur sa personne qu’il ne souhaitait pas, surtout venant d’une personne telle que Nakata.

Quand il se faisait passer pour un chasseur de prime dénommé Ao, il avait repris l’identité du membre de Seigi No Kage qu’il revêtait quand il partait en mission avec son « maitre », Shirowashi. Cependant, en prenant en permanence la place d’un homme censé évoquer la justice de l’ombre, il avait fini par changer quelque peu, sans pour autant s’en rendre compte. Ainsi, il était devenu plus implacable, plus tranché et avait une vision du monde faussé, pensant immédiatement qu’un marine était forcément maladivement vicié. Une sorte de pensée profonde qu’il avait acquis en ne chassant justement que ce genre de mauvaise personne, elles en étaient devenues, pour lui, une norme. C’est avec cet état d’esprit falsifié qu’il était parti combattre des révolutionnaires – qu’il ne considérait à l’époque pas comme de véritables ennemis.

Et ses doutes l’avaient poussé à faire une erreur qui l’avait affaibli psychologiquement et déchu de son poste à responsabilité au sein de la marine. Ainsi, il comprit, peut être avec mécaniquement, qu’il n’était pas fait pour être un homme du bien. Ce questionnement l’avait rendu sceptique quant à son utilité et la mort de ses amis n’avait que conforté cet homme dans ses théories…

Un dialogue de sourd allait sans doute alors s’installer, mais l’ex-marine ne l’aurait pas laisser faire et tenta de changer de sujet, le plus brusquement qu’il pouvait.

« Pour ton bateau. Il sera grand comment ? Je pourrais peut-être voir les plans ? »

Conscient que ce changement de sujet pourrait précipiter la fin de la discussion, il n’attendait pas véritablement de voir les plans du futur navire des Tengoku. Cependant, il espérait juste que le sujet ne demeurait concentré sur ses erreurs et son mode de vie torturé, même s’il avait bien compris que le Fenice ne faisait clairement ça que pour l’aider, à sa façon. Il commençait à chérir ce moment, plus qu’il ne l’aurait imaginé, il s’imaginait discuter avec son meilleur ami, tandis qu’il remarquait qu’eux deux se ressemblaient quand même un peu. Aurait-il été prêt, aujourd’hui, à lui avouer toutes ses faiblesses, s’il se tenait face à lui ?

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Il concédait sans concéder. S'il admettait bien volontiers le fait que le mythique avait raison, le logia n'avait pas pour autant l'air de vouloir bouger de sa position d'un pouce. Un soupir las plus tard, et le Phoenix capitulait à sa suite. Ils n'étaient pas assez proches l'un de l'autre pour qu'il s'acharnât éternellement sur le pauvre hère souffrant un martyr apparent. S'ils pouvaient sans nul doute faire l'un comme l'autre preuve d'une empathie remarquable, facilitée indéniablement par les similitudes des épreuves les ayant éreintés au fil des mois, ils n'en avaient pas moins été durant longtemps des ennemis, ou à tout le moins des rivaux. Nakata ne pouvait pas espérer obtenir d'un coup d'un seul l'amitié de cet homme qu'il avait affronté à plusieurs reprises... Et il n'était, par ailleurs, pas certain de la vouloir. Sans mépris ni agressivité aucune, il savait Daisuke au bout du rouleau et savait que de son côté, son poste de capitaine lui fournissait des responsabilités conséquentes, colossales, dont il ne pouvait pas se dérober sous le moindre prétexte. Leurs chemins, opposés, les avaient condamnés l'un comme l'autre à se tourner le dos... Et à moins qu'ils ne parviennent à embrasser leurs objectifs respectifs en atteignant le haut du panier de leurs différentes factions, chose qui semblait fortement compromise dans le cas de l'homme-fumée tant qu'il demeurait fixement visé sur son désir de vengeance futile et funeste, ils ne pouvaient décemment espérer qu'ils finiraient par faire évoluer leur estime dans le bon sens.
Ainsi, lorsque l'ancien contre-amiral décida de changer de sujet en rabattant momentanément son attention sur les plans que l'ex capitaine corsaire transportait avec lui, ce dernier arqua un sourcil avant de s'exécuter en les lui tendant mollement, sans grande conviction, mais sans s'y opposer non plus. Le Fenice n'était pas assez sot pour ignorer que cela n'était là ni plus ni moins qu'un prétexte pour détourner son attention et l'objet de leur débat initial... Mais pourquoi s'en priver ? Lui-même ne cultivait guère l'ambition de s'enfermer dans une discussion infinie qui, a priori, n'aboutirait sur aucun résultat pertinent et fructueux : son interlocuteur refusait d'entendre raison, et leur échange ne pouvait donc évidemment pas aboutir, de quelque manière que ce fut.


C'est du bois d'Adam. J'ai réussi à en dégoter suffisamment. Quand au reste, et bien... J'imagine qu'il a l'air un petit peu disproportionné, mais l'équipage s'est bien agrandi, depuis la dernière fois. On avait déjà dû changer une fois de navire mais... L'actuel ne conviendra pas plus longtemps.


L'aspect exagérément grandiloquent du navire allait potentiellement dérouter l'Aurola, et c'était pour anticiper une réaction surprise de ce genre que le blondinet flamboyant avait pris les devants. Après tout, la seule fois où ils avaient pu se côtoyer en tant que chefs de leurs deux petites bandes, c'était durant la Grande Guerre, face aux pirates sanguinaires du non moins brutal Harushige... Et, à l'époque, Nakata n'avait en tout et pour tout que quatre compagnons d'infortune. Hato, Holly, Méliandre et Damon... Ces souvenirs étaient si loin, et cette situation initiale s'était tellement déformée qu'il peinait encore à croire qu'il avait parcouru tant de chemin, avec puis sans eux. Et dire qu'il n'était pas prêt de s'arrêter en si bon chemin avait invariablement de quoi lui filer des frissons, à mi chemin entre l'exaltation et l'effroi... Le MoT n'était plus non plus. Ce fier navire de marchandises qu'ils avaient volé, lui et son ex bras-droit, avait bien mal vécu les épopées que les pirates avaient traversé côte-à-côte. L'Aldébaran l'avait efficacement remplacé... Mais l'une comme l'autre des embarcations de Tengoku no Seigi ne seraient rien, strictement rien vis-à-vis du mastodonte redoutable que le forban s'apprêtait à commander. Et les pièces innombrables dont il était pourvu renforçaient certainement ce constat déjà éclatant si l'on considérait sommairement la taille imposante de ces bateaux.
Une serre de botanisme, qui serait utile aussi bien à la cuisine gigantesque et flambant neuve qui s'y trouverait qu'aux salles de consultation et d'opération dont les médecins disposeraient, une salle de fabrication pour que les charpentiers et les ingénieurs puissent y exprimer leurs pulsions créatrices, une salle d'art pour que le philosophe en herbe puisse lui-même tuer son temps libre en expérimentant ses compétences en la matière, une machine à revêtement pour s'enfoncer à la moindre occasion parmi les flots eux-mêmes, tel un submersible inexpugnable, ou encore une bibliothèque ne manqueraient pas de côtoyer les quelques cinquante cabines individuelles qui s'y trouveraient pour permettre aux forbans d'y trouver un repos salvateur. En plus de cela, le Fenice n'avait pas oublié d'ajouter à cela une chambre froide, une prison, une chambre d'entraînement ou encore une salle réunion, signes honnêtes et sincère de son ambition limpide : créer une véritable forteresse pouvant subvenir aux besoins et envies du moindre de ses compagnons. Après tout, l'île qu'il administrait lui-même, Graou Island, avait été amenée dans la dimension parallèle de Mewi Taggle, et ils ne pourraient plus y remettre les pieds avant un long moment... Il fallait par conséquent que le futur Yonkou génère là un parfait substitut.


Le Brise-Glace et le canon pourront également être utiles en tant de conflits... J'ai eu la chance d'observer l'Oro Jackson de près. Si tous les navires des grands pirates du Nouveau Monde sont aussi munificents, je crois que ce sera là un attirail incontournable pour veiller à notre sécurité.


Miser sur la défense n'empêchait pas de miser également sur l'attaque, après tout. Le bois d'Adam pourrait les prémunir d'un certain nombre de dangers qu'ils ne pourraient pas éternellement éviter, bien sûr, mais répliquer par les armes finirait tôt ou tard par s'avérer indispensable. En préparant le terrain de la sorte, l'ancien capitaine corsaire montrait à son homologue justicier qu'il conservait avant toute autre chose la tête sur les épaules. Certes, le navire serait disproportionné, trop gros et potentiellement trop lent... Mais cela ne ferait pas pour autant d'eux des cibles faciles à abattre. Au contraire, même...




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L’oro Jackson. Navire de renom. Il en avait entendu parler, mais n’avait jamais vraiment été attiré par le passé, ni même par les navires. Il avait entamé la discussion uniquement pour changer de sujet et alors que le Fenice lui montrait les plans de son futur navire, il ne put que constater que c’était un véritable man’o’war. Constitué d’une multitude de pièce et de pièce d’artillerie. Il laissa un instant son esprit divaguer dans les différentes lignes établissant le dessin du bateau, voyant quelques détails qu’il n’aurait pas imaginer avoir idée.

« Je vois. Pour ce qui est de l’artillerie, tu pense utiliser quoi comme canon ? Je vois que tu en as posté là et là, mais ce ne serait pas mieux de les placer ici… Ou peut-être là ? »

En tant que tireur d’élite, il avait une façon particulière de voir les choses, mais il était vrai que pour des « non-initiés », les positions choisis étaient principalement bien choisies. Pour autant, il ne pouvait douter un instant que Nakata, ou tout autre membre de son équipage, pouvait déjà avoir pensé à d’autres scénarios pour la création de ce mastodonte. Cependant, il arrivait parfaitement à se voir dans les couloirs de ce navire, y être présent sur le pont, où même à l’arrière d’un canon long ou d’une couleuvrine. Il s’imaginait, à nouveau, tirer avec l’une de ces pièces d’artillerie qu’il maniait avec tant de doigté. Malheureusement pour lui, il savait pertinemment que son avis n’était pas très formateur, et que son homologue n’en tiendrait pas forcément rigueur.

Les lieux que Daisuke indiquait avec ses doigts n’étaient pas réellement très indiqués en réalité. En fait, il n’avait jamais eu à naviguer en tant que capitaine sur ce genre de bateau, mais à l’instar d’un navire de guerre de la marine, il devait être lourd. Très lourd. Il ne pouvait pas se mouvoir facilement, c’est d’ailleurs parce que le pirate avait mentionné qu’il serait fait en bois d’adam que l’Aurola n’avait rien dit, sinon il aurait cillé et aurait rappelé à l’ordre l’ancien Shichibukai. Un bateau de cette taille devait être pesant, il fallait penser à la résistance du bois. Ce n’était pas qu’une question de défense, il pensait surtout au mat, qui devrait faire avancer la bête avec des voiles d’une qualité irréprochable pour pouvoir persister.

Non, quand il indiquait ses endroits, il s’imaginait à la place du tireur qui devait se charger des hostilités. Pour lui, les lieux les plus adaptés étaient de deux : le premier, au centre du pont, avec une sorte de socle d’où il pouvait rapidement changer d’orientation, dès lors, plus besoin d’une paire de canon – une pour chaque côté. Cela évité une charge, et non des moindres, présente sur le bateau. Le second, quant à lui, se trouvait au plus bas du navire, usant des canons les plus puissants, pouvant traverser le bateau adverse de part en part, à une proximité relative. Ce n’était pas, là, des canons ayant une précision hors norme, bien au contraire. Ceux-là seraient exclusifs aux attaques rapprochées, où l’on n’avait pas besoin de viser.

Bien évidemment, le tireur, lui, s’imaginer à la place de celui sur le pont. Capable d’atteindre des zones presque invisibles pour un œil amateur, il se voyait déjà tirer à des kilomètres avec un canon d’une envergure extrême. Il rêvait d’une telle arme, capable de tous ses caprices.

« Et j’imagine bien quelques balistes, sur les côtés, avec des cordes. Le tout est bien sûr prévu pour les abordages. Ce serait marrant de t’attacher à un bateau avec et de le voir s’efforcer de s’en aller. Le poids de ton navire l’en empêcherait et tu pourrais aisément le couler sans peine. »

Tout ceci, bien évidemment, n’était que supposition et il n’avait pas pu visualiser l’entièreté du plan. Alors, tandis qu’il s’imaginait simplement changer de sujet pour en éviter un, il semblait s’intéresser plus que ce qu’il pouvait prévoir. Finalement, il aurait pu en parler pendant des heures, mais son subconscient n’était pas de cet avis et de noirs souvenirs revinrent le rappeler à la « raison ». D’un coup d’un seul, son engouement disparut. Il finit alors par se remémorer un passage précédent, alors qu’il n’avait pas réalisé immédiatement.

« Nakata. Toute à l’heure. Ton bras. C’était bien du Haki. Comment ça marche, exactement ? »

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Lorsque Daisuke lui fit part de ses remarques, le Phoenix arqua un sourcil interrogatif, surpris par la démarche mais non moins attentif. Il n'y connaissait pas grand chose en artillerie, puisqu'il n'avait jamais vraiment tenu le rôle d'artilleur et qu'il n'avait même jamais vraiment tenté de tirer au canon : il préférait amplement les affres d'une bataille musclée et impitoyable à un bombardement en règle... Cependant, il n'en devait pas moins veiller à l'efficacité offensive de son embarcation, puisqu'il ne serait pas le seul à s'y trouver : si, pour une raison ou pour une autre, Kyoshiro et lui-même étaient absents du futur bateau, alors le reste de Tengoku no Seigi devrait pouvoir veiller à garantir l'intégrité dudit bateau... Ce dit, fondamentalement, passait également par l'attaque. Nakata n'était pas sot : certes, le bois d'Adam coûtait une fortune et était indéniablement le matériau le plus solide au monde, exception faite éventuelle du granit marin et des autres armes secrètes du Gouvernement Mondial et, plus particulièrement, de la Section scientifique... Mais cela n'allait pas les rendre invulnérables pour autant. Sans même parler des Yonkous qui, en personne, pourraient sans doute venir à bout d'une telle coque en quelques mouvements à peine, il devait exister de nombreux moyens de mettre à mal une embarcation de cette taille, y compris par le biais d'armes traditionnelles. Le bois était toujours du bois : il flambait, à condition qu'on l'expose à des flammes suffisamment ardentes pour ce faire... Par ailleurs, l'autre proposition du logia était également à étudier. Des grappins, pour sonner l'abordage et empêcher, via le gros tonnage de leur navire, l'hypothétique fuite des ennemis... C'était parfaitement alléchant, d'autant que plusieurs membres de l'équipage étaient capables de voler, le Phoenix y compris. Tant qu'ils maintenaient leurs opposants à distance raisonnables, ils conservaient un ascendant monumental en terme de bataille navale... Le Fenice, songeur, se gratta le menton un court instant en s'octroyant un court instant pour dévisager Daisuke. Définitivement, cet ancien contre-amiral était surprenant : il ne lui aurait jamais envisagé de tel don en la matière. Quant aux questions techniques, l'ancien capitaine corsaire ne savait y répondre : il n'était pas suffisamment qualifié pour ce faire, et les charpentiers de Galley-la Company pourraient fort probablement l'aiguiller à ce titre. En attendant, cela n'empêchait pas les conseils de son ancien rival d'être passablement pertinents... Aussi, lucide, le musicien ne tarda guère à le remercier d'un bref signe de la tête et d'un sourire éclatant, porteur d'une reconnaissance indéniable et sincère.



Ça aura au moins le mérite d'être à réfléchir. Je te remercie pour tes conseils. J'en discuterai avec les ingénieurs.


Alors qu'il récupérait ses plans et les enroulaient à nouveau, le virtuose fut soudain coupé dans son élan par le comportement lunatique et imprévisible de son interlocuteur, qui semblait vouloir s'en retourner à des propos plus austères. Il souhaitait obtenir quelques précisions quant au haki de l'armement ? Et bien, d'une certaine manière, il n'aurait probablement pas pu mieux tomber... De tous les combattants qui se trouvaient actuellement sur l'Archipel Shabondy, le blondinet était très clairement l'utilisateur de ce fluide le plus prometteur en la matière. Il avait d'ores et déjà débloqué quelques compétences qui lui étaient propres à ce titre, et il avait notamment pu les mettre à profit face à Wakai Tsuki, entre autres... L'occasion d'observer dignement ses progrès et de les estimer avec clarté et objectivité. S'ils n'avaient pas vraiment le temps de s'épancher en la matière aussi longuement qu'un tel sujet n'aurait pu le nécessiter, l'ancien capitaine corsaire pouvait a minima faire un tour d'horizon prompt et efficace de ce style de combat atypique mais néanmoins nécessaire pour tous ceux qui espéraient un jour gravir les échelons avec le même orgueil et le même panache que lui... C'était là la moindre des choses, considérant l'intelligence des conseils que son interlocuteur avait pu lui offrir vis-à-vis de l'armement de son futur bastion naval.


C'est... intuitif, en tout cas pour moi. Je ne peux pas t'expliquer en détail comment l'éveiller. Dans mon cas, c'est né de la frustration... Je n'arrivais pas à toucher Holly en entraînement. Le moindre de mes coups la traversait. Jusqu'au jour où...


Il avait toujours été du genre intrépide. Combattre Daisuke, la première fois, avait été une expérience horriblement désappointante. Il se souvenait encore de cette impression terrible de se sentir traverser le corps impalpable de ce logia insaisissable... C'était un sentiment d'impuissance qu'il n'avait jamais vraiment subi jusque-là, et qu'il s'était contenté d'infliger à ses ennemis avec un sadisme et une fierté indicibles. Petit-à-petit, il avait compris qu'il ne pouvait pas se permettre de jouer uniquement sur son fruit du démon, fut-il l'un des plus redoutables en combat singulier. Il avait donc passé le plus clair de son temps à muscler son corps, à le rendre de plus en plus athlétique... Et, à terme, avait fini par améliorer sa maîtrise de ses deux hakis, dans le seul but nourri et assumé de devenir un combattant hors pair. C'était chose faite, mais le chemin avait été semé d'embûches qui, pour la plupart, semblaient insurmontables pour le commun des mortels...

Le plus important, c'est de conserver sa concentration. Ensuite, le reste vient tout seul. Il permet, dans un premier temps, de toucher le corps véritable des maudits. Pas seulement des logias : une carapace de zoan devient aussi molle qu'un corps humain. Ensuite, il permet de générer une plaque défensive... Ou d'améliorer la puissance brute d'un coup. Enfin, et seulement après cela, il peut se décliner sous différentes formes, selon son utilisateur...


C'était là un résumé plutôt exhaustif, et qui n'allait pas fondamentalement éclairer son interlocuteur sur la totalité des points mystérieux et énigmatiques qui pouvaient entourer une telle aptitude, mais c'était à tout le moins un début par lequel il était obligé de transiter pour aller plus loin. Restait à savoir, par la suite, ce que l'Aurola voulait savoir de plus. Si le Phoenix n'était pas certain de pouvoir lui apprendre grand chose, puisque le temps leur était compté, il pouvait au minimum le renseigner quant à la théorie... le reste suivrait tôt ou tard, si le logia continuait à s'exposer de la sorte et à se mettre en danger. C'était l'adversité, après tout, qui formait à l'art de la guerre. Sans danger, tous les hommes étaient égaux...




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Y a pas de fumée sans feu




C’était vrai que l’idée qu’il se faisait du Haki de l’armement était à peu près ce que lui avait dit son interlocuteur. Cependant, il avait déjà pu le voir à l’œuvre plusieurs fois – et à ses dépends d’ailleurs. Que ce soit face à Sardegna, Kiruyo ou même son subordonné Utsumi. Ce type-là, Daisuke l’avait eu à l’usure. Possesseur d’un des fruits Zoan les plus solides, un homme-scarabée ayant le Haki de l’armement pour renforcer sa résistance. Ce n’était pas en combat rapproché que l’ex-contre-amiral avait pu le vaincre, mais avec de la ruse et une extrême patience.

Ce n’était pour l’heure pas le moment de ressasser ce genre de déconvenue. Ecoutant les dires de Nakata, il comprit rapidement qu’il ne tirerait pas vraiment d’informations supplémentaires. Tout ce que le Fenice lui avait dit, il l’avait déjà entendu de la voix d’autre expert en la matière, mais c’était à la fois vague et précisément exact. Le jeune tourmenté comprenait déjà que c’était une question assez complexe et devoir l’expérimenter était sans doute la seule véritable solution. Du coup, même s’il savait comment cela fonctionner, ce n’était que par la pratique qu’il pourrait y arriver, donc ce n’était plus vraiment la peine de continuer à en parler.

En revanche, il resta un moment songeur, se remémorant les souvenirs confus qu’il avait encore de la grande Guerre. Lorsque Nakata rappela le nom d’Holly. Elle aussi était intangible, comme lui, mais dans ses mémoires, elle avait le fruit de la neige ou quelque chose du genre. Il ne se souvenait pas si elle avait cette malédiction lorsqu’elle participa à la mort de Clyde. Ce n’était qu’un détail, mais qui revint comme une bouchée d’air frais dans son paradis morbide du moment.

Intuitif. C’était le cas aussi pour le Haki de l’empathie que Daisuke avait développé un peu malgré lui. S’en servant depuis le départ comme simple aide, il n’avait pas encore la prétention de le maitriser à la perfection, n’ayant pour l’instant fait qu’effleurer les véritables capacités de ce don. En fin de compte, il ne s’en préoccupait pas suffisamment et ne parvenait tout simplement pas à le contrôler de la meilleure manière qui soit.

« Je vois. C’est bien ce que je pensais. C’est plus compliqué à expliquer qu’à expérimenter. J’ai affronté un des membres de l’équipage d’Hadès, l’un des Yonkou, qui avait justement le Haki de l’armement. »

Cette partie de sa vie, qui revint alors que le sujet était de rigueur, n’était pas forcément des plus aguichante, lui rappelant le vice qui l’avait envahi à l’époque. Cependant, elle avait le mérite d’exprimer au mieux son expérience dans le domaine. Ce gars-là, Sardegna, l’avait bien amoché aussi, mais à cette époque, même si la vengeance était importante pour l’ex-marine, elle n’était pas devenue une obsession. Résistant à l’appel du sang, il avait rejoint un petit groupuscule de chasseur de prime et profitait de sa place pour gagner sa croute discrètement tout en débarrassant le monde des pourritures qui l’infecter. Ce lieutenant d’Empereur l’avait bien eu aussi, lui faisant croire monts et merveilles alors qu’il n’en était finalement rien. Il n’avait compris l’arnaque que trop tard, espérant en vain pouvoir approcher l’un des plus grands pirates au monde. Cette expérience avait eu, cependant, le mérite de lui apprendre la fourberie de certains êtres. Il était encore très naïf, mais il avait quelque peu muri lors de son affrontement contre l’homme-bête et était parvenu à se défendre à l’arme blanche contre un combattant au corps à corps.

C’était là une première, surtout quand on sait que le type était bien plus baraqué que lui et sachant maitriser le Haki de l’armement. Bon, c’était vrai que pour le coup, si le combat avait duré, il aurait été dans de beaux draps, néanmoins, il ne se posait pas la question de savoir ce qui se passerait si jamais l’affrontement devait se reproduire. Aurait-il autant de chance ? Parviendrait-il à surpasser son adversaire ? C’était douteux, surtout dans l’état où il se trouvait. Il devait avoir perdu en dextérité depuis la dernière fois, savait-il vraiment encore se battre ?


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Exactement. Ce serait comme s'évertuer à expliquer le sens du toucher à quelqu'un qui en serait dépourvu.


L'assertion de Daisuke, le Phoenix ne pouvait que l'approuver : ce n'était pas là quelque chose que l'on pouvait expliquer sommairement, sans quoi personne n'ignorerait l'existence d'une arcane si puissante et si efficace dans un Monde peuplé de maudits en tout genre. C'était précisément l'étrangeté de ce fluide et la difficulté à le cerner qui le rendaient si inaccessible, si simplement rare... Quant au fait qu'un lieutenant d'Hadès ait croisé le chemin de l'ancien marine pour échanger quelques coups avec lui, cela ne surprenait pas le pirate blond outre mesure : après tout, son interlocuteur avait été un haut gradé et devait s'être causé des lots d'ennemis plus prestigieux les uns que les autres. Pourtant, cette pensée vint faire divaguer les pensées de Nakata, l'espace d'un instant : savoir que les lieutenants d'Hadès étaient redoutables ne le surprenait aucunement, mais cela ne l'empêchait pas d'éprouver un léger sentiment d'appréhension et d'inquiétude vis-à-vis des batailles qui allaient être les siennes et, plus largement, celles de son équipage une fois élancés dans le Nouveau Monde. Pour l'heure, lui était suffisamment puissant et acéré pour tenir tête à leurs ennemis... Mais pouvait-il en dire autant de ses amis et compagnons d'infortune ? Exception faite de Kyoshiro, et éventuellement de Damon, Hiko et Alidia, lesquels de ses camarades étaient susceptibles de donner du grain à moudre aux forces du vieil Empereur ? La question demeurait entière, et l'anxiété du musicien ne retransmettait qu'une idée simple et limpide... Il avait toujours besoin d'alliés supplémentaires, de soutiens indéfectibles qui sauraient lui permettre de progresser plus sereinement. Le Fenice n'en était qu'aux prémices embryonnaires de sa carrière au sein des hautes-strates de la piraterie, et il se rendait compte du fait cruel que lui et le reste de son équipage souffraient d'un décalage en terme de puissance et d'efficacité tout de même assez drastique. S'il en était probablement de même pour les autres Nebulas ainsi que les Yonkous, il ne pouvait pas s'empêcher de redouter l'instant où leur route croiserait celle d'ennemis redoutables. Pourrait-il, à cet instant, veiller sur la sécurité et l'intégrité des siens sans craindre que la situation ne prenne une tournure regrettable ? Rien n'était moins sûr...

Mais ces préoccupations-là lui semblaient pour l'heure absurdement lointaines. Il avait un navire à faire construire, et un premier voyage à mener à bien... Tant qu'ils ne mettaient pas les pieds sur l'île des Hommes-Poissons, leur périple ne commencerait pas véritablement : les dangers ne se feraient croissants qu'à compté de cette escale-là. Quant au reste, chaque périple lui permettrait sans aucun doute de lorgner du côté des compétences des siens, afin de s'assurer de leurs qualités et de les polir à l'instar d'un cristal mémorable... Ses camarades d'aujourd'hui seraient ses plus proches alliés par la suite, lui permettant de gouverner un Empire d'une main de fer, et d'ériger aux alentours de celui-ci une protection inexpugnable. C'était son rôle que celui de veiller au bon développement de leurs compétences... Que de s'assurer qu'ils sauraient à l'avenir livrer bataille sans risquer d'être happés par des forces ennemis plus aiguisées et efficaces. Et c'était là un rôle qu'il ne pourrait que prendre à cœur, tant la sécurité des siens l'obnubilait plus que tout autre problème...



J'imagine que... C'est probablement la dernière fois qu'on se voit. Il ne fait pas bon vivre dans le Nouveau Monde, pour un marine...


Même le hasard fortuit ne saurait plus jamais croiser leurs chemins, une fois que le Phoenix aurait rejoint cette mer des forbans : il n'y avait quasiment aucune chance pour que Daisuke ne finisse par s'y aventurer, après tout. A moins que sa vengeance ne l'y porte, bien entendu... Passant une main distraite dans sa chevelure indomptable, Nakata se remémora une ultime fois leurs bravades et leurs exploits durant la Grande Guerre, qui aurait pu revêtir pour eux une teinte carmin et morbide. Cela avait été leur entrée en matière fracassante dans la vie de grandes personnes, de combattants aux compétences affûtées... Et une entrée en matière que l'artiste ne pouvait plus regretter, à cette heure précise. Tout, au sein de sa carrière, avait été extrêmement et même éhontément prématuré, de son point de vue. Il n'avait jamais pris le temps de réfléchir, de songer, rythmé par les combats et l'effervescence des adversités entretenues au fil du temps... Cela avait longtemps durant été son plus grand défaut. Néanmoins, ce cap qu'ils avaient su franchir avec talent s'était avéré absolument indispensable pour faire parler d'eux et commencer à élaborer, façonner leurs images et leurs personnalités. C'était ce jour-ci que le mythe du Phoenix était né, et qu'il avait été pressenti pour le poste de Schichibukai qu'il venait tout juste de quitter... De l'eau avait coulé sous les ponts, et il ne pouvait qu'admettre humblement que cela avait été son premier haut-fait, et le plus fondateur d'entre tous. Ne restait dorénavant plus qu'à réitérer l'exploit, quel qu'en soit le prix : le Fenice avait grand besoin de continuer à faire parler de lui, à pousser le monde à reconnaître sa superbe, son audace et sa puissance. Ce n'était qu'à force de générer des miracles qu'on le considérerait finalement comme ce qu'il espérait ardemment être, et ce depuis des lustres : le porte-parole de la volonté des démunis et le héraut de leur espérance commune, celle de vivre dans la paix et l'équité.

Une main franche fut tendue, dans l'optique de serrer celle que l'Aurola lui renverrait. Ils s'étaient, jusque-là, contentés d'évoluer l'un l'autre dans une adversité assumée et affichée, séparés par des factions aux ambitions différentes et qui avaient fait d'eux des ennemis naturels. Mais aujourd'hui, l'ancien contre-amiral et l'ancien capitaine corsaire en étaient à un stade où ils le savaient sans doute instinctivement : ils n'avaient rien de deux véritables adversaires, puisqu'ils se dirigeaient vers la même destination, même si leurs cheminements n'étaient pas les mêmes...



Je te souhaite de t'en sortir. Et de réussir à changer les choses, si moi-même j'y échoue.


Offrir le fardeau à d'autres et veiller à ce que ses idées persistent même après sa mort, cela avait toujours été la manière de procéder du Phoenix. Enfanter d'autres héros, permettre aux justiciers de croître sans crainte ni frayeur... En un mot comme en mille, aider. Son objectif n'était pas seulement de créer un monde idéal, une société parfaite et sans la moindre aspérité où tous pourraient vivre sereinement, dans le plus candide des bonheurs... C'était aussi et surtout de créer des hommes et des femmes capables de veiller sur cette utopie, de bénéficier de ses usufruits tout en surveillant le bon fonctionnement de ce paradis idéal. Et, le mythique en avait l'absolue certitude, Daisuke ferait tôt ou tard partie intégrante de ces gardiens, si un tel système voyait finalement le jour...




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Mar 3 Avr - 18:16






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Les mots de Nakata sonnaient, dans la tête de l’Aurola, comme une invitation détournée. Ce n’était probablement pas le cas, car les dires du pirate était bien sérieux et avaient le gout d’adieux, mais ce n’était pas ainsi que l’ex-contre-amiral le ressentait. Après tout, aucun d’eux ne savaient discerner les choses futures. Peut être que dans un avenir plus ou moins lointain, ils se rencontreraient à nouveau. Ce serait peut-être l’occasion de tester leurs nouvelles capacités respectives, en étant ou non du même côté, même si les chances que les deux hommes avaient de s’affronter à nouveau étaient minces, proche de l’exclusion, elles étaient toujours présentes.
Dans sa tête, le nouveau monde n’était ni plus ni moins qu’un prolongement de Paradise. Pour lui, ce n’était qu’une seule et même mer : Grand Line. Il n’avait jamais posé les pieds sur la seconde partie de la route de tous les périls, ni même évoqué l’idée de s’y aventurer. Les seuls souvenirs qui pouvaient évoquer cette partie de l’océan du monde étaient son combat contre Sardegna et le bateau que son équipage avait récupérer le jour de leur fondation qui avait voyagé sur le nouveau monde. Rien ne pouvait le mener, aujourd’hui, sur cette partie du globe, et il avait plusieurs choses à régler ici, sur Shabondy et sur Paradise en général. Il ne pouvait tout simplement s’y rendre comme ça.

Alors oui, Nakata avait des projets et devait s’y rendre, avec tout son équipage. L’ancien marine le regardait, emplis d’une sérénité exaspérée, comment pouvait-il braver tant de danger le cœur aussi léger ? Ses démons remontaient à l’idée même de croiser un membre de l’équipage de Kiruyo, à leur évocation même. Comment, alors même qu’il se dirigeait vers des dangers bien plus extrême que ceux de l’Aurola, le Fenice ne voyait pas son cœur vaciller ? Tant ses questions le taquinaient qu’il voulu les exprimer de vive voix, mais les mots du pirate vinrent le couper dans ses intentions.

Sa main. Aurait-il ne serait-ce qu’un jour imaginer lui serrer la main ? Ce type-là, avec qui il s’était escrimé, presque jusqu’à la mort lors de leur première rencontre. Jamais il l’avait envisagé, même quand il l’avait vu, quelques minutes plus tôt quand il l’approchait. A aucun moment il s’était dit que cela pouvait être une éventualité, pourtant, maintenant qu’elle était là, elle retentissait comme une évidence. L’échange entre les deux blonds avait été totalement différent de ce qu’il aurait pu imaginer, même dans ses rêves les plus fous. Ne serait-ce que par les sujets abordés que par le calme avec lequel les deux hommes avaient conversé.

Il n’hésita pas une seconde avant de lui rendre sa franche accointance, arborant un léger sourire non feint. Les choses en étaient là, c’était probablement la dernière fois qu’ils se verraient, même si un changement soudain de la situation pouvait subvenir. Il relâcha rapidement la pression et répondit à son homologue.

« Je n’ai pas encore compris tes réels objectifs dans la course au pouvoir, mais je te souhaite bon courage, tu vas sans doute en avoir besoin. Je te remercie de m’avoir écouté tout du long, ça fait du bien de discuter ainsi. J’avais oublié. »

Ce n’était pas la seule chose qu’il avait oublié, vous les savez, je l’ai assez répété, mais grâce à cette entrevue imprévue, le jeune Aurola avait reprit du poil de la bête. Ce n’était qu’à peine perceptible, mais cette flamme qu’avait rallumé le Fenice était devenue plus forte, même si son intensité n’était pas apparente, il était clair que quelque chose en Daisuke était revenu. Il parvenait à mettre le doigt sur des souvenirs dont il n’avait plus conscience, parvenant jusqu’à se souvenir du moindre détail du visage de sa bien-aimée… Comment avait-il pu oublier toutes ces personnes qui avaient fait de lui ce qu’il était ? Kanade… Shigure… Firo… Qui était-il pour dénigrer les vivants au détriment des vivants ? Pourquoi chercher ailleurs une raison d’exister, une raison de survivre ?
Malgré ses souvenirs indélébiles qui ressurgissaient, il resta impassiblement muet, jusqu’à ce qu’il trouve les mots. Les bons mots qui clôtureraient sur une note plus que positive la rencontre.

« Merci… Je serais là. »

Ces mots résonnaient en Daisuke comme le glas de ses errances morbides. C’était la fin de sa quête vengeresse, suite de décadence, qui se profilait, mais il devait quand même retrouver cette fameuse personne, juste pour le bien commun, non pour un désir expiateur. Ce serait là une sorte de renouveau, une renaissance, amorcer par la rencontre d’un Phénix.

C’était la fin de ce tête-à-tête hasardeux, mais il voulait graver cet instant dans son cœur. Il resta donc immobile, attendant que ce soit le Fenice qui fasse le premier pas.



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Il semblait effectivement que leur rencontre fortuite touchait à sa fin : les mains tendues et la poignée à la fois ferme et fraternelle qu'ils échangèrent scellèrent d'une façon bien plus loquace leur complicité recouvrée que les mots qu'ils avaient pu se destiner l'un l'autre au fil de ce moment hors du temps. D'une certaine manière, les deux antagonistes blonds s'étaient jaugés cette fois-ci bien plus profondément que par le passé, car ils s'étaient adressés comme à deux hommes et non comme à deux ennemis. C'était potentiellement pour cela que Nakata avait l'impression d'être plus proche de l'ancien marine qu'ils n'avaient jamais eu l'occasion de l'être : le temps les avait assagit, aussi, et leur avait permis de nuancer à la fois leurs positions et leur tendance à s'irriter dès que la situation le leur permettait. Ils avaient subi des coups durs, vu des amis périr et senti la mort les frôler plus d'une fois, l'un comme l'autre... Ils savaient donc mieux que quiconque que l'ardeur insouciante ne débouchait parfois que sur des conflits aux conséquences désastreuses et regrettables. Et, dans les faits, ils n'avaient absolument plus rien à se dire, désormais : ils allaient certainement se toiser l'un l'autre, de part et d'autre de Red Line, demeurer en chiens de faïences, aux abois, prêts à s'affronter lorsque cette époque serait ravivée dans le feu de l'action... Mais ils allaient le faire avec une patience et un intérêt tout particulier qui, bien loin d'être néfaste, serait bienveillant et cordial. Ils luttaient pour la même cause. Cette perspective força l'artiste à arborer un sourire supplémentaire tandis que Daisuke l'encourageait, à sa manière, à persévérer sur le chemin qui était le sien. Le Fenice se sentit quelque peu ragaillardi par les dires de ce vieux frère ennemi qui le remerciait également d'avoir pris le temps de converser quelque peu. De son côté, le Phoenix ne pouvait assurément pas dire que la discussion et l'échange avec autrui lui manquaient : il n'avait qu'à parler pour être écouté. Il était au centre de toute l'attention, aussi bien au milieu de l'équipage que tous les endroits où ses pieds le portaient... Cela étant, il était parfois bon de renouer un contact même précaire avec son naguère et ses origines : c'était peu ou prou l'exercice auquel ils s'étaient livrés tout deux, l'homme-fumée et lui-même.



Ouais. Je compte sur toi.


Et s'ils y parvenaient ? Alors qu'il relâchait la main de son interlocuteur et tournait prestement les talons, classieux et droit comme à l'accoutumée, cette pensée malicieuse et quelque peu optimiste vint le saisir et fortifia la joie qui occupait son faciès. Si Daisuke parvenait à la tête des forces gouvernementales et que lui-même parvenait à faire ployer les Yonkous, pourraient-ils faire de ce Monde un endroit meilleur, plus paisible et plus sécuritaire pour tout un chacun ? Était-ce seulement raisonnable et responsable que de fantasmer à la poursuite de telles chimères ? Le chemin à parcourir lui semblait encore si long, et si semé d'embûche... Et pourtant, le zoan mythique avait su surmonter des myriades d'obstacles, jour après jour : chose que le logia, quant à lui, devait encore faire. Ils n'en étaient pas au moins points de leurs carrières respectives, le criminel ne le savait que trop bien. Lui se trouvait être catapulté au sommet d'une gloire exponentielle, face à une ligne droite qu'il n'avait plus qu'à parcourir sans jamais dévier de son cap, en défonçant le moindre de ses assaillants qui tâcherait de lui bloquer la route. L'Aurola, quant à lui, devait encore faire face aux ténèbres indicibles et insondables qui étaient venues parasiter son cœur pour combler la disparition des siens... Parviendraient-ils seulement à avancer davantage encore, l'un comme l'autre ? C'était une question qui demeurait en suspend et qui risquait de l'être encore bien longtemps : après tout, le Phoenix était bien placé pour savoir que tout échappait à la logique, sur Grand Line, et que les prédictions les plus folles étaient bien souvent les plus envisageables. Tout ce qui était irréel pouvait hypothétiquement prendre vie, alors que tout ce qui semblait de prime abord certain était voué à disparaître, ou à ne simplement jamais exister...

Un bref regard destiné à ses plans suffirent toutefois à ramener Nakata à la réalité imminente. Si l'homme fumée se cherchait encore, ça n'était plus son cas. Il avait un rêve à mener à bien, un périple à mener à son terme, et Shabondy n'était que l'ultime escale avant d'entrer dans son voyage le plus fou et le plus inconsidéré. Une escale savoureuse, plaisante, à en croire les moments qu'il avait déjà vécu et qu'il vivrait encore ici bas. Il n'en finirait pas de sourire, de rire, de chanter, de bavarder et de danser en compagnie de ses amis et camarades, car c'était précisément la dernière chose qui demeurait de son humanité : sa vie et sa joie contagieuse. S'il était bel et bien déterminé à l'idée de ne pas laisser le guerrier prendre le pas sur l'artiste, il en était également conscient : ce dernier allait connaître une longue et éreintante traversée du désert, une fois que l'île des Hommes-Poissons serait loin derrière eux...





_________________
Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.
[FB] Y a pas de fumée sans flammes V2 [PV Daisuke] Nak_si10

Fenice Nakata
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