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Edward Lawrence
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Mar 13 Mar - 1:35





Début 1506 ~ Archipel Shabaody





D’un puissant battement d’ailes, le volatile s’extirpa de la pesanteur terrestre afin de regagner son habituelle liberté. D’un regard songeur, je regardai la créature disparaître dans l’immensité du ciel, par-delà les cimes des mangroves endémiques de ces lieux merveilleux. Le voyage avait été plutôt tranquille et l’archipel n’avait pas été bien difficile à retrouver finalement. Il m’avait suffi de voler jusqu’à apercevoir les parois rocheuses de la majestueuse Red Line et de longer celle-ci jusqu’à atteindre la terre promise. Partir d’Himitsu Shima avait sans doute été une très bonne idée, surtout si l’on considérait tous les bénéfices de cette ultime escale.

D’un geste souple, j’entrepris de relever une mèche de cheveux qui pendait mollement sur mon front, comme pour balayer les diverses aspérités que j’avais pu rencontrer lors de mon périple. Mon corps n’avait pas oublié l’écrasante puissance de Ren Tao et l’humiliation qu’il m’avait infligée sur Berk Town. Pourtant, cette rencontre était sans doute salutaire : que serait-il advenu d’Edward Lawrence si j’avais pu rencontrer la délégation dépêchée par Chairoka spécialement pour mes beaux yeux. Non, finalement rien de tout ça n’était dû au hasard : j’étais là où les vents avaient choisi de me mener.

Un sourire vint illuminer mon faciès qui semblait empreint d’une paix que l’on ne me connaissait pas. La douce sonorité des bulles qui naissaient et éclataient avait quelque chose d’apaisant. L’archipel Shabondy était l’un des rares endroits au monde où je me sentais épanoui, finalement. Chacune de mes visites en ces lieux avait eu quelque chose de particulier. Et ce jour ne dérogeait pas à la règle : pour la première fois de ma maigre existence, j’étais parvenu à parcourir la moitié du monde de mes propres ailes. Un formidable sentiment d’accomplissement que personne ne pourrait me retirer.

Alors que je poursuivais ma progression sur l’archipel sans trop me soucier de l’endroit où je me dirigeais, un détail heurta mon attention : les épais chiffres peints en blanc sur le tronc de la mangrove sur laquelle je me trouvais. 42. Un soupir amusé vint perturber le mutisme dans lequel je m’étais muré jusqu’alors. Vers quelle zone de l’archipel étais-je censé me diriger ? C’était un point que mes correspondantes n’avaient pas abordé lors de notre conversation téléphonique. Peut-être la zone Gouvernementale ? Ou la zone touristique ? À moins qu’il ne s’agisse de la zone de non-droit, mal famée à souhait.

D’un haussement d’épaules, je balayai les quelques doutes qui enrayaient ma progression. Qu’importe, la direction puisque tous les itinéraires me mèneraient à mon futur. Car les lois du destin étaient impénétrables.


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Mar 13 Mar - 11:15

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Bremuria Helena & Hélène.

L'Archipel Shabondy. Les Yarukimans Mangroves, ces arbres hauts et fiers, pour l'immense majorité pluriséculaire, formaient une flore absolument inédite et quasiment jamais vu, nulle part ailleurs dans le monde. Si la proximité du Nouveau Monde aidait assurément à leur développement, et s'il s'en trouvait fort probablement ailleurs dans cette mer houleuse et impétueuse, personne ne pouvait nier que ce regroupement terriblement accessible était le plus colossal au monde et qu'il représentait un havre de paix fort bienvenu pour les pirates du Monde entier, qui souhaitaient tenter leur chance à l'assaut du One Piece ou de l'un des sièges d'Empereurs Pirates. Mais les forbans n'étaient pas les seuls à s'y complaire : les marines, nombreux, tentaient de conserver l'archipel sous contrôle, tandis que les chasseurs de primes et les hors-la-loi de tout bord se livraient une guerre sempiternelle et continuelle. On trouvait là tout ce dont l'homme avait pu rêver, car il s'agissait sans nul doute du plus grand carrefour de la Route de tous les Périls : du monde y transitait, tant dans un sens... Que dans l'autre.

Et, précisément, les deux Bremurias se trouvaient là dans le but de faire le chemin inverse. Le Fizmo édition collector, celui qu'elles désiraient tant, devrait se trouver ici en compagnie d'Edward Lawrence. L'homme ayant une mise-à-prix fraîche et récente, elles avaient su se la procurer et cherchaient dorénavant à mettre la main sur ce type qui, s'il était plutôt bel homme, n'avait en aucun cas la noblesse et la classe indéniable de Mifune, le grandiose Sword Master. Pour autant, elles ne déchantaient pas et ne cessaient, euphoriques, d'afficher un sourire pour le moins loquaces : elles étaient simplement heureuses de pouvoir mettre la main sur l'objet de leurs convoitises après un si petit périple. La route entre le Nouveau Monde et Shabondy, elles avaient très franchement l'habitude de la parcourir : ça n'était ni la première, ni la dernière fois qu'elles la faisaient. A cette pensée, Helena se figea quelque peu, pensive et songeuse. La dernière fois... Leur route avait croisé celle de Shindô, un homme-poisson, et Tsukiyo no Hato, un pirate local doublé d'un épéiste fameux, qui avait su, chose rare, intéresser Mifune. Mais l'un comme l'autre de ces vieux opposants étaient morts, désormais... Le temps passait, et les rookies qui parvenaient à s'élever durablement n'étaient définitivement pas légion. Héléna tira finalement sa sœur de ses pensées, quelque peu lassée, tandis qu'elle décrochait un den den mushi pour joindre Edward Lawrence, dont elles possédaient le numéro.

-Helena ! Arrête de rêvasser, on va pas y passer la journée !

Dès qu'Edward répondrait, la jeune femme s'en tiendrait au strict nécessaire et irait droit au but, prouvant à nouveau qu'elle n'avait guère l'ambition de s'attarder par ici outre mesure.

-Monsieur Lawrence ? Nous sommes sur Shabondy. Vous vous y trouvez ? A quel grove ? Ne bougez pas. On arrive.

Elles connaissaient toutes deux l'archipel et avaient l'avantage, en tant que capitaine corsaire, de pouvoir se balader sans craindre d'être interpellées par les forces de la marine, et plus largement du Gouvernement Mondial. Alors que sa soeur la rejoignait docilement, Hélène pivota pour faire face à la troisième silhouette qui constituait le trio, attirant son attention à grands renforts de risette et de gestes chaleureux.

-Mifune ! Tu viens avec nous ?
-Mouais.

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Mifune, Sword Master et Capitaine Corsaire.

Contre toute attente, il avait décidé de les suivre jusque sur Paradise, quand bien même la situation n'allait pas leur permettre de s'attarder et de partir à la rencontre des jeunes épéistes en devenir pour prendre la température des prochains cadors, comme il pouvait avoir l'habitude de le faire lorsqu'il s'aventurait par-delà Red Line. Mifune aimait Shabondy, la grandeur de ces arbres et l'aspect tranquille qui régnait par là, quelque peu apaisant. La proximité des Bremurias, auxquelles il avait su s'acclimater, ne l'empêchait pas vraiment de se relaxer et de se remettre de la violence tumultueuse dont le Nouveau Monde pouvait receler sur chaque île. Bien sûr, lui n'avait plus grand chose à craindre en tant que navigateur, tant sa force était colossale... Mais il aimait parfois n'avoir à penser à rien, ne s’encombrer de rien d'autre que d'un puissant sentiment de sérénité. En fin de compte, il n'espérait qu'une chose : que personne ne tenterait de lui chercher des poux aujourd'hui, sans quoi il risquait fort de faire parler ses lames...



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Mar 13 Mar - 12:24





Début 1506 ~ Archipel Shabaody





Une à une, les mangroves s’étaient succédées sans que je n’y porte vraiment attention. L’atmosphère si particulière de l’île enrobait ma progression d’une certaine féérie. Comme si rien de tout cela n’était réel, finalement. Je fus toutefois tiré de mes rêveries par le bourdonnement caractéristique de mon escargot de poche, ce qui me fit sursauter. L’heure était-elle venue ? Réalisant ma surprise, j’entrepris de regarder avec effroi autour de moi afin de vérifier que rien n’avait explosé. Alors, dans un ouf de soulagement, j’entrepris de décrocher le combiné.

En entendant la petite voix féminine s’extirper du gosier de l’escargot. Mon visage se crispa dans une expression de grosse contrariété. Monsieur Lawrence ? N’avais-je pas précisé que c’était Monsieur Edward ? N’avait-elle donc aucun respect envers l’homme qui avait parcouru tout ce chemin pour lui offrir satisfaction ? Était-ce par volonté de me froisser ou bien était-ce de la négligence ?

« Bonjour. En effet, je me trouve actuellement sur le grove… Euh... attendez un instant... »

Ne voyant pas l’inscription sur l’épais tronc de l’arbre, je dus me déplacer. Une fois de plus, l’annonce de la jeune femme avait de quoi titiller mon égo : sa manière de m’ordonner de ne pas bouger avait quelque chose de déplaisant. Comme si je n’étais qu’un vulgaire canidé contraint de suivre les ordres d’une jeune maitresse capricieuse. Chassant ces absurdités de mes pensées, je me reconcentrai sur la réponse qu’attendait ma correspondante.

« Ah ! Le grove N°42, toujours... Je vous y attends. »

Il était amusant de constater que jusqu'à maintenant, je n'avais fait que tourner en rond. Alors, je raccrochai et m’installai dans l’herbe qui tapissait le sol tandis que mon regard se porta vers la voute céleste. Là où les bulles voyaient leur existence se rompre brutalement, comme si elles s’étaient brûlées les ailes en voulant toucher l’horizon. Alors, mes pensées vagabondèrent sur la raison de ma venue en ces lieux. Cette décision que j’avais prise et à laquelle j’avais songé tout au long de mon voyage. Je ne pouvais m’empêcher de la soupeser une nouvelle fois, comme si j’en craignais les conséquences. Et je ne connaissais que trop bien ce dicton m’appelait à la prudence. À force de jouer avec le feu, on finissait irrémédiablement par se brûler.


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Mar 13 Mar - 17:57

Tout autour d'Edward, le sol commença à trembler. Si les quelques curieux qui passaient dans le coin pouvaient imaginer qu'il s'agissait d'un séisme, ils eurent bientôt l'occasion de se rendre compte que c'était à la vérité bien pire que ça : les Yarukimans mangroves eux-mêmes semblaient bouger, et plusieurs racines se mirent à se mouvoir, s'entrelaçant les unes et les autres tout en tâchant précautionneusement à ne détruire aucune habitation ni aucune infrastructure. L'endroit sembla se réorganiser complètement, l'espace d'un instant, puis une rhizome moins colossale que celles qui plongeaient dans Grand Line pour aller puiser leurs origines au sein de cette mer quasiment infinie se mit à fendre les cieux paresseusement, placidement, jusqu'au moment où elle commença à se baisser, juste devant Edward, pour s'affaisser sur le sol à une bonne centaine de mètres de lui. Trois silhouettes lui apparurent alors assez distinctement, malgré la distance qui les séparaient, et ne tardèrent pas à se mettre en action, sautant pour rejoindre le plancher des vaches tandis que leur transport pour le moins insolite s'en retournait plonger dans l'eau, là où était sa place originelle.

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Bremuria Helena & Hélène et Mifune, Sword Master.

-Nous sommes désolées pour le léger retard. Vous avez la peluche ?

Si Helena fut la première à prendre la parole, portant une mallette que l'on pouvait sans peine deviner remplie d'argent, Hélène la suivit de très près, l'air suspicieuse, lorgnant son interlocuteur avec une certaine défiance. Il était grand temps de savoir ce qu'il souhaitait obtenir d'elle, si l'argent ne lui convenait pas... mais pas seulement. Elle avait une petite question à lui poser, et avait hâte de pouvoir la lui soumettre s'il se montrait trop irrespectueux ou trop impétueux à son goût. Mifune, de son côté, prêta une attention plus que relative au cloporte que les deux autres corsaires étaient venues rencontrer. Pas l'ombre d'une épée... Perte de temps. Le Sword Master dégaina son propre katana de qualité supérieur en s'asseyant dans son coin, en tailleur, et en déposant à ses côtés son fourreau où se trouvaient sa centaine de lames supplémentaires, dont il usait lorsque la situation l'exigeait. Il risquait de ne pas avoir besoin de les usiter aujourd'hui, aussi se contenta-t-il de lorgner le Shodai Kitetsu et sa lame impeccable et éclatante d'un air serein et posé. Bien entendu, il ne s'était pas attendu à trouver sur Shabondy de quoi se défouler... Mais, de toute manière, s'il avait soif de combats âpres, il n'avait justement qu'à demeurer sur le Nouveau Monde. Bon nombre de ses pairs épéistes commençaient enfin à s'y faire un nom, à commencer par le Nebula Tobun Temochida, qui finirait assurément par faire un rival redoutable s'il ne se cassait pas les dents sur l'un des Yonkous avant que cela n'arrive... La Marine, également, possédait quelques grands noms que son rôle de Schichibukai ne lui permettait malheureusement pas d'affronter dans de bonnes conditions. Keternel Alion et Wakai Tsuki étaient le fleuron de l'escrime de la justice... Et leurs faits d'armes prouvaient bien assez l'efficacité mordante de leurs katanas respectifs.

Tandis que le blondinet s'occupait comme il le pouvait de son propre côté, les deux jumelles se rapprochèrent quelque peu du gigantesque pirate qu'elles étaient venues rencontrer ici bas et Hélène continua à le lorgner d'un air revêche tandis que sa jeune sœur, plus souriante et plus spontanée, déposait la mallette à leurs pieds pour l'ouvrir, dévoilant effectivement la masse de berrys qui s'y trouvaient. Toujours amicale et chaleureuse, elle ne tarda guère à expliquer cette action probablement désarçonnante qui n'avait pas été spécifiée dans l'accord... ou, plutôt, que leur interlocuteur avait choisi de débouter d'entrée de jeu afin de se focaliser sur des options plus intéressantes de son point de vue.

-Même si nous savions que vous ne vouliez pas l'argent, nous estimons que c'est légitime de vous l'offrir en guise de remerciement. D'autant plus si nous ne pouvons pas vous aider quant à votre autre demande.

Une manière implicite et quelque peu détournée de lui demander ce qu'il souhaitait qu'elles réalisent. Si Helena semblait pour l'heure réceptive à la moindre de ses demandes, sa sœur, quant à elle, toujours aussi silencieuse, se contenta de croiser les bras pour lui communiquer son empressement et sa lassitude. Elle n'aimait pas l'idée de jouer à la petite fille modèle pour placer l'homme dans de bonnes dispositions afin d'accepter de procéder à l'échange sans plus tarder : elles étaient des pirates, comptaient même parmi les plus influentes, et tout ceci n'était à ses yeux ni plus ni moins qu'une perte de temps. Elles auraient pu se servir sans lui demander son avis, après tout... Et elle ne supportait pas non plus l'idée de laisser le Sword Master en plan, fusse pendant quelques secondes seulement. Il méritait bien meilleur traitement... Même si, Mifune, de son côté, ne semblait guère affecté par l'éloignement temporaire des deux jeunes filles qui lui servaient quasiment constamment d'escorte.



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Sam 31 Mar - 14:26





Début 1506 ~ Archipel Shabaody





La chevelure rousse dansait au grès d’un vent qui avait tout d’artificiel. La petite voix fluette ne me parvenait que par bribes, presque inaudible. Déjà, je n’étais plus en mesure de distinguer les traits fins de son visage angélique, si innocent. Cette créature n’avait sans doute jamais eu conscience de la noirceur qui consumait le monde dans lequel elle vivait. Mais ce n’était pas ce qui avait causé sa perte. Des sensations de brulure m’inondèrent alors que les visages des responsables virevoltaient dans ma tête. Et puis, les contours de la silhouette menue de la jeune fille s’amenuisèrent, comme si son image était en train de s’effacer irrémédiablement, mes yeux s’ouvrirent brutalement tandis qu’une once d’amertume tordait mon expression faciale. Le sol venait de trembler, m’extirpant de mes houleuses rêveries. Une explosion dans les environs ? Sans trop accorder d’importance à la cause de ce tumulte naissant, j’envoyai mes pupilles rougeoyantes vagabonder vers la cime des mangroves qui toisaient l’archipel de leur grandeur. Je fus alors témoin d’un bien étrange phénomène : un bras végétal, sorti de nulle part s’était frayé un chemin dans les airs jusqu’à s’échouer non loin de ma position. Tout autour de moi, ses congénères vêtus de bois s’étaient également animés et tout le paysage s’était métamorphosé. Juste comme ça, comme par enchantement. Complètement abasourdi par la teneur invraisemblable de ce ballet folklorique, je demeurai pendant un instant paralysé, incapable de réagir. Et puis, très vite, des émotions plus naturelles me permirent de sortir de ma torpeur.

Ces prouesses naturelles ne pouvaient qu’être le fruit d’une malédiction si l’on considérait l’ampleur de la chose. Un sourire hébété se dessina sur mon visage tandis que je réalisais ce qu’il se tramait autour de moi. Mais quelle entrée tonitruante ! Peu à peu, je prenais la pleine mesure du calibre des personnes que j’étais sur le point de rencontrer. Étaient-ce des messagers divins ? La majesté avec laquelle ils descendaient des cieux imposait inévitablement le respect. Voilà donc ce dont étaient capables les élites de ce monde. Un rire nerveux vint détendre quelque peu les traits de mon faciès. Sans doute l’œuvre d’un fruit du démon. Une malédiction ? Un tel pouvoir ? Ridicule. C’était une bénédiction, le pouvoir de la vie ! Si mes suppositions se révélaient exactes, son possesseur était capable d’étendre la vie à travers la végétation. Et qui sait, peut-être même recouvrir le monde de milliards de fleurs et de papillons. Quelle magnifique perspective ! N’était-ce pas là le pouvoir de la vie ? N’était-ce pas là un doux phantasme de l’ordre du miracle divin ?

Je pestai intérieurement, maudissant le destin pour m’avoir accordé cette faculté aussi ridicule que dénuée d’intérêt. Pourquoi n’avais-je pas eu droit à un tel pouvoir ? Si beau, si pacifique… Pourquoi l’une de ces deux jeunes filles avait été choisie et pas moi ? Je pestai une nouvelle fois, emplit d’une amertume qui semblait infinie.

ENVY.


Restait à savoir qui se ferait consumer le premier par les flammes de la jalousie : le grand balafré aux yeux d’un rouge pétillant ou bien les deux envoyées de la nature ?


____________


Le cortège dépêché pour la rencontre était constitué de trois personnes. Évidemment, mon attention se porta immédiatement sur les deux très célèbres Shichibukai qui s’étaient spécialement déplacées pour moi : les sœurs Bremuria. Si leurs noms et leur réputation imposaient sans nul doute le plus grand respect, leur apparence ne me laissait pas la même impression. Deux jeunes filles drapées de robes fantaisistes avec leurs multiples dentelles. Le contraste saisissant entre les deux sœurs me fit légèrement sourire : l’une d’elles disposait d’un teint mat et d’un regard plutôt sombre tandis que ses apparats brillaient d’un blanc éclatant. L’autre, quant à elle, était son exact opposé : une peau pâle à souhait recouverte par ses vêtements d’un noir de jais alors qu’elle me toisait de ses yeux clairs. Le Ying et le Yang ? Le noir et le blanc ? La création et la destruction ? Ce contraste, ce délicieux paradoxe, ce doux équilibre entre ces deux opposés. Splendide et étincelant d’authenticité. Et encore un signe du destin : j’étais définitivement là où je devais être.

« C’est un immense privilège de pouvoir faire votre rencontre. »

Alors que les deux demoiselles s’étaient avancées dans ma direction, je ne manquai pas de m’incliner respectueusement, leur communiquant ainsi le respect sincère que j’éprouvais à leur égard. Après tout, leur réputation n’était plus à faire. La première à prendre la parole fut la plus pâle des sœurs. Hélène ou Hélèna ? Je n’osai pas poser la question, par crainte de froisser mes interlocutrices. Pourtant, une petite voix me soufflait de commettre l’erreur intentionnellement, ne serait-ce que pour me venger de leurs petites maladresses passées.

Alors, mes doigts s’élevèrent vers mes lèvres et un puissant sifflet retentit. Puis, une tache sombre sembla se décrocher de la voute céleste, dansant gracieusement entre les sphères savonneuses qui jonchaient sa trajectoire aérienne. D’un puissant battement d’ailes, l’immense volatile se posa alors non sans majesté, comme s’il était fier de délivrer ici-bas sa précieuse marchandise. Sur le dos du corbeau géant se trouvait une sorte de nacelle sur laquelle était solidement amarré l’objet de toutes les convoitises. L’édition limitée du Fizmo géant attendait bien sagement d’être cédée, alors qu’il avait conservé son état irréprochable.

Et pourtant…

Pour la première fois depuis notre rencontre, mon attention se détourna totalement des jeunes femmes. Il y avait une troisième personne, depuis le début. Un garde du corps : c’était ma première observation. Pourtant, pour une raison obscure, ma curiosité était comme happée par ce mystérieux inconnu. Jusqu’à ce que la bulle de la vérité eût éclaté au grand jour.

Il était là, lui. Le seul, l’unique. Un rire nerveux s’étouffa bien avant qu’il se fût extirpé de ma trachée. Je m’interrogeai alors sur cette anomalie, ce non-sens. Comment avais-je pu négliger sa présence au premier abord ? La chevelure brillante comme l’or flottait légèrement tandis qu’il s’était saisi de son sabre. Ridicule. Invraisemblable, même. C’était une véritable hérésie. C’était comme le fait de franchir les tumultes de Reverses Moutain sans jamais se préoccuper de l’existence de Red Line. Ou comme une traversée sur Grand Line sans que la météo ne fût une préoccupation. Était-ce même envisageable ? Non, définitivement.

D’intenses gouttes de sueur dévalaient les pentes abruptes qui composaient mon visage cahoteux. Il était là, me répétais-je inlassablement. Mon cœur martelait ma poitrine avec une intensité surnaturelle. Ma cage thoracique tiendrait-elle le choc ? Je commençais à en douter. C’était comme si un compte à rebours s’était enclenché en moi. Comme si, finalement, mon existence entière était sur le point de partir en fumée. Le début de la fin, en somme.

Rortto Mifune.

Mes yeux se fermèrent et se rouvrirent plusieurs fois, comme pour chasser cette désagréable image de la réalité. Cela ne pouvait être qu’un mauvais rêve, après tout. Oui, j’avais passé trop de temps loin de Powder Island et voilà que des visions inondaient mon esprit, menaçant de me rendre fou. Le manque de poudre se faisait sentir. Rien de grave.

Rortto Mifune. Le Sword Master.

Alors, ce fut la douche froide. Des litres se déversèrent de toute part et vinrent noyer toutes les cavités de mon corps de leur présence. Un déluge de panique venait de s’abattre sur mon être. Dès lors, mes fonctions vitales furent troublées. Mon esprit commença doucement à dérailler vers la folie. Déjà, mes sens ne répondaient plus de manière optimale. La tempête faisait rage. J’étais partagé entre une sensation d’intense chaleur tandis qu’un froid indescriptible me glaçait les entrailles. À mesure que mon sang bouillait, mes repères semblaient s’évaporer, comme consumés par ce cataclysme qui ravageait mon existence. Déjà, toute notion de lucidité paraissait superflue. D’ailleurs, il ne me semblait plus ressentir la moindre émotion. Comme si tout venait d’être emporté.

Ou plutôt non.

Malgré les tumultes qui m’oppressaient de toute part, malgré les forces de la nature qui œuvraient contre moi, une émotion subsistait parmi toutes les autres, brillant d’une irascible flamme.

La peur.




Une effroyable terreur me malmenait depuis que j’avais compris à qui j’avais à faire. Et pour cause, il était là. Le plus grand bretteur au monde. Dès lors, comment était-il possible de m’absoudre de ma phobie des épéistes ? Cet homme en était le puissant symbole, ma peur la plus grande, en définitive. À tel point que j’éprouvais toutes les difficultés du monde à demeurer vivant face au constat de sa seule présence. Il représentait sans doute pour moi la plus grande menace au monde. Il lui suffisait d’un battement de cil. Un simple battement de cil et mon existence pouvait prendre fin.

À cette seule pensée, ma poitrine se comprima tandis que mes artères semblèrent s’obstruer. Ma vision se flouta davantage tandis que de violents vertiges m’ébranlèrent alors que je m’asphyxiais. Déjà, je n’étais plus en mesure de respirer. Ou plutôt, mon corps refusait de le faire. À quoi bon ? N’étais-je pas aux portes de la mort ? Finalement, il m’était difficile de définir ce que je venais de perdre. Était-ce ma raison ou bien ma raison de vivre ?

La folie, cette douce démence qui me caressait sensuellement, comme le ferait une femme avec son cher et tendre. Inlassable descente aux enfers rythmée par cette ode funeste qui sonnait l’approche de l’ultime voyage. Était-ce vraiment là ma funeste destinée ?

Mon cœur venait de s’arrêter de battre alors que mes poumons s’étaient encore plus comprimés. Mes derniers espoirs se perdaient alors mes réserves d’oxygène s’épuisaient. Ma volonté avait été brisée. Le moment était venu de lâcher prise. L’heure était venue de libérer mon ultime souffle de vie. Mon cœur était au bord de l’explosion.

Mes instincts me demandaient de tout embraser. Cet infâme épéiste et ces deux maudites femmes seraient peut-être pris dans ce dernier brasier. Une faible consolation, sans doute. Peut-être qu’enfin, je serais en mesure de la trouver. La paix.


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« Vois à quel point ton existence est misérable, Lawrence. »

« Si facilement balayée… Tu ne vaux pas mieux que lui, finalement. »

« C’est vraiment ce que tu désirais ? Tu as vu ce que tu voulais voir, non ? Tu as trouvé les réponses que tu cherchais ? »

« C’est donc tout ce que représente mon sacrifice pour toi… ? »

« Je ne peux pas croire que le voyage puisse être terminé. Pas maintenant ! »

« Quelque part… je me sens trahie. Tu m’avais promis de vivre… Tu m’avais promis de réaliser mon rêve… Ou plutôt, notre rêve… »


[...]

« Entends-tu tous ces murmures ? Il s’agit des voix de ceux que tu as brisés sur ta route. Ressens leur existence. Tu dois prendre conscience que toute vie est fragile. Toute voix finit par s’éteindre un jour. Accepte la mort et tu accepteras la vie. C’est ainsi que tu pourras survivre… mon fils. »


Oui. Je me rappelle, à présent.
Je veux vivre.


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D’une puissante inspiration, j’entrepris de happer le maximum d’air afin de me remettre d’aplomb. L’espace d’un instant, ma conscience semblait s’être dérobée alors que mon corps avait cessé de fonctionner. Encore haletant de ce voyage perturbant vers l’au-delà, j’entrepris de me redresser de prendre conscience de la situation. D'un geste vif, je chassai les larmes qui s'étaient extirpées inexplicablement de mes orbites occulaires.

« Veuillez m’excuser pour ce léger… malaise… Sans doute les séquelles de mes précédents affrontements… »

Mes yeux se plissèrent alors que je songeais aux différentes voix qui avaient résonné dans ma tête alors que je pensais que tout était fini. D’où pouvaient-elles bien venir ? Était-ce mon imagination ? Après cette étrange renaissance, le monde paraissait différent, comme s’il était subitement devenu plus coloré, plus vivant. J’avais l’impression de pouvoir ressentir la présence de tout ce qui m’entourait, comme la nature morte dans laquelle je m’animais jusqu’à alors s’était changée en une imposante fresque composée de milles et une couleurs flamboyantes. Étrange. Et dans ma tête, des sonorités aux origines inconnues continuaient d’affluer. Comme si, finalement, la folie s’y était installée durablement. Pourtant, j’avais l’intime conviction que tout avait changé. Mes ambitions, ma vision du monde. Comme s’il s’agissait là de ma renaissance.



Mes deux pupilles plus rougeoyantes que jamais s’élevèrent alors du sol, à l’endroit où était entreposé l’attaché-case généreusement garni de billets, pour venir agresser intensément mes deux vis-à-vis. Elles étaient têtues. Mais elles ne pouvaient sans doute pas comprendre tous les enjeux que représentait la cession de cette peluche. Et en me proposant de la troquer contre de l’argent, elles m’insultaient, piétinaient ma fierté. Était-ce donc ma valeur en tant qu’être humain ? Je pestai intérieurement.

« C’est à moi de vous remercier. Je pense que cette rencontre changera définitivement ma vie. Le simple fait de vous savoir comblées par mon offrande suffit à me satisfaire. En gage de ma bonne volonté. »

Mes velléités de destruction avaient soudainement disparu, comme chasser par cette sensation à laquelle je commençais à m’habituer. Ma peau était recouverte de frissons alors qu’un halo glacial circulait dans mon corps. Ma lucidité semblait être à son paroxysme, mes pensées, limpides, convergeaient toutes vers une même idéologie. Survivre, à tout prix. Il n’était plus question de piéger la peluche afin d’attenter à la vie des deux Shichibukai ni de quémander leur soutien dans ma quête de vengeance. Faire tomber un Yonkou était suicidaire, après tout. Non, j’avais en cet instant le sentiment d’être en sécurité, comme j’étais protégé par une force invisible.

Il ne restait désormais aux deux sœurs plus qu’à accepter mon offre et récupérer l’objet de leur convoitise. Mon objectif était de les satisfaire, afin d’éventuellement m’attirer leurs bonnes grâces. Si certains avaient sans doute tenté de les approcher afin d’atteindre Mifune, ce n’était pas mon but. Non, j’avais plutôt considéré l’homme qui avait permis cet échange : Mortimer Gild. Malgré nos houleuses séparations et les doutes qu’il avait affichés à mon égard, il avait aiguillé les Bremuria dans ma direction. Était-ce là une marque de reconnaissance, de confiance ? Une partie de moi se sentait flattée par cette considération de la part du bras gauche de l’homme le plus fort du monde. Et s’il s’agissait là de l’occasion de me repentir ? Une nécessité pour aborder un jour plus sereinement le Nouveau Monde.

J’attendis alors de voir si les deux sœurs allaient accepter ou non ma bonne faveur. Et alors, seulement à ce moment-là, je pourrais me permettre d’afficher mes véritables ambitions.

« Lors de mon voyage sur Grand Line, il m’est arrivé une bien fâcheuse mésaventure : le Gouvernement Mondial m’a placardisé comme étant un criminel. C’est une situation qui me cause beaucoup de peine. Je doute que vous soyez en mesure d’y changer quelque chose, mais, dans le doute, je vous pose tout de même la question… »


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Mifune, Sword Master, et Bremuria Helena & Hélène.

Le regard acéré et acerbe ne se posa plus une seule fois sur l'interlocuteur des deux jeunes femmes, à partir du moment où il avait remarqué chez lui l'absence de sabre ou d'arme blanche diverse. Il n'avait strictement rien d'intéressant ou d'intrigant à ses yeux, et le Sword Master n'avait guère pour ambition de suivre plus en détail l'échange qui s'annonçait, au contraire des deux sœurs qui, quant à elles, se montrèrent plus attentives et concentrées. Si Helena conservait une posture amicale et bienveillante, affichée ouvertement par le biais d'un sourire cordial et sincère, Hélène quant à elle se montrait indéniablement plus méfiante : légèrement en retrait, bras croisés, elle toisait Lawrence avec un certain relent de mépris, ou d'animosité contenue. Elle avait bien du mal à lui faire confiance : à la vérité, les deux jeunes femmes étaient méfiantes, mais elles se montraient simplement d'une bonne volonté et d'une transparence relative, propre à leur façon de concevoir et d'aborder les choses. Le moment d'absence de la part de leur interlocuteur, lorsqu'il demeura focalisé sur le prestigieux sabreur qui se trouvait à quelques dizaines de mètres de là, ne fit qu'accroître sèchement la lourdeur de la situation et qu'installer de façon plus claire encore le silence de plomb qui trônait tout autour d'eux. Les deux demoiselles échangèrent même un regard muet, n'ayant plus besoin de mots pour converser entre elles depuis belle lurette, et se contentèrent par la suite de patienter plus ou moins docilement jusqu'à ce que l'autre homme se remettre du choc qui l'avait manifestement ébranlé. Lorsque cela fut chose faite, et lorsque le présumé marchand s'excusa auprès des Schichibukais pour ce moment d'égarement, Hélène eut une moue de déception et d'agacement entremêlés, allant jusqu'à lever les yeux au ciel en faisant claquer sa langue tandis que l'autre demoiselle, quant à elle, continuait à se montrer plus douce et moins hargneuse, meilleure diplomate.

-Si vous insistez... Nous n'y voyons pas d'inconvénients...

Elle tendit sa main vers l'homme-explosif et, d'un coup d'un seul, son annuaire et son index se mirent à croître, se métamorphosant en deux racines brunâtres qui serpentèrent jusqu'à atteindre ladite peluche, qu'elles vinrent enserrer doucement avant de la ramener vers la capitaine corsaire. Cette dernière, d'une main distraite, referma la mallette à ses pieds et la récupéra placidement, comme si la chose n'avait à la vérité pas grand intérêt à ses yeux. Et c'était le cas : une dizaine de millions de berrys, pour deux pirates de leur trempe, ce n'était qu'un investissement ridicule et déplorable, même si c'était là une somme que la majorité des civils n'effleuraient du bout des doigts au maximum une ou deux fois dans leur vie... Elles n'avaient qu'à se pencher, dans le Nouveau Monde, pour mettre la main sur des primés assez surestimés pour que leur capture s'avère aussi fructueuse.
Vint ensuite la demande modeste et humble du marchand, qui souhaitait manifestement être blanchi des crimes qu'il avait pu commettre par le passé. Qu'avait-il réalisé qui ait attiré l'attention des marines ? Les deux jeunes femmes l'ignoraient, à dire vrai, mais n'en avaient pas grand chose à faire. Il existait une méthode pour être innocenté, ne fut-ce que temporairement. Les primes pouvaient être gelées... Mais c'était un travail harassant et de longue haleine, auquel tous ne pouvaient pas prétendre. Imaginer que l'homme qui leur faisait face voulait y prétendre, même inconsciemment, attira chez Hélène un léger éclat de rire cristallin qu'elle ne tarda guère à expliciter, par le biais des mots.

-A moins de vouer ta vie au service du Gouvernement Mondial, la seule option est à ma connaissance de devenir Capitaine Corsaire.

La seule ? C'était un mensonge. Il y en avait une autre, même si elle s'en approchait indubitablement. Rejoindre l'équipage d'un Capitaine Corsaire. Les subordonnés des Schichibukais étaient temporairement innocentés ou, plus précisément, leurs mises-à-prix étaient gelées et ils possédaient alors un statut bâtard, à mi-chemin entre le paria et le civil lambda. Helena et Hélène échangèrent un énième regard silencieux tandis que la seconde cessait de ricaner mesquinement. Ce type voulait-il s'affilier à l'une d'entre elles pour profiter de leur immunité ? C'était possible. Plausible, même. C'était toutefois loin, très loin d'être une doléance modeste et raisonnable... Les capitaines étaient généralement considérés comme étant les responsables de leurs équipages. Si elles décidaient de le prendre sous leurs ailes, elles auraient tôt ou tard à répondre de ses lubies, qui qu'il soit et quels que soient les crimes qu'il fomentait hypothétiquement. Elles pouvaient bien sûr tenter de se désolidariser à temps... Cependant, cela pouvait contribuer à attirer sur elles l'attention des forces du Gouvernement Mondial qui n'avaient pas vraiment d'atout à les conserver en tant que Corsaire, force était de l'admettre. Contrairement à Mifune, leur réputation à elle seule ne suffisait pas à faire trembler d'effroi l'immense majorité du monde criminel... Et, récemment, leur travail ne s'était pas avéré très constructif du point de vue de leurs supérieurs. Tous les pirates étaient indépendants et indomptables, bien sûr, mais si elles commençaient à causer plus d'ennuis que de réconfort aux hautes instances de Mariejoa, leur poste risquait fort d'être tôt ou tard remis en cause...

-Vous... Avez une idée en tête ?

C'était au moins la curiosité qui poussa Helena à s'enquérir à ce sujet. Restait à savoir ce que l'homme allait bien pouvoir lui répondre.



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Début 1506 ~ Archipel Shabaody





Mes yeux se plissèrent lorsque la métamorphose s’opéra : deux sortes de racines venaient de s’extirper de ce qui servait jusqu’alors de doigts à la jeune demoiselle pour venir se saisir du Fizmo géant. Je le regardai s’éloigner avec une infime mélancolie. Qu’importe le passé, finalement. L’information que je venais d’obtenir sur les éventuelles capacités de mon interlocutrice était particulièrement intéressante. Puis, une invraisemblable idée germa dans mon esprit retors. Était-il possible d’échanger deux malédictions ?

Et puis, mon sang se mit à bouillir lorsque l’une des deux sœurs s’arqua d’un rire moqueur. De quel droit osait-elle se moquer de mes aspirations ? Bien que je me sentais insulté par cette réaction irrespectueuse, j’entrepris d’écouter calmement les réponses qu’elle vint apporter : des solutions qui me paraissaient assez surréalistes. Retrouver mon statut de simple civil était donc peine perdue ? Une issue qu’il m’était difficile d’accepter.

« Vouer ma vie au Gouvernement Mondial ? Cela se ferait malheureusement au détriment de ma liberté… »

Pourtant, la seconde option présentée par la demoiselle vint embraser mes pupilles d’une lueur ambitieuse. C’était une solution que j’avais déjà envisagé et cela représentait sans doute le meilleur des compromis. Une immunité aux yeux du Gouvernement Mondial et de ses alliés, ainsi qu’une liberté totale. Oui, il s’agissait sans aucun doute de la meilleure solution qui s’offrait à moi.

« Devenir Capitaine Corsaire serait une aubaine. Mais j’ai bien peur que cela me soit impossible : le premier Supernova venu n’aurait aucune peine à me faire destituer. Mon périple sur Grand Line s’est avéré instructif. Je ne suis pas arrivé sur Shabondy grâce ma force, loin de là. Je suis un véritable miraculé. Et malgré mes efforts, malgré les épreuves traversées sur mon chemin, mon haki ne s’est toujours pas manifesté… Je suis bien trop faible pour prétendre à un tel poste. »

Une intense vague d’amertume s’était propagée en moi, reflet de l’impuissance qui me caractérisait alors. L’affrontement entre le Colonel Gratz et Gränt Diez Polka m’avait grandement intimidé. J’avais pu sentir ce jour-là l’immense fossé qui me séparait de ces combattants de renom. Et puis, la rencontre avec Ren Tao s’était soldée par un « One Shot » tonitruant auquel j’avais miraculeusement survécu. Et les épreuves houleuses d’Himitsu Shima n’avaient pas suffi à forcer l’éveil de mon haki, compétence primordiale pour espérer survivre parmi l’élite. Mon impuissance et mon incapacité à évoluer semblaient condamner mes espoirs de liberté.

Mes yeux s’invectivèrent alors d’une fureur froide. Je ne saurais tolérer une telle situation, une telle déconvenue. J’étais encore déterminé à me battre, à faire détonner furieusement mes ambitions. Après tout, la marine avait été prévenue de mes intentions. Si le monde s’évertuait à refuser de me donner ce que je demandais, je m’étais juré d’employer la violence pour arriver à mes fins. Alors, mes pupilles embrasées revinrent agresser la Capitaine Corsaire qui me faisait face.

« Eh bien... je suis déterminé à tenter ma chance. Je fomente une attaque contre un primé bien plus fort que moi. Une offensive minutieusement préparée avec l’appui de mon équipage. Plus ou moins une opération suicide. Un véritable pari qui me sera peut-être profitable, qui sait ce que me réserve le destin. »

J’eus un rire nerveux. Cette opération était définitivement une bien mauvaise idée. Et pourtant, je ne pouvais résister à l’idée de saisir cette opportunité. Ce combat remplirait toutes les conditions pour me permettre d’éveiller mon haki, si je prenais en compte les indications de Norton. Il me suffirait de m’en sortir vivant pour en tirer un bénéfice. Et puis, cette idée me brulait depuis pas mal de temps déjà.

« Voilà ce que j’ai en tête. Mais peut-être avez-vous une meilleure idée ? Une cible particulière à me conseiller peut-être ? »


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Mifune, Sword Master, et Bremuria Helena & Hélène.

Hélène et Helena échangèrent un bref regard tandis que Lawrence répondait à la possibilité de devenir l'un des capitaines corsaires. L'idée semblait l'avoir séduit, et elle était en tout cas viable, à défaut d'être aisée à mettre en place. Dans l'état des choses, une septième place était toujours vacantes au sein de ce cortège de pirates influents et renommés. S'il allait sans dire que pour l'heure, Lawrence ferait effectivement plutôt tâche au milieu de ce tableau que constituaient ces fringants et puissants pirates, il ne s'agissait peut-être ni plus ni moins que d'une question de temps, et d'efforts. Après tout, Kokoro Kururu et Barber Janz, les deux derniers Schichibukais en titre, n'étaient assurément pas aussi puissants et redoutables que leurs aînés ou que ceux qu'ils avaient remplacés. Le Gouvernement Mondial semblait dorénavant vouloir privilégier le potentiel latent plutôt que la force brute... Et comment leur en vouloir ? Mifune et Rasgarat Abel étaient à eux deux des pointures colossales et suffisamment redoutables pour assurer l'équilibre dans le Nouveau Monde qui aurait risqué d'échapper aux Empereurs ou à Mijushike Hojo. Les deux Brumeria étaient individuellement moins redoutables, mais non moins acérées et efficaces lorsqu'elles combattaient en équipe... Ce qui, de manière générale, était quasiment toujours le cas. Quant aux autres têtes d'affiches de cette institution restreinte, elles avaient toujours fini par poser problème aux Marines et à leurs alliés. Yorkshire Mendela, Mozero, Horus, Fenice Nakata, Raphaël... La liste de traîtres était infinie parmi leurs anciens collègues. Ainsi, tant qu'Edward Lawrence demeurait être un choix manifestement raisonnable et censé, ils le privilégieraient par rapport à un autre forban plus offensif, plus impétueux, même s'il s'avérait en finalité bien moins redoutable...

Mais l'explosif avait l'air d'avoir des idées derrière la tête. Il prévoyait de s'en prendre à un primé de manière suffisamment minutieuse pour contrebalancer le rapport de force qui, pour l'heure, semblait être en sa défaveur. A nouveau, les deux jeunes femmes échangèrent un bref regard, sans pour autant chercher à le couper dans son élan. Il pouvait bien tenter de s'en prendre à n'importe quel primé, les deux demoiselles s'en fichait éperdument et, dans l'état des choses, se demandaient bien ce que l'autre homme pouvait leur vouloir à ce sujet. Lorsqu'il leur demanda si elles avaient une cible en tête, elles furent pour le coup véritablement interloqué : il prévoyait d'ores et déjà de frapper avec attention et soin, mais ne savait pas sur qui abattre sa lame ? Si Hélène ne put empêcher un petit rire légèrement mesquin, Helena se fit nettement plus pédagogue en tentant de rappeler Lawrence à l'ordre et au bon sens.

-Vous feriez mieux de choisir votre cible selon vos compétences et celles de votre équipage. De toute manière, tant que vous ne vous en prenez pas au Gouvernement, ils seront ravis de prendre votre candidature en compte... Quant au reste, il n'y a pas de mystère. Plus la prime est imposante, plus vos chances sont accrues...
-Il y a aussi la possibilité de s'en prendre à un des traîtres... Mais si vous avez déjà peur des Supernovas...

Hélène s'était montrée caustique, comme à son habitude, mais elle avait néanmoins dispensé un véritable conseil à Lawrence. Capture l'un des renégats, c'était le meilleur moyen de se mettre le Gouvernement Mondial dans la poche... Et l'opinion publique dans le même temps. Le problème, c'était que ces cibles n'étaient pas vraiment accessibles. Mozero était un monstre de puissance, et s'il était possible de le piéger, il demeurait d'une force telle que sa bêtise était lourdement et puissamment compensée. Yorkshire Mendela se trouvait dans le Nouveau Monde, et c'était lui qui avait pour coutume de piéger des gens. Pas l'inverse. Fenice Nakata était sur Shabondy, selon les dernières rumeurs, mais Lawrence n'avait pas l'air bien motivé à l'idée de se lancer dans une lutte à brûle-pourpoint. Restaient Horus et Raphaël... Morts, tous les deux. Reina Elisabeth, quant à elle, n'avait pas trahi le corps des Schichibukais : la capturer n'assurait donc pas grand chose, dans l'absolu, pas plus que la capture de n'importe quel criminel possédant une prime similaire... Autrement dit, dans l'immédiat, si leur homologue ne manquait pas de cibles, elles semblaient toutes être relativement hors de portée. Enfin, ce jugement était indéniablement précipité par le manque de connaissances des deux jeunes sœurs quant aux compétences de cet inconnu : peut-être possédait-il effectivement des pouvoirs à faire valoir pour asseoir sa domination sur le monde de la piraterie... Difficile à dire. Mais il restait encore d'autres cibles idéales pour gagner les faveurs des hautes-têtes de Mariejoa. Des cibles évidentes, mais potentiellement bien plus accessibles que les anciens corsaires qui, bien souvent, avaient la bougeotte... Et ce fut Helena qui les indiqua.

-L'autre solution serait de s'en prendre aux Révolutionnaires... Kichiko Jonas et Koma, Eken Sor, Erwin Dog... Sayouri Taka, pourquoi pas. J'imagine que les Marines vous paieront cher contre leur capture. Les Amiraux ne décident pas la nomination d'un Schichibukai mais ils peuvent l'appuyer et l'influencer... Ou la condamner.

Dans les faits, il devait y avoir autant d'exemples de fois où les marines avaient été ignorés que de fois où leur opinion avait prévalue. Toujours était-il qu'il valait mieux avoir ces types de son côté pour maximiser les chances de sélection. Les Capitaines Corsaires formaient après tout un club très élitiste...



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Début 1506 ~ Archipel Shabaody





Je soupirais alors que retentissait le rire sarcastique de l’une de ces deux illustres femmes pirates. Je commençais à m’habituer à ces moqueries : après tout, j’en aurais fait de même si j’avais été à leur place. Être à leur place… ou celles d’un autre Capitaine Corsaire… n’était-ce pas là une solution qu’elles avaient omis de préciser ? Si l’idée avait de quoi me séduire, il fallait reconnaitre qu’un tel acte ne me placerait pas forcément dans les bonnes grâces du Gouvernement. Non, ce n’était décidément pas envisageable. Je soupirai et choisis de ne pas relever la petite pique prononcée à mon encontre. Nous ne nous étions pas bien compris : j’avais déjà une idée très précise sur l’identité de ma cible, évidemment. Il s’agissait juste là d’étudier d’autres alternatives qui seraient mises en pratique après mon probable échec. Et je ne fus pas déçu.

La règle primordiale était de ne pas s’en prendre au Gouvernement. Je me mordis les lèvres. C’était un réel problème. J’étais un vulgaire criminel, un rebut de la société à leurs yeux. Il était donc dans l’ordre des choses qu’un de leurs alliés attente à ma liberté. Et m’oblige ainsi à me défendre et donc à m’opposer à la toute puissance du Gouvernement Mondial. C’était d’ailleurs cette situation qui m’avait mené à devenir un criminel. Un cas de légitime défense. En définitive, je m’étais enlisé dans ce maudit cercle vicieux et m’en défaire allait représenter un sacré défi.

Et puis, la lumière fut.

Elle était là, devant moi, scintillante de bonnes intentions, m’éblouissant de sa douce clarté. Je ne pus réprimer l’immense rictus qui se dessinait sur mon visage. Cette idée était merveilleuse. Alors, un rire machiavélique détonna.

« Wrahahahahaha ! Les révolutionnaires ?! Quelle merveilleuse idée ! »

L’idée de taper sur ces hérétiques me plaisait beaucoup. Mais en réalité, cette solution n’était pas si bonne que ça. M’en prendre à l’une des têtes de la Révolution était risqué. Il suffisait que ces chiens usent de solidarité entre eux et ma tête roulerait sur le sol. Kabayoshi.M.Kiru en avait fait les frais, après tout. De plus, les personnes citées me semblaient elles aussi hors de ma portée. Dans tous les cas, je devais trouver le moyen de devenir bien plus fort, dépasser mes limites. Mais était-ce seulement possible ? Étais-je vraiment destiné à franchir ce cap qui semblait s’éloigner à mesure que je m’efforçais de m’en rapprocher ? Je pestai intérieurement.

« Je vois… je vous remercie pour ces précieux conseils. Il y a cependant une dernière question qui titille ma curiosité… »

Alors que je m’étais repris, je ne manquai pas de remercier mes homologues pour les précieuses informations qu’elles venaient de me délivrer et qui me seraient sans doute bien utiles pour aborder la suite de mon périple. Pourtant, une interrogation subsistait depuis le début de notre entrevue : la curiosité me brulait littéralement de l’intérieur. Alors, sur un ton bien plus calme et mesuré, je tentai ma chance, désireux de nourrir cette insolente curiosité.

« Pourquoi êtes-vous devenues Shichibukai ? Et puis surtout… Quels sont vos objectifs en tant que pirates ? Pourquoi avez-vous pris la mer ? »


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Mifune, Sword Master, et Bremuria Helena & Hélène.

Il avait l'air d'envisager sérieusement la piste des révolutionnaires, dès à présent. Du côté des deux jeunes femmes, cela ne signifiait pas grand chose : elles ne connaissaient pas vraiment ces survivants de la Révolution d'Arias qui, pour la plupart, officiaient bien loin de leur zone de prédilection, le Nouveau Monde. Certes, leurs coups d'éclats avaient fait parler d'eux de manière indéniable et indubitable, mais pouvait-on voir en eux de véritables combattants, suffisamment doués pour tenir tête aux cadors de la Marine, à titre d'exemple ? Difficile à dire. Pour le peu que les deux Schichibukais en savaient, Kichiko Jonas s'était retranché sur son île depuis belle lurette où il tâchait de conserver un mouvement uni et solidaire face aux dangers de Grand Line. Cela manquait d'impétuosité, et cela pouvait être analysé comme une peur viscérale... Mais il n'en restait pas moins solidement entouré d'alliés de confiance, et également hauts primés. Venait Eken Sor, dont les troupes avaient sévèrement pâtis des offensives de Ronald Ezra, ces derniers mois durant. S'il courait encore et toujours, et s'il était potentiellement plus dangereux en combat singulier que Kichiko Jonas, il restait précautionneusement planqué sur les Seas Blues et ne connaissait donc rien des véritables menaces dont le monde recelait jalousement... Et que dire d'Erwin Dog ? Il avait quelque coups d'éclats à son actif et, contrairement à ses rivaux, il semblait être sur une pente grimpante plutôt que descendante. Mais était-il capable de tenir la route, en combat singulier ? Plus difficile de l'affirmer : rien ne le permettait, dans les faits. En tout cas, ni Hélène ni Helena n'avaient quelconque survie d'une bataille que le Dog aurait pu remporter par la force de ses poings... Seule Sayouri, dans la liste de noms offerts, semblait posséder de réelles capacités et une envie d'en découdre assez flagrante. Restait à savoir si Lawrence allait avoir le courage de la confronter ou s'il allait se cantonner à des cibles plus modestes, quitte à s'y reprendre à plusieurs fois avant d'attirer sur lui l'attention des plus influents décisionnaires du Gouvernement Mondial...

Dans tous les cas, il avait l'air de vouloir ouvrir une autre discussion. La question, lancée à la volée, laissa Hélène baigner dans une incompréhension stupéfaite. Voilà qu'il s'intéressait à elles... Comme à l'accoutumée, ce fut Helena qui prit les devants, plus courtoise et moins timorée : cette dernière offrit à Lawrence un sourire doux, qui contrebalançait sans conteste avec l'air de pimbêche qu'arborait sa sœur, toujours perpétuellement sur le qui-vive.

-Envie d'aventure, peut-être ? Ou de liberté... Le Gouvernement Mondial était plus un moindre mal qu'un objectif en soi. De la sorte, nous sommes tranquilles et pouvons nous balader comme bon nous semble... Nous comptons sûrement parmi les personne les plus libres du Monde.

Et il était autre chose qu'elles gardaient pour elles, dans l'immédiat. Mifune... Il avait un quelque chose d'envoûtant qu'elles ne savaient ni l'une ni l'autre décrire par les mots. Était-ce de l'amour, qu'elles ressentaient toutes deux pour lui ? Peut-être. Mais c'était probablement plus une sorte de fascination que la nature toute entière semblait lui vouer. C'était un être digne et pur, comme on n'en croisant qu'une fois dans sa vie. Un combattant honorable et respectueux tant de la vie que de la mort, qui ne jouait jamais d'excès ni de brutalité, ni de candeur. Il n'était probablement pas le combattant le plus puissant du Monde, même s'il se trouvait au sommet de l'art de l'escrime, mais il n'en était pas moins le pirate le plus respectable, a bien des égards... malgré elle, Helena dirigea son regard vers la figure blonde qui rengainait son sabre précieux en se redressant lentement, conscient que l'entrevue des deux jeunes femmes et de l'inconnu touchait à son terme. Elles étaient devenues capitaines corsaires par intérêt, et l'étaient restées par complaisance. C'était le meilleur moyen d'évoluer à ses côtés sans lui apporter ni gêne, ni incommodités...
Hélène, de son côté, était moins pensive et avait conservé son esprit braqué sur l'inconnu qu'elle continuait de darder avec défiance. Finalement, comme le silence avait recouvré ses droits, elle ne tarda guère à le profaner à nouveau, souhaitant précipiter cette entrevue à son terme si les deux parties avaient enfin su s'entendre.

-Une autre question, tant qu'on y est ? Ou on peut s'en aller ?

Elle était pressée de quitter Shabondy. Cet endroit lui plaisait, certes, mais ils avaient bien mieux à faire ailleurs qu'ici. Le Nouveau Monde, à la fois dense et inhospitalier, n'attendait d'ores et déjà que leur retour... Et il y avait une île que Mifune voulait encore dompter, même après des nuées de tentatives qui s'étaient toutes soldées par un échec plus ou moins malencontreux.



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Edward Lawrence
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Lun 16 Avr - 20:09





Début 1506 ~ Archipel Shabaody






Merveilleux. Je n’avais pu endiguer la croissance de ce sourire, de cette satisfaction qui venait conquérir mon faciès. Des frissons vinrent troubler tout mon être alors que les derniers mots prononcés résonnaient dans ma tête. Elles étaient là, les informations que je désirais obtenir. Ces paroles venaient confirmer plusieurs de mes théories sur le monde et venaient m’éclairer sur la manière de l’aborder. Après tout, cela faisait partie des enseignements que j’avais reçus, bien des années auparavant. Observer le monde et les personnes qui le façonnent, les jeux de pouvoir. Oui, avec ces divers éléments, je savais à quoi m’en tenir, je savais à qui j’avais à faire. « Le savoir est une arme », m’avait dit Norton. Peut-être n’avait-il pas totalement tort, finalement.

Intérieurement, je ne pouvais que me moquer de ma naïveté. Depuis le début, je m’étais fourvoyé. Tel un petit animal effrayé, j’avais considéré l’option de la violence, de l’agressivité. Défaire ces deux figures de la piraterie m’aurait sans doute octroyé la renommée nécessaire à la réalisation de mes ambitions. Mais pourtant, je ne pouvais plus me résoudre à de telles extrémités. Je pestai intérieurement. Les personnes les plus libres du monde ? Foutaises. Personne ne pouvait prétendre être aussi libre que… lui. Et pourtant, mon bon sens me contraignait à considérer la véracité de leurs propos.

Alors que la moins bavarde des deux demoiselles rompit le silence, affichant son impatience, je soupirai. Pour la première fois depuis très longtemps, je me sentais apaisé, comme délesté de mes habituels fardeaux. Rancune, haine, animosité, frustration et puis… colère : toutes ces émotions néfastes semblaient s’être évaporées. Finalement, en cet instant fatidique, très étrangement, je me sentais libéré. Une liberté qui me faisait pousser des ailes.

« Je ne vais pas accaparer plus de votre précieux temps. Mais avant que vous partiez… je tiens à vous remercier sincèrement pour tout. Si jamais à l’avenir vous aviez besoin de mes services, vous savez où me joindre. Je ne manquerais pas de vous apporter mon soutien. Bon retour dans le Nouveau Monde ! »

Mon imposante échine s’était courbée respectueusement devant les deux Corsaires pour leur exprimer toute ma gratitude. Ce n’était sans doute pour elles que de vaines paroles dénuées de tout intérêt, mais à mes yeux, cette rencontre, cette conversation valait bien plus que tous les millions qu’elles auraient été disposées à me céder. Puis, après leur avoir dûment assuré mon soutien à l’avenir, mes talons pivotèrent et je commençai à me diriger vers mes nouvelles aventures d’un pas lourd. « Bon retour dans le Nouveau Monde », avais-je annoncé. Ridicule. Je pestai, amer. Je venais de tourner le dos au Nouveau Monde et voilà que je m’en éloignais. Ce lieu si fabuleux dans lequel je rêvais de retourner… Mais le destin s’opposait une nouvelle fois à mes désirs, attisant ma frustration. Mais que pourrais-je bien y faire sans avoir éveillé ce maudit haki qui ne cessait de me résister ? Pourtant, je ne me décourageais pas autant. La prochaine grande bataille réglerait sans aucun doute ce petit contretemps. Il me faudrait juste parvenir à… survivre, ce qui était loin d’être assuré. Mais bientôt… encore quelques efforts et je pourrais enfin y accéder. La mer réservée à l’élite.

Alors que je m’éloignais toujours d’un pas décidé, mes pensées s’animaient. Bien des choses semblaient avoir changé en moi, comme si je percevais le monde d’une manière différente. Les bulles qui éclataient dans le ciel de l’archipel ne m’avaient jamais semblées aussi bruyantes. De temps à autre, il me semblait entendre comme un bourdonnement. Mon imagination sans doute.





Une fois que je fus suffisamment éloigné du trio légendaire, je ne pus m’empêcher de leur adresser un dernier regard. Mes pupilles qui rougeoyaient faiblement s’attardèrent alors sur la silhouette du Fizmo géant qui disparaissait peu à peu de mon champ de vision. Je ressentis comme un pincement au cœur. L’oxygène me manquait, comme si mes poumons se voyaient opprimer par une force invisible. Alors, une sonorité parvint jusqu’à mon système auditif : le clapotis d’une goutte d’eau sur l’herbe visqueuse qui tapissait le sol sur lequel je me tenais debout. Hm ? La pluie ? Malgré ce soleil ?

« Adieu… Mio… »

Une voix brisée s’était extirpée de mon faciès crispé. J’aurais aimé avoir la force d’ajouter quelques mots à ces adieux bien trop courts. Mais je n’y parvenais pas, comme si quelque chose en moi s’était brisé. Un sentiment de honte me gagna. Pardonne-moi Mio, mais j’ai encore besoin d’un peu de temps pour accomplir ce que je t’avais promis.

Je soupirai. Bien que je venais de me séparer de l'ultime souvenir qu'il me restait de la rouquine, sa chevelure et son rire caractéristique ne cessait d'hanter mon esprit. Quand cela allait-il enfin s'arrêter ?

Je tentais de reprendre mes esprits. Oui, il me fallait encore quelques efforts avant d’obtenir son pardon, le salut de son âme. Et soigner par la même occasion mon esprit tourmenté ? Et ceux, même si le chemin pour y parvenir s’annonçait particulièrement périlleux. Si certains échouaient à franchir Red Line, mon obstacle était tout autre. Pour progresser, il me faudrait défaire un bien formidable ennemi.



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Mifune, Sword Master, et Bremuria Helena & Hélène.

Mifune semblait avoir instinctivement compris que l'échange touchait à son but et s'était redressé prestement avant de tourner les talons, s'éloignant de la petite scène sans plus tarder, quoi qu'à pas lents. Constatant qu'effectivement, Lawrence n'avait strictement plus rien à leur dire, Helena lui adressa un léger signe de la main ainsi qu'un sourire quelque peu chaleureux, heureuse d'avoir pu obtenir le Fizmo dont il était question à si bas prix. Au final, les choses s'étaient étonnamment bien déroulées et le marchand n'avait par ailleurs pas été très avare en terme de compensation : elles avaient même pu garder leurs millions de berrys... Chose inattendue, pour le moins. Une fois cela fait, la jeune femme se mit à suivre le Sword Master en flânant joyeusement, son regard papillonnant d'un Yarukiman Mangrove à l'autre. Si Hélène fut plus longue à partir, continuant à darder son interlocuteur d'un regard acerbe quelques instants durant, elle ne tarda pas à imiter sa jeune sœur et fit volte face avant de s'immobiliser. Sourire quelque peu hautain aux lèvres, elle tourna son regard vers Lawrence une ultime fois et prit la parole à son attention, tâchant de le renseigner davantage quant à la méfiance exagérée qu'elles avaient affiché au tout début de l'échange.

-Ah ! Au fait... Les Escargophones retransmettent le faciès. Si tu souris, eux sourient aussi...

Là-dessus, elle se mit à rattraper Helena au pas de course, satisfaite quant à cette journée qui allait dorénavant pouvoir tranquillement s'acheminer vers son terme. La chose était claire et Lawrence allait pouvoir la réaliser petit-à-petit, inexorablement : à la vérité, si les deux sœurs avaient été aussi hermétique à ses dires et si elles ne s'étaient pas rapprochés un seul instant durant, c'était parce qu'elles avaient flairées une hypothétique tentative pernicieuse de leur nuire durant l'échange. Car lors de leur entretien oral, le vendeur du Fizmo s'était laissé aller à une espèce d'hilarité sombre et de bien mauvais augure... Avait-il décidé de modérer sa conduite et de revoir son agressivité à la baisse ? Plausible. Probable, même. Toujours était-il que les deux sœurs n'avaient pas baissé leur garde, pas à un seul instant : même Helena, qui affichait pourtant un tempérament plus ouvert et plus sympathique que sa jumelle, n'avait pas perdu de vue le fait que l'homme explosif pouvait s'en prendre à elles d'un instant à l'autre. D'une certaine manière, le gigantesque homme pouvait considérer avoir eu une chance indéniable : les deux demoiselles s'étaient tenues prêtes à le détruire au moindre geste suspect, ayant eut tout le loisir de mettre un enchaînement sur pied durant leur trajet jusqu'à l'Archipel Shabondy, de sorte qu'un seul et unique opposant n'aurait probablement jamais pu s'en tirer entier et indemne. Autant dire que la conduite de Lawrence avait été plutôt heureuse et qu'elle lui avait évité une déconvenue d'une brutalité édifiante...



Très petite réponse pour clore de mon côté !

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