Le rouquin sourit à la prise de parole de la jeune femme qu'était sa sœur. Un sourire pâle et maigre, mais un sourire tout de même. Il se sentait coupable de la faiblesse dont il avait fait preuve durant sa jeunesse. Ce n'était qu'une marque parmi tant d'autre, un stigmate qu'il conservait envers et contre tous. Il passa une main sur son bras, un peu gêné, mais ne releva pas celle-ci. Louise la vit, et arqua un sourcil : elle trouvait la relation entre les deux révolutionnaires malsaines à plus d'un niveau. Elle éteignit cependant la pointe de jalousie qui commençait à poindre dans son cœur : cela était trop de choses à gérer pour le moment. Il acquiesça devant l'hypothèse des colons qui étaient venus d'ailleurs pour habiter sur l'île et qui avaient été les sujets d'une nouvelle expérience. La chasseuse de prime qui les avait mis sur la piste de l'île était sûrement venue après leur disparition, d'où sa description d'un lieu désertique sans vie. Il ne comprenait pas qu'un tel événement ait pu se produire, il comprenait cependant que les humains étaient à nouveau responsables d'un cataclysme... Comme de nombreuses fois par le passé.

- Nous devons combattre ce type d'événements avant qu'ils ne se reproduisent. Si je n'ai pas la force... Fais le pour moi.
- Je vous accompagne aussi, lâcha Louise en fronçant les sourcils. Tu comprendras que j'aimerais aussi tirer cette histoire au clair.

À vrai dire, il ne comprenait pas. Elle s'était tellement ouverte depuis quelques jours que c'en était incompréhensible. D'un geste de la tête il acquiesça simplement et la jeune femme s'éloigna, comme pour contenir ses émotions. Le rouquin se permit cependant de les lire à grand coup de Haki... Et il lut de la tristesse. Une tristesse profonde qui ne paraissait pas sur ses traits, une tristesse telle qu'elle était au bord du désespoir. Qu'est-ce qui pouvait bien provoquer ce sentiment lancinant ? Déglutissant, il faillit se diriger vers elle pour lui poser la question, mais la Toupex lui demanda avant un service qu'il ne pouvait pas lui refuser. Il devait mettre le feu à l'île, en faire un brasier qui s'élèverait à des kilomètres à la ronde, pour tuer les dernières traces d'araignées sur l'île.

Le bois mort des lieux était malheureusement bien connu pour être très propice à ce type d'incendie, et le rouquin ne put qu'acquiescer se taisant pour que sa jeune sœur puisse faire son deuil. Le deuil de sa famille, le deuil des habitants de son île, le deuil de son île elle-même qui partirait en fumée en un rien de temps. Il ferma la yeux, inspira un coup et sortit son GunDager. Sa main vint se porter jusqu'à la gâchette tandis qu'il tirerait un premier coup. La balle incendiaire viendrait enflammer un début de forêt tandis que le reste prendrait progressivement.

- Je m'excuse d'avance, fit-il en observant la partie de la forêt qui n'avait pas encore péri.

Elle serait prise dans les flammes rapidement. Et ce serait l'eau, quelques jours plus tard, qui viendrait éteindre avec grande difficulté les flammes qui avaient pris l'île dans son étau. Il ne resterait ni vie, ni humanité en ces lieux. Et progressivement, la nature reprendrait ses droits. Des semaines plus tard, d'une terre brûlée renaîtrait le flambeau d'un espoir. Une graine verte sur une terre noire.