Feat. Shigeru Miseo
Bon, pour le coup, cette histoire se passe à un moment de ma vie assez idyllique. A vrai dire, j’avais presque tout pour être heureux, une petite amie aimante, un lieu de vie à la fois calme, mais plein de personnage haut en couleur et fort à la baston, le seul truc qui pouvait me manquer c’était l’adrénaline d’un bon combat avec de gros enjeu, mais je savais m’en accommoder, et plutôt bien à y regarder de plus près. Enfin bon, comme je vous expliquais, cette histoire se passe sur Shimotsuki, à un moment de ma vie où le lendemain n’avait aucune importance. Je n’étais pas encore dans la course au tournois des cinq dojos, ni même enclin à aider Genishi à retrouver son héritage. Non, je passais simplement du bon temps, avec mes potes, ma chère et tendre et quelques autres villageois qui aimaient se la couler douce.
Vincent W. Turen – Eh bien !! Je n’aurais pas imaginé qu’avoir une taverne personnelle aurait autant de bénéfice. Ma salle à manger et ma sortie préférée se trouve au même endroit. »
L’alcool. L’histoire de ma vie, à tout le moins. Je ne savais pas ce qu’était la vie sans cette boisson enivrante. Néanmoins, je ne la supportais pas le moins du monde. Au troisième verre, j’étais content, au cinquième, je n’étais déjà plus là ! Pourtant, je le vivais bien et les autres semblaient s’adapter à chacune de mes étapes. Au contraire de Genishi qui, plus ça allait, plus il s’énervait contre moi. Si je ne tombais pas dans les pommes, on s’affrontait dans l’arrière-cour du bâtiment dans un duel de lame. Il était costaud, sans doute plus qu’il ne laissait paraitre. Pourtant nos affrontements n’avaient plus rien de féroce. Certes, c’était violent, mais c’était une sorte de rivalité fraternelle, maintenant.
Le Stigmate et son propriétaire était souvent fourré, dans leur coin, séparé. Je n’avais toujours pas bien saisi leurs buts respectifs, mais j’avais bien compris que l’un n’allait pas sans l’autre. Il faudrait que je parle un peu plus en détail avec Shin pour comprendre ce qu’était réellement ce classement et ce que je pourrais récupérer en montant les échelons et cette histoire de Trinité commençait clairement à m’intéresser. Même si je ne voulais pas quitter Wakaba, je sentais peu à peu l’appel du large me dresser sur un chemin sinueux entre l’amour d’une femme et celui de l’aventure. Le dilemme était entier et je pensais – sans doute à raison – que je n’aurais pas réellement le choix.
C’était en tout cas l’état d’esprit dans lequel j’étais quand cette histoire débutait. Ce matin-là, nous décidâmes, avec Bryon et Julian de nous éloigner un peu du village, histoire de faire quelques emplettes dans les magasins du village principal. Nous vivions en marge de Shimotsuki, dans un endroit où les armes étaient interdites. De ce fait en résultait une chose que je n’aurais jamais imaginé : ça faisait plaisir de pouvoir porter à nouveau son sabre à la ceinture. Humainement, cela ne changeait pas grand-chose, mais c’était vrai que le semblant de paix que pouvait résulter de l’absence d’arme dans un endroit restreint permettait d’avoir l’esprit tranquille.
Bien évidemment, les personnes qui faisaient respecter la loi, la famille de Völun, le père de Genishi, avait l’autorisation d’en porter et pouvait l’accorder à une tierce personne. C’était ainsi qu’on pouvait, en toute impunité, se battre dans un recoin de ma propriété récemment acquise. En parlant du gardien du village, il était resté là-bas, justement parce que Leiko avait encore fait des siennes. Sabrina était restée aussi, avec Wakaba. Tous les quatre approchons tranquillement de Shimotsuki en parlant de tout et de rien, comme d’habitude quoi.