Ishtar traversait les cieux flamboyants des lueurs du crépuscules. Cependant, aujourd’hui elle n’était pas seule à arpenter le firmament pour faire la traversée entre les îles. En effet, sur son dos se trouvait le jeune Goat D. Daiki, un jeune épéiste rencontré sur l’île de Swallow au cours d’une escale sur cette île où ne vivaient apparemment que deux humains. Le second d’ailleurs, Juunen, était serré contre le corps de l’hybride Serpent à Plumes grâce à une longue bande de tissus attaché autour de la De Lérhane. En effet, le bretteur avait confronté une bande de sanglier géant et l’un deux avaient vraisemblablement percé la chair du professeur de Daiki en usant de ses défenses. La bilcane avait alors fait son possible pour désinfecter et faire les premiers soins qu’elle maîtrisait pour traiter un minimum la plaie, mais l’évidence lui sautait aux yeux : il fallait emporter Juunen chez un médecin de toute urgence. Swallow n’étant habité par aucun docteur, la solution était simple : il fallait transporter le mentor jusqu’à une île proche où il pourrait recevoir les soins appropriés. C’est Tharl Island que la demoiselle ailée avait choisis, ou plus précisément la ville portuaire de Klasburg. Néanmoins Ishtar appréhendait un peu la suite des événements. Elle avait beau avoir prévenu le porteur du D, un ingénu restait un ingénu. La criminalité était fermement implantée sur cette île où la Marine ne parvenait pas vraiment à s’établir. Pourtant c’était l’endroit où il fallait se rendre pour optimiser le temps et sauver Juunen au plus vite. Le problème de médecins escrocs ou refusant d’aider la petite troupe étrangère demeurait bien présente, mais heureusement la De Lérhane avait déjà rencontré sur place un médecin sympathique qui avait su gagner sa confiance lorsqu’elle c’était rendu à Tharl Island durant l’un de ses précédents voyages.

-Nous sommes bientôt arrivé regarde ! déclara la maudite mythique en hurlant pour que son passager entende en dépit des frottements du vents qui devait certainement lui donner l’impression de faire face à des bourrasques lorsqu’il venait percuter l’air.

La forme de cette terre perdue au beau milieu de l’océan septentrionale se dessinait en effet à l’horizon. Comme de nombreuses autres contrées de l’hivernale North Blue, Tharl Island voyait la neige recouvrir son sol la quasi-totalité de l’année. Bientôt les bâtiments typiques des locaux, leurs formes courbés n’étant pas ce qui se fait de mieux en termes de répartissions du poids pour soutenir une structure, commenceraient à être clairement visible sous les rayons orange servant de requiem à la pleine journée s’étant achevé avec la disparition de l’astre solaire derrière l’horizon. Les ailes de l’Archange du Typhon battaient en rythme alors que la blonde amorçait la descente, se dirigeant clairement vers une zone à l’écart de Klasburg. Il était préférable d’éviter d’attirer l’attention en débarquant sous la forme d’un serpent volant géant recouvert de plumes en plein milieu du port. Cela ne ferait que répandre la terreur et ne conduirait qu’à se faire expulser des lieux sans avoir eu le temps de s’expliquer. Descendant entre les sapins, la femme ailée finit par reprendre forme humaine en arrivant au niveau du sol recouvert d’un épais manteau blanc. Un bonhomme de neige trainait là, cinq ou six mètres à côté d’eux. Pliant les jambes, la femme des cieux laisserait son passager descendre. Le gardant à l’œil, elle chercherait à voir sa réaction face à la situation. Y avait-il de la neige à Swallow ? Si ce n’était pas le cas, la découverte pourrait l’émerveiller. Et malheureusement, ils n’avaient pas le temps de s’attarder, la vie de Juunen pourrait en dépendre.

-Suis-moi, déclarerait la demoiselle ailée en désignant la ville qu’on devinait derrière les troncs des conifères de ce bosquet se dressant aux abords de la cité.

-Il y a des gens gentils, d’autres méchants, d’autres simplement méfiant et toujours sur leurs gardes. Il faut éviter de donner sa confiance à n’importe qui et croire sur parole tout le monde sur parole, commença la bilcane en répondant aux questions dans le sens inverse de leur émission. Toutes les îles ne sont pas autant habité, mais la majorité du temps on trouve plusieurs centaines ou quelques milliers d’habitants sur les îles où les humains se sont installé. Tout dépend de sa position, de ce qui peut amener les gens à vouloir s’installer sur place, de la sécurité de la vie quand on y vit… Tout un tas de détails pouvant amener certains à déménager.

La demoiselle ailée prit instant pour observer l’affluence humaine qu’il y avait dans la rue la plus proche d’eux et vers laquelle la De Lérhane emmenait le jeune bretteur. Les passants étaient nombreux et semblaient défilés dans un sens comme dans l’autre, comme un jour de marché. Pourtant il était bien trop tard pour qu’il y en ait un à cette heure-ci. Passant dans l’espace entre deux bâtiments courbés, la demoiselle termina de répondre à Daiki en remontant justement à la première question.

-Ce ne sont pas des maisons, mais des immeubles à l’architecture assez spéciale. La différence est qu’une maison est normalement faite pour une famille ou en tout cas un groupe qui vit ensemble là où un immeuble est séparés en appartement où chacun habite sans avoir accès à ceux des autres. Normalement les bâtiments sont droits et peuvent avoir des toits triangulaires ou pointus, mais sur cette île, les gens sont parvenus à faire des courbes comme tu peux le voir. C’est assez étonnant et l’on comprend pourquoi le cabinet d’architecte de la ville est assez réputé.

Ainsi, les deux étrangers émergèrent de la ruelle pour se retrouver dans une rue assez longue qui menait jusqu’au port et où l’attroupement humain était conséquent. Certaines personnes se bousculaient. En levant le regard, la bilcane observa les décorations dont avaient été paré les bâtiments et rues. Une fête se préparait et les paroles de quelques passants vinrent confirmer la chose :

-J’ai hâte que le défilé commence ! Allons en vitesse à la foire du port en attendant !

Cependant, les premiers regards surpris se tournèrent vers la demoiselle ailée. Un physique sortant autant de l’ordinaire attirait naturellement l’attention et certains locaux se demandèrent même s’ils hallucinaient. Souriant légèrement en dépit du malaise, l’ancienne révolutionnaire vint tapoter la nuque du Goat pour le prévenir.

-Ne t’éloignes pas de moi. Avec tout ce monde, on pourrait se perdre et ne pas se retrouver.

En effet, l’originaire de la mer blanche craignait que l’ambiance de fête n’émerveille trop le jeune garçon qui pourrait se mêler à la foule pour aller découvrir tout cela, ce qui conduirait la blonde aux iris argentés à des recherches laborieuses afin de remettre le grappin sur le jeune bretteur. Elle le garda donc en vue le plus possible tout en indiquant du doigt la direction dans laquelle il devait se rendre pour rejoindre le cabinet du docteur Lionenken.

-Plus vite nous serons arrivez, plus vite nous pourrons laisser Juunen à ses bons soins pour que tu puisse découvrir l’île et regarder la fête.

Pendant ce temps, dans une autre ruelle attenante à cette grande rue que les passants ignoraient délibérément, une des bandes de brigands de quartier observa le magnifique spécimen exotique qui se dégageait clairement de la foule par sa taille imposante.

-Alors tu vas nous donner l’argent ou il faut qu’on t’expulse de chez toi ?! s’emportait le chef du groupe en venant abattre une nouvelle fois son poing sur un local qui devait payer pour la « protection » de la bande.

-Chef, regardez ! déclara l’un des scélérats tandis qu’une des dents de l’habitant vola hors de sa bouche.

-Oh mais qu’avons-nous là ?

La bilcane n’avait pas vraiment attention au fait que le jeune homme ne l’écoutait qu’à moitié alors qu’elle s’évertuer à réduire les informations au minimum pour que ce soit le plus digeste possible.

-Construire des immeubles permet de mettre beaucoup de gens dans assez peu d’espace. C’est comme cela que l’on peut faire grimper très rapidement le nombre d’habitants se contenta de répliquer l’Archange du Typhon afin d’éviter de perdre le bretteur dans plus d’informations qui n’auraient pas énormément de sens pour lui, comme l’estimation de la population de Klasburg qui faisait pâle figure à côté d’une cité comme Logue Town ou Seppen Town mais demeuré quand même assez dense pour une contrée assez éloignée des lieux d’intérêts généraux de l’océan septentrional.

Son attention fut alors attirée par un bruit sourd derrière elle. Tournant la tête, elle remarqua que le jeune homme c’était retrouvé étalé sur le sol, mais l’absence de trace de sang n’indiquait aucune blessure apparente. Cependant, la De Lérhane fut soulager de voir le porteur de D se relever promptement, ce qui impliquait qu’il ne devait pas y avoir de dommages profonds majeurs. Une commotion malheureuse était si vite arrivée parfois. Soupirant pour relâcher le léger coup de stress qui venait de la traverser, l’ancienne révolutionnaire avait alors poursuivit jusqu’au quartier et donc indiquer à l’épéiste de la suivre, chose qu’elle devrait vérifier régulièrement au cas où l’ingénu se sentirait pousser des ailes à vouloir découvrir tout ce que pouvait offrir Tharl Island. Ecoutant lui aussi quelques discussions des passants, Daiki capta une information que la céleste dû compléter afin que le garnement ayant grandit en marge du monde puisse pleinement comprendre ce qui allait se passer en dépit du fait que cela pourrait encore attiser son envie d’explorer les lieux.

-Un défilé ou une parade c’est un événement ou des se costument et avancent dans la rue, avec de la musique généralement, sous les yeux des autres afin de célébrer et faire la fête. Ils peuvent même décorer des chars ou être accompagner d’animaux pour que ce soit plus amusant ou beau.

La demoiselle ailée reprit ensuite la route au travers de la foule en essayant de déterminer s’il allait falloir couper par des ruelles plus dangereuses pour gagner du temps. Perdu dans ses réflexions, elle ne réagit pas au départ du Goat et continuer à réfléchir au chemin le plus court pour rejoindre le cabinet. Quand elle tourna la tête, le jeune épéiste se trouvait déjà au contact d’un malandrin qui devait certainement s’en prendre à plus faible que lui. Définitivement, les malfrats ne doutaient de rien dans cette ville. Régler des affaires comme cela à quelques mètres à peine d’une rue bondée. Les criminels avaient-ils encore plus d’emprise sur la cité qu’elle ne le croyait ? La De Lérhane ne croyait pas si penser puisque parmi les gens qui aller participer aux défilés, certains étaient ni plus ni moins que des cibles de criminels qui les punissaient en les humiliant à la face de tous. En tout cas, même si elle savait que cela pourrait leur créer des problèmes, la bilcane s’enfonça à son tour entre les deux bâtiments pour s’occuper des sbires du caïd que Daiki confrontait. Ce dernier était bien plus en danger qu’elle en se mettant à dos les bandits locaux, mais l’originaire de la mer blanche espérait bien pouvoir le protéger tout le long du séjour. Cela faisait des années qu’elle voguait sur les flots au point d’avoir fait des aller-retours sur la première partie de Grandline ou même avancer quelque peu sur le Nouveau Monde pour une réunion révolutionnaire. La majorité des dangers que l’on trouvait sur les mers cardinales n’étaient plus des menaces pour elle, même s’il fallait rester à l’affut car une surprise pouvait être vite arrivé. Joignant ses jambes pour former sa queue, la maudite mythologique balaya les premiers adversaires pour leur faire rencontrer le mur. Suite à cela, elle transforme l’un de ses bras et abattit son poing sur un autre gros-bras qui tentait de sauter sur elle. La guerrière n’était cependant que peu concentré sur son propre affrontement car elle souhaitait observer les capacités du porteur du D.

Les quelques sbires qui n’avaient pas été écrasés par la bilcane se détournèrent de cette dernière suite la démonstration de force qu’elle venait de faire en encastrant dans le sol son dernier assaillant. Voulant les éliminer tous rapidement pour ne pas gêner Daiki, elle se ravisa et préféra demeurer spectatrice, ne se laissant la possibilité d’intervenir que pour tirer le jeune homme d’une mauvaise passe. La grande demoiselle observait les mouvements de l’épéiste aux capacités assurément assez impressionnante pour un combattant standard des Blues. Oui, le porteur du D était doué et ce style n’était pas sans lui rappeler quelqu’un. Remontant loin en arrière, la mémoire de l’Archange du Typhon se dirigea vers l’époque où elle se trouvait encore au sein de l’équipage du Centaurus. La main sur le manche de leurs katanas, les deux révolutionnaires Shinta et Saki se faisaient face devant la femme aux quatre ailes, le vieux Yorgunn et Valgun qui descendait une bouteille de rhum. La De Lérhane avait envoyé un coup d’œil en direction de Deylan qui tenait le gouvernail et qui, il en était sûr, surveillait l’entrainement pour éviter que cela ne dégénère. Heureusement, avec ces deux-là, il n’y avait pas de risque qu’une bagarre éclate, contrairement à si Yorgunn et Marcus s’étaient lancé dans un face à face. Les deux femmes, la blonde et la rousse, s’élancèrent l’une vers l’autre en dégainant le plus rapidement possible. La samouraï aux techniques de iai-do ne fit malheureusement pas le poids face à Saki, le plat de lame décrivant un arc de cercle devant elle pour imiter un geste de tranche quelques instants avant que la lame de Shinta soit entièrement sortit de son fourreau. L’écharpe volant sous le vent rengaina avant de replaça sa fidèle allier métallique à sa hanche au-dessus de son kimono. La blonde tandis la main à son adversaire afin de l’aider à se relever alors que Yorgunn et Valgun commençaient à s’énerver l’un l’autre en raison d’un désaccord sur la supériorité de Saki sur sa camarade encore peu expérimenté.

Les gestes du Goat rappelait à l’ancienne révolutionnaire les mouvements de sa vieille camarade qui était à l’époque du flashback un peu plus forte que ce qu’était actuellement le jeune homme. Un fin sourire se dessina sur le visage de la femme alors que ces pensées commençaient à se dissipés pour revenir à la réalité. Le chef de la bande commença à battre en retraite et à abandonner le combat, une décision assez sage qui aurait même pu être émise plus tôt pour sauver quelques hommes de plus. En tout cas, il proféra quelques menaces que la céleste savait fonder. Ce genre de lieu gangréner par la criminalité ne pouvait être libéré que par l’implication d’une faction bienveillante qui nettoierait la ville en profondeur. Aussi forte pouvait-on être, en étant ainsi que de passage, on devait se contenter d’éliminer quelques organisations qui se feraient bien remplacer par des opportunistes une fois l’île quitter. Enfin, vu les événements, elle en devait une au malheureux pour lui avoir ramener plus d’ennuis qu’autre chose. Il fallait donc songer à s’occuper du groupuscule à qui appartenait cette bande avant de quitter Tharl Island. La bilcane fut assez surprise par la discussion entre le sauveur et le sauvé, mais finalement cela ne faisait que confirmer la candeur de l’ingénu qui portait décidément bien ce surnom qu’elle lui avait attribué.

-Oui. C’est car il ne connait encore rien au monde et a une naïveté liée à des capacités de combattants qu’il doit juger normal. Essayez de ne pas trop lui en vouloir. Dites-moi, est-ce que vous savez à quel organisation ces mécréants appartiennent ou le nom de leur chef ? demanda alors l’incarnation du Serpent à Plumes avant de tiré de ses affaires une petite bourse de 300.000 B afin de la lancer à la victime. Et j’espère qu’il y a là de quoi payer ce que vous leur devez pour réduire un peu leur colère même si j’imagine qu’ils vont vous questionnez sur nous. N’hésitez pas à leur indiquer que nous sommes dans le centre-ville.

-Euh… Merci… Ils sont aux ordres du Bras de Plomb.

-Le Bras de Plomb... Ceux dont je m’étais occupé la dernière fois s’appelait les Quatre Loups Violets de mémoire. Enfin bref. Encore désolé et j’espère pouvoir m’occupez de ce Bras de Plomb avant que vous ayez de nouveau ennui pour que vous possédiez une ardoise blanche avec ceux qui prendront leur place.

Rien que de prononcez de tels mots, l’acceptation de cette condition misérable pour laquelle la De Lérhane ne pouvait rien arranger, Ishtar avait mal au cœur pour tout les habitants de la cité. Néanmoins, il ne fallait pas perdre davantage de temps et la zoan mythique rejoignit Daiki grâce à ses longues jambes proportionnelles à sa taille. Une fois qu’elle serait à son niveau, la grande dame aux quatre ailes indiquerait au jeune homme la direction qu’ils devaient prendre.

-Quand nous atteindrons une grande place avec une statue d’un ivrogne au milieu, il faudra que tu cherches un bâtiment sur lequel on trouve des croix vertes dessiné à côté de la porte. C’est là que nous devons nous rendre, déclara-t-elle sans savoir que la triste vérité qui lui apparaîtrait une fois les lieux atteins.

-Oui c’est cela, déclara la demoiselle ailée qui avait bien moins de problèmes pour voir la sculpture que son camarade du jour en raison de sa taille lui permettant de dépasser la foule et avoir ainsi une vue assez dégagé sur les alentours.

Ils avaient finalement atteint la Place Gridinburg, du nom d’Oscar Gridinburg qui avait été le maire à l’origine de la modernisation de l’île il y a quelques décennies ce qui avait permis d’obtenir ces bâtiments aux formes atypiques. Ce que l’histoire caché bien évidemment, c’était que ce dénommé Oscar était également un parrain de la drogue qui contrôlait le trafic sur l’île et s’était servit de la modernisation pour faire du blanchiment d’argent tout en augmentant excessivement les imports afin de récupérer une partie conséquente pour lui-même. Le lieutenant de la Marine qui étaient chargé de la protection de l’île à l’époque était également dans le coup et un fidèle allié du maire qui avait ainsi pu éliminer ses rivaux et obtenir l’hégémonie sur la criminalité de Tharl Island tout en attirant. Tout cela lui avait valu l’intérêt de quelques sommités de la pègre durant une certaine période. Néanmoins, à sa mort de la main de son second avide de pouvoir il y a un peu moins d’une dizaine d’année, son petit empire se fractura et explosa en un ensemble de groupuscules luttant les uns contre les autres et faisant vivre un vrai calvaire aux habitants. Ainsi la statue était une bonne représentation de la ville : de la joie et de la festivité qui servait à cacher des malversations et de l’opportunisme.

-Je le sens mal, murmura pour elle-même la bilcane en découvrant la bâtisse de la connaissance qu’elle avait jadis fait ici.

Tandis que Daiki, pressé, s’approchait pour appeler le propriétaire des lieux, la De Lérhane nota que quelques regards se tournaient vers eux. Ce n’était pas l’habituel surprise de découvrir son apparence anormale, mais une certaine crainte qui ne pouvait guère rassurer l’ancienne révolutionnaire qui comprenait bien que les lieux n’étaient plus habités. Que c’était-il passé ? C’est alors qu’une vieille femme sortie d’un des bâtiments attenants, une boucherie, en transportant des sacs poubelles qui visiblement contenaient quelques déchets organiques vu le fluide qui s’en écoulait. Les paroles de cette vieille dame ne venaient que confirmé les craintes de la céleste : les choses s’étaient envenimés. De plus, le rattrapage de phrase de la vieille femme induisait que quelque chose d’assez grave c’était produit. Un mois et demi… Il devait être trop tard à présent… Même s’il avait simplement été enlevé, les chances de le retrouver vivant étaient proche de néant face à la sauvagerie de nombreux bandits de cette île. Cependant, cette personne pouvait tout à fait mentir, tout autant pour protéger le docteur qui aurait réussi à fuir ou pour justement empêcher le binôme de rentrer en contact avec lui. Il était impossible de faire pleinement confiance à des inconnus, surtout dans une contrée comme celle-ci.

-Je vois… répondit solennellement la guerrière tout en adressant mentalement une prière pour le repos de l’âme du brave médecin. Sa gentillesse l’a rattrapé j’imagine… imagea l’Archange du Typhon. Juste est-ce que vous sauriez si cela est lié à une des bandes du coin.

-Je ne vois pas de quoi vous parlez, expliqua promptement la vieille dame avec une légère pointe d’inquiétude. Vous devriez éviter de fouiller tout ça et reprenez le court de votre vie, conseilla la bouchère avant de tourner le dos aux deux étrangers.

Marquant un temps de silence, l’originaire de la mer blanche réfléchit durant quelques instants afin de dresser un arbre de possibilités et déterminer les scénarios éventuelles et un taux de probabilités approximatif, à partir de son opinion personnel, des déroulements des événements. Malheureusement le même constat revenait en boucle quelques soient les possibilités fixés comme éléments de réflexion : Lionenken ne pouvait pas s’occuper de Juunen. Ils allaient devoir rejoindre l’hôpital où ils devraient payer les soins alors que la demoiselle ailée avait donné sa bourse à la victime croisée un peu plus tôt. Tout ceci allait être problématique, mais dans tous les cas il fallait déposer le blessé inconscient à la structure des médecins, aussi vénales et fourbes soient-ils. Il allait également falloir s’assurer qu’ils comprennent bien le message de ne pas profiter de la situation. Elle les imaginait déjà piquer un rein pour faire du trafic d’organes.

-Je crains que notre priorité actuelle demeure de déposer ton maître. Nous le laisserons au soin des docteurs avant de partir à la recherche de ceux qui ont fait du mal à ma vieille connaissance, expliqua Ishtar en essayant de contenir le désir de vengeance qui se manifestait en un gout amer dans sa bouche. L’hôpital c’est ce grand bâtiment blanc que l’on voit dépasser entre les autres immeubles.

Alors que la mine du jeune homme à côté d’elle c’était également assombrie comme s’il avait compris malgré tout la triste destinée qui s’était certainement abattu sur l’existence du docteur comme un couperet. Qu’il soit mort, comme le craignait l’Archange du Typhon à cause des propos de la vieille femme, ou vivant, il devait avoir beaucoup souffert. Se mettant donc en route en direction de l’hôpital en essayant de ne pas penser au pauvre Lionenken. Cependant, les surprises n’étaient pas encore finies. Daiki se mit soudainement à courir comme un fou en direction de leur nouvelle destination sans que la bilcane n’ait le temps de l’interrompre.

-Attends ! … tenta-t-elle brièvement en dirigeant sa main vers l’épéiste alors qu’il s’éloignait de plus.

Grommelant, l’originaire de la mer blanche augmenta donc la cadence de se marche, ne pouvant pas courir au milieu des passants en raison de sa taille. Elle espérait que ses longues lui permettent de compenser la prise de vitesse de son acolyte du jour, mais il fut bientôt évident que ce n’était pas le cas. Essayant de se montrer efficace, la demoiselle ailée prit donc la direction de l’hôpital en priant d’y retrouver le jeune ingénu qui pourrait malheureusement s’être perdu en route. Enjambant le pont une minute après que Daiki l’ai quitté, la fille des cieux ne pensa pas un instant à s’arrêter pour observer le court d’eau et continua son chemin pour filer vers le bâtiment blanc qui s’entortillait presque autour de lui-même. À coup de grandes enjambés, la De Lérhane traversa les dernières rues avec une certaine vélocité tandis que des mouvements de foules plus restreint serpentaient dans le coin, les gens rentrant chez eux après avoir passé la journée à la foire ou se dirigeant vers le lieu de la fête plus proche du port. En tout cas, la demoiselle aux quatre débarqua devant la porte de l’édifice au bord de la Place Ricksein du nom d’un des fondateurs de la cité. Passant la porte en s’abaissant pour entrer dans l’encadrement, Ishtar pénétra dans le hall sous le regard surpris, voir médusé, de trois ou quatre médecins servant d’accueil et étant chargé de gérer les urgences.

-Bonjour ! Je transporte un blessé. Perforation par défense de sanglier !

Le docteur en face d’elle resta muet quelques instants. Un sanglier ? Mais d’où pouvait bien débarquer cette créature mystérieuse… Elle se vendrait à bon prix aux mafieux locaux s’il arrivait ç ka capturer… Et pour se faire, il valait mieux s’occuper de cette personne qu’elle transportait… tout en taxant le plus possible d’argent en multipliant par trois ou quatre le prix de l’opération qu’ils allaient effectués sur Juunen qui avait déjà reçu des premiers soins de la part de cette grande femme qui se tenait devant le personnel cupide de l’établissement.

-Est-ce que vous avez l’argent ? Je vous préviens cela va vous coûter cher. Bien cinq ou six millions de berry au bas mot. On peut même monter jusqu’à dix.

La blonde aux iris argentés serra les dents. Elle le savait pourtant que les docteurs de l’île étaient globalement des rapaces sans cœur qui ne faisait preuve d’aucune humanité. La scène où l’un d’entre eux avait laissé mourir un vieil homme d’un arrêt cardiaque sans rien faire car il n’en tirerait aucune contrepartie financière revint dans l’esprit de la femme ailée.

-Je vais ramener la somme que vous voulez d’ici peu, mais je vous en prie commencez déjà à le traité.

Sur ces mots, elle repartit sur le champ à la recherche du Goat, priant pour que le médecin soit convaincu de la rentabilité financière. Ce dernier hésita longuement. Néanmoins, maintenir en vie cet inconnu permettrait à priori de faire revenir cette grande asperge vers l’hôpital et donc il aurait l’opportunité de lui mettre le grapin dessus pour la capturer puis la vendre. Oui… C’était un bon plan.

La De Lérhane avait commencé par traverser les rues alentour à la recherche du jeune bretteur, malheureusement cela ne la menait à rien. Le quartier avait beau être assez conséquent, la fille des cieux ne se laissait pas démoraliser et poursuivait ses recherches, maintenant en elle un espoir de mince que la chance et le destin lui offre la possibilité de tomber sur Daiki au détour d’une rue. Néanmoins, au bout de plusieurs minutes, l’Archange du Typhon devait se rendre à l’évidence : cela ne la menait à rien. Une certaine tristesse mêlée à de l’amertume pointa le bout de son nez alors que la céleste s’efforçait de faire le vide en elle afin de chercher une solution sans se laisser emporter par le début de panique. Trouvant une ruelle pratiquement déserte, la zoan mythologique revêtit sa forme hybride et s’élança droit vers la voûte céleste en longeant la courbe des bâtiments l’entourant. Quadrillant les lieux via le ciel en se plaçant suffisamment haut pour éviter d’attirer l’attention trop rapidement vers la monstruosité légendaire qu’elle incarnait, la bilcane fit le tour du secteur par les airs en espérant pouvoir repérer le jeune bretteur, néanmoins cette méthode fut toute autant infructueuse que la précédente. Redescendant jusqu’au niveau du sol, la demoiselle ailée reprit forme humaine et resta en place quelques minutes, réfléchissant une nouvelle fois à ce qu’elle pouvait bien faire pour débloquer la situation actuelle. Ce temps, c’est ce qu’il fallut à une bande trois brigands pour accourir dans sa direction, ces derniers l’ayant vu descendre depuis le ciel et voulant découvrir qu’elle était cette étrangeté qui sortait de nulle part. Tournant le visage vers les scélérats, l’ancienne révolutionnaire fronça les sourcils. Le Goat n’avait pas pu simplement se perdre vu qu’il l’aurait certainement retrouvé à l’hôpital si cela avait été le cas, en tout cas c’était ce qui lui semblait le plus probable et ce qu’elle espérait, et par conséquent le fait qu’il ne se soit pas retrouvé là-bas pouvait indiquait que des malfrats l’avait embarqué. Mais pourquoi ? Il était trop tôt pour que les racailles de tout à l’heure aient déjà prévenu tout le monde… À moins qu’ils eussent suivit directement le binôme plutôt que fuir. Peu probable malgré tout.

-En voilà une grande dame. Viens par ici poulette ! lâcha en ricanant l’un des mécréants.

Un sourire presque malsain se dessinant sur son visage, l’Archange du Typhon s’approcha, laissant les trois hommes interloqués, et brandit son bras trop rapidement pour que celui qui avait parlé ne puisse esquiver. Soulevé par la femme aux proportions titanesques à plusieurs dizaines de centimètres au-dessus de sol, le regard du criminel s’affola tandis que ses deux camarades n’attendirent pas un instant pour l’abandonnée.

-Tu ne serai pas de la bande au Bras de Plomb par hasard ?

Avalant la salive, craignant pour sa vie, le bandit hocha la tête avant de bégayer :

-Si vous… vous… vous l’attaquez… Vous en… en… en subirez les conséquences, déclara-t-il avec l’espoir que le nom de son patron aurait un impact suffisant pour apeurer son assaillante.

-Auriez-vous l’obligeance de m’indiquer où se trouve votre repère ?

-Euh… Il faut… remonter la rivière.

-Merci bien. La bonne journée à vous.

Sur ces mots, la blonde aux iris argentées balança le scélérat contre le mur avant de se mettre à courir vers le pont afin de trouver le fleuve et ainsi pouvoir trouver la base de ce Bras de Plomb. Si jamais Daiki avait été capturé par ces malfrats, ce serait super, mais elle pourrait aussi s’emparer de l’argent du criminel afin de payer l’opération de Juunen.

La main de la bilcane se posa sur le rebord du pont tandis qu’elle envoya ses deux jambes par-dessus celui-ci. Chutant sous le regard de quelques passants s’interrogeant sur le but de l’action, la De Lérhane se rattrapa sur la roche berçant la rivière. Ses deux pieds s’enfonçant dans la pierre qui se fissura, Ishtar s’élança pour remonter le fleuve, respirant de manière régulière durant sa course. L’eau coulait et les bâtiments restaient imperturbables face à la brise tandis que les lueurs orange du crépuscule se dissipaient petit à petit pour céder leur place aux ténèbres du voile nocturne. Les murs défilaient autour de l’ancienne révolutionnaire alors qu’elle pensait, mettant à profit le temps de déplacement de cette manière. Dans un premier temps, son esprit avait dérivé en ressassant les derniers événements, néanmoins elle finit par mettre cela de côté pour simplement penser à la suite aux possibilités qu’il y aurait suite à son attaque sur le repère en fonction des résultats de celui-ci. Finalement, le bâtiment commença à se dessiner au milieu des autres. C’était l’une des dernières structures de la ville, en périphérie de Klasburg et qui donnait par conséquent directement sur la petite forêt de Lisbery qui séparait la ville majeure de l’île des collines de Literful derrière lesquels se trouvaient les deux villages de Turnefork et Clostorbil. De ces deux petites communes entourées de prairies partaient une route qui menait droit à la cité de pêcheurs Nerkfork qui servait en secret de relai pour réceptionner les marchandises illégales. En tout cas, la demoiselle ailée compris rapidement pourquoi ils c’étaient installés là. La déchetterie Kleintsberg qui récupérait également toutes les eaux des égouts de la ville était en effet un lieu parfait pour mener des affaires discrètement puisque personne n’aimait vraiment s’approcher d’endroits aussi maqués par la saleté et qui n’inspire que la souillure la majorité des gens.

-Là !

La De Lérhane arrivait au abords de la construction et découvrait une barque ainsi qu’un espace qui découlait directement sur une entrée du bâtiment. Un endroit idéal pour récupérer des cargaisons acheminées par voie fluviale. De toute manière, la bilcane voyait mal quel autre intérêt une ouverture à un tel endroit pourrait avoir. Ne perdant pas davantage de temps, Ishtar se dirigea vers la porte et donna un grand coup de pied dedans, arrachant littéralement cette dernière de ses gonds. Se baissant pour passer dans l’encadrement de la porte, la demoiselle ailée découvrit cette pièce assez large qui pouvait largement servir d’entrepôt. Observant les caisses empilées à côté de détritus qui attendaient d’être traité, la fille des cieux s’enfonça un peu plus dans la bâtisse et ouvrit une autre porte qui l’amena dans l’endroit où Daiki affrontait ses ravisseurs. Apercevant le jeune homme, la blonde aux iris argentées eu un soupir de soulagement. Tournant alors le visage vers les malandrins, la maudite mythique manifesta son arrivée par la parole.

-Bonjour tout le monde. Je souhaiterai rencontrer votre fameux Bras de Plomb.

Les paroles de l’Archange du Typhon retentirent et attirèrent toute l’attention durant un instant, ramenant le calme alors que visiblement les brutes profitaient de ce qu’ils jugeaient être une victoire sur le porteur du D qui venait de traverser un mur. Cependant, la bilcane doutait que cela suffise à mettre à mal la volonté du sabreur qui avait démontré des capacités certaines un peu plus tôt face aux trois bandits qui c’étaient jeté sur lui. Certes, cela ne garantissait pas d’avoir une volonté de faire, mais vu les paroles qu’il avait adressé à la victime que la demoiselle ailée avait « remboursé » il devait être bien motivé. Cela ne tarda pas à se prouver quand le bretteur jaillit vers les scélérats qui venaient de notifier la présence surprise de l’ancienne révolutionnaire. C’est dans un mouvement plutôt fluide que Daiki triompha en dépit de ses blessures en assénant un coup d’estoc à deux mains pour perforer la chair du torse de la grosse brute à laquelle il avait fait fasse jusque-là. Oui, décidément, cela ressemblait encore à ce qu’aurait pu faire Saki, même si cette dernière aurait lancé son attaque avec une seul main et non deux. Une différence minime soit dite en passant. Secouant la tête pour éviter que la nostalgie n’envahisse une nouvelle fois son corps. S’approchant de l’un des sbires restants, la De Lérhane réitéra sa question.

-Alors ? Où est ce Bras de Plomb dont toute la ville a si peur ? Est-ce que c’est lui qui a fait tué le docteur Lionenken ?

La sueur perlait sur le front du malandrin qui avala grossièrement sa salive tout en reculant un pas après l’autre au même rythme que l’étrangère qui se dirigeant vers lui, sauf que cette dernière disposait de jambes plus longues et que le mur ne tarda pas à se présenter au dos du malfrat.

-C’est-à-dire que… euh…. Vous devriez voir ça directement avec lui non ? Héhé, rigola par nervosité le sbire en lançant un regard vers le Goat. Son bureau est au quatrième étage du bâtiment.

-Merci bien.

Sur ces paroles, la bilcane abattit son poing sur le crâne du hors-la-loi d’un mouvement désinvolte, assommant ce dernier sur le coup. Son corps tomba grossièrement sur le côté, la bave commençant à couler le long de sa langue pour venir toucher le sol.

-Allons-y Daiki, déclara la demoiselle ailée en tendant la main au jeune épéiste.

Si ce dernier l’acceptait, elle le tirerait vers lui tout en passant sous forme hybride pour se mettre à voler… Oui à l’intérieur du bâtiment. Comme si de rien n’était, elle s’élança donc, quittant le sol pour foncer et passer au travers des plafonds successif jusqu’à avoir atteint le compte de quatre.

-C’est beaucoup plus rapide que chercher les escaliers, commenta le zoan mythique à mi-chemin entre le sérieux de son visage et l’aspect humoristique qu’elle donnait à son action. Il ne nous reste plus qu’à trouver ce fameux bureau, ajouta-t-elle en balayant la zone d’un coup de queue, projetant contre les murs les quelques sbires qui furent surpris par cette apparition soudaine. Si tu veux je te laisse les prochains et n’interviendrait que si tu es en danger. Te battre en situation réel, même affaibli, te permettra de continuer de progresser. Aussi, même si ce sont des ordures, essaye de les achever uniquement si tu n’as pas le choix. La meilleure chose à faire reste de les mettre hors combat et livrer ces vermines à des autorités compétentes pour qu’ils vivent un calvaire. Les tuer abrège la sentence que l’on pourrait porter contre eux sans leur laisser le temps de regretter et réfléchir à ce qu’ils ont fait.

Bien évidemment la bilcane n’avait aucune confiance dans les forces de l’ordre d’une ville aussi corrompu où les quelques marins présents participés à l’oppression. Ainsi l’Archange du Typhon ne comptait aucunement laisser ces brutes réchapper de tout cela. La demoiselle ailée pouvait aisément être considéré comme une ennemie du Gouvernement Mondial, que ce soit en tant que ex-révolutionnaire ou décima. Cependant, elle ne se considérait en aucune façon comme une adversaire de la Marine. Certains officiers possédaient de réelles notions de justices et la De Lérhane luttait régulièrement aux côtés de certains d’entre eux lorsqu’il fallait protéger les populations civiles. Ainsi, elle disposait de quelques contacts auprès de gradés et ce sur un peu toutes les Blues depuis cette année. La céleste comptait donc passer un appel escargophonique à l’un de ses contacts de confiance afin de le mettre au courant de la situation et de pouvoir faire régner un peu de Justice à Tharl Island grâce à l’implication d’une base locale étrangère. Du point de vue de la fille des cieux, faire pleuvoir la mort n’était pas la solution. Même à la guerre, elle espérait toujours pour limiter les pertes, néanmoins il fallait malgré tout se rendre à l’évidence de la cruauté de ce monde et du fait qu’il fallait souvent aller au-delà de la supériorité de la vie afin de remporter une victoire contre un adversaire représentant une menace trop importance pour la paix. En tout cas, le jeune homme semblait accepter la proposition et donc de se montrer raisonnable vis-à-vis du traitement de ses ennemis, ce qui serait notamment important dans sa vie future pour épargner des personnes qui se battaient par nécessité et non par envie, forcé par des scélérats cruels ou tout simplement par l’injustice qui s’est répandu dans le monde.

-Montre-moi ce que tu sais faire malgré la fatigue qui te ronge, commenta l’originaire du firmament afin de pousser le porteur du D à se dépasser tout en se tenant prête à stopper ces sbires qui pour elle était des adversaire de seconde zone après les affrontements qu’elle avait pu mener sur Grandline, ce qui n’empêchait pas que leur chef pouvait tout à fait représenter une menace tangible de par des capacités importante puisqu’après tous des inconnus puissants se cachaient aux quatre coins du monde.

Ishtar observa la position du Goat, le regardant se préparer à l’affrontement et puiser des forces au sein de son propre être, écrasant la fatigue et la douleur durant quelques instant pour finalement décoché un coup dans le vide, attaque qui se répercuta dans l’environnement sous la forme d’une lame aérienne, l’acier de la lame du bretteur ayant tranché l’air. La trajectoire du projectile ne fut pas celle prévu à l’origine par le jeune homme, mais cela indiquait néanmoins les ressources dont il disposait ainsi que des pistes d’amélioration.

-Mémorise la sensation. Par la suite, il te faudra essayer de la retrouver, puis d’affiner autant ton geste que ton esprit pour rendre l’assaut beaucoup plus véloce, ce qui te permettra avec de la maîtrise de beaucoup mieux gérer la trajectoire, déclara l’Archange du Typhon avant de frapper le vide devant elle pour envoyer un poing d’air s’éclater droit dans l’un des murs. Je ne suis pas épéiste donc Juunen restera un bien meilleur professeur pour toi que moi je peux l’être. Il pourra t’expliquer plus en détail comment cela se réalise avec un sabre, mais je pense que les bases de la gestuelle à effectuer sont les mêmes et qu’une explication légèrement différente peut être bénéfique pour enrichir la première. Enfin, allons donc rencontrer ce fameux Bras de Plomb, conclut la bilcane en se dirigeant vers une porte. Il ne reste plus qu’à espérer qu’on va rapidement le trouver dans toutes les pièces de cette étage… Bon au moins on pourra faire le ménage comme ça.

-Oui, il est peu probable qu’il se trouve derrière, affirma également la bilcane tandis que le jeune homme partait malgré tout faire une vérification.

Suivant tranquillement celui qui était plus ou moins aujourd’hui son protéger, l’Archange du Typhon passa en forme hybride uniquement ses yeux afin d’user de la vision thermique de l’animal dans l’optique de voir malgré la noirceur ce que possédait cette pièce tandis que le Goat lui ouvrait le volet. Faisant demi-tour tandis que l’adolescent découvrait à son tour l’utilité de la pièce, la De Lérhane remarqua que quelques scélérats étaient déjà prêts à reprendre l’action. Les bras dans croisé dans le dos, Ishtar se poussa de la trajectoire afin de laisser le champ libre au bretteur qui bien évidemment n’attendit pas davantage pour mener la charge. Alors que Daiki faisait son enchaînement, la demoiselle ailée tentait de lui apporter quelques conseils et de la motivation.

-Soit plus souple et léger. Habitue-toi à la douleur, ressens là et apprends à la connaître. Il ne faut pas vraiment l’affronter mais l’accepter afin qu’elle fasse partie de toi comme le reste, cela rendra le fardeau moins lourd à portée. Et pour l’atterrissage, il faut bien gérer ses appuis pour éviter d’être déséquilibré et offrir une fenêtre d’attaque à ton adversaire si tu es en duel contre quelqu’un de ton niveau, conclut-elle lorsque le porteur de D arriva sur ses deux pieds.

Suite à cela, les deux membres du binôme commencèrent à intensifier leur recherche. Traversant un couloir pendant que le Goat ouvrait successivement plusieurs portes, la zoan mythologique débarqua dans une salle où se trouvaient de grandes cuves. L’eau des égouts y était déversée et de multiples conduits se réunissaient dans une machine centrale dont la demoiselle ailée ignorait l’utilité. Se débarrassant rapidement des quelques sous-fifres qui se trouvaient là, l’originaire de la mer blanche revint en arrière et fouilla quelques salles avant de débarquer dans un nouveau couloir qui disposait de quelques décorations que le reste du bâtiment n’avait pas.

-Daiki ! appela la demoiselle ailée. Je crois que j’ai trouvé, ajouta-t-elle en regardant les quatre pots de plantes et les deux peintures qui constituait la décoration.

Traversant rapidement en marchant sur le tapis vert sur lequel se trouvait quelques traces de sang séché, l’ancienne révolutionnaire posa sa main sur la poignée et ouvrit le bureau du patron une jeune femme brune se retourna vers les nouveaux arrivants, le visage recouvert d’une certaine peur.

-Vous êtes venus me sauver ? J’ai cru que je ne quitterai jamais cet enfer. Ce Bras de Plomb est un tel monstre ! lança la femme en quittant la fenêtre pour laisser les larmes lui monter aux yeux tandis qu’elle faisait quelques pas vers le duo.

La bilcane haussa alors un sourcil.

-Profitons-en. Dites-nous il est que nous allions en finir, déclara alors la fille des cieux qui était assez touché par l’émotion qui montait aux yeux de la pauvre victime.

-S’il vous plait. Emmenez-moi avec vous, lâcha la brune en se précipitant vers ses sauveurs.

Au moment où elle vit le visage de cette inconnue se rapprocher, Ishtar eu un déclic, mais il était trop tard. Alors que visiblement, la pauvre damoiselle sans défense voulait se consoler de la sortie d’un calvaire dans les bras des deux personnes venues l’extraire d’une triste condition, celle dernière sortit soudainement une dague et vint lacérer le ventre de la zoan mythique qui entama son esquive suffisamment tôt pour éviter que la lame ne s’enfonce trop dans son corps.

-Mince ! pesta l’Archange du Typhon en reculant de deux pas. J’aurais dû vous reconnaître plus tôt ! Une chasseresse de primes à la tête d’une organisation criminel. Il y en a vraiment qui profite de tout dans ce monde, déclara-t-elle tandis que celle qui n’était nulle autre que Bras de Plomb fit un saut en arrière pour atterrir les deux pieds sur le bureau, puis derrière celui-ci afin de récupérer son bras d’armure et sa hallebarde.

-Je vois que j’ai bien fait de ne pas misé sur le fait que vous m’escortiez jusqu’à l’extérieure avant de vous poignarder dans le dos. C’était surtout que je craignais de perdre des hommes supplémentaires, mais je vois qu’il y en a qui lise encore le journal, ricana la patronne en enfilant le gantelet et les plaques de plomb qui protégerait son avant-bras.

Ce n’était pas le genre de personnes qu’Ishtar cherchait à mémoriser et c’est pour cela qu’elle ne l’avait pas reconnu sur le coup. Pourtant, depuis qu’elle était sur North Blue, elle avait lu à trois reprises un petit article de journal parlant d’une arrestation réalisé par cette femme dans la rubrique fait-divers.

Éléonore Clivengrad… Cette chasseuse de prime avait commencé sa carrière six ans avant que Daiki ne quitte Swallow pour découvrir le monde extérieur sur le dos d’une créature mythologique afin d’apporter des soins à son mentor. La montée en puissance de Gold Roger était devenue une aubaine à saisir, le Seigneur des Pirates faisant naître un désir de piraterie chez pas mal de personne. Cependant, c’est lors de l’exécution de cette légende que l’originaire des bas-fonds de Trader devint certaine d’avoir fait le bon choix de carrière. L’âge d’or de la piraterie offrait une floppée de minables s’aventurant en mer et obtenant de petites primes faciles à grapillés. Ainsi, Éléonore parcouru les Blues année après année pour cueillir les primés qui commençaient tout juste leur aventure dans ce monde. C’est 1502 que son nom commença à être réellement évoqué et lui donné plus d’importance que les autres rapaces en quête d’argent qui rodaient sur les mers. L’arrestation du terrible forban Albratchif Machistrion primé à 31.605.000 berry pour avoir anéantit tout un village tomba dans la poche de la Clivengrad qui vola la vedette au véritable héros, un chasseur de prime rival qu’elle abattue d’un coup dans le crâne en prétextant à posteriori avoir lutté à ses côtés avant que le forban n’achève ce valeureux compagnon d’arme. Une petite réputation et notoriété vint entourer la chasseuse de prime qui profita de cela pour gagner un peu d’argent auprès de civils qu’elle aidait… Alors que c’était parfois elle qui créer le problème à résoudre.

C’est forte de toutes ces expériences que Éléonore avait débarquées à Klasburg il y a un an et demi. Voyant du potentiel dans cette ville rempli de corruption et d’oppression, la Clivengard s’était installé ici afin d’offrir sa protection aux habitants pour les sauver régulièrement des scélérats et ainsi récupéré des récompenses en plus de l’argent que lui rapportait les chasses aux primés qu’elle continuait à mener. Pour augmenter ses gains, la solution était toute trouvée : elle devait prendre le contrôle des criminels pour obtenir l’argent racketté tout en recevant les remerciements et l’image positive en faisant croire au fait qu’elle mettait aux arrêts ces bandes, ce qui ne serait vraie que dans le cas de rivaux. C’est de cette façon qu’elle s’imposa au chef de la Cruche Percé qui devint en quelques mois la redoutable bande du Bras de Plomb, l’ancien patron de la Cruche Percé ayant malencontreusement fini ses jours noyés dans la rivière après une tentative de reprise du pouvoir qui avait malheureusement échoué. La Clivengrad, orpheline qui n’avait toujours connu que la rue et les magouilles, avait trouvé une ville qui lui correspondait parfaitement et où elle pouvait profiter du luxe et de la sérénité sociale dont elle avait été privée en étant petite. En effet, à l’âge de huit ans, la future chasseuse de primes sans scrupules avait appris que les Clivengrads avaient été une famille bourgeoise de commerçant éliminés par des rivaux.

Enfin, c’est riche de toute cette histoire, de tout ce vécu, que le Bras de Plomb ne comptait pas subir le même destin que ses prédécesseurs décimés par l’équipage révolutionnaire avaient subi. La hallebarde tournoya au-dessus de la tête brune tandis que les restes du bureau percutés le sol. S’élançant sur la trajectoire, la bilcane passa en forme hybride et stoppa entre ses deux paumes recouvertes d’écailles la lame que la Clivengrad voulait abattre sur le corps du jeune épéiste. Profitant de la surprise de la chasseuse de prime de découvrir une pareille monstruosité, la De Lérhane éjecta l’adversaire vers le mur, qu’elle traversa, d’un coup de queue maîtrisé. Cette adversaire était certes beaucoup plus fort que ceux qui pullulaient sur cette île, mais Ishtar était encore un niveau au-dessus d’elle.

-Vas-y Daiki. Essaye de la vaincre. C’est ton premier vrai affrontement en situation compliqué. Si tu essuie des échecs, ce n’est pas grave, j’assure tes arrières.

-Ne te crois pas à l’abris l’atrocité, pesta de son côté la chasseresse en se redressant, se tractant en partie grâce à son arme.

C’est dans l’adversité et la défaite que l’on peut découvrir son corps et ses limites afin de pouvoir les dépasser ultérieurement. L’Archange du Typhon avait vécu une pareille expérience, une défaite impitoyable face au supernova Mystic lors de la toute première année qu’elle avait vécu sur les mers bleues. La De Lérhane avait affronté le primé à plus de cent millions aux côtés de l’homme-loup Karim Ookami qu’elle avait depuis rencontré à de très nombreuses reprises au point où elle le considérait vraiment comme un ami. Un combat qui était bien partie avant que la vapeur ne se renverse quand le supernova avait enfilé son armure cybernétique le rendant énormément plus dangereux. Un souvenir très important et autour duquel c’était forgé beaucoup de réflexions martiales chez la De Lérhane pour continuer à progresser, sans parler de toutes ces années d’adolescences où les oiseaux tyrannisant Bilca l’avait vaincu encore et encore sans jamais parvenir à briser le moral de la jeune demoiselle.

Les paroles fusèrent, Daiki voulant réaffirmer sa volonté vaillante avant de finalement s’enquérir de l’état de l’ancienne connaissance de l’Archange du Typhon. La réponse apportée fit froncer les sourcils de l’impassible zoan mythologique qui demeurait concentré sur les mouvements des deux combattants afin de pouvoir mettre fin au duel à n’importe quel moment. La bilcane observa donc les deux ennemis se jeter l’un sur l’autre. La différence d’expérience entre ces deux-là parut rapidement assez évidente. Tandis que les aciers s’entrechoquaient en rythme, générant une symphonie métallique à l’harmonie dissonante, dansant de leurs gestes fluides pour tenter de percer ou trancher le corps de l’autre, le jeune bretteur laissait plus d’ouvertures dans sa posture que son antagoniste qui quant à elle ne pouvait pas parfaitement les exploités à cause de la taille de son arme et d’une réactivité non suffisante s’infiltrer avant un retour de lame. Le porteur du D n’avait peut-être pas non plus encore assez d’expérience pour voir les défauts de certains mouvements, même si nombreux d’entre eux n’étaient pas exploitable s’il on ne disposait pas de la vitesse nécessaire pour pénétrer l’ouverture avant qu’elle ne se referme. La De Lérhane restait sur le qui-vive, prête à lancer sa queue s’enrouler autour du manche de la hallebarde avant que cette dernière ne s’abatte sur le corps de l’épéiste qui trouvait étonnamment encore la force de se battre après toute cette fatigue et ses blessures. Il était vraiment en train de repousser ses limites et de progresser dans cette souffrance, dans les affres du combat réel contre des ennemis qui veulent mettre un terme à l’existence de leur opposant. Finalement, l’échange se termina en défaveur du Goat qui fut repoussé avant d’être la cible de la hallebarde. D’un mouvement d’aile, la Serpent à Plumes généra un déplacement d’air qui modifia la trajectoire du projectile afin d’empêcher la tête de l’ingénu de se faire traverser par la lame.

-Attention ! lança-t-elle à l’adolescent alors que celui-ci donnait des signes de distraction.

Cela ne suffit pas et un coup de poings descendant envoya Daiki à travers le plancher pour finir à l’étage inférieur dans une pièce servant de réserve de drogues. Alors que la poussière retomber sur la scène, Éléonore se permit un commentaire.

-J’aurais du faire renforcer les murs de cette véritable ruine… Bon, tu compte m’arrêter avant que je le tue ou tu vas le laisser crever sans rien faire ? lâcha vulgairement la demoiselle qui se montrait pourtant si distinguer lorsqu’elle traitait avec la population local.

-On va voir s’il a encore de la ressource ou non. Si jamais je dois intervenir c’est qu’il ne peut plus être en mesure de vous résister. Mais l’échange que vous venez d’avoir prouve bien qu’il n’a pas surestimé ses capacités.

-Et tu crois que je vais te laisser regarder sans rien faire ? … Tu rêves ma grande !

Se jetant droit sur le monstre, la chasseuse de prime eut la surprise d’être accueillit par une main qui saisit son cou. Volant sur quelques mètres dans la continuité de sa prise, l’Archange du Typhon envoya droit l’ennemi à l’étage du dessous, la faisant tomber dans les débris du mur, emporté par l’écroulement du sol, desquels la Clivengrad se releva en toussant avant de saisir le manche de sa hallebarde et l’extirpé du reste.