Le Baratie, la paperasse avec Paradise… j’avais fait tellement de choses ces derniers temps, j’en avais de plus en plus marre, je ne désirais même qu’une seule chose en fait : me reposer ne serait-ce qu’un soir. Heureusement, j’avais prévu de partir un peu sur East Blue. Je ne savais pas trop où me rendre dans un premier temps, puis je me suis souvenu d’un endroit dont m’avait parlé ma sœur, une petite île où se trouverait en quasi-permanence un petit cirque. C’était sûr que cela ne vaudrait pas les gigantesques parcs d’attractions de Shabondy, mais vu la distance qui me séparait de cette île de Grand Line et ma fatigue mentale, je voulais faire au plus simple.

Après de nombreuses heures de vol, et malgré le fait que j’étais incertain en premier lieu de l’endroit sur lequel j’avais atterri, je fus très rapidement rassuré par un passant, bien qu’il fut quelque peu choqué de me voir arriver ainsi. J’étais donc arrivé à mon objectif du jour : l’archipel Orgao. Descendant de mon oiseau géant, je lui faisais signe d’approcher sa tête de moi. Avant de partir m’amuser, il fallait bien que je lui donne les consignes. Je viendrais lui chuchoter quelques mots :

“ - Ecoute moi bien Scalp, tu n’as qu’à rester ici et je t’amènerais un peu à manger tout à l’heure ! Si jamais quelqu’un s'approche trop, tu lui hurles dessus. Si jamais il recommence, tu le tues et tu viens me chercher, d’accord ?”

C’est dans un piaillement compréhensif que je laisserais Scalp tout seul ici, non sans lancer un regard des plus noirs aux quelques-uns qui auraient été tentés de l’approcher d’un peu trop près. Finalement, je me dirigerais vers l’endroit où la foule était la plus dense.

Une fois sur place, je commençais à légèrement déchanter : des récits inintéressants sur un pirate et un chasseur de primes… pourquoi fallait-il que ce soit toujours les pirates et les hors-la-loi qui finissent par gagner ? Ils n’avaient pourtant rien à envier. Heureusement, quelque chose se dévoila devant mes yeux tandis que tous se précipitaient sur la boisson, pour mon plus grand bonheur : un marchand de glaces. Me précipitant à l’opposé du reste de la foule, je viendrais immédiatement commander un double cornet vanille chocolat. Il me faudrait au moins ça pour pouvoir supporter les calomnies des idiots qui ont trop bu. Après tout, peut-être que cette soirée pouvait encore devenir amusante ? Je me posais cette question tandis que je me rendais à nouveau lentement vers la foule où des chants marins se hurlaient à tue-tête.

Alors que je dégustais tranquillement ma glace, observant les artistes locaux finir en vitesse leurs boissons tandis qu’ils repartaient, je me retrouvais ici plantée, seule. Enfin, seule c’est ce que je pensais, étant rapidement abordée par une femme une peu étrange qui me questionna sur mes origines, voulant visiblement savoir si j’étais une cornue. Mes yeux commençaient dors et déjà à briller, mais cela augmenta de plus belle lorsqu’elle mentionna le nom d’Akira. Était-ce une de ses amies ? En connaissait-elle davantage sur les cornus ? Peut-être même qu’elle avait déjà rencontré un peuple entier de cornus ? Je ne pouvais plus attendre que de lui demander.

“ Oui ! Je connais bien Akira, j’ai voyagé quelque temps avec lui sur le bateau de son capitaine, tu le connais bien ? Et est-ce que tu as déjà rencontré d’autres cornus ? J’adore en rencontrer des nouveaux depuis que j’ai quitté mon île, depuis que je suis née, je n’en ai croisé que trois à part moi.”

Comme pour appuyer la suite de ma phrase, je levais mes doigts un à un tout en énonçant ceux que je connaissais, d’une manière très théâtrale.

“ - D’abord il y avait mon père, puis j’ai rencontré Akira sur le bateau, et le troisième je ne sais plus comment il s’appellait mais j’ai dû le tuer pour revendre son rein.”

A peine lui aurais-je laissé le temps de comprendre ce que j’aurais pu dire que j'enchaînerais sur davantage de questions. Après tout, si elle connaissait Akira, elle était forcément quelqu’un de gentille !

“ - Comment tu t’appelles ? Moi c’est Kira, je suis venu ici un peu pour me reposer car mes derniers jours ont été très mouvementés. Faut dire que j’ai voyagé de Shabondy jusqu’aux Blues en me reposant très peu, sans compter les problèmes que j’ai eu sur le chemin... “

Ainsi donc, elle s'appelait Evyl ? Elle semblait très sympathique et en plus, elle n’avait visiblement pas de problème à discuter et ça c’était une bonne chose ! Ces derniers temps, j’avais vraiment peu eu l’occasion de parler avec des gens réellement intéressants, me retrouvant entouré par une bande d’incapable. Heureusement, je n’étais maintenant plus en train de travailler, j’étais en vacances et je devais en profiter un maximum !

Malheureusement pour moi, sa rencontre avec Akira semblait être un hasard, comme lorsque je l’avais rencontré sur son bateau. Aujourd’hui ne serait pas le jour où j’en apprendrais davantage sur mon espèce, mais tant pis, au moins j’avais trouvé une fille avec qui passer le temps. D’ailleurs, elle aussi semblait déçue que je ne connaisse pas davantage de cornus, mais bon, je faisais avec.

“ - Je suis également enchantée ! C’est pas très grave pour les cornus, j’en croiserais bien d’autres un jour en me baladant sur les mers, ils ne peuvent pas se cacher là où on ne les trouvera jamais ! Mais sinon, j’accepte volontiers d’aller voir le spectacle avec toi !”

Récupérant un billet qu’elle venait me tendre, j’afficherais un grand sourire tout en commençant à me diriger vers le lieu du spectacle, m’assurant qu’elle était bien en train de me suivre. J’avais vraiment envie d’en apprendre davantage sur elle.

“ - Dis Evyl, d’où est-ce que tu viens toi ? Est-ce que tu as un rêve ou un objectif par hasard ? Moi mon rêve, c’est de découvrir le monde en compagnie de ma sœur. On a commencé à voyager ensemble il y a peu et je suis très contente de découvrir plein de choses en dehors de mon île grâce à elle.”

“ - Non, elle n’est pas avec moi. On a dû se séparer temporairement pour une urgence, du coup j’ai décidé d’un peu me balader avec mon oiseau le temps qu’on se retrouve. En réalité, grande sœur Némésis n’est pas ma vraie sœur, mais elle est tout comme pour moi. C’est elle qui m’a donné envie d’explorer et qui m’a extirpé d’Himitsu Shima, le seul endroit que je n’ai jamais connu. Depuis, j’ai découvert plein d’endroits magnifiques, notamment Shabondy qui était une très belle île. Orgao c’est très bien aussi cependant, c’est bien plus calme que là-bas, pour se reposer c’est parfait, surtout après toutes les péripéties que j’ai pu avoir au Baratie.”

Le spectacle se déroulait, mais j’étais en réalité peu intéressé par ce dernier, préférant davantage parler à ma nouvelle amie. En faisant mention du Baratie, j’eus soudainement un déclic ; même si j’étais en négociation avec Raki pour établir mon commerce, pourquoi ne commencerais-je pas à me faire de la publicité et à potentiellement trouver mes premiers acheteurs ? D’un sourire très franc, et venu de nul part, je viendrais lui faire une proposition.

“ - Dis moi Evyl, est-ce que ça t’intéresse de devenir plus forte ? Tu veux voyager beaucoup et il y a beaucoup d'endroits dangereux. Comme je t’aime bien, je peux te proposer quelque chose qui te rendra très puissante, ça te permettrait de battre des gens trop dangereux en temps normal. Tu penses que ça peut t’intéresser ?”

“ - D’accord, pas de problème, je comprends, moi non plus je n’en prends pas, c’est surtout pour les autres que j’en fabrique à vrai dire.”

J’affichais toujours un grand sourire, appréciant beaucoup la situation dans laquelle nous nous situons. Même si le spectacle était loin d’être le chef-d'œuvre qu’on m’avait vanté, je pouvais au moins me satisfaire d’avoir rencontré quelqu’un d’intéressant. Peut-être que je devrais la présenter à grande sœur ? Non, ce n’était pas une bonne idée, il valait mieux que je me fasse un peu discrète en attendant que les négociations avec Raki soient terminées et que je la rejoigne d’abord, on pourra mieux s’organiser comme ça.

“ - Dis moi Evyl, est-ce que tu as un numéro de DenDen pour qu’on puisse se recontacter ? Je pense repartir d’ici demain pour aller rejoindre ma grande sœur mais j’aimerais bien qu’on reste en contact et qu’on se reparle un de ces jours. C’est pas tous les jours qu’on rencontre quelqu’un d’aussi sympathique que toi. Si jamais un de ces jours tu te fais blesser ou que tu as besoin de recoudre un bras ou une main perdue, n’hésite pas à m'appeler, je te montrerais tout ce que je sais faire pour aider une amie !”

Tout en finissant ma phrase, je viendrais sortir un petit morceau de papier et y inscrire le numéro pour pouvoir me contacter. Après tout, je reste une chirurgienne, s’occuper des corps c’est mon métier et je sais bien le faire. Que ce soit pour elle ou un ami à elle, je l’aiderais volontiers et même gratuitement en fonction de la situation.

Un bordel ? Je restais figé pendant quelques instants à cette mention, comme si ce mot avait été capable de me tétaniser par sa simple prononciation. Ce fut bref, mais il me fallut quelques secondes avant de me rendre compte qu’elle était en train de rire. C’était… une blague ? Oui, certainement, ça ne pouvait être que ça après tout ! Pourquoi une femme aussi gentille qu’elle voudrait-elle ouvrir un endroit aussi horrible qu’un bordel ? Je laisserais finalement échapper quelques ricanements, me joignant à elle comme dans une sorte de convention sociale. Bien que l’humour des Blues m'échappais visiblement, ça n’était pas une raison d’être malpolie !

Alors que le spectacle se terminait et qu’Evyl prenait un malin plaisir à se moquer des gens qui semblaient lui en vouloir, j’aurais fait de même à ses côtés, appréciant particulièrement ce genre de chose. Cependant, le temps avait passé, et il allait être temps de partir. Traînant encore un peu avec elle, je finirais par la guider vers l’endroit où se trouvait mon oiseau géant. Peu avant d’y arriver, je saluerais la femme.

“ - Je suis bien contente de t’avoir connue, mais je dois retrouver ma grande sœur avec Scalp, elle doit m’attendre impatiemment. N’hésite pas à m'appeler si tu as besoin, je viendrais sans problème pour une amie !”

J’effectuerais un dernier geste de la main avant de grimper sur ma monture, lui soufflant quelques mots à l’oreille. Rapidement, nous prenions de la hauteur et la silhouette de ma nouvelle amie se réduisait peu à peu jusqu’à finalement disparaître complètement. C’était une journée très amusante, j’espère que j’aurais l’occasion de la recroiser avec Némésis !