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Ven 13 Aoû - 16:37


Clean


West Blue, Powder Island

Le sans nom était assis dans son fauteuil, le regard posé sur la table basse face à ses genoux. Dans ce souterrain qui avait été fait sien, le borgne faisait un point sur où il en était. Récemment, il avait décidé de ne pas prendre part de façon tranchée à la confrontation entre Thalassa et l'escouade d'Eken Sor. Ces premiers étaient pourtant venus sur Illusia très probablement pour ceuillir le maudit, de part le fait qu'il les avait ouvertement exposés par ses dernières actions sur Powder Island, au travers de la Contre-Amirale Expiar. Aussi, en se montrant délibéremment contre le gouvernement mondial, le maudit fit montre de la menace qu'il pouvait représenter : sa malédiction n'étant plus dans les mains d'une des cinq étoiles par le biais de cette frêle alliance proposée, les cartes avaient été redistribuées en faveur de la révolution du Sor.

Ce contrecoup avait été ainsi prévisible, pour autant le Roi Fou n'avait pas imaginé se retrouver nez-à-nez avec plusieurs membres de cette famille de sitôt. Aussi, il avait pris le parti de rester passif, voir comment Eken Sor et ses troupes se débrouillaient. Qu'importait après tout, s'il était tombé, tant que le criminel demeurait vivant. Il aurait pu toujours trouvé une porte de sortie, comme toujours, c'était là sa spécialité de trouver ce genre de trou de souris et de s'y glisser : former une alliance pour la tuer dans la minute qui suivait pour avancer encore et toujours. Miser sur le bon cheval au bon moment et ne pas hésiter à changer quand besoin s'en faisait, voici ce qui avait été sa ligne directrice jusqu'à présent.

Après tout seul un cheval était à considérer : le sien. Le reste n'était ici que pour l'accompagner au sommet.

-Ce type dont tu m'as parlé, il serait prêt à s'affilier à nous en toute connaissance de cause ? Est-il réellement fiable ?


[FB 1506] Clean [Pv. Caesar] Dr13[FB 1506] Clean [Pv. Caesar] Zwvo
Fudo, le Roi Fou ; Jon Skully

-Il n'est pas question de s'affilier pour lui, plutôt d'accepter d'être ton détaillant. Une relation commerciale, purement et simplement, voici ce qu'il recherche. Et nous avons pour l'heure la grosse part du marché.

Jon était habitué à gérer ce type d'affaire. Lui était jusqu'alors le bras d'Hanah Shizuki, celle qui avait réussi à s'accaparer le monopole du recèle d'armes volées. Ses connexions s'étendaient sur l'ensemble de Powder Island, tout le monde la connaissait, elle et son ombre : Jon Skully. Si la femme à la chevelure rosâtre était parvenue à ce niveau-là, c'était principalement grâce au soutien et la pertinence de l'épéiste borgne. Ce dernier savait comment ce monde fonctionnait, les relations commerciales, ça le connaissait.  

Aussi, de tous, le brun était le mieux placé pour conseiller le Roi Fou dans l'expansion de ses différents trafics. Autrefois, le raisonnement froid et pragmatique de Judal Ouri servait à cela et de nombreuses démarches avaient été initiées grâce au basané, cependant l'Ouri avait fait preuve d'une défaillance d'esprit lui valant la vie.

Pour autant la Mort n'arrêtait pas les affaires et le sans nom se devait d'avancer. Qu'importait les querelles avec le gouvernement et ses relations avec la révolution : l'Underground primait et il fallait le dresser.

Sur le marché noir, il était déjà un acteur majeur, notamment pour le trafic de stupéfiants. Cependant, la qualité de sa clientèle était à revoir : principalement la lie de l'humanité, des camés de basse espèce. Il fallait donc revoir le business model et toquer à la porte d'une nouvelle clientèle.

Le contact de Jon Skully aurait ainsi fait l'affaire.

-Qu'importe les termes. Il marchera avec nous, il n'en aura pas le choix.


Le talon tapotant frénétiquement le sol, le borgne se faisait impatient. Il avait faim, trop. Son ventre grondait, il désirait tout bouffer et ne laisser aucune miette derrière son passage.

Le monde ou rien.

-Il faudra des intermédiaires cleans pour pouvoir à terme faire tourner cette affaire tranquillement. Ne pas la lier directement à nous afin d'éviter que les concurrents tentent de s'en emparer, à défaut de la détruire, parce qu'ils souhaitent te descendre.

Puis, un business non affilié au Roi Fou, primé à 375.000.000 B, permettrait aussi d'avoir un parfait appât pour des criminels futés en expansion : une cible plus modeste leur serait mise à disposition, libre au sans nom et son groupuscule de les pêcher un-à-un pour soit les soumettre, soit les éteindre.

-Boro pourrait convenir pour ce job. Ton lien avec n'est pas connu pour l'heure, c'est un mercenaire après. Tu sais à quoi tu t'exposes. Il y a aussi cette autre personne que tu as mentionnée. On l'a convoquée. Peut-être conviendrait-elle mieux.

Choisir un mercenaire n'était pas la meilleure idée, cependant le sans nom semblait composer avec ce dont il avait. Avoir fait appel à ce type qu'il avait rencontré autrefois sur cette île, juste avant sa première disparition sur Illusia, était peut-être un acte deséspéré. Cependant, si ce type répondait à l'appel du Roi Fou alors il ferait preuve d'une certaine fiabilité : sa parole serait ainsi tenue.



[FB 1506] Clean [Pv. Caesar] Xhn0[FB 1506] Clean [Pv. Caesar] 48y8
Yoh & Loh Tucker


-On n'est pas des nounous, merde. On sait à quoi il ressemble au moins ?
-Apparement il aurait des zébrures sur la tronche et un air arrogant.

Les jumeaux attendaient au lieu qui aurait été indiqué à Caesar. Le réseau du sans nom, porté par celui de Hanah et les contacts de Zem Amar aurait facilement retrouvé sa trace pour le convoquer ici. L'endroit lui aurait été ainsi indiqué et, s'il acceptait, le mercenaire aurait pu se rendre au fin fond de Powder Island, au milieu d'un terrain vague.

Les contours d'une trappe se dessinaient dans la poussière aux pieds de Yoh et Loh. Les siaimois s'impatientaient, cet homme viendrait-il à eux ?




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Ven 13 Aoû - 17:54
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La tête dans le cul, le cul dans le vomi, j'émergeais difficilement de cette beuverie endiablée. Il était quelle heure ? Qu'est-ce que j'avais bien pu faire de ma soirée pour terminer dans cet état ? Aucune idée, mais j'avais dépensé ma dernière solde de la Guilde Marchande comme il se doit et plus encore. Mais j'étais de retour à Powder Island, ça se fêtait non ? Fudo s'étant finalement souvenu de moi, il m'avait "convoqué", la grande classe. Heureusement j'étais en affaires dans le coin, car entre temps je me suis établi sur North Blue. West Blue c'est bien sympa, mais c'est vite devenu le terrain de jeu de Fudo et je n'étais pas là pour me contenter des miettes. Moi il me fallait de l'espace pour me faire un nom, cependant j'avais tout de même répondu à l'appel… pourquoi ? Alors là, c'est la question à un million de Berrys, parce qu'on ne peut pas dire qu'il m'ait été d'une grande aide jusqu'à présent. Et moi, bon prince, il me siffle je rapplique. Enfin, pas sans passer ma soirée dans un bar. Ah mais c'est ça ! Voilà pourquoi je me suis torché ! Je ne voulais pas arriver trop en avance… alors j'ai fait une partie de poker, j'ai payé des coups à droite à gauche et un verre en entraînant un autre la soirée s'est prolongée jusqu'au tôt le matin. Je sais, je sais, ce n'est pas très sérieux blabla bla, mais c'est ça de miser sur moi aussi. Et c'est à prendre ou à laisser.
Une poignée de minutes et un fond de rhum suffisent pour me faire sortir de mon coma. Je prends une douche, je me change, bref je traine les pieds comme ce n'est pas permis. Pourtant et ce malgré moi, je ne suis pas aussi en retard que je l'aurais voulu.

— Tu es bien matinal le "Fléau", lance le tavernier en ricanant.
— Ouai j'ai une affaire à régler,
lançais-je sans même me soucier de sa remarque. Tu mets tout ça sur la note de l'autre tâche, pas vrai ?
— Caesar, tu vas me faire avoir des ennuis…
— Eh, c'est pas moi qui ai perdu la partie de poker !


Le tavernier soupir, puis me signe de filer. Je ne me fais pas prier, la note en question est colossale, passé minuit ce n'est plus des coups qu'on payait, mais des tournées à la moitié de la ville. Je l'admets me suis peut-être un peu emporté, mais je l'ai mal pris que Fudo disparaisse comme un gland sans donner de nouvelles. Moi-même je ne fais pas ce genre de coup, alors que je suis le roi des glands, alors merde, un peu de respect. C'est vrai que je n'ai pas glandé grand-chose depuis notre dernière entrevue, plutôt musclée d'ailleurs, mais bordel, un peu de respect pour les collègues. Enfin, tout ça allait être vite derrière moi, car si je suivais mon instinct : les choses sérieuses allaient commencer. Fudo n'avait pas chômé lui, il était maintenant primé à 375M de Berrys ce con ! Il avait pris du galon, alors même si je trainais les pieds j'avais hâte de le revoir cette enflure.
Une heure de retard, ce n'est pas la mer à boire… bon ok, peut-être deux, mais c'est la faute de l'autre blaireau là ! Il m'a dit que ce n'était pas loin, que je trouverais facilement. Mon cul oui ! C'est au fin fond du trou du cul de Powder Island ! J'avais soif, j'avais les crocs, bref la journée commençait bien. Mais finalement, après autant d'efforts, je rejoignis le point de rendez-vous. Et là, à ma grande surprise, je retrouvais deux personnes – si elles avaient eu la patience pour m'attendre. Je me fixais à quelques pas d'eux en baillant bruyamment.

— Bidule et machin, c'est ça ? Je crois que c'est vous que je dois voir… mais je ne sais pas ce que j'ai foutu du message, pestais-je en fouillant mes poches avant de réaliser que j'avais changé de vêtements. Merde… bon, pas grave, moi c'est Caesar tout ça, tout ça, bon ? On se fait une bouffe ? Quelque chose ? J'ai les crocs !

Fidèle à moi-même je ne dérogeais pas à ma ligne de conduite. Tout en finesse. En légèreté. Et avec une pointe d'humour. Au moins le ton était donné. Fudo avait déjà eu l'occasion de me cerner, mais les choses avaient bien changé depuis notre rencontre. C'est vrai, ces deux-là je ne les connaissais pas par exemple. Mais j'avais appris pour Judal, c'est con, je l'aimais bien celui-là. Faut croire que se faire casser la gueule sa rapprocher, toujours est-il qu'il va me manquer ce basané. Ainsi va la vie… puis avec un peu de chance les petits nouveaux seront peut-être plus joviaux et fêtards ? Parce que bon, finalement, je suis un peu comme qui dirait un ancien… plus ou moins. Moins que plus, mais ça c'est du détail.

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Ven 13 Aoû - 18:35


Clean


West Blue, Powder Island

-Oh, regarde, c'est peut-être lui là-bas.
-J'espère bien que c'est lui, ça fait deux heures qu'on poireaute.

Yoh était agacé par le retard du mercenaire, c'était que le soleil avait atteint son zénith et tapait sérieusement, que ce soit sur son crâne comme sur son système. Quand Caesar se présenta finalement devant les siamois, raccordés dos-à-dos, Yoh eut la joie de flairer l'haleine puante du Santana D.. Son visage se froissa instantanément, l'odeur l'infestant, tout comme son air arrogant qu'on lui avait bien présenté.

-Ah ouais, t'as faim ?
-Bah mange ça enfoiré !

Parfaitement synchronisés, Yoh décocha son poing en plein milieu du visage du nouveau venu. Peut-être que Caesar eut le temps de voir les phallanges de son interlocuteur virer au noir, il s'agissait là du haki de l'armement des Tuckers. Les trois talons des frères pivotèrent alors, permettant à Loh de balayer le mercenaire cuité de leur quatrième jambe. Aussi, le zébré n'aurait eu le temps de dire ouf que ciel et terre s'inversèrent. Alors la pointe des pieds du brunet des chirurgiens iraient chatouiller à plusieurs reprises l'estomac vide de la recrue.

-T'as cru que j'étais ton baby-sitter ? Tu t'attendais à quoi, un sandwich triangle ?
-Pauvre con, Fudo va te flinguer en dix secondes si tu continues !

La situation amusait les Tucker intérieurement, un peu de légèreté pour leur servir d'exutoire : ça servait bien à faire baisser la pression que le Roi Fou, instable qu'il était, leur imposait de par sa simple existence. Mais bon, Yoh et Loh s'étaient accomodés de ce petit revers de médaille, le bougre avait un fruit plus qu'intéressant et des ambitions excitantes. Pour sûr que les siamois auraient pu se placer correctement dans ce qui devenait son empire, en fidèles second, si leur plan se serait déroulé comme prévu, ils pourraient alors demander certaines faveurs au maudit. Explorer le potentiel de sa malédiction pour faire de leurs fantasmes une réalité : créer des chimères faites à partir de divers êtres-humains, repousser les limites de la médecine pour cristalliser leurs visions malsaines.

-Bon, tu fermes ta gueule deux minutes et t'auras du pain.
-Un vrai bout de pain, pas un poing. Alors tu t'écrases ducon.

Alors le duo ouvrit la trappe à leurs pieds pour s'engager dans les escaliers, traînant la recrue en la saissisant par le col. S'il reprenait ses esprits et était en état de marcher sans faire du boucan, les Tuckers auraient considéré de le laisser les suivre en silence, autrement il aurait eu un double tarif ici. Enchaîner les coups, visiblement, c'était dans ses cordes. Alors au bar comme dans un souterrain, quelle était la différence ?

Au bout d'une dizaine de mètres, le triplet arriva finalement à la pièce principale : éclairée d'une lumière blanche synthétique, rappelant l'ambiance morbide des morgues en devenir qu'étaient les hopitaux, plongeant le visage des deux borgnes dans l'obscurité.

Jon Skully poserait son oeil unique sur Caesar en premier, constatant le passage à tabac qui lui aurait été fait : du sang ayant dégouliné de son nez. Il recentrerait son attention sur le sans nom pour continuer, tandis que les Tucker balancerait le bougre dans un coin de la pièce avant d'aller chercher du pain dans la sucursalle.

-Doug sera assez facile à convaincre. Se faire de l'argent facilement, il ne saurait refuser notre offre. Il n'aurait qu'à revendre notre produit et nous faire part d'une partie de la recette. A négocier avec lui. J'imagine donc que c'est lui, Jon pointerait du regard le mercenaire amôché, qui s'occupera de la relation avec Doug et la récolte des profits au début.

Le sans nom resterait silencieux un temps, tandis que Yoh et Loh reviendraient avec une moitié de baguette à la main. Ils la tenderaient au Santana D. sous le regard du maudit, cet énergumène, ça faisait un moment qu'il ne l'avait pas vu. Le Roi Fou se souvenait bien de lui, de par son exotisme, cela remontait à juste avant sa capture sur Illusia puis sa chute en enfer.

Comment ne pas l'oublier ? Cette pièce de l'échiquier qui était toujours debout, relique d'un passé presque confortable. Sa vie d'avant.

-Alors, la Guilde Marchande, où tu en es depuis le temps ?

Caesar aurait pu découvrir les bandages ceignant le visage du Fudo qu'il avait rencontré auparavant, changeant celui-ci en un simple borgne. Ses cheveux avaient poussés de façon négligés, libérés d'une cage de cire qui les contraignaient en banane : était-ce là le passage d'une vie d'adolescent plein d'espoir à un être usé n'ayant que pour but d'atteindre son objectif sans profiter du chemin le menant à celui-ci ?

La fin, de son périple dans l'Underground ou de sa vie, qu'importait, c'était là la seule chose que renvoyait le seul oeil du primé.

Peut-être voyait-il en Caesar une bribre d'espoir, un être venant d'une autre époque. Une dynamique différente.


Yoh & Loh sont lvl 35 (ensemble) ; 30 chacun si séparés

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Ven 13 Aoû - 19:29
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avec Fudo & compagnie

Comme un air de déjà-vu, je vis les siamois m'attaquer sur… une pointe d'humour ? On va bien s'amuser ! Encore hébété par l'alcool et quelque peu nauséeux à cause du ventre vide, je ne réalise pas tout de suite le fossé qui me sépare de ces deux-là. Ils ont d'ailleurs un délire bien à eux, mais je joue le jeu et je me laisse passer à tabac en ricanant, comme à mon habitude. Quelque peu amoché et au sol, je fixe le ciel. C'est toujours mieux, la dernière fois c'était le plafond d'un rade crasseux.

— Je pensais plutôt à un poulet rôti ou deux et quelques bouteilles de rhum, mais…

Incapable de fermer ma gueule, je reprenais la sauce de la part des siamois. C'est aussi ça la vie de héros, prendre des coups… un peu trop, mais ça forge le caractère et sa créait des liens. Je n'avais pas vraiment le temps de philosopher là-dessus, je me fis trainer de force par le col dans ce qui ressemblait au repère de Fudo. Non pas que je ne pouvais plus me lever, Haki ou non ce n'est pas ces deux blaireaux qui vont me coucher aussi facilement, mais la flemme était trop grande pour faire un quelconque effort – et j'avais mal aux côtes c'est vrai. Et puis s'ils voulaient se prendre pour mes baby-sitters ces deux-là, autant que je joue les gamins, c'est de bonne guerre.
Un repère souterrain, Fudo ne fait pas trop dans le cliché c'est bien. Il aurait pu faire pire, le cœur d'un volcan par exemple ou une base sous-marine ? Non, une base sous-marine c'est cool. Puis personne n'irait chercher un maudit au fond de l'océan… peut-être parce qu'il faudrait être complètement con pour se cacher là-bas. Au bout du suspense je fus jeté comme un malpropre dans un coin d'une pièce où se trouvait Fudo et un autre lascar. Je me redressais pour m'adosser au mur, puis je crachais un peu de sang tandis que le borgne me fixait. Une insulte ? Une provocation ? Non, non, ce n'est pas mon genre ! Et puis au moins j'avais ma récompense, un peu de pain. Évidemment je m'offrais une petite réplique pour taquiner mes nouveaux amis.

— Je crois que j'avais commandé un poulet rôti et du rhum, non ? Les gars, les gars… le service laisse vraiment à désirer ! Disais-je en mordant finalement dans le pain que l'on m'avait donné.

En vérité il suffisait de lire entre les lignes pour y voir une forme de reconnaissance. Non, mais c'est vrai, moi je ne dis pas merci comme tout le monde. Puis Caesar n'est pas Caesar s'il ne se prend pas quelques coups dans la tronche et qu'il fait le con. Fudo ne m'aurait certainement pas reconnu sans ça… et en parlant du loup. L'intéressé avait bien changé et alors qu'il s'adressait à moi, je le fixais, perdant ma langue un instant.
Le mutisme que j'affichais pouvait être vu comme de la crainte, du respect ou je ne sais quelle autre connerie, mais non, rien de tout ça. Je n'ai peur de personne, ni Fudo, ni la Marine, ni personne, alors que je devrais peut-être vu que je me prends une branlée à chaque fois que je suis en affaire avec celui-là. Mais c'est ce regard, enfin ce qu'il en reste évidemment. Je ne sais pas, une étincelle, une intensité… je pouvais presque me revoir quelques années plus tôt. Un lion qui a connu la cage et la misère ça se reconnait facilement. Esquissant finalement un sourire, je me relève, terminant une demie baguette engloutie en deux secondes.

— Eh bah, je t'ai connu en meilleur forme l'ami, lâchais-je sans pour autant manquer de respect. Mais crois-le ou non, je connais ce regard…

La vie sur Gekan n'a pas été une partie de plaisir, la mort omniprésente, la faim, la captivité, bref la belle vie quoi, tout ça j'ai donné. Et c'est quelque chose que je ne souhaiterais à personne, pas même à mon pire ennemi, alors Fudo, certainement pas. C'est vrai que je suis le roi des glands et que j'ai une grande gueule, mais je sais aussi la fermer et ouvrir les yeux.

— Sympa l'accueil d'ailleurs, je vois qu'on ne change pas les bonnes choses et ça, ça fait plaisir, j'avais peur que tu sois devenu un chaton inoffensif… ça m'aurait fait chier, je t'aime bien.

Un peu de douceur dans ce monde de brute. C'était sincère, si Fudo ne faisait pas dans le sentimental pour ces grandes retrouvailles, moi, oui. Toujours dans l'humour et la provocation, mais c'est ma marque de fabrique. Fudo le savait en me choisissant, alors j'imagine qu'avec le temps il s'est fait à l'idée de traîner un boulet comme moi.

— Bref, trop d'émotions, je vais me mettre à chialer, disais-je avant de ricaner. La Guilde Marchande, ouai… c'est des connards, mais ça avance doucement, disons que j'ai eu quelques affaires sur le feu… et peut-être une beuverie ou deux.

Au moins je me montrais sincère, mais toutes blagues à part j'avais vraiment eu de quoi m'occuper depuis notre dernière rencontre. J'aurais aimé en faire plus, seulement on ne peut pas dire que mes partenaires brillent par leur activité. Je m'adapte, je bouge dans mon coin et on verra bien.

— Et toi alors, ça avance tes grands projets ? Prêt à botter quelques culs ? Et picoler ! C'est important de s'hydrater… ah ouai, c'est vrai, je parle trop, on me le dit souvent, mais je suis content de bosser pour toi l'ami, c'est que de l'amour ce que tu vois là.

Fudo, même s'il avait changé et pas seulement en apparence, avait tout mon respect et à ma façon je lui montrais. Bon il aurait toujours eu sa banane et son look de rockstar je l'aurais surement charrié un petit peu, peut-être même que j'aurais joué les rancuniers. Mais voilà, on en est là. Et j'ai envie de jouer le bon gars pour une fois, parce que je l'aime bien et que ça n'arrive pas souvent. Je ne suis pas du genre sentimental tout ça, mais c'est assez cool de rencontre un type qui n'a pas peur de poser ses couilles sur la table. Si un jour j'arrive à ne serait-ce que l'égaler, je crois que je ne me serais pas trop mal démerdé. En attendant je vais essayer de faire boulot et de lui rendre la confiance qu'il a en moi, non sans mon humour et mon charisme, évidemment !

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West Blue, Powder Island

Le mercenaire prit ses aises sans mal aucun face parmi les différents hors-la-loi. Tous avaient leurs regards fixés sur ce nouvel arrivant, cette anomalie qui parlait au Roi Fou comme si l'on s'adressait à un ami de longue date. Les Tuckers réfrénèrent leur envie de lui asséner un coup de pied dans le bide, histoire de le faire taire et de lui apprendre le respect. A dire vrai, ils souhaitaient plutôt faire ça pour le bien de Caesar : le borgne était quelqu’un d’instable, ses réactions imprévisibles. Il aurait très bien pu se lasser de l’énergie comme venue d’ailleurs que déversait le corps et les paroles du mercenaire zébré. Pour autant, le sans nom s’était terré dans un mutisme complet, écoutant ce qu’avait à lui dire l’alcoolique. Les siamois portaient leur haki de l’observation sur leur boss afin de se préparer au pire, pour autant aucune intention mortelle n’avait été portée à l’égard du Santana D.. Cela était surprenant, l’espace d’un instant, cet ovni avait comme semblait-il réussi à se faire tolérer, sinon accepter, par le criminel.

Pour quelle raison ? Les Tuckers se le demandèrent.

Peut-être était-ce là la nostalgie qui poussait l’enfant terré dans les profondeurs du Roi Fou à vouloir ce gaillard auprès de lui. Il serait alors comme une lampe torche, éclairant les ténèbres d’une lumière d’antan, permettant de voir ce que l’œil obscur du damné ne parvenait plus à cerner. Peut-être oui, autrement le primé pouvait très bien faire preuve de patience avec cet huluberlu car celui-ci lui aurait été utile à terme. Que ce soit avec la Guilde Marchande comme avec ce Doug.

Pour autant, Caesar n’avait vraisemblablement pas fait d’avancée concernant la Guilde. Peu importait les raisons, la situation présente était telle quelle : avait-il laissé la paresse le prendre ou bien la Guilde considérait son cas avec des pincettes ? Les Tuckers espéraient que le mercenaire se trouvait dans le second cas, car tous savaient que dans ce monde le sommeil était le cousin de la Mort.

-Je vois. Ça prendra le temps qu’il faudra, j’imagine. Peut-être que ce projet te permettra d’accélérer les choses. Mon but premier serait de convenir d’un pacte de non-agression avec eux.

Sous le regard étonné de Skully, le maudit venait de révéler une étape de son plan à ce qui semblait être un parfait inconnu pour l’organisation naissante : un type venu d’ailleurs, oscillant entre la Guilde et son affiliation au Roi Fou. Il aurait pu aussi bien contribuer à leur cause comme les compromettre en faveur de leur concurrent. D’un autre côté, exposer une partie de son projet était le meilleur moyen pour procurer au Santana D. un sentiment de reconnaissance et d’importance, il posséderait ainsi un rôle clé. A voir comment ce type agirait face à ses responsabilités nouvelles.

-La prochaine étape pour moi est de bazarder le gouvernement hors de West Blue en lui préférant la révolution de Sor. L'un comme l'autre sont des tares, autant choisir celle qui nous convient le mieux.

Le roi sans couronne ne prenait aucun risque en révélant son alliance récente avec les révolutionnaires, les Thalassa l’ayant découverte tout récemment.

-En parallèle, nous devons renforcer notre emprise sur le commerce de cette mer. Nos différents trafics n’ont rien à envier aux autres, pour autant nous pouvons grapiller de précieuses parts en toquant à la porte d’une nouvelle clientèle, réalisant un accord commercial qui nous rapprocherait un peu plus de la Guilde. C’est pour ça que Fudo t’as choisi, car il pense que tu es la meilleure personne pour tenir ce rôle clé.

Les intentions du Roi Fou se cristalliseraient en une aiguille froide lorsque son prénom fut mentionné, comme si en un seul mot, témoin de son identité première, le damné pouvait transformer cette pièce en bain de sang. Ce constat donna un frisson aux Tuckers, l’un était enjoué par ce danger permanent planant sur au-dessus de leurs têtes, l’autre était effrayé par cet équilibre précaire. Entre construction et auto-destruction.

-Nous avons repéré un potentiel gros détaillant pour nos stupéfiants. Il est à la tête d'un pub qui va bientôt se répandre en une chaîne sur plusieurs îles de West Blue. Il fait dans le luxe comme dans le milieu de gamme : nous aurions qu’à lui vendre en gros et il s’occupera du reste. Toi, tu t’occuperas d’entretenir la relation avec, mettre en place des moyens de récolter nos profits et gérer ses réapprovisionnements. T’en sens-tu capable ?

Sur cette dernière question posée par le Skully à Caesar, le poing du damné s’était clos. S’il acceptait, ils auraient pu se préparer à partir pour St Johns dans les plus brefs délais.  S’il refusait, nul n’aurait été capable de prédire combien de seconde il aurait fallu à ce poing fermé pour s’ouvrir. L’atmosphère aurait alors vrillée.


Yoh & Loh sont lvl 35 (ensemble) ; 30 chacun si séparés

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Sam 14 Aoû - 10:50
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Requinqué par un maigre bout de pain, je concentrais d'abord mon attention sur Fudo et ses intentions vis-à-vis de la Guilde Marchande. Un pacte de non-agression ? Je ne les ai jamais considérés comme une menace crédible, mais je ne suis pas le mieux placer pour évaluer les menaces. Moi je fonce dans le tas et je réfléchis après, néanmoins c'était bon à savoir. C'est vrai que je m'étais laissé distraire par quelques affaires plus personnelles, cependant j'avais réellement fait des efforts auprès de ces couillons de la Guilde Marchande. Mais je crois qu'ils ne m'aiment pas, peut-être que je ne suis pas assez bien pour eux. Et en vrai je m'en fous totalement. Tôt ou tard ils seront bien obligés de me filer des missions intéressantes, ils ne pourront pas indéfiniment passer à côté de ce que j'ai à proposer. Si même Fudo l'a vu, tous le verront. Pour ça, va falloir que j'y mette un peu du mien, sinon ça ne va pas avancer beaucoup cette histoire. Et quelque chose me dit que si je parviens à devenir indispensable pour Fudo, j'aurais une voie toute tracée pour le sommet. Enfin, personne n'est irremplaçable il parait.

— Je vais accélérer les choses, quitte à botter quelques culs en plus, répondais-je finalement à Fudo au sujet de la Guilde Marchande.

Et maintenant ? Maintenant Fudo me révèle un autre pan de ses grands projets et pas n'importe lequel : la domination de West Blue. Une mer comme une autre pour moi, mais il faut bien commencer quelque part. En revanche je ne suis pas certain que choisir entre la peste et le choléra soit la meilleure option. La Révolution ou le Gouvernement Mondial, pour moi c'est des nids à emmerdes l'un comme l'autre. Jamais ils n'accepteront un petit hors-la-loi débarquant de nulle part venu imposer sa loi. Mais bon, je laisse tout ça à la tête pensante de ce projet, moi je suis bête et discipliné, je fais ce qu'on me dit… enfin presque.
Au bout du suspense on en arrive enfin à mon rôle dans toute cette histoire et je dois admettre être déçu sur le papier. Bon, ok, on parle d'un pub et c'est plutôt cool, mais je ne pensais pas avoir été "choisi" pour m'occuper de cet aspect là des affaires de Fudo. Mais bon, il faut bien commencer quelque part, non ? Et puis au moins je saurais sûr que les choses sont bien faites. C’est-à-dire pas de petits malins qui pioche dans les poches de Fudo ou de quelconques espions. Peut-être que je n'en ai pas l'air comme ça, mais avec moi ils vont filer droit. Je n'ai rien à envier au "Roi Fou" dans mes mauvais jours. Et d'ailleurs ma réponse semble être attendue, comme si ça allait définir la fin de cette entrevue. Laissant finalement échapper un soupir, j'esquisse un sourire alors que je m'étends les muscles et que j'essuie du sang séché sous le nez.

— Moi tant que je peux boire à l'œil… ça va, je rigole, boulot boulot, c'est promis, répondais-je comme pour accepter cette mission. Et sinon les serveuses sont mignonnes ? Aller détendez-vous, je sais que j'ai l'air d'un gland comme ça, mais je sais me sortir les doigts et faire le job, vous ne serez pas déçu et je pourrais même vous surprendre !

Pour une fois que j'étais sérieux, ce n'était donc pas des paroles lancées à la légère même si je me montre comme à mon habitude léger. Roi Fou ou non, tarés siamois et mec chelou avec un balai dans le cul, peu importe, je reste moi-même, ça plait ou ça ne plait pas, mais je ne vais pas changer. Le monde est pourri et parfois la vie est merdique, j'en sais quelque chose, alors autant en rire, une petite blague ou deux ça n'a jamais fait de mal.

— Bon alors, on se met au boulot ou on s'en… enfin je veux dire… un peu de sérieux ! Au boulot !

Pour moi c'était comme signer un contrat les yeux fermés sans même lire le contenu, mais je faisais confiance à Fudo et ça, ça me suffisait. Un peu moins aux crétins qui l'entouraient, tous avaient peur de lui, le craignaient, mais à mon sens ça ne fait pas les meilleurs partenaires. Instiguer la peur à l'ennemi, voilà la seule voie. Les alliés doivent être fidèles, ils doivent vous respecter et non vous craindra, car sans ça c'est la porte ouverte à la trahison. Et c'est bien là la seule chose à laquelle on ne me prendra pas, je l'ai déjà dit. En plein cœur de l'enfer je serais le dernier debout, toujours là et quand tout est perdu je ne suis pas certains que beaucoup peuvent s'en vanter.

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West Blue, St Johns

-Oh, quatre bras ! Ca fait un bail, tu m'ramènes des bonbons ?

Un jeune adolescent à la peau cuivrée venait accueillir le vaisseau naval sur lequel se tenait Yoh et Loh. Celui-ci avait attendu leur visite depuis le début de la semaine, le stock s'écoulant rapidement. Le sans nom, les siamois et Caesar avaient comme prévu quitté Powder Island pour rejoindre l'île de St Johns dans les délais les plus brefs. Les Tuckers étaient bien connus sur cette île, sa première visite avait servie à sa après tout : parasiter le marché noir de l'île, notamment en allant parasiter les bidonvilles de l'île. Le borgne avait rejoint les deux frères sur du navire marchand, il était vêtu tout de noir et masquait son visage dans l'ombre de sa capuche, comme à son habitude. Hors de question pour lui de se faire repérer dans ces lieux, quand bien même la couronne lui avait été promise, le monde le rejetait en permanence. C'était là le paradoxe de son existence, comme celles de chaque souverrain de l'Underground : être privé de lumière, condamné à l'ombre.

-Oh, ça fait un moment Bdael, comment tu vas ?
-C'est l'un de nos vendeurs, il est assez utile ici.

Loh tint à préciser l'utilité de l'enfant au Roi Fou, lui faire comprendre que ce petit être était lui aussi sous sa bannière et qu'il ne représentait pas un danger, ni n'était un parasite. C'était que les deux frères s'étaient aussi pris d'affection pour ce bonhomme qui se démenait pour ramener des sous à sa famille. Caesar pourrait observer le garçon faire valser quelques quelques de ses dreadlocks en s'inclinant brusquement sur la droite. Il contemplait reluquait le mercenaire qu'il n'avait jamais vu, délaissant la silhouette encapuchonnée qui ne lui inspirait rien de bon. Après quelques secondes à se trituter le menton, selon comment le Santana D. souhaitait se présenter au môme, son attention se reporta sur les Tuckers qui atteignirent son niveau sur les quais d'un simple bond.

-Comment ça se passe les affaires ?
-Au top ! Mais on sera bientôt à cours de bonbons.

Le sans nom avait également débarqué, son regard détailla brièvement le visage de ce pion enfantin qui avait fait le chemin depuis la périphérie de la ville jusqu'au village portuaire. Un t-shirt autrefois blanc, rapiécé et ocre de saleté. Celui-ci dénotait avec la pseudo gaïeté renvoyée par la face Bdael, affichant un sourire presque constant, de la même teinte que son haut. Puis le regard du damné se porta sur le paysage qui lui tendait les bras, au loin, près du centre de l'île, se trouvait la cathédrale de l'île. Celle-là l'attirait étrangement, comme si, une fois encore, il devait s'y rendre.

Etait-ce de la nostalgie ?

Un flash frappa son esprit à ce moment, une femme à la chevelure argenté, portant des dreads similaires au vendeur. Le talon du damné se décrocha alors du sol pour lancer sa marche.

-Le réapprovisionnement devrait se faire d'ici quelques jours. On se met en route, les Tucker, nous ne sommes pas ici pour les bidonvilles.

Son temps était précieux, mais ici le sans nom semblait simplement se rendre au plus vite dans la ville principale de l'île. En son centre, dans cette cathédrale. Il n'avait que faire de cette précarité qu'il balayait d'un revers de la main, celle-ci lui profitait bien pour autant : les camés servaient de fond de commerce, le prix n'était que secondaire pour eux, tant que le produit était là. Peu importait, d'ailleurs, sa qualité. Aussi les mauvais batchs ou les volumes coupés leurs étaient proposés sans gêne aucune, avec le tarif habituel. La concurrence était moindre, désorganisée, pour une clientèle facile d'accès.

Le trio se mettrait alors en route pour le centre ville, ça leur ferait une petite trotte, pendant laquelle le Roi Fou resterait muet et en tête du groupe, s'isolant volontairement dans ses pensées. Bdael essaierait probablement d'en savoir plus sur le bougre qui accompagnait Yoh et Loh.

-Il fait peur votre ami,se confierait-il aux siamois en désignant le primé de son chef. Puis il se tourna vers Caesar. Et toi, t'es qui ? T'es nouveau ? Un copain de Yoyo et Lolo ?

Le groupuscule continuerait sa route jusqu'à atteindre l'intra-murros de St Johns. Aux abords de celui-ci, Bdael se verrait contraint de rester dans ses bidonvilles que Caesar aurait l'occasion de découvrir brièvement sur leur trajet. Personne ne s'y éterniserait, on se fichait après tout de cette région pauvre au potentiel limité.



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Sam 14 Aoû - 17:19
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Les choses commençaient à devenir sérieuses et c'est à Saint Johns que ça se passait. Un coin dont j'avais déjà vaguement entendu parler, mais étant donné que ce n'était pas dans mes habitudes de jouer les touristes je me laissais guider. D'ailleurs dès notre arrivée sur le port un gamin nous accueillit, enthousiaste il s'adressait au siamois avec familiarité. C'est moi où ça recrute jeune ? Non pas que ça me dérange, cependant un gamin de quoi… douze ou quatorze ans à tout casser, ce n'est pas ce qu'il y a de plus fiable quand ça tourne au vinaigre. Le petit tu lui fais un peu peur je suis sûr qu'il fait dans son pantalon. Mais pour cela encore fallait-il qu'il se fasse attraper, car qui irait soupçonner un adolescent avec trois poils sur le torse honnêtement. Yoh et Loh semblaient bien le connaitre, ils firent brièvement les présentations comme pour rassurer Fudo et ne pas le voir démembrer un pauvre gamin. Moi, je baillais bruyamment en emboitant le pas de mes nouveaux camarades. C'est que le voyage avait été long et ennuyeux, ça manquait de filles et d'alcool. Et en plus je me faisais dévisager par un gamin, mais je jouais le jeu, soupirant un long moment je le saluais avec nonchalance d'un signe de la main.

— Yo. Moi c'est Caesar.

Puis je baillais à nouveau, comme pour signifier mon ennui. Le gamin devait certainement être heureux de se voir confier autant de responsabilités, il devait même se prendre pour le roi du monde. Seulement était-ce suffisant pour garantir sa loyauté ? Rien n'est moins sûr, j'en ai vu piocher dans la caisse pour moins que ça. Mais je faisais confiance à mes nouveaux camarades de jeu, les bras croisés derrière la tête je suivais le petit groupe.
Saint Johns n'était décidément pas la première destination que je cocherais pour des vacances, l'endroit était quelque peu miséreux, Fudo avait même mentionné des bidonvilles. Pas étonnant qu'un gamin comme ce Bdael se laissait embarquer là-dedans. La misère est propice à la criminalité, mais si c'est bon pour nous moi ça me va. Je ne suis pas du genre à faire dans le sentiment. Tout le monde est libre de son destin, alors si cette vie ne leur convient pas qu'ils prennent la mer où qu'ils s'engagent dans la Marine. En d'autres mots qu'ils se démerdent. Et d'ailleurs on ne tardait pas à voir défiler le décor en se mettant en route, sauf que ça n'avait décidément rien d'une destination touristique. Tandis que Fudo restait fidèle à lui-même, c’est-à-dire muet comme une tombe dans son coin, et que moi je regardais notre environnement de jeu, je vis le gamin s'intéresser brièvement à Fudo, puis à moi.

— Eh moi aussi je fais peur, pestais-je en réponse à la première remarque. Je suis une vraie terreur.

Je lançais ça sur le ton de l'humour, ricanant à ma propre blague. Pour être convaincant il aurait peut-être fallu que je sorte les crocs, mais l'occasion ne tarderait certainement pas à venir dans un endroit pareil.

— Moi je suis un mercenaire… plus ou moins, mais je suis un super pote de Yoyo et Lolo, tu sais ? Tiens, pas plus tard que ce matin ils m'ont montré quelques pas de danse et après on a mangé un morceau.

Bien sûr je faisais référence aux coups qu'ils m'avaient donnés et à ce piètre bout de bain, aménageant quelque peu la situation pour la rendre plus édulcorée.

— Et toi Bdael, raconte, ça te fait quoi de bosser pour ces deux-là ? J'imagine que ça doit te plaire de jouer les caïds dans les rues de Saint Johns, demandais-je en ricanant. Tu m'as l'air plutôt malin en plus, je suis sûr que tu connais tous les recoins cette île, pas vrai ?

Questions anodines sur le papier, mais qui visais en réalité à dresser un portrait du gamin. Je suis curieux de connaitre son rapport avec l'autorité, si son allégeance va envers Yoh et Loh ou s'il sait au moins dans quoi il a mis les pieds. Naturellement paranoïaque, je ne peux décemment pas me laisser séduire par un gamin souriant et le cœur en guimauve des siamois. Et si Bdael ignore qui est Fudo, alors ce dernier ne pourra pas en dire plus. J'imagine que Yoh et Loh sont assez libre, cependant pour moi qui débarque, tout ça est nouveau. C'est peut-être surprenant, mais je ne suis pas qu'une grande gueule. Ici le but étant de me faire ma propre opinion, pas seulement sur ce gamin, sur Yoh et Loh aussi, car si je dois bosser avec ces deux-là, mieux vaut que j'aie un minimum confiance. Sans quoi notre entente risque de mal finir.

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West Blue, St Johns

-Il fait peur, ouais. Evite de le désigner comme ça.
-Il fait peur, mais si tu lui es loyal et utile il sera là pour toi.

Les siamois rebondirent sans réfléchir aux propos lancés par le môme qu'ils se coltinaient jusqu'alors. Celui-ci animait quelque peu leur trajet bien morne, ils arrivèrent aux bidonvilles, cerclant la citadelle, lorsque Caesar se présenta à Bdael.

-Mercenaire ? C'est cool ça, t'es comme quatre bras avant qu'il rencontre son boss !

C'était là une réalité, un rappel pour les deux frères : avant tout, s'ils avaient rencontré le Roi Fou, c'était parce qu'ils avaient souhaité le tuer pour le compte de la Triade. Leur stratagème avait été mis au point intelligement, en prenant en otage l'Amar qui lui était indispensable pour le primé. Si cela avait suffi à faire venir le maudit face au duo, ceux-là ne purent s'attendre à se faire dominer par la malédiction exotique et si crainte dont le borgne était porteur. Pire encore, son imprévisibilité quant au traitement des siens le rendait tout bonnement incompréhensible, peu importait les plans des Tuckers : aucun n'aurait pu convenir pour tenir en laisse le Roi Fou.

Ils rappelèrent aux Tucker ce qu'ils parfois pouvaient être, craints de leurs confrères chirurgiens et mercenaires pour leur étrangeté. Ils étaient aussi dressés en anomalie, rejetés du fait de leur différence de pensée, leur curiosité les poussant à repousser les limites de l'humanité, sacrifiant toute éthique si nécessaire. Aussi, en trouvant le maudit, ils avaient enfin mis la main sur une paire de chaussure leur convenant : qu'il s'agissait de son fruit ou de ce que le damné dégageait, tout était parfait pour eux. Et inversement pour le sans nom.

Si le Roi avait une armée, cette armée devait rappeler à tous que c'était un homme terrible, absolument terrible, sans ça elle n'aurait pu rester unie. Lui devait être craint, puisque les grands exploits venaient de la peur qu'un leader pouvait inspirer et de la façon dont il la communiquait. Plus encore, c'était la réputation qui faisait le Roi, et celle-ci, que tout le monde pouvait connaître, le monde la reconnaissait : ses exploits et les rumeurs à son sujet le précèdait.

Le Roi Fou, celui qui avait accompli ce que nul n'avait fait avant lui sur cette mer. Personne ne savait réellement ce dont il s'agissait, d'ailleurs, sauf un autre hors-la-loi : Zem Amar, qui était avec lui ce jour-là. Le jour où Fudo Zetsu obtint ses lettres de noblesses et sa folie. Les Tucker en étaient convaincus, le lien entre les deux personnes étaient plus fort que tout, et si le maudit ne chagrinait pas à laisser mourir ou tuer ses pions défaillants, en aucun cas il n'aurait laissé tomber l'anguille.

Il était trop important à ses yeux. Plus qu'utile, il lui rappelait d'où il venait. Son identité passé.

Enfin, c'était là ce que pensaient les frères. Peut-être était-ce faux, peut-être était-ce vrai. Quoiqu'il en soit, si Caesar eut envie de questionner les Tucker sur leur passé de mercenaire et comment ils s'en étaient retrouvés à rejoindre le Roi Fou, ceux-là lui donneraient cette version de l'histoire.

Ils iraient plus loin, même, se voulant rassurant pour le Santana D., pour ne pas le faire fuir. Lui qui semblait connaître Fudo depuis longtemps, peut-être était-il dans la même case que l'Amar. Alors, il lui aurait suffi d'être désormais utile puis devenir important.

Et cette tâche qu'on venait de lui assigner n'était là que pour ça? d'après les Tucker. Aussi peu excitante qu'elle pouvait l'être.

-Jouer les caïds ? Non, c'est nul. On peut crever n'importe quand. Et moi, j'ai pas envie de mourir.Le sourire du môme devint moue l'espace d'un instant, avant d'éclaircir à nouveau sa face.Alors je vais devenir riche le plus tôt possible et je me reconvertirais ! Hein ?!

Le groupe atteindrait finalement les bordures de St Johns intra-murros, Bdael saurait ainsi rester à sa place en périphérie, reprendre sa vie là-bas dans un ordre de Yoh. Ils pourraient alors s'avancer à grand pas dans la cité, en direction du pub qu'ils ciblaient.

-C'est le Wess'On qu'on cherche. Il fait son ouverture ce soir. Ca va être le rush si on veut parler à Doug, mais Jon nous a fixé un rendez-vous.

Le borgne s'arrêta net à ces mots, non pas de leur fait, son regard s'était fixé sur la cathédrale qui était toute proche désormais.

-Gérez ça à deux. Vous devriez en être capables. J'ai une chose à faire.

Alors il se détacha du groupe et partit vers le batiment.

-T'as entendu le boss, hein.
-En route, au moins si tu voulais boire tu pourras.

Le désappointement des Tucker était lisible sur leurs visages, ils se contenteraient de continuer leur route sans rouspéter : ce n'était jamais bon, de rouspéter, auprès du Roi Fou. Surtout en cette période critique.



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Dim 15 Aoû - 10:49
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Les siamois avaient donc eux aussi commencé comme mercenaire ? Et en voulant tuer Fudo qui plus est, voilà qui est original pour le coup. Je n'avais pu m'empêcher de poser la question, je suis curieux et j'aime savoir sur quel pied danser avec mes partenaires. Et je ne parle pas de danse, mais de crime, je garde la danse pour les beuveries endiablées et seulement après une bouteille de trop. Au moins, Yoh et Loh connaissait leur place, ils savaient d'avance qu'ils n'auraient aucune chance de prendre les commandes, se contentant ainsi de suivre le roi, non sans une certaine forme de respect. Pour ma part je restais dubitatif, je doute être capable de faire confiance à quelqu'un qui a un jour tenté de me tuer. Comme dirait l'autre : un bon ennemi est un ennemi mort. Rien de très poétique, cependant ça a du sens pour moi. Un ennemi qui reste en vie est une source de problème future, même si celui-ci rejoint vos rangs et vous promet allégeance. Personne ne sait de quoi sera fait l'avenir, si la roue tourne pour Fudo, Yoh et Loh garderont-ils le même cap ? Rien n'est moins sûr, mais j'imagine que pour l'instant ils ont leur utilité tant qu'il reste à leur place. C'est pour ça que je me contente de suivre le mouvement, je suis trop paranoïaque pour être à la tête de quoi que ce soit. Je finirais par pendre une dizaine de gars par jour, ça fait mauvais genre.
Finalement c'est l'innocence et la naïveté de Bdael qui vint clore les débats. Lui tout ce qu'il voulait c'est se faire du fric en vue d'un avenir plus radieux. Pendant ce temps là il s'efforçait de faire profil bas, restant sous les radars ennemis tant qu'il le pouvait. Seulement il ignorait dans quelles eaux boueuses il naviguait ce gamin, mais encore une fois, il a son utilité. Et tant que les choses resteront ainsi, je ne me ferais pas de soucis… pas encore du moins. C'est le maillon le plus faible de la chaîne, tôt ou tard il sera un problème. Mais pour l'heure on avait d'autres sujets de conversation, comme notre future destination, Wess'On. Un nom simple. Efficace. Même si j'aurais préféré quelque chose de plus coloré. Contre toutes attentes Fudo se dirigea plutôt vers un tout autre genre d'édifice. Une cathédrale ? Bordel de… moi et la religion on a un problème, on ne s'entend pas très bien. Je n'écoutais que d'une oreille les paroles des siamois, alors que je regardais s'éloigner le Roi Fou.

— Ouai, en route.

Une réponse lâchée comme un automatisme, je reste figé un instant sur la destination de Fudo. Puis, finalement, dans un soupir je franchis le seuil de la porte. C'est son affaire, il croit en ce qu'il veut. Moi j'ai eu tout le loisir de faire le tour de la question.

— Aller les enfants, la première tournée est pour moi ! Lançais-je à l'attention de Yoh et Loh. Oh putain… d'ailleurs ! C'est lequel des deux qui tient le mieux l'alcool ?

Je laissais échapper un ricanement presque enfantin, sans aucune moquerie, simplement une attitude de sale gosse trop habituelle chez moi. Et puis je n'avais rien contre ces deux-là, je me méfiais comme tout bon paranoïaque, mais au fond je pense qu'ils savent où est leur place. Reste à savoir s'ils sauront la garder jusqu'au bout, sauf que c'est avec eux que je dois composer, alors autant resserrer les liens. Pour ça quoi de mieux qu'une beuverie ? Moi je ne connais rien d'autre !

— Bon, c'est lequel votre gars ? Parce que si vous voulez que je sois efficace, va falloir qu'on le rencontre avant que je me mette minable… quoi que, une fois j'ai réussi à arracher le bras d'un type alors que j'étais complètement ivre… mauvais plan.

Petite anecdote lâchée comme ça au milieu du bar, je ne me soucis ni du regard des autres, ni de l'avis des siamois. Mais il faut remettre les choses dans son contexte. Pour ma défense j'étais complètement beurré et ce type m'a pris pour son cousin qui lui devait du fric, lui aussi était complètement ravagé. Je me suis un peu laissé aller et j'ai sorti les crocs… forcé de me tirer vite fait, je n'ai même pas pu mener la mission de la Guilde Marchande à bien. Finalement c'est peut-être ma faute ou celle de l'alcool ? Mais comment lui en vouloir !

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West Blue, St Johns

-Loh m’a déjà vomi dessus, donc je dirais que c’est lui. Tu sais que je lui ai déjà mis les doigts ?
-Hein ? Dis pas ça ici espèce de tocard et mon style ?
-On s’en fout de ton style. Bon aller, ce foutu bar…

Le groupe rentra alors dans le pub. Celui-ci était somptueusement décoré dans un style mêlant ébène à marbre. Le comptoir se trouvait en son plein centre, étendu en anneau autour d'un massif pilier blanc cassé, il aurait servi de QG central de l'ensemble des barmens.  Diverses étagères étaient fichées dans la colonne de marbre, elles étaient toutes en train de se faire garnir de bouteilles d'alcool et de vin, pour celles et ceux qui voulaient se la jouer fines bouches. Une somptueuse pièce vint enfin cercler ce noyau, les tables se trouvaient à l'extrémité de la salle circulaire tandis que l'entre-deux était voué à se transformer en une zone de non droits, de désordre pur et simple : là où les gens se masseraient pour danser, se casser la gueule ou encore passer une nouvelle commande. A chacun son style.

Un étage surplombait l'ensemble, ce niveau supérieur était accessible par deux escaliers en colimaçon disposés en bas, diamétralement opposés par rapport au comptoir. Cet étage ne recouvrait que partiellement la pièce principale, un aquarium géant venait assurer ses contours intérieurs, permettant aux usagers du dessus de pouvoir éventuellement zieuter ce qu'il se déroulait en contrebas. L'aquarium était rempli de poissons translucides, tous ayant des couleurs vives : rose, jaune, vert, cyan, rouge. La lumière filtrait au travers de leur corps et cette baie vitrée, donnant une ambiance inédite à l'ensemble du lieu.

Les hors-la-loi pouvaient voir divers serveurs et autres employés s’affairer à déplacer des cartons de fournitures, des caisses de vin et des fûts en tout genre. Tout était en train de se finaliser pour l’inauguration planifiée pour ce soir. Caesar semblait prendre ses aises sans mal aucun, comme s’il était déjà chez lui. Cela ne perturba pas plus que ça les siamois qui s’amusèrent de cette situation, puis un grand gaillard musclé vint les cueillir, leur demandant leur identité d’un regard plein de dédain. Un bon physio qui avait sûrement l’habitude de refouler les cas que ces types auraient pu être alcoolisés

-On a rendez-vous avec le boss.
-Ouais ouais, le B O S S, compris ? Et toi Caesar, ça va être ton moment de poser tes couilles sur la table et parler business. Nous montrer de quoi t’es capable.
-Compris ? Compris ?

La langue du vigil claqua pour gueuler à un autre gars, au niveau du bar, s’il pouvait voir quoique ce soit de noter dans l’agenda du gérant. C’était bien le cas, mais les énergumènes avaient vraisemblablement de l’avance. Voyant Caesar et Loh lorgné de trop près certaines bouteilles que les serveurs se chargeaient de ranger, l’homme fit le choix de se débarrasser de ce problème en devenir le plus tôt possible : ils les amèneraient à l’étage, puis, au bout de plusieurs couloirs, pourraient faire face à une porte vitrée. Le bougre toqua ainsi avant d’ouvrir, sa voix se teinta de gêne quand il présenta la situation à l’homme au fond de son fauteuil, posé face à un grand bureau de marbre digne d’un CEO d’une multinationale. Il espérait ne pas le déranger, mais visiblement c’était loupé.

-Fais les rentrer, c’est pas grave !
-Vous êtes sûr ?
-Oui, ce sont des criminels après tout. Au pire, ils seront habitués.

Un gémissement le coupa, puis le vigil fit rentrer les énergumènes dans la pièce tout en convoquant de son mini den den mushi plusieurs gardes du corps au cas où la situation dégénèrerait.

-J’imagine que vous êtes Yoh et Loh, prenez vos aises voyons ! Lança-t-il, en désignant deux fauteuils plus modestes faisant face à son bureau.

Un coup de rein lui permit de rapprocher son fauteuil de son bureau, un bruit étouffé se ferait entendre mais il ne s’attarderait pas dessus.

-Et lui ?

Le mercenaire aurait pu contempler son hôte, ses yeux d’un bleu marin, la même teinte que ses cheveux, terrés derrière de fines lunettes aux broches dorées. Sur son costard de fines rayures blanches permettaient de donner un relief supplémentaire à son ensemble, sur sa poitrine était brodé « D.B» en doré sur une poche, allant de pair avec le mouchoir de soi rangé dedans.

[FB 1506] Clean [Pv. Caesar] Dwfg
Douglas Barthelemy


___

L’encapuchonné s’était avancé silencieusement dans le narthex pour rejoindre le centre de la cathédrale. Il s’installa dans l’une des nombreuses rangées de bancs boisés, s’éloignant le plus possible du peu de personnes déjà présentes en ce lieu, réparties de façon éparse pour que chacun ait son propre espace vital, isolé des autres face à leurs croyances et conflits intérieurs.

L’œil verdâtre du borgne s’arracha du sol pour contempler les vitraux au-dessus de sa tête. Eve avait vu cette scène auparavant, que s’était-elle dit en contemplant ces scènes dépeintes ?

Il pouvait l’imaginer en ce lieux, les yeux emplis de zébrures rouges, à se demander quelles étaient les limites de son existence. Si cela avait encore un sens de poursuivre sur cette voie ou s’il était encore temps de faire marche arrière, tourner les talons, et peut-être se reconvertir dans une vie modeste. Des ambitions moindres pour une paranoïa atténuée, ne nécessitant pas l’usage de mensonges et de substances pour se soulager l’esprit, avancer les yeux clos vers le souterrain qui lui ouvrait ses portes comme son amant avait pu lui garantir.

Lui, qui s’était déclaré comme celui que le monde avait appelé.

A cette pensée, la main droite du damné se ferma avant de s’ouvrir en douceur, laissant en son creux une sphère bleutée naître puis grandir pour cercler sa personne. C’était sûrement là la plus petite zone qu’il avait créée, mais elle était plus que suffisante : sa main gauche irait fouiller dans la poche interne de son long manteau noir, ressemblant plus à un voile qu’autre chose, pour y extirper un cône cylindrique. Le primé porterait ce dernier au coin de ses lèvres, pinçant sa plus petite extrémité avec. Son index et majeur s’accolèrent alors face à l’autre extrémité de laquelle une substance épaisse et verte, effritée, pointait le bout de son nez. Après un court instant, les deux doigts se décolèrent pour laisser apparaître de fins éclairs entre eux dans un écho suraigu.

Son chef s’avança ainsi, allumant son joint en le brûlant via l’électricité que sa malédiction lui avait permis de convoquer.


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Lun 16 Aoû - 19:37
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Alors là, si je m'attendais à ce genre de révélations j'aurais posé la question plus tôt ! Je me figeais une paire de seconde avant de me mettre à rire, je dois bien reconnaitre que ces deux-là ont quelque chose qui me plait. Mais on échangera sur nos expériences personnelles plus tard, car rapidement on est confronté à un premier obstacle. Yoh et Loh ne se démontent pas, jouant même les caïds de bac à sable avec beaucoup d'humour devant le gorille qui fait son boulot. Moi j'assiste à la scène avec amusement, laissant ces deux-là s'occuper de cette partie, pendant que je lorgne sur l'immense étrangère de bouteille derrière le bar. C'est un peu trop classe pour les beuveries dont j'ai l'habitude, cependant je me laisserais facilement tenter à quelques écarts avec tout ce que je vois. Totalement absent de la conversation, je lâchais un simple "ouai ouai" à l'attention des siamois alors que je me laisser enivrer par les effluves d'alcool et les jolies serveuses. D'ailleurs Loh semblait lui aussi très inspiré en voyant ces litres d'alcool nous y tendre les bras, c'est ce qui accéléra les choses avec le gorille. Ni une ni deux on se retrouvait devant le boss pour cette fameuse entrevue dont je devais être la clé. J'aurais bien fait un trait d'humour en baissant mon pantalon pour déposer soigneusement mes couilles sur la table, mais je me suis rétracté et j'ai préféré la simplicité.
Le gorille a dû négocier avec son boss, comme si on allait rester planter là en attendant qu'il finisse ses petites affaires. C'est mal me connaitre, je ne restais pas en place, heureusement pour tout le monde on faisait enfin face au propriétaire des lieux. Un mec bien habillé, un air un peu hautain et dédaigneux, bref un couillon en costard. En revanche pour ce qui est de l'accueil il repassera. Si Yoh et Loh était traité comme des hôtes de marque, moi j'étais le clodo du coin à côté. Et forcément avec une telle attitude les négociations commencent mal. Le costard cravate s'adressa enfin à moi, mais seulement par l'intermédiaire de mes deux comparses. Voilà qui suffisait pour me mettre dans de bonnes conditions, j'en laissais même échapper un léger grognement bestial, comme si je pouvais lâcher le fauve à tout moment.

— Et lui va falloir lui montrer un minimum de respect, commençais-je par dire sèchement pour mettre les choses au clair. Moi c'est Caesar Santana, alors si tu veux jouer à qui a la plus grosse je te sors le paquet et on en parle, après si tu préfères qu'on discute de tout ça autour d'un petit verre dans un respect mutuel, je prends aussi, mais me prend surtout pas pour le larbin de ces deux-là.

Et ce n'était pas peu dire, car si en effet je sortais le paquet ce joli bar serait rapidement un terrain de jeu trop petit pour moi. Je la joue cool et détendu, mais je ne supporte pas qu'on me prenne de haut. Fudo est peut-être instable, sauf que dans un tout autre registre je ne me débrouille pas trop mal non plus. Les siamois ne seront pas trop de deux pour me calmer quand j'aurais décidé de sortir les crocs pour mâchouiller son joli costume à celui-là.
Bien entendu si tout le monde était maintenant détendu et que le calme était revenu, je m'installais confortablement dans une chaise. Prêt à discuter bisness, Yoh et Loh m'avait suggéré de poser mes couilles sur la table, je n'ai pas exécuté l'image à la lettre dommage, mais je pense avoir fait mon petit effet. Un autre temps j'aurais surement fait preuve de moins de patience, ce DB s'en sort plutôt bien, mais il ne faudrait pas qu'il pousse trop sa chance pour aujourd'hui. Et même si ça venait à être mon dernier jour après la colère de Fudo, j'aurais au moins appris le respect à ce gland en costard – même si une fois mort ça ne lui sera pas très utile.

— Tiens en passant, sympa le bar, vraiment, disais-je avec sincérité sans me soucier d'une éventuelle discussion en cours. Mais tu vises quel genre de clientèle ? C'est très joli, très clinquant, mais quelque chose me dit que l'alcoolique notoire du coin va vite se faire refouler et j'en sais quelque chose, sauf que moi quand je me mets à payer tournées sur tournées on me traite en véritable prince.

Comme avec le petit Bdael auquel j'ai posé quelques questions pour cerner le personnage, je cherche ici à me renseigner sur ce lieu et sa possible clientèle. Pour moi c'était du milieu voir du haut de gamme, cependant ce n'était pas une mauvaise chose. Les bonnes oreilles pourraient surprendre les bonnes conversations, pour cela encore faudrait-il que le deal soit accepté. Et si ce n'est pas le cas, alors on a toujours un plan de secours : buter le boss et prendre l'établissement de force. Je me vois sans mal le cul vissé sur cette chaise avec des putes et de la drogue dans tout le bureau.

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Caesar tenta de s'imposer pour obtenir le respect du négligeant Barthelemy. Il était vrai que Doug ne l'avait pas considéré de prime abord, après tout il n'avait attendu seulement les siamois. Face aux remarques du mercenaire dont le faciès ne lui revenait pas, Douglas n'eut qu'un gémissement en réaction, ses yeux se révulsèrent un instant tandis que son corps se cabrait presque, les mains fermement accrochées aux extremités de ses accoudoirs.

-Oh la vache !

Alors le bonhomme irait saisir le mouchoir dans sa poche de poitrine avant de plonger sa main sous le bureau. Plusieurs astications et un zip plus tard, les trois criminels pourraient voir une femme en sous-vêtement s'extirper de sous le bureau en prenant pour appui l'avant-bras du Barthelemy. Celle-ci finissait de s'essuyer le blanc cassé qu'elle avait sur les pomettes avec le bout de tissu doré.

-Ah, ça m'apprendra de recevoir les gens en avance. Tu parlais de ? Poser tes couilles sur ma table ?

Face au regard de Douglas et un opinement du chef, l'invitée surprise s'asseya sur le marbre froid de son bureau, ses fesses faisant face aux hors-la-lois.

-Désolé, je crois que j'ai déjà marqué mon territoire. Lança le bleu d'une voix maligne, un rictus fendant son minois. Puis il claqua des mains comme pour passer à autre chose, après tout son temps était compté. La clientèle ? Le haut standing, bien sûr ! Pour qui me prends-tu ? Je vais pas mettre du marbre partout pour des paysans ! Hein Pamela ?

La femme de joie passerait sa main dans sa crinière de jais ayant des reflets turquoises avant d'acquieser. Elle irait chercher ses lunettes dans la salle connexe au bureau, décollant son derrière de la table.

-J'espère que vous avez ramené des échantillons pour qu'on puisse faire goûter ça à nos premiers clients. Ce soir c'est l'inauguration, c'est votre seule chance et faut pas la foirer. Alors toi, qui semble tout savoir, t'as prévu quoi ? Mes hommes pourront refourguer votre came au besoin. Puis faudra parler tarif.

Doug fixa ainsi son regard sur le mercenaire, attendant sa réponse. Yoh et Loh étaient amusés de la situation, Loh avait le barreau qu'il tentait de dissimuler. On lui avait fait par surprise... ça l'avait décontenancé.

___

La zone du maudit s'était éteinte lorsque le cône s'était allumé. Il aspirait alors cette substance par grande inspiration pour ensuite relâcher son mal-être sous forme de volutes volatiles. L'air ambiant serait ainsi souillé par la drogue que le damné s'administrait pour s'aérer l'esprit, soulager ses épaules du poids qu'il portait jusqu'alors.

Ca l'apaisait un temps, freînait sa recherche d'un signe. Un signe qu'il était bien membre à part de ce monde. Qu'il était bien celui qu'on avait appelé.

L'élu.

Il resterait alors là, à parcourir les vitraux d'un regard torve, esquivant ses pensées néfastes. Peut-être que son oeil vert pourrait lui permettre d'y voir plus clair dans ce lieu saint, peut-être même qu'il pourrait voir l'au-delà, l'après. A défaut, le borgne était convaincu qu'il pourrait voir le monde sous le point de vue de sa défunte avec cet oeil, son oeil.

Mais il ne voyait rien de particulier, de spécial.

Puis une voix rauque le tirerait hors de sa pseudo stase. Un homme s'était approché de lui car ce qu'il fumait le dérangeait, cela étant en plus interdit.

Les paupières du criminel se plissèrent ainsi, découvrant la face de celui qui le dérangeait.


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Mer 18 Aoû - 19:10
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Et soudain tout devint rouge. Je me faisais la scène dans ma tête. Déchaînant ma forme la plus bestiale je sautais frénétiquement sur tout ce qui avait un cœur qui bat, déchiquetant le moindre morceau de chair de ces morts en sursis. Puis je revenais dans ce bureau, posant un regard las et vide sur ce pauvre bougre visiblement satisfait de son petit effet. Mon poing s'est serré sans que je m'en rende compte, à tel point que des égratignures sont apparues. C'était quoi ça ? Je me suis senti comme absorbé, complètement ailleurs le temps d'une minute. Un frisson me traverse tout le corps, tandis qu'une voix me hurle de tout saccager. Desserrant finalement le poing, je passe ma main sur visage comme pour me remettre les idées en place. J'ai envie de sang, mais je vais faire taire cette envie et me montrer aussi professionnel que possible. Je le dois bien à Fudo qui m'a fait confiance, je ne vais pas commencer à céder à la moindre déconvenue. Le manque flagrant de respect m'ulcère et je donnerais bien une leçon à ce gland, plus tard, pour le moment on a besoin de lui. C'est faux. On a besoin de ce bar. N'importe qui fera l'affaire. Non. Stop. Une grande inspiration. Un soupir. Et je suis de nouveau moi, mais avec quelques restes de cette soudaine chute.

— C'est bon ? Tu as fini ? Non tu nous le dis si jamais tu veux encore te faire lustrer le bigorneau, répondais-je sur un ton quelque peu agacé. Tu crois que j'en ai quelque chose à foutre que tu aies envoyé la purée trop tôt dans la bouche de celle-là ? T'es vraiment le roi des tocards si c'est le cas, alors un petit conseil : ne me provoque pas, je suis sérieux, ne joue pas avec mes nerfs.

Libre à ce gland de me prendre au sérieux ou se complaire dans son attitude, mais malgré tout le respect que je dois à Fudo, si celui-là s'amuse encore une fois avec ma patience il est mort. Et si jamais il cache bien son jeu, je connais d'autres moyens pour lui rendre la vie impossible. Saccagé son putain de bar pour commencer.
Heureusement pour tout le monde je retrouvais mon calme, mais j'étais à la limite de la rupture et pour le bien de tous mieux valait qu'il la ferme bien gentiment. Sinon Yoh et Loh ne serait pas trop de deux pour me calmer. En tous cas j'espérais que mon message était passé, je n'allais pas laisser ce type jouer les caïds dans la discussion. Pour le bien de cette entente je lui conseille de faire profil bas, sans quoi ce n'est pas du Roi Fou qu'il devra avoir peur.

— Notre seule chance, reprenais-je en ricanant. Bordel que t'es con… et si tu installais un joli stand à l'entrée, hein ? Tu sais avec une promo deux achetés le troisième à moitié prix. Mais putain tu m'as pris pour le commercial du groupe ou quoi ? Tu raques et tu la fermes bien gentiment, le reste c'est ton affaire, étale ça sur le marbre que t'a collé partout pour te la jouer, j'en sais rien, mais le tarif c'est le tarif. Maintenant si tu n'es pas content on se casse, on va à la concurrence ou on change de coin. Mais réfléchis bien et demandes toi qui tu emmerdes en faisant ça.

Fudo ? Oui, mais pas seulement, parce que si ça me prend moi aussi je peux devenir un monstre assoiffé de sang. C'est tout ce qui marche de toutes façons avec ce genre de type. Toujours là à la ramener, plus malin que tout le monde, je le sais, je suis comme ça. Sauf que moi j'ai les moyens de mes ambitions.
Bon, c'est vrai, peut-être que je me suis un peu laissé aller… mais est-ce que Fudo veut vraiment traiter avec un type qui prends autant la confiance devant nous ? Yoh et Loh ne vont pas me contredire, si ce type joue la même scène devant le Roi Fou, c'est le bain de sang. Et d'ailleurs je ne me gêne pas pour le leur rappeler, histoire qu'ils participent un peu à la fête.

— Et vous deux-là au lieu de mater, ça ne vous dirait pas de l'ouvrir un peu ? Parce que je sais pas vous, mais si celui-là la ramène autant devant le boss… bordel, je donne pas cher de sa peau ! Et de la nôtre ! Disais-je à l'attention de Yoh et Loh en riant bruyamment. Déjà que moi je suis à deux doigts de lui étaler les tripes sur ce putain de marbre, pour ma défense j'ai des problèmes psychologiques, enfance difficile, tout ça, tout ça, expliquais-je au beau milieu de la conversation sur un ton presque trop léger. Alors lui… donc on va tous se calmer. Surtout moi. Et on va agir comme des gens civilisés et pas comme des glands. T'es dans le coup DB ? Sers donc un verre ou deux pour fêter ça, sinon… bah on verra bien comment cette petite inauguration se termine.

Si Monsieur le Caïd retrouvait sa place comme je l'espérais, je proposais de calmer les choses. En espérant que Yoh et Loh me soutienne, car avant que Fudo me démembre je jure que j'aurais arraché la tête de celui-là avant. Et sinon, je doute que ça se finisse bien cette histoire. Ma grande aventure pourrait prendre fin plus tôt que prévu, mais si DB l'a dans le cul avant moi je n'aurais pas tout raté.

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“Vous dérangez, éteignez ça de suite !”

Pas de réponse, sinon le silence.

“Arrêtez de me regarder comme ça ! Vous écoutez ce que je dis ?”

Long et pesant.

“Sortez d'ici si c'est pour souiller ce lieu avec cette merde. Dégagez ! Ca pue votre truc, en plus !”

Sa main vint essayer de te prendre par le poignet.

“Vous êtes complètement défoncé ! Elle est belle la jeunesse, ce nivellement par le bas ! Pourriture, retournez dans votre bidonville”

Cette merde, qu'il dit. Cette merde qui te permettait de te tenir en laisse. T'offrir un répis, un temps mort dans cet enfer dans lequel tu évoluais.

Pire encore, il te rejetait. Ce monde t'envoyait encore un signe. Je t'avais déjà prévenu.

T'entendais ce vieillard à la face décrépite, mais lui t'entendais pas. Toutes tes menaces et tes pulsions canalisées par cette substance qui te rendait presque amorphe.

Une violence et aggressivité passive. Le vase se remplissait bien assez vite cette fois-ci.

Amorphe ? C'était un bien grand mot. Comme si ce que nous étions pouvait être muselée par une chose si basse.

La poitrine du vieillard se fit transpercer sous ton regard torve, ses yeux s'écarquillaient tandis qu'une gerbe de son sang se posa sur le voile que tu portais. Son corps s'était plié à l'impact, ses deux mains en support sur ton avant-bras qui venait de lui administrer cette sentence.

Il creverait de ce simple geste, cette arme utilisée par ceux qui souhaitaient te voir mourrir. Tu te l'appropriais petit à petit. Toi qui n'était que le reflet de cet environnement décevant.

Le shigan.

Tu contemplais ses pupilles papilloner dans ses orbites, faisant des va-et-vient frénétiques entre sa poitrine percée et ton visage. Tu pourrais te voir dans le miroir qu'il te présentait, au milieu du masque mortuaire en devenir qu'était sa gueule.

Les bandages entourant ton crâne se teinteraient d'humidité. Etrange constat.

Peut-être voulais-tu qu'on s'y penche ?

Ou préférais-tu tout rejeter, encore une fois.

Elu que tu étais.

___

Le sang battait aux tempes de Doug, ses deux paumes en appui sur le bureau, celui-ci s'était contenté de fixer Caesar dans une grimace de mécontentement. On venait de lui manquer de respect, pire encore, ce type avec sa tronche grimée souhaitait lui faire une leçon sur la gestion d'un tel commerce. Il se prenait pour qui au juste, ce type sorti de nulle part ? Il allait lui pondre une masterclass de conférence maintenant avec ses pseudo-connaissances ?

Encore un gars détestable.

-Euh.
-Bah ouais, mais si vous nous respectez pas aussi. On est des sanguins hein.
-Vaut mieux ça que de se faire défoncer ! Haha !

Yoh et Loh étaient décontenancés par la réaction du Santana. Une partie d'eux avait également envie d'encastrer cet enfoiré de première dans son marbre qu'il vantait tant. D'un autre côté, les siamois se voyaient restreints par des liens invisibles, une épée de damoclès au-dessus du crâne : le Roi Fou. Peut-être qu'effectivement, le borgne aurait décapité ce specimen sans lui donner la possibilité de répondre, mais il aurait pu également se faire joueur et marcher avec lui, le temps de lui trouver un remplaçant.

C'était là la problématique des Tucker. Travailler avec un boss aussi imprévisible que le leur était une tâche pénible au quotidien, surtout quand ce dernier vous donnait des responsabilités et une certaine indépendance pour parvenir à vos fins.  Si eux n'avaient pas le courage de prendre tant de risques, en s'élançant dans des actions si tranchées, Caesar ne chagrinait pas à y aller fort et s'imposer. C'était peut-être pour ce trait là qu'il avait été recruté.

Qui savait.

Peut-être fallait ainsi suivre le mouvement en le tempérant légèrement.

-Caesar a rais...
-T'es qui toi ? Canard Sanpala ? Tu me parles de stand ? D'un tarif imposé ? Mais tu te crois où ? On est pas dans tes bidonvilles de merde, je parle de contrat d'approvisionnement, de condition de paiement et d'un point de ventes. Vous, vous êtes que des grossistes, pas les couteaux les plus aiguisés du tiroir. T'as compris ? La came, je la détaille via mes serveurs, toi t'es qu'un petit pion interposé. Ne me range pas dans la même case, ne te méprend pas.

Il irait récupérer le mouchoir laissé par la prostituée sur le bureau pour essuyer la sueur perlant à son front avec.

-Ne te méprend pas oui. On ne mélange pas torchons et serviettes.

Sa voix était tremblotante par moment, comme si son ego poussait son corps frêle à dire ses mots. Marquer son territoire. Les Tucker resteraient là, bouche bée, le regard fixé sur Caesar. Sa réaction serait sûrement géniale. Ils étaient mitigés, se poser et demander des popcorns ou se mettre au travers de son chemin pour lui éviter de se faire buter par le Roi Fou après coup.

Les deux options étaient tentantes.

___

Un den-den mushi se mit à sonner tandis que le corps du vieil homme tomba au sol dans un bruit mat. La panique se répandit rapidement dans la cathédrale, le criminel, lui, resterait figé un temps.

Son cône fumait toujours, sa main écarlate était venue frotter sa pommette. Là où les bandages étaient mouillés.

Trois rangées de banc derrière lui, une silhouette murmurait à son escargophone tout en ayant le regard posé sur l'encapuchonné. Raccrochant après avoir énoncé ses quelques ordres, l'homme se leva en visant son képi sur son crâne. De toute façon ce lieu avait été souillé, il ne devait ainsi plus s'obliger à respecter ces histoires de couvre-chef et son rapport à un Dieu qui n'était pas si réel que ça.

Sa longue chevelure ébène vacillait au gré de sa marche le ramenant à l'allée centrale, il birfuqua alors sur la droite pour se rapprocher du meurtrier.

Celui-ci restait figé, en train de phaser sur sa main, ne voyant pas l'autre s'installer sur le banc juste derrière lui.

-Roi Fou, ma famille te transmet ses respects. Pour autant, nous devrions avoir une petite discussion.

Le sans nom se tournerait vers l'intru qui s'était invité dans son espace vital. Il découvrirait alors son visage, la peau extrêmement pâle et lisse, presque dénuée de défaut, des mèches ténèbreuses le masquant par endroit. Au milieu de celui-ci trônait deux yeux d'un noir mat.

Des béances sans fond. Un gouffre qui aspirerait l'attention du borgne.

Comme si ce type venait de le dénuder d'un simple coup d'oeil. Comme s'il pouvait voir au-delà du matériel et s'adresser directement à son âme.

[FB 1506] Clean [Pv. Caesar] Hqhr
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Jeu 19 Aoû - 17:42
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— Évidemment il fallait que tu l'ouvres, soupirais-je en passant ma main sur le visage pour tempérer mon impulsivité. Je respecte, je suis pareil, mais contrairement à toi je l'assume même au fond de la merde.

Calme. Froid. Je sois soudain méconnaissable et devant un auditoire certainement surpris, je me retourne pour me diriger vers la porte du bureau où je me fige. Le bruit du loquet de la porte qui se ferme résonne dans un silence presque surnaturel. Je ne voudrais pas que ma proie s'échappe. Et tout naturellement, avec calme, je reviens à ma position initiale d'un pas lent et décidé. Mon visage n'affiche plus la moindre émotion. Aucun sourire narquois, aucun rictus agacé. Rien. C'est peut-être là maintenant que je suis le plus dangereux. Si Yoh et Loh ont un certain instinct de survie, ils m'arrêteront, mais s'ils veulent profiter du spectacle il reste encore des places. Je fixe froidement DB de mes grands yeux sombres comme s'il n'était rien, un insecte sous ma botte.

— Ne te méprends pas, disais-je finalement en reprenant ses paroles. Derrière ce calme apparent je suis un fauve en cage qui ne demande qu'à être libéré. Tu penses que je suis un pion ? Que je ne suis rien ? Et peut-être que tu t'imagines que si là maintenant je te dépèce comme un animal sur ce bureau ces deux-là pourront te sauver ? Laisse-moi te raconter une petite histoire DB.

Le ton était grave, la voix était comme linéaire, c'est comme si j'étais en mode automatique. Je refreinais mes pulsions sanguinaires, exacerbées par un Fruit du Démon aussi bestiale que l'animal qu'il représente.

— Le jour où j'ai postulé pour cette place de "pion" comme tu le sous-entends, on m'a donné la chance de faire mes preuves, commençais-je par dire alors que j'étendais mes muscles au milieu de la conversation. Soit j'affrontais le bras droit du primé qui se tenait au comptoir, soit je cassais la gueule de tous les glands qui postulaient au même titre que moi… tu sais ce que j'ai fait ? J'ai ouvert ma grande gueule. Et j'ai dit que je tabasserais cette vingtaine de connards avant de me faire le bras droit. Tu vois DB avoir une grande gueule c'est bien, parce que j'ai rétamé tous ces cons, mais faut savoir s'écraser et ça, moi, je ne sais pas faire, alors forcément je me suis fait exploser par ce Judal, mais méchamment, pourtant je me suis relevé, sourire aux lèvres, encore et encore sans jamais craquer… pourquoi ? Parce que je n'ai pas peur de la mort et quand tu n'as plus peur de la mort, tu n'as peur de personne.

Au moment où j'expliquais cette histoire j'ignorais si Yoh et Loh savaient comment j'avais été recruté par Fudo, ni même si Judal m'avait explosé bien comme il faut ce jour-là. Je suis persuadé en revanche que les siamois connaissent Judal Ouri et que si je suis encore là, c'est qu'il y a une raison. Mais c'est cette attitude qui m'a finalement conduit ici aujourd'hui, une attitude de merde, mais c'est comme ça que j'ai choisi de vivre. La mort je la côtoie depuis que je suis gamin, alors quand bien même on me roue de coup ou on me torture, je resterais droit dans mes bottes jusqu'à mon dernier souffle. Et c'est ce que j'essaie de faire comprendre à ce tocard de DB.

— Je te dis pas tout ça pour la forme, je veux juste que tu comprenne qui est le mec que tu traites de pion et à qui tu manques de respect depuis qu'on est entré dans ton putain de bureau, poursuivais-je sans même lui laisser l'occasion d'en placer une. Là, je te le cache pas, je suis au bord de la rupture, mais pour toi, pour notre bisness, je vais faire un effort… mais cet effort à un coup, parce que le jour où je me suis fait éclater par Judal et que j'ai été recruté, j'étais même pas à cinquante pourcents de mes capacités, mais là, pour toi… oh pour toi DB je te sors le grand jeu et je te promets que je plongerais mes crocs dans tes tripes encore chaudes avant l'inauguration de ton putain de bar.

Là tout de suite j'étais au sommet de ma forme, je ne demandais que ça, je voulais qu'il l'ouvre encore une fois et qu'il me donne l'occasion de me déchaîner. Je refreine un maximum cette sauvagerie qui est devenue la mienne avec ce Fruit, quitte à prendre plus de coup, mais là je n'ai qu'une envie c'est de montrer à tout le monde ce que je vaux.

— Voilà le deal DB : Tu as trois secondes pour t'excuser et accepter notre tarif, quel qu'il soit, sinon je ne réponds plus de rien…

Et ce n'était pas des paroles en l'air, j'étais prêt à faire un massacre, ça me coutera ce que ça me coutera, mais je ferais un véritable bain de sang si ce gland ne rentre pas dans le rang. Il est en sueur, il se fait dessus, si avec ça il ne lâche pas l'affaire… oh et puis merde, j'espère qu'il ouvrira sa grande gueule ! Je veux du sang !

— 3…

Débutant le décompte par trois, je lui laisse une toute petite chance de jouer le jeu. Je suis encore trop gentil, mais il doit avoir une ou deux bonnes bouteilles, alors ça se tente.

— 2…

L'alcool est mon plus grand vice… même si je les ai tous, celui-ci avec la luxure est un de mes trop nombreux défaut. Mais c'est ce qui fait mon charme.

— 1…

Au bout du décompte, si DB ne m'avait pas interrompu pour s'excuser et accepter le tarif qu'on avait en tête en venant ici, alors je déchaînerais les pouvoirs de mon Fruit du Démon. Bien sûr j'opterais pour une Forme Hybride taillée pour le combat, je ne suis pas con au point de saccager l'endroit. Seulement le bureau. Ensuite le premier trou-du-cul qu'on trouvera pour foutre sur ce siège fera l'affaire. En attendant je laisse la bête faire le travail, priant pour que Monsieur le Caïd l'ouvre une dernière fois.

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-Le Barthelemy ne te sera pas très utile, son business s’écroulera assez rapidement. Tu vois, il a choisi d’agir en indépendance alors que sa famille est liée à d’autres contractuellement.

Pas besoin de se présenter, pour l’heure, il fallait rentrer dans le lard à l’instant zéro.

-Son idée est correcte, tu es intéressant. Ta réputation te précède et tes connexions sur cette mer sont un avantage et une garantie. West Blue c’est bien pour se développer, mais j’imagine que de ton côté il serait plus intéressant de s’exporter. North Blue, mais aussi Grand Line. N’as-tu pas déjà envisagé ce point ?

L’intru marqua un point ici, il en était certain. C’était là sa phase d’hameçonnage, faire redescendre cette bombe humaine face à lui en suscitant son intérêt. Lui faire comprendre le potentiel qu’il raterait s’il choisissait le conflit.

-J’imagine que j’ai suscité ton intérêt. Que tu deviennes une source ne me pose pas de problème, pour autant il faut que l’on te qualifie en tant que tel. C’est comme ça que nos affaires fonctionnent et le petit Barthelemy l’a oublié. Il a eu l’arrogance de vouloir se soustraire aux obligations familiales.

Il marquerait un court temps d’arrêt, laissant le sans nom intégrer les informations. C’était que le Roi Fou avait un nom qui inspirait tout sauf l’accalmie. Faire les choses soudainement de façon imprévue devait le bazarder dans une posture défensive. En son cas, la défense et le rejet passait souvent par la violence. L’homme d’affaire n’avait pas que ça à faire de se salir les mains, aussi il prendrait des pincettes avec ce jeune homme.

-Lui sera rappelé à l’ordre, par sa famille ou la mienne. Maintenant, toi, tu as le choix. Perdre ton temps avec ce cadavre ou avancer vers cette qualification puis gagner des parts de marchés via nos affaires.

Ferme dans ses propos, l’albinos jouait toujours aussi bien avec le silence pour inviter son homologue à prendre la parole ou faire face à un malaise que chaque humain souhaitait éviter, les poussant à parler pour meubler un silence qu’il ne saurait gérer.

-Vos affaires ? T’es bien confiant de te présenter seul, vous êtes qui ?

Les lèvres de l’interrogé esquissèrent un fin rictus. Visiblement, son speech avait fait mouche. Plus qu’à passer à la seconde étape et le poisson serait dans ses mains, sur le terrain où il souhait l’amener.

-Nous ? Nous sommes une association commerçante. Une association de barmen pour être plus précis. Si tu veux te développer facilement comme tu prévoyais avec l’enfant Barthelemy, il faudra passer par nous. J’imagine que tu connais Aben’Gal, il pourra t’en dire plus. Son larbin aurait pu également, mais il aurait tragiquement disparu sur cette mer.

Il avait détaché chaque syllabe prononcée d’une voix froide. Droit au but, avec cette dernière information volontairement lâchée comme une bombe pour montrer à son interlocuteur qu’il n’était pas n’importe qui. Autrefois Fudo avait voulu jouer sur North Blue et le soi-disant barman le savait. Il était au courant pour son lien avec Aben’Gal et Judal son protégé. Ce type, le borgne était forcé de le prendre à sa juste hauteur, le considérer pour avancer. Sa proposition, si elle était vraie, ne pouvait être qu’alléchante. Un moyen de s’agrandir ici, mais surtout ailleurs. S’extirper de ce microcosme dans lequel il s’était terré. Laisser ses metastases se délivrer en dehors, se répandre ainsi dans le monde de façon plus globale.

__

-Arrête de te prendre pour un mec stylé, tu sais pas à qui t’as à faire toi. Mes gardes vont te déglinguer, petite baltringue qui ne sait que se réfugier dans la violence !

Certainement, cette tirade aurait probablement été ce que le Santana attendait. Son top départ. Pour autant, une porte explosa à ce moment en plusieurs débris, dont certains irait percuter la tête de Douglas.

-Oy, je sais que le gamin est emmerdant et j’ai bien envie de l’encastrer. Juste voir ce qu’il se passerait si sa tronche cogne le bureau : qui du crâne ou du bureau sera marqué de la forme de l’autre ? Mais bon, si tu le tues tu t’exposes à d’autres emmerdes qui parasiteront nos affaires.


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?????


La femme débarqua une nouvelle fois dans la pièce, cette fois-ci tout habillée. Des collants noirs sur ses jambes pâles, des fesses masquées par un mini short blanc, un blazer de la même teinte, et une paire de lunettes de soleil. Un accessoire qu’elle n’enlevait que pour certaines occasions. Elle s’essuierait le coin des lèvres avant de continuer.

-Puis en soi, ce n’est pas une cause perdue. Il a bon goût, pour un petit capricieux. C’est peut-être de famille ou simplement parce qu’il est jeune. J’espère savoir un jour.

Doug était décontenancé face à cette surprise. Cette pute qu’il pensait avoir rameuté dans son bar en tant que future serveuse, c’était quoi cette farce ? Il ne comprenait rien, entre l’autre tocard qui se la jouait et cette gonzesse, tout ça était trop pour son petit cerveau.

-Bon. Vous trois-là, ou deux, je m’en fous. Plutôt que de tirer la gueule je vous propose d’entamer des bouteilles en attendant un appel. Si ça passe, on fera un petit voyage à North Blue, si ça casse, vous allez tous devoir prendre du lexomil parce que j’ai pas envie de rétamer des gueules. Alors, c’est bon ?

-Hein, mais t’es qui toi ? Qu’est-ce que tu parles de North Blue…Puis une image lui vint en tête, ses yeux s'écarquillant.Cette peau... Non, non, t'es quand même pas une Borgomolov ? Non, c'est pas possible, j'ai, j'ai... Ses mains tritureraient sa braguette avant de masquer cette zone, comme gênée.

Elle attendrait une réponse de Yoh, Loh et Caesar, ignorant complètement le gamin. Si le mercenaire face au silence circonspect de ses collègues s’énervait encore une fois, surtout pour avoir été interrompu de la sorte, la brune lui couperait l’herbe sous le pied en gueulant plus fort que lui. Sa main irait se poser sur le manche de la faux qu’elle trimbalait dans son dos via une lanière.

-Hop hop hop grande gueule, que t’ais été maltraité et malgré ça t’es là, super, cool pour toi, ça m’en fait une belle. Si tu veux un exutoire c’est autre part.  La merde je la touche pas, ça éclabousse, même si parfois j’avoue que c’est sympa. Mais franchement, là, j’ai déjà eu assez de foutre sur la gueule pour aujourd’hui. J’aimerais siroter un coup, t’as compris ?

Alors Yoh et Loh prendraient la parole, Loh ne pouvant s’empêcher une petite remarque qui le démangeait depuis l’apparition de sous le bureau.

-De quel appel tu parles toi ? T’es bien à l’aise pour débarquer devant nous.
-Sac à foutre.

Un rictus et une réponse sèche vint ainsi cueillir les Tucker, les laissant hébétés.

-Un appel de ton boss, trou de balle. B O S S, ça te parle ? Le mien lui cause dans sa petite cathédrale, donc on respire et on complique pas les choses.  Boire, plutôt, ça vous savez faire hein ?
-Touché.
-Aie, aie, aie.


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Jeu 19 Aoû - 20:40
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Une courte seconde et tout bascule. La porte vole en éclats alors que j'allais répondre comme il se doit à l'arrogance de ce gland en costard. Je peux sentir l'adrénaline parcourir mon corps, l'appel du fauve qui rugit au plus profond de mes entrailles. Tout est rouge. Et je veux déchaîner l'enfer dans ce bureau. Dans ce bar. Peut-être même sur l'île entière. Sauf que ça ne dépend plus de moi et DB, la gonzesse de tout à l'heure, c'est elle qui interrompt ce carnage à venir. C'est elle qui me coupe dans mon élan et qui se fait violence pour retrouver le calme. Je vois les lèvres bouger, mais je reste stoïque, encore hésitant. La tuer avec tous les autres ? Je ne donne pas cher de leur peau si je prends ma forme complète, ça risque de faire des dégâts dans un bureau aussi étroit. Pas sûr qu'ils soient préparés. Mais je me contiens, je ferais les yeux et je me rappelle des enseignements du passé. C'est loin d'être la première fois que je suis dans cet état. Les événements de Port Loyal m'ont complètement déglingué psychologiquement, j'ai dû faire de gros efforts sur moi-même et sur mon caractère. Peut-être pour ça que je picole autant, en attendant… je veux toujours du sang.
Et au final je ne sais pas ce qui m'énerve le plus quand je reviens à moi. Peut-être le fait qu'elle me prenne de haut ou bien son insistance sur le "Boss"… elle est sérieuse ? Les siamois ont peut-être peur de Fudo, pas moi. C'est peut-être inconscient, mais depuis que je suis gamin la peur n'est pas un mot que j'ai retenu. L'isolement, la faim, la soif, la fatigue ou encore la douleur, ça oui, mais pas la peur. Je me levais tous les matins prêts au pire, alors la menace du Roi Fou je m'en fous comme de ma première cuite. Il va me démembrer ? Me tuer ? La belle affaire. Je suis une grande gueule qui fonce dans le tas et qui réfléchis après, ça a toujours été, ça ne changera pas. Roi Fou, salope manipulatrice ou tocard en costard, même combat. Mais visiblement Yoh et Loh ne sont pas de cet avis, ils font dans leur froc dès qu'on parle de Fudo. Et la salope a au moins le mérite de proposer un verre, ce que ce gland de DB n'a pas fait alors que c'est tout ce que je demandais depuis le début. C'est le dilemme, les voix dans ma tête se foute sur la gueule pour savoir qui on tue en premier…

— Mais c'est qu'elle en a une grande gueule celle-là aussi, lançais-je en retrouvant un semblant de sourire. Tu vois DB ? Elle, elle a une paire de couille plus grosse que toi et en plus elle te sauve la peau… moi j'ai mon verre, c'est tout ce que je demandais, après j'aurais pas été contre danser avec toi ma grande, disons que pour cette fois je vais m'abstenir de la ramener… parce que je préfère la picole à la castagne et je sens que si je fous la merde je vais m'assoir sur mon verre quel que soit l'issue.

Je prenais sur moi, je refreinais toutes les pulsions meurtrières qui parcouraient mon être. C'était assez rare pour être signalé, mais je n'étais pas sûr de l'aide des siamois et avec l'arrivée de celle-là, on a droit à une nouvelle inconnue dans l'équation.

— Bon, on picole ou quoi ? On a déjà vu la descente de la demoiselle, mais je suis curieux de voir ce que donne avec ces deux-là ! Haut les cœurs les amis, aujourd'hui tout le monde reste en vie, mais vous savez ce qu'on dit… demain est un autre jour.

C'est un sourire carnassier que j'adressais à DB avant de me mettre à rire. Le calme revenu, la tension passée, je prenais sur moi et je jouais le jeu de la dame. Maintenant que je joue en équipe, ça va être récurent, mais que Yoh et Loh ne s'habitue pas à se calme, car sans la présence de celle-là j'aurais mes crocs dans les entrailles de ce tocard en costard. Et en plus j'aurais eu mon verre. Mais bon, j'ai la gorge sèche et je suis curieux de voir ce qui se trame par ici. En revanche, un mot de Fudo et tout ce petit monde se retrouve les entrailles à l'air. Sauf qu'il ne le fera pas, pas vrai ? Si entente il y a, alors ça veut dire qu'il y a quelque chose sur la table. Quelque chose qui profitera à tout le monde. Je pense que c'est le bon moment pour jouer en équipe, même si je reste sur ma faim. J'aime à penser que c'est à charge de revanche, DB ne verra pas une demoiselle voler à son secours à chaque fois. Le monde est petit, trop pour quelqu'un comme lui…

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West Blue, St Johns

-Si tu dis vrai, je devrais me rendre sur North Blue pour pourparler avec vous ? J'ai d'autres choses sur le feu, pourquoi pas ici même et maintenant ?

Les sourcils de l'albinos s'était presque arqués, eux-même surpris d'avoir un retour si pondéré de cette personne. Aussi, le stratagème du businessman venait de fonctionner. Que l'agenda du Roi Fou était déjà plein ne constituait pas un soucis, au contraire : si ce dernier pouvait éviter de se pointer sur North Blue et y répandre son merdier chez lui, cela aurait été parfait. Moins d'interlocuteur le borgne voyait, le mieux c'était pour cette association : une simple relation commerciale, ni plus, ni moins, ce n'était pas la personne qui était intéressante, mais sa réputation sur West Blue et sa position sur le marché. Fudo en lui-même n'était pas un asset viable, son business l'était. Autant distinguer les deux dès le début.

-Oh, ne crois pas que je souhaite te faire te déplacer en personne. Tes hommes seront suffisants. Je n'ai besoin que d'un d'entre eux en intermédiaire et un échantillon de ce que vos produits. Nous ferons nos essais avant de discuter business. Travailler par pion interposé, en somme. Nous n'avons pas à nous salir les mains plus que ça, notre temps est précieux. Si tu le veux, ma soeur escortera l'un de tes hommes sur place avec le Barthelemy sur North Blue. De là, nous pourrons gérer les deux cas.

Il ferait une courte pause, voir si le maudit réagirait. Ce n'était pour l'heure pas le cas.

-Tu n'as pas grand-chose à perdre, à me faire confiance. Au pire, l'un de tes hommes meurt. Tu lui trouveras bien un remplaçant, le mercato de West Blue semble bien fournit depuis que tu y es. Les têtes se renouvellent sans cesse.

-Et pourquoi je ne m'occuperai pas de ton cas dès maintenant ? T'es bien arrogant.

-Tes trois hommes peuvent venir, si n'en faire venir qu'un te pose problème. Leur vie sont entre mes mains de toute façon, tu les as délaissés si facilement pour accomplir cette mission. C'est que ton attachement à eux n'est pas si grand que ça. Tu n'as que deux choix : accepter ma proposition ou perdre tes hommes.

Le borgne se leva d'un coup, écrasant le dossier en bois de sa main, pour prendre de sa hauteur cet homme qui était trop loquace à son goût. Le poing du damné s'était clos, sa malédiction menaçant de se répandre une nouvelle fois.


___


-Attend, toi là, tu m'as pas répondu !

Doug se pissait presque dessus, désignant la brune de son index hésitant. Il venait de cogiter un peu, cette peau et ces cheveux d'un noir si pur. La finesse des traits de cette gonzesse. Tout chez elle le mettait sur une piste. Non, ce n'était pas possible, il se le refusait. Pourquoi les Barthelemy aurait choisi de le punir en lui envoyant ces types ? Et s'il s'agissait vraiment de ça, alors le boss dont cette peste venait de parler ne pouvait être que...

-Youri est venu pour moi sur West Blue ? Non, tout ce que tu veux, vraiment, mais...

-Alors ! On a un grand cru qui provient de sa famille de ce con. Du St Barthelemy, cuvée impériale de 1501.

La Borgolomov venait d'ouvrir la porte du coffre qui se trouvait sous le bureau pour y sortir un beau magnum. Elle le présenta comme un serveuse aux criminels.

-Va nous chercher des verres.

Le garde du corps, désabusé face au regard noir que la femme lui lança, s'activa à aller récupérer des verres disposés ça et là dans la salle de l'étage. Il les aurait ramené en trombe avant de les poser sur le bureau.

-Carrément, du cristal ! Et bah ! Aller, tournée pour tout le monde, sauf le mioche à la noix. Ca lui fera la leçon.

Ainsi les verres seraient généreusement remplies et la bouteille laissée au milieu du bureau. De là, les hors-la-loi seraient invités à suivre cette énergumène dans la dégustation. Elle descendit le verre en quelques goulées. Yoh et Loh se lancèrent juste après elle.

-Premier à avoir fini, premier resservi.
-Hohoho, on espère que Fudo va passer son appel après qu'on ait tout fini, hein ? Et s'il dit oui ?
-Si c'est un accord, on pourra se faire d'autres belles bouteilles ! Je suis sûr qu'en entrant vous avez lorgné les bouteilles exquises que ce gamin a ramenées pour l'inauguration. Elles seront vôtres pour l'après-midi. Lancerait-elle en se resservant un verre, si le Santana ne s'était pas déjà jeté sur le magnum.

D'un coup, la froide albinos présentait un tout autre visage : jovial et festif. Elle était sur le point débuter sa petite fête avec les hors-la-loi, ça l'excitait tout ça. Une beuverie succulente.

___


-Très bien. On va avancer sur cette voie.

Le Roi Fou s'était décalé sur l'allée de la cathédrale, délaissant le Borgolomov. Celui-ci, en révélant son plan, venait de le convaincre. Yoh et Loh était trop important pour son assaut sur Nighty Town, aussi Caesar aurait suffi pour un début. Cela correspondait à son rôle, agir en electron libre. Il lui aurait ainsi prouvé son utilité et sa loyauté.

-Mon temps est précieux, comme tu l'as dit. Si tu n'as rien à redire, nous nous reverrons jamais. A moins que tu reviennes sur ta parole.


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Dim 22 Aoû - 10:06
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Tout basculait. Encore. L'ambiance était maintenant festive, presque normale et agréable, mais c'est des conneries, pas vrai ? Je veux dire, demain je peux faire la fiesta avec le Diable en personne, ça peut être la meilleure fiesta de toute ma vie, ça reste le Diable. Et là on trinquait et traitait avec de sinistres inconnus. Je ne crache jamais sur un verre, alors je le bois d'une traite sans me faire prier. Mais pour moi ça sonnait faux. Pourtant j'aurais dû rire jusqu'à me pisser dessus en voyant la tronche de DB, mais non, même ça, ça ne suffit pas. Je ne peux pas m'empêcher de réfléchir à tout ça, tout retourner dans mon cerveau encore embrumé par cette envie de violence. Là tout de suite, si j'avais été sûr de ma supériorité je les aurais tous tué. Les uns après les autres. C'est quoi qui me retiens ? Auparavant ça ne m'a jamais empêché de foncer dans le tas comme un dégénéré, alors quoi… j'ai mûri ? La bonne blague. Non, je dois juste composer en équipe et ça, je ne sais pas faire. Je suis là, comme un con avec mon verre et je me pose des questions, je me demande si je ne dois pas reprendre là où je m'étais arrêter, faire la fête ou me tirer.
Finalement, et je me surprends moi-même, je choisi la troisième option. C'était marrant, j'aurais aimé arracher le cœur encore battant de DB, mais ça ne sera pas pour cette fois. Moi, je suis un instinctif et tout ça là, je ne le sens pas. Et je n'ai pas signé pour qu'on me dise quand sortir les crocs et quand être sage et docile. Donc avant de faire une connerie que tout le monde regrettera après coup, je pose mon verre sur un coin du bureau – certainement sous le regard surpris des personnes présentes.

— Merci pour le verre, disais-je simplement à l'attention de tout ce petit monde. Mais je préfère l'ambiance des rades crasseux où je peux m'évanouir dans mon vomi.

Une excuse, une pirouette pour me sortir de là sans leur avouer que je ne trinque pas avec une salope manipulatrice et deux glands qui s'écrasent dès que ça gueule un peu fort. Je veux bien jouer en équipe, mais ça va me prendre du temps. La confiance ça se mérite et ni cette gonzesse sortie de sous le bureau, ni les siamois la mérite. Et vu que Fudo n'est pas là, je n'ai pas a resté plus longtemps au milieu de cette mascarade.

— La paperasse c'est pour ces deux-là, moi je me tire, amusez-vous bien.

Et c'était là le plus surprenant, pourtant je me retournais sans demander mon reste. Une fois au bar je ramasse une bouteille de rhum, l'un des gorilles veut me rappeler à l'ordre, mais je lui jette un regard froid "Mets ça sur la note de Doug", lui dirais-je s'il osait s'approcher. Sinon, je pense que je pourrais facilement passer mes nerfs sur lui.
L'air frai me fait du bien, il me remet les idées en place, je retrouve mon calme. Je porte alors un regard sur cette cathédrale, pensif. C'est quoi au juste le plan de Fudo ? Jouer avec le premier qui se pointe avec une bonne offre ? Pour un Roi Fou je le trouve étonnamment concilient, je suis presque déçu. Il a perdu de sa superbe depuis notre dernière rencontre ou c'est peut-être moi qui me suis émoussé, après tout on n'est peu de choses dans ce monde.

— … mais me tourner vers une puissance supérieure, certainement pas.

Un murmure à moi-même plus qu'autre chose, comme pour me rappeler que sur cette terre ni ailleurs il n'y a aucun dieu, aucun maître. Et je ne laisserais pas une main divine jouer avec mon destin. Je veux me hisser tout en haut de la chaîne alimentaire, mais si je me casse la gueule en cours de route, je l'accepte et je me relève. Moi, je ne suis pas comme tous ces glands avec un complexe de dieu qui croient qu'ils doivent tout avoir sinon pour eux ça sonne comme une défaite. Mais ils ne s'écrasent pas, non, ils font tout pour avoir gain de cause, pour avoir ce qu'ils veulent. Et le plus triste c'est que ça fonctionne, tout le monde marche à fond. Je dois au moins reconnaitre à ces gens-là un certain caractère, même si ce n'est pas avec ce genre de doctrine que je veux avancer. Tout ce que j'ai vécu, le bon comme le mauvais, c'est ça qui m'a façonné. Je me ferais sacrément chier si je devais compter que des victoires, la vie doit être triste et fade. Moi j'attends avec impatience le connard qui viendra me chercher tout en haut de la chaîne alimentaire. Parce que ce jour-là bordel… je jure de faire une beuverie de tous les diables ! Et après je lui donnerais ce qu'il est venu chercher. La mort.

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West Blue, St Johns

Le Santana avait bu son verre sans hésitation aucune avant de l’ouvrir une nouvelle fois. Un rictus trancha ainsi le faciès de la Borgomolov à ce moment, elle plongea son regard dans celui d’un Caesar agaçant qui faisait preuve de son caractère de merde : jamais content, ces hors-la-lois. Peu importait, il se serait montré docile bien assez tôt : le vin des Barthelemy, du moins cette série spécifiquement réalisée pour les Borgomolov, présentait une particularité qu’Irina, de son prénom, aurait exploité dans la seconde. Ses yeux dans ceux du mercenaire récalcitrant, elle prononcerait une simple phrase mécaniquement.

-Reste donc et continue de boire. Pointant le magnum posé sur le bureau, ne demandant qu’à être descendu.

C’était comme cela que l’albinos fonctionnait. Plus qu’une albinos, il s’agissait-là d’une créature particulière. Trouver un intermédiaire jugé peu puissant pour s’assurer d’attaquer un esprit qui ne la surpasserait pas, puis renforcer son pouvoir via un verre de vin frelaté. Alors la première phrase faisait généralement mouche, invitant la cible à boire plus encore, scellant son destin dans le regard d’Irina.

Caesar lui tourna les talons sans mal aucun. Sortant de la pièce, bougon qu’il était.

Les yeux de la vampire s’écarquillèrent ainsi, stupéfaits de ce qu’il se déroulait devant eux. Si Irina savait d’avance que Yoh et Loh étaient bien trop puissants comparés à elle pour vaciller face à son pouvoir, il semblerait que Caesar l’était également. Il se montrait résistant, ici avait-elle mal estimé le potentiel de cet énergumène ? Une goutte de sueur perlerait à son front, était-ce son esprit qui la surclassait ou également sa puissance ?

S’il s’était déchaîné, que ce serait-il passé dans cette pièce ?

La sonnerie de son den-den mushi vint cueillir son esprit, coupant court à ses interrogations. Irina extirpa l’appareil de sa veste pour répondre à son frère, ce dernier renseignant qu’un accord avait été convenu avec le Roi Fou : il donnerait rendez-vous au Santana, l’intermédiaire choisi, sur North Blue pour réaliser la qualification de cette source nouvelle. La voix de Youri était calme et autoritaire à l’oreille de sa sœur, Yoh et Loh ainsi que Doug, qui se pissait dessus face à ce qui risquait de lui arriver une fois de retour à North Blue, pouvaient également entendre les paroles du Borgomolov.

Irina voulut avertir son frère que le plan ne se déroulait pas comme prévu initialement, cette surprise qu’était Caesar. Pour autant, elle ne pouvait discuter de ce sujet devant les siamois, aussi l’albinos se contenterait de raccrocher à son frère tout en invitant les Tucker à s’activer pour sortir d’ici. L’accord avait été passé, elle était agacée, aucune envie de faire la fête.

-Bon.
-On va bipper Fudo avant de retourner voir l’autre taré.
-Il est fou ce type.
-Complètement frappé.
-Rigolo.
-Drôle.

Descendant à l’accueil, les frères appelleraient ainsi le borgne pour faire un rapide point de la situation. Expliquer comment les choses s’étaient déroulées et savoir ce qui serait fait par la suite. Le Roi Fou donna une simple directive au mercenaire pour l’heure : celui de se retrouver à l’entrée de la citadelle, vers les bidonvilles, pour retourner sur Powder Island le plus tôt possible.

Sortant du pub avec cet ordre en tête, les siamois se seraient avancés à la hauteur d’un Caesar pensif. La main de Yoh se posa sur l’épaule gauche de la recrue avant de le ramener à lui, joue contre joue. Il userait de sa force sans se modérer ici.

-Bon ! Bien joué toi, t’es marrant en négociation.
-On va rejoindre Fudo et se tirer de l’île. Tu pourras lui débrief tout ça. Dis, dis, t’es content ? Tu vas être envoyé à North Blue mon pote !
-Ca m’en a tout l’air, haha !

Alors le binôme pourrait s’activer pour rejoindre l’encapuchonné au point de rendez-vous. Le borgne resterait silencieux dans un premier temps, invitant les autres à le suivre pour traverser les bidonvilles et la végétation. Avait-il quelque-chose en tête ?



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Lun 23 Aoû - 19:29
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Bon et maintenant ? Je pourrais certainement me saouler et finir la nuit dans une taverne quelconque, un plan honnête. Mais ça c'était sans compter le retour de Yoh et Loh. Pendant ma petite introspection le temps était passé et Fudo avait visiblement appelé ces deux-là. Super ? Enfin je crois. Yoh se montrait particulièrement amical, satisfait de mon rôle, même si je doute que ça ait servi à quoi que ce soit. Entre l'autre gland et la gonzesse bizarre, je doute avoir marqué les esprits. Au moins c'était marrant, j'ai pu jouer les grands méchants psychopathe, c'est que ça m'avait manqué. Sauf que si j'écoute les siamois ce n'est là qu'une étape… North Blue ? Vraiment ? Le froid ça ne me dit vraiment rien. Sauf que, lorsqu'il fait froid il y a toujours de l'alcool. C'est vrai, ça réchauffe. Alors on en est là ? Une promesse d'alcool et de beuverie, puis hop, direction North Blue ? Et pourquoi pas ! La vie c'est un peu comme une roulette géante, on mise tout, on perd tout et on se fait tabasser dans une ruelle derrière le casino.

— North Blue ? Et je vais plus voir vos tronches ? Je pars quand ? Maintenant ? Répondais-je en riant de bon cœur. Mince, c'est que je commençais à vous apprécier…

Tout à la fois moqueur et sincère, je rigolais à nouveau. C'est vrai qu'ils étaient plutôt sympas ça deux-là, un peu bizarre, mais qui suis-je pour juger les bizarreries des autres ? J'en ai une pleine cargaison de mon côté.
C'est ainsi, porté par cet enthousiasme certain, qu'on se réunissait avec Fudo qui était très… Fudo ? C'est Fudo, c'est normal. Silencieux, je laissais malgré moi échapper un sourire avant de lui glisser quelques mots sur ce qui s'est passé. Bien entendu on ne perdait pas plus de temps pour prendre le chemin des bidonvilles, mais ça ne m'empêchait pas de lui raconter notre petite entrevue – quitte à être complètement ignoré.

— Bon, j'imagine que tu sais à peu près tout ? Je vais la faire courte alors : j'ai montré les crocs, l'autre à voulu gueuler plus fort que moi, j'étais prêt à le bouffer, genre littéralement, et une gonzesse est venue calmer tout le monde, résumais-je grossièrement et sans détour. J'aurais bien aimé la calmer aussi, mais ces deux-là avaient l'air de faire dans leur froc, alors je me suis dit que c'était pas n'importe qui… c'est ça qu'on appelle le travail d'équipe, non ? Bref, j'ai l'impression d'avoir servi à rien, vous êtes gentils les gars, mais j'ai pas besoin de vous pour passer pour un gland, je peux me débrouiller tout seul.

Je crois que je n'ai rien oublié. C'est pas très protocolaire comme résumé, mais est-ce qu'on avait besoin de raconter ça autrement, ça c'est à peu près passer comme ça. Les siamois peuvent fanfaronner, n'empêche qu'ils n'étaient pas à l'aise devant la salope manipulatrice. Mais bon, je concluais sur un trait d'humour. Comme à mon habitude.

— Ah et leur vin est dégueulasse, je préfère encore me ravager le foie à l'alcool fort que de boire cette merde.

D'ailleurs c'était là le point le plus important : le vin des Barthelemy plus jamais. Et le vin en général, sauf s'il n'y a plus que ça à boire ou alors avec une séduisante jeune femme allongée sur une peau de bête. Mais là on part dans des trucs aussi. Au moins cette petite escapade avait eu le mérite de me faire réfléchir à plusieurs choses, bonnes comme mauvaises. Une chose ressortait néanmoins : je devais me bouger le cul et vite ! Parce que plus je côtoie Fudo et ses camarades de jeu, plus je tombe sur des gens dangereux. Alors si je veux calmer tout le monde quand ça hausse un peu le ton, je vais devoir être un peu plus actif. La Guilde Marchande, mes affaires personnelles, tout ça quoi, il faut que ça bouge. Une fois que j'aurais fait sauter quelques dents je suis sûr que j'aurais un peu plus de poids dans les négociations. Et là on verra si on a de quoi répondre au méchant tigrou. Tigre… parce que tigrou ça ne fait pas sérieux sur une carte de visite.

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Lun 23 Aoû - 20:33


Clean


West Blue, St Johns


-Moi aussi je te kiffe ! Si y’avait pas ces histoires d’affaires on casserait des gueules et s’enfilerait des bouteilles je te jure, mais bon faut bien savoir se contrôler pour parvenir à ses fins !
-C’est ça ! Et t’inquiètes pas qu’on y parviendra. Et tu seras pas seul, non, non, non !

Les siamois s’arrêtèrent sur le chemin, faisant des pas supplémentaires pour se positionner face à Caesar. Yoh se présenta à lui avant de poser son index sur sa poitrine, tout sourire.

-On sera toujours là, dans ton cœur ! Nous on doit gérer une affaire de merde avec la révolution, mais on se revoit après sur North Blue ou alors à ton retour.
-C’est con ce que tu baragouines. Murmura Loh dans le dos de son frère.
-Bah quoi tocard, je l’aime bien moi. Il est coloré comme type, faut bien de ça pour pas finir sous lexomil.

Sans doute que le mercenaire aurait des questions pour les Tucker concernant la mission mentionnée auprès de la révolution d’Eken Sor. C’était que le borgne avait déjà statué d’une chose avec le chevalier et Katia L. Ray, cette peste. Bientôt ils s’en seraient pris à Nighty Town pour mettre un coup important au gouvernement mondial sur cette mer qui devenait leur. Grâce au réseau et liaisons qu’avaient le maudit dans l’Underground de la blue, Eken Sor pouvait se permettre d’accélérer l’expansion de ses forces sur les diverses îles que le borgne avait supplantées. Pour autant, plusieurs choses demeuraient floues à ce sujet : qu’avait le sans nom à gagner à se lier avec la révolution si ce n’était pour cet assaut planifié sur Nighty Town ? N’avait-il pas pensé à l’après ? Sûrement que si, peut-être que non, qui savait ? Le Roi Fou avait un cerveau crypté, ses intentions nébuleuses, était-ce lui qui était soumis à ses propres envies primales ? Ou bien savait-il construire un plan sur le long terme, évitant ainsi de se faire possiblement avoir ?

Selon Yoh et Loh, le borgne jonglait entre les deux aspects. Le chaud, le froid. Mais l’analyse des Tucker était sûrement erronée, puis futur ou non, les frères s’en fichaient : ce qu’ils voulaient, c’était de voir le pouvoir du maudit en action. Ce si beau pouvoir…

Une fois après avoir rejoint le primé, la troupe s’avancerait pour quitter l’île. Alors, sur le chemin, Caesar se permit de faire un debrief au criminel. Celui-ci avait été tenu au courant du comportement du Santana par Yoh et Loh. Son impulsivité, ses coups de sangs qui auraient pu déclencher une bataille et mettre un terme aux négociations et son projet d’extension. Pour autant, ce potentiel avait su se tempérer, notamment par le biais de la sœur du vampire avec qui le Roi Fou avait convenu d’un accord.

Le temps se suspendit alors. Secondes devinrent éternité l’espace d’un instant.

L’atmosphère se contracta sous les yeux de Caesar, parasité par une zone bleutée qui prit de court les environs, la malédiction du primé libéréé par ce dernier. Une seconde suffit au borgne, un soru l’amena au contact du mercenaire avant que sa paume ne s’appose brutalement sur sa poitrine. Les yeux des siamois s’écarquillèrent alors face au spectacle, un trou béant venait d’être creusé dans la cage thoracique de leur colérique préféré. Mieux encore, pour les chirurgiens, le cœur battant du zébré venait d’être expulsé dans un cube translucide. Trois pas suffirent au Roi Fou pour aller accueillir cette pompe organique dans ses mains, se retrouvant dans le dos du Santana.

-Oh !
-Mais, mais !

Le sans nom se retourna ainsi, laissant Caesar faire de même pour découvrir cet étrange spectacle. Sa vie se trouvant dans les paumes du borgne. Les Tucker étaient comme des gamins excités que l’on avait amenés dans un magasin de jouets, ce que l’on disait sur le fruit du chirurgien était donc vrai.

-Tu aurais voulu les tuer, ces deux personnes, hein ? Qui te dit que tu aurais pu le faire ? Regarde ce fossé qui nous sépare, si j’appuie dessus que penses-tu qu’il va se passer ?

Certains préféraient être mis au courant d’une situation délicate tout en faisant l’autruche. Laissant les choses se tasser en problèmes en pensant qu’ils allaient se résoudre d’eux-mêmes. N’arrivant, dans ce cas seulement, qu’après que la tempête soit passée. D’autres, au contraire, savait trancher et prendre une position avec fermeté. Plutôt que d’imposer sa vision, il s’agissait de la partager avec autorité et justesse.

Dans le cas du Roi Fou, il s’agissait plutôt d’imposer sa vision à autrui. Ceux-là auraient ainsi deux choix : suivre ou prendre le parti de s’en écarter en acceptant les possibles retombés.

-Qui te dit qu’elle ne t’aurait pas tué ? Tu ne les connais pas, t’es ignorant. Quand on ignore à qui on à faire dans ce monde on se doit de se renseigner. Je ne t’ai pas assigné cette mission pour que tu crèves stupidement, encore moins pour que tu mettes à mal ce projet en nous compromettant. Je t'ai assigné ça car t'as cette folie nécessaire pour réussir. T'imposer et être craint.

Si le Santana mourait bêtement alors qu’il agissait pour le Roi Fou, cela aurait forcément entaché la réputation de ce dernier.

-Bientôt tu en sauras beaucoup plus sur ces types, car leurs portes se sont ouvertes à nous. Je ne veux pas que tu sois fébrile et te couches devant tout le monde pour le bien des affaires. Je n’ai pas besoin d’une marionnette. J’ai besoin d’une personne expérimentée qui sait gérer les affaires dans leur ensemble. Quelqu’un d’autonome qui fait la part entre le respect que l’on doit nous donner et le bien de notre business. Marche sur certains s’ils sont remplaçables et que tu es capable de le faire, mais avant ça tu dois te faire malin et te renseigner. Qui ils sont, qui est dispensable, quels sont leurs méthodes, comment les soumettre. Si tu veux en massacrer un pour le dresser en exemple, libre à toi, mais c’est prématuré ici car nous n’avons pour l’heure aucun levier sur eux.

Il ferait une pause, plantant son poignard d’émeraude sis dans son œil dans le regard de Caesar. Pas un pion, mais une pièce plus importante qui saurait, comme Zem, faire avancer les choses en l’absence du roi. Pas une tour stupide et prévisible, mais plutôt un fou pouvant venir de nulle part.

-Faut immortaliser ce moment, putain, faut faire une photo.
-Tu crois qu'il nous laisserait le toucher ?

Murmurèrent les frères dans leur coin, sur la pointe des pieds, le regard tendu vers cet organe à découvert. Ils étaient tout excités par ce dont faisait montre le borgne.

-Tu iras seul dans un premier temps. Lorsque tu en sauras plus et jugera cela nécessaire, on posera plus de nos cartes sur la table. Soit t’es pour, soit tu récupères ton cœur de tes propres mains.

Soit il marchait, soit il crevait.



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Lun 23 Aoû - 22:07
Clean
avec Fudo & compagnie

Attends… quoi ? Mais il me fait quoi Loh ! Soudain alors qu'on allait rejoindre Fudo, les siamois me faire une déclaration d'amour, je l'avoue, je n'y attendais pas. C'est vrai qu'avec ces deux-là je ne savais pas trop sur quel pied danser, mais là ! Wouah ! J'aurais presque pu verser ma petite larme, mais on ne va pas commencer à faire dans le sentiment, hein ? Je me contente d'un sourire entre amusement et satisfaction, comme si voir ces deux couillons me dire ça, ça me faisait plaisir. Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre… c'est ça de jouer en équipe, ça attire que des problèmes.

— Eh bah vous êtes deux glands si vous comptez me suivre ! Vous n'êtes pas au courant ? J'ai promis à Fudo que même si on était en enfer, il pourrait toujours compter sur moi pour me relever et distribuer des mandales. Mais comme on dit, plus on est de fous, plus on rit ! Par contre faudra plus de saucisses…

Autrement dit : moi aussi je vous aime ! Seulement pouvais-je ainsi ouvrir mon cœur ? Si vous voyez dans le futur vous savez que oui, mais si comme moi vous ne savez pas ce qui va se passer, alors non. C'est aussi ça la vie, faut savoir faire avec l'imprévu. Et si demain vous voyez une diseuse de bonne aventure, envoyez là chier, ça ne sert à rien de savoir ce qui va se passer à l'avance. Encore moins combiner avec des informations qu'on n'est pas censés avoir… enfin, moi je dis ça, je dis tout hein, faudrait pas qu'on pense que je prends parti !
La séquence émotion terminée, on en reste là. Parce que comme je l'ai dit, je ne tiens pas à lire l'avenir dans le marc de café ou les boyaux d'un poisson. Et puis c'est plus drôle comme ça, l'inconnu, je ne sais pas, ça a quelque chose de sexy je trouve. Comme une jolie blonde qui s'approche vers vous avec un déhanché dévastateur, vous croisez son regard et là vous savez que vous êtes dans la merde. Vous êtes saoul et la soirée va ma finir parce qu'elle va faire ce qu'elle veut de vous. Non, ça ne sent pas du tout le vécu cette histoire ! Alors là, pas du tout… bref. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, en particulier quand je ne suis pas foutu de fermer ma grande gueule. Sauf que visiblement je n'avais pas été le seul à la ramener, mais moi au moins je ne parle pas au nom des autres. Yoh et Loh avait déjà débriefé avec Fudo, il savait donc que j'avais un bon gros coup de sang et que j'avais bien failli faire un carnage. Chose que je n'ai pas caché, même si j'ai brièvement résumé la situation pour lui éviter les détails – et éviter de me faire engueuler aussi. Enfin, pour l'engueulade on va dire que "Papa Fudo" n'est pas du genre à sortir de belles leçons pleines de bon sens et de morale, lui c'est plutôt les coups de bâton sur le cul. Et croyez-moi ce n'est pas un petit bâton qu'il a… enfin je veux dire… un vrai bâton… je ne parle de… oh et puis merde, cassez-vous !
Soudain, comme si je n'étais pas assez conscient du fossé qui nous sépare, je vois Fudo user de son pouvoir pour… pourquoi d'ailleurs ? Me donner une leçon ? Me faire peur ? Je l'ai dit et je le redis, je n'ai peur de personne, la mort je connais trop bien, la douleur fait partie de moi. Tout ce que je vois c'est un éclair bleuté et une bulle qui se créait autour de nous. Un pouvoir dont j'avais eu quelques détails, pas de quoi contrer un tel pouvoir évidemment, je sais où je me situe dans la chaîne alimentaire par rapport à lui. Mais je ne bronche pas pour autant, je le fixe froidement alors qu'en quelques secondes il met la main sur mon cœur. Et voilà que ma vie ne tient plus que dans une boîte. Une petite boîte. Je devrais avoir peur, je devrais le supplier, mais s'il a compris comment je fonctionne, il sait qu'il en faut plus pour ça. C'est peut-être pour cela qu'il se lance dans un long et pompeux discours. Comme si j'étais une putain de girouette qui oubliait la moindre de ses paroles après une cuite. J'ai l'air d'un gland, je le sais, je fous la merde partout où je passe et si je ne suis pas encore mort c'est un miracle, mais l'avenir appartient à ceux qui ose, à ceux qui se joue de la mort comme si c'était une catin. Moi je ne suis pas l'un de ses larbins. Moi je suis Santana D. Caesar putain de bordel de merde ! Là tout de suite c'est un nom qui sonne creux, je le sais, mais dans un avenir proche… oh je jure que ce nom fera même trembler le Roi Fou.
Sans un mot, sans un bruit, je restais aussi implacable que la mort qui avait déjà une main sur mon épaule. Le regard froid, le visage inexpressif, j'accueillais les paroles de Fudo jusqu'au dernier mot. Réagir ? Pourquoi faire. Le tuer ? Aucun intérêt. En revanche ce que je pouvais faire c'est lui rappeler ce que je veux, ce que je suis et ce que je serais. Et pour ça je me fends d'une réponse qui saura j'en suis sûr répondre à Fudo, au Roi Fou et à quiconque oserait me prendre pour une raclure de fond de chiotte.

— Tu crois que j'ai peur ? La mort fait partie du jeu, ici et maintenant face à toi, plus tôt dans le bureau avec l'autre gonzesse, répondais-je sur un ton inédit et plein de confiance. Je prends mon pied quand je joue avec la mort et qu'elle joue avec moi, c'est mon adrénaline, mon moteur… tu l'as pas compris à notre première rencontre ? Je suis au meilleur de ma forme quand il y a du sang et des larmes, je suis une bête sauvage, un prédateur et un jour je serais tout en haut de cette putain de chaîne alimentaire et même toi… oh oui même toi, tu ne pourras plus jouer avec moi comme tu le fais là.

Je marquais une pause, comme pour laisser un air de provocation flotter dans l'air. Mais ce n'était pas de la provocation, non, bien au contraire, c'était une promesse.

— Je ne suis pas en train de te menacer, ne crois pas ça, je sais devant qui montrer les crocs et devant qui rester à ma place, ajoutais-je pour compléter mes paroles. C'est une promesse. Parce qu'un jour viendra où toi et moi on sera d'égal à égal et qu'on régnera sur ces putains de mers. Je pensais que ça avait été clair le jour de notre rencontre : tu peux compter sur moi, même quand on sera acculé par l'ennemi, même quand l'espoir aura disparu, je serais debout. Toujours. Maintenant si tu penses que je me trompe ou que tu comptes me remettre à ma place à chaque fois que je déconne… alors écrase ce cœur que tu tiens là, parce que je ne suis pas l'un de tes pions, je ne suis pas un mouton, je suis Caesar D. Santana, je suis… le Fléau.

Et sur ces mots, comme pour donner corps à mes paroles je déchaîne enfin la puissance de mon Fruit du Démon. Je profite que l'on soit dans cette bulle pour lui montrer, enfin, ce que je suis réellement. Mais je ne fais pas dans la demie mesure, je ne me contente pas du minimum. Non. C'est en forme totale que j'apparais sous le regard de Fudo, mais aussi de Yoh et Loh. Pour que tous, enfin, comprenne que j'ai les moyens de régner un jour sur toute la chaîne alimentaire. Et alors dans un rugissement bestial j'incarne le majestueux tigre blanc, haut de quatre mètres sur mes pattes arrière je fixe fudo de mes grands yeux de prédateurs. Je me qu'il comprenne. Je veux qu'ils comprennent tous.

— La première fois je t'ai montré que je pouvais encaisser des coups et me relever, aujourd'hui je te montre ce qui est en moi, le Byakko, le Tigre Blanc, expliquais-je à Fudo avec calme alors qu'il pouvait voir mes crocs acérés de près. Tu penses peut-être que je fanfaronne, que je suis un fauve qu'il faut dresser et mater, mais tu te trompes… tu ne feras que me rendre plus dangereux encore, car j'ai grandi dans la douleur et la servitude, plus jamais je ne retournerais dans une cage, plus jamais… alors trouve ce qui anime ce cœur qui bat dans ta main, trouve ce que je veux et offre-le moi, alors je serais le messager de la mort que tu pourras envoyer sur tes ennemis. Je suis plus difficile à tuer que tu le penses et maintenant que je dois être à la hauteur de ces paroles, j'ai une autre raison de m'accrocher farouchement à la vie.

Le jour de notre première rencontre, c'est volontairement que j'avais caché ce pouvoir. Habituellement je le garde enfouie au fond de moi, mais le tigre gratte à la porte dès que mon sang bouillonne. C'est comme ça, c'est l'instinct du prédateur. Je serais peut-être plus diplomate si le Byakko n'était pas là, si je n'étais pas ce monstre aux muscles fins et taillés. Mais je serais alors moins dangereux, je ne serais qu'un tigre de cirque. Lequel grogne quand le fouet claque. Non. Moi je suis un tigre qu'on a libéré de ses chaînes et qui veut marquer ce monde de sa griffe. Fudo, le Roi Fou, je ne l'ai pas choisi par hasard. Je l'ai choisi car je le crois capable de me conduire tout en haut de la chaîne alimentaire, entre temps libre à lui de me donner ce genre de leçon, mais comme je lui ai dit… ce n'est pas comme ça qu'il aura ma confiance. Tout ce qu'il me prouve c'est qu'il est instable et que pour lui personne n'est irremplaçable. Et pour n'importe qui d'autre je lui aurais certainement donné raison, cependant je serais bientôt le prédateur ultime sur les mers. Je suis à la hauteur de mes paroles, je le prouverais. Si Fudo aurait aimé la démonstration, j'aurais repris ma forme, mais si dans un éclair de démence il avait voulu poursuivre sa démonstration, alors j'aurais tout tenté de me défendre… peut-être en vain, mais à moins qu'il écrase ce cœur, je continuerais à me battre.

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Mar 24 Aoû - 10:11


Clean


West Blue, St Johns


L'oeil du borgne s'était figée sur cette silhouette monstrueuse l'écrasant de sa hauteur. Le Santana venait de révéler sa malédiction cachée jusqu'alors, pour plus de doubler son gabarit, laisser son côté animal prendre le dessus sur son aspect humain. Les Tucker étaient de plus en plus jouasses à réaliser toutes ces découvertes une à une, mais un semblant d'inquiètude parasitait leurs esprits : le sans nom s'était terré dans un silence pesant et mortel, son regard disséquant le mythique lui faisant face.

Sortir de sa cage pour atteindre les sommets ?

Un éclat de lumière lointain parvint à l'esprit du maudit. Ce gabarit et ces paroles balancées sur ce ton si impulsif. Le primé ne contemplait pas la bête plantée devant lui, il scrutait les yeux de celle-ci, le reflet s'y trouvant dedans.

Le reflet de son âme perçue par un autre. L'écho du passé dans un semblant de lui.


Ce côté primal. Cette impulsivité et cette détermination.

Cette presque naïveté.

Avait-il parler de sortir d'une cage pour ne plus jamais être enfermé ?

Non, cela n'était pas possible. Car dans ce monde les plus chanceux n'étaient bons qu'à choisir d'eux-mêmes leurs propres chaînes. Quelle était donc la vue au sommet ? Fixé sur un trône auquel ils seraient liés jusqu'à ce qu'un autre prenne leur place. A moins de la détruire, cet avenir parassait bien tragique.

Et pourtant, la nostalgie renvoyée par l'attitude montrée par ce mercenaire suffit à bercer le Roi Fou dans une illusion l'ayant seyée autrefois.

Santana Caesar.

Edward Lawrence.

Zetsu Fudo.

Une même vision, une même détermination pour les mêmes tribulations.

Une pensée alla d'ailleurs à l'homme de trois mètres dont le nom avait fait du bruit récémment. Comment se portait-il depuis leur rencontre ? Ce monde l'avait-il déçu également ?

Un rire vint tuer l'accalmie pressante de l'encapuchoné qui balança le coeur du Santana aux Tuckers.

-Occupe toi de le lui remettre, tu devrais être à même de le faire.

Yoh et Loh récéptionna l'organe comme s'il s'agissait d'une pierre précieuse, peur de l'endommager, peur de le faire tomber, et pourtant ils étaient si absorbés par chaque battement que cette pompe réalisait dans leurs mains.

-Oh oh, fais gaffe ! Pas de bêtises !
-C'est... c'est incroyable !

Le hors-la-loi regarda une dernière fois sa recrue si butée tout en effectuant un bref scan de sa zone s'étendant au loin. Une fois le système avec lequel se transposer choisi, le brunet s'adressa une ultime fois à Caesar, rictus aux lèvres tandis que ses bandages s'humidifiaient une nouvelle fois.

-Ce regard...

Mécaniquement, ses souvenirs d'une autre vie prirent le dessus sur son présent.

-L'union fait la force. Nous allier nous permettra de nous hisser tous deux sur le toit du monde. Et ce, sur un pied d’égalité. Va donc sur North Blue débuter cette ascension et retrouvons-nous là-haut.

Alors les doigts du jeune homme se claquèrent, le faisant disparaître en échange d'un vulgaire cailloux. Sa zone se dissipia ensuite pour laisser les Tucker et le Santana seuls. Toujours sous le choc de cette découverte, Yoh et Loh avaient à peine calculé les dires de leur chef, ils ne voulaient passer qu'à une expérience : replacer le coeur de Caesar dans sa poitrine pour constater à quel point le fruit du chirurgien était fantastique.

-Bon... tu nous fais confiance hein ?
-On va y aller en douceur.

Les chirurgiens avaient l'habitude de découper et rassembler des corps, mais là il s'agissait d'une situation inédite. Ils espéraient ainsi que leur nouvel ami se montrerait collaboratif.

Une fois l'organe remis en place, les Tucker inviteraient le Santana à continuer leur route vers le port, le retour sur Powder Island pour arranger ensuite son départ pour North Blue. Si celui-ci était toujours déterminé pour.

___


Ton passé pèse lourd dans ton regard. Il met en perspective ton présent qui se nourrit de tes regrets, de ce futur qui se construit sur tes erreurs. Tu t’en retrouves là à ne jamais accepter faire le bien, laisser un peu de lumière toucher ton être par peur de retomber en ombres. Tu préfères la noirceur et son calme dérangeant aux couleurs et leurs vivacités te dépassant.

Aussi tu culpabilises quand tu souris, car très vite tu te rappelles d’où tu proviens. Tu te rappelles du mal nécessaire pour parvenir jusqu’ici, des ténèbres convoquées pour t’ériger en lumière, prendre place dans ce monde, reléguant le passé dans tes profondeurs les plus intimes.

Toi, l’oiseau de nuit. Tu ne peux accepter te laisser subjuguer par la compassion que tu pourrais développer pour un autre. Faire place nette à quelqu'un dans ton monde égocentrique. Accepter que tu ne sois pas un cas unique dans cette tragédie.

Et si cette personne avait un destin différent ? Qu'est-ce que ça voudrait dire à notre sujet ?

Cette question vient parasiter ton crâne, les larmes de l’œil enfantin continue de tremper le bandage, collant ton visage : sensation détestable et pesante.

Peur de les retirer et de chercher ton reflet dans les vitraux de cette cathédrale.

Peur de faire face à ton propre regard, celui de ces deux personnes dont tu t’es débarrassé.

Peur de constater leurs colères au sein de ses yeux vairons.

Emeraude et saphir.

Peu d’y trouver ta propre tristesse.




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