20 octobre 2014, 23h30.
Bercé par un désir d'élargir mes horizons quant à mes connaissances dans le domaine des mangas animes (c'est jamais trop large - Lorn, retiens ta libido), et aussi un peu par la flemme de me mettre à RP pour les disgracieux membres du forum (faut bien que je bave un peu), je décidai alors de m'orienter vers les animes de printemps 2014, que je n'avais pas suivi avec autant d'assiduité que ceux d'été et d'automne (les actuels, donc).
Après quelques clics, me voilà sur Nautiljon. Tout occupé que je suis à slalomer entre les hentai (je savais pas qu'ils en présentaient, sur ce site), mon regard tombe sur un anime au nom accrocheur et au style graphique qui ne me laisse pas indifférent. Et pour cause : il me semble reconnaître un anime que j'ai déjà découvert, ce que me confirme rapidement le nom de l'oeuvre en question. Soul Eater Not!. Sans grande conviction, mais intéressé tout de même, je copie/colle le titre suivi de la fameuse mention "01 vostfr" sur mon moteur de recherche préféré (qui est aussi mon ami d'enfance) et j'accède bien rapidement au très légal Hinata Online.

Avec paresse, je clique alors sur l'épisode que je souhaite visionner et j'arrive sur cette page colorée. Le code de la vidéo, après un léger lag, m'amène soudainement à l'une de ces mauvaises surprises dont on regrette immédiatement l'existence : merveille, ADN a licencié l'anime. Autrement dit ? Je m'en passerai.

Là, je vois un air sceptique sur votre visage. Deux raisons quant à cet air sceptique. Premièrement : que vient foutre l'acide désoxyribonucléique dans une histoire d'anime ? Deuxièmement : ça te dit rien, les préceptes moraux de générosité ? Tu fais un piètre ex-terminal L.
(Ah, et interdiction de traiter davantage sur ma flemme en me rétorquant "Pourquoi tu cherches pas plus, gros bouffon ? Ca se trouve en streaming gratuit, la preuve, tu regardes Fairy Tail alors qu'il est aussi licencié". Merci. é__è)

Je vais répondre à la première. Anime Digital Network, pour ce que j'en sais, est un site de streaming "légal", une plateforme officielle de diffusion de mangas animes sous titrés en français. Officiellement, ils permettent, bons samaritains qu'ils sont, une plus large diffusion de la culture nippone sur notre cher et tendre hexagone. Certains animes à succès sont licenciés de la sorte, sur leur site, et ils semblent avoir des accords commerciaux avec Kodansha (c'est en tout cas comme ça que j'explique la présence de Fairy Tail sur leur site qui est, je le rappelle, l'éditeur papier du manga original de Hiro Mashima, mais on s'éloigne du sujet). Leur principe ? Permettre aux abonnés de découvrir ces merveilleuses œuvres triées sur le volet, pour quelques rémunérations financières. Evidemment, les rémunérations, ils peuvent difficilement faire sans : ils ont des employés à payer, sans compter l'entretien des droits et tout le toutim !
D'autres sites de la sorte, avec des fonctionnements parfois légèrement différents, existent bien évidemment. Après tout, la France est le deuxième marché mondial des mangas ! C'est pas rien, et Wakanim, pour ne citer que lui, l'a également très bien compris. Shingeki no Kyojin, Sword Art Online, Haikyuu, Kill la Kill, Tokyo Ghoul, ça vous dit quelque chose ? Et bien voilà, ils en possèdent les droits et théoriquement, vous ne pourrez trouver le vostfr nulle part ailleurs que sur leur site. Sauf que eux sont moins 'mesquins' que chez ADN : plutôt qu'un abonnement mensuel, ces adorateurs du Japon proposent une publicité obligatoire (pas d'Adblock, désolé) avant leurs vidéos ainsi qu'une possibilité de jouir desdites vidéos gratuitement pendant un délai de 5 semaines (de mémoire). Après ça ? Soit vous louez l'épisode, et je dis bien l'épisode, à 0.79 euros pour une durée de 30 jours, soit vous l'achetez indéfiniment pour une somme d'1.58 euros. Pas grand chose, hein ? D'autant plus qu'en bons commerciaux, ils laissent le premier épisode gratuit, pour vous mettre l'eau à la bouche s'il vous inspire.
C'est ainsi que pour visionner l'intégralité d'Haikyuu sur leur plateforme, vous devrez débourser 18,17 euros, et ça seulement si vous désirez visionner l'oeuvre une seule fois. Si vous voulez en profiter selon votre bon vouloir, et pendant plus d'un mois, ça monte à 36,34 euros. Dure loi du marché.

Je repose ma calculette pour passer à la deuxième question, qui concerne ma générosité. Ouais, 36,34 euros, c'est pas grand chose ! Ça fait pratiquement 4 euros de l'heure (ouais, je repose ma calculette pour de bon) alors que le SMIC est approximativement deux fois plus haut. En gros, c'est loin d'être impossible à gérer, surtout en demeurant raisonnable.
Sauf que c'est pas ça qui me gêne (enfin pas totalement), c'est le rituel funeste qui accompagne cette exacerbation du système capitaliste jusqu'à la toile virtuelle. Maintenant, je vais revenir à mon expérience d'aujourd'hui pour l'exprimer plus clairement.

J'ai connu One Piece grâce aux animes. J'ai tout de suite accroché, j'ai dévoré les épisodes, j'avais, de mémoire, 11 ou 12 ans à l'époque. J'ai suivi l'aventure, même si j'ai parfois décroché comme à Thriller Bark (bouh le vilain), et j'en suis devenu un fan inconditionnel, vouant un culte illimité à la gloire de notre Seigneur Oda, sans qui bien des dimanche seraient fades (ouais, le streaming illégal, c'est le dimanche pour One Piece). Et j'ai fait un petit calcul pour vous :
Alors que je n'aurais pas pris la peine de payer les quelques 666 épisodes de One Piece à hauteur de 0,79 euros par épisode (le prix d'une PS4, bordel de merde), je suis tout de même l'heureux propriétaire de quelques 360 euros en possession One Piece en tout genre (et encore, je reste relativement gentillet). Pourquoi diable ? Comptez 18 tomes One Piece, pas moins de 8 figurines de nos chers héros, un drapeau de Barbe Blanche, un chapeau d'Ace, un porte clé Mugiwara et surtout deux jeux rayonnant sur ma PS3 ainsi qu'un autre sur ma Wii.

Le plus drôle ? C'est que j'ai aussi converti mon frère, qui possède une collection de figurines qui ferait passer la mienne pour le groupe de cafards fraîchement capturés d'un moujingue de 6 ans tout juste sorti de sa classe de CP et encore incapable de parler un traître mot de français.
Voilà une chose qui ne serait jamais, ô grand jamais arrivée si je n'avais pas eu l'opportunité de profiter de One Piece en streaming illégal.
Le plus navrant ? La tendance du streaming légale a tendance à se répandre comme un lapin se reproduit. Il y a deux ans, je n'avais absolument jamais entendu parler ni d'ADN, ni de Wakanim. Ces phénomènes ont pris de l'ampleur et sont devenus ce qu'ils sont aujourd'hui : deux géants de l'industrie animes sous titrées en français, en tout cas sur le net. Ce que ça veut dire ? Que, quelque part, on restreint l'accès aux mangas en vostfr à une certaine classe de la population. Si j'avais demandé ne serait-ce que 30 euros à payer par carte visa à ma chère mère afin de profiter du contenu d'Haikyuu (manga de volley, pour les plus ignares) sur Wakanim, elle m'aurait probablement acheté un ballon et m'aurait gentiment désigné notre jolie propriété verdoyante avant de me gratifier d'un courtois "T'as qu'à jouer comme tout le monde".

En conclusion, je pense qu'ironiquement, au lieu de profiter et de fortifier un média grandissant (parce que je pense fermement que les mangas sont un média, ouep, en tout cas certains d'entre eux), le streaming "légal" agit de sorte qu'il réprime ledit média. Alors que les mangas profitent bien souvent de leur adaption anime pour se faire un nom (et là, les exemples sont légions, surtout en France où nous n'avons pas de "Weekly Shonen Jump" pour nous mettre les 20 shonens les plus appréciés du moment en pleine face), on empêche justement aux animes de créer cette vague de popularité dont jouisse tant d'auteurs... Et c'est dommage. Même si j'admets qu'à côté, il est toujours bon de créer un revenu supplémentaire pour les boites d'animation nippones. Après tout, Katekyo Hitman Reborn s'est arrêté uniquement parce qu'il ne donnait plus suffisamment de revenus par rapport aux dépenses exigées... (Petite parenthèse, mais quand on considère la bouse astronomique qu'est la fin du manga, on se dit que c'est un coup du sort pour nous préserver, c'est certain)
De fait, si tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir pour autant : c'est pour cela que je vous encourage à profiter des œuvres de Wakanim tant qu'elles sont gratuites.
(Oui, j'avais envie de me passer le temps, puisqu'on m'empêche de profiter de Soul Eater Not!...)

_________________

Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.

Intéressant comme post. Sinon ouais, au Japon le manga est un média, là où chez nous c'est vu et traité comme un genre particulier de bande-dessinée.

Wakanim et ADN proposent ce qu'on appelle du Simulcast. A la base, la fantrad c'était une réponse à une situation qui ne convenait pas aux amateurs d'anime, qui devaient attendre que les distributeurs puisse obtenir les droits d'importation, puis qu'ils doublent les épisodes avant de vendre les cassettes (assez cher), quand ça passait pas à la télé. "Pourquoi attendre des mois pour une traduction approximative quand on pourrait simplement sous-titrer peu de temps après la sortie au japon ?"

Donc à la base, l'idée c'était d'avoir une alternative en attendant que le système propose quelque chose de plus correct. Et on a le même souci dans d'autres domaines, comme les séries. Les séries US mettaient pas mal de temps avant d'arriver par chez nous, à la télé ou en DVD. Puis la VOD est arrivée, mais perso, vu les prix proposé, ça ne m'a jamais intéressé. Donc là aussi, fantrad. Sauf que la télé, consciente de la nécessiter de devoir évoluer pour maintenir ses audiences, a commencé à se bouger. Aujourd'hui sur certaines chaines, les derniers épisodes passent le lendemain de leur diffusion US, avec des sous-titres. Il y a aussi les sites comme Netflix avec leur offre très intéressante.

Pour les anime, c'est la même chose. L'idée avec le simulcast, c'est de proposer quelque chose de légal, mais de correct. A partir du moment où l'anime est licencié par un site de simulcast, il est normal qu'on "arrête" de le fantrader (ouais, j'invente des mots). Le truc c'est que le simulcast modifie la façon dont on doit "consommer" les anime. Là où parfois on aime bien enchainer un anime plus ancien d'un seul coup, ici ça nous oblige à suivre la parution, mais du coup on peut (pour l'instant) en bénéficier gratuitement.

Je ne suis pas en train de dire que le streaming/téléchargement est mauvais. C’est d’ailleurs assez hypocrite de la part de certains de dire que ça va « ruiner » l’industrie, quand la popularité de leurs œuvres est largement due à cette consommation pas trop légale. Une étude de l’influence du piratage sur le marché du disque concluait d’ailleurs que le piratage contribuait justement à la croissance ce marché. Il suffit de voir Game of Throne pour s’en convaincre de toute façon.

Par contre, point intéressant que soulève le chef otaku dans sa vidéo sur les fantrad et simulcast, on est à un moment de transition et peut-être que dans vingt ans, le simulcast sera le seul moyen d’accès aux anime.

Sinon, tu trouves les épisodes sur Wat en tapant soul eater not vostfr sur google.

_________________
C'est monsieur, hors-rp...

Soul Eater Not! me motivait pas plus que ça en fait, c'était surtout parce que je glandais et que je me suis dit "Tiens, et si je regardais un anime ?". Soul Eater, au départ en tout cas, j'appréciais... Après, j'ai quand même un peu décroché, surtout à cause du pouvoir de l'amitié encore plus abusé que dans Fairy Tail (Ouais ouais, ça existe xD).

Pour ce qui est de trouver les oeuvres que je cite en torrent, ouais, ça doit être possible. Maintenant, le fait est qu'ADN (et surtout Wakanim, très fort dans le domaine) ne se gênent pas pour faire fermer des blogs ou des sites qui répertorient les vidéos traduites "illégalement". De fait, alors que certains mangas comme Shingeki no Kyojin devraient être trouvables en quelques clics, là, la recherche doit être un poil plus profonde (c'était le cas quand ils traduisaient l'anime, tout du moins, j'imagine qu'avec le temps qui passe ils se concentrent davantage sur les séries en cours pour leur répression).

Quant au fait que la gratuité finira toujours par triompher, je pense que c'est vrai tant que ces plateformes ne jouiront pas d'une trop grosse popularité. Pour le moment, ils manquent certainement de main d'oeuvre... Maintenant, si leurs employés commencent à tous rechercher des sites "illégaux" pour les faire fermer, ça risque de devenir ingérable pour trouver des vostfr potables et non payantes. Le fric est une arme, les sites amateurs en ont souvent besoin et font appel à des dons... C'est sûr qu'un système comme ça est condamné à échouer face aux géants qui gagnent par la pub, les abonnements, j'en passe et des meilleurs ^^

Maintenant ouais, Oda lui-même ne se gêne pas pour dire qu'il apprécie les petites avancées qui permettent aux gens de découvrir son manga gratuitement. Je me souviens d'un texte où il disait qu'il ne savait pas que les bibliothèques étaient bien souvent remplies de mangas et qu'il était content de savoir que des enfants démunis pouvaient en profiter sans devoir débourser. Que ce soit un rôle qu'il se donne ou qu'il soit réellement satisfait d'un phénomène de la sorte, il est clair que dans les deux cas, il est gagnant : c'est le même système qu'avec la lecture en ligne ou la vostfr illégale, justement, il permet à un large panel de personnes qui n'ont pas forcément les moyens de s'intéresser au manga, et ces personnes finiront tôt ou tard par le lui rendre (surtout s'il s'agit d'enfants).

Un autre phénomène qui doit s'en frotter les mains, c'est le manga télévisé en VF. Si les jeunes ont plus de mal à quitter cette plateforme parce qu'ils ne trouvent pas de correspondance sur le net qui leur permette d'aller plus loin, ils s'en contenteront certainement.

_________________

Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.