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Eden Chapter
Le Passeur
Eden Chapter
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Feuille de personnage
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Mar 12 Nov - 20:14
Appel d’offres
Feat. Edward Lawrence & Jiva



Chaque homme doit mourir.

C’est ce qu’on lui a toujours dit. C’est ce que vous lui avez toujours dit. Chaque homme doit mourir. La seule vérité universelle. La seule par laquelle vous juriez. Celle qui régissait toute votre existence.

Chaque homme doit mourir. Autour de celle-là, les pierres se dressent comme d’autant de preuves. Autant de marques de cette vie que vous avez vouée, presque exclusivement, à cette doctrine. Cette évidence que vous éleviez au rang de dogme. La seule équité.

Vous la lui avez inculqué avec tant d’insistance, face à la nécessité que celle-là la porte un jour à son tour, vous libérant de son fardeau. Vous la lui avez assené, comme si c’était la seule chose qui comptait. Il allait de soi que son existence, lorsque son tour viendrait, serait définie par ce principe sacré. Celui qui ordonnait toute chose.

Longtemps, celle-là ne l’avait nullement questionné. Trop longtemps, sans doute. Le doute n’avait jamais fait partie de l’apprentissage. Celle-là avait dû, comme vous le vouliez, construire sa conception du monde autour de cette maxime. L’ordre des choses n’en avait pas réellement été bouleversé.

Des poignées de terre, jetées à la volée. S’amassant, loin sous ses pieds, recouvrant peu à peu une moue désapprobatrice jusqu’à la voir disparaître. Les nuits sans lune, l’image lui revient. Chaque homme doit mourir, vous l’affirmiez sans hésitation. Celle-là n’avait fait que vous écouter. Elle avait huit ans.

Un journal mal roulé bat au vent dans sa main gauche. Celle-là s’était demandé, un temps, quoi croire. Vous, ou eux ? Fut un temps où la réponse aurait été évidente.

Celle-là avait voulu en avoir le cœur net. Les vents l’avaient portée jusqu’ici, sur cette île maudite que ses pieds n’avaient pas foulé depuis deux décennies. Au sommet de cette butte qui hante aujourd’hui encore ses pensées. La confirmation était tombée comme un couperet. Cette fosse effondrée, éventrée, abandonnée. L’outrage lui avait coupé le souffle. Ainsi donc, vous aviez menti.

Chaque homme doit mourir. Une vérité simple, à laquelle tous sont tenus. C’était ce que vous lui avez inculqué. Mais cette page froissée et cette tombe abandonnée semblent inexorablement pointer que tout cela n’était que mots au vent.

Le vertige la prend, ses genoux se dérobent sous son poids.

Chaque homme doit mourir.

Quel appel est donc assez puissant pour vous faire déroger à une loi primordiale de l’univers ?

Une râle de frustration se perd dans les salins. Dites-lui, Père ; celle-là mérite au moins de savoir.


_________________


- ...

Peur ?

La chandelle déjà vacillante manqua de s’éteindre une bonne fois pour toutes. Les ombres dansèrent sur les murs, s’allongeant dangereusement l’espace d’un instant, avant de regagner leur juste place. Pensaient-ils réellement que c’était de cela dont il s’agissait ? Il laissa siffler un souffle bref entre ses dents serrées. Etait-ce le seul moteur qu’ils étaient capables d’envisager ? Pour lui, la caricature devait être cherchée. Mais eux ?

Des enfants. Des enfants qui couraient dans la boue, paniqués. Des enfants dont l’existence se résumait à une fuite en avant continue. La peur était leur seule réalité. Peur de la mort, peur du vide, peur de l’oubli. Ils se terraient dans leur lit, une pauvre veilleuse faiblarde comme seul rempart contre le noir.

Peur ?

Il jura. Le fauteuil bascula, tonnant contre le plancher d’ébène, tandis que son poing percuta le mur. Un grognement rauque se fit entendre en même temps que le craquement de ses phalange. Son poing appuyé, il se pencha en avant, haletant. De lourdes gouttes de sueur passèrent devant ses yeux.

Qu’est-ce qu’ils y connaissaient ?

Chaque homme doit mourir. C’était ainsi.


_________________


- … j’peux t’assurer qu’à partir de ce moment-là, il est plus revenu montrer sa trombine par ici, ça j’peux te l’assurer!

Reïkah n’avait jamais été du genre bavarde. A vrai dire, les gens bavards lui tapaient sur le système. Une affaire discrète était une affaire réussie, c’est ce que La Nonne lui avait toujours appris. Et la Nonne ne se trompait jamais. Ceux qui avaient le besoin de se vanter de leurs exploits ne devaient pas avoir accompli tant que ça.

- Enfin, tout ça pour dire que...

Elle s’interrompit, fronçant les sourcils. Tout ça pour dire quoi ? Elle avait perdu le fil de ses pensées. Pensive, elle baissa les yeux en direction de la dalle creuse, là où se trouvait le livre. Comment en était-elle arrivée là ? Elle n’avait jamais été du genre bavarde, ça elle était sûre de l’avoir dit. Pour le reste…

- Dites, vous avez dit que…?

Sa question resta en suspend. Elle resta un instant immobile, leva un doigt, le baissa, regarda à nouveau la mosaïque au sol, tourna de gauche à droite, plissa les yeux, fronça son cerveau. Derrière elle, le coucou mécanique chanta, la réveillant en sursaut. Elle cligna plusieurs fois des yeux, comme pour se faire à la luminosité ambiante. L’odeur de l’encens lui chatouilla les narines, et l’echo de son flot de paroles interrompues s’effaçait déjà au loin.

D’un air soucieux, son regard balaya à nouveau ses alentours, l’assurant qu’elle était, comme toujours, entièrement seule. Elle se baissa, toucha la mosaïque en ces trois points dont seule elle avait le secret. Le livre était bien en place.

- T’es con, Reïkah, laissa-t-elle échapper d’un ton désinvolte, un sourire au coin des lèvres.

Puis elle retourna à ses comptes.

_________________

Une île de sauvages décérébrés. Voilà où il est. Le corps démembré qui gît à la porte n’est qu’une confirmation de plus. Des singes savants, qui vouent leurs vies entières à un œuvre dont ils ne comprennent rien. Qui cherchent désespérément à s’élever vers le ciel, alors même que la Création les a dépourvus de toute âme.

Il en sait quelque chose ; lui-même a depuis bien longtemps accepté son statut d’objet doué de vie, d’outil ignare soumis aux caprices fugaces d’êtres dont les desseins le dépassent. Ou presque. Il s’évertue souvent à ne pas poser de question ; il écoute et il exécute, en bon chien de garde. Il fond, il frappe, il tue. Une balle de fusil n’a pas de volonté propre. Mais elle a son histoire. Comme lui. Comme ce pauvre type, dont la rigueur mortuaire a figé sa stupeur. Il sourit tristement. Souvent, ce n’est ni la peur, ni la douleur, ni la colère qui marquent les visages de ceux qui tombent. C’est la surprise. Personne ne se lève le matin en s’attendant à mourir.

Léon retire ses lunettes un instant. Ses yeux écarlates se closent tandis qu’il énonce silencieusement quelques pensées pour ce corps anonyme. Il n’y a pourtant personne pour le voir. Le vieillard a imprimé sur lui, plus qu’il ne l’aurait souhaité. Cela ne lui plaît pas.

Une légère odeur d’anis et de naphtaline flotte dans l’enceinte du manoir ; il fronce le nez, faisant remonter ses lunettes. Un bref hochement de tête signale son arrivée à l’explosif Nébula, puis son regard parcourt la pièce, plaçant en une seconde les présences qui le préoccupent. Il s’installe dans un coin, près de la porte d’entrée, les mains croisées derrière son dos. Nul besoin de s’avancer plus ; il connaît son rôle à la perfection, et il n’implique pas les projecteurs.  


_________________


Ses yeux sont clos. Il est assis contre l’escalier, jambes pliées devant son torse, bras longilignes tombant au sol. Son dos s’appuie contre la rambarde ; il n’aime pas l’espace vide que cela laisse derrière lui. Trop de temps a passé.

Aucun souffle ne semble soulever sa poitrine, aucun pouls ne semble battre ses poignets. Le grand ours est là, parfaitement immobile. Il ne fait qu’un avec les murs.

Pourtant, il n’est nullement paisible. Chaque fragment de son corps momifié se rappelle à lui de la plus odieuse des façons. Un froid intense rampe lentement sur sa peau, promettant peu à peu de l’envelopper entièrement. Un feu ardent consume ses articulations. Un bourdonnement sourd vrombit au fond de son crâne, juste derrière ses orbites ; là où il n’a aucune chance de l’atteindre. Ne lui parlez pas. Quoi que vous fassiez, ne lui parlez pas.

Trente minutes. Est-ce qu’ils ont la moindre idée de ce qu’ils lui infligent ? De ce qu’ils lui font subir ? Cela n’a pas été convenu. Ces parvenus traitent le temps comme s’il s’agissait d’une ressource illimitée. Qui peut se permettre cela ? Certainement pas lui.

Il ouvre les yeux, à grand peine, lorsque le bruit se fait à nouveau plus pressant. Il a envie de leur hurler de se taire. Il a envie de les foutre à la porte, tous autant qu’ils sont. Il ne fait qu’ouvrir les yeux en serrant les dents. Aucun geste, aucun souffle ne trahit qu’il est encore présent. Il ne peut qu’observer.

Et il la fixe. Dans toute son arrogance, dans toute sa sauvagerie. Dans son irrévérence complète envers les lois les plus fondamentales. A cet instant, il sait. Il sait tout ce qu’elle représente. Il sait tout ce qu’elle menace. Il sait toute la haine qui le dévore. Il sait qu’il souhaite être aux premières loges pour voir cette étincelle s’éteindre au fond de ses iris. Il sait que dans une autre vie, il s’en serait chargé lui-même. Et il sait, plus que tout autre chose, que cette possibilité lui a été dérobée, et qu’il ne la retrouvera jamais.

Il voit à peine le fier samouraï qui prend place dans la salle, étouffé par son orgueil. Il voit à peine son capitaine qui l’invective. Il voit à peine le jeune homme aux cheveux noirs qui se déplace d’un air désinvolte, l’air de rien, se plaçant discrètement entre l’épéiste et lui. Il ne voit qu’elle, et la salive qui s’écoule de ses babines retroussées.

Lorsqu’elle aboie, lorsqu’elle mord, il ne peut rien ; il ne peut pas bouger un doigt. Il ne peut pas saisir l’occasion, comme il l’a toujours fait. Il ne peut qu’observer, comme une statue de cire, maudissant en silence tout ce qu’il peut ; des générations d’esprits escrocs qui l’ont dépouillé de tout. Il les hait. Il la hait. Il se hait. Il ne peut qu’observer, tandis que le monde tourne sous ses yeux.

Sans lui.






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[Pillage] Appel d'Offres - Page 2 WUPhkz9
"Avant moi rien n'était, nul ne fut enfanté,
Hors les êtres crées d'éternelle substance,
Et moi je suis comme eux, car j'ai l'éternité,
Vous qui passez le seuil, laissez toute espérance."

Dante Alighieri, La Divine Comédie
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