Que dire au lendemain des tragédies qui viennent de nous frapper en plein coeur ? Que dire qui n'a pas déjà été dit ? Qui n'a pas déjà été écrit ? Il serait difficile de ne pas tomber dans le banal en pensant aux familles des victimes de ces événements...
Impensable... Ou plutôt, inacceptable. Tomber dans le banal ? Après de telles chose ? Depuis quand cela nous semble-t-il normal d'entendre de telles paroles ? Depuis quand ces faits arrivent assez souvent pour que l'on finisse par risquer de tomber dans le commun, dans le normal, dans le banal ?
Faire une minute de silence en hommage aux victimes ? Le silence est une chose que l'on n'a que trop pratiqué ces derniers temps. Se taire et détourner le regard sont les deux choses qui ont fini par aboutir à de telles tragédies. Parce que ces choses nous semblent "normales", "descentes", il convient de ne rien changer et de continuer... D'attendre la prochaine tragédie.
L'heure n'est pas au silence, pas même pour une minute. Il convient davantage de justement se mettre à parler, à hurler notre douleur, nos incompréhensions, nos doutes, nos angoisses, mais aussi notre rage, notre conviction et notre détermination. Cela ne ramènera pas à la vie ceux qui sont tombés sous le feu d'une guerre dont ils ne voulaient même pas prendre part, dont ils n'avaient pas conscience d'être les soldats, comme nous tous. Mais contrairement au silence, cela permettra peut-être de faire changer les mentalités, de faire comprendre les choses, mais surtout, d'empêcher que ce genre de chose ne vienne à se reproduire à l'avenir.
L'heure n'est plus au recueillement, ce dernier ayant duré trop longtemps. Il est désormais temps de cesser de regarder ces corps sans vies, non pas pour les oublier, loin de là, mais pour changer la tristesse que nous apporte leur vue en une volonté inébranlable de tout faire pour que plus jamais nous n'ayons à revivre de telles choses. Derrière chaque colère se cache de la souffrance... Et la souffrance de notre pays, de notre patrie, en est à un point où elle pourrait déchirer n'importe quel coeur, n'importe quelle âme. Il est temps de changer cette souffrance, cette tristesse, en une colère et une rage qui deviendra une même force, une même conviction, dans le coeur et l'âme de tous, pour avancer et endiguer les responsables qui nous menacent.
Ces derniers sont nombreux. Qu'il s'agisse des exécutants appuyant sur la gâchette, des commanditaires qui demeurent cachés, de nos responsables coupés de la réalité qui n'ont pas le courage d'agir et de prendre des mesures pour éviter que cela ne se reproduise. Ces mêmes chefs qui affirment qu'il convient de "vivre avec ce terrorisme"... Jamais la moindre déclaration ne m'a autant soulevé le coeur que celle-ci. Apprendre à vivre avec la peur de voir la vie d'innocents disparaître dans des tragédies et des assassinats aveugles... Quel genre de leader pourrait lancer de telles idées ?
Des chefs, il en existe de toutes les sortes. Et jamais il n'en a existé un qui n'ait pris que des bonnes décisions. Mais ceux qui ont toujours été respectés, ceux qui ont toujours été aimés, même lorsque leurs choix se montraient durs, nets et radicaux, ceux-là avaient tous deux points communs : ils ne prenaient ces décisions que pour le salut de leur peuple, mais surtout, ils assumaient ces choix entièrement. Depuis combien de temps n'a-t-on pas entendu l'un de nos leader ou prétendants à ce poste, assumer la moindre conséquence de ce qui a pu se passer au cours des dernières années ? Depuis combien de temps n'avons-nous pas eu des discours autres que ceux de compassion et de promesses tournées vers l'avenir, sans chercher les causes dans le passé, assumer les erreurs commises, afin de les rectifier et éviter les mêmes tragédies ? Depuis combien de temps n'avons-nous pas eu de véritable dirigeant, qui se chargerait de gouverner sans se soucier de son image, sans chercher à fuir ses responsabilités ?
Aujourd'hui, c'est le peuple qui se retrouve entre le marteau et l'enclume. Entre ceux qui ont juré leur perte parce que nous avons des convictions différentes des leurs, des croyances, des opinions, une volonté, contraire à leurs idéaux. Mais aussi entre ceux qui nous dirigent, incapable de prendre non pas les bonnes décisions, mais de réelles décisions. J'entends toujours parler d'augmentation des effectifs, d'augmentation des moyens. Mais quand comprendront-ils que soigner des symptômes et non la cause de la maladie, revient à mettre un pansement sur une jambe de bois ?
En cette heure, il est donné davantage le moyen d'interrompre les crimes, de confronter les auteurs de ces derniers... Mais pour quelle finalité ? Quel est l'intérêt d'arrêter des criminels, de faire ce travail en continue comme le font les forces de l'ordre, si pour qu'au final, ces mêmes personnes ne finissent à nouveau dehors, quelques heures après avoir été arrêtées. Quel résultat ? Des centaines de milliers de représentants des forces de l'ordre s'évertuent à faire un travail de longue haleine, sacrifiant jusqu'à leur vie personnelle, se noyant dans des procédures à foison, pour qu'au final, lorsque leur travail devrait finir par payer, ils ne finissent par voir cette justice qu'ils ont juré de servir, leur tourner le dos et balayer tout ce travail, tous ces efforts.
Et au nom de quoi ? D'effectifs en établissement carcéral déjà à leur maximum ? D'absence de place en prison ? De directives ministérielles ne demandant rien d'autre que "du laxisme" ? Et l'on s'étonne après de voir des individus arrêtés à plusieurs reprises pour des faits impliquant violences, menaces, et autres choses du même genre, faire la une de tous les journaux après avoir commis un massacre d'inconnus et d'innocents ?
Combien faudra-t-il de femmes, d'enfants, de mères, de pères, de fils, de filles, d'amis, d'époux et d'épouses, avant que l'on ne finisse par comprendre que quelque chose va mal, que ce système que l'on pointe du doigt mais qui ne change jamais, doit être frappé à grand coup de masse pour devenir le socle de quelque chose de "mieux", de "plus adapté".
Si l'on avait tenté autre chose et que cela n'avait pas marché, la faute en serait plus facilement pardonnable. Mais pour l'heure, aucune vraie mesure, aucun vrai changement, n'a été effectué dans ce sens. Une réponse pénale toujours trop laxiste pour des faits de plus en plus grave. Cette remarque s'applique à l'ensemble de la hiérarchie qui gère ce système. Du ministre aux directives coupées de la réalité, sans logique, sans savoir ce qui se passe au sein du peuple, jusqu'au magistrat appliquant cette décision pour rester dans les limites déraisonnables de la bêtise que ses chefs lui fixent.
Nous sommes soixante-cinq millions à ne pas connaître les victimes de la tragédie qui est survenue récemment. Ils ne sont que quelques centaines à connaître ces personnes dont les corps ont été laissés sans vie. Et pourtant, leur douleur, leur peine, leur chagrin, nous les ressentons tous lorsque nous les voyons s'exprimer. Et la peur que nous ressentons est la même pour tous : la peur que demain, nous faisions parti du même groupe d'infortunés devant supporter la perte d'un être cher. Plus que la peur de disparaître nous-même, c'est la peur de voir nos proches être pris dans cette guerre qui dépasse nos chefs ou que ces derniers veulent. Cette guerre dont le résultat est une peur que l'on nous dit être "une nouvelle ère avec laquelle il faut vivre".
Mais peu importe le genre de peur à laquelle nous faisons face. Celle-ci se doit d'être combattu. Vivre avec ? S'y habituer ? Autant se terrer dans un trou à attendre de voir sa fin venir. C'est sans doute ce que veulent ceux qui orchestrent ce genre de choses. Pour ma part, je n'ai jamais été du genre à donner à ce genre d'individu ce qu'il désire. Aller à l'encontre de leurs espérances, de leur volonté. Juste pour les voir grincer des dents et mettre en ruine leur plan, leur faire comprendre que ces derniers ne marcheront pas, peu importe leur volonté de nous faire choir, de nous anéantir.
La peur se combat avec la volonté, la force, mais surtout avec l'esprit, la rationalisation et l'adaptation. Chaque jour qui passe, j'ai cet espoir de voir apparaître quelqu'un qui serait capable de comprendre ces faits, de faire changer les choses, de s'adapter pour contrecarrer les menaces auxquelles nous faisons face. Mais en même temps, j'ai de la peine pour lui, car lorsqu'il s'agit de changement, cela suscite généralement la peur chez ceux qui en font l'objet. Et rares sont ceux capables de s'afficher ouvertement pour soutenir une telle personne. Indubitablement, si une telle personne apparaissait un jour, ou si l'un de nos dirigeant se trouvait la conscience et la présence d'esprit de changer pour devenir cet homme, il ne pourrait rien faire seul.
Que pouvons-nous faire alors ? Favoriser l'émergence de ce genre de personne en montrant notre volonté de voir les choses changer, en hurlant cette volonté, sans jamais s'arrêter, pour affirmer un soutien sans faille à quiconque pourrait un jour se montrer assez digne d'en être le représentant. Espérer voir un jour l'émergence d'une justice, d'une force de répression, assez droite, assez logique, assez honnête, pour faire peur à tous ceux qui auraient un jour à se retrouver devant elle. Une justice dissuasive, une justice absolue, capable d'empêcher que ne germe dans l'esprit d'individus malveillant ne serait-ce que l'idée de se mettre en travers de son chemin, de s'opposer à elle ou de la tromper par la ruse, la fourberie ou le mensonge. Une justice aveugle, comme elle est censée l'être, dans le sens où elle ne fait pas d'exception, pas de compromis. Une justice qui laisse apparaître dans nos esprits les mots "respect, force et droiture" lorsqu'elle est évoquée.
Mais une telle idée n'est portée que par de simples hommes... Comme vous, comme moi, comme votre voisin, vos amis, votre famille. Voilà pourquoi désormais, il convient de ravaler nos larmes et de changer notre tristesse en une force de conviction qui pourrait laisser émerger une telle idée, porter des personnes qui n'auraient pas peur de prendre des mesures, des décisions, en se souciant uniquement de l'efficacité de celles-ci et non de leur côte de popularité. Laissons notre chagrin muer en une colère dont la flamme ne serait que le reflet d'une seule et même nation, malade de voir ce genre de tragédie, malade de voir que rien n'est fait pour que cela n'arrive plus, embrasée par le désir de faire cesser ces abominations. Laissons ces personnes désireuses de voir la terreur dans nos yeux n'y trouver qu'une flamme inextinguible de conviction, de rage combative, qui leur fera comprendre que peu importe leurs efforts, ils ne nous feront pas plier le genou, ils ne pourront jamais nous ôter notre désir de vivre selon les valeurs que notre pays nous a inculqué.
Laissons ce feu qui brûle en nos âmes devenir la lumière qui nous guide en ces temps de troubles, qui nous pousse à agir plutôt qu'à être spectateur. Montrons leur que lorsque l'un des nôtres tombe, ce n'est pas un visage larmoyant, apitoyé, perdu, qui s'offre à eux, mais un visage remonté, sourcils froncés, mine renfrognée, et que nos larmes peuvent aussi bien mêler rage que tristesse.
Nous n'avons jamais demandé à devenir les soldats de cette guerre. Pas plus que nos enfants, nos parents ou nos proches. Alors montrons que nous faire prendre part à ce combat serait la plus grande erreur que ces personnes pourraient faire.
Que s'ils prennent ce chemin, ce n'est pas une armée qu'ils auront face à eux...
Mais une Nation...
Si vous aussi, ce message et cette volonté vous parlent, alors communiquez les à tous, pour que ces mots retentissent dans votre esprit à chaque fois que vous serez face à une situation où ils vous seront nécessaires... Où ils vous donneront la force de faire ce qui est juste, droit, nécessaire et honorable.