In The Wild

1505, Swallow.

Le Royaume de Luvneel. Depuis aussi longtemps qu'il s'en souvenait, ce passionnant pays n'était que le fruit d'un comte finement ficelé. Celui de l'histoire de Norland le Menteur. Mais depuis sa petite excursion en dehors des murs toilés de Swallow, tout ce qu'il croyait fictif malgré son désir d'y croire était soudainement devenu très réel. Sa rencontre avec la grande Ishtar De Lérhane, qu'importe son degré d'implication, avait bouleversé son monde, renforcé ses croyances et rêves. Si des Îles Célestes existaient bel et bien, alors le Royaume de Luvneel et l'île de Jaya que mentionnait le comte existaient sans doute aussi. Il s'en persuadait en en parcourant les lignes une énième fois sans même voir le lien qu'il existait entre les îles célestes et l'histoire de Norland le Menteur.

Il se mit rapidement en tête l'idée de partir à la découverte de Luvneel et sa plus grande inquiétude fut dans un premier temps de s'assurer que Juunen-san n'en sache rien. Il n'avait pas besoin de s'inquiéter pour lui et le ferait sans nul doute s'il découvrait que l'explorateur en devenir avait découvert qu'il existait des terres et peuples au-delà de Swallow. Il ne laisserait pas le caractère anxieux de son tuteur le priver du vaste monde qui ne demandait qu'à être arpenté. Décidé à commencer son aventure dès ce jour, il alla se cacher au nord de Swallow et essaya des heures durant de monter une petite barque. Il découpa un arbre, puis un second avant de se rendre compte qu'il ne saurait même pas par où commencer, qu'il ne saurait même pas transformer ce bois fraîchement coupé en planches. Abandonnant alors cette première idée, il ouvrit d'un coup de lame la toile dessinée par Juunen-san et observa derrière elle se dresser la mer qu'il avait à traverser.

Sans y donner plus de réflexion que cela, il se retrouva bientôt à une centaine de mètres de la côte de Swallow, puis cent mètres encore plus loin, jusqu'à ce que finalement la côte ne soit plus qu'un lointain souvenir. Perdu au milieu de la mer froide, il arrêta de nager un moment. L'effort incessant à travers lequel il avait poussé son corps l'avait quelque peu fait oublier son objectif. Trempé jusqu'aux os, une idée émergea sous sa chevelure écrasée par l'eau. S'il nageait vers le fond peut-être atteindrait-il de nouveaux lieux, une nouvelle mer, se dit-il crédulement. Il s'enfonça donc la tête la première vers le fond abyssal jusqu'à ce que bientôt ses yeux ouverts ne distinguent plus aucune lumière et qu'il sente un brouillard l'emporter peu à peu et que son corps ne remonte à la surface avec une lenteur assidue.

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1505, en mer.

Un océan de douleur s'échappant de ses poumons. Ce fut sa première sensation, depuis qu'il était tombé inconscient. Il avait alors ouvert les yeux un bref instant pour observer un ciel éblouissant malgré le brouillard qui obscurcissait son champ de vision. Refermant les yeux, il entendait un mélange de voix. Aucune n'appartenait à Juunen-san. Quelle aubaine. Il n'avait ainsi rien à craindre. Son esprit embrumé commença ainsi à lui renvoyer quelques souvenirs, lui rappelant ce qui l'avait mené jusqu'ici. Peut-être était-il parvenu à atteindre les lieux qui se cachaient à l'autre bout du fond des mers ? Peut-être aussi avait-il échoué, mais l'échec était rarement une option qu'il envisageait.

Ses paupières s'ouvrirent doucement avant de battre comme les ailes d'un papillon avant que ses yeux ne s'ouvrent finalement en grand, laissant découvrir ses gros yeux à la lueur rougeâtre. Observant du coin de l'œil qu'une personne était restée à ses côtés, il se redressa d'un bond, d'une pour faire bonne figure, mais surtout pour déterminer de sa réussite ou non, et si non d'où il avait atterrit. À l'horizon, du moins de ce qu'il en voyait, rien d'autre qu'un océan infini vêtu d'un ciel tout aussi bleu, parsemé de quelques nuages. Aucun indice, donc.

- Est-ce... Est-ce que j'ai réussi ? À découvrir un monde sous la mer ?

La singularité du visage de son sauveteur fit redescendre son excitation. Il n'avait guère besoin d'une réponse, finalement. À quoi s'attendait-il, à des hommes-poissons ? Qu'il pouvait être idiot parfois, s'était-il dit. Un soupir de désespoir l'amena à s'allonger de nouveau, les bras largement écartés, les yeux fixant l'immensité du ciel. Un petit moment de silence passa avant que le jeune explorateur ne lève une main pour fouiller dans son haut. Sa main ressortie finalement avec un livre à la couverture abîmée, le bouquin entièrement trempé. Pourtant, pour quiconque connaissait le comte, l'ouvrage restait reconnaissable. Le dessin du célèbre explorateur en première de couverture qui était si familier aux habitants de la mer du nord. Le jeune porteur du D se redressa à nouveau et ouvrit le livre d'images à une page dressant le portrait du château abritant le roi du Royaume de Luvneel. Le jeune Goat pointa celui-ci du doigt en regardant le sauveteur inconnu avec insistance.

- Cette île ! Est-ce qu'elle existe, pour de vrai ?

Réalisant étonnement vite qu'il ne l'avait guère remercié ni fait les présentations, il ne lui laissa pas le temps de répliquer.

- Ah ! s'agenouilla-t-il finalement devant l'homme en tapant d'un petit coup son front contre le pont du navire sur lequel il n'avait pas même conscience d'être. - Merci de m'avoir sauvé ! Je m'appelle Daiki ! Goat D. Daiki ! Merci infiniment !

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1505, en mer.

Les yeux du jeune Daiki s'écarquillèrent lorsqu'il appris être au large du royaume qu'il espérait atteindre. Il était sacrément en veine, que toutes les planètes s'alignent pour que les flots marins l'emmènent là où il désirait aller. Le menton tendu par-dessus son épaule, il observa  les lointaines côtes de l'île avant que son regard ne soit attiré par le bras de son sauveteur qui lança un étrange projectile qui ne tarda pas à se transformer.

- Ooooooooooooh ! J'ai jamais vu un truc pareil ! s'extasia-t-il en faisant des grands gestes en direction de l'arbre à glaces.

Il goba une première glace d'une traite avant d'ouvrir grand la bouche et d'exprimer sa surprise via son volume habituel.

- C'est froiiiiid ! jeta-t-il sa plainte comme pour en être finalement débarrassé.

Beaucoup d'informations lui avaient déjà été données tandis qu'il luttait avec le froid qui ravageait ses dents et il n'était guère capable de tout enregistré dans sa petite tête.

- Ghetis D. Archer ! C'est marrant, toi aussi tu as ce « D. » ! s'étonna-t-il avant d'en rire à petite goutte.

Une ombre apparue au-dessus de lui. Il cru d'abord qu'elle était liée au redressement du brun aux cheveux longs mais une énorme créature rouge vint interrompre les festivités, détruisant l'arbre à glaces d'un coup de langue. L'adulte donna un nom à la bête et sembla s'adresser à elle de manière amicale, rassurant immédiatement Daiki. Partagé alors entre son envie de pleurer la destruction de l'arbre à glaces et celle d'exprimer sa surprise quant à l'apparition d'un dragon, il sembla rester bouche-bée un instant.

- C... C'est... On dirait un dragon ! se redressa-t-il lentement en cherchant un support sur quoi s'appuyer derrière lui.

L'Archer balança à nouveau une de ces étranges boules qui se transforma vite en un nouvel arbre à glaces mais le dragon rouge fut plus rapide que le Goat, qui lui, restait scotché devant la présence du dragon, les yeux remplis d'étoiles.

- Ce monde... est génial ! s'exprima-t-il de nouveau avec de grands mouvements tandis que Ghetis « D. » Archer forçait le dragon à garder sa gueule close après avoir envoyé un troisième arbre à glaces au sol.

Le jeune aventurier se jeta dessus, alléché par la magnifique couleur de la pistache. Ayant retenu la leçon, il ne goba pas d'une traite la glace, la savourant sans pouvoir s'empêcher de rire en voyant l'homme se débattre avec son ami-dragon. L'Archer remit le sujet de Luvneel sur la table, renvoyant l'esprit du jeune Goat vers le conte de Norland le Menteur.

- Je voulais partir découvrir le monde mais je n'ai pas réussi à monter une barque, alors je suis parti à la nage ! annonça-t-il d'un large et fier sourire avant de chercher à se souvenir de la question de l'Archer à propos de l'histoire de Norland. - Juunen-san m'a fait lire beaucoup de livres quand il m'apprenait à lire et à écrire, mais de toutes ces histoires, c'est celle de Norland le Menteur que j'ai toujours préféré ! Cette façon que le narrateur a eu d'introduire un mystère pour choisir de ne pas le résoudre et de donner une fin tragique à son personnage principa... il s'interrompit de son propre gré, réalisant finalement. - Attends... Quand tu disais, "l'île d'où venait Montblanc Norland"... Tu veux dire que cette histoire est vraie ?!

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1505, en mer.

L'aventurier en herbe découvrit qu'il y avait bien plus de vie qu'il ne le pensait en ce lieu, une découverte qui l'invita d'ailleurs à se lever et à observer le navire dans sa longueur. Jamais n'avait-il été sur un navire avant ça. Une minute encore auparavant, tout le monde -lui compris- riait de sa tentative de traversée à la nage. L'atmosphère sur ce navire était particulièrement chaleureuse et il s'agissait en vérité du premier exemple d'équipage que le futur pirate découvrait. C'était, pour tout dire, la première fois que le Goat passait un si bon et si simple moment en faisant parti d'un tout, d'un groupe. Il ne s'était jamais autant amusé avec autant de simplicité, sans avoir à faire de farce à Juunen-san.

Pour ne rien enlever à cette rencontre, il apprenait en plus beaucoup et la satisfaction était marquée sur son  visage tandis qu'il se retournait vers son interlocuteur.

- Je refuse de croire que la réponse à ce mystère soit aussi simple qu'un mensonge ! déclara-t-il en affichant son grand sourire habituel.

Apparemment, l'Archer aussi n'y croyait pas. Il en avait même fait une histoire de famille, semblait-il. Suivant le doigt du marin, Daiki observa sa fille s'entraîner avec un grand nombre de personnes, toutes bien plus grandes qu'elle.

- Atchou, c'est original, remarqua-t-il.

Il faisait l'idiot, mais la précision qu'elle était en fait historienne l'avait impressionné. Il ne connaissait pas grand chose -pour ne pas dire rien- à l'histoire mais pensait qu'il devait forcément s'agir d'un métier passionnant. L'homme aux longs cheveux noir donnait nombreuses informations, cent pour cent d'entre elles étant parfaitement inconnues du garçon au « D. ». Qu'il s'agisse de Grand Line, de Gold Roger le roi des pirates ou encore de Reverse Mountain, rien ne sonnait familier à l'oreille du jeune homme. Mais il était bel et bien captivé. Il avait quitté son île, quitté Juunen-san sans préavis. Il voulait explorer le monde et avait en effet besoin d'une équipe pour ça. Suite à la dernière remarque du marin aux yeux vairons, Daiki resta un moment à l'observer avec le sourire de cette personne prête à dire quelque chose mais préférant attendre voir si quelqu'un d'autre le dirait avant elle. Il se lança finalement après s'être affaissé contre la rambarde du navire et s'être mis à se balancer.

- C'est un bateau, c'est une équipe, j'ai peut-être déjà trouvé tout ce dont j'ai besoin ! annonça-t-il en riant innocemment, affichant ce fameux grand sourire qui à ce stade était un de ses signes distinctifs.

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1505, en mer.

Lorsque Atsu déclara qu'elle viendrait lui "exploser le menton" -pour reprendre ses termes exactes- le jeune fugueur eu un rire parfaitement innocent. Il était toujours prêt pour une bonne bagarre, la peur n'était pas un sentiment qu'il avait souvent expérimenté. Même Juunen-san ne lui faisait pas peur. Avoir peur pouvait pourtant avoir du bon et l'absence de ce sentiment lui coûterait à l'avenir.
Il ne pouvait pourtant qu’acquiescer, Atchou avait l'air très forte, un défi à relever, mais le sujet ferait peut-être surface de nouveau.

Lorsque le marin lui annonça ce que lui et son équipage représentaient, Daiki fut quelque peu perdu. Il avait mentionné un gouvernement. Il n'était pas sans connaître la définition d'un gouvernement mais ignorait combien il en existait et surtout lequel représentait le Vairon. Il lui sembla un instant qu'être sous les ordres d'un gouvernement serait peut-être trop liberticide à son goût, mais la mention d'îles posées sur des nuages lui fit rapidement oublier ce qui devint rapidement un détail.

- VOUS Y ÊTES ALLER ?! se lança-t-il en l'air les jambes écartées en avant, ne tenant sur la rambarde que par la force de ses mains pendant un instant.

Il se posa finalement sur ses deux pieds, ne tenant plus en place, les yeux vers le ciel après avoir jeté un rapide coup d'œil à l'ange à la tenue inappropriée, son regard rapidement bloqué par les mains du marine. Il ne comprit pas vraiment cette action. Ah, l'innocence. Hm, bref. Les yeux vers le ciel, son visage vit naître une grande passion.

- J'ai rencontré une femme qui venait du ciel, moi aussi ! Star, qu'elle s'appelait ! J'ai hâte d'explorer le ciel, rencontrer ses habitants, son histoire et voir comment ils vivent là-haut !

Ghetis Archer alla ensuite ouvrir une caisse, de laquelle il sortit un t-shirt blanc, au logo ne ressemblant pas à grand chose d'autre qu'un oiseau surplombant les lettres "MARINE". Le Goat reçu le haut dans ses mains et afficha une mine surprise. C'était la première fois qu'on lui offrait quelque chose. Levant le t-shirt haut devant lui, il le posa ensuite sur la rambarde avant de retirer son manteau quadrillé et sa veste avant d'enfiler son nouveau haut.

Il était un peu grand pour lui, mais qu'est-ce qui ne l'était pas. Il s'agenouilla si vite pour remercier le marine de son geste qu'il se frappa le front contre le plancher du navire.

- Aïe aïe ! Merci, Ghetis dit Archer !

Il se releva alors en frottant son front avant d'enfiler son manteau quadrillé par-dessus son t-shirt de marine.

- C'est l'début de l'aventure ! Vivement le ciel ! scanda-t-il en sautant sur place les poings vers le ciel. - Dans ta face, Juunen-san !

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1505, en mer.

Jaya. C'était la seconde fois qu'il mentionnait l'île. Elle serait l'île concernée par l'aventure de Montblanc Norland. Apparemment Ghetis en était le dirigeant, une information que Daiki ne saurait pas plus traiter que ça mais qui pourtant en disant long sur l'avancée de la quête du marine.

- 14 ans, lui répondit-il avant de le voir s'éloigner pour revenir vétu d'un long manteau blanc décoré et poser sur ses épaules.

L'adolescent se mit à rire en pensant à la tête que ferait Juunen-san s'il apprenait que quelqu'un était prêt à faire de lui son fils adoptif. Même lui n'avait jamais voulu utiliser de tels termes. Il était un mentor, un sensei, mais pas un père. Il avait par le passé été très clair là-dessus. Alors entendre Ghetis Archer être prêt à le considérer tel un fils lui fit un drôle d'effet, une joie infantile et timide. Alors qu'il allait lui répondre, la jeune Atchou le charia comme s'il était déjà de la famille. L'adolescent balafré se mit à rire lorsque le vairon s'entoura d'une aura teintée de bleu, poussant le Goat à croire qu'il était sur le point de s'énerver. Il dégluti avant qu'un mignon petit renard à trois queues n'apparaisse, faisant disparaître l'aura. Daiki ne comprit pas tout à fait mais fit tout de même le lien entre l'aura et le renard. L'adolescent s'agenouilla pour caresser la bête avant qu'il n'entende le mot qui fit disparaître tous les autres. Ses mains qui jusqu'alors caressaient le renard s'arrêtèrent et son regard amusé changea pour révéler des yeux particulièrement intéressés.

- Des sabres... légendaires ?

Mais le marine avait commencé à s'éloigner avec des déplacements plus qu'étranges pour le jeune aventurier qui ne savait pas à quoi il assistait là. Puis il disparu pour de bon avant de réapparaître quelques instants après équipé d'un drôle d'éventail. Il voulu lui donner un aperçu de ce que c'était de monter dans le ciel, l'invitant à sauter sur ce qu'il appelait un "gunbai". D'un naturel confiant, Daiki n'hésita pas une seule seconde à faire confiance au marine, partant du principe qu'il ne lui offrirait pas cette opportunité s'il n'était pas sûr que rien ne pourrait lui arriver. D'ailleurs Daiki lui-même n'envisageait même pas les conséquences. Jetant son pied droit en avant, il bondit sur l'éventail avant que l'Archer ne le soulève d'un grand coup, propulsant le Goat dans le ciel à une vitesse hallucinante. Il ne vit rien d'autre qu'un bleu saccadé par la friction du vent pendant un long moment jusqu'à ce que enfin son ascension ne ralentisse, lui offrant une vue époustouflante. De là-haut le monde lui paru si immense, la mer infinie. L'homme et tout ce qu'il engendrait lui apparu soudainement si petit, insignifiant. Le navire sur lequel il était il y a un instant, pas plus grand qu'un insecte. Vint soudainement la chute après un bref arrêt, comme une sensation de sur-place. Le vent lui frappa le corps entier, déformant son visage souriant. La vitesse à laquelle il chutait lui paru physiquement insoutenable avant qu'il ne s'y habitue. Après quoi le voyage ne fut que plus incroyable. C'était comme s'il planait, à haute vitesse certes, mais le sentiment y était. Le décor lointain se fit de plus en plus proche, laissant les nuages bien loin derrière lui jusqu'à ce que finalement ses yeux ne distinguent les silhouettes des hommes et femmes qui arpentaient le navire de la marine.


- JE SUIS LE ROI DU MOOOOOOOOOOOOONDE ! hurla-t-il de joie tandis que bien qu'il ne le réalisait pas son corps frapperait mortellement le sol ou la mer d'ici un instant si rien n'était fait.

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1505, en mer.

La chute du jeune porteur du D s'arrêta sèchement, si sèchement qu'il cru un instant que le haut de son corps s'était séparé du bas, déployant quelques larmes sous ses grands yeux teintés de rouge. Surpris de ne plus chuter ainsi que d'être entier, il tourna la tête à gauche, remarquant être sous le bras de l'Archer. Celui-ci commença à parler d'un certain Kuno Cup String, ou bien était-ce un Sumo Cup Stream...  Toujours était-il que c'était un nom bien étrange pour la description qu'il en fit. C'était donc ainsi que les habitants de la terre ferme pouvaient se rendre dans le ciel. Un peu trop déboussolé pour réagir, le Goat se contenta d'afficher un grand sourire qui reflétait plutôt bien son état d'esprit actuel. Cette expérience l'avait réellement enchanté et empli d'un bonheur particulier, celui que l'adrénaline provoquait.

Les yeux de Daiki descendirent finalement pour observer les pieds flottant dans le vide du marine.

- On vole ! Génial !

Ce dernier lui expliqua alors pourquoi il volait, allant même jusqu'à donner un nom au procédé sans pour autant lui expliquer réellement comment s'y prendre. Le Goat commença alors à remarquer que les pieds de l'Archer ne restaient pas immobiles en permanence, il commença à voir ses pieds frapper l'air à intervalle régulière jusqu'à ce que finalement il s'arrête. Daiki cru un instant qu'ils allaient rechuter mais l'idiot n'était pas connu pour avoir une bonne écoute. Il leva la tête, observant derrière Ghetis que son éventail possédait désormais des ailes.

- Wow ! C'est un oiseau qui a mangé le fruit de l'éventail, c'est ça ?! demanda-t-il les yeux émerveillés mais à côté de la plaque.

Le brun aux cheveux longs s'amusa alors à retirer son éventail de son dos pour le mettre sur celui de l'aventurier en herbe, le tout sans chuter. L'éventail suivit l'instruction du marine et s'attacha lui-même au jeune balafré qui fut soudainement soutenu non pas par Ghetis Archer mais par l'oiseau-éventail.

- Wow ! J'avais déjà volé mais d'avoir des ailes dans le dos c'est vachement mieux ! dit-il haut et fort tandis qu'il galérait pourtant à se tenir droit, les pieds dans le vide.

Il avait en effet déjà volé sur le dos de Ishtar mais ne pas avoir les pieds sur une surface dure était très différent. Il commença peu à peu à s'habituer à cette nouvelle sensation.

- Monte ! Virevolte ! donnait-il des ordres à l'oiseau-éventail qui les exécutait sans attendre. - OUAIIIIIS ! GÉNIAL ! s'exprimait-il joyeusement tandis que sa tête tournait dans tous les sens avant qu'il ne revienne près de l'Archer.

Celui-ci pris soudainement un ton assez sérieux et des mots qui le furent tout autant. Les yeux remplis de joie et de passion, le Goat bougeait la tête de haut en bas comme pour acquiescer aux dires de son "père adoptif". Il l'invita ensuite à admirer le décor, la mer, Luvneel. Daiki n'y avait pas manqué, c'était ce qu'il faisait depuis le début d'ailleurs. Le comte de Norland le Menteur donnait au château de Luvneel une apparence très respectueuse de la vérité, avait-il d'ailleurs remarqué malgré que celui-ci soit quand même loin. Pour tout dire, il vivait là sa meilleure vie. Il n'avait guère besoin d'exprimer sa joie, son bonheur était affiché de haut en bas de son visage.

- Une course serait équitable si tu avais aussi un oiseau-éventail ! Tant pis pour toi ! lui scanda-t-il en tirant la langue alors que déjà il donnait l'ordre au gunbai de foncer au navire.

Il croyait dur comme fer que l'oiseau serait plus rapide que cette étrange technique qu'utilisait l'Archer. Après tout, un oiseau était fait pour voler, l'homme ne l'était pas.

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1505, en mer.

Le Goat prit les devants, se persuadant avoir d'ores et déjà gagné cette course. Jetant quelques regards derrière lui, il narguait l'Archer avec amusement tandis que l'oiseau-éventail sur son dos faisait tout le travail.

- C'est gagné d'avance, en avant Gun-piaf !

Là, alors que l'oiseau-éventail peinait mais augmentait le rythme tout de même, l'Archer referma l'écart qu'il y avait entre eux, arrivant à peine quelques centimètres devant le jeune balafré avant de stagner à sa vitesse pour lui répondre avant de faire exemple de son entraînement. Daiki pu alors l'observer distinctement frapper le vide, sans pour autant pouvoir en compter les coups avant qu'il ne disparaisse pour réapparaître plus loin l'instant d'après. L'adolescent en resta bouche bée, laissant l'oiseau-éventail la liberté d'aller à un rythme très lent tandis qu'il observait tant bien que mal le marine atteindre le bateau d'une vitesse étonnante.

Le Goat arriva quelques secondes plus tard, porté par l'éventail-zoan, écoutant directement les explications de l'adulte tandis que ses pieds arrivaient à hauteur de la rambarde du navire.

- Sorry ? répéta-t-il tandis qu'il détachait la sangle accrochant l'éventail à son buste avant que celui-ci ne prenne une forme totale d'oiseau. Un oiseau aux couleurs multiples, magnifique qui tenait sur son épaule. - Ooooo ! sourit-il à l'oiseau en caressant la pointe de son bec du bout du doigt.

Il avait cru un instant entendre Juunen-san et son étrange particularité orale qu'il avait d'utiliser ce genre de mots à la fin de ses phrases. Lorsqu'il eut finalement posé pied à terre, il fut accueilli par un roux qu'il n'avait pas encore vu rencontré jusqu'alors. Celui-ci, torse nu, laissa sortir de son dos de superbes hélices qui attirèrent aussitôt l'attention de l'aventurier en herbe dont les yeux semblèrent sortirent de leurs orbites.

- Ooooooooh trop cool ! scanda-t-il en s'approchant vivement du roux avant que ce dernier ne prenne un coup de poing dans l'estomac d'un Ghetis qui, semblait-il, ne désirait pas voir le jeune Daiki transformer en cyborg.

Le roux fut traîné sur plusieurs maîtres par la force du coup, atteignant alors la rambarde de l'autre côté du pont avant de tendre les bras pour projeter sur l'Archer une langue de feu qui ne manqua pas d'impressionner encore le jeune nabot. Daiki ne comprit pas vraiment ce qui se passa ensuite mais en résulta une petite explosion d'air qui força néanmoins l'aventurier à mettre ses bras devant son visage dû à sa proximité avec l'échange de coups.

- Alors le nom est Pride ! s'avança-t-il en tendant sa main en l'air tout en riant de la scène à laquelle il venait d'assister.

Non loin, un autre vint les interrompre en visant très juste avant de mentionner un terme que le Goat n'était pas près d'oublier, "bouffe". Après tout il venait de traverser une bonne parcelle de mer à la nage, sans compter le sport que représentait les expériences qu'il avait vécues depuis. Mais avant qu'il ne puisse exprimer sa hâte de manger, le terme meitou sortit de la bouche du vice-amiral, rappelant au nouvellement matelot sa hâte de voir ces fameux sabres légendaires qui avaient été mentionnés plus tôt.

- Super heureux oui ! affirma-t-il tout sourire tandis que le guêpier arc-en-ciel sautait vers le vice-amiral avant de reprendre sa forme d'éventail. Une transformation qui, malgré qu'il le sache, ne manqua pas de surprendre un Daiki qui n'était toujours pas habituer aux transformations des zoans.

Après tout, la rencontre avec Ishtar et cet éventail-oiseau représentaient les seules expériences qu'il avait vécu avec les fruits du démon, spécifiquement les zoans.

Le vice-amiral lui expliqua alors qu'il s'agissait d'un éventail-oiseau et non pas d'un oiseau-éventail, perdant légèrement le jeune homme qui afficha une mine déconfite. Heureusement pour son embarras, Agon, l'homme à l'allure sombre vint apporter les fameux sabres que l'Archer avait demander, les déposant au sol sur l'éventail. Ils étaient accompagnés d'un livre intitulé :

- Fruits du démon... il manqua de peu de faire à nouveau preuve d'idiotie, étant prêt à confondre un livre avec un fruit avant de comprendre finalement l'intérêt de ce livre. - Alors ils sont carrément répertoriés ! dit-il rapidement, une goutte de sueur tombant de son front tandis qu'il riait de sa propre bêtise -qu'il avait su restreindre pour cette fois-.

Le vice-amiral lui expliqua finalement le fonctionnement de ces fameuses lames légendaires, ces "meitous". L'explorateur en herbe écouta attentivement, buvant les paroles du bonhomme.

- Trois... plus cinquante... plus... vingt-et-un... plus douze... WOW ! CA FAIT CENT-TREIZE SABRES ! hurla-t-il tandis que de la bave coulait depuis sa lèvre inférieure et que ses yeux ressemblaient à s'y méprendre à des étoiles tandis qu'il fixait les lames.

Tandis qu'il expliquait l'origine des deux lames d'exception en sa possession, le porteur de D l'écoutait d'une oreille attentive tandis qu'il n'avait d'yeux que pour elles. La première avait une apparence somme toute normale, malgré un creux dans le pommeau, tandis que la seconde elle était vraiment particulière, unique. Le Goat s'agenouilla devant les lames, dégainant à moitié celle possédant un fourreau. Il fut d'abord surpris par la blancheur de la lame avant que son œil pourtant peu expérimenté en la matière ne remarque quel travail d'exception et quelle qualité du métal devait avoir été mis dans cette œuvre pour qu'elle soit d'une telle qualité. Ses pupilles pétillèrent devant tant de beauté. Il n'avait pas emmené Hiryuu et ne pouvait donc pas comparer mais ce n'était vraiment pas nécessaire. Hiryuu avait connu les affres du temps, la lame avait perdue de son sublime là où celle-ci semblait n'avoir jamais servie. La seconde possédait sans nul doute la même qualité mais dans son cas il y avait bien plus surprenant. La lame était extrêmement longue, flexible, enroulée sur elle-même. C'était à se demander comment l'on pouvait manier une telle lame. Ses mains, paume vers le sol, se déplaçaient d'une lame à l'autre sans jamais qu'il n'arrive à décider à les poser sur l'une plutôt que l'autre. Il empoigna finalement Konnasshu et se releva avant de dégainer la lame. La pointe vers le ciel, il donna une pichenette à la lame qui ne bougea pas d'un pouce.

- Elle a l'air vraiment résistante, s'exprima-t-il enfin alors que ses yeux ne lâchaient pas la lame malgré le soleil dans son champ de vision.

Il avança alors un pied, formant un angle droit avec son genou avant de donner un coup dans le vent, sec, avant de revenir à sa position initiale.

- Je n'ai jamais touché une lame d'une telle qualité, tourna-t-il la tête vers Ghetis de son grand sourire.

Il fit alors un court échauffement à base de coups gracieux dans le vide, ne répétant finalement que ce que Juunen-san avait passé sa vie à lui apprendre.

- Ce n'est clairement pas la même sensation ! dit-il en continuant ses enchaînements, un sourire purement satisfait fixé à son visage.

In The Wild

1505, en mer.

La lame fouet fondit sur Daiki tandis qu'il continuait sa petite démonstration. La lame avait beau être bien différente que celle qu'utilisait Juunen-san pour l'attaquer, la nature même du geste restait la même. La lame pouvait bien faire cent mètres, seule une extrémité était en vérité à surveiller, car seule celle-ci représentait un danger. Il s'agissait en vérité de la main tenant l'arme, l'orientation du poignet dictant celle de la lame. Tout ça résumait l'entraînement de Juunen-san qu'il avait encré chez le garçon grâce à des actions répétitives. Alors lorsque Ghetis Archer ramassa la lame fouet et donna un léger coup pour en diriger la pointe vers le Goat, ce dernier su immédiatement quoi faire. Parant du dos de la lame, il accompagna celle de l'Archer jusqu'à son extrémité avant de la repousser, de peur que sa flexibilité ne lui joue un mauvais tour.

- C'était trop cool !

À l'évidence, la retenue du vice-amiral jouait un rôle majeur dans la réussite du petit Goat, mais elle n'aiderait pas sa confiance extrême en lui-même. Celle qui lui jouerait bien des tours, à l'avenir. Après ce court échange, Daiki ramassa le fourreau afin d'y ranger Konnasshu, la lame d'exception.

Un museau de chat se dessina sur ses lèvres lorsque l'Archer reconnu son habileté au sabre et fit ce qui pour lui était clairement un clin d'œil à l'idée qu'il pourrait un jour manier la lame fouet. Il était si fier de lui-même.

- Seulement sept ? fut-il surpris d'apprendre qu'il n'existait que si peu de ces encyclopédies sur les fruits du démon. Quel était l'intérêt d'en produire si peu.

Il continua d'écouter l'Archer tout en feuilletant le livre avant de finir par grimacer à l'idée de ne plus pouvoir nager.

- Non, non, secoua-t-il sa tête à cette idée. - Tout ce que je vois à l'horizon, c'est la mer, et vous vous voulez que j'abandonne la nage ? Non, non ! continua-t-il se secouer sa tête.

Il prenait connaissance de nombreux fruits du démon, tous plus incroyables les uns que les autres et se familiarisa avec leur apparence fantastique. Le vice-amiral fini par poser sa main sur sa tête avant de l'inviter à manger, après quoi il lui promettait un petit tour du bateau et surtout... de sa chambre !

- Maaaaaanger ! ferma-t-il d'un coup sec le bouquin qu'il avait entre les mains avant de filer à toute vitesse en direction du bâtiment où il avait vu disparaître plus tôt Pride et Agon.

Son aventure commençait et elle semblait promettre. Quelle excitation il ressentait !