Katerina est née sous un prénom différent, qu'elle a aimé et apprécié entendre mais qui n'aurait plus de sens aujourd'hui à ses yeux. Elle considère que l'incident survenu sur l'Atlantica, qui a conduit à la mort de ses parents, a également éteint la personne qu'elle était. Ce nouveau nom lui a été attribué par ses nouvelles sœurs Okamas, qui lui ont sauvé la vie et recueillie après l'incident. On ne peut pas dire que Katerina s'estimait femme avant d'y être entraînée et élevée par ses sœurs, néanmoins elle a accepté ce changement afin de faire disparaître l'enfant apeuré qu'elle était. En devenant une autre, elle a pu renaître et surmonter son passé. Elle est désormais parfaitement en phase avec elle-même aussi bien sur le plan psychologique que physique.

Par nature, appartenant à la race des cornus, Katerina est grande et surplombe son entourage de presque un mètre, atteignant deux mètres cinquante-trois, une taille raisonnable pour son espèce. Sa mère était humaine et la lignée de son père n'était pas pure, ce qui peut expliquer qu'elle ne franchisse pas aisément la barre des trois mètres. Quant à ses cornes, elles avoisinent les trente centimètres, pourvues de plusieurs ramifications et bleutées à leurs extrémités. Enfin, une particularité génétique non identifiée l'affuble d'oreilles pointues. Sur l'Atlantica, certains chercheurs murmuraient que c'était lié à des expériences de transfert de gênes d'hommes-poissons par ses parents, sauf qu'aucune de ces histoires n'est vraie et Katerina est une assez mauvaise nageuse, ayant la phobie des fonds marins.

Sur le plan du visage, Katerina séduit par ses pupilles bleues aux reflets argentés. Elle possède des traits fins qui ont été cultivés par les Okamas lui ayant appris à se maquiller pour faire ressortir la beauté de son regard et ses pommettes rosées. Sa chevelure tentaculaire présente une décoloration d'un blond platine vers un blond doré, rappelant la teinte de la paille, et voyant ses extrémités prendre ensuite une teinte bleu marine. Si elle apprécie les garder détachés, les laissant vagabonder jusqu'à son postérieur, elle les raccourcit à l'aide d'un rondin de bois dès qu'il s'agit de se montrer sérieux.

La silhouette de la jeune femme arbore peu de formes féminines, bien qu'elle en prenne les postures. Ses dimensions supérieures rendent ses muscles moins protubérants, d'autant qu'elle ne les pousse pas dans leurs retranchements afin de préserver son apparence. Seuls ses abdos ont été travaillés afin de faire ressortir sa poitrine. Elle possède tout de même une force suffisante pour être une adepte du combat à mains nues, dans un style de force brute, et adoptant l'Okama Kenpo. Ses vêtements, généralement amples, visent à ne pas gêner ses mouvements. Elle n'aime de toute façon pas lorsqu'ils lui collent à la peau et bannit systématiquement les cols roulés et uniformes. C'est d'ailleurs la première raison qu'elle évoque pour justifier qu'elle n'aurait jamais pu appartenir à la Marine. Ainsi, elle laisse son cou dégagé, affublé d'un simple collier retombant sur son torse.

Katerina a vécu en marge de la société une grande partie de sa vie, que ce soit sur ce bateau aux doux rêves idylliques ou au coeur de cette forêt rose bonbon tout droit sortie du conte d'Alice au Pays des Merveilles. Elle serait complètement aseptisée si elle n'avait pas vécu l'effondrement de l'une de ces utopies et appréhendé la violence du vrai monde. Ce sont ces événements qui ont façonné son caractère rêveur, ambitieux, prudent et empathique.

Notre demoiselle a beau avoir vu la destruction totale de son premier foyer, de l'idéal fondé par sa famille, elle désire ardemment le voir renaître de ses cendres. Elle pense dur comme fer, que si elle a pu se reconstruire en évoluant, qu'elle parviendra à recréer un endroit d'égalité, de tolérance et de partage où toutes les races, dont les hommes-poissons, seront les bienvenues. Rebâtir Atlantica est son objectif ultime et c'est pour cette raison qu'elle s'est élancée dans ce périlleux voyage, afin de rencontrer de nouveaux peuples, de nouvelles idées et acquérir la force nécessaire de protéger son idéal. Quoi de mieux qu'un titre de Reine des Pirates pour être respectée de tous ?

Grandir dans un environnement de bisounours capables de briser des rochers d'un coup de pied a de quoi laisser des marques. Pour être exact, Katerina n'a pas hérité de leur fulgurante excentricité, ayant longtemps été solitaire, recluse malgré leur accueil chaleureux. Elle est très réfléchie et tournée vers l'introspection, ce qui peut l'aider à surmonter des épreuves ou l'abattre si cela devient trop personnel. En tout état de cause, les Okamas ont fini par trouver un moyen de la libérer de sa torpeur et l'ont éduquée comme l'une des leurs. Si on passe sa féminité assumée et ses besoins en maquillage, tout à fait raisonnables comparés à certaines de ses sœurs, il y a d'autres éléments plus difficiles à outrepasser. Notamment qu'il s'agit d'une dragueuse, doublée d'une perverse, à l'instar de nombre de ses sœurs. Pour sa défense, l'apprentissage de l'Okama Kenpo n'a pas aidé. L'une de ses épreuves consistait à esquiver les coups de sorte à voir la culte de son adversaire... Avant de sombrer, elle s'est demandée comme vous quel était le réel sens de cet exercice.

Maintenant que vous visualisez cette personne bienveillante, rêvant d’un monde utopique, qui lui permettra peut-être de regarder sous les jupes des filles… nous pouvons creuser les tréfonds de l’âme de Katerina vers ce qui l’anime vraiment et peut transformer cette fille sage en diablesse. Il faut savoir qu’elle apporte une grande importance à la loyauté et l’esprit de corps. La trahison d’un être proche l’embraserait au point qu’elle ne soit plus maîtresse de ses émotions. Cette souffrance face à ce sentiment de trahison est plus profond et provient d’un geste pourtant empreint d’amour. Lorsque son père s’est sacrifié pour lui offrir une chance de survivre, seule en pleine mer sur cette planche instable à l’âge de sept ans, Katerina s’est sentie abandonnée par l’être qu’elle aimait et admirait le plus au monde. Cette souffrance s’est ancrée en elle et rend chaque prise de distance compliquée à vivre. Si bien qu’elle devient violente lorsqu’elle se sent abandonnée, trahie ou par empathie en voyant quelqu’un d’autre l’être. Dans ces cas-là, mieux vaut ne pas être dans les parages.

L’Atlantica était le joyau d’une jeune génération de chercheurs ambitieux humains et hommes-poissons, désireux de bâtir une civilisation moderne ensemble. Cette idée saugrenue provenait d’un scientifique nommé Atlanti D. Milo, le père de Katerina, et de sa femme Alberta. Au cours de leurs pérégrinations, leur projet avait su séduire certains esprits vifs qui s’étaient rapidement mis à l’œuvre afin de bâtir l’Atlantica, un navire de taille imposante, semblable à une petite île et offrant un espace terrestre et sous-marin afin d’accueillir tout le monde à bord.

Au fil des ans, la petite île voguant sur South Blue prit de l’envergure et le progrès la transforma en un navire progressiste, tant par sa tolérance que par ses innovations. Leur technologie se basait sur des éléments naturels et fuyait autant que possible l’ingénierie possible, si bien que des escalators de pierre furent créés, ainsi que des golems robotiques en pierre ou des éclairages constitués de pierres précieuses et alimentés par des plantes marines aux propriétés électriques. Ce savoir original était le fruit d’une collaboration fructueuse… qui ne plaisait pas à tous.

Milo et Alberta eurent un fils, qu’ils prénommèrent Aristide, les comblant de bonheur, à tel point qu’ils ne se doutèrent pas qu’ils ne le verraient jamais grandir. Tandis que l’enfant avait sept ans et jouait innocemment avec un golem, la cloche d’alerte retentit et son père accouru pour le prendre dans ses bras. Une attaque était en cours, dévastant les centres de recherche en surface et fendant la coque du navire en-dessous. La force de frappe était colossale, rendant toute tentative de riposte dérisoire. Les golems dont la fonction primaire était la défense d’Atlantica et de ses habitants opposèrent une maigre résistance et rapidement, ce qui avait été un bastion de l’espoir interracial, devint un cimetière porteur du message que la surface et les fonds marins ne s’entendraient jamais.

Dans les tumultes de sa destruction, l’Atlantica se disloquait en sombrant. Ari fut séparée de son père, tous deux baladés par les secousses incessantes et les implosions des niveaux inférieurs. Elle tomba à l’eau dans une mer déchaînée par les événements. Submergée, elle se débattit en voyant la lueur de la surface s’éloigner à mesure que les fonds l’attiraient. Sa bouche s’ouvrit pour crier, un réflexe de survie qui la conduisit à boire la tasse. Lentement son esprit s’effaçait au vide et à l’obscurité, quand une main vint l’agripper au poignet et l’attirer de force vers le haut. Tirée sur une planche, elle s’accroche en recrachant l’eau de ses poumons. Sa respiration haletante est abrupte et douloureuse, surtout ballottée par le courant.

- Mon grand, reprends tes forces. Ne t’inquiète pas, tu es hors de danger.

- Papa… Prononça-t-elle avec peine.

Elle l’observait, impuissante, se retenant tout juste à la planche d’une de ses mains et luttant pour s’y maintenir. Il n’y avait pas de place pour deux personnes, rappelant cette tragique histoire d’un navire frappé par un iceberg à North Blue. Le calcul avait été simple pour son père.

- N’oublie pas que je t’aime et serais toujours avec toi.

Il lâcha simplement la planche et la mer fit son office, le faisant disparaître aussitôt, emporté ailleurs à jamais. Malgré des poumons en feu, les cris d’Ari résonnèrent longuement jusqu’à ce que l’enfant finisse par perdre connaissance.

Bien plus tard, un navire sur le retour de son expédition croisa la route de l’enfant égaré sur sa planche, poussé à la dérive, complètement affamé et assoiffé après une traversée qui semblait avoir duré des jours entiers. Ces femmes salvatrices, à l’allure extravagante et au mascara bien trop prononcé pour être de bon ton, lui firent une place de choix et en apprenant son histoire, décidèrent de l’emmener dans leur refuge sur Grand Line… sur l’île de Momorio.


Durant une année, la bienveillance des Okamas ne parvint pas à percer la carapace du petit garçon qui ne cessait de se lamenter en ressassant le passé. L'acte d'amour de son père était un fardeau qu'elle ne parvenait pas à outrepasser. C'est l'un des rares enfants de l'île qui vint à son secours et parvint à extirper Ari, en passe de devenir Katerina, de sa torpeur. Il s'appelait Dax et ses parents étaient bien vivants mais partis pour accomplir leur "devoir" face au gouvernement mondial. D'une certaine façon, les deux avaient en point commun de se sentir délaissés, abandonnés à leur sort, ce qui les rapprocha.

Katerina naquit peu de temps après pour répondre à la détresse d'Ari. Elle incarnait tout ce qu'il n'arrivait pas à être et était populaire auprès de tout le monde. Kat était heureuse et elle avait des rêves qu'Ari ne se permettaient pas. En un rien de temps, elle balaya tous les problèmes qu'elle avait connu avant Momorio et embrassa pleinement sa nouvelle identité, cette seconde chance qu'elle s'était offerte.

Dax appréciait que son amie recouvre la joie de vivre et se libère enfin de ses chaînes. Néanmoins il craignait que ce ne soit qu'une façade, un masque qui finirait par tomber et blesser encore plus Kat. Par chance, ses peurs ne se concrétisèrent pas et Kat ne fit que grandir en devenant une femme accomplie. De son côté, il resta impassible aux tentatives de conversion de la part des Okamas, qui l'habillèrent plus d'une fois en demoiselle dans son sommeil. Il supposait même, que Kat les ai aidées à se faufiler dans sa chambre.


Jusqu'au jour où Dax dut partir retrouver sa famille dans sa nouvelle affectation. Bien que les îles soient proches, appartenant à la même voie, et qu'ils aient seize ans, les deux amis savaient pertinemment que sur Grand Line, ils ne se reverraient pas de si tôt.

- Je promets de revenir te chercher lorsque j'irais parcourir les mers.

Kat n'imaginait pas un seul instant vivre son périple sans l'appui de son plus fidèle ami. Pour la première fois, alors qu'ils se quittaient, elle retrouvait cette sensation chaleureuse et réconfortante d'appartenir à une famille.

- Peu importe la distance, je te retrouverai sale cabot !

- N'espère pas que je t'attende, vipère. C'est moi qui récupérerai ton fiak sur mon bateau.

- Tu peux toujours ramer.

Illuminés par de grands sourires, leurs visages étaient submergés par les larmes et sanglots qui dévalaient à flots en arrosant d'une part la terre qui les avaient rassemblés et d'autre part le pont du navire qui les éloignait à petit feu.


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