Morwenhor Gurn Vordalis "Le Chevalier Maudit", Meredith "Coeur de Héron" Helmaroc
Nouvelle recrue de Unite, Vice-Amirale de la Marine

Assis sur un tabouret, Morwenhor, somnolent, fut subitement réveillé par le mouvement brusque et les paroles de Sakuga qui revenaient des méandres de son sommeil. Son corps étant encore en mauvaise état, il devait encore beaucoup se reposer dans ce dortoir commun faisant à la fois infirmerie pour les blessés les plus graves de la bataille de Camaaloth. Néanmoins, le Chevalier Maudit ne s’attendait pas à cette action du combattant héroïque ayant mis fin à la terreur qu’incarnaient les Chevaliers des 4 Saisons pour leurs adversaires, puis qui avait mis fin à une dynastie. Se dressant sur ses pieds, le regard compatissant du Gurn Vordalis se déposa sur le capitaine de Unite.

-Elle ne s’est pas encore réveillée… avant de ramener son regard sur sa droite.

En effet, baigné de la lumière venant de la fenêtre, allongée sur le dernier lit médicalisé des officiers, Meredith Helmaroc restait là, emmitouflé de bandages. Sa tentative de rejoindre Sakuga à Camaaloth lui avait coutait des journées supplémentaires de rétablissement ainsi qu’une forme de comas. Ses jours n’étaient plus en danger désormais, mais sa conscience n’avait toujours pas rejaillit. Si le Keigo s’approchait pour la regarder et venait prendre sa main, étrangement les doigts de la vice-amiral se refermeraient pour empoigné la peau de Sakuga. Morwenhor écarquillerait alors les yeux.

-Infirmier ! Elle reprends conscience !

Ce dernier arriva en courant pour observer les signaux vitaux, mais secouant rapidement la tête. Elle était toujours inconsciente, mais pourtant elle empoignait bien son homologue paladin et ne semblait pas vouloir lâcher sa prise. Sakuga devrait ainsi retirer un à un délicatement les doigts de sa dulcinée afin de pouvoir s’écarter et la laisser se reposer. Morwenhor s’écarterait également à sa suite afin de pouvoir lui parler rapidement de l’évolution de la situation depuis son dernier réveil.

-Tu devrais te rendre au Parlement, le Conseil Souverain s’y réunis afin de débattre de l’avenir du pays. Ils ne sont toujours pas d’accord sur le nouveau régime. Il faut impérativement régler cela sinon on pourrait assister à une scission du royaume. Et ne t’inquiète pas pour elle, je reste à son chevet pour toi comme je te l’ai promis.

C’est en effet ce qu’il avait annoncé au premier réveil de Sakuga, alors même que le Gurn Vordalis était lui-même encore en rémission de ses blessures. Le gouvernemental pourrait alors choisir de rester encore un peu où de sortir du bâtiment pour se diriger vers l’endroit indiquer, escorter par un véritable contingent de soldats de l’Eclipse Destinée qui formaient presque sa garde personnelle ou sa délégation officielle de héros étranger de Kingadomu.

Si Camaaloth avait été grandement ravagé par les combats et que la demeure royale avait pour la majeure partie disparu dans la Cassure du Dragon, nombre de bâtiments étaient encore utiles, surtout sur les côtés de la ville-forteresse qui avaient été épargnés par la percée de l’Eclipse Destinée. De ce fait, ce dortoir-infirmerie était en fait une caserne de soldats transformés en hôpital de fortune directement après les combats afin de pouvoir traiter le plus de blessés possibles, suivant les ordres de Dorian. Les officiers en situation critiques avaient été rassemblés dans le même bâtiment qui était devenu une sorte d’unité des soins intensifs pendant plusieurs jours. La seule trace encore présente de cela était justement l’état de Meredith. Mais en tout cas, de la même manière, tous les bâtiments officielles du régime monarchique de Kingadomu n’avaient pas été détruit. Le Parlement était initialement un lieu où se rassemblaient des seigneurs des différents duchés afin de discuter d’affaires législatives, d’entériner les décisions royales et de débattre entre eux sur les lois de Camaaloth. La décision avait été prise de réinvestir les lieux afin d’y établir le siège temporaire du régime, puisque les lieux étaient en mesure d’accueillir une assemblée, ce qui était précisément la nature du Conseil Souverain, l’organe s’étant constitué pour assurer la transition du pouvoir.

Duc de Francie, Duc des Terres Croisées, Duc de Germania
Lothaire Mérovinge "le Bleu d'Or", Baudouin Saint-Acre "le Maître des Bastions", Konrad Nibel "le Dragon Teutonique"


Marguerite de Lucion "Sa Baronnerie", Juan Aragone "la Pluie de Fer", Sherwood Raubritter "Chevalier Brigand"
Nouvelle Duchesse de Romanium, Nouveau Duc d'Ibériaco, Nouveau Duc d'Angle Land

Autour de la table, les ducs des contrées de Kingadomu étaient debout, invectivant les uns et les autres pour certains. Seul Baudouin Saint-Acre demeurait imperturbable, toujours assis sur son siège, observant ses collègues en plein désaccord. Sa présence était requise, mais dès que le gros du travail serait achevé il comptait bien repartir sur ses terres afin de pouvoir les défendre en cas de besoin. Lothaire quant à lui était fortement impliqué dans le débat. La question était en effet le statut des duchés ayant soutenus l’Eclipse Destiné. Lothaire souhaitait que ces derniers, donc sa Francie et Germania, disposent d’avantages comparés aux autres duchés. Konrad n’enrichissait pas véritablement pour cette décision, mais il n’était pas non plus particulièrement contre, pensant aux compensations que pourraient apportés ces avantages pour tous les assauts subit par Germania.

-Les hommes sont si prévisibles. Et pourquoi pas des compensations financières pour la guerre en elle-même tant qu’on y est ? Pensez-vous vraiment que le peuple de nos duchés soit responsable des décisions des précédents ducs ? déclara Marguerite de Lucion qui, debout, était accoudé au sommet de son siège.

Pour les trois autres seigneuries, seul le Duc d’Angle Land avait survécu à la Bataille de Ghordalu, mais il avait néanmoins été déchu de ses fonctions et titres avant d’être enfermé dans une des prisons de Camaaloth. Il semblait néanmoins que Goldfroy soit réapparu très rapidement quelques temps plus tard afin de libérer Henry Pittman et de disparaître à nouveau avec ce dernier ainsi que la favorite royale de Hoël XXI, la « Duchesse ». C’était en tout cas assez particulier comme nouvelle configuration. Marguerite de Lucion était native de Francie et non de Romanium, mais se retrouvait pourtant à sa tête. Courtisane royale ayant tenté de luttée contre l’influence de la Duchesse et prôné un nouvel âge au sein de Camaaloth, elle avait fait partie des alliés secrets et informateurs de l’Eclipse Destinée, bien qu’elle n’avait pas pu se battre en raison de son manque de compétence en la matière. Elle admirait d’ailleurs grandement les chevaleresses et avait veillée sur Meredith aux côtés de Morwenhor à plusieurs reprises, se chargeant de changer ses bandages concernant les zones féminines. L’ancien « Comte des Brigands » quant à lui se retrouvait à la tête d’Angle Land alors qu’il descendait d’une lignée déchue de Germania. Ces deux nouvelles lignées ducales ressemblaient à une vassalisation des duchés vaincus par les duchés vainqueurs en conséquence, mais pourtant les deux nouveaux ducs avaient coupés leurs liens avec le duché de leur famille depuis un moment. Juan Aragone quant à lui, s’il était bien le fils de son père, était au antipode de la vision politique de ce dernier et comptait bien, en tant que chef des rebelles de la Garde Royale, participer à la construction d’une nouvelle Kingadomu dont il rêvait depuis qu’on lui avait imposé de rejoindre cette fameuse Garde Royale.

-Vous mettez encore de côté le plus important pour parler de vos intérêts Lothaire, soupira Juan en se rassaillant. La question centrale demeure de savoir de quelle manière nous allons diriger Kingadomu. Ce Conseil Souverain régnera-t-il ? Etablissons-nous une monarchie constitutionnelle en désignant un monarque qui sera supervisé et surveillé par le Conseil Souverain ? Optons-nous pour une autre option ?

Franklin Avalon "le Parlementaire", Bayard D. Anséïs "La Tueuse de Fées"
Nouveau Duc de Camaaloth, Magistrate-Régente du Conseil Souverain

Celui qui apparaissait comme le premier candidat à la royauté était bien évidemment Franklin Avalon, le seul survivant de la lignée royale a qui on avait offert le titre de Duc de Camaaloth à la place de celui de prince. Ce dernier ne désirait cependant pas véritablement le pouvoir et voulait simplement pouvoir apporter sa pierre à l’édifice tout en empêchant un nouveau conflit d’éclater.

-Si monarchie il doit y avoir, seul deux personnes sont qualifiés pour devenir le monarque d'une nouvelle ère. Juan ou Anséïs.

La Bayard quant à elle était restée silencieuse depuis un moment. Son aisselle reposait fermement sur sa béquille, n’étant pas encore bien habitué à la jambe de bois qu’on lui avait fabriquer pour remplacer celle dont elle avait été privée par Mordead. Son regard perdu dans les boiseries de la structure qui entourait la table du conseil alors qu’elle se tenait le front, fatiguée par les blessures et les discussions. En effet, l’état de Anséïs était comparable à celui de Sakuga et une floppée de bandages couvraient encore le corps de celle qui avait réveillée Iul de son sommeil millénaire. Cette guerre avait laissé beaucoup d’entailles dans sa chair, mais, en tant que « fille » adoptive de la Déesse de Lune puisque la Bayard appelait cette dernière « Mère », il était rapidement apparue aux yeux des membres de l’Eclipse Destinée que c’était elle la personne à suivre. La nouvelle commandeuse de l’Ordre avait donc assumée ses fonctions, n’attendant pas sa pleine rémission pour s’activer. « Magistrate-Régente » de Kingadomu, elle avait usée de la victoire dans la bataille pour prendre des décisions dans la lignée de ce qu’elle avait pu réfléchir avec Iul. C’était Anséïs qui avait formée le Conseil Souverain afin de rassembler les dirigeants et préparer l’après par la discussion et la négociation, c’était elle qui avait désignée et choisit les nouveaux Ducs, c’était elle encore qui avait convaincue le Conseil Souverain de permettre à Franklin Avalon d’obtenir une fonction officielle dans le Nouveau Kingadomu. Chaque jour qui passait était psychologiquement éprouvant pour une personne encore faible physiquement, mais comme toujours la porteuse de la Volonté du D s’accrochait. Elle qui n’avait jamais imaginé dans sa vie devenir la personne la plus puissante du pays se retourna alors et chercha du regard la personne qui venait d’entrée et avait assisté à la scène, potentiellement Sakuga Keigo. Qui de mieux que le héros ayant pénétrer la faille avec la Déesse de la Lune pour l’aider à mettre un terme aux querelles futiles et prendre les décisions qui comptent ?

Bayard D. Hruotland "Le Héros des Fées"
Commandeur de la Garde Royale de Kingadomu

La lame d’acier vient trancher l’air avec violence et fracas, dans une déferlante de puissante marquant la grandeur du plus émérite des chevaliers du pays. Reprenant sa respiration, Hruotland releva l’épée qu’il tenait en main et faisant disparaître la couche de haki de l’armement qui la recouvrait. Kokuto Yoru était dans son dos et pour cause, il était bien complexe de s’entraîner au haki de l’armement avec une des rares lames noires existant en ce monde.

-C’est comme cela que sa marche. Si tu suis les sensations que je viens de t’indiquer, tu devrais progressivement comprendre comment ça marche. Bien sûr, ça va être difficile au début et tes premières plaques de fluide offensif risquent de ne pas être aussi étendu que tu le voudrais ou même pas vraiment à l’endroit que tu voulais. Mais ce n’est pas grave, c’est en forgeant que l’on devient forgeron.

À qui le plus grand chevalier du pays enseignait-il l’art du haki de l’armement ? C’était à Dorian Karmon qu’il avait convoqué pour l’occasion. S’il n’avait pas assister correctement à ses affrontements, il en avait eu des échos, sentis par le fluide perceptif ce qu’il avait pu faire contre les Brasilions puis vu comment sa malédiction s’était révélé utile face à la Cassure du Dragon. Ses capacités étaient déjà affuté mais il manquait jusqu’à présent cette corde à son arc. Pour l’aider à se familiariser avec ce nouveau pouvoir qui émergeait en lui, Hruotland avait donc décider de donner des cours particuliers au gouvernemental. Ils étaient ainsi sur l’ancien site d’entrainement de la Garde Royale, bien que quelques colonnes et débris le traversait.

-Tu peux t’entraîner à le frapper lui regarde, déclara celui qui était toujours commandeur de la Garde Royale tant que la possibilité d’une monarchie constitutionnelle ne soit pas écarté.

August Clonwood « le Chevalier de l’Eté »
Garde Royal de Kingadomu

-Voilà que je sers de puching ball d’entrainement moi maintenant, ricana August. Allez Dorian, montre moi ce haki de l’armement et je vais te donner deux ou trois astuces que ce grand gaillard de Hruotland n’a pas encore osé te donner.

Se mettant en garde, le Clonwood attendait l’approche de son partenaire d’entrainement du jour et savait qu’aujourd’hui les seules techniques autorisaient étaient simplement le haki de l’armement. Il n’y avait pas meilleur moyen pour pousser quelqu’un qui découvrait tout juste le fluide à progresser. Et ce, dans la joie, la bonne humeur, la convivialité et l'amitié. C'est le sourire sur le visage qu'August et Hruotland communiait aujourd'hui avec un étranger.

Galaad Seraph, Dezember Britzwald "le Chevalier d'Hiver"
Gardes Royaux de Kingadomu

Au Kark des Croisées, un chevalier guettait l’océan. Entourait d’une ordre de soldats qui étaient venu renforcer les forces du territoire, il attendait l’arrivée de la Couronne. Si les choses commençaient à changer, il était encore bien trop tôt pour que l’ouverture aux étrangers ne soit décider et les actions de la Couronne après leur arrivée pourraient être déterminante pour les décisions qui seraient prises en haut lieu vis-à-vis de cela. Même le prestige de Sakuga Keigo ne pourrait pas suffire à inverser la tendance si certains gouvernementaux renversaient les choses : Unite passerait alors pour une exception et les esprits des habitants demeureraient fermés à l’idée de s’ouvrir aux autres. Mais, contrairement aux seigneurs de ce royaume qui avaient conviés certains de leurs meilleurs soldats dans l’éventualité où Ghetis attaquerait le pays en profitant de sa faiblesse, Galaad était assez serein. Il était confiant en la Couronne, en ceux qui l’avait sauvé lui, Sonia et Jorgen de Mars. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu ces sauveurs, bien qu’il avait eu l’occasion de prendre des nouvelles via Unite.

-Ne soyez pas aussi crispé Ser Dezember, lâcha-t-il en donnant un coup de coude à son camarade.

Quelle serait la réaction de Ghetis Archer et des siens quand ils découvriraient pour la première fois Kingadomu.

-Oh ! On dirait que des silhouettes commencent à se rapprocher de la côte messeigneurs ! leur informa le soldat de garde à la vigie.

-Très bien. Je vais descendre les accueillir, souligna le Seraph.

-Vous êtes vraiment sûr de vous Galaad, rétorqua l’autre garde royal.

-Je n’ai pas raison de ne pas l’être. Je sais que vous n’avez pas encore confiance en Sakuga, mais même si vous ne pouvez pas vous fier à son jugement, fiez-vous au mien.

En effet, Galaad avait décider de se faire l’ambassadeur de l’ouverture du pays sur le reste du monde, de la fin de l’autarcie, et c’était volontairement qu’il avait prit la tête du contingent qu’Anséïs avait réunit pour convier l’amiral Kurohebi à rejoindre Camaaloth où il serait accueillit par le Conseil Souverain et où il pourrait bien entendu discuter à loisir avec son collègue paladin du Constantinisme et désormais régicide.

-N’oubliez pas d’envoyer ma lettre à Sakuga également, releva Galaad avant de descendre, mentionnant celle où il racontait sa rencontre avec Yodit peu avant que cette dernière ne prenne le large, ce qui permettrait de révéler à ceux l’ayant rencontré durant la prise de Camaaloth qu’elle était encore vivante en dépit de l’écroulement des souterrains.

Arrivant bientôt au pied de la falaise, il siffla, donnant ainsi l’ordre aux porte-étendards de dresser lesdits étendards présentant les couleurs et blasons des désormais sept Duchés de Kingadomu ainsi qu’un blason temporaire du pays représentant l’Eclipse Destinée. S’avançant sur les quais de fortunes qui accueillaient les vaisseaux de Unite encore présent, Galaad attendrait l’arrivée du Kurohebi.

Bayard D. Hruotland "Le Héros des Fées", August Clonwood « le Chevalier de l’Eté »
Commandeur de la Garde Royale de Kingadomu, Garde Royal de Kingadomu

Hruotland hochait la tête tranquillement en observant Dorian commencer l’exercice. Au début, ce n’était pas évident. Quand on observait un utilisateur avancée, cela pouvait paraître simple tellement cela était devenue une habitude et une sensation comme tant d’autre pour le corps humain. Une manière de l’exprimer c’était comme se retrouver avec une queue du jour au lendemain et essayer d’assimiler les sensations de ce nouvel appendice pour comprendre celui-ci. Expliquer à quelqu’un n’ayant pas de queue ce que cela pouvait faire était assez abstrait et insaisissable, mais maintenant le Karmon accédait à ces sensations. Cette familiarisation pouvait venir rapidement, en quelques jours chez les plus doués, en quelques mois pour ceux ayant du mal. Dans le cas du contre-amiral, le commandeur de la Garde Royale ne doutait pas que le contre-amiral le contrôlerait en trois ou quatre jours, surtout s’il suivait bien les indications de ceux qui s’improvisaient aujourd’hui professeurs. C’était pas tout les jours que deux des meilleurs chevaliers du pays enseignaient ensemble à quelqu’un : des centaines de soldats et de chevaliers auraient tués mères et pères pour avoir cette chance… Enfin pas littéralement, c’était une expression.

-Tu tranche dans le vif du sujet, ironisa August en observant la préparation de son sparring partner.

La réaction de surprise de Dorian à son propre haki amusa les deux Gardes Royaux. Le Bayard donna une tape dans le dos du contre-amiral en signe d’encouragement. Lorsqu’ils débloquaient soudainement leur maîtrise standard, certains voulaient tellement arriver à le faire à nouveau qu’ils restaient bloqués trois ou quatre jours entiers sans aucun résultat. Ici, cette seule pointe noire était la preuve du talent du Karmon.

-C’est bien, c’est bien. Ne te décourage et reste concentré.

Peut-être que le gouvernemental était déjà tellement concentré qu’il ne ferait pas attention à cette phrase. Finalement, Dorian parvint à faire apparaitre le fluide offensif de manière bien plus marqué, ce qui poussa Hruotland à applaudir pour encourager les progrès du combattant étranger qui était encore son ennemi quelques jours plutôt. August lui restait bien concentré afin de se préparer à encaisser les assauts. La malédiction tranchante de Dorian faisait qu’une combinaison avec le haki de l’armement serait même plus dangereuse que les coups d’épée imbibés de haki de certains autres gardes royaux. Plaçant son arme pour se protéger, le Clonwood plia les jambes afin de réceptionner l’énergie de l’impact et le relâcher dans le sol grâce à ses appuis. Le Chevalier de l’Eté su dans la sensation que le coup n’était pas aussi tranchant qu’il aurait pu l’être et comprit que Dorian n’était pas parvenu à maintenir le haki suffisamment longtemps.

-On recommence, ce n’est pas grave ne t’inquiète pas, déclara Hruotland qui couvrait et découvrait de haki l’épée qu’il avait en main tout en observant la scène. Je vais compter jusqu’à trois et quand je dis 3 tu saute pour donner ton coup. On va pouvoir travailler ton endurance de déploiement de haki comme ça.

Ce coup-ci toucha et fut plus satisfaisant.

-Bien. On va augmenter le nombre de coups et le temps avant le saut graduellement pendant une petite dizaine de minutes, puis nous ferons une pause avant que je t’explique quelques petites astuces, des trucs qu’on se rend compte avec l’habitude mais qu’il est bien de savoir en amont.

L’entrainement se poursuivrait ainsi, ce jour là et les jours suivants, avec une à deux heures par jour. Tout le monde n’apprenait pas le haki a aussi bonne école, on pouvait considérer qu’il s’agissait là d’un privilège que Dorian avait gagné grâce a ses combats durant cette guerre. D’une certaine façon, c’était la reconnaissance de son niveau par ces chevaliers.

Galaad Seraph
Garde Royal de Kingadomu

Avec un large sourire, Galaad vint se présenter devant le Kurohebi, acceptant la main tendu en signe d’amitié. Il présenta d’un geste la délégation de porte-étendards qui l’accompagnait pour se débarrasser des formalités officielles puis se mit à marcher afin de guider le contingent de la Couronne vers la plateforme servant à gravir les falaises des Terres Croisées. Ce pseudo-ascenseur avait été installé suite à l’arrivée des troupes d’Unite puisque normalement le contrebas n’était pas habité, spécifiquement pour empêcher des assauts d’atteindre directement le Krak des Croisés.

-Effectivement je suis encore en vie et je compte bien le rester. C’est plutôt à moi de noter que tu es encore en vie et a été promu ! Malheureusement, Sonia et Jorgen sont partis un peu avant l’éclatement de la guerre civile. Pour faire simple, nous avons vainement tentés à trois de convaincre le roi d’aider le Gouvernement Mondial contre les Décimas, mais même si ils avaient le soutien de certains Ducs à ce moment-là, le refus avait été catégorique. Ils ont ensuite commencés à préparer leurs propres aventures sur le Nouveau Monde avec Loreck, un de mes contacts, puisque la guerre contre Centes était passé visiblement, mais ils revenaient à Kingadomu après chaque voyage. J’avais peur qu’avec la montée des tensions, les dirigeants ne les prennent pour cible et les accusent de corrompre la société en ramenant des maux étrangers. Contrairement à moi, ils n’ont pas tant d’attaches à Kingadomu et j’ai également hâte de savoir ce qu’ils ont réussis à faire durant tout ce temps. Ils devraient revenir d’ici peu j’espère, je les conduirait à toi lorsqu’il arriveront si tu le désire.

La plateforme arriva alors en haut de la falaise. Dezember était là, accompagné d’une quarantaine de chevaliers qui étaient tant là pour protéger Ghetis et les siens que pour les surveiller. Néanmoins, le Chevalier de l’Hiver, qui reverrait certainement son titre maintenant que les Chevaliers des 4 Saisons avaient été dissolus par Anséïs, laissa toute la conversation au Seraph. La Couronne pourrait donc commencer son trajet vers Camaaloth sous les auspices de cette conversation.

-Le régime politique actuelle n’est que transitoire. Les six Ducs de Kingadomu se sont rassemblés, avec le dernier héritier de la dynastie royale qui a été élevé au rang de Duc afin de transformer l’ancienne seigneurie royale en Duchée également. Anséïs, celle qui, depuis le départ de la Déesse de la Lune, dirige l’ordre de chevalerie ayant impulsé et mené la rébellion, a été Magistrate-Régente et elle préside le Conseil Souverain, qui est le nom que nous avons donné à cette réunion des Ducs. C’est en quelque sorte elle qui remplace le rôle du roi de négociateur entre les Ducs, puisque les Ducs sont plus ou moins rois en leur Duché, ce qui représente un problème pour tenter d’unir véritablement le pays. Mais je suis loin d’être un expert en politique, je ne saurais pas donner davantage de détails sur ce point. Ce Conseil Souverain est chargé de prendre les décisions quant à l’avenir du royaume, notamment sur le régime que nous allons adopter. Ah oui, Sakuga en tant que régicide du roi Hoël a aussi été convié à siégé au Conseil Souverain depuis son réveil. Tu pourrais y entrer comme conseiller de ce dernier et y faire valoir ta propre analyse.

La question du peuple fit tiquer particulièrement Galaad.

-Concernant le peuple, c’est un peu le soucis. La révolte a été mené avant tout avec l’aide de basses-gens et le Conseil Souverain ne réunit que des sommités issus de lignées nobles. Le mécontentement commence à se faire entendre, mais les batailles principales sont encore trop récente alors la population se concentre encore sur le fait de panser ses blessures plutôt que de vérifier les changements qui se passe. Anséïs, qui venait d’émerger de ses soins intensifs, a essayé de convaincre les Ducs de faire entrer un représentant du Tiers-Etat au Conseil Souverain, mais trois Ducs s’y sont opposés et Sakuga n’était pas encore réveillé à ce moment-là, tout comme le Baudouin Saint-Acre qui voulait préparer son absence des Terres Croisés, là où nous nous trouvons, avant de partir pour la réunion. Sa réponse à la lettre de convocation disait « La guerre n’aurait servi à rien si le royaume tombait à cause de mon absence ». Donc pour l’instant, tout comme avant, le peuple n’a encore aucun impact sur les décisions politiques.

La question des cultes mentionnés par Ghetis était d’autant plus complexe.

-Des cultes inconnus ? À ma connaissance, il y a actuellement une douzaine de cultes actifs, enfin si on considère certains dérivés, voir certaines sectes, issus des religions principales. Pour se concentrer sur les religions principales, il en existe quatre. La première est celle qui est apparu en Romanium et qui ressemble quand même beaucoup à celle de Sakuga, le Contorsionnisme là : ils croient en une être céleste divin, une divinité unique à la triple couronne qui incarnerait la royauté de Kingadomu. Pas la famille royale ou même ducal, mais en quelques sortes le pouvoir lui-même : c’est lui qui donnerait l’autorité aux seigneurs en gros, si j’ai bien compris mais je ne suis pas sûr.  Le second culte est la tradition chevaleresque de Kingadomu, c’est-à-dire que tous les contes et légendes concernant les chevaliers forment une grosse mythologie traditionnelle. C’est celle là qui donnait son fondement au Code de la Chevalerie et à la royauté puisque la légende fondatrice de cette mythologie est celle de la guerre d’unification de Kingadomu en un seul royaume et dont les acteurs sont considérés comme des personnages sacrés. Le Chevalier-Dieu Graal bien entendu, mais également les Chevaliers-Saints ainsi que le premier roi de Kingadomu, Sol Invictus, ou encore le Chevalier-Forgeron d’Excalibur, Ascagne. La troisième religion majeur est celle des Divinités Animistes : Déesse de la Lune, Dieu de la Guerre, Dieu des Forêts, Dieu de la Terre, Déesse des Humains, Dieu de la Volonté… Beaucoup de principes y sont incarné par un « esprit » ou « entité » divinisé en une incarnation : c’est cette Déesse de la Lune qui a fondé l’Ordre de l’Eclipse Destinée et combattu aux côtés des humains. Enfin, la quatrième religion majeur est celle des Huit Sages de Pierre, qui est peut-être la religion la plus ancienne de Kingadomu. Cela fait référence à huit menhirs dispersés dans Kingadomu et gravés d’étranges symboles qui sont considérés comme le corps terrestre abandonné par des esprits divins.

Après cet exposé concis et simplifié des cultes, il fallait faire une précision.

-J’ai cru comprendre de Sonia que les choses étaient assez différentes dans certains pays à l’extérieur, alors il faut savoir que la plupart des cultes de Kingadomu coexistent et se complètent. Si la religion de Romanium n’accepte qu’un seul Dieu, les autres n’imposent pas d’exclure les autres. Je crois que Yodit me disait ce matin que c’est le caractère des polythéismes d’être « additif » là où les « monothéismes » sont « soustractifs », ou quelque chose comme cela. En somme, la majorité des habitants de Kingadomu croient à la fois dans la mythologie chevaleresque et dans les Divinités Animistes, ce qui est mon cas, et certains ajoutent même les Huit Sages de Pierre en plus. Je crois qu’ils s’arrangent en disant que les Huit Sages de Pierre sont eux même des Divinités Animistes quelque chose comme cela.

Il espérait que cela suffirait. Il ne pouvait entrer dans le détail que pour ses propres croyances après tout.

-Un état politique ? La chevalerie est une affaire de nobles et d’hommes. Je ne sais pas quel est le véritable point de départ de la révolution, mais cela pourrait même déjà commencer quand la vice-amirale Meredith Helmaroc a quitté Kingadomu car elle ne pourrait pas devenir chevalier ici. À sa suite, Bayard D. Anséïs voulut devenir une chevaleresse et fut condamné pour cela. Elle réveilla la Déesse de la Lune qui prit le parti d’Anséïs et qui révéla qu’elle avait passé un pacte avec un ancêtre du roi actuel, pacte qui ne fut pas respecté et visait à apporter la paix au pays. Ah oui, car Kingadomu est constamment en guerre depuis… 1500 ans ? 1600 ans ? Même si selon Yodit ce serait véritablement il y a sept cent ans que c’est devenu aussi violent. Du coup, des paysans et des femmes ont rejoint les rangs de cet ordre de la chevalerie particulier alors que selon le Code de la Chevalerie ce n’est pas possible que le roi a tenté d’exterminer. Après les négociations, les Duchés ont choisis chacun leurs camps. Yodit a révélé en plus pendant la prise de Camaaloth qu’un des Chevaliers-Saints les plus important de la légende de Graal était en vérité une femme, affirmant que du coup le Code de la Chevalerie avait certainement été modifié à un moment donné dans l’histoire de Kingadomu, alors que c’est le respect du Code de la Chevalerie qui était l’argument légitimant la répression. Le roi a été tué et donc la monarchie a prit fin. Maintenant, si on veut vraiment essayer de créer une paix, il faut trouver un moyen d’empêcher les Duchés de se faire à nouveau continuellement la guerre, sachant que jusqu’à présent il n’y a que la noblesse masculine qui était décisionnaire.

À cheval, la délégation fonçait droit en direction de Camaaloth, ce qui leur prendrait de nombreuses heures, pour ne pas dire plus d’une journée.

Duc de Francie, Duc des Terres Croisées, Duc de Germania
Lothaire Mérovinge "le Bleu d'Or", Baudouin Saint-Acre "le Maître des Bastions", Konrad Nibel "le Dragon Teutonique"


Marguerite de Lucion "Sa Baronnerie", Juan Aragone "la Pluie de Fer", Sherwood Raubritter "Chevalier Brigand"
Nouvelle Duchesse de Romanium, Nouveau Duc d'Ibériaco, Nouveau Duc d'Angle Land

Franklin Avalon "le Parlementaire", Bayard D. Anséïs "La Tueuse de Fées"
Nouveau Duc de Camaaloth, Magistrate-Régente du Conseil Souverain

-Ah Sakuga ! déclara avec soulagement celle que tous considéraient comme la dépositaire de la volonté de Iul lorsqu’elle vit enfin apparaître le héros étranger. Viens prendre place je t’en prie. Je suis ravi de voir que tu as meilleure mine que la dernière fois.

-Nous sommes en vie mais malheureusement Henry Pittman aussi, déclara Konrad. Je ne sais pas si vous êtes au courant de sa disparition des geôles à cause de Goldfroy. Nous craignions une tentative de contre-attaque de leur part, mais aucun signe pour l’instant.

-Nous n’avons que faire du Gouvernement Mondial, commença Marguerite. Néanmoins, en tant que héros sauveur du pays vous méritez ce siège.

-En effet, ce n’est pas votre Gouvernement Mondial que nous reconnaissons mais vous-même, confirma Lothaire.

-Néanmoins, concernant le monde extérieur, vous serez traités comme son représentant privilégier lorsque la question viendra, temporisa Anséïs.

Le Keigo pu donc s’asseoir à l’un des sièges laissé vacant. Lorsque le Parlement de Camaaloth était réunis, bien que cet organe ne servait pas à grand-chose, en général ils pouvaient rassemblés jusqu’à quinze magistrats. Il y avait donc autant de sièges supplémentaire qui pouvaient être posés auprès de la table en conséquence. Cela offrit l’opportunité à tous les autres de s’asseoir, seul la Bayard restant debout afin de chercher un peu de concentration en faisant les cent pas, tout cela à cause de la sensation de membre fantôme de sa jambe la démangeant et la gênant si elle restait assise. Sans attendre, Sakuga se lança dans un long monologue. Dès les premiers mots, Lothaire sembla assez réfractaire, tandis que Marguerite était pensive. L’ancien brigand était quant à lui pour, tandis que Konrad semblait plus soucieux d’observer les réactions de ses camarades que de réagir. Derrière son casque, qu’il n’enlevait même pas pour cette réunion n’ayant rien de militaire, Baudouin demeurait imperturbable tandis que Juan hochait doucement la tête. C’est un mot de trop qui fit vriller le plus conservateur des membres de la tablé.

-Des élections ! Soixante-dix élus ! Mais pour qui vous prenez-vous ! Que voudriez-vous offrir comme pouvoir à des personnes dont on ignore même si elle serait compétente ?!

-Laissez continuer Duc de Francie, pesta Anséïs en continuant de faire les cent pas avec sa béquille jusqu’à ce que le Keigo ait achevé sa première prise de parole.

-Quatre années ? C’est ridiculement cours pour faire quelque chose au milieu des disputes ambiantes, releva Konrad.

-Le peuple sera satisfait d’une telle pratique, mais quand serait-il des nobles ? nota Marguerite. Certes, l’Ordre a gagné la guerre, mais une partie des soutiens viennent du monde nobiliaire, Lothaire et Konra d en tête. Ce sont les nobles qui détiennent encore le pouvoir, les richesses, les ressources. S’ils se sentent trop l’aisés, voire oppressés, ils considéreront certainement que le nouveau régime veut se venger et ils pourraient se soulever à leur tour pour rétablir un régime leur étant favorable.

-Quel serait le rôle de ce Président de l’Assemblée dirigeant un gouvernement ? Quels pouvoirs posséderait-il ? Ce serait lui le chef de l’Etat ? questionna Juan.

-Comment trancherait-on si le Tribunal Souverain n’est pas lui-même d’accord ? Comment insuffler une ligne unique pour fédérer et organiser une union si l’autorité en charge de l’union est plurielle et modeler par des désaccords ? se demandait Raubritter. De mon expérience, la dernière fois que les Brigands de Kingadomu ont été dirigés par un groupe et non pas par un unique chef, des factions sont apparus et se sont entretués jusqu’à ce qu’il n’en reste plus. Si le Tribunal Souverain à cause de ses désaccords empêche toute décision du gouvernement, car au moins un membre du Conseil trouvera un désavantage pour ses intérêts ou ceux de son duché pour chaque décision du gouvernement, on finira par être bloquer à faire du sur place sans qu’aucune décision ne puisse être prise.

Il était vrai qu’en temps de guerre, on prenait les alliés qu’il fallait pour pouvoir l’emporter, sinon la victoire pouvait être inatteignable. Mais composé avec les différentes individualités des alliés une fois le conflit passer poussait à révéler finalement la diversité d’objectifs et d’intérêts de personnes s’étant réunis temporairement pour soutenir une même cause. Les alliés d’hier devenait les ennemis de demain.

-Que veut dire dictature ? s’enquit finalement Lothaire, puisque ce terme ne faisait pas partie du vocabulaire du pays, même du côté de la noblesse ayant quelques connaissances du monde extérieur.

Commença la seconde partie du monologue. Lorsque le Duc des Terres Croisées fut interpellé, son casque pivota d’à peine quelques millimètres pour signifier qu’il écoutait.

-Je vois. Sachez que j’ai longuement réfléchit de la situation avec les étrangers et je pense que nous comptions en parler plus tard, mais si vous souhaitez aborder la question maintenant, entrons dans le vif du sujet. J’autorise en effet Unite à s’installer temporairement dans les Terres Croisées, mais uniquement au pied des falaises pour l’instant. Pour l’instant vous vous trouvez sous le Krak des Croisées, mais la situation sous le Krak des Marées est plus propice. Il y a une bande de terre plus large qui se trouve là-bas, mais les débarquements évitent cette zone car la Falaise aux Epées est particulièrement tranchante, autant que de vrais lames, alors il est impossibles de les escalader à cet endroit-là. Il y a suffisamment d’espace là-bas pour que vous puissiez vous établir. Anséïs avait une proposition pour aller plus loin…

-En effet, merci Baudouin… Mon idée concernant l’ouverture du pays aux étrangers est de procédé par étape. Clairement, les mentalités ne sont pas prête à accueillir d’autres personnes extérieurs pour l’instant. Nous pouvons tolérer Unite pour leur rôle dans la guerre, mais ce sera difficile de justifier l’arrivée d’autres personnes alors même que la répulsion des étrangers fait partie intégrante de nos mœurs et de notre culture nationale. Par conséquent, pour nous ouvrir au reste du monde, je propose que nous créions une ville ex-nihilo, à l’endroit proposé par Baudouin, qui sera la seule où seront acceptés des étrangers. Le tout sera contrôlé par une unité armée qui s’établira au Krak des Marées afin de surveiller la ville. J’ai cru entendre de Meredith que l’on appelait cela des douaniers dans certains autres pays ? Cette ville nouvelle servirait donc d’intermédiaire mais surtout de passerelle entre le royaume et le reste du monde, et notamment le Gouvernement Mondial. C’est mon idée en tout cas. Sur demande spéciale, des étrangers qui y réside, ou des membres de Unite par exemple, pourraient être autorisés à rejoindre les Terres Croisées afin de pénétrer le pays.

-Ils vont nous inonder de leur culture dépraver et nous corrompre, pesta Lothaire. Chez eux, l’argent à encore plus d’argent qu’ici. S’ils nous inondent de leurs produits et font naître des rêves de richesses dans les esprits du Tiers-Etat, nous allons droit à des migrations de masse et à l’écroulement du pays.

-Je ne vous donnerais pas tort sur ce point, appuya Marguerite. Nous risquerions de devenir dépendant économiquement des étrangers… C’est d’ailleurs pour cela que je refuse que vous financiers les dédommagements et la reconstruction. C’est une aubaine, assurément, mais qu’est-ce que cela signifierait politiquement parlant ? Ce serait un marque d’échec de l’Etat souverain, un échec de notre souveraineté. Ce serait une dette colossale, nous vous serions redevable. Par conséquent, nous serions vassaliser et vous pourriez vous servir de cela comme d’un levier de pression afin de nous pousser à agir comme vous le désirer. Vous laissez vous financer le pays, c’est vous laissez vous approprier ce pays. Nous ne pouvons pas prendre un tel risque sur le témoignage de votre bonne volonté.

-Je ne m’attendais pas à me retrouver à un moment donné aujourd’hui d’accord avec vous Marguerite, mais sur le sujet je vous rejoins, poursuivis Lothaire. Le tribu est un impôt recognitif : envoyer de l’argent d’une seigneurie à une autre, d’une nation à une autre j’imagine également, c’est un signe de soumission, qui montre que l’on est inférieur. Mais dans le cas présent, c’est une organisation tierce qui effectue un don volontaire et dispendieux, non pas pour accepter de se soumettre mais pour orienter le pays vers le développement qu’il désire. C’est créer une souveraineté extérieure supérieure à notre souveraineté. C’est tout bonnement inconcevable.

-Présenter ainsi, c’est certains que cela ne donne plus du tout envie, nota Franklin qui demeurait parfaitement en retrait, en simple commentateur.

-Au moins cela soulève la question du commerce, nota Juan. Nous ne disposons que d’artisans, marchands ambulants allant de marché en marché et autres petits producteurs de ressources primaires là où les pays extérieures disposent visiblement de véritable commerces de grande ampleur. Je crois qu’ils appellent cela des sociétés ou des entreprises non ? Est-ce que nous devrions pas essayer d’améliorer les trois manufactures de textiles du royaume afin de tenter le coup d’exporter des marchandises ?

Ce débat, qui s’étala encore quelques minutes, était plus technique et nécessitait une connaissance profonde de la proto-industrie, très limité, de Kingadomu et permettait à Sakuga de réfléchir avant de se lancer sur la troisième partie de son monologue, celle sur les forces militaires.

-La fusion des armées ducales signifierait donc la fin de l’ost seigneurial… Vous voulez nous retirer tout pouvoir militaire à l’échelle de nos duchés afin que nous ne puissions pas nous faire à nouveau la guerre ? soupçonna Lothaire. Je comprends en effet l’intention, mais qu’obtiendront nous en contrepartie. Qu’aurions nous à y gagner de sacrifier ce qui fait la puissance des Ducs ? Votre « Assemblée » pourrait tout à fait finir par nous renverser sans problème.

-Vous ne pensez véritablement qu’à gagner en influence n’est ce pas… soupira Juan. Vous avez rejoins cette révolution afin de vaincre Angle Land et en pariant également sur le fait de tirer des bénéfices de la victoire et maintenant vous regrettez de ne pas avoir soutenu le roi qui aurait maintenu tel quel vos privilèges ducaux ?

-Répète un peu pour voir, enfant bâtard de copulateur, siffla le Duc de Francie.

Baudouin leva de quelques centimètres son épée, qui demeurait bien ranger dans son fourreau, afin de frapper deux fois le sol de la salle tout en restant assis, cela pour invoquer le silence.

-Si vous voulez vous battre, faites ça ailleurs et ayez la décence de ne pas impliquer vos duchés entiers dans des querelles. Ce n’est pas une garderie, nous sommes ici pour trouver un moyen d’empêcher ce royaume d’imploser.

Aux yeux du Saint-Acre, le coup d’Etat était bénéfique en ce sens, mais ce n’était qu’une première étape. Pas l’aboutissement, mais le début d’une tentative de sauvetage d’un ensemble de sous-Etats qui s’étaient tellement entredéchirés qu’ils étaient aujourd’hui difficilement réconciliable.

-Personne d’autre que Hruotland ne pourrait diriger une armée unifier de Kingadomu de toute manière, se contenta-t-il d’ajouter pour en revenir aux propos du Keigo.

-Pourquoi quatre ans ? Une fascination pour le chiffre 4 ? Et pourquoi le chef des armées devraient ainsi être changés aussi régulièrement ? interrogeait le Sherwood. Autant pour le pouvoir politique je comprends, autant là…

-C’est certainement pour empêcher la fidélisation de l’armée au général, répondit Marguerite. Si le général demeurait le même trop longtemps, les soldats se sentiraient redevable : ce serait à lui qu’ils devraient leurs gloires, leurs exploits, leurs richesses, et non au pays ou à ses dirigeants. En d’autres termes, ce serait le chef de l’armée qui serait le mieux placer pour orchestrer un coup d’Etat une fois la fidélité des soldats acquises à sa personne. Avec une personnalité aussi prestigieuse que Hruotland qui dispose déjà du respect de tous les chevaliers du pays, cette possibilité est d’autant plus plausible, peu importe la raison qui pousserait Hruotland à agir.

-Il demeure donc à convaincre les seigneurs qu’ils devront se priver de leurs chevaliers, rattachés par fidélités à leurs personnes, pour qu’ils soient loyaux au royaume à la place. Cela constituera en effet une chute drastique de la puissance de la noblesse, ce qui nous conduit à nouveau de la manière de contenter celle-ci afin d’empêcher leur révolte, releva Konrad. De plus, certains chevaliers sont des grands seigneurs qui ne voudront peut être pas rejoindre une armée mais plutôt rester à leur château.

Anséïs continuait à faire les cent pas, se remémorant les échanges qu’elle avait pu avoir avec sa « mère » au sujet de ce qu’ils pourraient faire une fois la monarchie déchue.

Galaad Seraph
Garde Royal de Kingadomu

Galaad conduisait les membres de la Couronne vers le site du premier menhir qui finit par se dévoiler au milieu des montagnes de Dros Gulthur, celle là même où l’Ordre de l’Eclipse Destinée s’était positionné avant le déclenchement de la bataille de Ghordalu. C’est au détour de plusieurs chemins sinueux que la petite troupe arriva finalement sur un promontoire au bout du quel se dressait divers roches en formes de pics, tous penchés en diagonales, formant presque un cratère autour du fameux mégalithe.

-Nous y voici. C’est le menhir de Voltumna, l’un de ces Huit Sages de Pierre selon la croyance.

Descendant de sa monture, le Seraph s’approcha du monument de roche dressé là depuis un temps insondable. Il désigna alors finalement une série d’inscriptions se trouvant gravés au sein même de la roche, demeurant à la postérité même si sur certains bords de la face du menhir certains caractères semblaient s’être effacés.

-C’est une écriture « cunéiforme », il me semble que l’on dit ça comme ça.

Il recula finalement afin d’observer le monument dans son ensemble.

-Il fut un temps où les habitants se regroupaient autour de ces menhirs en leurs adressant des offrandes de pains et de vin, faisant la fête et murmurant des prières. Ce genre de festivités et de rites sont maintenant plus rares mais les croyants les pratiques encore. Après, certains intellectuels pensaient que ces mégalithes auraient plutôt servis à étudier les étoiles, faire de l’astronomie. Je ne suis pas un spécialiste, mais je pourrais toujours vous conduire vers certains de nos savants après. Pour l’instant aucun ne s’est rendu à Camaaloth, beaucoup se sont réunis en Francie et en Germania suite à la fin de la guerre civile.

Duc de Francie, Duc des Terres Croisées, Duc de Germania
Lothaire Mérovinge "le Bleu d'Or", Baudouin Saint-Acre "le Maître des Bastions", Konrad Nibel "le Dragon Teutonique"


Marguerite de Lucion "Sa Baronnerie", Juan Aragone "la Pluie de Fer", Sherwood Raubritter "Chevalier Brigand"
Nouvelle Duchesse de Romanium, Nouveau Duc d'Ibériaco, Nouveau Duc d'Angle Land

Franklin Avalon "le Parlementaire", Bayard D. Anséïs "La Tueuse de Fées"
Nouveau Duc de Camaaloth, Magistrate-Régente du Conseil Souverain

Les regards se tournèrent vers l’amiral à son arrivée. Les regards différaient d’un duc à l’autre : Lothaire et Marguerite étaient méfiants, Konrad et Raubritter étaient curieux, Juan se grattait le menton l’air pensif tandis que Baudouin demeurait toujours inexpressif, alors que finalement Franklin semblait plutôt enjoué d’avoir l’opportunité de voir un des fameux amiraux, bien qu’il savait juste que cela constituait la plus haute force de frappe du fameux Gouvernement Mondial. Voyant que personne ne se prononçait à l’encontre de la présence du Kurohebi, ce qui n’aurait certainement pas été le cas sans l’aval du Keigo, Anséïs prit la parole pour officialisé la chose.

-Ô Amiral, ami de Sakuga, soyez le bienvenue à Kingadomu. En tant que régente du royaume, permettait moi de témoigner des hommages de mon pays et d’accepter votre présence en tant que conseiller de Sakuga Keigo dans le cadre de ces affaires du régime provisoire.

C’est alors que le paladin constantiniste entama ses réponses aux échanges provoqués par son intervention.

-Cela n’explique toujours pas la nécessité de fixer des durées de quatre ans pour la forme « finale », fit remarquer le dernier des Avalons alors que c’était même pas lui qui avait posé la question initiale. Vous pensez que c’est suffisamment efficace ?

-Si vous en êtes à vouloir demander l’avis de tout le monde et même du plus ignorant des paysans qui n’y comprend rien à la politique ou au concept de monnaie, pourquoi ne pas aller jusqu’à proposer au peuple de décider lui-même du régime ? déclara Lothaire dans une proposition totalement ironique. Êtes vous certains que la majorité du peuple veulent avoir cette opportunité ? Le plus important n’est-il pas qu’ils soient en sécurité et heureux dans leur quotidien ?

-Il est vrai que l’Eclipse Destinée propose le changement des mœurs, des opportunités d’élévation sociale et la fin des bannissements de chevaliers pour des motifs égoïstes de seigneurs, des progrès pour la société en somme, mais qu’il n’a jamais été question de modification du système politique, nota le Sherwood. Pour autant, on ne peut pas garder le système tel quel sinon cela conduirait à de nouvelles dérives. Il faut une autorité en mesure de surveiller les seigneurs afin de s’assurer qu’ils n’abusent de leur pouvoir.

-Je pense en effet que le soucis majeur n’est pas tant la société d’ordre en elle-même, mais d’une part le manque de porosité entre les ordres et surtout la fin du dialogue entre les sujets et leur seigneur, présenta Juan.

-La Déesse de la Lune, avait évoqué quelque chose à ce sujet, repris Anséïs, porte-parole de Iul. La guerre perpétuelle conduisit à la nécessité pour chaque seigneur de défendre ses propres intérêts et territoires dans ce climat ambiant menaçant constamment les positions de chacun d’entre eux. Du conflit naissait le doute, l’égoïsme, l’obsession et finalement la haine. Trop accaparé par ces questions, leurs rapports à leurs sujets se limitaient à tirer tout ce qu’ils pouvaient d’eux pour faire la guerre. Selon Mère, c’était la volonté d’une personne qui à tout fait pour accentuer les guerres à Kingadomu : elle a finit par me révéler qu’elle parlait du Dieu de la Guerre qui aurait voulu par là permettre à Kingadomu de se développer militairement. On ne peut pas nier le fait qu’il a raison : les guerres continuelles ont permis de développer nos armées et nos chevaliers pour devenir plus que puissant, en mesure de tenir tête aux fameux yonkou et notamment face à notre rivale historique Wa no kuni. Cela s’est fait au prix de tout ce qui a conduit la situation à devenir irréversible… Mais le Dieu de la Guerre est bel et bien parvenu à faire de Kingadomu une armée dormante en mesure de se déverser sur le monde, de la même manière que les Démons ont jadis déferlés.

-On s’éloigne du sujet, pesta Lothaire. Une vision idéaliste c’est bien pour imaginer que tout le monde puisse être heureux, mais dans les faits il faut être pragmatique : on ne peut pas construire quelque chose de nouveau sans que quelqu’un y perde quelque chose. De plus, plus que disposer de l’influence, les nobles sont surtout les seuls aptes à véritablement gouverner : nous sommes les seuls à recevoir une éducation, en tout cas à l’heure actuelle. Je ne peux pas considérer que l’on puisse se retrouver avec une assemblée pleine d’illettrés ne connaissant pas la moitié des notions importantes aux décisions de gestion d’un territoire avoir autant de pouvoir. C’est courir à la catastrophe. Donc oui il y aura des sacrifices à faire, mais je ne condamnerai pas pour autant le pays sur la base de fantasmes utopiques.

-Pour revenir sur ce que disait Anséïs aussi, je dois vous rappeler Sakuga que même si votre but n’est pas d’oppresser la noblesse, il ne tient qu’à eux de le ressentir ainsi, nota Marguerite. La majorité des gens se laissent guider par leurs émotions et non véritablement par leur raison. Quand on se retrouve attaquer dans des privilèges que nos familles disposent depuis des générations, pour lesquelles certains ancêtres ont versés le sang, on ne peut que ressentir une forme d’injustice à en être privé.

-Vous proposez donc de séparer les pouvoirs, s’étonna Juan. C’est une pratique courante en dehors de Kingadomu ? Je ne pense pas que ce soit une idée que l’un de nous aurait pu avoir.

-Comment cela se passerait-il en cas de désaccord entre les trois entités par conséquent ? Les conflits de visions ne pourraient pas aboutir à freiner tout le système ? Voir à déclencher de nouvelles guerres ? s’enquit Konrad.

-On a oublié d’en parler d’ailleurs, mais comment pourrait mettre en place un système de votes de toute manière ? Sur quelles critères ? Qui aurait le droit de voter ? Où et comment voter ? renchérit Franklin, curieux.

-J’entends votre argument de se battre par la plume, enfin par les mots, plutôt que par l’épée[/b], releva Lothaire. Néanmoins, vous mettez sous le tapis les habitudes de la majorité d’entre nous. Pendant des siècles, la guerre a été la pleine forme de discussion entre les seigneurs, entre les Duchés, avec le roi comme seul médiateur. Ce n’est pas car nous plaçons un système politique qui repose sur la discussion que nous allons forcément empêcher que des conflits éclatent à nouveau.

-Il faut alors plutôt compter sur la modification des mœurs d’abord, avança en conséquent Raubritter. Au final, il faudrait changer la vision d’une partie de la société pour que celle-ci puisse adhérer à une autre manière de procéder. La réforme du Code de la Chevalerie et tout ce qui s’en suit devrait donc précéder le reste.

-Vous abusez un peu concernant le rôle du roi, se permit Marguerite, qui avait quand même était courtisane royale. Je tiens malgré tout à rappeler que la famille royale ne disposait d’aucun allié dans la noblesse et se faisait taper sur les doigts à la moindre occasion par tous les aristocrates ayant des doléances. Le rôle du roi était de freiner les guerres et tenter de pousser les Ducs à la paix. Le roi n’avait rien pour limiter ses pouvoirs ? C’était la noblesse cette limitation, s’emporta-t-elle tandis que Lothaire et Konrad semblaient visiblement mal à l’aise. Dire qu’Hoël a gouverné à sa guise est une vaste blague. Il était loin d’être parfait, mais la plupart des anciens ducs sont autant responsables que lui, si ce n’est plus.

-J’accorde ce point à la nouvelle duchesse. Vous vous êtes souvent servis du roi comme bouc-émissaire, déclara Baudouin, sortant de son silence, pour évoquer ses collègues ducs. Je crois que c’est peu dire que le roi était la personne la plus détestée de la noblesse, sauf à Angle Land qui avait noué une relation symbiotique à la couronne.

-Je peux vous garantir que si feu Sa Majesté s’est battu, c’est pour l’honneur des Avalons et pour défendre sa vision de la Chevalerie, du fonctionnement du pays, avança Franklin. La famille royale était la gardienne des traditions et c’était spécifiquement les traditions qui étaient visés par l’Eclipse Destinée.

C’était peut-être un élément qui avait échappé au Keigo, les seuls pour lesquels la guerre civile était politique étaient les Ducs, Baudouin exclu comme toujours, tandis que pour le reste de la population s’était un conflit social. Comme souvent dans l’histoire, des puissants avaient instrumentalisés des revendications à leur propre compte et ceux-là en était ressortis vainqueurs, là où leurs rivaux avaient parier sur le mauvais cheval. Que ce soit de bonne foi, comme Konrad, ou volontairement, comme Lothaire, cette réalité ne pouvait être modifier. Désormais, la donne changeait avec la promotion des nouveaux ducs qui n’avaient pas ces intérêts politiques antérieurs, sauf Marguerite qui contrebalançait ainsi le désintérêt de Baudouin quant à la politique intérieur du royaume.

-Peu importe que le peuple soit crédule du monde extérieur tant que le peuple est en sécurité, répliqua rapidement Lothaire à la contre-attaque du Keigo. C’est mon opinion. Je sais qu’avec notre victoire dans cette guerre nous devons faire évoluer les choses, mais je reste sur les fondements de notre système... L’aristocratie est littéralement « le gouvernement des meilleurs », dans le sens où encore une fois c’est la noblesse qui est capable de prendre les décisions, c’est dans ce sens que nous sommes les « meilleurs ». Le rôle du peuple de son côté et d’alimenter la société, de la faire vivre. C’est une relation bilatéral, nous décidons pour eux et ils nous font vivre. C’est bien cela la base de notre régime seigneurial. Alors je me répète, peu m’importe de limiter les possibilités pour les habitants, ce qui compte pour moi c’est leur sécurité. Les effets de migrations vers de nouvelles contrées parlons-en : vous-êtes certains que cela sera au bénéfice de nos sujets ? Ils vont débarquer dans un monde bien différent de ce qu’ils ont connus, plein de crédulité et de rêvés d’émancipation et de richesses, face à des technologies et d’autres choses que nous ne connaissons pas ici, que nous ne sommes même pas capable d’imaginer. Que deviendront-ils là-bas alors qu’ils n’ont pas les compétences adéquates pour vivre dans cette société ? Ce sera une main d’œuvre à bas coût qui se fera exploiter jusqu’à la moëlle. Je pense qu’ils ont un meilleur avenir ici, avec des terres à exploiter, qu’à finir plus pauvre que pauvre dans des contrées lointaines sans famille ou seigneur pour les soutenir et les protéger.

Il marqua une pause puis reprit.

-Concernant l’exportation de produits à l’étranger, tant que l’on contrôle l’importation je suis prêt à lâcher du lest.

-Se relever économiquement ? répéta Konrad incrédule. À quoi l’argent peut-il servir aux Ducs si nous n’avons plus pour projet de faire la guerre ? Enfin pour ma part, en dehors des impôts en nature, l’argent que je touchais des impôts servait uniquement à l’armée.

-De même… Et à quelques frais d’espions et de pots-de-vin, avoua Lothaire.

-Mais échanger des marchandises entre duchés sera déjà assez novateur. Dans plusieurs duchés, cela était considéré comme de la contrebande selon les lois locales, mentionna Franklin l’air de rien. D’ailleurs, puisque les lois royales concernaient pour la plupart les seigneurs et non le peuple, le Code de la Chevalerie lui-même excluant le peuple par exemple et ne les concernaient donc pas, il faudrait effectuer un comparatif entre les lois ducales qui s’appliquent au Tiers-Etat.

-En tout cas votre proposition est bien sympathique concernant le développement commercial et tout cela, mais nous n’y comprenons rien par nous-même de toutes manières. Vous pouvez nous vendre monts et merveilles sans que nous puissions déceler de faille à cause de notre méconnaissance, avança Marguerite.

-Une démarche de croissance… répéta Konrad pour lui-même, ignorant complétement le concept étant donné que la société de Kingadomu n’était pas du tout capitaliste contrairement au système-monde du Gouvernement Mondial.

-Concernant l’armée unie, voulez-vous donc pas interdire toute possibilité à la noblesse de recourir à des armées privées ? demanda Baudouin, particulièrement concerné par le militaire. Les compensations financières, si elles étaient acceptés, pourraient servir à lever des milices et des troupes, certes moins bien formé que l’armée nationale, mais qui pourraient se conjuguer aux troupes voulant demeurer auprès de leur seigneur. Le système féodale dans lequel nous nous trouvons repose sur la loyauté et la fidélité. Je connais peu de chevaliers qui seraient prêts à abandonner le seigneur à qui ils doivent tout. La Garde Royale était spécifiquement la seule exception puisqu’elle rassemblait des chevaliers issues de différents duchés et fidèles par conséquent à d’autres seigneurs. D’après ce que j’ai entendu après la cérémonie funèbre en l’honneur de tout ceux tombés au combat, au final seuls des Gardes Royaux se sont retournés contre leur seigneur durant les batailles… Si, il y avait bien le seigneur vampire d’Angle Land mais qui n’était pas un vrai chevalier du point de vue du Code de la Chevalerie. Au final, cela pourrait être même cette armée nationale qui rassemble les nouveaux chevaliers que nous allons autoriser, à savoir les femmes et des membres du Tiers-Etat qui devront passer par toute une formation contrairement aux chevaliers demeurant fidèles aux nobles. Au final, le risque serait que le pouvoir centrale pourrait bel et bien être à nouveau menacer par une alliance de nobles comme cela a pu être le cas par le passé.

Ce fut au tour de l’amiral Kurohebi de prendre la parole.

[b]-Voilà de sages paroles, nota directement Lothaire concernant la première réflexion.

-En effet cela fait plus de sens, déclara Marguerite, enfoncé dans son siège, après plusieurs secondes de réflexion après la remarque de Ghetis sur la séparation entre exécutif et législatif, les idées de Sakuga particulièrement révolutionnaire pour le pays conduisant à ce que même les plus habiles ne voient pas forcément certaines failles.

L’Archer proposa alors ses propres contrepropositions.

-Les impôts seraient donc généralisés ? interrogea Konrad. En temps normal chaque seigneur gère sa propre trésorerie. Réfléchir aux coûts tous ensemble n’est pas quelque chose de commun et nous ne connaissons pas les fonds dont disposent les autres. Pour les trois ducs remplacés par conséquent, c’est impossible d’obtenir les chiffres.

[b]-Concernant les reconstructions… commençait Lothaire. Il faudrait déjà décider de ce que l’on va faire de Camaaloth avant de savoir ce que l’on reconstruit ou ce que l’on ne reconstruit pas. S’il y a autant de ruines de châteaux dans le pays, c’est que l’on a tendance à abandonner des forteresses lorsqu’elles sont en trop mauvaise état et que les corvées ne permettent pas de remplir tout leur entretien. Mais pour Camaaloth, on pourrait remplacer la demeure royale par un bâtiment servant aux institutions centrales du nouveau régime.

-Pour le reste des dépenses… continua Juan. Les armes et amures à réparer entrent dans les coûts, pour les soldats pas pour les chevaliers puisque ces derniers sont en charge de leurs propres frais. Ensuite, s’il fallait prendre en considération le système actuel, pour rétribuer des personnes lésés par la guerre pour la première fois dans l’histoire du royaume, il faudrait faire des distributions alimentaires pour rétribuer la population ayant souffert des conflits. Il est vrai que la paysannerie n’a que faire de l’argent en général, seuls les marchands et artisans ont recours aux monnaies. Il n’y a que peu de grands tenanciers qui produisent assez de surplus pour les vendre aux marchands et artisans.

-La solution du Fermier Général que vous présentez parait sensé sinon, insista Anséïs. Il faudrait simplement déterminer de combien nous avons besoin. Mais c’est certainement une somme astronomique. Sans compter la potentielle reconstruction de Camaaloth, je pense que 50.000.000 de berrys serait une valeur cohérente permettant de lancer une politique sociale.

Si le berry était devenu également la monnaie de Kingadomu, tant celle-ci s’était répandu dans le monde, sa valeur n’avait rien à voir avec celle qu’elle avait à l’extérieur du pays à cause de la rareté des pièces en circulation. La même pièce d’1 berry pouvait valoir à Kingadomu autant que 100 berrys à l’extérieur. C’était d’autant plus particulier que le berry était devenu l’incarnation matériel d’une unité de compte, l’écu, complémentaire au sou, sachant de 80 sous faisaient 1 berry.

L’historique de la chose était la suivante : dans le système féodale, les deux fonctions essentielles de la monnaie, comme mesure des valeurs et comme moyen de paiement, sont séparées l'une de l'autre. Ce divorce des deux fonctions de la monnaie avait été imposé par la raréfaction des espèces métalliques, raréfaction organisé afin de préserver le métal pour le destiner à la forge des épées et des armures. À l’origine, les habitants de Kingadomu calculaient les compositions non en monnaie, mais en denrées tels que les chevaux, bœufs ou encore pièces d'étoffe, dans une idée où certaines marchandises ont valeur de monnaie. Après l’apparition de la monnaie et la montée en puissance des pouvoirs seigneuriaux, les quantités d’espèces commençaient à devenir trop importante à compter. De ce fait, l’écu fut introduit dans les livres de comptes des seigneurs afin de simplifier les calculs. Jusqu’à l’intronisation du berry venu de l’extérieur, l’écu n’avait pas de pièce de monnaie matérielle, c’était une valeur imaginaire, abstraite, représentant une certaine somme. De cette façon, en raison de la rareté des berrys, certaines transactions entre Ducs à Kingadomu s’effectuaient sans échanger le moindre berry physiquement.

-Une taxe d’importation… réfléchissait Anséïs. C’est vrai que techniquement la ville n’aura pas de seigneur propre, ou en tout cas fera partie de la seigneurie de Baudouin, mais avec les statuts municipaux qui vont avec et des droits particuliers lié à cette originalité. Pour que cela soit équitable, cet impôt particulier devra bénéficier non pas à Baudouin uniquement mais à l’ensemble du régime.

-Cela ne me dérange pas, confirma le Saint-Acre.

Les Ducs prenaient bonnes notes des informations fournis et sur les procédés présentés, en l’occurrence le protectionnisme, dont ils étaient ignorants jusqu’à présent.

-Vous comptez donc mettre également en jeu les duchés selon des principes d’affrontement militaire et non de politique ? s’étonna Lothaire. Il n’y a que Baudouin et Juan qui parviendront à conserver leur poste, voire le chef des brigands dont je ne connais pas plus que cela les capacités…

-Je suis un duc tout comme vous désormais, répliqua le concerné.

-Bref. J’ai déjà expliqué pourquoi ce devrait être les compétences en politique de la noblesse qui prime pour désigner des dirigeants. Le talent à l’épée n’a rien à voir là-dedans de mon point de vue, surtout si l’objectif est de ramené la paix dans le royaume.

-Personnellement, je pense que les fonctions ducales gagneraient à être plus vertueuses grâce à l’esprit chevaleresque, nota Baudouin.

-Rassembler des Barons aux Comtes… Cela me fait penser à une vieille pratique, les Etats-Généraux… Enfin là ça serait plus vaste, mentionna Marguerite.

-Duchesse du Tiers-Etat afin de continuer l’œuvre de Mère ? Tant que je peux demeurer présente pour perpétuer l’héritage de Sa Divinité Lunaire, déclara Anséïs.

-Le budget ? Qu’est-ce que c’est ? s’interrogèrent en cœur Lothaire, Marguerite, Konrad et Franklin.

-Les conditions habituelles sont la primogéniture. À la mort du souverain, son fils le plus âgé encore en vie lui succède, avança ensuite Anséïs. Puisque Franklin est le seul enfant mâle d’Hoël XXI encore en vie, ce serait donc lui le nouveau roi et continuateur de la lignée des Avalon ? Sakuga, quelle est ton opinion à ce sujet ?

Frère Gundovald, Frère Hunald
Docteurs en théologie à Kingadomu

Asmita pu faire la photographie qu’elle souhaitait et pénétrer le rocher grâce à son pouvoir. Sa constitution était particulière, la roche n’étant clairement pas la même que celle environnante, voire même que ce qu’on pouvait trouver dans tout Kingadomu. Si cette roche avait un jour était réellement vivante, aujourd’hui elle était réellement morte. La question était de savoir si les cadavres d’être de pierre et de sang pourrissaient où s’ils restaient figés pour l’éternité, transformés en un simple bloc de pierre. Aucune trace de caisson dans les environs également.

Le nom ne lui disant rien non plus, Galaad se contenta de conduire la petite troupe, ainsi que les représentants de Unite surveillant les actions des représentants de la Couronne, en direction d’un studium se trouvant près de la capitale de Francie et où une partie des intellectuels du royaume s’étaient réunis suite à la fin de la guerre. La quantité de livres était modéré : la salle principale du bâtiment pouvait représenter une bibliothèque, mais rien de comparable aux grandes bibliothèques des plus imposantes universités du Gouvernement Mondial. Et pour cause, on pouvait dans le scriptorium une floppé de copistes qui recopiaient mot à mot certains des livres. L’imprimerie n’avait pas encore percé au cœur de ces terres et l’accès au savoir écrit s’avérait donc particulièrement complexe, véritablement réserver à l’élite pouvant se payer des ouvrages ou les consulter directement aux abbayes en étant eux même des clercs. De ce fait, les livres employés par les cultes sectaires étaient de véritable relique ayant plus d’importance que la vie de certains membres. La religion des Sages Pierre ne disposait même plus d’écrits authentiques : l’oralité avait fait disparaître beaucoup des coutumes. Finalement Galaad s’arrêta devant un cercle de moines qui semblaient plongés dans une discussion vis-à-vis du régime politique en plein changement.

-Asmita, Yzis, je vous présente les frères Gundovald et Hunald. Ils sont reconnus parmi leurs pairs pour être deux des plus éminents experts en théologie de tout le royaume. Gundovald est celui qui dirige ce studium, le plus important de Francie. Il est également en pleine rédaction des chroniques de la guerre civile pour les générations à venir. Hunald, quant-à-lui, a donné ses leçons à plusieurs héritiers ducaux. Il a également participé à la formation intellectuel de deux princes, dont Franklin, en tant que précepteur à la cour royal.

Les deux moines en question s’inclinèrent en guise de salutation.

-J’imagine que vous avez des raisons de venir bafouer l’ascèse spirituelle des moines Ser Galaad, demanda Hunald. Nous nous sommes retirés afin de méditer et questionner les cieux.

-Peu importe. C’est justement un temps de changement, répliqua Gundovald.

-Ces gens ont des questions à vous poser sur l’histoire du royaume, expliqua ensuite le Garde Royal.

-Je vois. Suivez-vous jusqu’à mon officine.

Gundovald conduisit ainsi son homologue, les deux Archer et les membres de Unite dans une pièce dont émanait des effluves d’herboristerie. Entre les ingrédients, quelques vieux grimoires ouvragés résistaient au passage du temps.

-Nous vous écoutons. Que voulez-vous savoir ?

Duc de Francie, Duc des Terres Croisées, Duc de Germania
Lothaire Mérovinge "le Bleu d'Or", Baudouin Saint-Acre "le Maître des Bastions", Konrad Nibel "le Dragon Teutonique"


Marguerite de Lucion "Sa Baronnerie", Juan Aragone "la Pluie de Fer", Sherwood Raubritter "Chevalier Brigand"
Nouvelle Duchesse de Romanium, Nouveau Duc d'Ibériaco, Nouveau Duc d'Angle Land

Franklin Avalon "le Parlementaire", Bayard D. Anséïs "La Tueuse de Fées"
Nouveau Duc de Camaaloth, Magistrate-Régente du Conseil Souverain

Le Conseil Souverain commença à réagir aux propositions de Ghetis.

-La latence et le temps de réflexion… releva Anséïs.

-Une ressource variable ? Normalement nous fixons l’argent dont nous avons besoin et nous demandons aux paysans de payer. Par conséquent c’est vrai que ça change mais c’est à notre demande et selon des pratiques qui arrangent les seigneurs, indiqua Lothaire.

-Il faudra convaincre les nobles de ne prélever que selon un régime fixe et ne plus changer les modalités en fonction de ce qui les arrange pour avoir les fonds dont ils ont besoin, déclara Marguerite.

-Faire à nouveau de Camaaloth le siège du royaume serait pertinent avec le nom d’infrastructures que l’on peut adapter, approuva Franklin.

-Nos navires à flot ? Kingadomu ne dispose pas de flotte. Ceux qui construisent des bateaux étaient jusqu’à aujourd’hui vu comme des criminels qui encourageaient des gens à quitter le pays, indiqua Raubritter. Il n’y avait que quelques navires des Saint-Acre afin de pouvoir porter la guerre jusqu’à Wa no Kuni en cas de besoin ou de se défendre sur ordre du roi, mais cela doit faire trente ans que ces coquilles pourrissent dans une crique à l’est du royaume à ce que j’en sais.

-Je crois que c’était simplement une expression, s’aventura Konrad. Mais cela ne correspond pas à notre culture donc cela peut nous sembler étrange.

-Faire apparaître de la nourriture ainsi à volonté est proprement magique, avoua Juan, des étoiles dans les yeux face au pouvoir de la botanique.

-Quelqu’un s’oppose-t-il à l’installation d’un commerce de Ghetis Archer dans cette ville nouvelle ? demanda alors officiellement Anséïs.

Marguerite et Lothaire s’échangèrent un regard, mais abandonnèrent l’idée de s’y opposée. Il y avait trop à perdre.

-L’héritage du titre ducale ne se ferait plus par le sang mais au mérite selon ces termes. Cela me convient parfaitement, nota Lothaire en souriant, satisfait du triomphe de l’aristocratie.

-Bien entendu, cela vous avantage, lança le Saint-Acre sans même se tourner vers son interlocuteur qui répliqua par un regard noir.

-C’est polyvalent en fait, nous pourrons fixer les besoins de successions pour s’assurer que les compétences à la fois militaire et administrative des nouveaux ducs soient attendus, que l’aspect militaire soit au niveau stratégique ou du combat directement, releva Marguerite qui n’était pas non plus une guerrière.

-Nous conserverons un fort attrait militaire, avoua Anséïs. C’est ancré dans notre culture trop profondément. Mais j’espère que nous parviendrons à faire décroître la violence pour obtenir une véritable paix et union. Si nos forces militaires sont si fortes, c’est en raison des conflits internes continuelles qui nous gangrènent et qui nous ont poussé à être toujours de plus en plus fort. Si nous parvenons à mettre fin à la vision de nos voisins comme étant des ennemis directes, nous perdrons peut être une partie de notre force, mais au moins la vie à Kingadomu sera plus paisible, plus vivable.
-
-La tenu de réunions régulières entre les ducs me semble indispensable en effet, renchérit ensuite Franklin, générant un consensus globale de l’assemblée qui hocha la tête à l’unisson, à l’exception de Baudouin qui demeurait toujours immobile dans son armure.

-Ce sera essentiel si nous voulons arrêter de traiter les Duchés comme des pays différents et faire un seul royaume unifié, appuya Konrad.

Les propositions de Ghetis notaient une conscience politique très établis et il semblait réussir à transposer son expérience aux cas particuliers de Kingadomu. Il n’essayait pas d’imposer une structure mais de tordre l’existante en y ajoutant quelques compléments afin de faire rentrer cela dans le moule. De plus, en plaçant les enjeux centraux sur les fonctions ducales, cela évitait les retournements de veste de la noblesse qui pouvait demeurer réfractaire.

-Une escouade de « Protecteurs du Peuple », réfléchissait Anséïs. Je pense que nous pouvons investir certaines personnes s’étant démarqué au sein du Nouvel Ordre de l’Eclipse Destinée. Pour les rattacher au peuple, nous pourrions les appeler « Bourgardiens », faisant un mélange entre « Bourgade » et « Gardien ». Ils seraient responsable de la sénéchaussée par conséquent.

Ghetis vint ensuite expliquer rapidement la notion de budget.

-C’est donc chercher à prévoir à l’avance les dépenses plutôt que de lever les fonds quand nos caisses sont vides ou que nous avons un besoin urgent de ressources… Et il faut prendre en compte tous les niveaux de l’administration visiblement. Chez nous c’est ceux qui ont une charge qui s’occupent des dépenses liés à ladite charge et disposent en conséquent de terres ou de droits sur des personnes afin de pouvoir tirer les revenus par eux-mêmes. C’est l’un de mes chambellans qui se charge de l’entretien des routes par exemple sur ses propres fonds liés au domaine qui lui a été concédé pour sa fonction de chambellan. Je n’ai pas la moindre idée de combien ça pourrait coûter… Les travaux d’entretiens font parties des corvées que les cerfs doivent aux propriétaires fonciers de leur terres : c’est une sorte paiement en nature par du travail d’intérêt général si vous voulez, expliquait Lothaire en retour. De même les chevaliers et soldats ont en charge d’acheter leur propre équipement et cheval, et ceux qui ne disposent pas de quoi nourrir un cheval se voit chasé, alloué un tout petit lopin de terre si vous préféré. Cela nécessiteras donc de changer le fonctionnement de ce point de vue également.

Ce fut ensuite les paroles de Sakuga qui furent traités, avec la réponse de Franklin.

-Oui, ma soeur est sous-surveillance à Angle Land car le Conseil Souverain craint que son beau-père ne tente de la capturer afin de venir nourrir un discours revanchard de contre-attaque contre le nouveau régime justement. Je ne sais pas si ma sœur serait ravi de recevoir ce post. Avoir une vie simple loin de la politique lui irait peut-être : après la mort de celui qu’elle aimait dans la tentative de celui-ci de s’emparer d’Excalibur pour revendiquer le trône afin de pouvoir se marier avec elle, ainsi que son mariage, elle s’est progressivement enfoncé dans la déprime. Elle ressemblait à une morte-vivante la dernière fois que je l’ai vu avant la guerre civile… Elle a assumé son rôle de princesse, mais je pense qu’intérieurement cette vie de responsabilités ne lui convenait pas. Ses espoirs ont été piétinés et elle n’attend pour l’instant plus rien de la vie. J’espère qu’elle rencontrera quelqu’un capable de la reconduire au bonheur, expliqua le prince, visiblement assez affecté par la détresse de sa sœur. Quand à ma propre situation… Je dois avouer que je n’ai jamais réfléchi à la question. On m’a appris très tôt que je n’aurais pas le choix alors j’ai essayé de me préserver sur le plan sentimental en attendant de savoir. Mes deux frères étaient mariés, mais mon cas ne semblait pas urgent… Jusqu’à la guerre où je devais épouser la nièce du précédent duc de Romanium, un des termes de l’accord pour avoir son aide.[/b]

Marguerite de son côté souriait en coin car elle pensait avoir des opportunités de séduire une telle âme novice en sentiments, tandis que Lothaire lui ne se sentait pas visé. Les alliances matrimoniales s’étant multipliés au fil des générations, contrairement à l’ancien duc d’Ibériaco, il jugeait que cette méthode ne fonctionnait pas sur le moyen et long terme et privilégiait des solutions différentes. Mais l’ombre de « la Duchesse », l’ancienne favorite royale, planait également sur la question.

-Sans distinction entre filles et garçons ?! s’étonna à haute voix Lothaire, criant presque de surprise, tandis que Konrad et Raubritter semblaient également assez surpris. Offrir aux femmes la possibilité de devenir chevalier et embrasser des carrières masculines et au peuple l’opportunité de s’éduquer, c’est une chose, mais mélanger garçons et filles dès l’enfance ? N’est-ce pas un terreau fertile pour la perversion ?

Il était vrai que dans la culture masculine et chevaleresque de Kingadomu, voir un peu trop de peau d’une femme était considéré comme érotique et aguicheur, voire pervers par conséquent pour les plus prudes et respectueux des bonnes mœurs, et par conséquent le fait que lors de l’adolescence les enfants des deux sexes soient aussi rapprochés faisait craindre pour le salut de leur âme dans l’au-delà.

-Vous voulez leur enseigner les base du quadrivium et de l’artisanat… Il faudra certainement recruter beaucoup de moines dans cette optique, ce sont les seuls qui sont en mesure d’enseigner, réfléchissait ensuite Konrad. Il faudra peut-être même déployer une politique pour inciter davantage vers cette voie qu’à l’heure actuelle. Il est vrai que jusqu’à aujourd’hui, entre moine et chevalier, la grande majorité a toujours choisis la chevalerie, mais avec la diversification la donne pourra changer.

-Concernant ces grands collèges, on pourrait simplement demander aux ordres monastiques de transformer le studium le plus important de chaque duché pour devenir le « collège de Sciences ». Pour le « collège Militaire », chaque Duc dispose plus ou moins d’un espace de formation de chevaliers, il suffira de transfert ce personnel dans une forteresse à part qui deviendra cette école. Enfin, pour l’artisanat, il nous faudra demander aux corporations majeurs de s’accorder entre elles pour mettre cela en place, proposait Baudouin.

-Les maîtres artisans seront peut-être assez réfractaire à perdre leur monopole de pratique en s’associant à d’autres groupes, mais ils devraient pouvoir se laisser convaincre, appuya Raubritter. Et finalement la proposition ne changeant pas en soit le système maître du métier-valets-apprentis.

Valet avait ici la signification d’acolytes ou de salariés tandis que le « métier » ne désignait pas l’ensemble de la profession mais le groupe de cette profession que dirigeait le maître du métier. C’était en quelque sorte le synonyme de la société dans cette profession. De ce fait, le système était à trois niveaux et non deux : un patron excellant dans la pratique professionnel, des employés qui avaient un bon niveau de maîtrise et rattachés à leur maître, et enfin les apprentis en formation. Néanmoins, il n’y avait pas réellement de porte d’entrée vers cette pyramide : les apprentis étaient jusqu’à présent généralement les enfants de dynasties d’artisans.

-C’est le studium principal de Romanium qui est spécialisé en médecine, releva Konrad ensuite. Celui de Francie c’est en théologie, celui d’Angle Land est en droit canon, celui de Germania en arts libéraux, celui d’Ibériaco en droit civil et celui des Terres Croisées en stratégie militaire.

Les arts libéraux comprenaient le trivium, rassemblant les trois disciplines qu’étaient la grammaire, la rhétorique et la dialectique, et le quadrivium, rassemblant la musique, l’arithmétique, l’astronomie et la géométrie. Ses aspects étaient donc davantage scientifiques qu’artistiques au sens où on entendait « art » généralement. Dans les fais, le trivium correspondait à ce que Sakuga entendait par sciences humaines, sauf si on considérait la théologie comme une science humaine supplémentaire, et le quadrivium à la science « brut », hors médecine.

Puis finalement il aborde le Code de la Chevalerie.

-Yodit ? interrogea Lothaire.

-Une savante étrangère qui nous a aidé lors de l’attaque sur Camaaloth, explicita Anséïs. Elle semble en effet en connaître beaucoup. Sakuga, amiral Archer, Vous êtes les seuls à pouvoir la contacter vu qu’elle semblait faire partie de votre Gouvernement Mondial. Après… Etes-vous certains qu’une version encore plus ancienne sera véritablement adaptés aux enjeux actuels ? Nous savons que le fait que seul les hommes peuvent devenir chevalier est un ajout… Mais dans ce cas peut être que d’autres éléments peuvent aussi avoir été modifié au fil du temps et que ceux-ci contreviendraient encore plus à ce que nous essayons de mettre en place.

Le doute était désormais permis sur l’intégralité du Code.

Frère Gundovald, Frère Hunald
Docteurs en théologie à Kingadomu

Les deux savants écartèrent leurs yeux face à la photographie. C’était surprenant pour eux d’être capable d’ainsi reproduire le réel sur une image. L’extérieur disposait véritablement de technologies insaisissables à leurs yeux d’insulaires archaïques. Reprenant en contenance, frère Hunald secoua la tête tandis que son homologue fournissait de quoi écrire à Asmita.

-Le sens de ces écrits a disparu depuis des siècles et des siècles. Les textes datant du lendemain du Siècle Oublié et que nous continuons à recopier indiquent que les dirigeants et savants de l’époque ne connaissaient pas le sens de ces écritures. Leurs origines remonteraient visiblement aux temps mythologiques de la fondation de Kingadomu par les Chevaliers-Saints sous la direction du Chevalier-Dieu Graal. Il y a 1400 ans environ, lorsqu’un incendie s’est déclaré dans un château royal, une partie des archives antérieurs a brûlé et nous avons par chance quelques fragments qui nous sont restés. Nous ne savons même pas où se trouvent les originaux de ces fragments, mais nous disposons encore d’exemplaires en recopiant le contenu et il s’y trouve des extraits de lois. Le langage diplomatique, qui constitue le protocole de rédaction des textes d’antan si vous voulez, indique clairement que c’est Sol Invictus, le premier souverain mythique de Kingadomu porté sur le trône par Graal, qui a émis certains des décrets. Plusieurs d’entre eux font justement références à ces pierres dressés et les déclarent comme étant des sanctuaires sacrées, qu’il faut les protégés en suivant les rites de leurs prêtres. Le fait que la tradition passe par l’oralité et non par l’écrit fait que nous ne disposons de peu d’informations sur la pratique religieuse antérieure au Siècle Oublié.

-Concernant les anges aux ailes noires, certaines personnes ont en effet vu des gens à la peau sombre et aux ailes ténébreuses participer à la bataille côtière contre la tentative d’invasion des daimyo de Wa no Kuni, repris Gundovald. Quant à savoir s’ils étaient parvenu à rencontrer la Déesse de la Lune qui dirigeait le Nouvel Ordre de l’Eclipse Destinée, nous ne disposons pas de ces informations. Il vaut mieux demander direction à Bayard D. Anséïs ou à Sakuga Keigo qui faisaient parties des officiers de l’ordre. Mais ce qui vous intéresse surtout est donc l’histoire de la Déesse de la Lune. Concernant sa longévité, la seule chose que nous savons serai son caractère divin : je pourrai vous amener à des débats théologiques entre nos savants pour que vous puissiez choisir votre camp entre les différentes opinions en vogue à ce sujet et sur l’essence des dieux, mais cela indique clairement que nous n’avons pas de réponse absolu à ce sujet. En tout cas, la Déesse de la Lune est descendu du ciel il y a trois siècle en affirmant être venue ramener la Lumière sur les terres des 6 Duchés qui étaient au bord d’une guerre annihilatrice en raison du réveil du Dieu de la Guerre.

Gundovald marqua une pause avant de poursuivre.

-Poussé à bout, le roi de l’époque, Ebrauc III Avalon, passe un pacta avec la Déesse Lunaire pour fonder l’Ordre de l’Eclipse Destinée, le premier du nom et la raison pour laquelle le nom officiel de l’actuel ordre est « Nouvel Ordre de l’Eclipse Destinée ». L’objectif de cet ordre était donc de pacifier le pays, d’y amener la paix en mettant fin au conflit qu’alimentait le Dieu de la Guerre. Nos textes montrent que cet accord passa aux yeux de la vieille noblesse pour une demande d’exécution de ladite Vielle Noblesse réfractaire au changement. La guerre éclata alors et c’est le parti royale qui l’emporta, faisant disparaître l’influence du Dieu de la Guerre qui disparut après sa défaite. Ayant rapporté l’harmonie, la déesse, demeurée dans les légendes comme l’Esprit de l’Eclipse, décida de faire confiance à la famille royale pour apporter cette fameuse Lumière et la paix dans le Nouveau Monde à partir de ses enseignements, ce qui nécessitait d’ouvrir Kingadomu au reste du monde et à changer en profondeur. Cependant, dès que la Déesse de la Lune plongea dans son sommeil qui était annoncé pour durer un peu plus de trois siècles, la famille royal trahit ses engagements et se contenta de poursuivre ses méthodes ancestrales. Lorsque cette Déesse sortit de son sommeil, il me semble évident qu’elle fut confronté à la trahison de son pacte et forma le mouvement révolutionnaire ayant conduit à la destitution des Avalon. Rare son ceux à connaître les détails des événements d’il y a trois cents ans, pour la plupart des savants ils s’agit d’une des nombreuses guerres légendaires de Kingadomu et qui cette fois était issu de la rivalité entre deux dieux. Mais la vérité est bien que la Déesse de la Lune est venu à la rescousse de la famille royale à l’époque dans une tentative de conduire le pays à la paix.

C’était tout ce qu’il savait sur le rôle que la déité avait joué trois cent ans en arrière, à la même époque que la Guerre du Temps d’où venait les Time Travelers d’ailleurs mais cela les habitants du royaume n’en connaissaient rien. C’est alors que les deux moines se penchèrent sur l’écriture en sanskrit, ils se grattèrent la barbe en réfléchissant.

-Cela ne me dit rien… affirma Hunald.

-Je crois bien l’avoir déjà vu quelque part. Je peux vous y conduire une fois que nous aurons terminé de vous répondre. Je ne savais pas que Girvanabhasa voulait désigné une langue en tout cas.

-Tu parle bien de l’Emissaire de la Guerre n’est-ce pas ?, réagit l’autre savant. Je ne savais pas que quelqu’un d’autre que moi connaissait ce nom, il n’apparait clairement que dans un unique texte à moitié détruit par le temps… Selon les recherches que j’ai pu mener de mon côté dans les textes de feu frères Cloderic, Arthen et Guldar morts il y a plusieurs siècles, Girvanabhasa serait venu avec le Dieu de la Guerre durant les décennies suivant le Siècle Oublié. C’est eux qui ont provoqués la « Guerre de Bellicisation », un événement qui est nommé de manière différente en fonction des légendes ce qui fait qu’il est difficile à étudier… Pour faire simple, après le Siècle Oublié, les Duchés sont entrées dans une période de paix relative. Depuis la fondation du royaume par Graal, un cycle de guerres et de paix marquait en effet la vie du pays, mais les événements du Siècle Oublié, que nous ignorons, ont visiblement fortement impactés les générations suivantes qui tenaient à maintenir la paix. Certains nobles craignaient la perte des traditions militaires et guerrières ancestrales et commencèrent à militer pour raviver la flamme de l’esprit de combat qui caractérisait la chevalerie. C’est alors que le Dieu de la Guerre et son émissaire, Girvanabhasa, ont débarqués. Attisant la haine entre les duchés et la volonté de faire renaître la grandeur de Kingadomu, ils ont provoqués cette guerre de Bellicisation qui porte ce nom car c’est elle qui mis fin au cycle de guerre et de paix pour aboutir à la guerre perpétuelle. C’est ces conflits sans fin que la Déesse de la Lune tenta d’achever il y a trois siècle en passant un accord avec le roi et avec la révolution qui a triomphé. Mais l’influence du Dieu de la Guerre et de son émissaire reste encore présente. Ce sont eux qui ont forgés l’état d’esprit belliciste de Kingadomu. Les textes antérieurs montrent bien une tradition militaire, mais il n’avait jamais été question jusque là d’atteindre un tel degré de conflictualité.

-J’ai retrouvé également un seul document mentionnant le nom Girvanabhasa, enchaîna Gundovald. C’était une sorte de prophétie. Visiblement, si le royaume suivait leur philosophie, lorsque le Dieu de la Guerre reviendrait, Kingadomu serait prêt à s’étendre sur le monde afin de servir de bras armé à la volonté divine et démontrer la toute puissance de la chevalerie. L’expression qui était employé sur la page était : « Lorsque la Déesse Mère viendra chercher le Dieu de la Guerre, Kingadomu sera l’armée suprême du Règne Eternel ». Mais si la Déesse de la Lune a triomphé de son rival, elle a certainement empêché la réalisation de cette prophétie. Tout du moins, un certain nombre d’entre nous l’espérons.

-Nous avons entendu parler de ce que la femme savante aurait dit durant la prise de Camaaloth, comme quoi le Code la Chevalerie aurait été modifié au fil du temps, car un des Chevaliers-Saints serait une femme. Si c’est vrai, il y a des chances qu’une partie des modifications datent de cet époque sous l’influence de votre Girvanabhasa.

C’était à Asmita d’en tirer les conclusions sur le rôle qu’était sensé jouer Kingadomu pour Abyss et Heaven Archer. Puisque la Lune de Cuivre était déjà identifié comme leur ennemi selon les informations relayées par Sakuga, cela ne voulait-il pas dire que la direction que prenait Kingadomu suite au coup d’Etat s’écartait totalement de la voie qu’avait prévu les deux déesses Archer ? Est-ce que les actions de Sakuga Keigo ne venaient pas nuire au Règne Eternel ? Le Conseil Souverain n’était-il donc pas tout entier l’ennemi d’Abyss ?

-Le culte des Huit Sages de Pierre, comme on le mentionnait précédemment, est une croyance très ancienne qui semble exister depuis des temps mythologiques, avant même l’unification du royaume et le règne de Sol Invictus, reprit ensuite Gundovald. Les légendes du cycle de Graal, faisant partie des œuvres anciennes qui narrent la guerre d’unification, évoquent d’ailleurs plusieurs fois certains Chevaliers-Saints se recueillant devant des menhirs et il semblerait que le forgeron d’Excalibur, Ascagne, ait effectué une sorte de pèlerinage auprès de ces Huit Sages de Pierre avant de concevoir l’épée et son sanctuaire du lac. Nous ne pouvons donc pas conclure davantage sur les origines de ce culte, mais il fait assurément partie des plus anciens du monde. D’après les noms qui nous sont parvenus, il s’agit de Geb, Thinis, Vegoia, Voltumna, Cernunnos, Nantosuelte, Tuonela et Väinämöinen. Quant à leur histoire, ils existent plusieurs versions. Selon l’une d’entre elle, ils forment le « Peuple Tellurique » ou les « Daimones de Chtonos » quoi que cela veuille dire. Dans une autre, ce sont les fruits de la terre primitive qui, tombant d’un arbre, se seraient métamorphosés pour devenir les premières formes de vie. Enfin, dans une dernière, ce sont les huit montagnes qui auraient encerclés la Kingadomu primitive telle une muraille afin de la protéger jusqu’à ce que ces divinités doivent interagir avec les mortelles nés de leurs versants. Ils revêtirent alors une forme humanoïde jusqu’à ce qu’ils aient achevés d’éduquer les humains et se figent en œuf de pierre, les menhirs, en attendant des millénaires pour redevenir montagnes. Globalement, ils formeraient un panthéon qui serait à l’origine de la vie à Kingadomu à une époque où la mer ne couvrait pas autant le monde : notamment la version où ils sont des montagnes et où ils servaient justement à protéger Kingadomu de terres plus basses situés à l’extérieure, comme si Kingadomu était alors un plateau en hauteur au milieu d’un massif montagneux.

-Ceux qui suivent cette croyance considèrent qu’il s’agit de la première génération de divinités, celles qui a engendrée les autres et qu’ils seraient les garants de la stabilité tellurique du monde. Vous pourriez certainement en savoir plus en rencontrant un des prêtres de cette religion. Même si un certain nombre de moines y croient en raison des filiations qui peuvent relier les différentes générations de panthéons différents, à ma connaissance il n’y a qu’un de nos frères qui est également prêtre des Huit Sages de Pierre, Frère Guldroc, mais il a disparu depuis quatre ans après qu’il ait annoncé qu’il se retirerait du monde pour vivre une vie ascétique.

Gundovald fit ensuite signe de le suivre.

-Je vous parlais d’un endroit où j’ai déjà vu l’écriture que vous nous avez montré…

Le moine conduisit alors le groupe dans les profondeurs de l’abbaye, directement dans la crypte. Eclairant la salle sombre à l’aide d’un chandelier, la lumière dévoilait un lieu archaïque, sans décoration ou fioriture, où les quelques cercueils de pierres apparents étaient d’une simplicité et sobriété certaine.

-Le studium est la quatrième itération de l’abbaye. Cette crypte date de la toute première fondation, il y a environ 1400 ans. Ici sont enterrée les moines fondateurs, les pères supérieurs de plusieurs générations et certains personnages considérés pour leur sagesse. Néanmoins, depuis le Siècle Oublié, nous ne l’utilisons plus comme nécropole. Mais il y a un endroit dans la crypte qui offre des conditions de conservation particulièrement optimale. C’est là où je range les documents les plus précieux du duché.

Le groupe arriva en effet devant une lourde porte en plomb qui était gondé directement dans les murs froids et pierreux. Introduisant une lourde de clé mesurant bien vingt centimètres de longueur pour sept de hauteur, Gundovald débloqua l’accès, demanda de l’aide pour ouvrir la lourde porte, puis vint accroché les bougies aux bougeoirs dans le mur. Un système très archaïques de miroirs, dont certains étaient partie brisés, servit alors à éclairer la pièce en tamisant la luminosité.

-La lumière peut faire beaucoup de dégât sur des papiers anciens. Dans des conditions de conservation optimales, si le papier est de qualité on peut l’exposer une vingtaine de minutes à la lumière avant de le mettre en danger. Néanmoins, ici, la plupart des ouvrages sont encore plus anciens et sont fait avec du parchemin, car à l’époque ils ne devaient pas connaître le papier. C’est de la matière très sensible… Enfin, voilà l’ouvrage dont je parlais.

C’était difficile à voir car la pénombre dominait toujours, mais la salle centrale de la crypte avait les murs couverts de bibliothèques prenant la poussière dans un froid caverneux qui aidait à la conservation. Les bibliothèques étaient clairsemés, deux ou trois éléments se battant en duel sur chaque niveau de la bibliothèque. Parfois c’était deux parchemins et un vieux grimoire, d’autre fois une sorte de calice en argent avec une bague et un lettre. Mais surtout, au milieu de la salle se trouvait un piédestal de pierre qui supportait un livre à la couverture rouge archaïque. Il suffisait d’observer la reliure et les bordes des pages pour voir comment le temps avait pu le dévorer. Gundovald vint saisir la couverture et ouvrit le livre pour présenter la première page, dont il ne restait qu’une moitié, ses bords étant brûlés.

-C’est bien celle là votre fameuse écriture non ?

En effet, c’était bien la langue d’Asmita, dans une forme plus ancienne qui correspondait peut-être à la manière dont parlait les Abyssaux de Burj Babil.

-C’est un des livres les plus ancien de Kingadomu, avec ceux qui furent sauvé de l’incendie d’il y a 1400 ans que je vous ai mentionné précédemment… Bien que nous soyons incapable de lire cette langue désormais. Je ne sais malheureusement pas exactement de quand il date, mais j’en suis arrivé à la conclusion qu’il provient du Siècle Oublié…

Dans le même temps, Yzis, s’il était attentif au reste de la salle, pourrait progressivement habitué ses yeux à la lumière et observer que le mur du fond de la salle n’était pas couvert d’une bibliothèque en son centre, mais d’une sorte de cadre qui exposait sous du verre un dessin…

Duc de Francie, Duc des Terres Croisées, Duc de Germania
Lothaire Mérovinge "le Bleu d'Or", Baudouin Saint-Acre "le Maître des Bastions", Konrad Nibel "le Dragon Teutonique"


Marguerite de Lucion "Sa Baronnerie", Juan Aragone "la Pluie de Fer", Sherwood Raubritter "Chevalier Brigand"
Nouvelle Duchesse de Romanium, Nouveau Duc d'Ibériaco, Nouveau Duc d'Angle Land

Franklin Avalon "le Parlementaire", Bayard D. Anséïs "La Tueuse de Fées"
Nouveau Duc de Camaaloth, Magistrate-Régente du Conseil Souverain

-Il va nous falloir prendre en considération l’avis des paysans désormais, maugréa le Duc de Francie en raison du changeant majeur de paradigme que cela consistait.

-Reste à voir l’applicabilité d’un tel système et son efficacité à Kingadomu après les premières années de mise en place, notifia Anséïs.

La réaction à l’anecdote sur « nombril » fit échanger plusieurs regards à l’assistance qui comprenaient progressivement le choc culturel qui les opposait au reste du monde en raison de leur long isolement.

-Nous disposons de quelques charpentiers navals, néanmoins ils sont spécialisés en navires fluviaux plus qu’en navires de mer. Il leur est arrivé d’en produire, et certains ont même été volés par des gens voulant fuir le royaume. En tout cas, cela serait peut-être pertinent que certains viennent de l’extérieur pour former les notre à perfectionner ces vaisseaux marins, releva Franklin Avalon.

-Une terre aride en terre fertile ?! s’étonna Baudouin, lui dont le duché était celui comportant le plus d’espaces désertifiés du royaume.

La nouvelle explication fournie par Ghetis poussa Marguerite à prendre des notes détaillés des informations.

-Il me semble que l’on possède quelque chose du genre dans les décrets juridiques anciens, ajouta-t-elle. Il me faudra vérifier mais cela me dit quelque chose, un peu comme s’ils étaient chasés.

-Tu pense au métayage, ou bail à part de fruit, je pense, releva Lothaire. C’est une forme de bail rural dans laquelle le propriétaire remet au preneur un bien agricole à exploiter, les dépenses et les récoltes étaient alors partagées selon un rapport convenu. Je crois concevoir que la notion de propriété dans votre culture est bien différente de la nôtre. Il y a plusieurs stades de possessions dans la nôtre en quelque sorte. En quelque sorte, il y a une possession théorique au plus haut degré qui appartient au seigneur est justifié sa supériorité et domination de droit, une possession plus concrète d’un propriétaire foncier qui est considéré comme découlant du seigneur quand bien même cela peut se passer comme un bien immobilier par héritage, et enfin des possessions accordés temporairement, comme des locations. Chez vous il n’y a qu’un seul propriétaire j’ai l’impression, dans notre culture ce sont plutôt des degrés de propriétés différentes. Il nous faudra voir comment faire évoluer le droit pour arriver à une harmonisation.

-En matière d’équipement, je pense que seul Wa no Kuni peut nous égaler en matière de forge d’arme et d’armure. Tous les meitous ne viennent pas de nos pays, mais notre réputation n’est plus à faire en la matière, notifia Juan.

Enfin la question en revint au Code de la Chevalerie. Lothaire ne réagissait pas bien à certains points et Konrad à d’autres, mais sur le fait d’apporter des changements ils ne pouvaient pas vraiment s’opposer réellement. La légitimité du coup d’Etat reposait sur l’idée de changer ce Code et il fallait donc nécessairement répondre à la demande populaire pour éviter que le pouvoir ne bascule à nouveau.

-Au-delà de la question de l’intégration des femmes, il y a en effet eu par le passé plusieurs problèmes au sein de la Garde Royale en raison de certains de ses points, releva Juan d’expérience.

-J’en suis l’exemple vivant avec ma famille, ajouta Raubritter qui descendait effectivement d’une famille chevaleresque banni. Sans les serments indélébiles, nous n’aurions jamais été transformés en renégats, contraint de devenir brigands pour se protéger et survivre.

-Selon les récits se transmettant dans la famille Bayard, il fut un temps très reculé où la chevalerie et la noblesse n’étaient pas corrélés. Les chevaliers étaient l’élite guerrière et les nobles les gouvernants, mais le prestige de la chevalerie donna envie aux nobles d’en devenir pour affirmer leur supériorité sur d’autres. Mais jusqu’à ce que la fusion s’achèvent entre ces deux catégories, la chevalerie fut un moyen de devenir noble, de créer de nouveaux nobles pour remplacer les familles déclinantes ou disparus. On pourrait ainsi proposer l’anoblissement de certains chevaliers d’exception ayant démontrer leur noblesse par leurs actions, une forme de promotion sociale, suggéra Anséïs.

Lothaire frappa du poing sur la table mais se tu, retenant visiblement sa frustration entre ses dents.