À vrai dire, cet invertébré est plus proche du végétal que de l’animal pourtant au cœur de sa tête un esprit plein de conscience prend place, c’est son cerveau qui régit son corps et ses mouvements, comme chaque être en fin de compte, aussi intelligibles soient-ils, grâce à Dieu, Mâpô l'est. Ses neurones habilement connectés le laissent maître de ses agissements. Ils ne sont pas visibles à l’œil nu, protégés par un corps végétal.
Enfin, pour ce qui est de sa carcasse verte et mousseuse, au sommet, se dresse un magnifique et gigantesque chapeau d’environ de l’envergure de deux bras humains moyens bien tendu parfaitement horizontales. Ce chapeau cache son absence d’épaule et son corps plutôt fin et allongé, uniformément végétale.
Ce qui est amusant est que ce chapeau peut cacher tout le corps lorsque celui-ci se rétracte, mais étiré à son maximum Mâpô pourrait dépasser la plupart des plus grands humains cependant, il ne rivalise pas avec un géant ou même demi-géant. Bien étiré, il est juste grand.
Son corps extensible n’est pour autant ni costaud ni fragile. Des marques de brûlures indélébiles recouvrent le côté droit de son chapeau ainsi qu’une partie de son bras du même côté. L’ossature est inexistante, il sera plutôt flasque et aqueux si l’on le découpe. Cela ne l'empêche pas de souffrir atrocement, de saigner, de se fouler les membres enfin vous l'aurez compris des nerfs se connectent tous ensemble et surtout sa mollesse accueille difficilement les coups et n'omet pas les craquements, entorses... Peut-on parler de muscles ? En quelque sorte, ils ne sont pas exactement comme ceux des humains, mais en raccourcis, c'est tout pareil : il faut bien les échauffer, les nourrir, les entretenir, les cultiver. Mâpô cultive son corps par la force de la nature. D'abord lors de sa vie paisible à travailler la terre, puis lors de sa vie de travailleur forcé, et enfin jusqu'à aujourd'hui dans sa vie de travail à visée salvatrice; Mâpô n'ai rien d'autre qu'un homme-champignon alcoolique. Si je précise cela, c'est que ça en devient un signe distinctif et physique, tout proche de ses muscles. Là où l'on retrouve son informité au-delà du végétal, c'est l'amas de graisse ventrale et tous ses muscles ont les propriétés de l'ivrogne : des coups incohérents et surestimés. Ivre, ça fait pas mal de faire un effort surhumain, mais le lendemain, c'est une autre affaire, impossible de le refaire et de ne pas en souffrir même si on ne s'en souvient pas. Le sucre des fruits un peu trop mûrs, l'ivresse qui en découle se poursuit jusqu'à l'apparence de Mâpô.
Enfin les propriétés, végétales, humaines, combatives, paresseuses de cet homme-champi sont nombreuses, mais rien de méchant, seulement de l'esthétique, probablement.
Pour ce qu’il a d’humain, c’est d'abord son regard expressif et déterminé, enfin si vous le cherchez à bon pourtant. Quand je dis : "cherchez à bon pourtant", c'est un quatre œil qui se fixe. Donc, maintenant que vous l'avez en contact visuel, voici ce que vous constatez autour de ses yeux : ils sont simplement d’un noir qui tire sur le vert, ses pupilles elles, sont d’un noir plus profond encore, il faut vraiment bien regarder et ne pas se perdre sur ses nombreuses nuances de verts qui parsèment son corps, pour vont rendre compte qu'il sont vraiment d'un noir plein de saveur, et dans une fixation profonde et longue, peut-être que vous y verrez des petites formes plus claires "qui tirent sur du vert" danser au clair de lune, une ode au bonheur. Cette ode est expressive et déterminée.
Tout de même, dans l'évidence de ce qui prouve qu'il est un homme pas que végétal : sa corpulence vaguement humanoïde, enfin, si l'on oublie que microscopiquement son enveloppe charnelle n'est rien d'autre que de la moisissure végétal un tout petit peu visqueuse au toucher. De toute façon comme si vous alliez tâter sa peau, quelle idée il ne se laissera pas faire, mais méfiez vous, c'est presque ragoûtant, on pourrait croire qu'à peine frôlé, on garderait dans sa main une espèce de viscosité qui fait froncer les sourcils. Oh oui, sa texture l'éloigne de l'humanité.
C'est un très beau champignon, quant au bel humain, là, cela reste plutôt difficile à dire. Le visage est très difficile à discerner, d'abord caché sous ce grand chapeau végétal, mais aussi parce que sa bouche est difforme, lorsqu'elle est fermée on ne la remarque pas et lorsqu'elle s'ouvre à l'intérieur la langue est verdâtre et fine comme une tige, ce qui lui sert de dents par contre aurait put être d'une blancheur impeccable si le temps ne les avait pas trouées et tassées. Il gobe la nourriture la plupart du temps, du coup la raison de leurs états provient simplement de ses années à grincer des dents et manger des vers. Eh oui, l'épidémie causée par les vers a ravagé tout à fait la dentition de la plupart de ses comparses.
Pendant que nous visitons l'intérieur de ce Mâpô, allons un peu plus loin.
Des organes au niveau de son tronc sont présents, un petit cœur plein de compassion fait circuler un liquide orangeâte et collant, un système digestif s’occupe également de trier quelques nutriments. Il se pourrait également qu’il ait des organes reproductifs, enfin, c'est plus que possible, il est père d'une grande famille.
Bon, sans passer par son intestin, histoire de ne pas vous rappeler comment l'alcool fait des ravages, donc, comme je le disais, sortons de là, c'est qu'il a de nombreux enfants, mais aussi un grand bâton. Il eut une jolie lance fabriqué tout seul, il fut un temps, mais elle est restée sur sa petite île. Son grand bâton lui sert à assommer ses cibles disons, rien de bien méchant donc. En plus, il y en a, à qui, ça ne fait rien et d'autre qui le lui découpe, mais un grand bâton, il en cherche toujours un, il y a des bois plus résistant que d'autre, et d'autres plus joli : ceux en acajou se marient mieux avec son teint.
Ce grand champignon humanoïde assume tout à fait son apparence végétale, mais, il est toujours plus facile, de faire passer son chapeau naturel pour une œuvre artisanal, ou encore porter de longs manteaux recouvrant son corps. Pour ce qui est de ses mains, une paire de gants les recouvrent et sa paire de main n'est jamais très loin d'un long bâton ou d'une gourde de fruits macérés.
Description Mentale
Niveau mental, sa vieillesse n’égale pas sa maturité, pour autant, il semble instruit et maître de ses émotions. Quelques étapes de vie lui ont quelque peu changer l’esprit néanmoins, ce gentil monsieur se retrouve toujours.
De la plus ou moins insouciance, à l’esclave, au libre et instruit Mâpô.
Il n'est peut être qu'encore en phase de recherche de liberté, trop occupé à se venger aveuglément. Une colère brûle en lui bien que son insouciance tente de reprendre place.
Sa famille, il l’aime.
Les démonstrations de force et d’habilité également : les bagarres inter-clans l’éleva comme élément important de sa grande famille. Quelques rivaux se dessinaient, qu’il n’arriva jamais à vaincre mais qui lui permettait d’améliorer ses atouts, notamment sa capacité à engourdir ses adversaires qui demeure sa technique favorite lorsqu'elle est couplée à un gros coup de bâton dans la figure, autrement ce n'est qu'une technique répétitive qui lui coûte ses réserves naturelles, plus ou moins pour rien.
Plutôt pacifique, les étrangers ne lui posaient pas problème. Il se désignait souvent pour les accueillir avec bonté. Aujourd'hui, son pacifisme s'enfouit légèrement, les pirates et les hors-la-loi, Mâpô ne les porte pas à son coeur. Il n'est pas déraisonné au point de les attaquer systématiquement néanmoins, c'est sans pitié qu'à la moindre ouverture, il tentera d'empocher leurs primes, s'il y a. Les honnêtes citoyens, ceux qui souffrent, ceux qui sont démunis, eh bien, sa compassion le pousse à leur venir en aide.
Enfin, Mâpô, est un homme-champignon de valeurs. Il respecte les choix et croyance de chacun. Alors ceux qui ont choisi la mauvaise voie en sont seuls maîtres et responsables donc c'est sans regret qu'il tentera de porter coup fatal, mais Mâpô est un pacifique quelque part dans son âme, sa volonté de tuer est moindre. Sa colère attaque et son inconscience cachée derrière préserve la vie. Quel dilemme.
Bon, il est certain qu'il n'a pas apprécié de voir le cadavre de son fils, pour autant, ce champignon humain aime festoyer, aime rencontrer de bons individus, il est très reconnaissant de ceux qui l'ont aidé. Il sait encore sourire, rire, être heureux. Ses émotions ne sont pas toutes ensevelis, seulement une bonne dose de haine la conduit à la traque aux malfrats, rien de bien méchant en somme.
Maître de ses émotions, disait-on ? Oui, tout à fait, il ravale sa fierté, il sait se taire face à de cruelles énergumènes, il sait se contenir, avec parcimonie, mais tout de même. Et puis, sincèrement c'est un honnête homme, dans le sens où il est droit, il fait bien ce qu'il veut, mais c'est avec franchise. Il ne peut pas battre quelqu'un, il l'assume presque fièrement. C'est un bon bougre malgré ses quelques pensées peu sympathiques. Enfin, je ne peux pas dire qu'il est un lâche, même si la pensée y est, car sa bravoure et sa loyauté le conduit tout de même vers la survie, vers l'épanouissement et l'amour.
Histoire
I. Insouciance
Il était une fois, il y eut fort longtemps, dans une île lointaine, très éloignée et aussi différente que celles avoisinantes, dans une mer agitée et mystérieuse où seul quelques aventuriers très courageux osaient y pénétrer ou y échouaient malencontreusement, un jeune humanoïde, enfin, un pêcheur à ses heures perdues ou bien si vous préférez un agriculteur dans son quotidien, non, c’était surtout un amoureux de ce même quotidien, mais bien épanouit comme il faut, et bienheureux vivant bien sure, enfin un homme champignon qu’on appelait communément, depuis toujours, Mâpô.
La vie dans ses contrées n’était pas si aisée, il y avait bien quelques conflits entre sa famille et le reste. Autant avec les autres hommes-végétaux, autant avec les créatures natives de cette même île. Un fourmillement de vie prenait place par ici. L’île comptait nombreux reliefs, parfois tout à fait vivants et mobiles. Pour autant, une symbiose prenait place et rien n’était grave. Les morts nourrissaient la terre et les vivants les bénissaient. Les guerres se faisaient discrètes et les batailles plutôt bienveillantes. Les plus grands guerriers comprenaient la faiblesse des autres voire même avait besoin des peuples qui s’auto-suffisaient, comme l’entourage de notre Mâpô. Les quelques voyageurs qui parvenaient jusqu’à leur île, comme on le disait, semblait plutôt curieux, plutôt intrigué et surtout téméraires. L’île demeurait dangereuse, il y avait après tout, toute sorte de rencontres à faire dans ces contrées.
Mâpô, loin des grands guerriers de son île se défendait tant bien que mal. Ses quelques atouts en faisaient un soutien important. Lors des combats, sa principale spécialité permettait d’engourdir ses adversaires. Il ne maniait pas vraiment les armes contendantes comme certains de ses semblables, lui, préférait le combat à distance, et, cela non pas par manque de bravoure, mais seulement en accord avec ses propres capacités : émaner des nuages plein de poisons, non pas néfaste mais handicapant pour quelques instants. Sa force physique n’égalait pas sa dextérité ou ses spores aux multiples facettes. Ce fut toujours avec plaisir qu’il osait se mesurer aux guerriers de l’île, ses techniques de paralysie ne les affectait pas tous et cela le poussait à esquiver ou à encaisser les divers coups et techniques de chacun. Dans son clan, il était apprécié, il s’intéressait à tous et prenait soin de chacun. Les bagarres n’étaient rien d’autre qu’une forme de distraction.
Enfin, cela ne dura qu’un temps, n’est-ce pas. Pour le moment, Mâpô aimait lire, Mâpô contait de belles histoires à ses enfants, et saviez-vous, son premier fils naquit plutôt floral, d’une blancheur luisante, Mâpô disait toujours qu’il était le portrait de son grand-père couplé à sa grande tante ou mère Cassbê, il ne sait pas bien le lien qui les unit, enfin rien de bien de méchant en tout cas. Juli, l’aîné, avait déjà atteint la maturité lorsque les triplés naquirent. L’un d’eux ressemblait en tout point à Mâpô, enfin, c’était ce qu’il se racontait par ici, peut-être était-ce cette ressemblance qui lui apporta le plus grand pourcentage d’amour filial ou bien cette préférence laissait croire qu’il y avait une grande ressemblance ; Mâpô n’avait aucune honte à explicité ses préférences, de toute façon il les aimait tous et tous s’aimait d’amour différents, mais d’amour quand même. Autant préciser tout de suite, que le triplé, Nikô de son petit nom, ne lui ressemblait pas tant que ça, une allure de champignon également, mais plutôt dans le ton de fourmillement de champignon, comme si cet enfant tenait en lui une grande faune et flore, si vous voyez ce que je veux dire. Les deux autres ressemblaient au deuxième géniteur, enfin, c’est ce qu’ils disaient tous- Non, cette fois-ci, l’on pourrait se mettre d’accord, surtout à cause de ce chapeau reconnaissable qui laissait tomber de longs poils argentés vraiment très élégants, comme une longue frange qui flottait, pour le reste Miyal avait de très gros pieds que l'on ne remettait à personne vivant de la famille et Saya, lui avait de très jolis pieds, et, même des articulations hors normes ! Ses capacités physiques, à unanimité semblaient prometteuses et admirables. Saya, l'athlète avant même maturité, combattait déjà aux côté de son humble père, Mâpô.
Oui, Mâpô adorait donc tous ses enfants, vivait avec eux plein d'expériences uniques, il offrit même à la nature un dernier petit être, qui à part la taille, qui ne s’agrandit jamais même après maturé, ressemblait affreusement à Juli, l’aîné de la fratrie et donc à la grande tante-mère Cassbê avec ses grands pétales blancs en guise de crinière. Celle-ci, avait le caractère d’un vieux chêne : rigide et stoïque, pour autant, Mâpô l’appréciait, elle ne mentait pas et ne se cachait pas ses propres sentiments. Il respectait cela et partageait ces valeurs. Là où l’on considérait Cassbê comme vieux sage on disait de Mâpô qu’il faisait tout et apportait à sa façon une certaine gaîté. Il participait au combat, pêchait, cultivait et à ses heures encore libres, il servait de nourrices aux nouveaux êtres. Par ici, la vie battait son plein, une multitude d’êtres s’épanouissait. Chacun construisait son abri ou ses propres armes, il y eut bien des années que Mâpô s'était taillé une jolie pierre pour sa lance, mais elle servait plutôt d'apparat. Il comptait bien l'offrir à son aîné à l'avenir.
Cette grande famille aurait pu continuer de proliférer éternellement, mais quel malheur lorsque Juli puis Miyal eurent complètement disparut. Et cela ne s’arrêtait pas là, tous les peuples de l’île subissaient de graves disparitions. En réalité peu de temps après, ce beau et fier Homme-champignon accompagné de son ami un peu plus floral "Mill", alors qu’ils naviguaient non loin de l’île, ne revinrent jamais sur leurs terres.
II. ESCLAVAGE
Mis en besogne, il travaille, dort à peine et se nourrit encore moins. Quelques de ses semblables dans le même sort lui permette de tenir et d’espérer un jour sortir de l’enfer. Mâpô pense que ce sont des pirates, les ravisseurs, aussi n’a aucune idée d’où il se trouve, cela ressemble à une usine.
XX
Il y a du mouvement. Ils comprennent enfin que nous ne sommes pas faits pour construire. Dagoto est mort hier, d’un épuisement certain. Je me sens si mal, on ne peut rien faire et si nous disparitions tous, sst-ce qu’au moins, il reste quelque de mes frères, libres ? Ça ne peut pas continuer, on va tous périr ici. Mieux vaut accepter la mort ici et maintenant.
- Mâpô. Me chuchota l’un de mes compatriotes, celui avec qui nous fûmes capturés. Il y a du mouvement dans le monde, il faut tenir encore, des hommes viendront nous libérer, c’est certain.
Comment y croire. Je ne lui réponds pas et m’endors.
XX
Des rumeurs circulent sur l’évolution de l’extérieur, mais aussi en interne, l’arrivée de nouveaux détenus, surement pour remplacer ceux qui y ont laisser leurs vies. Nous ne sommes pas les seuls à être esclavagés, d’autres peuples sont présents, alors j’imagine qu’ils ont trouvé une nouvelle espèce trop différente d’eux, à mettre au travail. Je suis encore en vie mais je ne peux pas montrer le même optimisme que Mill. Il croit que ce sont des espions qui vont nous libérer de l’intérieur. Je n’y crois pas une seconde, plutôt suis convaincu qu’il s’agit d’innocents qui ne feront pas long feu.
Je souffre, mais Mill me maintient en vie. Je n’ai pas espoir, mais ne souhaite pas que l’on meure tous ici, comme du bétail. La faiblesse et le travail prendront ma vie. Mill s’approche de moi, il m’informe qu’un de mes enfants est ici. Ça me crispe. Il est en vie, mais condamné au même sort que nous. Je veux le voir.
Trop occupé à assembler des armes, je ne parviens pas à croiser mon enfant. Je ne sais même pas si c’est vraiment Miyal. Et si Niko, Saya ou Rori s’étaient également fait capturer, il n’y a pas d’espoir ici.
XX
Une révolte aussitôt évincée s’est ébruitée, je n’en ai pas vu la couleur. Mill a disparu, je crains qu’il y fût. S’il y est bien mort, c’est sans doute moins douloureux pour lui. Je veux suivre cette voie. Je ne peux pas croire qu’on sera libéré miraculeusement. Je ne sais même pas où nous sommes. Le travail continue. Je m’épuise et ne trouve pas mon enfant.
XX
Les hommes nous rassemblent, de ce que je comprends, ils cherchent de nouveaux cobayes ou quelque chose comme ça. Au loin, j’aperçois de nouvelles dépouilles pendues. Je n’ose pas les regarder tout de suite, mais j’ai besoin de savoir si Mill y est, je ne le vois pas dans la foule et cela fait maintenant quelques jours qu’il a disparu, je suis certain qu’il est mort. Lorsque je lève le regard, c’est mon enfant que je reconnais d’abord. Je ne peux plus bouger ni détourner les yeux de son corps, c’est Saya, il a les yeux ouverts, on lui a arraché des membres. L’image est terrifiante. Elle risque de me marquer.
Les hommes m’attrapent, et quelques autres aussi. Je ne peux rien faire à part me laisser faire. Ma fin approche alors. Tant mieux.
XX
Ils nous transportent, j’arrive à peine à parler. Torra, l’un des autres esclaves que je viens de rencontrer sur le navire semble être animé par le même espoir que mon ami. Il est convaincu qu’on viendra nous sauver. Je n’ose pas lui ôter sa foi. Ma notion du temps est altérée, mais je sais qu’on passe plusieurs jours à naviguer. Ils soignent nos blessures, sans doute qu’ils ont besoin de corps intactes pour leurs expériences. Je surprends une discussion :
- Il parait que les esclaves vont être libérés. Dit le premier.
- Oui, mais ceux-là passeront inaperçu. Répondit l’autre avant que je ne sois ramené dans la cellule de la calle.
Je ne comprends pas bien, mais cela me soulage que d’autres seront libérés. Les yeux de Saya m’ont véritablement marqué, je le vois à chaque fois que je ferme les yeux. Je n’ose espérer que Rori, Miyal, Niko et Juli ne soit en vie.
XX
Nous arriverons le jour prochain d’après ce que j’ai entendu. Torra aussi a appris la possibilité de liberté, mais je ne lui ai pas dit que ce ne sera pas notre cas. Le désillusionner ne sert à rien, de toute façon, je n’ai pas la force de lui faire part de mon pessimisme.
Je ne comprends pas bien ce qu’il se passe, le navire où nous sommes prisonniers se fait attaquer. L’eau s’engouffre doucement, on ne peut pas sortir de la cale et on essaye tout de même de boucher les trous ou de sortir de la cellule. Ce n’est pas si mal, j’ai du mal à comprendre pourquoi les autres s’agitent. Je m’évanouis ou meurs.
III : Libre
Mâpô se réveilla quelques jours plus tard, dans un petit hôpital de GrandLine. Torra, à son chevet, lui expliqua le sauvetage. Ils étaient libres. Ce ne fût qu’à ce moment-là que l’homme-champignon pleura son fils et ses compagnons.
D’abord plongé dans l’ivresse, il resta sur l’île en mendiant. Son atypique apparence attirait les regards et la compassion. Il dépensait le tout en alcool. En compagnie de Torra et trois autres rescapés : Harry, Van Hooper et Aoriyama, il travailla à améliorer la vie de chacun. Ils construisaient des abris aux périphéries des villes pour chaque individu sans distinction, labouraient la terre afin d’y accueillir fruits et légumes et enfin chassaient les pirates des parages, enfin ceux qu’ils pouvaient combattre. Mâpô se voulait justicier, mais ses années de captivités ont enseveli ses anciennes techniques de combat. Ses compagnons lui expliquèrent plus profondément l'immensité du monde, la misère qui s'était abattu sur de nombreux peuples. Les hommes-végétaux, légèrement coupés du reste du monde, n'étaient pas les seuls mis en captivité. Petit à petit, Mâpô se remettait, reprenait son air enjoué d’autrefois. Afin d'entretenir son alcoolémie l'homme champignon concoctait ses propres boissons. En effet, il récoltait les fruits avancés pour les laisser macérer dans de l'eau de vie, toujours en y ajoutant du fruit. En quelques sortes, ça lui servait de vivre. Ses manières de vies d'autrefois, lui apprirent donc à optimiser ses denrées. En compagnie de ses acolytes, ils passèrent énormément de temps sur cette île pour aider les démunis, à apprendre à vivre aux enfants des rues, ils partageaient leurs grandes expériences.. Surement, étaient-ils vus comme une joyeuse bande de héros locales.
Ce fut quelques années plus tard, lorsque Van Hooper surnommé « Le Pachyderme », probablement à cause de sa musculature et taille imposante, sa marche lourde ainsi que son nez prépondérant quitter l’île avec Torra pour s’engager dans la marine, que Mâpô se décida à retourner dans le nouveau monde et à retrouver sa famille, probablement éparpillée. S’il ne rejoignit pas la marine avec ses coéquipiers ce ne fut, seulement parce qu’il doutait de l’implication du gouvernement. Comment pouvait-il laisser passer l’esclavage d’innocent ? L’homme-champignon, laissa Aoriyama et Harry s’occuper de l’île, ce fût seul qu’il prit la mer. Grâce à son nuage qui engourdissait ses cibles, il capturait les primés les plus faibles en échange de prime, ce qui lui permettait de payer ses recherches. Chaque jour, il peaufinait les portraits de sa famille et questionnait désespérément chaque individu : pirates, marines ou civils, bien entendu lorsqu’il avait affaire à des hors-la-loi après avoir pris soin de recueillir toutes informations, il tentait, si possible de les capturer.
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- Vous êtes un étranger n’est-ce pas ? Questionna le tavernier qui apporta une chope de Rhum à Mâpô.
Son chapeau naturel camouflait son visage, il ne fut pas certain que l’homme le prit pour autre chose qu’un humain.
-En effet, je viens de loin. L’homme-champignon but une épaisse gorgée. Je vous remercie. Il déposa quelques berrys sur le comptoir.
- Et que fait un homme comme vous dans ces contrées ? Poursuivit-il.
- Je recherche trois hommes disparus il y a des années. Avoua Mâpô.
La ville peuplée essentiellement d’humain, n’inspira pas l’homme-végétal à divulgué son identité ou celle de ces fils. Il s’était déjà résolut à quitter la ville à l’aube. Le tavernier déjà à l’autre bout du comptoir servait de nouveaux clients, Mâpô reconnu immédiatement une bande de pirate.
« Une dizaine de pirates dont trois qui risque de m’être impossible à dominer, je peux probablement paralyser quelques minutes les autres, mais je me ferais immédiatement repérer et achever par leur capitaine. » Pensa-t-il sans les regarder.
Leur discussion prenait toute la place dans la petite taverne, pour autant Mâpô n’entendait qu’un brouhaha d’ivrogne, lui non plus ne tardait pas à devenir tout à fait ivre. Ses poings se serraient, c’était des pirates comme ceux qui enlevèrent la plupart des membres son peuple. Il buvait et tapait de plus en plus fort son verre sur la table. L’incapacité de tous les abattre l’assombrissait.
- Mon ami, tout va bien ? Une femme attablée juste à côté de lui, lui tapota le dos lorsqu’elle remarqua à quel point il semblait tendu.
Le sursaut fit tomber le verre de rhum et la femme s’excusa immédiatement en lui payant un verre. Elle aussi semblait s’abreuver au rhum. Mâpô se calmait et remercia la femme.
- Incroyable ! Votre tête ! Elle passa sa main pour tâtonner le corps de l’homme, mais celui-ci recula.
- Eh. Occupez-vous de votre tête à vous. Lui répondit-il en lui tournant le dos.
La femme riait aux éclats. Des minks, des hommes poissons, des géants... Elle en avait vu des tas, elle voulut simplement identifier l’homme.
- Allez, dites-moi votre nom ! S’exclama-t-elle. Le mien c’est Asahine Harami.
Des longs cheveux bruns avec quelques mèches roses, tiré en un chignon, de grands yeux émeraude et le sourire facile fût les premières constations de l’homme-champignon, ce ne fût qu’en se retournant qu’il remarqua qu’elle observait du coin de l’œil les pirates et portait à sa ceinture une paire de pistolets. Il se demanda instantanément si ce n’était pas elle aussi une pirate. Sans vouloir lui montrer sa suspicion, il lui délivra son nom. Son visage ne lui était pas familier, la possibilité qu’elle soit une chasseuse de pirate lui vint donc à l’esprit.
De l’autre côté de la taverne, les pirates commençaient à chahuter les autres clients. Le gérant n’osait pas s’interposer et très vite, il comprit que ces pirates ne payeraient pas leurs boissons, il s’approcha de Mâpô et lui conseilla de sortir avant que les ennuis ne débutent. L’homme et Harami ne bougèrent pas d’un poil, le sourire de la femme s’esquissaient de plus en plus.
La taverne quasiment vide, comportait désormais que la dizaine de pirates ainsi que Mâpô et Harami, celle-ci, s’étira avec nonchalance.
L’un des pirates s’approcha d’elle.
- Viens par ici toi. Il la menaça de son pistolet.
Mâpô lâcha immédiatement un nuage engourdissant. Toutes personnes alentours, jusqu’à la moitié de la taverne se prit le nuage. Quatre des pirates dont celui qui venait de menacer la femme ainsi que le tavernier s’affaissèrent.
- Génial ! S’écria Harami, qui à l’affût et pas du tout atteinte par ce nuage en profita pour dégainer ses pistolets, en envoyant un royal coup de pied à celui qui s’agenouilla, engourdi, qui venait de la menacer.
Cette fois, celui-ci s’évanouit instantanément. Mâpô recula d’un pas. Il conclut qu’elle n’était pas des leurs. La femme tira deux balles sur deux des pirates encore debout et Mâpô reprit son sang-froid en s’avançant vers le centre de la taverne afin de toucher ceux restant de son nuage paralysant. Deux ne n’en contractèrent pas les effets, mais Harami venait de recharger ses armes, sauta sur un autre pirate tout en tirant sur un autre, elle menaçait le capitaine. Quant au champignon humain, il dégaina son bâton et assommait ceux qui se relevaient de leur courte paralysie. Harami fût celle qui géra le tout et rapidement, l’altercation prit fin, les pirates se rendaient.
Le jour suivant, Mâpô se confia à Harami, elle était une marine en congé.
- Pourquoi ne pas rejoindre la marine, ce serait plus simple pour toi de te retrouver ta famille et ton île tu sais ? Lui dit-elle. En plus, tu as de sacrées compétences qui pourraient être bien utiles en combat et pour la marine.
Mâpô hésitait, il n’était pas vraiment prêt à suivre des ordres et son amie le comprit. Elle garda espoir, qu’un jour, ils combattraient de nouveau ensemble, en attendant Mâpô fût ravi de cette rencontre, de plus, le tavernier leur offrait de nombreux verres pour l’avoir débarrassé de ces pirates. Ce n'était pas inhabituel ce style de spectacle, mais le tavernier savait remercier ceux qui présents réagissaient. Très souvent, il se retrouvait seul à subir quelques mésaventures et d'autre fois comme ce soir des gentilhommes de passage réglaient quelques fastidieux problèmes.
Enfin, Mâpô profita du navire de la marine pour quitter l’île. Elle lui promit de chercher de son côté ses enfants.
Bien que les pistes demeuraient faibles, l’homme-végétal ne perdait pas l’espoir de retrouver les siens. Il poursuivait son chemin, chassant les primés et recueillant des informations. De temps à autre mâpô se demandait si rejoindre la marine n’était pas la meilleure solution, mais cette idée s'évinçait toujours : il devait prospérer en homme libre.
Un jour vint, où son escargophone se manifesta. Harami l’appelait et il décrocha immédiatement.
- Rori ! Rori est une recrue ! Tu m’entends Mâpô ? Rori, je l’ai rencontré ! Répéta en s’écriant l’escargophone.
Mâpô eut beaucoup de mal à articuler ses mots, son dernier né était en vie.
- Il ne te ressembla pas du tout ! C’est une tête de fleur comme tu m’a montré ! Continua la marine à travers l’escargophone.
Du côté d’Harami, l’escargophone qu’elle tenait pleurait à chaudes larmes en murmurant et soufflant des mots imperceptibles.
- Il est à la recherche de ses frères, il n’a pas vécu ce qui vous ait arrivé ! Il va bien. Poursuivait-elle, tandis que le père ne pouvait dire un mot, seulement exprimer son soulagement à travers ses pleurs.
La femme lui promit de le protéger jusqu’à leur prochaine rencontre, et cette fois l’espoir de Mâpô était assuré.
Pour autant Mâpô ne croisa pas son cadet. Le savoir en vie lui procurait une joie certaine, cela suffisait. Il redevenait le joyeux Homme-champignon d’autrefois sans pour autant perdre ses objectifs : retrouver toute sa famille, éradiquer les pirates et hors-la-loi puis retourner prospérer sur son île.
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-Wooow ! Monsieur, madame ? euh- L'enfant bégaya un instant, mais sa candeur revint d'un coup. Vous avez un champignon sur la tête !
Mâpô se mit à la hauteur de la petite fille, et lui sourit sans montrer ses dents ravagées. Tandis que les yeux de l'enfant pétillaient à la vue de cet inhabituel individu, lui, lui découvrait son visage jusqu'à son fameux regard plein d'humanité.
- Et toi, tu as du blé en guise de cheveux, non ? Lui dit-il en tentant une répartie.
La petite ne comprit pas tout du premier coup, elle bégaya un peu et sans doute lui avait-on rabâcher que sa chevelure était couleur or, car pleine de malice ou par gêne finalement, se mit à rire.
- C'est un vrai champignon non ? Lui demanda-t-elle alors.
- C'est ainsi que je suis, loin de chez moi. C'est pour ça que j'ai cette tête. D'où viens tu petite ?
Et la petite répondit, et Mâpô souriait, car celle-ci frétillait de curiosité. Lui aussi, eut longtemps été déboussolé par les autres humains. Les premiers hommes à venir sur son île natale n'étaient pas très végétaux. Il connut bien des animaux ou des hommes très différents de lui, mais depuis sa capture, il ne rencontra que des personnes tout à fait distinguables, tous avec des signes très différents de ce qu'il connaissait. Aujourd'hui, il en avait bien l'habitude, mais autrefois, il interprétait les étrangers comme des hommes à qui il manquait un petit quelque chose ou à qui un petit quelque chose était en trop. Cette petite humaine avait un grand nez. Ce que Mâpô voyait en elle était une chaire orangée qui ressemblait à tous les autres hommes. Par chez lui, tous été pareil et différents, mais chez ces gens-là, c'était tout à faire l'inverses, ils étaient tous différents, mais les mêmes. Cette petite était la même.
Enfin, Mâpô lui raconta son histoire, son île, et après quelques échanges, son enfance aussi. Eh oui, Mâpô, un jour, naquit en plein cagnard. Cela n'arrive qu'une fois, alors tous ces compatriotes qui ont vécu sa naissance lui ont toujours tout expliqué. Simplement, que par chez lui, tout se savait, tout se communiquait. Mâpô transmettait gentiment, par la parole et les histoires fantastiques, toutes ses pensées et toutes les pensées de ses ainés. Ce qu'il conta à cette enfant ressemblait à des mythes ancestraux qui pourtant symbolisaient parfaitement son mode de fonctionnement, enfin les rites qui forgèrent son esprit à en devenir : Mâpô, le Libre; Mâpo le Vertueux; le Sage Mâpô.
Hors Roleplay
- Pseudo : Shiorin
- Âge : 22/26
- Comment avez-vous connu le forum ? : DC de Milou
- Un mot à dire ? : Je galère avec les images mais je laisse histoire de donner un visuel et euh voilà.