Une matinée comme une autre, j’étais là assis sur le pont à admirer le couché du soleil, les bras croisés, scrutant l’horizon. Un léger sourire était dessiné sur mon visage, loin de me douter de ce qu’allait me réserver cette journée, même si la conclusion de tout ceci ne serait que bénéfique. Je me décidais alors à partir conquérir cette jungle hostile, espérant trouver quelque part de quoi nous faire quitter cette île où nous serions condamnés durant plusieurs long mois. Je sautais du pont jusqu’en dessous de moi, touchant le sol en l’effleurant, comme flottant sur le vent, guidant mes pas dans cette hostile entité verdâtre. Je pressentais quelque chose de changé, récemment, dans le coin, je percevais des présences humaines qui n’étaient pas là la veille. Elisabeth me regardait partir depuis le pont. Elle retourna dans sa cabine, sans rien dire, attendant simplement mon retour, elle devait se douter que ce soir, je ne rentrerai pas sur le navire. Le couché de soleil fit rapidement place à la lune, une lune d’ambre, un soir sans nuage, un ciel riche en étoiles. Je me dirigeais en direction de ces présences, trouvant ça et là au fur et à mesure de mon avancée, des traces de civilisation humaine. Depuis quand étaient-ils sur cette île ? Comment se fait-il que nous n’ayons rencontré personne avant ? C’est alors que j’étais perdu dans mes pensées qu’une main se posa sur mon épaule, je l’avais senti venir, celui-là, mais je savais qu’il ne me voulait pas de mal, il prit lentement la parole, entrouvrant ses Lipse « Vous êtes perdu ? ». Mon regard se posa sur un feu, que le voyais un peu plus loin. Perdu ? Non, pas vraiment, disons plutôt que je ne savais pas comment quitter cet endroit.

« Qui êtes-vous ? »

Je me retournais finalement face à l’individu pour le détailler du regard. Il était bien portant, assez rondouillet, il semblait être quelqu’un mangeant et buvant à sa faim, à sa soif. Il portait à la ceinture plein de marchandises, mais rien qui ne semblait pouvoir m’être utile pour partir. Alors que j’attendais sa réponse, lui se contentais de me regarder de haut en bas comme s’il venait de voir la mort. C’est vrai, je suis recherché maintenant, est-ce cela qui suscite la crainte chez les hommes ? Une prime ? Alors que j’allais partir en direction des habitations éphémères, il reprit la parole « Nous sommes des marchands, nous faisons escale ici pour quelques temps, nous avons un blessé à bord. ». Je m’arrêtais, plongeant mon regard dans le sien. Cet homme disait vrai, mais c’était bien la ma chance. Il me fit signe de le rejoindre au camp un peu plus tard, après que je lui ai expliqué ma mésaventure et le fait que nous étions bloqués ici. Il avait visiblement un ou deux eternal pose qui pourraient m’être utile. La nuit portait ses fruits, nous allions enfin pouvoir quitter cette terre maudites emplit d’entités préhistoriques. J’attendais désormais, adossé à un arbre, le moment T pour aller au camp en prenant le moins de risque de faire sauter ma tête. Je valais quelques millions de Berrys, et une somme pareil ça peut faire tourner la tête, même si je n’avais absolument aucune intention néfaste envers eux.

Deux heures plus tard, je me redressais de l’arbre contre lequel j’étais adossé, je jouais avec mes katanas en même temps que je m’enfonçais de plus en plus entre les lianes, direction le village éphémère. Pénétrant dans l’enceinte de ce dernier, il se semblait au premier abord désert. Je m’incrustais entre les ruelles, involontairement conçues de part la disposition des maisons de bois tout autour de cette plage, à l’orée de la jungle. Des sceaux emplit d’eau croupie, des vivres à moitié déchiquetés par le temps qui passe. Je présentais à ce moment là qu’ils étaient ici depuis bien plus longtemps qu’il n’avait bien voulu me le dire, l’autre marchand. J’arpentais le village en quête de cet individu, mais tout semblait désert. Ce n’est qu’après un bon quart d’heure de marche qu’il me sembla l’apercevoir au loin. J’avançais d’un pas déterminé dans sa direction avant de me prendre un poids mort sur le coin de la tête. Je m’étais retrouvé en l’espace d’une seconde, écrasé par une masse féminine. Celle-là en revanche, je ne l’avais pas senti venir, qui était-elle ? Même si son regard m’était familier, il m’était impossible de mettre un nom sur son visage. Elle plongea son regard dans le mien après s’être redressée, assise sur moi, hurlant à pleine voix un « TOI ! » énergique. C’est en rehaussant un sourcil que je lui répondis le plus simplement du monde.

« Moi…. ? »

Finalement, elle vint saisir une feuille de papier dans une de ses poches avant de le serrer contre son cœur, m’annonçant que cela faisait des années qu’elle était à ma recherche. Si j’en crois les évènements passés, je n’ai en aucun cas laissé quelqu’un derrière moi cette dernière année. Je saisis alors le papier en l’emmenant à mes yeux. C’était bien mon écriture, mais de quoi parlais-je la dedans ? Et pourquoi venait-elle de me parler de morsure ? Comment pouvait-elle connaitre ma nature de vamp…

« Ha toi ! La pharmacienne !? Qu’est-ce-que tu fais ici ? Et comment ça tu me cherchais ?! »

Je me redressais en posant mes mains sur ses épaules comme pour garder une zone de sécurité, je ne savais pas pourquoi elle était à ma recherche, cela pouvait être simplement pour ma tête. Mais tout, une fois de plus, se bousculait dans la tête, elle était la seule à avoir résisté a une de mes hypnoses sur les seas blue ! Cette femme chat, je la trouvais singulière et vraiment intéressante, de plus, elle débordait la joie de vivre. Mon regard plongea dans le sien, une nouvelle fois, je ne trouvais plus mes mots, comme d’habitude.

C’était là sa réponse ? Elle avait quitté son travail, son logement, sa famille, en partant à ma recherche, sans réellement savoir pourquoi ? Juste l’envie de me retrouver ? Je ne savais pas vraiment comment réagir face à ce genre de situation, c’était assez cocasse et surtout la première fois que je faisais face à cela. Me voilà dans de beaux draps, en plus d’être un pirate recherché, j’allais devenir un kidnappeur aux yeux du monde ? Misère du monde sur mes épaules. Elle, elle sautillait sur moi, comme une enfant heureuse ayant trouvé un trésor des plus précieux. J’allais devoir prendre mes responsabilités maintenant. Elle avait prit des risque pour ma personne et en aucun cas je pourrais me permettre de la laisser seule dans cette jungle ! J’allais devoir l’emmener sur le navire avec nous. Mais pour sa sécurité, l’enrôler dans la piraterie n’était peut-être pas la meilleure chose à faire. J’avais un sourcil rehaussé, comme surpris, ou plutôt choqué, par sa réponse, j’étais toujours en pleine méditation interne. Sans déconner, pourquoi ce n’était qu’à moi qu’il arrivait des trucs comme ça ? Je me redressais soudainement, la relevant en même temps que moi, les yeux clos, l’air blasé également. Elle était atterrît par ici en pur hasard ? Drôle de coïncidence, moi je m’étais perdu.

« Bon… Ravi de t’avoir revu ! »

Et je tournais les talons. Mais attends, qu’est-ce-que je fou, là ? Je ne peux pas la laisser ici, ce ne serait pas décent ! Je me retournais de nouveau face à elle, l’air inquiet et toujours aussi blasé. « Sérieusement, tu te rends compte des risques que tu as prit ? ». Et voilà, le moralisateur. Je détestais faire ça, et je détestais encore plus voir d’autre personne le faire, ce genre de morale, ce n’était pas pour moi, donc ça m’énervait encore plus que de devoir répondre un truc de ce genre. Suji, son nom m’était revenu, elle, la belle pharmacienne devenue fleuriste… Fleuriste ? Mais il s’est passé quoi chez elle en deux ans bordel ? En plus de ça, elle faisait bien plus féminine et adulte maintenant. Un corps attirant, un regard envoutant, et si je portais mes lèvres à son cou une fois de plus ? MAIS NON ! Il fallait que j’arrive à me concentrer sur quoi faire, plutôt que de pseudo fantasmer sur elle, ce n’était ni le lieu ni le moment. Et si elle était là depuis deux ans, ça veut dire que son log pose devrait être rechargé ? Ah non, elle n’est pas venu d’elle-même je présume. Un navire marchand. Tiens, ça me rappel un scénario ça. Ma main vint s’aplatir sur mon visage en un léger râle.

« Aie ! SUJI ! Tu n’as pas le choix, tu vas venir sur notre bateau, je te protégerai jusqu’à que l’on arrive à destination te plaisant. Tu as un but particulier ? »

J’avais envie, à ce moment là, d’hurler ma détresse. Perdu entre sa beauté, sa voix, ma conscience et les principes.

Au moment où je m’étais retourné, je n’avais pas de suite vu cette larme qui était venue mourir à la commissure de ses lèvres. Un soupir s’arrachais d’entre mes lèvres, et alors que j’allais prendre la parole, elle s’écria « Je ne suis plus une enfant ! ». Je me stoppais net, il était vrai, elle n’était plus celle que j’avais connu avant. Elle avait changé, mais à quelle point ? Je me remémorai ce moment passé avec elle, dans sa chambre, et la vision de ma personne reprenant des forces à son cou avant de l’abandonner en l’embrassant, comme ci tout ceci ne fut qu’un rêve éphémère. Au final, sa plus grande peur semblait être d’être confrontée à elle-même, et au regard et jugement des autres. Je savais pertinemment ce qu’elle pouvait ressentir à ce moment précis, moi-même, être à part, j’ai souvent été victime de cette mise à l’écart par le passé. Mais tout ceci était fini depuis quelques semaines, depuis que j’avais rencontré ce Nakata, le pirate semblable à mon défunt meilleur ami. Ses poings étaient serrées, son regard plongé sur le sol, comment avais-je pu être si bête et si naïf ? Un sourire sincère se dessina sur mon visage alors que le vent fit danser mes vêtements, suivi des cheveux de la jeune féline. Après ma question, elle me fit un léger signe de négation de la tête. Pas de buts spéciaux ? Elle était donc réellement partie dans le but de me retrouver. Je portais ma main à mes cheveux, les remettants en place avant de lui dire simplement :

« Je vois, alors, si tu te considères comme être à part entière, que tu m’as retrouvé, et que tu n’as pas d’autre idée concernant ton avenir, deviens mienne. »

Ces mots étaient arrivés comme ça, de mon cœur, simplement. Je n’avais aucune arrière pensées à cela, je voulais simplement qu’elle ne ressente plus jamais cette solitude. Le sentiment de destruction que cela procure, le fait d’être isolé du reste du monde. Moi-même je ne pouvais pas le supporter, alors pourquoi lui ferais-je subir cela en la remmenant simplement sur le continent ? Si elle m’avait cherché, c’était pour être avec moi non ? Pleins de questions se bousculèrent dans ma tête alors que mon regard vint se figer dans le sien, une nouvelle bourrasque de vent survint alors, je m’approchais d’elle avant de la prendre dans mes bras en m’excusant à son oreille, lui chuchotant à quel point j’étais désolé de l’avoir laissé tout ce temps sans nouvelle, sans prendre compte de ce que elle, elle pouvait ressentir au fond d’elle. Su cette île, j’avais finalement rencontré deux fantômes de mon passé, et j’avais exorcisé mes démons intérieur. Plus jamais, je pensais, le trouble ne pourrait se mettre en travers de ma route, finalement, toujours attaché à elle, je lui demandai simplement :

« Veux-tu devenir mienne, Suji ? Je te jure de ne plus jamais te laisser seule… »

Après quoi, mes yeux se clorent, attendant une réponse, simplement, qu’elle soit positive ou négative, cela m’importait peu, j’avais fait ce que j’avais à faire, être sincère envers elle, et envers moi-même, envers mon âme et mon cœur. Je n’étais face à rien d’autre qu’à elle, le reste semblait se taire autour de nous, laissant simplement place à nous deux, simples miniatures entités dans un monde qui nous dépasse encore. Le vent soufflait dans les branchages des arbres dont la cime semblait toucher le ciel. La mer, derrière moi, semblait s’être tue également, le bruit des vagues n’atteignant même plus mon esprit.

Au final, j’avais réussi à simplement parler. Mon regard se posa sur elle avant qu’elle ne ressert une fois de plus son étreinte sur moi, nichant son visage dans mon cou. Quelle agréable sensation, celle d’un corps aimant, la chaleur de l’humanité, celle qui contrastait d’elle à moi, de ma peau aussi froide que la mort. Mon regard se posa sur l’horizon avant que je ne laisse mes yeux se clorent. J’aurais aimé rester là indéfiniment, précisément à ce moment-là. Finalement, elle se détacha lentement de moi, plongeant son regard dans mes yeux qui venaient de se rouvrir. Je ne disais rien, mon visage restait le même, impassible face à l’adversité, comme à la tendresse, mais peut-être elle arriverait-elle à quelque chose, avec le temps, contre cette nonchalance et cette mélancolie qui emplit toute mon âme. Finalement, elle entrouvrit les lèvres, me murmurant avec une grâce presque féérique « Je suis là, pour toi... Je t'aiderais de ton mon être, mon cœur et mon âme. ». Je me sentis lâcher prise, je restais impassible, voulant ne rien laisser transparaître, mais elle devait l’entendre battre, mon cœur. Ma main vint saisir la sienne, en un silence plus que religieux, et je m’enfonçais dans le campement retrouvant le vendeur croisé précédemment dans la forêt. S’en suivit une légère discussion, marchandant le prix d’un eternal pose pour reverse mountain. Tout ce fit dans le calme le plus totale, la bonne humeur. On pouvait entendre le cri des oiseaux de nuit autour de nous, mais rien ne pouvait me détacher de cette main que je tenais dans la mienne. Mon achat effectué, je me retournai vers elle de nouveau en lui souriant, lui montrant notre carte de sortie dans ma main libre, cet eternal pose. Le vendeur m’adressa un large sourire en déballant un autre tissus sur la table, il déroula se dernier sur cette dernière, dévoilant des bijoux de toutes sortes. Mon regard se porta sur lui, interloqué, puis sur Suji, qui semblait avoir jeté son dévolu sur ces perles du temps monté en bijoux. Je saisis une bague entre mes doigts en souriant, ornée d’un rubis rouge sang.

« Le rouge. Que tu n’oublies pas qui je suis au fond, que la passion reste la même… »

Après quoi, je pris de nouveau sa main dans la mienne, lui passant la bague au doigt, en remerciant le vendeur du coin de l’œil. Ce dernier saisit une guitare dans ses affaires, se posant dans un coin de l’habitation, jouant un air calme et enjoué. Je souris à Suji, l’emmenant sur la plage, de là, on pouvait toujours entendre la guitare, et scruter l’étendue céleste au dessus de nos têtes. Je m’assieds alors dans le sable, avant de finalement me laisser tomber en arrière en douceur, complètement allongé, en scrutant le ciel. Je ne me souviens pas réellement de la suite, sans doute étais-je trop fatigué. Toujours est-il qu’à mon réveil, il commençait à faire jour. Je m’étais dirigé à mon réveil vers le bateau, accompagné de Suji. Je montais sur le pont, l’air froid et détaché du reste du groupe, j’avais retrouvé mon sérieux habituel. Tout le monde était sur le pont, je marchais en direction de ma cabine en annonçant simplement :

« Je vous présente Suji, Médecin et biochimiste, elle fera la suite de cette aventure à nos côtés. Prenez soin d’elle. Ha, j’ai trouvé un Eternal pose, vous quitterez l'île sans moi, j'ai à faire, je vous rejoindrais dans une semaine de mer...»

Avant de finalement, pénétrer dans l’enceinte de mon bâtiment, prenant place sur le bureau éclairé à la lumière d’une chandelle… La route allait être longue. Le soleil du petit matin m’avais littéralement tiraillé, je ne me sentais pas bien. Je pris appuis sur le bureau, pour ne pas tomber au sol, posant mes bras en croix sur ce dernier avant d’y loger mon visage. Qu’allais-je devenir, dorénavant ? Je n’en savais rien, mais j’allais devenir humain, un peu plus chaque jours, à ses côtés, à leurs côtés.