Pas d’humeur

Whiskey Peak n’était plus pareille. Etrange non ? On remarquait l’importance d’une personne seulement lorsqu’elle n’était plus là. Les médecins avaient été formels, la maladie contractée par Dust était incurable et il en était mort. Afin d’éviter au maximum de perdre du temps, les infirmières avaient refusé qu’il puisse voir le corps, chose qu’il comprit tout à fait. C’était dans le style du Boss de balancer avant de mourir des phrases du genre : « Je ne veux pas qu’on me voit dans cet état, je préfère laisser au monde l’image d’un Dust fort, debout et fier… » ou une autre bêtise du genre ; le genre de phrase que dirait tout homme qui se respecte.

Qu’en était-il de Shindô ? Par un concours de circonstance, un simple duel contre un vampire de passage dans un bar de l’île, s’était transformé en lutte pour la survie, face à l’une des deux jumelles Brumeria, membres des sept puissants Corsaires. Laissé pour mort au beau milieu de la rue, on avait fini par prendre soin de lui. Malheureusement, l’absence prolongée du Maire de la ville n’avait fait qu’augmenter les tensions, jusqu’à ce fameux jour, où les médecins annoncèrent publiquement la mort de Dust. Cette déclaration sur les balcons de la mairie mit le feu aux poudres et depuis ce jour, tout ce qui avait un lien, de près ou de loin avec le Maire Corleone était activement recherché. Shindô ne comptait plus le nombre d’adversaire qu’il avait envoyé au tapis. Perché sur un toit, où il avait pris l’habitude de se cacher, il profita d’une pause entre deux courses poursuite pour méditer sur la situation, en plongeant son regard vers l’immensité de l’océan.

- Plus j’y pense, et plus je me dit que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire… Une conspiration ? Impossible, je suis juste…

Parano ? Pourtant, l’explication était logique. De tout temps, le contrôle de Whiskey Peak a toujours été l’objet d’une lutte entre les différentes puissances sur l’île. L’arrivée de Renaissance dans les lieux avait peut-être stabilisé temporairement les choses, mais de nombreux jaloux devaient préparer leur plan dans l’ombre… Oui ! En y pensant, c’était parfaitement plausible. Avec un Dust absent depuis longtemps et un Shindô affaibli par son combat, le plus redoutable duo de l’île était au plus bas. Ecarter Renaissance ne serait alors qu’une formalité…. Mais l’homme poisson ne comptait pas se laisser faire. Pour honorer la mémoire de son défunt ami, ainsi que pour retrouver sa fierté perdue, il quitta sa position perchée pour se diriger, d’un pas décidé, vers la Mairie.

- Regardez les gars, c’est le larbin de notre cher ex-maire… Hey Shindô, ça se passe ?

- Je ne suis pas d’humeur, alors de grâce, dégagez du chemin…

- Hep hep hep, je te trouve un tantinet malpoli… Tu n’as pas d’ordre à nous donner je te rapelle, tu es dans le territoire de Silva…

Sans crier gare, l’homme poisson agrippa l’humain par le col et le balança à travers la porte d’une habitation. Les autres hommes présents se lancèrent à l’assaut Pour chacun d’entre eux, un unique coup bien placé suffit à les envoyer au tapis. Shin’ reprit paisiblement la route, l’air de rien… Au moins à présent, il connaissait le nom sa première cible.

Discretos

Murs effrités par endroits, sol collant et moquette partiellement arrachée. Beaucoup de lampes ne fonctionnaient plus. Mais le plus drôle, c’était les affiches de l’ex maire, placardée un peu partout sur les murs. En effet, si Dust posait fièrement sur chacune, elles étaient ornées de gribouillis en tout genre : fausse barbe, moustache grossièrement dessinée, lunettes, éclair sur le front. Il y’en avait même une qui servait de cible pour une partie de fléchette. Ces types savaient s’amuser avec ce qu’ils avaient et dans un contexte différent, Shindô aurait très certainement pu en rire. Plaqué contre un mur, il était entré dans le bâtiment par une voie souterraine. Compte tenu de la situation, entrer par la porte principale relevait du suicide. Il n’aimait pas spécialement se la jouer incognito, mais là, il préférait économiser ses forces pour ce fameux Silva.

Se faufilant parmi les couloirs, il arriva sans trop de peine jusqu’à l’étage. Calquant son rythme sur celui gardes, il parvenait sans trop de mal à les passer. Dernier obstacle avant la cible, les deux humains qui montaient la garde. En temps normal, la question ne se serait même pas posée. Il aurait déboulé dans le couloir et se serait chargé d’eux sans aucune difficulté. Mais, les armes à feu dont ils étaient munis le dissuadèrent. Il lui fallait un plan… Il eut alors un éclair de génie lorsqu’il remarqua, derrière lui, un sigle « WC » stylisé, qui indiquait donc les toilettes. Il passa la porte et se trouva nez à nez avec un type qui venait de faire son affaire. Le dénommé Murdock, grand, chauve et à la musculature particulièrement bien développée, ôta lentement ses lunettes de soleil, comme pour s’assurer qu’il n’avait pas à faire à un mirage.

- Shindô...

- Murdock...

Quand deux combattants de valeurs se faisaient face, s’engageaient entre eux une sorte d’affrontement mental. Chacun se projetait mentalement le déroulement d’un possible affrontement, imaginant avec facilité quel coup serait paré et quelle attaque serait efficace. Pas besoin de mots, pas besoin de bouger, tout était décidé à l’avance. On retrouvait d’ailleurs ce phénomène lorsque deux fourmis de cité différentes se croisaient. Ce duel de volonté était un moyen très pratique de gagner du temps. Ainsi quelques secondes plus tard, un bruit en provenance des toilettes attira l’attention d’un des deux gardes. Il décida d’aller vérifier, arme en mains, mais réapparut très rapidement aux yeux de son partenaire, inconscient.

- Bordel ! Un intrus !

- Uchimizu !

La balla d’eau alla s’encastrer dans l’épaule du malheureux qui laissa tomber son arme. Ne lui laissant pas le temps de la reprendre, Shindô s’approcha à grande vitesse et attrapa sa tête qu’il fracassa contre le sol. A présent, il était seul face à la porte d’entrée. Derrière cette porte se trouvait l’actuel responsable de toute cette mascarade…. Que ferait-il lorsque les portes s’ouvriraient ? Il n’en savait encore rien… Peut-être que pour une fois, il allait laisser libre cours à ses pulsions ?

Désolé pour la baie vitrée...

Son sang bouillonnait, mais ça ne l’empêcha pas d’ouvrir les portes le plus posément du monde. Il pénétra alors dans le luxueux bureau du Maire. Une pièce qu’il connaissait par cœur à force de s’y être rendu auprès de Dust, à l’époque où il faisait encore partie de ce monde. Hormis peut-être quelques meubles et la décoration, la salle n’avait pas changée. Assis sur un siège pivotant, dossier face à son invité, l’actuel Maire ne pouvait pas voir le visage de l’homme poisson. Mais il n’en avait pas besoin ; munis d’armes à feu semblables à celles de deux gardes d’entrée, les quatre hommes qui entouraient le nouveau leader étaient prêts à trouer leur cible au moindre claquement de doigt. Pivotant sur son siège jusqu’à se tenir en face du Fugu, le dénommé Silva fit alors son apparition. Loin de l’image traditionnelle que l’on pouvait avoir de ce genre d’humain, à la tête d’un groupe, Silva semblait être aussi bon meneur que combattant.

- Tu dois être Silva...

- Exact,… Shindô, je présume ?

Du temps. Il lui fallait du temps. Dans l’était actuel des choses, même avec ses réflexes ou sa vitesse, il ne pourrait se soustraire à la précision des quatre tireurs. A l’affût d’une stratégique qui pourrait lui sauver la vie, il examina furtivement les alentours pour déterminer les objets ou les coins de la pièce qui seraient le plus favorable à sa survie. Il cogitait, trop à son goût, mais il n’y avait pas d’autre moyen. Son regard finit par croiser celui de l’un des tueurs, ils savaient tous deux que le Fugu ne s’en sortirait pas. Au ralentit, Shindô imagina cette balle, propulsée hors de sa douille, pour parcourir à très haute vitesse le canon de l’arme. Il imaginait les striures du canon sur cette balle, ainsi que le rotation dont il l’aurait imprégnée. Il voyait déjà l’objet métallique percer la peau de son torse, lui causant une terrible douleur qu’il essayerait de vaincre en vain, tout en avançant bravement, ne serait-ce que pour effleurer les cheveux de celui pour qui il était venu. Il se représentait alors son corps s’écraser lourdement sur le ventre, après avoir encaissé plusieurs tirs…

- Oui quel est le problème ?! J’espère que tu me déranges pas pour rien Billy.

- Billy il est juste à côté de moi , quand à moi , je suis venu reprendre ce qui me revient , et aussi te tuer

Cette voix qui émana de l’escargophone balaya instantanément le peu de doute qu’il restait dans l’esprit du guerrier. Désarçonnés par cet appel étrange, les cinq humains avaient relâché leur attention, ce qui profita à Shindô qui s’élançait sur le côté et sauta littéralement à travers la baie vitrée pour atterrir souplement dans la cour, à l’entrée du bâtiment. En l’apercevant, certes, un peu plus maigre qu’avant, mais toujours en vie, Shindô ne put réprimer sa joie, Mais les sentiments devaient attendre. Son faciès se déforma, sans qu’il n’y prête vraiment attention, pour afficher un léger sourire en coin, tandis que lui, continuait de s’avancer lentement vers la porte principale. Derrière, Rabbit et Buzu suivaient. Comme à son habitude, sans détour, Renaissance allait simplement entrer par devant.

- J’ai toujours su que ces infirmières racontaient n’importe quoi… Et désolé pour la baie vitrée, Boss.

Renaissance devient chaotique

Renaissance

Fidèle à lui-même, Dust sanctionna Shindô pour la fenêtre brisée, une remarque que le guerrier accepta, sans broncher. Il s’apprêtait même à y répondre amicalement lorsqu’une explosion soudaine attira son attention, au niveau du portail de l’entrée. Un humain, plutôt chétif, venait de faire exploser la tête de ses poursuivants et s’adressait au Boss des lieux. Il semblait avoir la même cible que le duo de choc et engagea donc naturellement la discussion, mais Shin’ n’y prêta pas vraiment attention. Il se repassait en boucle la scène de l’explosion, essayant de comprendre le modus operandi de ce jeune humain. Le claquement de doigt soudain le ramena sur terre et le fit également sourire. Malgré tout ce qu’il avait pu entendre ou voir ces derniers temps, cet objet, il l’avait gardé et le portait même sur lui aujourd’hui. Comme si quelque part, il savait qu’en venant ici, il le retrouverait. Il s’avança jusqu’à être à côté du Corleone et farfouilla dans les pans de sa tenue pour en sortir un briquet qu’il activa sous le menton de l’humain, le bras tendu, sans le regarder. Continuant d’avancer, l’air naturel, le Fugu profita de cette discussion pour aller parler avec les autres.

- Ou est-ce que vous étiez fourré vous deux ?

- On était... dans un navire pour...

- Pour aller chercher le Boss ! On ne pouvait pas rester là les bras croisés. Enchaina Buzusima, d’un ton accusateur

- J’imagine que je suis trop naïf, ou quelque chose du genre.

Shin’ revint alors aux côtés de Dust pour écouter la fin du dialogue. Ce type pouvait faire une bonne recrue aux yeux du Boss, certes, mais tant qu’il ne faisait pas ses preuves, il ne pourrait pas être un vrai membre. D’habitude, Shindô aimait bien provoquer les nouveaux en duel, juste pour voir ce qu’ils avaient dans le ventre. Mais bon, ici le contexte était différent, Renaissance devait redémarrer à zéro et dans l’immédiat, toute aide était la bienvenue. N’en faisant cependant qu’à sa tête, le Fugu s’avança pour poser une question au prétendant avant qu’il ne donne sa décision. Comme pour le punir d’avoir osé se mettre en avant, Dust l’ejecta violemment sur le côté. Ce genre de comportement excessif n’était pas dans ses habitudes, peut-être que tout ce temps passé l’avait rendu aigri…. Ou pas…

- D’accord je vois, ça s’est joué à un cheveu.

En effet, sans la vivacité d’esprit de son compagnon, à l’heure actuelle, tous se baigneraient dans une marre de sang. Les hommes armés de Silva arrosèrent littéralement toute la cours, mais en vain. Les balles ricochaient sur le diamant et retombaient sur le sol, inefficaces. La diversion était parfaite, focalisé sur leur cible increvable, ces types ne feraient certainement pas attention à Shindô, qui en profita alors pour soulever son arbi de fortune et le projeter directement sur ce qui restait du balcon. Après coup, il regarda Dust d’un air encore plus désolé et lui adressait quelques mots tandis que le groupe s’apprêtait à entrer dans le batiment, à la recherche de Silva.

- Je ne voyais pas trop ce que je pouvais faire d’autre… Et puis de toute façon, des rénovations s’imposaient, non ?

Renaissance devient chaotique

Fais ce que tu as à faire...

Les gêneurs sur le balcon étaient hors d’état de nuire. Ce petit tour de force n’était pas grand-chose pour Shindô, mais sembla étonner le jeune brun. Mais la démonstration de Dust était bien plus intéressante. A-t-elle point que, poussé par une curiosité malsaine, l’humain tenta de tirer sur le Boss. Le Fugu ne tenta rien pour empêcher le tir, il lui suffisait d’attendre que la balle ricoche, d’attendre que ce type comprenne qu’il ne pouvait tout simplement rien faire face à deux forces de la nature, d’attendre qu’il perde tout espoir d’en sortir … et le briser, d’un coup sec, comme une brindille. Il existe de multiples manières de gagner un duel, mais une victoire mentale était certainement la meilleure d’entre elles. Mais contrairement à Shin’, qui ne voyait toujours pas comment ce type pourrait leur être utile, Dust semblait avoir déjà fait son choix… Ou alors, c’était tout simplement un accès de flemingite aigüe. Donc sans grande surprise, le dénommé Noctis accepta l’offre et se précipita avec une certaine excitation, vers la mairie. Le reste du groupe suivit avec une certaine nonchalance.

- Mettons un point final à toute cette histoire, par contre, si on pouvait éviter…

Il n’y avait que peu de résistance à l’intérieur. Cet « Archer » était déchaîné. En même temps, les forces majeures, comme Murdock, n’étaient plus vraiment apte à combattre, puisque Shindô était déjà passé par là. De même, l’étage était relativement peu rempli. Soit, ils avaient pris peur, soit ils se tassaient dans une pièce, prêt à livrer une dernière bataille. Et la réponse ne se fit pas attendre. Le bureau principal, où Shin’ avait failli se faire trouer, quelques minutes auparavant, était jonché de corps…

- ... Les bains de sang inutiles. dit-il, pour terminer sa phrase.

Dust semblait comblé et Noctis en redemandait. Mais Shindô avait des principes, donner la mort en masse, sans véritable raison, était l’un d’entre eux. Généralement, ça ne lui posait pas de souci, mais il préférait éviter autant que possible. Non pas pour des soucis d’éthique, mais plutôt d’un point de vue pratique. Un corps… c’était synonyme d’ennui. Hormis les pirates épuisés après leur traversée de Reverse Montain et les Chasseur de primes, à la recherche d’une gloire qui ne viendra sans doute jamais. Mais si par hasard, un navire du Gouvernement passait dans le coin et menait sa petite enquête, tout cela pouvait très mal se terminer.
Et encore, s’ils étaient la seule menace à craindre, il y aurait quand même moyen de s’en sortir. Face à ses puissants Capitaine Corsaires, chiens du Gouvernement à la puissance terrifiante, ils ne pouvaient rien faire. Du coup, devinant l’attitude qu’aurait Dust en revoyant la secrétaire, Shin’ s’interposa.

- Noctis, tue là. lacha-t-il froidement.

- Boss, on aura encore pleins d’occasions pour tester sa loyauté. Les effusions de sang risquent de nous poser problème …

Il n’écouta qu’à moitié son bras droit...

- Je monte à l’étage m’occuper de Silva , ne laissez aucune preuve , Shindo je compte sur toi pour t’assurer de l’invisibilité juridique de ce crime . vous deux quand vous en aurez fini coupez la fuite des dernier partisans et exécutez les tous . Aujourd’hui sera un jour rouge , Renaissance ne fait pas de prisonniers .

Shin’ espérait juste que les sentiments de son compagnons ne soient pas une gêne pour l’avenir de l’organisation. Il acquiesça sans tergiverser d’avantage et s’avança vers l’humaine, visiblement choquée et apeurée, par les paroles de celui qui partageait autrefois son lit. Ce n’était pas un duel, elle était trop faible et il n’y avait aucun mérite… Shindô déploya son poison sur sa main, attrapa la dénommée Margaux par les cheveux et posa délicatement deux doigts teintés indigo sur sa langue. Le poison allait la paralyser progressivement. Du coup, en attendant qu’il fasse effet, il chercha une lettre qu’elle avait un jour écrite à Dust et qui devait traîner dans le coin. Il la disposa sur la table, en veillant à ce que quelques larmes y soit bien versées.. Il attrapa ensuite un verre à alcool vide et y fit également suinter un peu de son poison, avant de le placer directement dans sa main.

- « N’ayant pas pu se remettre de cette brutale séparation, elle décide de mettre fin à ses jours… Avale du poison en trop faible quantité pour mourir… et décide d’en finir d’une balle dans la tête. » Ramasse une arme sur l’un de ces types, fait ce que tu as à faire et dépose-là à côté de son corps… Je vais m’occuper des autres. indiqua-t-il à Noctis, en quittant la pièce.

Pour le reste, pas besoin de faire aussi compliqué, il se contenta des les entasser et irait mettre dans les cales de navire les plus gravement blessé. Il ne restait donc plus qu’un dernier détail à régler.

Renaissance devient chaotique

Je ne fais que “sortir les ordures”

Shin avait beau se repasser la scène boucle, il ne voyait pas à quel instant il avait été irrespectueux. Tout ce qu’il s’était contenté de dire, était d’indiquer au nouveau ce qu’il avait à faire. Comme par principe, il ne pouvait se résoudre à tuer aussi simplement, ou même à en parler, il n’avait pas explicitement cité la chose. Dans son petit discours : « …ce que tu as à faire » désignait justement le meurtre. Soupirant en pensant à la besogne qui l’attendait, Shindô fut surpris lorsqu’il vit se canon pointé sur lui. Depuis le début, il ne faisait toujours pas confiance en ce type et il avait raison. Il était trop proche que pour esquiver la balle, mais il pouvait éviter les points vitaux. Dans la tête du Fugu, alors que le tir résonna avec force, la suite était toute tracée. Une fois que la balle se serait logée dans son corps, il se relèverait et briserait quelques os.
Heureusement, hormis lui frôler l’oreille, le tir ne lui fit aucun dégât et atteignit sa cible. Le corps de Margaux tomba, inerte.

- A quoi tu joues ?

- Ne me donnes JAMAIS d'ordre tu m'entends ! Je fais comme je veux ! Et si tu veux que je fasse des choses exprime toi autrement, sur un ton plus respectueux envers un partenaire !

- Un partenaire ?

Il profita de la proximité avec son interlocuteur pour le saisir par le col, avant de l’enfoncer brutalement dans le mur, qui se fissura sous l’impact. Il était censé tiré sur la fille à bout portant. Avec sa face ainsi défigurée, l’idée du suicide perdait de sa crédibilité. Cette tête brûlée ne faisait que lui donner plus de travail et il se considérait déjà comme « partenaire »… Shin’ se devait de remettre les points sur les I.

- Dust voit peut-être en toi de quoi tirer profit, mais pour moi, tu n’es toujours qu’un simple nouveau…

Parce que l’ambition de Renaissance était grande, ses membres devaient agir en parfaite cohésion. Mais acquérir une telle confiance de l’autre ne se faisait pas en un jour et il faudrait du temps pour qu’à terme, Shindô puisse lui faire confiance.
Le Fugu quitta rapidement les lieux pour faire le ménage. Pièces après pièces, mètres après mètres, tous les recoins de la bâtisse étaient à prendre en considération. Au final, il n’y avait pas tant de corps que ça, la grande majorité était concentrée dans le hall principal et dans le couloir qui menait au bureau. Il n’y avait plus qu’un dernier corps à prendre, au deuxième étage.
Le crâne explosé d’un côté et percé de l’autre, le corps de Silva trônait au milieu de la pièce, dans une marre de sang. Avant d’arriver dans la pièce, Shin’ avait fait un petit détour par la salle d’entretien. Balais, serpillières, sceau d’eau, brosses, savon, il avait grossièrement nettoyé les lieux les plus « sales ». Ne restait donc que cette pièce et ce corps, qu’il descendit avec la dizaine d’autres, dans le Hall à l’entrée.
Il lui fallait donc rejoindre les autres au port, où il prévoyait également de se débarrasser des cadavres. Il les mit tous dans de grands sachets sombres, qu’il chargea ensuite sur ses épaules, en équilibre et traversa ainsi toutes les rues de la ville. Seulement à un moment, il manqua de trébucher et l’un des sachets tomba au sol, laissant apparaître un bras rigide, pâle et froid, sous le regard ébahi de trois témoins…

- Ne me regardez pas comme si vous n’aviez jamais vu ça ici, après tout, je ne fais que « sortir les ordures ».

L’expression ne pouvait être plus appropriée. Les corps, la mort, à Whiskey Peak, c’était fréquent. Presque 90% de la population n’était composé que de chasseur de prime, expérimentés ou en devenir.
Il se contenta de déposer le tout dans une beine et conformément à ce qui était prévu, il s’arrêta en cours de route pour faire quelques emplettes. Enfin, après quelques minutes de marche, les bras remplis de sacs de courses, il aperçut le navire, prêt à partir, mais ça, c’était une autre histoire.

Renaissance devient chaotique