|
|
| |
| | Ven 4 Jan - 12:59 BLOUP ! On voyait qu’il n’était pas léger en regardant le planché du pont crissant sous son poids. A moins que ce ne soit dû aux termites grouillant sur le navire ? En tout cas, on remarquait qu’il était gros simplement en le regardant. Il était courtaud et bedonnant. Vraiment très classe quoi. Le capitaine basique. Pas beau. Puant. Et surtout sale !
Par contre, il avait une barbe soyeuse. Pas une miette de pain ne s’y coinçait. C’était le seul aspect de lui dont il prenait soin. Il la peignait tout le temps. Et se regardait dans le miroir en se la caressant. C’était son petit toc à lui. Son petit délire. Tout le monde en avait un dans l’équipage. Oui, même moi. Ça choque hein. Moi mon petit kiffe c’est les « BOOMs ». J’adore ça, j’en raffole. D’ailleurs je n’ai pas laissé un truc sur le peu ?
BOOOOOOOOM ! Ha ben si… Bon c’est juste le mat qui est touché. On ne va pas en faire une histoire. Surtout que personne ne m’en a voulu de cet incident. On n’avançait plus, on devait ramer comme des porcs pour bouger, mais personne, oui personne ne me fit la moindre réflexion sur cet incident. C’était comme ça dans cet équipage. Les erreurs sont acceptées.
Après environ 3 semaines de dur labeur pour atteindre une île qui devait être à 3 jours de voile, nous sommes arrivés. Crevé, puant, affamé, énervé, … On était dans tous nos états quoi. Alors on n’a même pas pris le temps de payer la taxe d’amarrage au port qu’on s’est tous rué dans le restau’ le plus proche pour se gaver. Le ventre plein, je n’avais rien de mieux à faire que de suivre mon capitaine. A ce moment-là, si j’aurais su ce que j’allais devoir me taper avec lui, je n’y serais pas allé.
Déjà, après seulement quelques mètres en-dehors de l’établissement, il se rétama sur l’asphalte de la rue comme vielle chaussette. Habitué à ce qu’on se moque de lui, il ne tenta même pas de se défendre contre leurs rires et leurs regards. Il continua son chemin l’air de rien. Des rêves pleins les yeux. C’est ça qui lui permettait d’avancer, d’aller toujours de l’avant. Il ne se retournait jamais. A part pour vérifier s’il n’était pas suivi par sa vice-capitaine. Elle lui faisait vraiment peur. En même temps on pouvait le comprendre. Lui était mou et relaxe. Elle était dynamique et pouvait devenir dingue en à peine quelques secondes. Deux personnes complètement opposées quoi.
Le suivre était d’un ennui… A part me marrer de toutes ses conneries, ben je ne pouvais rien faire. Je me suis même rendu compte que je m’amusais à compter les cliquetis de ses boucles d’oreille. Compter le nombre de fois où elles s’entrechoquaient c’était… c’était vraiment trop chiant. Puis j’en ai eu marre. Marre de me faire chier. Marre de le voir se faire humilier sans cesse ! Je l’ai donc choppé par le col et je lui dis tout ce que j’avais sur le cœur !
ESPÈCE DE MOLLASSON ! TU NE PEUX PAS TE BOUGER UN PEU ? TU FAIS VRAIMENT PITIÉ ! TOUT LE MONDE SE MOQUE DE TOI ! OUVRE LES YEUX MAN ! OUI OUVRE UN PEU TES PETITS YEUX VAIRONS ! MAINTENANT IL FAUT QUE TU TE RÉVEILLES, QUE TU TE BOUGES LE CUL ET QUE TU TE FASSES RESPECTER ! T’ES UN PIRATE OU PAS, MERDE ! Là, il m’a répondu un truc inattendu… Moi j’me suis dit que ma gueulante allé soit le pousser à m’en mettre une, soit le réveiller. Et lui, il m’a répondu avec sa nonchalance habituelle :
Heuuuuu… Désolé…
Désolé ? Désolé ! C’était la seule chose qu’il avait réussi à me dire. Merde j’en avais vraiment marre de me décarcasser pour cette lopette ! C’est bon je me casse !
Bon ! J’vais sur le bateau donc démerde toi pour les courses le gros.
D’accord moussaillon.
Là encore grosse déception. Même les insultes ne lui faisaient aucun effet. Bon allé, moi je retourne sur le bateau, hein. Assez d’énergie dépensée pour rien. Quand je suis arrivé dans le port, le bateau était plein de mecs bizarres. Puis là, j’ai vu mon canonnier se précipiter vers moi. Il était tout content. Il voulait leur faire la fête, leur balancer des boulets de canon sur la gueule. Moi, ça m’étais complètement égal de les massacrer moi-même ou de laisse mon pote le faire. En tout cas, ce qu’on ne savait pas, c’est que c’était les gonzes qui venaient ramasser la taxe d’amarrage… Nous on croyait que c’était d’autres pirates venu nous piller. On allait donc leur faire la fête à ses enfoirés !
Il nous fallait des canons pour bombarder ces hommes. Alors nous nous sommes invités à bord du navire le plus proche de nous. Après avoir mis au d’état de nuire tous les membres de l’équipage… En fait il n’y en avait qu’un mais bon. En tout cas, après l’avoir ligoté, nous nous sommes rendu compte que nous étions sur une barque… Et sur une barque ben y a pas de canon… Je vous avais bien dit que de voyager avec cet équipage me rendait débile.
Deuxième essaie. Nous avons infiltré le bateau qui était sur l’autre flan de notre navire. Celui à bâbord. Heu… Non celui à tribord ! En fait j’sais pas… Enfin celui à droite du notre quoi. C’était un bateau « pirate » ! Avec trois « pirates » à son bord. Ils ont commencé à vouloir nous « pirater ». Mais j’ai était plus rapide qu’eux et je l’ai ai « piraté » le premier, fufufu. Vous vous demandez pourquoi j’ai répété le mot « pirate » quatre fois ? Maintenant cinq d’ailleurs. C’est simple. Une petite envie.
Ensuite, ben c’était au canonnier de jouer.
BOOM ! BOOM ! BOOM ! BOOM ! BOOM ! Et BOOOOOOOOOOM ! Puis…
BLOUP ! BLOUP ! BLOUP ! Les hommes sur notre navire n’étaient plus ! Mais notre navire n’était plus là non plus… Ce con avait coulé notre navire. De toute façon personne ne lui en a voulu. D’une parce qu’il n’avait plus de mat et que de le remettre en état nous aurait couté un bras. Mais en plus parce que comme je l’ai déjà dit, on a le droit de faire toutes les conneries qu’on veut dans cet équipage.
Nous avons dû nous résoudre à voler le navire qu’on avait pris d’assaut. Avec ce bateau avec une tête de mort, on ne pourra plus s’approcher aussi facilement des bateaux marchands. Et les marines nous pourchasseront…
| | |
| |
|