Hello, jeune Renato.
Tout comme toi, j'ai été marqué par la mort de ton père et de son équipe.
Cependant la vie doit continuer !
Tu as décidé de suivre sa voie,
donc laisse-moi t'aider à devenir plus fort.
Rendez-vous à....
Le message était clair pour lui, il devait se rendre sur l'île demandée afin de voir cet employeur. Il le connaissait très bien, pendant plusieurs années, il avait été l'unique employeur de son père, c'était un homme à qui il devait sûrement beaucoup. Au fond de lui, il appréhendait beaucoup d'hésitations, c'était peut-être l'employeur de son père, mais pouvait-il autant lui faire confiance que son père le lui avait donné.
Ce sera la première fois qu'il le verrait et jusqu'à ce jour, son père était la seule personne qu'il connaissait l'ayant vu, même ses acolytes n'avaient jamais vu son visage. L'excitation en lui montait comme la pression d'un geyser, il imaginait déjà quel visage marrant pourrait avoir son patron, s'il était petit, gros ou même s'il avait de grands pieds. Rien que d'y penser, il en rigolait déjà.
Un gentil pêcheur accepta de l'y accompagner gratuitement. En ces temps-là, les bons samaritains. Pour Ren les temps étaient durs, il était fauché, seul le boulot de cette employeur pourrait l'aider à redémarrer sa vie. Les conditions de voyage furent lamentables, le bateau ne semblait n'avoir jamais été lavé, les odeurs infectes de poisson ne voulait pas quitté l'embarcation. Pendant trois jours, il n'avait mangé que du poisson. Le petit Luciano ne détestait pas ça, bien cuisiné c'était un plat qu'il affectionnait beaucoup, mais au point d'en avoir manger même au ptit dej et à 4 heures... il en gerbait déjà ses boyaux. Entre les repas, le pêcheur faisait son boulot, pêcher et l'odeur de la mer planait sur le bateau comme un membre du gouvernement qui ne lâchent pas sa cible. Cela commença à lui donner la nausée. * Faut vraiment que je m'achète un moyen de transport, un jour ! * Pensa sagement Ren.
Quant à lui, il passait ses journées à crever de faim comme un mendiant. Au fil des jours, il ne trouvait plus aucune saveur dans le poisson, cela ne lui remplissait même plus l'estomac. Lors des repas, c'était avec le plus grand dégoût qu'il avalait cette chair marine. L'après-midi, la chaleur caniculaire émise par le soleil était si intense que ses yeux hallucinaient. Tantôt il voyait une dinde juteuse dansant la salsa, tantôt il imaginait le pêcheur s'exerçant, comme une belle côtelette. Puis, le jeune garçon rêvait de la décapiter, de la broyer puis d'en faire une bonne viande hachée. Il salivait déjà à l'idée d'en manger. La quantité de bave qui coulait de sa bouche affamée était semblable à une gigantesque cascade.
La troisième nuit, alors qu'il dormait sur le parquet poussiéreux du petit navire, et qu'à côté, le propriétaire était au paradis allongé sur son hamac, il se réveilla péniblement d'un court sommeil. Tout le poisson ingurgité aujourd'hui n'avait pas pu être digéré, les nausées étaient revenues. D'un pas fainéant et lourd, il se leva de son parquet crasseux et vit que le vieux pêcheur n'était plus là, lui aussi. Ouvrant la porte de cale menant au pont, il délira quand il vit le vieillard attaché au petit mât, vêtu uniquement d'un mankini. * C'est une blague !!! * Hallucina t-il. En face de cette momie moche dénudée, ses sucs gastriques explosèrent et il courut tel la foudre près du bord et vomit toutes les tripes qu'il avait dans la mer. Se retournant, il vit une énorme silhouette le fixant méchamment du regard, il tomba à la renverse. La silhouette hurla à la face du jeune gamin :
- Je suis le Dieu des poissons, Tritus. Honte à toi gamin ! Tu as mangé mes protégés et tu vas subir la punition suprême des hommes-poissons.
- Et c'est quoi cette punition ? Demanda le voleur, encore malade.
La réponse qu'il reçut lui glaça le sang : Porter un mankini de gré ou de force. Il avait gardé de mauvais souvenirs de ce maillot hideux lors d'une mission où son père fit diversion en le portant. Ce jour-là, même si personne ne savait qu'il était son fils, il eut très honte, mais éprouvait au fond de lui un certain respect envers lui. Il se souvint encore du nom que son père avait donné au plan d'action: « Danse du gigolo ! ». Rien qu'en repensant à ce nom grotesque, Renato en avait des frissons. Secouant sa tête dans les tous les sens, il tenta de l'oublier et se concentra sur le gros poisson. Celui-ci faisait plus du triple de la taille du voleur. Rester calme devant un géant était compliqué, il ne trouva qu'une idée pour gagner la bataille : La fuite. De son sac, il sortit hâtivement ses boules fumigènes et les lança par terre pour créer un écran de fumée. Tout se passa bien, sauf un truc : Ce n'était pas des bombes fumigènes mais des bombes à eaux.
Renato hallucina. Il était bouche bée. * C'est pas mes boules ça, Huh Huh je suis dans la merde ! * Se lamenta t-il.
- T'appelle ça te battre toi ! Tu fais pitié gamin. Je vais immédiatement te faire subir le même sort qu'au vieux. Ne t'inquiète pas ce sera rapide ! Finit-il sadiquement
A la vitesse de l'éclair, la bête frappa Renato criant de peur comme une fillette. Soudain, il se retrouva dans la cabine du pêcheur en train de hurleur comme personne. Ce n'était donc un rêve, ou plutôt un cauchemar, un très vilain cauchemar. Naïf, il avait douté de la simple réalité. Pourtant, la mankini et les bombes à eaux auraient dûs le mener sur la voie. Le Dieu des poissons qui viendrait le chercher, il ne savait même pas s'il existait vraiment, mais ces évènements le lui firent croire. Pourtant un voleur aurait dû comprendre qu'il venait de s'assoupir, Le petit Luciano avait encore beaucoup de chemin à faire s'il voulait un jour atteindre le niveau de son père.
Pour se lever de son parquet miteux, il se souleva sa masse péniblement et se dirigea vers le hublot. La lumière traversait la fenêtre arrondie, le soleil était donc déjà levé depuis plusieurs heures. Son corps transpirait d'une sueur abominable, ils avaient quelques maux de têtes et son ventre ne s'était pas calmé avec le sommeil. A côté du hamac, sur un tonneau se trouvait une grosse morue. Un papier était plié en dessous de l'assiette. Rapidement, il prit le papier, le déplia et le lut. « Alors petiot, t'as le mal de mer c'est ça ? Je sais que t'adore le poisson donc, jt'ai préparé une belle morue ! » Les nausées revinrent. Ren détourna son regard de l'assiette et s'écroula au sol:
- Faut vraiment que je me trouve un moyen de transport, un jour ! Murmura t-il avec conviction sans réussir à se relever.
Ren avait besoin de décompresser, de quelque chose d'assez lénifiant pour oublier les évènements vécues. Mais le seul moyen était de quitter ce bateau, or il ne le pouvait pas tant qu'il n'avait pas posé pied à terre.Tout ce qui l'espérait était de quitter le plus vite possible ce bateau pour enfin découvrir le visage de son employeur.