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Race : Humain
Équipage : Inquisition
| Dim 17 Fév - 18:20 Le fruit de ses labeurs Le brouillard était présent et épais. On avait du mal à distinguer à quelle partie de la journée on était. Mais avec ce que venait de vivre Mike, il savait que cet après-midi était bientôt fini. Grâce à cette fille, il venait de quitter le bateau de l'Enfer. Toujours dans l'eau, il se tourne vers le bateau sur lequel il était prisonnier, lui faisant face au loin. Attrapant une racine d'arbre pour se hisser hors de l'eau, Mike se pose un instant sur la côte. L'adolescent, qui venait d'avoir ses quatorze ans, était à présent mouillé avec pour seule compagnie sa chère flûte. Bien sûr il s'empresse d'en jouer, cela faisait plus d'un an qu'il n'avait pas pu. Elle lui avait manqué. La mélodie aiguë, mais reposante, de l'instrument le calme sur le coup, faisant retomber panique, peur et tout le stress qu'il avait accumulé sur le navire. Il reste un peu les yeux fermés à repenser à la fille. Que va-t-il lui arriver maintenant, elle va se faire prendre ! Et ... Mike, que va-t-il faire à présent lui aussi ? En tout cas, de là où il est posé, il voit les marines remonter sur le bateau et, après quelques temps, il les voit quitter l'île.
"J'n'ai pas le choix je crois ..."
Il fait à présent face à la forêt. Quels dangers, quelles peurs va-t-il devoir surmonter ? Il le découvrira petit à petit. En attendant, il a faim. C'est inquiet qu'il pénètre cette immense masse de verdure, serrant sa flûte contre lui et faisant bien attention à l'endroit où il pose ses pieds. Sans oublier qu'il a ses vêtements depuis longtemps, ils sont trop petits et pas en superbe état ... Les bruits de la forêt et le brouillard n'aident pas l'adolescent à être rassuré, une atmosphère pas forcément très accueillante. Il tourne la tête à chaque bruit et la baisse à chaque fois qu'il marche sur une feuille. Quand enfin il s'assied sur les racines d'un arbre, dont le sommet n'est pas visible, il commence à se poser des questions existentielles. Où dormir ? Que manger ? Comment survivre ? Sur ces questions, le roux remarque qu'il n'a pas encore vu d'animaux ou de nourriture. Et que malgré les branchages hauts au-dessus de lui, il ne peut pas dormir à même le sol ou sur des racines, s'il pleut il sera totalement mouillé ... D'ailleurs ... Il l'est encore. Il retire sa veste et l'essore. Quand l'eau tombe sur le sol, un lièvre sort d'un buisson. Petit, mal en point et à l'air rusé, le mammifère s'approche doucement. En voyant l'animal, Mike n'a qu'une pensée : le manger. Alors qu'il se relève doucement, le lièvre fuit par peur, mais le rouquin s'empresse de le poursuivre. Après quelques secondes seulement, malgré le fait qu'il était mal en point avec une patte à l'air cassée, l'animal aux longues oreilles sème le jeune, le laissant totalement perdu et terrifié dans cette verdure.
Un craquement de branche, un souffle plutôt fort et des bruits, tel un animal qui piétine le sol pour charger, se font entendre derrière lui. Mike ignore alors ce que c'est, mais il court, fuyant le bruit d'horreur qui vient d'arriver à ses oreilles. Il n'a pas à courir longtemps pour arriver à une rivière qu'il traverse sans vraiment réfléchir. Mais son poursuivant ne l'a pas suivi, il se retourne rapidement pour voir la terrible chose et aperçoit un sanglier plutôt gros et hostile qui repart courir dans la forêt.
Mike se pose à nouveau au sol, posant sa flûte à côté de lui et croisant ses jambes afin de garder un certain confort et équilibre pour s'appuyer vers l'arrière. Il a encore très faim et il commence à faire de plus en plus sombre ... Cette nuit ne va pas être agréable de plus qu'il a oublié sa veste. Elle aurait pu lui servir de couverture, mais le tissu est resté sur les racines où Mike a commencé à poursuivre le gros lapin. Il s'allonge dans l'herbe et, en se laissant tomber, le roux se cogne contre une racine. Après avoir lâché un juron, il se frotte l'arrière du crâne et s'installe. Son ventre grogne de plus en plus ... Aujourd'hui il n'a pas beaucoup mangé. Il se lève en prenant sa flûte et part dans les buissons. Après tout, il ne risque pas de se perdre ... Il est déjà perdu.
Il voit au loin un petit oiseau qui picore des baies, il attend donc que l'animal s'envole pour en cueillir. C'est seulement après avoir fait sa petite réserve qu'il hésite quelques instants. Peut-il les manger ? Est-ce que c'est bon ? Mais ... C'est empoisonné ? Il ne sait absolument rien de la vie sauvage, mais si un oiseau les mange et ne meure pas, pourquoi mourrait-il ? Une, puis deux et enfin trois. Mike se régale, ces petites baies sont un délice sucré. Posant les fruits dans son tee-shirt comme panier, il retourne à la rivière. Les baies sont bonnes, mais il a soif maintenant. Comme il n'était pas loin, il arrive rapidement et pose son tee-shirt panier au sol en s'approchant de l'eau. Des frissons parcourent son dos nu, il commence à faire froid et alors qu'il va pour boire, l'eau a une couleur jaunâtre. Le roux lève les yeux vers le haut de la rivière et remarque un animal roux, laissant ses besoins se faire alors qu'il boit.
"Saleté de renard, t'as voulu me faire boire ta pisse, c'est ça ?"
Interpellé par le bruit, le renard fixe le jeune et sans en tenir compte, il recommence à boire. Mike se lève et empoigne son vêtement par la main avec laquelle il tient sa flûte. Il a fait une sorte de poignée avec les petites manches et le bas du vêtement qu'il tient de manière à pouvoir manger en se déplaçant. Il faut qu'il se rapproche de la source pour éviter de boire les besoins des animaux. Il parcourt donc la rivière, croisant le renard qui fuit lorsque Mike se rapproche, en mangeant ses fameuses baies qui n'ont pas l'air d'être empoisonnées à vrai dire. Puis une idée lui vient. Demain, il tentera de pêcher, car les baies ne l'aideront pas à avoir les forces dont il aura besoin. Après une heure ou une heure et demie de marche, le roux arrive au plus haut point, près d'une cascade d'environ deux mètres. Sur le coup, il a vraiment soif et vraiment plus l'envie de marcher donc il pose ses affaires et commence à boire l'eau qui s'écoule. Il verse les baies restantes sur un tas de feuilles qu'il rassemble rapidement et remet son tee-shirt avant de s'allonger en collant sa flûte à lui.
Il fait à présent nuit noire et il a plusieurs avantages à être là. Il ne reçoit pas le vent qui passe au-dessus de lui, il est plutôt caché donc il se sent en sécurité et surtout il a à manger et à boire. Il n'a qu'une seule envie, jouer de la flûte mais ça ferait du bruit et pourrait attirer des créatures hostiles. Il se couche donc plus ou moins confortablement et s'endort, épuisé de sa journée, affamé encore malgré les baies et pleins de projets pour le lendemain.
Le réveil est difficile pour le garçon, il a été réveillé par le hurlement des loups en pleine nuit et enfin le matin par les piaillements des oiseaux. C'est décidé, aujourd'hui après sa pêche, il va construire une cabane ici. Après tout, ça ne semble pas si compliqué et puis il est en sécurité. Il commence donc par observer autour de lui, prendre un peu conscience d'où il est et se trouve un point de repère : un arbre à l'écorce rouge. Surement un grand merisier. Toute façon, il n'y connait rien en arbre, tout ce qu'il sait, c'est que cet arbre est son repère. Il s'éloigne un peu et trouve des buissons avec des baies. Après s'être fait un panier avec des branches et des feuilles, il le remplit mais celui-ci ne tient pas longtemps. Cependant, à peine arrivé à ce qu'il appellera un campement, le panier craque laissant les fruits tomber au sol. Mike soupire, il se baisse et réutilise son tee-shirt comme panier afin de tout rassembler sur un tas de feuille, les fruits de la veille ayant attirés des insectes, il les jette plus loin. En mangeant ses baies et en fixant l'eau Mike se déshabille et plonge, se mettant sous la petite cascade pour se laver telle une douche. Se frottant le corps, il aperçoit un tronc d'arbre et sort de l'eau, il s'essuie avec son tee-shirt pas vraiment propre, enfile son pantalon et se dirige vers cet arbre où il ne tarde pas à arracher les branches qu'il peut porter et quelques feuillages. Après une heure ou deux à tenter de faire une cabane, le roux arrive à se faire une petite tente pas très solide mais qu'il améliorera avec le temps ... Il aura le temps de toutes les manières, il est bloqué ici. C'est parmi branches qui lui restent qu'il trouve une lance, plutôt piquante et résistante. Il part pécher les rares poissons de la rivière.
"Viens là toi, je vais te manger !"
De nombreux coups de lance frappent les rochers au fond de la rivière, Mike n'est décidément pas doué pour planter des poissons. Plus loin, il voit et s'approche pour observer discrètement un ours en train de donner des coups de patte dans l'eau et sortir un poisson à chaque coup. Voulant manger un poisson, le roux s'installe donc à genou et tente d'attraper des poissons à la main, glissant et tombant dans l'eau un coup sur deux. Après quelques tentatives, il attrape enfin un poisson, par joie, il saute et le lâche dans l'eau ... Plus qu'à recommencer. Il continue et en attrape plutôt rapidement un second, pas un moindre de plus, celui-ci est assez gros pour convenir à un repas. Mike s'approche de sa tente et pose le poisson au sol à côté des baies, seulement le poisson n'est pas mort. Ne sachant pas réellement comment le tuer, il le laisse agoniser par terre jusqu'à ce qu'il ne bouge plus. Un nouveau problème arrive au rouquin ... Comment écailler et vider un poisson ? Et aussi, froid, ça ne doit pas être très bon. Arrachant les écailles avec ses ongles et le vidant à l'aide de sa fameuse lance qui ne lui a servi à rien, le roux se retrouve face à un poisson prêt à être mangé. À présent il faut s'occuper du feu. Comme les hommes préhistoriques, Mike se pose avec deux cailloux et, les frappant l'un contre l'autre au-dessus de branches sèches, il tente d'obtenir une étincelle et du feu. Armé de patience et de volonté, il essaie en vain de faire son feu, mais après une demi-heure seulement, il en a marre et claque les pierres l'une contre l'autre par énervement provoquant ainsi l'étincelle et un début de foyer. En mettant des feuilles sèches et en soufflant dessus, Mike arrive à lui faire donner de l'importance. Enfin un moyen de chaleur pour la nuit, car la fraîcheur de la nuit passée avait été vraiment désagréable. C'est ainsi que chaque jour, une routine s'installe pour l'adolescent. Chaque matin, il se lève pour cueillir des fruits, puis après les avoir mangé et s'être lavé sous la petite cascade, il pêche un ou deux poissons puis tente de faire du feu si celui de la vieille s'est éteint.
Au fur et à mesure des jours, Mike prépare des matériaux pour se construire une cabane dans les bois. L'hiver approche, il faudrait mieux être en hauteur pour éviter de devoir passer son temps dans la neige. Il a repéré un arbre non loin avec des lianes et des branches très épaisses et solides permettant de porter un certain poids. Du bois il en a, il n'a que ça, dès qu'il trouve du bois solide et sec il le ramène. Petit à petit il commence à installer le sol dans cet arbre, attachant le bois à l'aide de lianes fines et robustes. Tentant d'avoir un sol plat en prenant les bois coupés, il rate et obtient un sol en vague, cependant, il n'arrivera à rien de mieux et puis, il a encore les murs et le toit à faire ! Puis vient le tour des murs où les épais sont plus gros, mais plus petit. Non sans mal à cause des nombreuses chutes, Mike parvient à construire un mur, puis deux et le troisième. Pour le moment, il travaille sur cette cabane depuis déjà trois mois, prenant l'habitude à présent de dormir et jouer de la flûte chaque soir développant d'étranges effets avec sa flûte.
Il fallait trouver des branchages plus fins et d'autres plus épais que ce qu'il avait déjà pour le sol et le plafond. En s'éloignant petit à petit de plus en plus chaque jour, il découvrait diverses choses. Premièrement, il trouve un endroit presque rasé avec une sorte de grotte dans un tronc d'arbre géant allongé au sol. S'intéressant à l'endroit, il comprend que c'est ici que vivent les sangliers. Sangliers d'ailleurs qui n'ont pas l'air dociles voir même agressifs. Les cochons sauvages reniflent le sol et mangent sans cesse. Le rouquin aperçoit plus loin qu'il y a l'air d'y avoir un sanglier chef à cette meute et celui-ci est un peu spécial, il a de la barbe grise on dirait. Mike le reconnait après quelques instants, c'est l'animal qui l'a pourchassé dans la forêt le premier jour où il est arrivé ici. L'adolescent s'approche peu à peu pour voir de quoi se nourrissent les animaux. Il a cru voir des champignons, mais il ne faut pas manger n'importe lesquels. Des larves, des vers, des glands ... Des trucs vraiment immondes qui servent de repas à ces bêtes. Mais il ne peut pas se rapprocher encore plus, ils sont trop nombreux et s'ils l'attaquent, il ne survivra pas. Il change donc de route et trouve les branchages bien plus loin. En soulevant des branches pour les rapporter à sa cabane en construction, il remarque un petit site de champignons divers mais, pas sûr de lui, le roux ne s'y approche pas et les ignore.
"Bon, je dois en avoir assez, faut que je rentre avant la nuit ..."
Lorsqu'il arrive à son nouvel habitat, il y monte les branchages, faisant ainsi plusieurs voyages entre le haut et le bas de l'arbre. Une fois tout monté, il se pose et regarde dans le vide, au loin, laissant son regard traverser les branchages des verdures voisines. Quand il baisse les yeux, il voit son premier camp un peu trop éclairé à son goût. Il ne réalise pas de suite qu'il y a le feu. C'est vrai que le vent était plutôt fort aujourd'hui, Mike aurait dû faire attention, mais avec les branchages et les sangliers, ça lui était sorti de la tête. Sans trop réfléchir à comment il va éteindre le feu, il saute à la liane qui lui sert de corde pour monter et descendre afin de se diriger vers le campement. Mike court vers l'incendie et se fait griffer et fouetter le torse ainsi que le dos qu'il a nu avec les branches des arbustes. Son regard se pose vers son tee-shirt qui servait de panier aux baies ... Il brûle et pour Mike, la vraie question est de savoir comment arroser le feu, car il n'a aucun récipient pour transporter l'eau qui est si proche du feu. Le jeune a donc une idée. Il démonte le plus vite possible sa petite tente de branche et éloigne tout ce qui peut brûler des flammes. Puis avec un branchage assez important, il tente d'étouffer le feu, plongeant souvent la branche dans l'eau qui est juste à côté, car le branchage s'embrase parfois. Le roux constate que ça ne sert à rien et que le feu ne se propage pas, il ne peut rien brûler à proximité. L'adolescent, torse nu, s'installe donc près du feu pour attendre, au cas où il se propagerait mais la fatigue prend le dessus et il s'endort.
Quand il se réveille, il ne reste que des braises encore vives et chaudes, le feu doit tout juste s'éteindre. Mike tend la main sur la droite pour attraper sa flûte, mais elle n'est pas là, il panique et se souvient qu'elle est restée à la cabane dans l'arbre. Sa miteuse petite cabane non terminée. Car il n'a plus de panier, il ne part pas cueillir de baies et va directement pécher un poisson, mais alors qu'il fait face à la rivière, il se souvient qu'il n'a plus de feu non plus. Demi-tour, droite ! Le roux prend route vers sa cabane, pour chercher sa flûte et jouer un air, ça le détendra. Une fois qu'il est monté à l'arbre, flûte en bouche, il joue. Il repense aux sangliers de la veille. S'il allait leur voler un peu de nourriture ? Ils doivent bien avoir des réserves non ? Tel un aventurier il se fait une liste de ce qu'il doit prendre ou non et décide d'aller retrouver sa veste, qui est toujours sur la racine, car il n'a pas été la reprendre. Ensuite, le roux va manger des baies ... Il a faim !
"Voilà, je vais déjà avoir un peu plus chaud comme ça ... Bon, les cochons maintenant !"
Une fois sa veste sur le dos et après avoir mangé pas mal de baies, Mike se dirige vers le territoire des sangliers. À présent, on est en début de soirée, la nuit ne va pas tarder à tomber, l'hiver approche malheureusement à grands pas. Alors que les nombreux sangliers entrent dans la grotte formée dans le fameux tronc, le rouquin, aveuglé par l'obscurité qui se fait de plus en plus importante s'approche, ne faisant que très peu de bruit. Flûte en main, comme pour se donner du courage, il entre doucement et rapidement dans ce qu'il appellera un labyrinthe. Il fait noir et des galeries vont dans tous les sens, comme si un homme était venu ici pour creuser, aux extrémités des galeries, il y a de la lumière. Droite, gauche ? Le jeune prend route vers la gauche, en marchant, un sanglier qui était dans le passage fait trébucher l'aventurier qui préfère continuer jusqu'à la fin de la galerie à quatre pattes pour ne plus tomber et ne plus faire de bruit. En avançant comme un nouveau-né, il arrive plutôt rapidement à l'extrémité de la galerie où il se relève. Une fois debout, il se rend compte qu'il a le choix entre trois chemins. Un tout droit, un vers la gauche qui monte et un vers la droite qui descend. L'adolescent se penche pour ramasser sa flûte qu'il a laissée par terre en se relevant, mais malheureusement il donne un léger coup de pied ce qui la fait rouler et tomber dans la galerie droite qui descend.
Refusant à tout prix de perdre sa flûte, Mike fonce après elle, empruntant des chemins sans réellement faire attention à sa direction. Quand il attrape enfin sa flûte il fait face à un fruit rouge, tel un gros litchi trop mur avec une bande noire le découpant en hauteur. Un litchi, ça faisait bien longtemps qu'il n'en avait pas mangé ... Son père lui en ramenait quand il rentrait de la marine tous les mois. Le jeune serre sa flûte dans ses mains, il vient de faire un bruit monstre et il a dû réveiller les sangliers. À peine a-t-il le temps de dire ouf qu'il se fait charger contre le mur. Un choc tel qu'il tombe dans les pommes.
Lorsqu'il se réveille, il est dehors, il ignore comment il est arrivé ici. Cependant, Mike réalise directement une chose, en tâtant le sol, il ne trouve pas sa flûte et il a une grosse douleur dans le ventre. Il se dirige vers sa cabane et monte avec plus de mal que de bien. En s'allongeant sur les branchages qu'il n'a toujours pas attaché, il cherche un moyen de récupérer sa flûte. Il faudra se débarrasser des porcs, il a besoin de retrouver sa flûte. Il commence à pleuvoir, mais Mike est sur le coup trop faible et laisse la pluie lui tomber dessus. Après quelques minutes, il préfère se cacher sous les branchages, au sec. Il pense à plein de façon de récupérer sa flûte, par exemple, il pense à les faire fuir ... Mais ils n'ont pas l'air d'avoir peur facilement. Provoquer un incendie les ferait fuir, mais il serait autant en danger que les animaux, ainsi que la forêt. Se battre contre eux ? Même pas pensable, ils sont bien trop nombreux et forts. L'adolescent se tient le crâne et réfléchit finissant par s'endormir. La pluie cesse de tomber peu après, une chance pour le jeune homme peu couvert qui aurait pu grandement attraper froid.
"Mais oui, c'est une évidence ... J'aurai dû y penser bien plus tôt !"
Et oui, il a enfin une idée et pas n'importe laquelle. Celui-ci se lève donc et part manger des baies, il lui faut quelque chose dans le ventre. Chaque jour à présent, il avance sur sa cabane, installant les branchages pour le toit et oubliant sa douleur abdominale causée par le choc frontal de l'animal quelques jours avant. Ainsi, Mike reprend sa routine, terminant enfin sa maison, ayant pour porte des branchages aussi épais que ceux du toit. Il retrouve le moyen de faire du feu, cette fois, il mettra bien plus de temps que la première fois à le refaire, l'installant de l'autre côté de la berge. Celui-ci ayant moins de risque de prendre de gros coups de vent, car il est plus protégé par la petite falaise qui permet la cascade d'environ deux mètres. Il arrive donc enfin à se nourrir de poissons et de baies, fidèles au menu.
Puis parfois le promeneur divague et rentre avec de nouveaux aliments qui seront son arme contre les sales porcs. Les champignons sont vénéneux, du moins, certains. Puis lorsque l'hiver est enfin là, les champignons se font de plus en plus rares et Mike attend pour préparer sa vengeance. Au début de l'hiver, enfermé avec un maximum de ressources pour sortir le moins souvent, il fabrique avec des branches, brindilles et des lianes des paniers, des couvertures et de quoi tenir l'hiver. Cette année, il neige beaucoup étrangement, laissant le temps au roux de fabriquer des paniers, lances et divers vêtements sauvages qui ne sont pas vraiment agréables à porter ... Il ne les portera jamais d'ailleurs ...
Quand la fin de l'hiver se fait sentir, quand la neige ne tombe plus, Mike prépare son moyen de vengeance. Champignon, terre et eau sont ses trois ingrédients qu'il fera déguster froids aux porcs. D'ailleurs, la neige a enfin totalement fondu, c'est l'occasion pour le jeune homme de mettre en place son piège. Du moins, avant, il va aller manger, il a dû vivre sur des réserves tout l'hiver un vrai repas comme avant, poisson et baies lui manque. C'est à la rivière qu'il va d'abord et où il trouve beaucoup de poissons, après mûre réflexion, les ours ne sont pas encore sortis d'hibernation ... Tant mieux, ça lui fera plus à manger ... Cependant, pour les baies, rien, elles n'ont pas encore poussée, c'est normal. Le reste de la journée, il le passe à faire un feu pour manger pas trop loin de l'arbre où il vit.
Le soir arrive, il fait nuit tôt et les sangliers n'ont pas changé, ils rentrent avant la nuit, laissant tout le temps libre à Mike de mettre son piège en place. Durant la nuit, il fait de nombreux allers et retours entre son arbre et le territoire des sangliers. Il doit apporter ses paniers remplis de mixture empoisonnée. Il passe sa nuit à l'étaler comme il peut sans lumière et en évitant les excréments des porcs. Cette nuit était fatigante à un tel point, qu'il retourne à sa cabane, laisse les paniers au pied de l'arbre et se couche dans son petit chez lui.
Le lendemain matin, c'est tel un enfant qui doit ouvrir ses cadeaux le jour de Noël, qu'il se précipite pour voir si les sangliers sont morts. Lorsqu'il arrive, massacre, les pauvres animaux sont tous allongés. Au loin, Mike observe un sanglier qui plonge son groin dans sa mixture et le voit tomber raide au sol. C'est le moment ! Le rouquin court dans les galeries et fonce, gauche, droite et ensuite tout droit, arrivant par chance devant sa flûte et le fameux litchi obèse qui n'a pas pourri et qui n'a pas été mangé par les animaux. C'est sans réfléchir qu'il ramasse sa flûte toujours au sol et qu'il embarque le fruit l'enveloppant dans ses vêtements de feuilles pour éviter de l’abîmer.
Voilà un second trésor pour le roux. Délicatement enveloppé dans des feuillages qui avaient pour but d'être des vêtements, un fruit qui ne semblait pas pourrir et que les animaux n'avaient même pas osé manger ... Comment résister à ce bel agrume ? Mike, n'ayant jamais sa faim comblée, prend le fruit et l'amena à sa bouche avant de s'arrêter net.
"Si tu es si beau et a l'air si bon, pourquoi les porcs t'ont pas mangé ? Et aussi, comment ça se fait que tu sois le seul fruit comme ça que j'ai vu ici ?"
Alors qu'il sort des galeries, des sangliers se relèvent. Croyant à des mort-vivants ou des démons, Mike prend ses jambes à son cou et se dirige rapidement vers sa cabane malgré les quelques poursuivants suédés qui le suivent. Une fois en sécurité dans sa maisonnette, il retourne un panier et pose le fruit dessus tel un trophée. Une victoire contre les porcs hostiles de cette île, ce qui lui donne une occasion de jouer de la flûte. Il sort de sa cabane, mais tout en restant dans l'arbre s'installe sur une grosse branche. Debout, il fait face à la verdure et aux rayons solaires passants à travers les rares trous entre les feuilles. Il porte l'instrument à sa bouche et commence à jouer. Cependant, sa flûte sonne différemment, elle sonne mieux, peut-être est-ce le fait de l'avoir retrouvée ? Il ne sait pas, mais il joue et sans vraiment se rendre compte, comme il joue les yeux fermés, les animaux s'endorment autour de lui, comme bercés par la mélodie. Puis après quelques minutes, les petites bêtes se réveillent et continuent de se promener ou de manger comme si rien n'avait eu lieu. Sur le coup, le jeune adolescent ne réalise pas, il recommence, cette fois en regardant ce qu'il se passe pour être sûr qu'il ne rêve pas. Incroyable, alors qu'il joue une nouvelle mélodie, composée à l'improviste par sa victoire, celle-ci lui permet d'endormir les gens. Une vraie berceuse.
À présent, son quotidien est pas mal bouleversé. Les beaux jours sont revenus. Le rouquin profite donc de chaque matin, après les piaillements des oiseaux, pour cueillir des baies. Puis il pêche avant de faire son jogging et sa musculation. Il n'a aucun moyen de se défendre contre les porcs ... Faut bien qu'il prenne des muscles pour se défendre au cas où. Puis après son sport, c'est la douche à la cascade miniature et enfin le régal de manger le poisson chaud. Et chaque soir il travaille son nouvel art du combat musical. Seulement défensif, il s'exerce sur des oiseaux, des écureuils mais jamais en leur faisant de mal ... Ce ne serait pas vraiment intelligent de détruire ses seuls amis.
Cela fait à présent presque deux ans que le jeune roux a débarqué sur cette île. Mais un matin, Mike a envie d'aventure, il souhaite remonter toute la rivière jusqu'à sa source. Ce jour-là, il ne sait pas trop pourquoi, mais il pense que quelque chose a lieu là-bas, il a besoin d'y aller. Il le faut ! Baluchon accroché à un bâton qui est maintenu dans sa poche laissant le bagage secouer au-dessus de l'épaule, il arrive à la rivière. Après avoir bu un peu, il se relève et regarde d'où vient le courant. Pour se donner du courage et s'occuper, il s'amuse à jouer de la flûte sur le chemin attirant ou faisant fuir les différents animaux qui vivent ici et là.
Toujours en jouant, il se rend compte qu'au loin, le soleil éclaire de mieux en mieux. Malgré le fait qu'il fasse jour, au loin, c'est comme s'il n'y avait pas d'arbre. Curieux, le joueur de flûte arrête de jouer et court vers la lumière, ébloui au fur et à mesure qu'il avance et finit par foncer dans quelque chose.
"Attention jeune homme dit donc !"
Quelqu'un ? Mais ... Il y a quelqu'un, ici, là, juste devant Mike, sur cette île qu'il croyait déserte ... Il faut quelques secondes au garçon pour s'habituer au soleil et pouvoir voir l'homme dans lequel il a foncé. Bien sûr, malgré ces dernières années à vivre seul, le roux reste tout de même civilisé. Il s'excuse et un peu sans gène, demande à manger à l'homme qui l'emmène de suite dans sa demeure juste de l'autre côté de la rivière. Une fois le petit cour d'eau traversé, l'affamé fait face à une maison, petit et charmante. L'homme installe le jeune garçon à sa table et commence à lui préparer à manger. Pendant ce temps, il parle, il parle et il parle encore. Mike apprend qu'il a affaire à Marcel, la cinquantaine, un forgeron vivant dans une famille de forgeron pratiquant ce métier de génération en génération. Il avait une femme, mais elle était partie et depuis rien. Pas d'enfant, des parents morts de vieillesse, sa seule compagnie c'est ses plantations et Pierre, le tavernier du village voisin. Malgré tout, l'adolescent n'écoute pas le vieux bavard, il est en train de ruminer à quel point il a pu être idiot. Deux ans dans une forêt alors qu'il aurait pu trouver ce village ...
"Ça va gamin ?"
De la haine, de la tristesse, de la honte et de la pitié, voilà ce qu'essaie d'exprimer le pauvre adolescent à travers un sanglot qu'il ne peut retenir, une belle once de bonheur et de reconnaissance également et quand il arrive enfin à se ressaisir et à ne plus pleurer c'est pour recommencer de plus belle. Enfin, enfin ce calvaire de vivre tel un prisonnier puis tel un sauvage est terminé. Du moins, depuis qu'il a douze ans il n'aura pas eu de vie normale. C'est d'ailleurs ce qu'il raconte au vieil homme tout ouïe qui lui prépare un repas. Il commence par l'entrée avec son enlèvement puis attaque le plat principal par sa vie dans la forêt puis lui raconte son dessert avec la rencontre qu'il pensait ne jamais faire. Enfin, après ce repas, le vieil homme décide d'aller acheter des habits corrects, laissant l'adolescent seul dans cette petite bicoque. Celui-ci prend son baluchon, il s'installe sur le lit, posant délicatement le trésor à ses pieds et commence à jouer de la flûte. D'ailleurs, durant toute la durée où Marcel sera parti, le musicien passera son temps à jouer de son instrument.
Enfin un ami. Plus que ça, presque un père. Le vieux Marcel achète des vêtements à Mike, lui donne un peu d'argent et c'est ainsi qu'avec de bonnes intentions, le rouquin commencera à voler, à collectionner ses butins dans sa cabane, non loin de là finalement. Il continuera son sport quotidien et aidera à travailler à la ferme avec sa nouvelle famille, un vieux solitaire, une vache et des trois poules sacrées. Qui aurait pu croire que ce jeune gamin qui avait presque tout perdu à ses douze ans, retrouverait un jour la joie de vivre et non simplement le besoin de survivre ?
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