| Mer 10 Avr - 20:25
Hier, une dizaine d’évadés avaient retrouvés leur place derrière les barreaux. Ils amenaient avec eux prêt d’une trentaine de nouveaux détenus. De quoi remplir les nombreuses cellules vides des premiers étages. La procédure pour incarcérer de nouveaux arrivants n’était pas très longue, mais il fallut tout de même de nombreuses heures… Le plus pénible dans ces cas là, ce sont les cris de douleur de ceux qu’on trempe dans l’eau bouillante. Simple mesure de précaution pour nous, j’ai appris que les prisonniers entre eux appelaient cette étape le « Baptême ». C’est vrai que d’une certaine manière, on pouvait le voir comme une sorte de test de volonté. Lors de son arrivée une semaine plus tôt, on avait expliqué à Joseph que généralement, les prisonniers des niveaux Quatre et Cinq ne vacillaient pas d’un cil pendant que leurs corps baignaient dans cette eau à ébullition. Il ne l’avait jamais vu et ça avait fait travaillé son imagination depuis, à tel point qu’une toile en avait germée : « le Batpême » on l’y voyait un homme portant l’habituelle tenue rayée blanche noire, descendue par une sorte de grue vers un liquide d’où émanait d’inquiétantes vapeur. Le tableau était une sorte d’Ode à la Volonté de certains forbans, capable de braver tout type de danger sans broncher, il y avait à la fois quelque chose d’admirable et de terrifiant dans cette Volonté. C’était elle qui poussait les actuelles plus grandes figures de la piraterie à aller au bout de leurs actes, elle qui poussait chaque jour les hommes de la Marine à se lever, elle qui guidait les Révolutionnaires au bout de leur conviction. La Volonté, force motrice pour atteindre ses objectifs et réaliser ses Rêves, mais également source de tous les maux du monde.
- Le voilà !
Aussi long et beau puisse-t-il être, ce premier paragraphe n’en reste pas moins une amorce, une introduction, censée vous tenir en haleine le temps qu’arrive le véritable sujet de ce texte. Joseph se tenait devant les grandes Portes du pénitencier, devant lui se trouvait le pont ainsi que la muraille extérieure. A l’horizon, on pouvait deviner les traits de la Porte de la Justice, donnant accès au courant Tairin. Cette dernière s’était brièvement ouverte quelques minutes auparavant, pour laisser passer un navire Gouvernemental attendu par de nombreuses personnes. En effet, il n’était pas le seul à guetter l’horizon, quelques gardes attendaient eux aussi le mystérieux navire. Celui-ci ne venait qu’une fois par mois et délivrait au personnel tout ce dont ils avaient besoin. Cela allait du courrier des proches pour les simples gardes, à quelques mets des plus raffinés venant de l’autre bout du monde, pour le Vice-Directeur. Oui, parce qu’en matière de nourriture, les Blugoris livraient chaque jour plusieurs centaines de kilos de viande issue des monstres marins nageant dans Calm Belt, autour de la Prison sous marine. Manger du poisson était peut-être bon pour le cerveau, mais à force, on en avait vite fait le tour, si vous voyez ce que je veux dire.
- Tes yeux pétillent comme ceux d’un enfant devant ses cadeaux, tu attends une lettre de ton épouse Mand ? questionna un jeune collège, sur un ton taquin. - Je suis en instance de divorce avec ma femme… répondit-il en levant les yeux vers le ciel, comme par nostalgie
- Ah, je ne savais pas, sincèrement désolé…
- Ce n’est rien, tu n’aurais pas pu le deviner de toute façon. Non, si tu veux tout savoir, j’attends un ami.
- Un ami ? Tu sais que ce genre de visite n’est pas permise ? Hormis les membres de l’équipage, il n’y aura aucune personne à bord de ce navire de ravitaillement.
- Mon ami est… plutôt spécial, répondit-il simplement. Et toi, tu attends quelque chose en particulier ?
- J’ai parlé avec ma soeur à l’escargophone hier, elle travaille comme chocolatière à Pucci. Toujours à veiller sur nous, elle a reprit l’entreprise familiale quand papa a eut son accident. Je reçois des chocolats de sa part chaque mois. C’est un petit plaisir que l’on n’a pas souvent ici.
- Oui, c’est vrai que je donnerais cher pour boire un vrai café, plutôt que ce qu’on nous sert ici. lança-t-il, sourire aux lèvres.
La conversation fut écourtée par l’arrivée du bateau tant attendu. L’équipage salua les gardes et commença à décharger. Il y avait d’abord les provisions, puis vint le courrier. L’opération était toujours surveillée par l’un des Gardien en chef. Le navire n’était de toute façon pas seul dans son périple, il partait généralement d’Enies Lobby, où il était inspecté et partait pour le Tairin, plus ou moins escorté. Lorsque l’équipage déchargea une étrange cage, Joseph se précipita pour aller les aider. Sourire aux lèvres, il venait de retrouver un vieil ami, qu’il n’avait plus revu depuis quelques mois. A l’intérieur, l’animal semblait beaucoup moins enthousiaste à l’idée de revoir le moustachu, qu’il tenta même de griffer, sous le regard ébahit des marins. Joseph les rassura en certifiant qu’il s’agissait bel et bien de son « partenaire ». Lorsqu’il ouvrit la cage, l’imposant animal se précipita sur lui, animé par une pulsion meurtrière, mais s’arrêta net en comprenant que les multiples canons pointés vers lui ne manqueraient par leur cibles s’il allait au bout de son acte. Pour détendre l’atmosphre, l’artiste, qui avait déjà attrapé son pineeau, lacha un petit rire et s’adressa aux gardes derrière lui.
- Ne vous tracassez pas, il doit simplement être tendu par le voyage ! Il est plutôt intelligent vous savez.
Lorsqu’ils ne furent plus le centre d’attention, Joseph se permit d’enlacer la bête, qui le dépassait pourtant de trois têtes. L’animal se laissa faire, en prenant soin d’observer l’endroit où il allait habiter à présent, puis, se remémorant d’un important détail, il attira l’attention de l’humain vers la cage dans laquelle il avait voyagé jusqu’ici. Au fond de celle-ci se trouvait une enveloppe que Joseph déballa avec curiosité. Elle avait un parfum familier.
« Bonjour Joseph, Si tu lis ceci, j’imagine que mon colis à du arriver à temps. Bien que tu ne l’ai théoriquement jamais achetée, j’imagine que cette bête fais partie de tes biens. De toute façon, je ne pouvais plus la supporter. Cette chose était devenue beaucoup trop agitée depuis … enfin tu sais bien. Je ne te l’ai pas dit à l’escargophone, mais il a même été question de l’euthanasier. Elle m’a fait vivre un véritable calvaire, et m’a mise dans des situations que tu n’imagines même pas ! Bref, comme convenu, je te l’ai envoyée, ainsi que tes derniers effectifs personnel. Ah, et il faut tout de même que je t’informe, je compte quitter St. Poplar pour aller m’installer à Water Seven avec Gale un talentueux graphiste récemment recruté par Galley-la. L’appartement sera mis en vente le mois prochain, et j’ai donné les affaires des jumeaux qu’il restait à Chris, elle en fera certainement un meilleur usage. Cordialement, Carmen »
- “Cordialement”. Parce que je suis un inconnu peut-être ? Du Carmen tout craché. Elle n’a qu’à partir avec son Gale, que veut-elle que ça me fasse ? soupira-t-il en déchirant la lettre, qu’il n’avait lu qu’en diagonal.
De l’extérieur, la scène pouvait paraître étrange, Joseph était en train de parler à … un Lapin des Neiges qui n’en avait visiblement rien à cirer. Qui était cette boule de poil blanche ? Où était-elle depuis tout ce temps ? Quel genre de lien avait-elle avec Joseph ? Les réponses à cette question arriveraient en temps voulu.
- Pauvre Al’… Désolé que tu aies du la supporter tout ce temps. Viens, je vais te faire visiter. lança-t-il à l’égard du Lapin des neiges
- Hey Joseph, je ne suis pas certain qu’amener cette bête à l’intérieur soit autorisé…
- Aucun soucis, je me suis arrangé et il officiera avec les Blugoris. Comme ça il ne gênera en rien le bon fonctionnement d’Impel Down ! Al’ est un ami de longue date et je sais que même s’il ne le montre pas, il doit être content de me retrouver, lui aussi. N’est-ce pas ?
En guise de réponse, l’imposant animal montra ses dents en pointant la cage en fer,… |