Les roses meurent, et le secret se trouve dans la douleur. Les vents soufflent dans les hauteurs des collines. Je ne t’entends pas. Viens m’enlacer fermement, je frissonne au coeur de la pluie. Les ténèbres s’installent alors que j’appelle l’aube.

Au détour d'une falaise

Une nouvelle île, une nouvelle escale pour la petite. Elle avait l’habitude à la fin, même si découvrir de nouveaux horizons avait un petit quelque chose d’existant. Sautillant sur place, la gamine de huit ans regardait avec envie cette île inconnue approcher petit à petit, se demandant quand est-ce qu’ils allaient arriver et qu’elle allait pouvoir descendre. Elle était impatiente et cachait mal ce sentiment. Pourtant, elle dû attendre encore deux bonnes heures avant de pouvoir poser pied à terre, un large sourire étirant ses lèvres et illuminant son visage. Comme à chaque fois, sa mère lui avait fournis un peu d’argent, lui laissant quartier libre jusqu’au diner. Elle avait le temps d’explorer un peu les environs tranquillement, sachant qu’il était à peine dix heures passé. Avançant tranquillement au niveau du port, elle observait les quelques boutiques qui faisaient face à celui-ci, alternant de temps à autre sur une observation d’un bateau. A chaque fois qu’elle changeait d’île, elle avait l’impression de changer d’univers. C’était une manière étrange de penser, alors qu’il y avait souvent peu de trajet entre deux îles. Mais c’était ainsi.

Une douce odeur vînt chatouiller ses narines et elle la suivit, découvrant avec plaisir un marchand de sucrerie. Ni une, ni deux, elle dépensa son argent, achetant ce qui lui faisant envie dans la limite du raisonnable tout de même. Si sa mère l’apprenait, elle allait se faire gronder. Rangeant le paquet dans son sac comme si c’était quelque chose de dangereux, elle s’éloigna rapidement du marchand, ne voulant pas être tentée à nouveau. Soupirant, elle continua son chemin, restant près des vitrines à observer les divers tissus ou objets exposés.

Vers midi, les rues étaient bondées, forçant la demoiselle à s’éloigner. Elle détestait ça, le sentiment d’oppression quand trop de gens étaient collés à elle. La rose sentait à chaque fois un sentiment de panique l’envahir. Sa mère avait réussi à mettre un nom dessus, mais elle n’arrivait jamais à s’en souvenir. C’était beaucoup trop compliqué pour elle. S’éloignant de la rue principale qu’elle était en train d’arpenter, la demoiselle sortit de la ville sans s’en rendre compte. Logue Town avait beau être une grande ville remplie de marine, elle ne se sentait pas très bien à l’intérieur. Elle préférait largement être dans un endroit calme, assez isolé. Et un large sourire éclaira son visage quand elle le trouva. Elle avait marché une bonne vingtaine de minutes avant de l’atteindre, mais le jeu en valait la chandelle. Un bosquet se tenait là, près de la falaise. Cela pouvait paraître dérisoire, mais elle se sentait dans son élément là, avec une chose qu’elle pouvait connaître et qu’elle voulait connaître par cœur. Pourtant elle n’y fit rien, posant simplement son sac près du bosquet, se dirigeant vers le bord de la falaise pour admirer le paysage. Elle n’était pas vraiment haut, mais les vagues en bas la dissuadaient de tenter le moindre plongeon. De toute façon, elle ne savait pas nager. Elle s’apprêtait à retourner vers son sac quand, baissant la tête, la rose remarqua une tâche bleue se démarquant du gris de la pierre. Curieuse, elle s’arrête, se penchant légèrement pour observer d’un peu plus près cette tâche. Une tâche qui n’en était pas vraiment une. C’était une fleur. Une fleur qu’elle n’avait jamais eu l’occasion d’admirer.

Sans vraiment comprendre ses gestes, la rose s’agenouilla et fit passer ses jambes derrière elle. Elle trouva rapidement l’appui qu’elle avait vu furtivement avant de se mettre dans cette position : les jambes dans le vide, seulement maintenue par la force de ses bras. C’était de la folie, mais elle voulait cette fleur. Glissant un peu, elle atteignit un autre appui, se calant dessus pour assurer un semblant de sécurité. La tête contre la pierre, elle tendit sa main droite vers la fleur, la gauche la maintenant à la falaise. Elle tremblait de plus en plus, ayant peur de se louper. Une peur qui devint réalité lorsque son appui céda sous son poids. La gamine se mit à crier, se tenant seulement d’une main qui n’allait pas tarder à lâcher aussi.

Elle était là, suspendue à une falaise car elle avait voulu cueillir une fleur. Qu’elle était stupide.