|
|
| |
| | Ven 31 Jan - 19:58 Ce colonel était un salopard, très franchement. Quand c’était pas l’entrainement quotidien des mousses et soldats à gérer, c’était plutôt des tonnes et des tonnes de paperasses dont j’héritais dans un petit bureau à la mesure de mon pauvre grade de lieutenant. Comme si j’avais la gueule d’un gratte-papier qui n’attendait que ce genre de tâches pour évoluer dans la hiérarchie. Autant dire qu’il me prenait sérieusement pour une grosse merde et que cette situation commençait à me gonfler comme pas possible. J’avais envie de dire qu’il s’agissait de mon karma, mais j’étais pas très porté sur ces notions de bouddhisme et autres… D’ailleurs, je n’avais jamais porté une quelconque attention aux autres religions qui existaient, même si je pensais intérieurement, qu’il existait un Dieu quelque part. M’enfin, bref… Là n’était pas le problème. Mon souci actuel, c’était plutôt cette tonne de dossiers que je me farcissais avec tout le bon cœur du monde. Ajoutez un peu de chaleur due à l’étroitesse du bureau pas ventilé comme il faut, et vous obtenez un cocktail détonnant qui avait de quoi énerver un brave zig comme moi. D’ailleurs, il n’y avait qu’à voir ma mine furieuse, les nombreux papiers froissés et crayons brisés pour comprendre les états d’âmes dans lesquels j’étais plongé.
J’allais devenir fou.
Heureusement pourtant, un autre lieutenant vint m’aider avec bon cœur. Raphaël qu’il s’appelait. Un beau gosse intelligent, éloquent et plutôt bien aimé par les meufs des environs. Il était encore jeune (A peine la trentaine) et était promis à un brillant avenir qu’on disait partout. Les paris allaient bon train sur sa bouille. Certains le voyaient déjà comme un futur amiral de notre faction, tandis que d’autres poussaient plus loin en l’intégrant dans le fameux conseil des cinq étoiles. Une personne qui avait tout pour elle, donc. Tout le contraire de moi. Avec mon passé de pirate, ma mine vraiment pas commode et mon comportement grossier, je ne faisais l’unanimité que chez les soldats purs et durs, encore que. Les médisances sur ma bouille étaient légions. Normal pour un ex-pirate. Injuste pour les années passées dans la marine. De ce fait, j’aurai pu en toute logique le haïr férocement. En toute logique seulement. Car en vérité, moi aussi je l’appréciais malgré nos différences, vice versa. Nous étions même les meilleurs potes de cette base et je me rappelais d’ailleurs que c’était avec lui que l’idée de créer un équipage marine plus ou moins autonome avait émergé. Oui, ensemble nous voyions loin. Plus loin en tout cas que cette foutue base de merde…
Et c’est en ce sens qu’on s’entraidait comme on le pouvait, même si je devais avouer que je n’en manquais pas une pour lui refiler mes besognes dès que possible. Puis vint le soir. A deux, nous achevâmes le travail à vingt heures précise. Une satisfaction car j’aurai certainement pris deux à trois jours pour terminer cette connerie tout seul. Alors que je pensais d’ors et déjà à me diriger vers l’extérieur de la base pour prendre un verre, Raph’ m’affirma qu’il avait quelque chose d’autre à faire. A sa déclaration, je haussai les sourcils, avant de finir par soupirer et sourire. Il allait certainement voir sa fiancée en pleine ville. Normal. Comme pour rigoler et pour le remercier de son aide, je lui donnai ma bénédiction à haute voix, ce qui eut l’art de le faire rigoler. Puis il partit, me laissant seul dans le bureau. Dix minutes plus tard, j’avais fini de tout ranger et de tout classer comme un vrai bureaucrate. Définitivement, ces responsabilités inhérentes à mon grade ne m’allaient pas vraiment. J’étais plus taillé pour faire le soldat ou l’instructeur, très franchement. Et c’est sur cette pensée que je sortis du bureau, l’air complètement satisfait. Une fois dehors, je pus profiter de la brise fraiche, mais aussi la vue panoramique sur toute l’île dont je bénéficiais depuis l’étage où j’étais pendant quelques minutes. Parce qu’après, direction le premier bar croisé !
Une demi-heure plus tard, j’y étais enfin ! Au premier bar trouvé. Celui que je fréquentais le plus souvent d’ailleurs. Moi, flemmard… ? Meuuh non, meuuuh non ! En me voyant, le barman se saisit automatiquement d’une bonne bouteille de rhum, avant de remplir un verre qu’il poussa devant un siège vide. J’eus un sourire, complètement ravi, avant de m’assoir au comptoir, là même où le verre m’attendait. Sans trop faire attention à mon entourage et aux musiciens qui chantaient à tue-tête, je le vidai d’une traite, avant d’en demander un autre et ainsi de suite… A ce rythme-là, j’étais bien parti pour me saouler comme un pauvre clochard, ce qui arriva une bonne heure plus tard. Mais fatigué par le travail que j’avais accompli toute cette journée, je m’écroulai à même le comptoir sous le rire du barman et de quelques-unes de ses belles serveuses. Puis le temps passa. Des heures peut-être… Avant que des voix criardes ne me tirent de mon sommeil… Autant dire que j’avais la tête comme une pastèque. Mais alors que je fis l’effort de relever en reniflant et en grattant mes yeux comme un enfant, un objet lourd vint heurter ma tête avec véhémence, ce qui me fit tomber au sol. Réveillé plutôt que sonné par un tel coup, je me relevai en grognant et en portant mon regard sur l’ensemble du bar…
Et c’est là que je vis plusieurs hommes armés, qui apparemment, tenaient en otage toutes les personnes du bar. Pouvait pas y avoir une plus grosse emmerde que celle-ci…
| | | | |
| | Ven 31 Jan - 23:07 Bordel. Ils étaient derrière nous, ces enfoirés. Ils allaient nous tuer.
« Ils arrivent, putain ! Tirez sur eux ! »
On leur tirait dessus comme des malades, mais ça ne servait à rien. Une espèce de robot femme s’avançait vers nous avec un pas décidé. On vidait toutes nos FOUTUES BALLES sur cette salope, mais c’était comme si rien ne marchait.
« BORDEL LES GARS, TIREZ VOUS ! »
On a couru comme des baisés. J’ai jamais couru aussi vite de ma vie. Mon cœur était sur le point d’exploser, et cette ville de merde ne nous offrait aucun endroit pour se planquer. On a fait la moitié de la ville, pourchassé par un seul soldat de la marine. Je ne sais pas ce qui a déconné. On est allé mettre à sac une ville sans histoire, un petit hold up à la banque, et on était bon pour se tirer sur un autre Blue avec tout le fric. Et là, elle s’est ramené. Une rouquine, en chemise à carreaux, le manteau de la marine sur les épaules. Et qui voulait pas crever, peu importe le nombre de balle qu’on lui tirait dessus. J’ai entendu un cri. C’était Sally, la canonnière.
« Merde, on a perdu Sally ! »» jura un de mes gars, un boutonneux à lunette.
« Comment ça ? Elle a tiré avec son bazooka. Regarde la fumée. »
« Si mais…Oh putain, je crois que l’autre psychopathe a bloqué le coup. »
Du brouillard de poussière sortit une jeune fille, au sourire moucheté de tâches de rousseurs sur une peau légèrement bronzée.
« En effet, les gars, fit-elle d'un ton moqueur. Un pavillon noir à même pas deux kilomètres d’une base militaire ? Heh les gars, vous êtes vraiment tarés. »
« Je vais te montrer c’est qui le taré, moi ! »
Steven s’avança vers elle. Steven, c’était le mec plus balèze de l’équipe. Deux mètres. Il fissurait un mur avec un coup de poing. Il s’est alors avancé vers elle.
« Tu veux faire quoi, mon grand ? Me taper ? Vas-y pour voir. » Steve hurla alors, et frappa comme il n’avait jamais frappé sur la fille. Qui bloqua sa main en pleine course avec sa main gauche, avant de dire très calmement.
« Backlash. »
Et en moins d’une fraction de seconde, Steven s’était retrouvé sur le mur, la poitrine enfoncée, et les yeux écarquillés. La fille ricana.
«Hehehaha… Les gars, j’aimerai vraiment pas être dans votre merde. »
Elle avançait, lentement mais sûrement. Il n’y avait pas d’échappatoire, juste des maisons délabrées et … Un bar. On était presque foutus… Mais j’ai eu une idée. L’idée du siècle.
« Les gars, à mon signal, foncez dans le bar à votre droite ! »
On a tous déboulé dans la taverne. Ils n’allaient pas nous avoir comme ça, ces salauds de marines, oh non.
« Que personne ne bouge, vous tous ici présent, bandes de larves, êtes maintenant mes otages ! »
Je me penchais vers la porte pour faire en sorte que l’abrutie dehors m’entende.
« Eh, t’entends ça, connasse? Tu fais un pas de plus vers le bar, et on exécute un gars dans l’bar. Puis un autre. Puis un autre. Qu’est ce que tu vas faire, hein ? »
La fille me fixa. Elle était pas moche, et en d’autres occasions, j’aurais bien voulu faire connaissance avec elle. Et elle avait des yeux… Merde. Est-ce qu’elle venait de faire un pas ?
« Tu en tues un, un seul, et je te fais la promesse que tu t’en sors pas vivant. Donc ouais, je vais faire un pas. Et un autre encore. Et j'vais venir t'arrêter. Parce que tu sais que c'est ta seule faç...»
J'en pouvais plus. Elle m'énervait, avec son air sûr... J'allais lui apprendre la vie, moi.
« LA FERME BORDEL ! Tu l’auras voulu ! »
J’ai pointé mon pistolet sur un poivrot assis en face. Il allait payer pour elle, c’est sûr. | | |
| |
|