La Grande Guerre avait pris fin, du moins pour nous, pour ce qui était du reste du monde, je n'en savais rien, et au fond ça m'importait peu... Il y avait eu beaucoup de changements depuis que nous nous étions tous retrouvés à Reverse Moutain, depuis que cette nuit était arrivée et que ma condition avait « évoluée », j'avais pris conscience de la force monstrueuse dont notre capitaine usé, la sagesse de Damon qui avait su me retenir et m'empêcher de courir à une mort certaine, le courage d'Holly malgré son jeune âge... J'avais enfin compris que les autres pouvaient être là pour moi, que de « vrais » liens pouvaient se créer et surtout j'avais évolué ou plus exactement en prenait le chemin, j'avais l'impression d'avoir laissé une première partie de moi-même sur Kaiten-Su et une seconde lors de la bataille, une part de sagesse et une part d'innocence s'étaient envolées laissant place à quelque chose de plus « déterminé », au sang plus chaud même si à présent cette expression pouvait paraître étrange pour me qualifier, mais surtout j'avais compris que j'étais capable de l'empêcher ELLE de prendre ma place, j'étais capable de la faire taire ou du moins de la contenir...
Holly avait réussi à faire plus ou moins cicatriser mes plaies, mais mes côtes me faisaient encore souffrir et je n'étais pas prête de ne plus les sentir, deux avaient été brisées sans aucun doute et à chaque mouvement de ma cage thoracique me remémoraient ce qu'il s'était passé, tout ces bruits incessants, l'odeur du sang qui éveillait cette envie presque incontrôlable de leur sauter à la gorge, le cri de douleur de Nakata suivit de celui d'Hato, son départ pour les seas...

Je n'avais pratiquement pas dormi depuis que nous avions quitté cette île, je n'y arrivais tout simplement pas, trop de choses s'accumulaient en moi, trop de questions sans réponses, de doutes et de craintes, la crainte de ne pouvoir arriver à leur venir en aide comme je le devrais, mais surtout celle de ne pas arriver à contrôler mes pulsions sans lui à mes côtés, la crainte de céder à la tentation d'une jugulaire gonflée de nectar... J'avais peu à peu réussi, non pas à faire taire, mais à modérer mon nouveau don, laissant ainsi un peu de repos à mes tympans, mais dès que mon attention se relâchait tous les bruits environnants revenaient m'assaillir n'arrangeant rien à mes insomnies...
Je resserrais un peu plus ma grande cape noire autour de moi tout en maintenant mon cap droit sur la prochaine île de la voie numéro 7 de Grand Line, Peaceland. Je n'avais jamais eu le loisir de voir cet endroit, j'en avais seulement vaguement entendu parler sur les seas, il s'agirait d'une espèce d'île flottant au dessus de la mer, rattachée à un ballon pour la maintenir.
C'était une chose assez étrange finalement, je ne voyais pas vraiment l'utilité d'être rattachée à un ballon si c'était seulement pour flotter tout le temps au même endroit, si ma propre île avait été attachée à une sorte de dirigeable, j'en aurais profité pour visiter le monde ! Au moins en naviguant avec votre île il n'y avait jamais aucun problème en ce qui concernait les vivres ou encore l'eau potable ! Enfin...

Mes yeux se posèrent sur Nakata se trouvant au niveau de la proue du navire. J'aurais voulu avoir le pouvoir d'Hato à ce moment là, et pouvoir lire dans son esprit comme dans un livre ouvert, je ne lui avait pas réellement parlé depuis la Grande Guerre, mais à le voir il n'était pas difficile de comprendre que quelque chose le tracassait autre que le fait qu'il n'ait pas encore totalement récupéré de ses blessures... De toute façon cela aurait été étonnant vu ce qu'il avait subi, certes son fruit lui procurait une possibilité de guérison impressionnante, mais il restait tout de même un être humain...
Je laissais échapper un petit soupire, au fond j'avais reproché à Hato son manque de communication avec les personnes l'entourant, mais je n'étais pas tellement plus ouverte que lui, enfin si mais contrairement à lui je ne fuyais pas, et j'étais parfois un peu trop directe ou trop... crue. Voilà pourquoi j'avais tant de mal à parler avec les autres, peur de les blesser, peur de dire une parole de trop, mais à force de tout garder au fond de sois, à force de tout taire, tout finit par lâcher, et ce jour là, les paroles mais aussi les actes vont bien souvent plus loin que ce que l'on aurait voulu... C'était idiot, c'était même totalement con mais c'était ainsi que je fonctionnais, j'avais toujours plus ou moins été une « bombe à retardement »...

Un sourire naquit sur mes lèvres lorsque la silhouette de l'île se dessina devant nous, bientôt nous pourrions nous nourrir correctement et nous reposer, peut être finirais-je même par arriver à trouver le sommeil. Ils n'avaient pas menti, Peaceland était exactement telle qu'ils l'avaient décrite, elle flottait réellement, c'était une chose presque incroyable, plus j'avançais sur Grand Line plus je découvrais à quel point ce monde était fait de choses plus étranges les unes que les autres, je commençais même à croire que tout était possible ici, alors que pourrait donc être le nouveau monde ?! Je ne pu m'empêcher de laisser échapper :

« Peaceland nous voilà... »

Lorsque l'île se dessina clairement devant moi, un doute m'assaillit comment allais-je donc bien pouvoir amarrer le navire ?! Comment accéder à la terre ferme ?! Où diable pouvaient-ils bien mettre leurs bateaux ?!
En nous approchant je finis enfin par distinguer une espèce de ponton flottant sur la mer, j'eus l'impression qu'un poids quitta mes épaules et à mon avis mon entourage l'avait probablement remarqué au soupir de soulagement bruyant que je laissais échapper.
Nous étions enfin arrivé à bon port et ce sans avoir subi énormément de dégât si l'on excluait la Grande Guerre, le trajet avait été assez calme, certes nous avions rencontré une ou deux fois une mer quelque peu agitée, mais jamais rien de trop important, il me tardait pourtant de pouvoir me mettre à l'abri du soleil et à défaut de pouvoir dormir au moins fermer les yeux quelques heures, naviguer n'était pas quelque chose de reposant, loin de là...
Lorsque je posais mon premier pied sur le ponton je pris une grande inspiration tout en m'étirant avant de me retourner vers mes nakamas et de leur lancer :

« La voie nous est grande ouverte ! »

« L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle. »

J'étais crevée, j'étais totalement morte, pour tout dire je ne savais même pas comment je faisais pour tenir encore sur mes deux pieds, je crois que seul la joie de retrouver la terre ferme,enfin ferme je n'étais même pas certaine que ce soit le mot juste vue cette île... Mais ici au moins il ne serait pas question de guerre ou je ne sais quoi de ce genre. J'avais passé ma vie à me battre, non pas pour moi même, non pas pour mes idéaux mais seulement pour mes employeurs... Cette fois durant la grande guerre et ce pour la première fois j'avais combattu pour moi même mais aussi pour mes nakamas... C'était d'ailleurs une sensation bien étrange, quelque chose de totalement nouveau la bataille n'en avait été que plus agréable, mais également animé par la peur, la peur de ne pas être ne mesure de les sauver, de ne pas avoir la force me permettant de les aider, de n'être qu'un poids de plus comme l'avait dit Damon...
Visiblement la vigie ne semblait pas vouloir nous suivre, étrange comme comportement, mais bon, ce mec m'avait toujours apparu comme un personne assez « spéciale » si je puis dire... Volpha au premier abord m'avait semblait tout aussi heureuse que moi de retrouver la terre ferme, mais son comportement changea tout aussi vite que nous avions accosté.
Fronçant légèrement les sourcils, je portais mon regard sur la rose, elle semblait complètement déconnectée de la réalité dans laquelle nous nous trouvions, un sourire digne de celui de Ruby peint sur son visage.
Nakata semblait lui aussi avoir senti l'aura meurtrière que la jeune fille dégageait, sa voix ne tarda pas à retentir :

« Holly, qu'est-ce-qu'il y a ? »

Elle ne semblait pas pour autant s'arrêter, ses jambes paraissaient répondre à une force bien plus grande que celle de la rose, l'attirant inexorablement vers un navire qui pourtant n'avait à mes yeux rien d'exceptionnel, mes yeux se dirigèrent vers le mat du navire et son pavillon. Des pirates...
Je ne connaissais pratiquement rien de la vie qu'Holly avait mené avant de rejoindre l'équipage, je n'avais aucune idée de ce qui avait pu la pousser à devenir pirate ni même si un jour dans sa vie elle avait été autre chose que pirate, c'est l'univers dans lequel nous grandissons qui nous construit, c'est lui qui façonne notre être et notre caractère, quel avait été le sien, je n'en savais rien, je n'étais même pas certaine de vouloir savoir ce qu'elle avait traversé, mais une chose était certaine ce bateau et ses occupants ne lui étaient pas inconnus...
Il n'y avait qu'à voir la façon dont elle le fixait, la façon dont elle s'en approchait, d'une démarche déterminée et qui n'annonçait rien de bon. Nous n'avions pas encore réellement mis un pied sur Peaceland que les ennuis s'annonçait déjà, c'était à croire que les Tengoku ne pouvaient pas se rendre sur une seule île sans que le passé de l'un de ses membres ne l'y attende...
Était-ce réellement une bonne chose que de se lancer dans de nouvelles hostilités alors que nous n'avions pas encore pris le temps de nous reposer ni même de nous nourrir correctement ?
Je lançais un dernier regard à Nakata et m'élançais à la suite de la rose, je l'attrapais vivement par le bras tentant de la retenir. Je la forçais à se retourner vers moi et la fixais droit dans les yeux :

« Holly qu'est-ce-que tu fabriques ?! Tu vas finir par nous dire ce qu'il se passe oui ?! »

Ma voix s'était faite froide et tranchante, qu'est-ce-qu'elle comptait faire ?! Avait-elle seulement réfléchis un seul instant à ce qu'elle faisait à ce qu'elle allait mettre en route si jamais elle s'attaquait seule à un équipage entier ? Certes elle était détentrice d'un logia, mais ça ne faisait pas d'elle un être invincible, et surtout elle n'était plus seule à présent, nous n'étions plus des électrons libres lâchés en pleine nature, nous étions une sorte de tout, nous étions voués à entrainer tous les autres avec nous, que ce soit dans nos joies ou nos problèmes... Nous étions en droit de savoir, nous devions savoir dans quel guêpier nous courrions tête baissée...

« L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle. »

Je ne la quittais toujours pas des yeux, attendant sa réaction, lorsqu'elle rendit son bras immatériel, je ne bronchais pas et laissais tout simplement mon bras se replacer le long de mon corps. Son explication était des plus vague pour moi, elle ne s'adressait qu'à Nakata après tout, ma mâchoire se serra légèrement, je n'avais pas spécialement apprécié sa façon de me mettre de côté ni le ton qu'elle avait employé en disant qu'elle ne nous demandait pas de venir...
Quelle petite sotte, elle me rappelait ce que j'avais moi même était quelques années plus tôt. A agir ainsi nous ne tiendrons pas longtemps, à continuer à cacher aux autres des parts de nous mêmes tout ça finirait mal... Je croisais les bras sur ma poitrine et laissais échapper un claquement de langue agacé. Je soutins son regard lorsqu'elle plongea ses yeux d'océan dans les miens, puis elle tourna de nouveau les talons visiblement décidée.
Je ne bougeais pas d'un pouce lorsque Nakata la rejoint et lâcha qu'elle n'était plus seule. Il passa devant elle et lança les hostilités envoyant voler en éclat une partie du navire tandis que l'autre commencé déjà à couler.
Bon bah à présent les choses étaient claires au moins, nous venions d'ouvertement leur déclarer la guerre. Le blondinet ne s'arrêta pas là et reparti directement à l'attaque envoyant intentionnellement le capitaine à Holly.

« Holly, fais toi plaisir ! Méliandre, on s'occupe des autres ! »

Clairement, je n'étais pas prête de pouvoir me reposer ni même de me nourrir, et mordre dans l'un de ceux là ne me disais absolument rien... Je levais les yeux au ciel en entendant les paroles de Nakata et finis par esquisser un mouvement, dégainant un de mes pistolets et mon fouet je me mis en marche en direction des restes du navire pirate, laissant trainer mon arme derrière moi.
Je ne jetais pas le moindre regard au capitaine adverse ni même à la rose. Putain combattre sur l'eau, ce mec avait un grain, il devait avoir des restes des coups qu'il avait pris pendant la grande guerre... Il aurait pu attendre un peu au moins avant de tout réduire en miettes ou presque, enfin je supposais que dans un sens cela signifiait qu'il n'avait rien perdu de sa détermination ni même de son mordant d'avant...
Je repérais un semblant de morceau de feu le pont du navire et d'un saut léger mais précis me propulsais dessus. D'un geste vif je repositionnais la capuche de ma cape correctement et poussais un léger soupire.

« Et je dors quand moi bordel ?! »

J'avais les nerfs à vif, je n'avais pas osé et surtout pas pu fermer les yeux depuis des jours et des jours, autant le dire il m'en faudrait peu pour me faire sortir de mes gonds aujourd'hui, surtout après mon faux espoir de repos...
Un des gars se propulsa à son tour sur le même morceau de pont, ce fut rapide, head shot, pur et simple. Ennuyant, barbant, j'veux dormir, juste dormir...
Roohhh puis réveilles-toi Méliandre, plus vite ce sera terminé et plus vite tu pourras aller t'étendre dans un coin sombre... Je plongeais la main dans l'eau et m'aspergeais le visage, un sourire naquit alors sur mon visage, come on darling...
Visiblement ma petite entrée dans le jeux n'avait pas vraiment plus au reste de l'équipage si bien que deux nouveaux pirates venaient de se hisser sur le morceau de bois flottant, le faisant dangereusement tanguer. Éviter de finir à l'eau, ouais ça serait déjà un bon début ça... Jouant avec le poids de mon corps je réussi à me maintenir à peu près sur mes jambes, visiblement mes pistolets ne me seraient d'une grande utilité sur ce combat, aussi proche de mes adversaires, mes armes ne me serviraient pas à grand chose, la situation s'annonçait finalement plus délicate que je ne l'avais prévu...
Mes assaillants ne prirent pas le temps de faire les présentations et commencèrent les hostilités sans aucun mot, de vrais pantins... Ou des robots, ça semblait presque une habitude pour eux, c'était ma foi une chose bien étrange...
J'esquivais plusieurs attaques avant de me décider à retirer mes gants. Chose délicate et plus ou moins suicidaire, j'étais déjà dans un état de fatigue avancé et cela se ressentait sur mes esquives beaucoup moins rapides et précises qu'habituellement... Si j'utilisais mon fruit, j'accumulerais un peu plus de fatigue à chaque fois et finirais par me retrouver totalement hors service...
J'assénais un violent coup de pied dans l'estomac d'un des deux pirates pour me laisser un petit temps de marge et en profitais pour saisir le second à la gorge et serrais de plus en plus pendant qu'il perdait connaissance et s'endormait. Avant de lâcher totalement prise il réussi cependant à me planter un couteau dans le flanc. Je poussais un petit gémissement avant de l'envoyer valser dans l'eau et qu'une vague de fatigue nouvelle me submergeait à nouveau. Je baissais les yeux vers l'arme et murmurais un :

« Et merde... »

« L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle. »

Le cri de Holly m'avait littéralement transpercé les tympans, mes mains se portèrent à mes oreilles et je me laissais tomber à genoux, j'avais toujours du mal à contrôler ma nouvelle capacité, il suffisait que je relâche mon attention ne serait ce que quelques minutes pour que tous les bruits environnants m'assaillent. Je n'aurais pas été surprise de voir du sang se mettre à couler de mes oreilles tant la douleur était forte, j'en avais même oublié le poignard dans mon flan droit.
Je tentais tant bien que mal de réfréner ma capacité, essayant de faire le vide dans ma tête, chose quasi impossible, un autre homme du pirate monta sur mon radeau et m'envoya un coup de pied dans le menton profitant du fait que je sois au sol.
Sous l'impulsion du coup je me retrouvais à moitié dans l'eau, me rattrapant in-extremis au rebord de la planche pendant que l'autre s'avançait vers moi prêt à m'écraser la main pour que je lâche prise. Ce salop avait dû apercevoir mon petit tour de passe passe et comprendre que j'étais une maudite, finalement ces types étaient peut être moins crétins qu'ils en avaient l'air...
Plongeant ma main à ma taille, j'en retirais mon fouet et le lançais dans sa direction, il s'entoura autour de son cou d'un geste vif je le décapitais en tirant violemment dessus. Encore de l'énergie dépensait pour peu...

Je me sentais complètement à plat, j'en avais assez, je n'avais pas envie de jouer, dormir, seulement dormir... Dans un effort surhumain je me tirais sur le reste de pont enfonçant au passage un peu plus le poignard en moi, je grimaçais et me remettais à genoux.
J'attrapais d'une main l'arme et tout en grimaçant retirais l'arme alors que le phénix venait se poser à côté de moi me demanda si ça allait aller. Sérieusement il pensait qu'il y avait des chances que ça aille mieux dans les minutes qui viennent ? Je n'étais pas comme lui, non mon fruit ne m'était pas bénéfique, mon fruit moi ne me guérissait pas, bien au contraire il portait bien son nom de fruit du démon, de fruit maudit, il prenait toute mon énergie et serait probablement ce qui me mènerait un beau jour à ma perte si ce n'est pas le soleil...
Damon ne tarda pas à apparaître à nos côtés et nous empêcha le blondinet et moi de nous faire transpercer de part en part, enfin plus moi que lui puisque de toute façon les balles ne lui auraient pratiquement rien fait, son zoan lui procurant une sorte de « super pouvoir de guérison », moi à côté je n'étais rien, rien d'autre qu'un boulet comme l'avait si bien dit la vigie pendant la Grande Guerre, inutile, dangereuse pour les autres, incontrôlable, et incapable de me protéger moi-même, le coup de poignard que ce minable m'avait porté en était la preuve même. J'avais un goût amer dans la bouche et ne pu m'empêcher de cracher sur un ton tout aussi amer à mon capitaine la phrase suivante :

« Ça n'a jamais aussi bien était qu'aujourd'hui blondie... »

Un liquide chaud dégoulina de l'une de mes oreilles, je portais mes doigts celle-ci, mais l'odeur imprégnait déjà mes narines, je n'avais même pas besoin de regarder de quoi il s'agissait. La gamine m'avait bel et bien percé les tympans... Une nouvelle preuve de ma faiblesse, j'étais tout bonnement incapable de contrôler le seul don qui m'avait été attribué par la nature.
Je fixais quelques seconde le sang présent sur mes doigts avant de le lécher, il avait un goût absolument immonde, un goût de regrets, un goûts amer des années passées, des années gâchées par toute la haine et la rancœur qui m'habitait depuis toujours, ma main se mit à trembler légèrement alors que des larmes coulaient le long de mes joues, mes nerfs lâchaient purement et simplement...
Nakata c'était déjà remis en garde et semblait confiant, on aurait presque pu croire que pour lui la Grande Guerre était déjà loin, qu'elle n'avait laissé sur lui aucune séquelle...
La tête commençait à me tourner, les choses vacillaient autour de moi, je fermais les yeux quelques instants, tentant de me reconcentrer sur les choses, sur ce qui était en train de se passer. Les rouvrant je me plaçais aux côtés de mon capitaine et lui murmurais :

« Quand tout ça sera terminé, je crois que l'un de vous devra me porter jusqu'au bateau et me balancer dans la cave... Je ne vais pas tenir encore longtemps... Je suis un poids de plus... Damon avait raison à croire qu'il a toujours raison cet enfoiré... »

« L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle. »

« Ne dis pas n'importe quoi, Méliandre. C'est ma faute. Je n'aurais pas du agir aussi impulsivement et en le faisant, je vous ai tous mis en difficulté, face à Harushige. Je suis un bien piètre capitaine, hein... »

N'importe quoi ? C'est lui qui disait n'importe quoi... Un piètre capitaine ? Il était idiot ou quoi ? Si ça avait été le cas aujourd'hui nous ne serions pas là, nous n'aurions pas survécu à la Grande Guerre, s'il avait été un si piètre capitaine que cela j'aurais déjà déserté, j'aurais déjà depuis longtemps pris le large...
Il tourna la tête vers moi et m'adressa un petit sourire avant de continuer à débiter tout un tas de paroles plus idiotes les unes que les autres.

« Je ne suis pas assez fort. Je n'ai pas pu rester lucide et combattre à vos côtés, j'ai du user d'un artifice, de ma malédiction pour y parvenir. En ce sens, vous êtes plus forts que moi. Tous. Mais... J'essaie au moins... »

Je laissais échapper un soupire excédée, avant de lui coller une petite tape derrière le crâne avant qu'il finisse par conclure avec : « d'être un bon ami ».
J'envoyais un puissant coup de pied droit dans le plexus solaire d'un de nos ennemis qui s'était un peu trop avancé à mon goût, continuant de jongler avec le poids de mon corps afin de tenir debout sur notre reste de pont.

« Tu es un idiot Nakata... Si tu n'avais pas été assez fort tu ne l'aurais pas vaincu même avec ton fruit, et le fait d'être un bon capitaine ou non ne se mesure pas seulement avec tes muscles... Foutu utopiste où est passé tout ton optimisme ? Tu es bien meilleur capitaine que beaucoup de personne que j'ai pu côtoyer tout au long de mon errance. »

Je ne fis pas plus attention à ce qu'il faisait et dans un saut périlleux je m'envolais pour atterrir sur le ponton non loin d'Holly. Non pas que je souhaitais intervenir auprès d'elle, non c'était son combat et seulement le sien, je n'interviendrai pas quoiqu'il arrive, quoiqu'il advienne, je resterais de marbre, si elle voulait réellement aller au bout de sa vengeance elle ne laisserait personne intervenir...
J'étais heureuse de pouvoir retrouver une structure stable, me battre serait ainsi plus simple et beaucoup moins fatiguant puisque je n'aurais pas en plus de surveiller l'avancement de ces forbans mon équilibre. Et surtout j'allais pouvoir m'amuser avec mes joujoux à présent...
Je dégainais d'un geste rapide et sûr un de mes pistolets et mon fouet, un petit sourire sur les lèvres.

Mon fouet claqua et une lame d'air s'en échappa allant taillader le torse l'un des hommes du pirate qui commençait à se hisser sur le ponton non loin de la rose et de son capitaine, je laissais échapper un claquement de langue.
Ces hommes n'avaient absolument aucun honneur, ne pouvaient-ils donc pas laisser les autres mener leur propre combat ? Et visiblement leur capitaine n'avait pas besoin d'eux, j'en étais même étonnée qu'un homme détenteur de la capacité de toucher des logias soit entouré d'incapables..
C'était une chose assez difficile à comprendre pour moi, un homme de cet acabit aurait dû s'entourer de personnes de confiance, de personne sachant se battre, à moins qu'il trouve du réconfort dans le fait de se retrouver entouré de personnes ayant besoin de lui à tout prix, peut être enfant avait il souffert d'un complexe d'infériorité ? A cette idée je ne pu retenir un petit rire, pitoyable tout de même si je ne me trompais pas dans mes suppositions...
L'autre détourna son attention de ma nakama et de son supérieur pour la reporter sur moi, je lui adressais un petit sourire des plus agaçants, il ne lui en fallu pas plus pour se jeter à ma rencontre, je ne bougeais pas le moins du monde, le laissant fondre droit sur moi, au dernier moment j'enroulais mon fouet autour de son buste emprisonnant par la même occasion ses bras et vins violemment mordre dans sa carotide.

« L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle. »

Du sang se mit à gicler lorsque mes crocs rencontrèrent la gorge de l'homme, le liquide carmin se répandit peu à peu sur ses vêtements et les miens, mes bras enserrèrent son corps qui se secouait à présent dans des spasmes incontrôlables, réflexes d'un pauvre bougre qui s'accroche encore au mince espoir de survie lui restant... Pauvre fou. Mes crocs s'enfoncèrent encore plus profondément en lui, lorsque l'élixir de vie se mit à couler le long de ma gorge je ne pu me retenir et recrachais le tout au sol. Immonde, absolument immonde, je me mis à penser que jamais je ne me ferais au goût du sang, au goût de leur sang, le leur était tellement teinté d'amertume et d'acidité, il n'avait rien à voir avec celui que j'avais pu goûter cette nuit là, absolument rien...
Je jetais sans plus de ménagement la dépouille de l'homme à la mer alors qu'un énorme monstre marin surgit au même moment de nul part me faisait sursauter et pousser un léger cri de surprise.
Mes yeux s'écarquillèrent et il me fallut un certain temps pour comprendre d'où provenait cet étrange animal et ces congénères qui ne tardèrent pas à faire leur apparition. Un petit sourire naquit sur mon visage lorsque je compris que leur présence était tout simplement due au blondinet. Je les fixais pendant un petit moment, appréciant leur bien curieux ballet et la mer se teintant peu à peu de rouge...
Du revers de ma manche j'essuyais la commissure de mes lèvres tâchées de sang et laissais mon regard vagabonder sur la scène, Holly semblait avoir repris du « poil de la bête » et une rage nouvelle semblait l'animer, c'était comme si quelque chose s'était réveillé en elle, comme si à présent elle était prête à tout pour réduire en pièce cet homme et une chose était certaine, elle ne s'arrêterait pas tant que ce ne serait pas le cas...

J'étouffais un énième bâillement lorsque la vigie se rapprocha de moi avant de lâcher qu'il était temps que l'on s'occupe de ceux qui restaient. Je jetais un regard circulaire sur le champs de « bataille », à vrai dire il ne restait plus grand monde, entre Nakata qui semblait s'être bien remis de la Grande Guerre et ses « amis » les monstres marins étant venu lui prêter main forte, les autres n'avait pas fait long feu. Je ne répondis pas tout de suite à Damon, laissant mes yeux s'arrêter sur les restes du navire, je me posais des questions, tout un tas de questions à vrai dire, depuis peu ma vision semblait avoir changé, auparavant massacrer ne me posait aucun problème, mais à présent je semblais avoir un besoin, un besoin bien étrange, celui de savoir le pourquoi du comment. Pourquoi agir ainsi et massacrer des hommes qui n'avaient peut être rien à voir avec l'assassinat de la mère d'Holly ? Certes les questionner un à un n'aurait servi à rien et aurait été une perte de temps considérable mais... Après tout nous ne pouvions que nous baser sur les souvenirs douloureux d'une jeune fille qui à l'époque ne devait probablement être qu'une gamine...
Les souvenirs... A vrai dire je ne leur accordais aucune confiance, encore moins qu'en le genre humain, ils étaient pires, encore encore plus manipulables, encore plus modulables, et j'en savais quelque chose...
Damon n'avait pas attendu une quelconque réponse de ma part au final et s'était de nouveau jeté dans le combat, effleurant mes lèvres de mon index je finis par laisser échapper un petit soupire, il était temps que j'aille dormir, je commençais vraiment à réfléchir sur tout et n'importe quoi, sans compter que mes questionnements n'avaient pas lieu d'être et puis dans tous les cas ça ne serait probablement pas la première ni la dernière fois que je tuerais des innocents...

Je dégainais à nouveau mes pistolets et commençais à m'amuser, oubliant mes états d'âmes et mes questionnements sans queue ni tête des minutes précédentes je me mis à tirer dans les genoux d'un des hommes qui semblait pétrifié, très certainement témoin de la fin tragique de son compagnons entre mes crocs, à moins qu'il s'agisse du massacre perpétré par les monstres marins du capitaine des Tengoku... Je laissais échapper un petit rire, voilà que je le nommais capitaine des Tengoku, c'était assez étrange au fond, un peu comme si je ne faisais pas parti des leurs, un peu comme si j'étais extérieur à tout ça, comme si ce n'était pas moi qui agissait, comme si Ruby avait depuis longtemps pris le contrôle de mon corps et que je ne faisais qu'assister à tout ça...
Lorsque entendre l'homme geindre eut terminé de m'amuser, je lui tirer une balle entre les deux yeux. Elle me manquait, elle me manquait énormément même si elle était la pire des salopes au fond... Depuis la Grande Guerre elle s'était tue, depuis tout ce temps je ne l'avais plus entendu, je ne l'avait plus sentie. Je me sentais de plus en plus seule sur ce navire, comme s'ils n'étaient pas là autour de moi, c'était une sensation assez incompréhensible, se sentir seule alors qu'on est entouré... Et le pire dans tout ça c'était que c'était moi qui l'avait faite taire et aujourd'hui j'étais incapable de la retrouver. Les larmes se mirent à couler doucement le long de mes joues alors que j'abattais une nouvelle personne, je les essuyais d'un geste rageur avant de m'acharner sur la dépouille, ma respiration était saccadée et la tête commençait à me tourner... Ma vue se brouilla, mes jambes se firent tremblante et le paysage semblait se mettre à tanguer dangereusement. Ce n'était pas bon, pas bon du tout...

« L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle. »

Je rabaissais mon arme et la rangeais, le canon de l'arme me brûla légèrement la cuisse mais je n'y prêtais pas attention. Mes mains se dirigèrent instinctivement vers ma poche et en retirèrent mes gants qui retrouvèrent leur place, recouvrant mes doigts d'albâtre. Il n'y avait pratiquement plus âmes qui vivent ici et cela sembla plaire au capitaine adverse qui ne s'était aucunement retenu et avait laissé échapper un rire sadique. Cet homme là n'avait absolument aucun respect pour ses hommes, s'en était tout bonnement navrant et détestable, certes il aurait pu rêver mieux comme compagnons de route, mais après tout il était le capitaine, c'était lui et lui seul qui avait accepté ces hommes à ses côtés... Pitoyable figure humaine.
Je détournais le regard du capitaine avec un petit sourire aux lèvres en voyant que la rose avait enfin réussi à le toucher, à première vue son nez avait pris un sacré coup...
Je trébuchais légèrement et me rattrapais de justesse à Damon se tenant non loin de moi lorsque le blondinet pris la parole :

« Damon, Méliandre, vous pouvez retourner au bateau... Elle n'en a plus pour longtemps. »

En entendant les paroles de Nakata je ne pu retenir à mon tour un petit rire, certes je savais très bien
ce qu'il entendait par elle n'en a plus pour longtemps mais cette phrase avait un double sens tellement évident, j'en laissais échapper un second en me rendant compte de l'absurdité de mes paroles, à croire que mon cerveau commençait à flancher lui aussi ! Je relâchais l'épaule de la vigie et lever les yeux vers le phœnix dont les yeux étaient braqués droit sur les derniers combattants restant. Un mince sourire s'afficha sur mon visage, il commençait à baisser sa garde, ses nerfs devaient lui jouer des tours, au fond de lui même ce pauvre idiot devait savoir qu'il ne lui en restait plus pour longtemps, il était seul, seul face à quatre personne, même s'il arrivé à mettre Holly hors d'état de nuire, il devait bien se douter que nous ne le laisserions pas partir facilement et que dans tous les cas il y laisserait sa peau...
Mais Damon et moi nous retrouvions congédiés, dans un autre cas je dois bien avouer que j'aurais renvoyé balader le pigeon et n'en n'aurais fait qu'à ma tête, mais aujourd'hui ses paroles ne me parurent pas être un affront, non plutôt un soulagement, même si bien évidemment j'aurais préféré que l'on me décapite plutôt que de l'avouer. Et puis de toute façon Nakata était capable de s'occuper lui même de l'autre déchet, il n'avait pas besoin de nous...

J'effectuais une petite courbette avant de désigner à blondie mon oreille signe que je restais tout de même à l'écoute de ce qu'il se passerait ici. Puis rassemblant le peu de force me restant, je tournais les talons et sans jeter le moindre regard à la vigie ni même à notre médecin et son adversaire, je pris la direction de notre navire.
Mes pas n'étaient pas des plus assurés malgré ce que j'aurais souhaité faire croire et plus d'une fois je manquais de tomber du ponton, mon ego m'interdisant de demander de l'aide à Damon ni même de flancher complètement tant que je me trouvais dans le champ de vision des quatre autres.
Les derniers mètres me parurent une éternité et cette fois ci je ne montais pas à bord du navire avec autant de vivacité que je l'avais quitté plus tôt. Je n'y voyais pratiquement plus rien, distinguant à peine les formes formant le pont et l'ensemble de notre bateau, mes paupières étaient d'une lourdeur sans nom et plus d'une fois j'ai dû m'assoupir quelques courtes secondes.
Tel un zombie digne des films d'horreur les plus pitoyables du genre je poussais la porte menant au cabine et ne pu même pas descendre les escaliers, je m'effondrais alors que mon pied frôlait la première marche. Totalement inconsciente mon corps dévala le restant des escaliers et termina sa course contre un tonneau rempli de vivre, mes yeux étaient clos et ma respiration pratiquement imperceptible...

« L'âme n'a pas de secret que la conduite ne révèle. »