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Maman, pourquoi lorsqu'il pleut, ça n'éteint pas le soleil ?
Sabor
Sabor
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Mar 31 Déc - 15:19


    Aujourd'hui, je suis fatigué. Je ne sais pas trop pourquoi, mais il faut croire que le temps qu'il fait me démotive. Il me démotive tellement que je préfère rester assis à cette chaise en bois inconfortable près de la fenêtre à regarder le temps qu'il fait plutôt que d'essayer de jouer un morceau de musique pour égayer l'assemblée et gagner quelques berries. La pluie tombe dehors, beaucoup de pluie, tellement de pluie, elle tombe si rapidement et en tellement de quantité que j'ai l'impression que le toit de l'auberge où je suis ne tiendra pas la nuit si ça continue de la sorte. Mes yeux se promènent, voyageant entre l'extérieur et l'intérieur. Dehors il fait si noir, on n'y voit presque rien mais des silhouettes passent dans cette petite ville. Des personnes entrent en hurlant de joie, commandant des tonneaux d'alcool et s'installant à une table en laissant la joie d'autres dans la taverne se faire entendre. Je me penche en arrière avec ma chaise, m'étirant, quand j'entends un bruit sous la table. Je me remets correctement sur ma chaise et me penche pour voir une gamine, un doigt sur la bouche pour me faire signe de ne pas faire de bruit.

    "J'ai une question à vous poser mais je peux pas la poser ici ! Rejoignez-moi dans l'écurie, vite !"

    Bien, à vos ordres, petite ! Je me lève et croise une servante, lui donnant ce que je lui dois et me dirigeant vers l'écurie. En fait, ça tombe bien, je vais pouvoir voir Rolanda. Je m'étire, sors et me voici dans l'écurie. Je fais trois pas et la porte derrière moi s'ouvre et se ferme. Par réflexe, je me retourne mais il n'y a personne, j'hausse les épaules et me dirige vers ma jument quand je sens quelque chose attraper mon pantalon au niveau de la cuisse. Je tire dessus et retrouve la gamine. Sa chevelure brune lui recouvre les épaules et descend jusqu'au niveau de sa taille. Ce n'est pas un peu beaucoup de cheveux pour une seule gamine ? Bref, ses yeux verts me fixent et voici qu'elle commence à parler.

    "Pourquoi lorsqu'il pleut, ça n'éteint pas le soleil ?"

    Comment dire. A ce moment précis, j'éclate tout simplement de rire. Mais la pauvre petite, elle, est très sérieuse ! Essayant simplement de me débarrasser d'elle, je lui dis que c'est parce que le soleil est trop gros pour être éteint, simplement. J'équipe Rolanda, selle, étrier et mors en place, j'attrape les lanières et grimpe sur le dos de la jument qui pousse un hennissement, ne faisant pas bouger d'un millimètre la petite brune. Je lui demande de se pousser quand, dans la plus grande innocence du monde, elle me répond.

    "Ce n'est pas la bonne réponse en fait. Mais, vous allez où en fait ? Et aussi, c'est quoi la bonne réponse à ma question précédente ?"

    Décidément, elle n'a pas l'air d'avoir fini de jouer aux devinettes. Je soupire, elle marque un point, je ne sais pas où je veux aller surtout qu'en plus, il pleut à flot dehors. La garce ! Je me prépare à descendre quand deux mecs débarquent dans l'écurie, pointant la gamine du doigt en fronçant des sourcils mais en souriant perversement. Cette fois-ci, la gamine recule et commence à courir en sortant d'où elle est entrée, laissant la porte grande ouverte. Un des deux gars commence à la poursuivre, passant à côté de moi, je me penche, le poussant vers le fond de l'écurie puis Rolanda commence à galoper. Passant à côté de la gamine, je remets mes gants et l'attrape pour qu'elle monte devant moi.

    "Attention ! Ils sont vraiment méchants ceux-là ! J'ai pas fait exprès de monter sur leur bateau pour venir ici et depuis, ils veulent tout le temps me faire des choses bizarres."

    Et bien, quel sang froid ! Cette petite n'est pas d'ici, seule et elle pose des questions super étranges aux inconnus ... Je me demande bien d'où est-ce qu'elle peut venir. Entre deux ruelles traversées au galop sous la pluie qui ne cesse pas, elle me dit qu'elle vient du Royaume de Luvneel. Au final, c'était plus facile à savoir que ce que je pensais. Je la serre contre moi, j'aimerais éviter qu'elle tombe surtout qu'on est bientôt arrivé au port où ... Personne n'est là. Normal avec ce temps ! La pluie fait tellement de bruit que je n'entends pas si les deux idiots nous poursuivent ou non. Une fois de plus, elle me pose sa question. Ce n'est vraiment pas le moment !

    "Ecoute ma grande, c'est quoi ton prénom ? Moi, tu vois, c'est Mike ! Et là, tu es dans une belle merde dans laquelle je me suis impliqué car je n'aime pas rester sans rien faire lorsque quelqu'un a besoin d'aide. Donc ! Maintenant, tu te tais, ta question, on s'en moque, ok ?!"

    Finalement, elle se met à pleurer, c'est bien ma veine ... je n'ai jamais eu de chance avec les gamins et en particulier les gamines ... Je la serre contre moi pour la réconforter et je m'excuse. Elle me dit que son nom est Lucie entre deux reniflements de morve, je regarde vers le port et je remarque qu'un bateau n'a pas relevé son pont. A l'aide de la jument, on grimpe sur le navire qui se révèle être le navire marchand sur lequel je voyage tout le temps. Enfin une bonne nouvelle là-dedans. On se dirige vers l'intérieur où je compte laisse Rolanda se reposer. La pauvre jument, elle en voit des vertes et des pas mûres avec moi. Une fois dans l'écurie du bateau, la gamine m'échappe et me voici en train de parcourir le navire à sa recherche.

    "Je suis là ! Regarde ! Une fois ma maman m'a dit que les hommes étaient aussi poilu que les singes. Tu ne dois pas être un homme alors !"

    Garce ! Je lui attrape la main et voilà qu'on penche vers la droite et qu'on tombe vers la droite ! Le navire a dû avoir un soucis pour pencher autant. La gamine, riant d’amusement, se relève et court à travers la pièce pleine d'animaux plus ou moins sauvage et plus ou moins en cage. A un moment, je l'entends hurler, je me précipite donc et, poussant la porte, je remarque qu'un gorille la tient entre ses pattes et qu'il fuit avec la petite vers une autre pièce, me laissant ainsi avec des chiens et des poules ainsi que divers animaux qui me bloquent la route, affolé par ce qu'il vient d'arriver !

    "Attends !"

    Heureusement que le seul animal exotique et potentiellement dangereux est le gorille, enfin ... Heureusement est un grand mot qui n'a pas vraiment son sens lorsqu'on sait que cet animal imprévisible vient de kidnapper la gamine et qu'il m'a laissé dans une pièce où les animaux sont en folie. Petit à petit, j'essaie de passer, me prenant un coup de queue ou de bec à droite à gauche sans oublier les griffes d'un ou de deux chats qui sont aussi là ! Je ne pensais pas qu'autant d'animaux pouvaient être à vendre dans un seul et même bateau ! Beaucoup trop de cage se sont ouvertes, ce n'est pas rassurant ! Après maintes coups d'animaux, j'arrive à traverser la pièce, des plumes dans les cheveux et les vêtements en un état pitoyable.

    "Tu crois que si on ajoute un os sur la tête d'un cheval il se transforme en licorne ?"

    Il me semble qu'elle n'est pas bien loin. Je reconnais sa voix et surtout ce genre de question complètement débile. Me voici à présent dans une pièce où il fait plus noir que dans le fond de l'océan ! Je fais quelques pas quand j'entends sur ma gauche la petite qui hurle, encore une fois ... Une vraie alarme cette petite. Seulement, cette fois-ci elle ne hurle pas d'amusement ou quoique ce soit. Là, elle a peur ! Je cours donc, réalisant qu'il y a une porte et me voici en train de foncer dans le dos du gorille. Celui-ci est en train de se battre avec des hommes, des hommes louches que je ne connais pas d'ailleurs. Je fronce des sourcils et laisse l'animal se battre, partant avec la petite vers l'écurie voir si Rolanda va bien et surtout, voir le capitaine. Je ne sais pas si celui qui conduit sait le faire mais en tout cas, en bas c'est un beau bordel ! Me voici dans la pièce avec les animaux, ceux-ci sont encore tout excités et quelques uns se sont échappés. Je pousse la petite dans la pièce et lui ordonne de m'aider à remettre les animaux en cage, après tout, je ne crains pas les mecs derrières, face au gorille ils ne feront pas le poids.

    "Tu ne m'as pas répondu pour de vrai ! Pourquoi lorsqu'il pleut, ça n'éteint pas le soleil ?"

    Je lui explique brièvement que le soleil ne peut pas être éteint parce qu'il est trop gros. Je maintiens ma position précédente dans l'écurie. Je lui explique donc.

    "En fait, je pense que le soleil est si haut dans le ciel que même les nuages ne peuvent pas le dépasser. C'est pour ça, en fait, il pleut mais en dessous du soleil. Enfin, pour moi, c'est ça. J'ai entendu une fois dire qu'il y avait une ville dans les nuages et que, là-bas, ils avaient aussi du soleil. Donc le soleil est au-dessus des nuages, il ne peut donc pas être éteint par la pluie comme ça !"

    Koala, voici son nouveau thème. D'où viennent les koalas ? Cette gamine est juste un casse-tête à elle seule, ce n'est pas possible ! Alors qu'elle raconte ses hypothèses sur le monde entier et des potentielles réponses que je pourrais avoir mais qu'elle ne me laisse pas exposer, on finit enfin de rassembler les divers animaux dans les cages et voilà enfin le moment d'aller chercher le gorille qui, pendant la petite heure qui vient de se passer, est encore avec les gars dans l'autre pièce. Je n'ose pas trop y aller, je préfère donc remonter avec la gamine en croisant Rolanda qui, à ma plus grande surprise, se porte très bien. Je la caresse et nous sortons, la petite Lucie et moi. Je croise le capitaine à qui j'explique la situation. Il me dit d'aller en cuisine et que lui et ses hommes vont arranger tout ça. Il continue, expliquant qu'il me remercie pour lui avoir dit la situation.

    "Tu crois que le vert sur la viande c'est parce que l'animal mangeait de l'herbe quand il était vivant ou parce qu'il est mort de maladie ?"

    Là, elle me pose une colle et honnêtement, je ne pense pas que ce soit ni l'une, ni l'autre des deux propositions, je pense simplement que la viande est pourrie. Je me lève et sors de la cuisine quand le navire bascule à nouveau, me faisant tomber vers l'avant. J'ignore contre quoi je me cogne mais ... Aïe ! Me voici donc sous la pluie, contre un mat et inconscient avec la gamine accroupie à côté de moi ... Tout va bien !

    "Tu vas bien ?"

    Même pas mal ! Quand je me réveille, le bateau est arrêté et je suis dans un lit, la lumière du soleil traversant le hublot m'éblouissant. Je me lève en sursaut, mais le capitaine m'arrête, me disant que la gamine m'attend avec Rolanda dans l'écurie. Apparemment, la petite a dit aux hommes où elle souhaitait aller et ... Ils l'ont emmené. En fait, il se trouve que nous étions déjà sur l'île mais qu'elle habitait juste de l'autre côté. Un bandage sur la tête que j'enlève immédiatement, je retrouve mes deux compères et nous descendons du bateau, ramenant la petite chez son père, qui, mort d'inquiétude m'invite à prendre le thé en m'expliquant à quel point sa petite lui est si chère, si importante et cetera.

    "Tu sais papa, lui, au moins, il a su répondre à ma question."

    Ne voulant pas déranger, je me prépare à partir quand sa mère arrive avec un sac de course et la gamine, ne laissant respirer personne, prend deux trois trucs dans le sac qu'elle met dans un autre et qu'elle me tend. Ceci est ma récompense dit-elle. Ses parents, riants, me disent au revoir et me voilà à la porte ... Je n'ai pas tout compris à ce qui vient de se passer mais au moins ... Je suis débarrassé de la gamine. Je monte sur Rolanda et me dirige vers le bateau du capitaine marchand. Le soleil, à présent, brille dans le ciel, comme si le fait d'avoir répondu à la question avait fait en sorte de chasser la pluie. Drôle de journée, n'est-ce pas ?
Sabor
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