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Erwin
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Ven 10 Jan - 0:07
La neige tombait sur l’île tel des flocons d’avoines dans un bol de céréales. Mon estomac gargouilla à cette pensée et je secouai la tête pour essayer de sortir la faim de mon esprit. J’étais sur une île que je ne connaissais pas et que j’avais accosté clandestinement du mauvais côté. Tout ça parce qu’un petit mousse m’avait découvert dans la cale, avec les marchandises – auxquelles je n’avais pas touché – et qu’il m’avait dénoncé. Résultat, je m’étais téléporté sur l’île après avoir été emmené sur le pont. Quelle idée de merde qu’ils avaient eue. Heureusement qu’ils ne connaissaient pas mon pouvoir, sinon je ne serais jamais sorti de cette calle – bien que ça n’aurait pas été un problème tant qu’ils n’avaient pas de menotte en granit marin.

Je m’étais arrangé pour choisir un équipage marchand plutôt idiot. Ils avaient des armes et des gardes du corps bien évidemment, mais ils n’étaient pas ‘importants’. Par exemple s’ils faisaient naufrage, personne ne viendrait à leur secours. C’était ce genre de petits détails qui faisaient la différence entre un bon navire et un qu’on pouvait accoster sans problèmes. J’avais fonctionné comme ça depuis que j’avais appris que les bateaux de transit touristiques étaient pris pour cible par quelques groupes de forbans – des faiblards tout juste bon à s’attaquer à des civils sans défense.

Quelque chose attira mon attention tandis que je me baladai. Un petit lapin vert sortit des fourrés couverts de neige et grimpa vivement sur mon épaule. Je lui souris et continuai la route vivement. Il serait préférable que je trouve un endroit où loger avant la fin de la journée, sinon j’allais crever de froid cette nuit ! Littéralement ! J’aurais aussi pu rebrousser chemin mais l’envie de partir à l’aventure faisait bouillir mon sang, si bien que j’avais encore du mal à réfléchir avec logique. Quand j’arrivai sur le haut d’une colline, je vis les lumières d’un village en contrebas. Elles illuminaient le paysage de telle façon que je pouvais les voir scintiller à travers le rideau de neige qui s’étalait devant mes yeux !

Le Royaume de Drum avait quelque chose de féérique en toute période de l’année. Je souris à l’idée de me retrouver au milieu d’un village de personnes aussi froides que leur pays. C’était comme ça que l’avaient décrit Louise et son compagnon de fortune, lorsque j’étais passé sur une autre île de la voie deux. J’avais bien peur de ne pas me faire accepter mais au moins je pourrais me téléporter dans le grenier d’une maison pour me réchauffer, si l’une d’elle gardait sa fenêtre ouverte ne serait-ce qu’un instant… De toutes les manières, il devait bien y avoir une auberge dans le coin. Je devais essayer de réserver une chambre avant qu’elles ne soient toutes bondées ! Avec le navire marchand arrivé sur l’île, c’était ce qui risquait d’arriver.

« - Une chambre, s’il-vous-plaît ! Dis-je en arrivant, essoufflé par le sprint que je venais de piquer, ayant dévalé la colline d’une traite.

- Quel chanceux vous êtes ! Il nous en reste justement une, lança une dame assez forte en me tendant les clefs de ma future chambre pour la nuit et en recevant d’avance la somme que je lui devais. »

Elle portait un tablier et une robe assez épaisse, à manches longues. Des auréoles sous son costume prouvaient qu’elle avait eu une rude journée, certainement dû au nombre d’arrivées assez important. En plus des commençants, un navire de touristes avait débarqué en provenance du début de Grande Line. Les petits chanceux n’étaient tombés sur aucun équipage de pirates maléfiques. J’espérais pour eux qu’ils n’avaient pas l’intention de s’aventurer plus loin. En m’asseyant dans le petit salon public de l’auberge, je pris un journal mis à disposition des clients et fronçai les sourcils. « Attaque près du Royaume de Drum : Les Pirates ont encore frappé. Que fait le Gouvernement Mondial ? ». C’était le titre d’un petit article très court dans les faits divers. Une attaque pareille allait sûrement être remarquée… et peut-être punie. Je ne parlais bien sûr pas des pirates mais du journaliste qui avait osé s’attaquer au Gouvernement par son article. Un journal indépendant, certainement.

Feuilletant un peu plus, je pris soin de regarder les petites annonces. Il y avait quelques petits boulots proposés sur Drum. Apparemment ils avaient des problèmes de lapins dans la forêt, si j’y faisais un tour peut-être que je pourrais le régler… Quoiqu’avec ce froid, je ne pouvais pas faire grand-chose. A moins que je ne m’achète une tenue plus chaude. Certes, j’avais troqué mon tee-shirt à manches courtes contre un à manches longues, surmonté d’une veste de plutôt bonne qualité. Enfin ‘troqué’. C’était un cadeau de mon amie d’enfance. Elle pensait que j’en aurais besoin, et elle avait raison.

Toujours assis sur le canapé public, je ne faisais pas attention aux passages des clients, ni aux disputes entre commerçants sur ‘Qui aurait la plus grande chambre ?’ ou ‘Y-avait-il des putes sur l’île ?’. De toutes les manières, j’étais presque que sûr que s’ils voulaient un peu de plaisir, il leur suffirait de s’adresser à la femme qui dirigeait l’auberge. Le client est roi, après tout. Lorsque mon ventre gronda, je fis mine de l’ignorer et mis le journal devant mon visage rougissant. Quelle honte.
Erwin
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Sam 11 Jan - 17:00


S'il est un questionnement redondant dans le cercle très fermé des spécialistes en espèces anciennes c'est de savoir si les dinosaures étaient des animaux à sang chaud ou à sang froid.
Après seulement quelques minutes passées sur les rivages du royaume de Drum, Miles n'avait pas la réponse, mais il fut sur d'une chose : leur sang pouvait geler. Habitué à des températures plus élevées il avait rarement eu de contact avec la neige et le gel. C'est pourquoi ses premiers instants sur cette île furent pour lui un mélange d'émerveillement et de choc thermique.

Quelques jours plus tôt il séjournait sous des latitudes au climat tropical. Ses vacances au soleil avaient pris fin lorsqu'il avait rencontré un petit garçon à la mine réjouie et à la bouche pleine d'une énorme sucette et que ce dernier lui avait lancé :

"Me m'aime mas toi, Ma-t-en d'imi".

Lorsqu'il était face à un ordre aussi vague Miles était obligé d'extrapoler quelque peu pour comprendre dans quelle direction le destin est en train de le pousser. Le garçonnet avait-il voulu dire qu'il devait dégager de l'endroit où il s'était assis ou carrément de l'île toute entière ?  Devant le regard de plus en plus courroucé du petit tyran et le filet de bave qui commençait à ruisseler de sa grosse sucette, Miles réalisa que le temps était venu de reprendre la route.
Le jour même il embarqua sur un navire marchand comme astiqueur de pont. Le voyage se déroula plutôt bien en dehors de la petite vingtaine d'ennemis qu'il se créa. De nature obéissante il répondait positivement à tous les ordres donnés par le capitaine. Ce qui déplu royalement à l'ensemble de l'équipage et lui valut plus d'une fois l'ordre "ne remet jamais un pied sur ce bateau".

Arrivé sur l'île il passa par dessus bord à l'aide d'un coup de poing collectif dans le fondement et atterrit directement dans un monticule de neige.
Trempé et gelé il essaya tout d'abord de tirer son manteau à la première petite vieille qui passa par là. Il fut sur le point de réussir quand il entendit au loin la voix éraillée de l'ancêtre :

"Reviens ici sale punk !"

Contrit et contraint il fit demi tour et retourna voir la vieille. Elle récupéra son manteau et s'en alla en jurant.
La situation n'était pas folichonne. Hier légume se dorant la pilule au soleil et aujourd'hui piquet de glace planté au milieu d'un désert blanc, Miles se dit que finalement il avait peut-être mal compris ce petit garçon...
Le moral dans les chaussettes et sans la moindre envie d'un contact avec le genre humain dans l'immédiat il entreprit de se trouver un refuge sauvage au sein de la flore locale. Après de longues heures passées à fouiller les collines et les bois il trouva une grotte habitée par de gros lézards au regard bovin et au nez en forme de groin. Peut-être sentirent-ils l'odeur de leur semblable sur le corps du jeune garçon car ils l'adoptèrent sans broncher. Avec la mousse présente dans la caverne, Miles rembourra ses vêtements et alla se coucher en boule dans un recoin. Il passa plusieurs jours avec ces créatures et finit même par comprendre certains de leurs grognements. Là où d'autres auraient entendu "grou" ou "griaaaaou" il entendait "gratte moi le dos" ou "amène moi ces baies là-bas".
Bien que l'absence de jugement et l'affection inconditionnelle que lui vouaient ces êtres à sang froid lui étaient confortables, il finit par s'ennuyer du genre du humain. En fait il commençait surtout à sentir qu'il stagnait. La vie sauvage avait été intéressante mais il était temps de passer à autre chose.

C'est ainsi que recouvert de mousse, sentant vaguement l'animal sauvage et la mine terreuse il prit le chemin du village. Chaque nuit il avait observé ses lumières et elles avaient éveillées en lui un sentiment de réconfort. Il était donc naturel que se fusse sa prochaine destination.
Pas un instant il ne songea à son aspect et à ce qu'il pourrait susciter comme réaction dans un milieu civilisé. Il sentit vaguement quelques regards se poser sur lui dans les rues glacées du village, mais rien de vraiment agressif. Sans savoir exactement ce qu'il cherchait il reprit son ancienne habitude et pénétra dans le premier lieu de socialisation qu'il trouva. Il piocha donc une auberge de laquelle émanait bruit et lumière.

A l'intérieur il y avait pas mal d'activité, probablement des touristes ou autres marchands de passage. Miles se dit qu'avec tout ce monde il devait y avoir un événement particulier, peut-être un tournoi ou un festival de quelque chose,  il vérifierait plus tard.
Tout d'un coup au milieu de le cohue il entendit un son familier :

"grouuuaou"

Aussi il pivota et repéra la source du bruit. C'était un garçon assis dans l'une des fauteuils du petit salon de l'auberge.  Il saisit alors une plante verte qui survivait avec peine dans le hall, en arracha deux feuilles et commença à les mâchouiller.
Miles fit quelques pas en direction du gars, se planta devant lui, sortit l'amas de feuilles et de salive de sa bouche et commença à le lui répandre sur le visage en souriant :

"Tenez, je vous ai entendu depuis le hall. Ravi de rencontrer quelqu'un d'autre qui parle le lézard des neiges. Il faudra m'apprendre, même si je le comprends j'ai toujours été incapable de reproduire leur grognement"
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Erwin
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Dim 12 Jan - 18:01
Je ne sais pas ce qui arriva en premier : l’odeur, la sensation de honte empourprant plus encore mes joues ou celle des feuilles préalablement mâchées sur mon visage. En tout cas, d’une manière ou d’une autre cette situation était devenue très gênante. J’avais perdu la page que je lisais, mais ça c’était secondaire. Miu, ainsi que toutes les personnes autour de nous, nous regardait comme si on était l’attraction du siècle. Qu’allait être ma réaction, qu’allait-il se passer ? Je ne voulais pas déclencher un scandale, ni crier au viol, il s’agissait peut-être juste d’une personne un peu dérangée… Ou d’une blague enfantine, que sais-je. En tout cas, ce n’était pas la peine d’en faire tout un drame, ce n’était qu’un peu de feuilles et de salive. Lui tenant les mains avec une certaine précaution, sans une once de violence, je lui répondis avec un sourire, les feuilles dégoulinant sur mon pantalon :

« - Je ne parle pas le lézard des neiges, j’aurais bien aimé mais c’était mon… estomac, dis-je en lui chuchotant ces dernières paroles à l’oreille, me relevant légèrement pour être à sa hauteur. »

Je me reposai lourdement sur le canapé, faisant grincer celui-ci. Miu, présent derrière moi, assis sur le dossier, lança un petit rire que je n’appréciais pas particulièrement. Ce n’était pas un rire à proprement parlé à vrai dire, il s’agissait plutôt d’un petit son aigu produit par ses cordes vocales. Les clients se désintéressèrent alors rapidement de notre cas quand il ne resta plus que la salive de l’inconnu sur mon visage. Je pris les feuilles sur mon pantalon et les fis tomber par terre, ce n’était pas un manque de respect mais le sol était déjà dégueulasse. D’un petit coup de pied, je les fis passer sous le canapé et affichai un sourire satisfait suite à ma manœuvre réussite.

Ne pas être doué pour grand-chose mais être doué pour balayer avec son pied… C’était quelque chose d’incroyablement stupide qui me mettait de bonne humeur. Pourtant, je n’avais pas envie de le laisser trop paraître, ce genre de chose était mieux gardé à l’intérieur. Je ne savais pas trop quoi faire à présent, la situation était toujours tout autant gênante. La gérante de l’auberge s’avança alors vers moi et me tendit un mouchoir immaculé. Dans un premier temps je ne compris pas, encore à moitié perdu, puis la sensation de bave sur ma joue revint.

« - Merci, lançai-je à la vieille femme rondouillette en m’essuyant les joues. »

Je jetai un coup d’œil à celui qui m’avait obligé à en venir là et lui lançai un sourire discret. Certes, ce n’était pas très agréable mais son système de pensée était différent du mien et c’était quelque chose que je me devais de respecter. Ou au moins d’accepter. Peut-être juste de tolérer jusqu’à un certain point… Bon, je n’étais pas la plus tolérante de toutes les personnes vivantes sur les océans mais au moins j’étais quelqu’un qui ne s’énervait pas pour un rien. Et ça, ce n’était pas grand-chose. Je lui dis sur une intonation neutre, à défaut d’en avoir trouvé une bonne :

« - Je m’appelle Erwin… »

M’interrompant dans mon élan, la porte de l’auberge claqua et un homme d’une trentaine d’années – à première vue – entra avec un chapeau melon, des cheveux châtains plutôt courts et un veston en cuir noir. Il ressemblait à… quelqu’un de plutôt banal en réalité. Mais il avait attiré sur lui tous les regards. La gérante, qui s’était installée dans un fauteuil à côté de moi, expliqua tout en suivant l’arrivant du regard :

« - Il s’agit du journaliste à scandale, Jim Bergon. Il a écrit pas mal d’articles sur le gouvernement, ce pauvre homme est certainement à l’article de la mort, si je peux me permettre le jeu de mot… »

Alors qu’elle prenait une voix de plus en plus basse à mesure que l’homme s’avançait, sa voix s’éteignit quand il monta les escaliers pour aller à l’étage et rejoindre – certainement – sa chambre. La bonne femme, sans me jeter un regard supplémentaire, se leva et alla rejoindre le comptoir. Suite à cette petite interruption je reconcentrai mon attention sur l’objet de ma curiosité. Il avait le visage badigeonné de terre et un peu de mousse sur lui… Mais le plus marquant était son odeur, on aurait dit qu’il n’avait pas pris de douche depuis un millénaire.

« - Est-ce que tu as une chambre dans cette auberge ? Ajoutai-je en tentant de masquer ma gêne. »
Erwin
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Ven 17 Jan - 0:15
Miles fut quelque peu déçu d'apprendre que le jeune homme ne parlait pas le lézard des neiges. Toutefois il fut intrigué par la façon dont son ventre avait imité à la perfection le cri qui signifiait "J'ai une plaie ouverte au visage et j'ai besoin que tu applique un cataplasme à base de feuille verte". Certainement les lézards ne le pensaient-ils pas en ces termes, mais c'était bien ce qu'il y avait à comprendre. A la réflexion Miles se dit qu'il aurait probablement du comprendre sa méprise lorsqu'il s'était rendu compte qu'il n'y avait pas plaie ouverte sur le visage d'Erwin.
Erwin donc, puisque c'était son nom, avait fait preuve d'une réserve et d'un tact dont il n'avait pas souvent eu l'opportunité de profiter. Un peu confus et en même temps soulagé il chercha ses mots pour lui répondre. Il fallait avouer que plusieurs jours passés dans la neige à côtoyer de la créature sauvage émoussait rapidement les compétences sociales. Miles remarqua également que le garçon était accompagné d'une petite créature. Cela lui fit une impression positive. Les animaux sont sont des créatures d'instinct et les plus inoffensifs d'entre eux s'attachent rarement à des ordures.

Entre temps un homme entra et l'attention de Miles, comme celle de la plupart des gens présents, se porta sur lui. Il entendit prononcer le nom de Jim Bergon. Jamais entendu parler, mais il y avait quelque chose d'intense dans l'ambiance qu'il véhiculait avec lui. Toujours aux aguets, Miles commençait à développer une capacité à sentir les prédateurs arriver. Peut-être cela venait-il de son expérience grandissante ou peut-être était-ce une capacité latente de son fruit d'herbivore. Il ne le savait pas et cela était encore si ténu qu'on pouvait difficilement parler d'une véritable compétence. Toujours est-il qu'il sentit dans le sillage de cet homme la présence d'un prédateur. Rapidement il tourna la tête de gauche à droite à la recherche d'une personne suspecte mais ne trouva rien.
Son attention revint naturellement vers Erwin qui venait de lui poser une question.

Reprenant tout doucement contenance, Miles lui répondit avec une pointe d'embarras dans la voix

"Salut, moi c'est Miles. Et heu non je n'ai pas de chambre dans cette auberge"

Il se figea un instant, posa un doigt sur ses lèvres et songeur il poursuivit :

"Mais j'ai une grotte ! Elle n'est pas tout près et c'est plus une collocation qu'une possession"

Comme sortant d'une longue période de léthargie, Miles reprenait peu à peu conscience des usages. C'est en achevant cette phrase qu'il réalisa qu'il était couvert de boue et qu'il devait probablement être responsable de l'évanouissement successif des gens qui se trouvaient dans l'établissement. Il en rougit.
Il comprit mieux la question d'Erwin. "Est ce que tu as une chambre ?" voulait surement dire un truc du genre "Est ce que tu as un endroit où te décrasser ?". Dans ces conditions la réponse concernant la grotte était peu pertinente.
Et puis le bon sens de Miles revint au galop. Des gens étaient en train de s'évanouir dans l'établissement ? Quelques uns venaient de s’effondrer dans le dos d'Erwin. Ce qui expliquait probablement pourquoi il ne fut pas le premier à voir ce qui se tramait. C'était subtile et rapide, une sorte de vague progressait dans l'établissement et tous ceux qui se trouvaient engloutis par elle perdaient connaissance. Miles chercha l'origine du trouble. Cela venait de la porte arrière. Ils étaient, lui et Erwin, littéralement à l'autre bout de l'établissement.

Sans bien comprendre ce qui était en train de se passer et conscient qu'ils avaient au mieux 10 secondes pour réagir, Miles tapota l'épaule d'Erwin pour le prévenir. Il pointa du doigt dans son dos les personnes en train de perdre connaissance et lui lança, pressé :

"Il se passe quelque chose, il faut s'en aller, vite !"

Il n'y avait pas beaucoup d'options. Il y avait les escaliers, mais si c'était un gaz c'était risqué car il pouvait monter rapidement. Il y avait la cave mais c'était un cul de sac et donc potentiellement un piège. Et il y avait la fenêtre. Mais si quelqu'un était en train de plonger l'ensemble de la population de l'auberge dans le sommeil, il devait avoir prévu quelques débordements et donc une surveillance pour les sorties évidentes telles que les portes et fenêtres.
Il fallait faire un choix et vite. Miles aurait opté personnellement pour la fenêtre. C'était surement l'occasion d'en découdre et de prendre ensuite à revers celui qui propageait sa vague de torpeur. Puis il songea à l'homme de tout à l'heure et à son étrange aura, peut-être était-ce lié, et lui il était monté à l'étage...
Encore quelques secondes et il faudrait faire un choix ...


[HRP : j'ai prévu une marge de manœuvre assez large, tu peux évidemment faire se déplacer mon personnage en fonction de ce que tu auras choisi de faire, en ce qui me concerne tu as toute liberté pour le faire agir de manière cohérente avec sa personnalité.]
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Erwin
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Ven 17 Jan - 17:52
Il fallait trouver un endroit sûr, quelque part où le gaz ne nous atteindrait pas. Miu s’accrochait à mon épaule en regardant les gens s’évanouir de toute part. Il avait peur, et à vrai dire moi aussi. Si Miles pouvait sentir cette émotion chez les êtres humains, il pourrait remarquer à quel point la mienne était profonde. Ce n’était pas une envie de fuir ou de me protéger. C’était celle de faire ce qui devait être fait. D’affronter la mort pour aider quelqu’un d’autre. En contrepartie de ce risque, ma curiosité serait satisfaite, je saurai pourquoi un gaz – dont j’ignorais encore la nature réelle – avait été envoyé dans une auberge comme celle-ci.

La gérante des lieux s’affaissa sur le sol en se dirigeant vers ses clients inconscients. Elle semblait dormir et sa poitrine se soulevait de temps à autres pour signifier qu’elle était encore en vie. C’était sûrement un gaz somnifère. Pas le plus dangereux… Tant que l’utilisateur n’avait pas de mauvaises intentions. Mais quand on utilisait ce genre de procédés, il était rare qu’on ait de bonnes intentions derrière. Je déglutis. Regardant Miles dans les yeux, je me demandai si ce dernier avait vraiment conscience de tout ce qui l’entourait, si les surprenantes répliques qu’il m’avait lancé étaient dues à sa nature ‘sauvage’. Je me trompais sûrement en pensant à ça mais ce garçon m’intriguait. Je voulais en savoir plus sur lui.

« - Es-tu… ? Commençai-je alors que le gaz s’avançait, plus menaçant encore vers moi. »

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase, Miu me tapa sur la tête violement et je compris que je devais prendre une décision rapide. Prenant la main de Miles, je nous téléportai dans les escaliers puis jusqu’en haut en faisant un arrêt à chaque fois que mon champ de vision m’empêchait d’aller plus loin. Nous fûmes à l’étage en, à peu près, trois secondes. Il fallait me laisser le temps de bouger ma tête à chaque fois, après tout je n’y étais jamais monté. En haut, aucun client dans les couloirs. En pleine journée, c’était normal. Je lâchai la main de Miles en prenant soin de regarder s’il n’était pas trop secoué par ma prise d’initiative mais je n’eus pas le temps de m’y attarder. Un hurlement retentit dans une des chambres.

« - C’est laquelle ? Demandai-je à Miu alors que celui-ci s’était déjà élancé dans le couloir en se repérant précisément au son qu’il avait entendu. »

Je n’étais pas doué d’une ouïe à toute épreuve… une chance pour moi que mon compagnon soit un animal. Il était intelligent, possédant toutes les caractéristiques d’une espèce un peu plus avancée que la moyenne. Exception faite d’une taille humaine, mais ce n’était pas vraiment un critère ailleurs que dans mon esprit. En parlant de taille, je constatai encore avec dépit que je n’étais pas le plus grand ici, Miles me dépassait sans problème d’une bonne tête et demie. On avait peut-être… disons, une dizaine de centimètres d’écart, je n’étais pas très doué en perspective malgré mon pouvoir. J’avais des notions, mais ce n’était pas ma spécialité et je ne pouvais être qu’approximatif à l’œil nu.

Lorsque j’arrivai devant la porte, je tentai de l’ouvrir frénétiquement. Rien à faire, elle ne voulait pas s’écarter. Me mordant la lèvre, je regardai rapidement les gonds qui la retenaient. Classiques, pas de surprise. Ils n’étaient pas vissés mais enfoncés, ce qui me facilitait le travail. Je mis une main sur la porte et celle-ci disparut, réapparaissant à côté de moi, contre la fenêtre, qui laissait la lumière éclairer les lieux, positionnée au fond du couloir. A l’intérieur, une personne – enfin, peut-être une personne – semblait aux prises avec l’homme qui avait attiré l’attention plus tôt…

« - Vous faîtes quoi, là ?! Hurlai-je en me jetant sur l’agresseur qui sortit une arme. »

Il était rapide, mais il ne pourrait jamais l’être plus que moi. A peine avait-il dégainé que j’étais apparu derrière lui, avais touché son arme et étais revenu à ma position initiale, ayant à présent un moyen de défense entre les mains. J’avais quelques connaissances dans le domaine du maniement des pistolets. J’exécrais et adorais cet art au même moment. Il me permettait de me défouler, d’extérioriser par la violence mes plus noires pensées mais d’un autre côté il avait blessé des personnes que j’aimais. J’avais failli tuer avec lui.

Sans me retourner, sans même savoir si Miles m’avait suivi, mais dans l’espoir qu’il l’ait fait, je dis d’une voix haute et naturelle – faussement naturelle, le stress pouvait se lire en moi et mon corps n’était pas vraiment stable avec un pistolet en mains :

« - Mets l’homme à l’abri, Miles ! Ce gars est dangereux. »

J’avais rajouté cette dernière phrase en chuchotant, mais parlais-je de lui ou de moi ?
Erwin
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Lun 27 Jan - 21:42
Un instant Miles était là, hésitant, et puis un instant plus tard il était là bas, toujours aussi hésitant mais en plus déboussolé. Encore un instant s'écoula à nouveau il fut ailleurs. Ses pensées voyagèrent certainement moins vite que lui parce qu'il leur fallut quelques instants pour qu'elles regagnent la tête du jeune homme.  Erwin l'avait touché... et puis ils avaient voyagé ailleurs. Une perte de conscience momentanée ? Peu probable, ils avaient à peine le temps d'atteindre les escaliers, ça avait été plus rapide. Un pouvoir de déplacement, c'était certain. Restait encore à en découvrir la nature exacte.

Dans le couloir de l'étage Erwin le quitta rapidement. Machinalement Miles le suivit. L'instinct pousse souvent l'animal déboussolé à suivre la horde, ou à défaut un autre animal qui n'a pas l'air de douter du chemin. Le jeune garçon suivit son animal et pénétra dans une chambre. Miles eut envie de sourire en voyant l'homme de tout à l'heure au prise avec un ennemi. Il l'avait bien senti. Avec une certaine force, Erwin cria et attira sur lui l'animosité de l'agresseur. Dés qu'il eut sortit une arme, Erwin disparu et revint à sa position initiale en possession de l'arme. Encore ce pouvoir, où une capacité à se déplacer vraiment très très vite. Non, Miles était rapide, c'était autre chose qui était à l'oeuvre.

C'est à ce moment que la douce mélodie de la brise enchantée résonna dans ses oreilles et fit à nouveau se déployer les voiles de son destin.

"Mets l'homme à l'abri Miles, ce gars est dangereux"

Miles ne put réprimer un léger sourire en coin. Certains ordres étaient anodins, tristes, sans intérêts, manquaient de perspective. D'autres ordres parfois était plus curieux, intéressants, amusants. Et finalement il en étaient d'autres encore qui étaient excitants, de ceux dont Miles était sur à l'instant où ils faisaient vibrer ses tympans qu'ils allaient modifier pour toujours son avenir et peut être le plonger dans le chaos le plus total.
La situation était excitante. Elle l'était parce que Erwin avait raison, l'homme dégageait quelque chose de malsain et il était dangereux.

Sans hésiter un instant Miles se saisit de Bergon et chercha le plus court chemin entre le lieu où il se trouvait et l'extérieur. La fenêtre. Des éclats de verres se répandirent dans la neige à l'extérieur de l'auberge et deux corps suivirent de près. Toujours avec vivacité Miles se releva, coupé ça et là par les morceaux de verres. Il aida ensuite Jim Bergon à se remettre sur pieds.
Sur les flancs de l'auberge se trouvaient deux personnages munis de masques à gaz qui rappliquèrent aussitôt.
Leur banalité avait quelque chose de troublant. Rien sur eux ne les rendaient reconnaissables. Leurs vêtements étaient de couleur unie, sans symbole. Leur expression et même leurs traits étaient quelconques. En fait Mil' avait l'impression de se trouver devant des mannequins d'exposition, du genre de ceux sur lesquels on pose les vêtements de démonstration. L'un d'eux était insignifiant, un petit gars replet qui suait après deux mètres de course. L'autre par contre était autrement effrayant. Il s'agissait d'une jeune fille. Elle se déplaçait dans la neige en glissant dessus comme un serpent. Elle n'était pas aussi effrayante que le type dans la chambre, mais tout de même.

Miles comprit qu'il était inutile de parlementer avec eux. Ils portaient des masques à gaz, ils faisaient forcément partie du groupe de gens qui étaient en train d'endormir la population de l'auberge. Sa priorité c'était de protéger Bergon, respecter les ordres. Il aurait facilement pu semer Replet, mais Serpenteuse ne se laisserait pas distancer.
Plus surprenant, Bergon ne semblait pas nerveux. Miles douta tout de même que se fusse sa présence qui le rassura autant. Il n'avait pas l'air doué pour le combat, c'est donc qu'il devait avoir une autre échappatoire. Il se contenta d'épousseter sa veste des débris de verres et lança à Miles :

"Allons bon bon bon, il me semble qu'on vous a dit qu'il fallait me mettre à l'abri. Bon bon bon.".

Il était pompeux, mais il avait la chance d'être tombé sur une des rares personnes que ça ne choquerait pas.
Replet et Serpenteuse s'étaient figés à quelques mètres du duo. De la chambre du dessus on pouvait entendre des bruits de fracas. Le combat devait faire rage là bas.
Ce fut Replet qui passa le premier à l'attaque, il sortit de son sac banane une matraque et se rua sur Miles. Ce dernier se contenta simplement de ramasser un peu de neige, d'en faire une boule et de la balancer en pleine tronche de la petite boule dandinante. Il la reçu de plein fouet, vola à terre à perdit sa matraque qui virevolta jusque dans la main de Miles. Tadam.

La véritable épreuve commençait maintenant. Serpenteuse sortit elle aussi une matraque de son sac banane et donna un coup dans le mur de l'auberge. Il se fissura. Miles déglutit avec peine. En décrivant un S dans la neige elle se rapprocha du jeune homme. Elle voulut asséner un grand coup sur la tête de Miles mais ce dernier parvint à parer avec sa propre matraque.

Les échanges se poursuivirent un moment à la manière d'un combat d'épéiste. Enfin sans l'aspect tranchant , ce qui n'était pas pour déplaire à Mil'.
Le combat s'éternisait un peu trop. Plus le temps passait et plus il y avait de chances pour que d'autres assaillants rappliquent. Résolu à en terminer au plus vite, Miles profita d'un instant de répit pour faire un saut de quelques mètres en arrières. Il eut alors assez de temps pour passer en forme hybride. Utilisant toute la puissance de ses jambes il donna une impulsion dans le sol et se projeta en direction de Serpenteuse. Cette dernière à la surprise de Miles frappa trois fois le sol rapidement et accéléra dans sa direction elle aussi. L'impact fut violent et chacun accusa des dégâts. La jeune fille resta au sol inconsciente. Quoi qu'elle venait d'utiliser comme technique, elle ne la maîtrisait pas. C'était surement ce qui avait permis à Miles de remporter le duel.

Tout à coup il entendit dans son dos :

"Bon bon bon, on m'enlève !"

C'était Replet qui avait feint l'inconscience et qui avait profité du combat pour faire main basse sur la mission de Miles. Il portait toujours un masque à gaz et sauta à l'intérieur de l'auberge par la fenêtre du rez de chaussée.
Miles arracha le masque du visage de la jeune fille au sol et le plaqua contre son museau. Il se lança alors à la poursuite de Replet et Bergon à l'intérieur de l'auberge.
A l'adresse de l'ennemi il lança :

"Reviens ici ! Tu vas pas rester tout seul dans c't'auberge, aller !"

Il eut alors une pensée pour Erwin, depuis une bonne minute le silence s'était fait à l'étage et il s'inquiétait de savoir ce qui lui était arrivé.
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Erwin
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Mar 28 Jan - 18:43
La fenêtre venait de voler en éclats, et avec elle s’étaient évanouis Miles et le journaliste. Nous n’étions à présent plus que deux dans la pièce, il ne semblait pas affolé de perdre sa proie. Je lui souris, à moitié entraîné par l’envie de lui botter les fesses. A peine eut-il le temps de m’adresser un rictus narquois qu’il dégaina une seconde arme, un revolver de très bonne facture qui semblait avoir été fait à partir d’or et de métaux précieux. Lorsqu’il tira, je me déplaçai vivement, grâce à mon pouvoir, sur le côté. Tant qu’il était dans mon champ de vision, ses attaques seraient inoffensives. Ses tirs continuèrent jusqu’à ce qu’il n’ait plus de balles dans le barillet, moment que je choisis pour aller derrière lui et le faire disparaître dans la salle remplie de gaz paralysant, en bas. Maintenant, j’étais débarrassé de ce gars-là.

« - Ne crois pas que le Maître sera vaincu comme ça ! Me lança une voix féminine, calme, en provenance du couloir. »

Je me retournai et vis une vision digne des plus belles créatures de l’univers. Une jeune femme, habillée dans un tenue traditionnelle de servante – un ensemble noir avec à l’intérieur des coutures et un tablier blanc. Elle avait un regard tendre en dehors d’une petite cicatrice au-dessus du sourcil droit. Son œil bougea alors bizarrement, se retourna et laissa place à un symbole que je n'avais jamais vu auparavant… Une sorte de cercle, un pentagramme aux multiples petites écritures. Qu’est-ce qu’elle était ? Une cyborg ? Je mis ma main devant ma bouche en sentant qu’il était fort probable que ma supposition soit juste. Une créature de rêve pareille n’était pas humaine ? Peut-être que seul son œil était robotique après tout…

Autour de nous, la chambre était saccagée. Le lit était ouvert en deux, du moins le matelas car la structure ne semblait pas avoir été touchée. La table de chevet avait été renversée, sûrement dans le but d’attaquer l’assassin. Elle se trouvait à présent au milieu de la chambre, écrasant tous les magazines qui avaient été mis dedans dont la diversité n’avait pas grand intérêt. A part si la tenue de soubrette avait été inspirée par l’une des couvertures de ces anciennes revues érotiques. La chambre n’arborait pas grand-chose, en dehors de ces quelques meubles. Elle était vide et sans vie. Cela me rendait un peu triste.

« - Qui es-tu ? Lançai sur un ton dur en me concentrant sur la jeune femme.

- Alberta Swift, me répondit-elle en détachant chaque syllabe, sûrement pour être sûr que je le mémorise bien. Vous venez d’être sélectionné pour être la cible numéro quatre, veuillez décliner votre identité pour que nous puissions vous répertorier dans nos fichiers. »

Un instant je restai sans réagir. Elle me parlait comme si j’étais devenu… Un ennemi ? Certes, j’avais sauvé la vie d’un homme – Miles l’avait fait, mais j’avais contribué. D’ailleurs, quatre ? Y-en-avait-il d’autres ? J’insistai avec mon regard le plus noir pour essayer de la faire flancher mais ça ne sembla pas l’affecter. Sans arrêter de me fixer, elle sortit un calepin et commença à noter en disant à voix haute ce qu’elle écrivait.

« - La cible refuse de coopérer, activation du Protocole 8.2. »

Comment… A peine eut-elle dit cela qu’elle s’avança vers moi. Je restai à sa hauteur, essayant d’affirmer ma supériorité, mais je n’avais pas prévu la suite. Elle sortit un petit flacon d'une de ses poches et m'en jeta le contenu à la figure. Mon esprit ne fit qu’un tour et Miu hurla en voyant que je commençais à m’écrouler sur le sol. Mon corps ne voulait plus bouger, mes lèvres, mes muscles… Tout était figé. C’était quoi comme poison ça ? J’aurais aimé me téléporter… mais pour finir où ? Fermant les yeux, je me fondis dans les ténèbres et implorai quelqu’un de venir me sauver.

Plus tard, je sentis le ballotement familier de l’eau emportant mon corps dans la cale d’un navire. Je quittais l’île. A nouveau, je plongeai dans un long sommeil.
Erwin
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Jeu 30 Jan - 23:36
Miles pénétra donc dans la pièce principale de l'auberge. Tout le monde était inerte et il n'y avait aucune trace du petit gros et du journaliste. C'était contrariant.
Tout en maintenant le masque pressé contre son visage, Miles parcourut le salon. Ils ne pouvaient pas s'être évanouis dans la nature, ils devaient être cachés quelque part dans la pièce.

Puis, tout à coup, l'homme présent dans la chambre de Bergon se matérialisa sous ses yeux. Miles eut instinctivement un geste de recul et prit de la distance.
Il se dégageait toujours de lui cette impression désagréable. Lorsque ses yeux se posèrent sur Miles, ce dernier comprit d'où venait son malaise. C'était un regard de prédateur.
Miles n'était pas un expert du combat et la plupart du temps même lorsqu'il affrontait des ordures, il n'y avait pas cette pression animale. Les véritables prédateurs il en avait rencontré très peu. Il y avait eu ce type aux yeux bleus qui l'avait poignardé et jeté à l'eau. Ce fut le seul qui refit surface dans sa mémoire.

L'homme retenait sa respiration. Toujours sans quitter Mil-dinosaure des yeux, il ôta son épaisse veste et dégrafa les bandoulières de munitions qui lui cintraient le torse. Tout le matériel tomba au sol dans un grand fracas.
Dans un geste lent et contrôlé il leva son index droit vers le plafond. Son autre bras resta le long de son corps, un peu arqué. Puis très vite il se mit à descendre son bras droit et à pointer son index vers le bas à gauche, puis vers le haut à droite, puis vers le bas à gauche... tout en secouant son bassin.
Miles resta coi, observant le manège du personnage. Subitement il s'arrêta, plaça ses deux mains devant lui et une onde se propagea dans la pièce. Il ouvrit alors grand la bouche et prit une profonde inspiration. Ensuite, le visage soulagé il expira. La pièce avait été vidée de son gaz.

Il adressa un sourire franc à Miles et lui lança :

"Cool mon gars, tu peux tomber le masque, il n'y a plus de gaz, parlons deux minutes."

Méfiant mais intrigué et surtout contraint par la tournure de phrase, l'homme dino resta sur ses gardes mais consenti d'un signe de tête à écouter ce que l'autre avait à dire.
Ayant compris, le gars poursuivit.

"J'ai pas envie de me battre avec toi et avec ton pote, je vais finir par me faire mal et j'aime pas ça. Je te propose un deal. Je te propose de nous rejoindre. Je vois bien que tu n'es pas un pirate et disons que d'une certaine manière je suis certain que tu n'es pas non plus de la marine. Tu dois bien avoir envie de te faire un peu de thune."

Miles finit par retirer le masque de son visage avec un peu de méfiance et huma l'air. Il avait dit vrai, plus de gaz. Relâchant sensiblement sa tension musculaire, Miles lui répondit

"Je ne sais même pas ce que vous faites"

Le gars pouffa de rire

"Aller aller, joue pas au demeuré avec moi, tu as bien compris ce qu'on est. Soit on est une division de l'armée secrète, soit on est un groupe privé de professionnel. Tu mises sur lequel ?"

Miles n'avait pas d'autre option que de répondre franche, il lui avait dit "ne joues pas au demeuré", donc il enchaîna :

"Vous êtes un groupe privé, l'armée ne recrute pas de cette manière. Et puis vous ne faites pas très réglementaire."

L'autre opina du chef en reprenant son sérieux

"Et puis, c'est pas parce qu'on cherche à se faire de l'argent qu'on est des méchants tu sais. Le journaliste que tu essayes de sauver, il se fait un nom en répandant des nouvelles contre le gouvernement. Ça a l'air cool, mais il créé la panique et il y a eu des morts supplémentaires à cause de lui."

Un peu surpris Miles se relâcha encore davantage. De toute manière il devait accomplir l'ordre donné, sans ça il ne pourrait offrir sa fidélité à personne. L'ordre était toujours "mets ce gars en sécurité". Tous les moyens seraient bon pour y parvenir.
Il posa alors la question qui lui brûlait les lèvres.

"J'accepte à une condition, tu me dis comment tu as fait pour vider la pièce de son gaz"

Le visage de l'homme se déforma quelque peu, une expression entre le rire et la violence.

"Je vais te le dire en gage de bonne fois, pour que tu comprenne que je ne suis pas ton ennemi. Je suis maudit, j'ai mangé le fruit du rituel. Lorsque j'effectue un rituel, il se produit un effet. Je ne les choisit pas et je ne connais pas les rituels à l'avance. Les effets sont divers et se déclenchent quand j'effectue une série d'actions. J'en ai découvert plusieurs par hasard. Celui que tu viens de voir est le "disco airwick", il me permet de purifier l'air ambiant. La plupart du temps je m'en sert dans les toilettes de notre repaire quand Tailor est passé avant moi. C'est le petit gros qui t'as piqué le journaliste sous les yeux. J'en ai essayé un avec ton pote aussi tout à l'heure mais j'ai pas pu terminer, il aurait fallut que je vide un chargeur de plus et ça aurait été magistral."

Quelque chose troublait le jeune homme. Pourquoi ce type en racontait-il aut...
Miles sentit une douleur dans son dos. Il sentit que si il se retournait il prendrait cher. A l'odeur il reconnut Serpenteuse. Elle s'était relevée et avait profité de la diversion créé par le chef de la bande pour s'approcher de Miles discrètement.  
L'homme rituel reprit son petit discourt

"Mittens, tu as mis le temps. Se faire mettre KO pendant 5 minutes par un adversaire, ça vaut un malus sur ta part ça. Un Malus de la totalité de ta part.Tu peux laisser tomber la matraque, je t'ai trouvé un remplaçant"

Mittens voulut asséner un coup à Miles mais avant que cela arrive, l'homme applaudit trois fois et se tressa deux nattes dans les cheveux. Aussitôt la jeune fille fut projetée en arrière et se retrouva collée au mur. Elle dégoulinait d'une sorte de colle extra forte.
Il récupéra la matraqua et envoya un grand coup dans le ventre de Mittens. Puis il se tourna vers Miles :

"Alors, ça roule ?"

Miles tout en reprenant forme humaine :

"Et Bisoudoux, mon pote que tu as affronté dans la chambre ?"

Miles se dit qu'il était préférable d'utiliser des pseudonymes, ce gars ne devait pas en apprendre trop.
Ce dernier eut l'air soucieux

"Hum lui je ne peux pas lui proposer la même chose. Il a un pouvoir que je ne peux pas contrôler. Toi en revanche tu m'as l'air plus facile à cadrer. Ce n'est pas une insulte, crois moi. La stabilité se fait rare."

Miles fit la moue

"D'accord, mais il ne doit rien lui arriver"

Le gars leva les yeux au ciel et se dandina quelques instants

"Bon bon, ça va. Il doit être en haut avec Alberta, je vais lui dire de laisser tomber"

Il attrapa un dendenmushi portable et appela sa subordonnée

"Hey Alby, laisse tomber avec le gars et reviens ici"

Miles l'interrompit

"Je veux être sur qu'il n'a rien"

Dans la chambre Alberta Swift modula sa voix sur le modèle de celle d'Erwin et dit

"Ah, c'est Bisoudoux t'inquiète pas, je vais battre la soubrette !"

Miles fit "oui" de la tête pour confirmer que cela lui suffisait. Il fut sur à cet instant qu'on ne pouvait pas faire confiance à ces gens. Pour le moment il devait se montrer aussi fourbe qu'eux et avoir confiance en la capacité de survie d'Erwin.
Le chef ajouta au dendenmushi :

"Et Alberta, n'oublie pas de mettre le paquet dans la cale du bateau, on devrait en tirer un bon prix"

Il se tourna vers Miles et conclut :

"Maintenant direction notre île privée, je vais te faire voir à quoi ressemble la grande vie. Au fait, moi c'est Touken Tamon et toi ?"

Miles tourna son regard vers la fenêtre, plongea ses yeux dans l'immensité blanche qui se déversait à travers la vitre détruire et tout en contemplant la majesté de l'hiver et la pureté de son innocence il dit :

"On m'appelle Bisoudur, Miles Bisoudur"


[FIN 1ere Partie FlashBack]

[FB] - Le Lien formé sous la Neige de Drum [Pv : Miles] Toukentamon

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