Les roses meurent, et le secret se trouve dans la douleur. Les vents soufflent dans les hauteurs des collines. Je ne t’entends pas. Viens m’enlacer fermement, je frissonne au coeur de la pluie. Les ténèbres s’installent alors que j’appelle l’aube.

La froideur de l'âme

Elle ne savait plus trop pourquoi elle était là. Là, en plein milieu de la mer sur un bateau autre que celui de son équipage. C’était flou, peut-être qu’elle l’avait fait inconsciemment ? Une crise de somnambulisme en plein jour peut-être. L’idée était stupide, surtout qu’elle n’avait pas l’habitude de faire la sieste. Et puis, si cela avait été le cas, Volpha l’aurait mordu pour qu’elle arrête. Sauf que là, la louve se trouvait à ses côtés calmement, attendant simplement la suite des évènements. Secouant légèrement la tête, elle observa le pont et les personnes dessus. Elle se trouvait sur un navire marchand qui transportait des explosifs d’après ce qu’elle avait entendu. Et apparemment, les affaires marchaient plus que bien. La rose n’avait jamais compris l’intérêt que pouvait porter les Hommes à ce genre d’armes. C’était bruyant, l’explosion pouvait être incontrôlée. En clair, cela ne rentrait pas dans un critère qu’elle nommait « classe ». Trop de bruits et de dégâts pour une simple cible. Si on lançait l’un de ces engins, c’était un peu comme allumer un feu en pleine nuit dans une prairie alors que l’on a des poursuivants aux trousses. Cela revenait à dire « Je suis là, vous pouvez venir ! ». C’était stupide, voilà tout.

Malgré tout, ce n’était pas la seule marchandise présente sur ce navire. Et la deuxième était plus qu’intéressante pour la rose. Ces marchands vendaient également des animaux et ça, ça lui plaisait. Elle avait pratiquement supplié les vendeurs pour les avoir et avait littéralement craqué sur deux petites bêtes qu’elle s’était empressée d’acheter. Holly était maintenant détentrice d’un mignon petit fennec, qu’elle avait surnommés affectueusement Areia. Sa deuxième acquisition étant un moloch minuscule et plus que ridicule pour ces marchands. Elle ne lui avait pas encore trouvé de nom, mais elle ne doutait pas qu’elle y arriverait. Après tout, elle pouvait se montrer douée pour cet exercice. Volpha, pour le moment, n’avait montré aucune hostilité à la vue de ces deux nouveaux animaux, mais la rose sentait que cela ne durerait pas. La louve pouvait se montrer caractérielle quand elle le voulait. En soupirant, elle se retourna pour observer l’horizon, Areia dans les bras. Elle était arrivée ici en barque, elle n’allait donc pas tarder à repartir, espérant qu’elle pourrait retrouver son équipage rapidement. Une voix derrière elle se fit entendre et elle n’y aurait pas prêté attention si celle-ci n’avait pas prononcé son nom. Se retournant doucement, elle observa le nouvel arrivant, le détaillant du regard avant de froncer les sourcils à l’entente des mots « chasseur de prime ». Elle était bien tombée là.

Il n’était pas si imposant que ça, ce Noctis. Enfin, selon elle. Les apparences étaient trompeuses, elle le savait bien. Son attitude était calme, pas comme si il allait lui sauter dessus pour la tuer en un seul coup. Pourtant, la petite boule de poil s’était raidie. Peut-être avait-elle simplement peur ? La rose n’y prêta pas attention, souriant à son interlocuteur.

-Nakata n’a jamais parlé de vous, mais bon, enchantée.

Elle voulait se montrer un minimum amicale, même si elle n’avait pas totalement confiance. Après tout, c’était facile de se dire ami de telle ou telle personne.

-Que me voulez-vous ?

Sa voix s’était faîte un peu plus froide et elle attendit la réponse du chasseur, espérant ne pas devoir en venir aux mains. Elle avait envie de rentrer rapidement.

Les roses meurent, et le secret se trouve dans la douleur. Les vents soufflent dans les hauteurs des collines. Je ne t’entends pas. Viens m’enlacer fermement, je frissonne au coeur de la pluie. Les ténèbres s’installent alors que j’appelle l’aube.

La froideur de l'âme

Un sourire se dessina sur le visage de son interlocuteur, après qu’elle ait pris la parole. Qu’est-ce qui le faisait sourire ? Elle aurait bien aimé le savoir. Surtout qu’il ne répondait pas à son interrogation. Elle allait réitérer sa demande quand ce Noctis se mit à se tordre dans tous les sens, ne tardant pas à se coucher sur le pont en riant. La demoiselle écarquilla les yeux, regardant la scène sans vraiment la comprendre. Plusieurs marins avaient même arrêtés leurs activités pour regarder ce chasseur de primes se rouler par terre de rire. Avait-elle dit quelque chose de si drôle que ça ? Pas à sa connaissance, à part s’ils n’avaient pas la même conception de ce qui était amusant. Mais de là à se rouler par terre, c’était tout de même exagéré. La rose attendit donc qu’il se calme, un air agacé sur le visage. Ce type venait lui parlait et se roulait ensuite par terre, c’était quoi la logique là-dedans ? Il n’y en avait aucune et c’est ça qui l’ennuyait profondément. Le manège dura environ deux minutes avant qu’il ne s’arrête, à plat ventre sur le pont. La rose se serait bien inquiétée de son état après une crise de rire aussi importante si elle n’était pas certaine qu’il ne se fichait pas d’elle. Elle n’avait aucune certitude, donc il pouvait crever, elle s’en fichait complètement.

La rose fronça les sourcils en voyant un chat sortir du manteau de Noctis, se demandant comment il avait fait pour ne pas être écrasé lors des roulades de son maître par terre. Et puis, qu’est-ce qu’il fichait ici aussi ? C’était plus qu’étrange comme cachette pour un félin. Encore, un petit animal, ça pouvait passer, mais un chat c’était un peu gros. Le chasseur partit dans un monologue sur son chat, avant de le mettre sur son épaule, son corbeau reprenant sa place également. Elle n’avait pas vraiment prêté attention au volatile, mais s’en désintéressa rapidement quand Noctis partit dans une réplique digne d’un roman à l’eau de rose. Un navet, bien évidemment. Il ne suffisait pas d’avoir des paroles, il fallait aussi le montrer. Et limite écraser son chat quand on se roule par terre, ça ne montre pas vraiment qu’il voulait rester unis à lui. Loin de là. La rose amorçait un pas vers l’endroit où se situait sa barque avant que la voix de Noctis ne l’interrompe. Il voulait la tester ? C’était la meilleure celle-là. Surtout qu’il ajoutait que ce n’était pas pour sa prime. Etait-il idiot au point de croire qu’elle tomberait dans le panneau ? Ou était-il tout simplement sincère et qu’il s’exprimait d’une manière bancale ? Les deux choix étaient intéressants, même si elle penchait plus pour le premier. Après tout, il fallait toujours se méfier, surtout d’une personne qui criait haut et fort qu’il était chasseur de prime face à une pirate primée. C’était stupide, mais il l’avait fait. Un petit sourire se forma sur ses lèvres, alors que Volpha commençait à grogner. D’une petite tape sur le crâne, elle la calma, avant de poser sur son dos Areia qui rejoignait ainsi le moloch. Il voulait combattre ? Elle allait donc accepter.

-Pour le tutoiement, vous faites comme vous voulez.

Son sourire s’agrandit par la suite, prenant néanmoins une teinte légèrement plus menaçante.

-Un combat me permettra de rester en forme.

Elle mit alors la paume de sa main devant elle, créant ainsi un tourbillon de cristaux qui partit en direction du chasseur. Yukinokesshō était devenu l’un de ses classiques en matière d’attaque.

Les roses meurent, et le secret se trouve dans la douleur. Les vents soufflent dans les hauteurs des collines. Je ne t’entends pas. Viens m’enlacer fermement, je frissonne au coeur de la pluie. Les ténèbres s’installent alors que j’appelle l’aube.

La froideur de l'âme

Elle avait été certaine de son attaque, pourtant, il fallait bien l’avouer, il avait plus que bien paré celle-ci. La rose écarquilla les yeux à la suite de son geste et du bruit qui parvint à ses oreilles par la suite. Ce type avait réussi à transformer sa main en une sorte d’instrument et à utiliser le son comme protection. Ça ne pouvait être que l’œuvre d’un fruit du démon, elle en mettrait sa main à couper. La suite s’annonçait un poil plus ardu, surtout que les techniques de ce Noctis allaient la surprendre, elle le savait d’avance. Après tout, elle et les instruments de musique ça faisait deux. Voir trois même. Il prit la parole ensuite, lui laissant à peine le temps de se remettre en position défensive. Les paroles du jeune homme n’étaient pas des plus rassurantes, surtout quand il parlait de dresser ses propres animaux contre elle. Certes, elle ne possédait pas Areia et son moloch depuis longtemps, mais elle connaissait Volpha depuis que celle-ci était née, il n’y avait donc aucun danger. Enfin, c’est ce qu’elle croyait.

Les animaux du chasseur de primes partirent rapidement, alors que celui se mettait à rire d’un rire qui ne la rassurait pas le moins du monde. De nouveau, une partie de son corps se transforma en un instrument de musique tandis que la demoiselle se tenait prête à contre-attaquer. Après tout, elle n’allait pas se laissait faire, cela aurait été plus que stupide. Le son qui sortit de l’instrument était plus que banal, mais les paroles de Noctis l’incitèrent à se méfier. En effet, à peine quelques secondes après elle ressentit comme une sensation étrange au niveau de sa main. Ecarquillant les yeux, la rose constata qu’Areia se mettait à la mordre. Volpha, quant à elle, s’était tournée vers elle, découvrant ses crocs. Serrant les poings, la rose ne bougea pas quand la louve essaya de l’attaquer, la laissant passer à travers elle. Les assauts de Volpha et Areia étaient voués à l’échec, mais elle n’aimait pas cette situation. Il voulait combattre contre elle ? Très bien, mais il n’avait pas à impliquer ses animaux dans le combat. Il n’avait donc pas assez de cran pour l’affronter en un contre un ? C’était pitoyable, tout simplement pitoyable. Elle n’allait pas s’en prendre à ses animaux, c’était hors de question. Peut-être qu’elle pourrait tourner les attaques de Volpha à son avantage, mais elle en doutait tout de même. Elle ne voulait pas prendre le risque qu’elle se fasse blesser. Insultant plus que copieusement son adversaire, la demoiselle amorça un mouvement vers le mât, derrière lequel elle l’avait vu se réfugier. N’avait-il aucun courage ? Elle le méprisait. Ce type arrivait, fanfaronnait devant elle et finalement utilisait un subterfuge pour ne pas avoir à se battre. Elle n’avait pas demandé le combat elle, il n’avait qu’à assumer ses paroles. Néanmoins, une nouvelle mélodie parvint à ses oreilles, une mélodie qui lui semblait triste, une mélodie qu’elle avait l’impression d’avoir déjà entendu. Sans vraiment comprendre, son esprit partit loin dans ses souvenirs, revenants sur des points douloureux de son passé. Elle n’avait été qu’un boulet dans son enfance, mettant sa vie en danger et celle des autres. Son rêve aussi n’était que foutaise, elle n’arriverait jamais à retrouver ceux qui avaient tué sa mère. Tout ça n’était que des idioties.

La sensation de morsure se fit à nouveau sentir et la rose immergea peu à peu, secouant la tête pour se débarrasser de ses pensées négatives. Elle ne comprenait pas. Ce n’était pas son genre après tout. Elle, elle était la fille optimiste, pleine de joie de vivre. Elle était celle qui redonnait le sourire aux autres. Fronçant les sourcils, son regard se porta vers le mât. Peut-être était-ce lui, le fautif. Lui, qui était la cause de toutes ses pensées défaitistes. Ce type avait un pouvoir plus qu’étrange. Serrant les dents, la rose se mit à réfléchir à toute vitesse, essayant de trouver un moyen de l’attaquer et le finir rapidement. Il l’avait agacé et elle n’avait qu’une envie : quitter cet endroit. Et avec des animaux sains d’esprit. Expirant de manière brusque, la rose utilisa Aisusōdo, forma ainsi son épée. C’était un moyen comme un autre.

Les attaques de Volpha étaient plus qu’irritantes et c’est à contrecœur que la demoiselle l’envoya contre la rambarde du navire, l’assommant au passage. Dans un même mouvement, elle vérifia le moloch et descendit Areia. Elle essayerait sans doute de l’attaquer encore mais là, elle avait d’autres chats à fouetter. S’approchant rapidement du mât, la demoiselle se trouva sur le côté gauche de Noctis, la colère se reflétant sur son visage.

-Si tu veux te battre, fait le de manière loyale. N’implique plus mes animaux dans ce combat.

Elle l’avait tutoyé, oubliant l’espace d’un instant les règles de politesse que sa mère lui avait inculqué. Là, elle s’en fichait éperdument. Ces règles n’avaient plus leurs places ici. En fronçant les sourcils elle abattit son épée, tentant de le trancher à la verticale avant de se reculer. Elle avait bien envie de voir sa contre-attaque.

Les roses meurent, et le secret se trouve dans la douleur. Les vents soufflent dans les hauteurs des collines. Je ne t’entends pas. Viens m’enlacer fermement, je frissonne au coeur de la pluie. Les ténèbres s’installent alors que j’appelle l’aube.

La froideur de l'âme

Ami ou non de Nakata, elle allait le tuer. Personne n’avait le droit de s’en prendre à ses animaux et surtout pas à un loup. L’espèce qui l’avait sauvé de la solitude, celle envers qui elle était reconnaissante. Toucher à une descendante du louveteau qu’elle avait sauvé étant petite était comme une déclaration de guerre. Il voulait un combat pour la jauger ? Très bien, mais il n’avait pas à inclure Volpha là-dedans. Ni le moloch, ni Areia.

Son attaque avait été un échec cuisant, surtout qu’il l’utilisa à son avantage, se transformant ainsi en une sorte de cloche, résonnant de manière assourdissante à son contact. La rose grimaça, essayant de s’éloigner rapidement. Elle avait perdu son épée dans sa fuite précipitée, se concentrant essentiellement sur ses oreilles en grimaçant. Ça faisait mal son truc après tout. Ses oreilles bourdonnaient et elle mit quelques secondes avant de se ressaisir, reprenant le fil du monologue du chasseur de primes. Il était déçu ? Holly s’en fichait éperdument. Elle n’était pas là pour le satisfaire après tout, juste pour combattre un peu avant de retourner auprès de son équipage. Elle fronçant les sourcils au reste du discours, serrant les dents pour retenir une réplique cinglante face au fait qu’il dise s’ennuyer. S’il s’ennuyait tant que ça, il n’avait qu’à partir, elle ne le retenait pas. La demoiselle pouvait même l’aider s’il le voulait. Le reste se déroula comme s’il désirait partir et elle le regarda faire, restant tout de même sur ses gardes. Après tout, il pouvait lui jouer un sale tour, comme avec ses animaux. La rose jeta d’ailleurs un petit coup d’œil inquiet vers la louve qui était assommée non loin d’elle. Ce type avait osé la toucher, il allait payer. Elle était certes trop protectrice envers eux, mais c’était naturel pour elle. Il ne fallait pas chercher plus loin.

Le bruit des coups de feu attirèrent son attention et elle se maudit quelques secondes pour cette inattention maladive. C’était toujours comme ça, elle était toujours distraite pour un oui ou un non. La rose écarquilla légèrement les yeux en remarquant la trajectoire des pistolets de Noctis. Tirer vers le sol ? A quoi cela rimait ? Il voulait voir s’il pouvait percer la coque ? Il était stupide ou quoi ? Quatre questions en l’espace de quelques secondes, voilà qu’il la faisait réfléchir un minimum sur son comportement. Ou tout du moins il la consternait. Sans vraiment comprendre, elle crut entendre un bruit étrange, comme une pierre qui ricoche, sans vraiment y prêter attention au départ. C’était stupide, des balles ne pouvaient pas ricocher après tout. Pourtant ce type n’était pas équipé comme n’importe quel tireur lambda apparemment. Elle eut à peine le temps de voir un nuage noir se propager que celui-ci explosa, la surprenant plus qu’autre chose. Le fait d’avoir son fruit à ce moment-là était plus qu’utile, c’était certain. Sans ça, elle se voyait bien être brûlée ou pire encore. La neige s’éparpilla un peu partout avant de retourner à un endroit précis, reformant le corps de la rose. C’était une expérience plus que désagréable pour elle, même si elle préférait ça au fait de devoir subir une intervention à cause d’une brûlure trop importante.

Après qu’elle eut retrouvé son corps normalement constitué, son regard se porta sur la silhouette du noiraud, ses yeux prenant une teinte de fureur mêlée à de la peur. Ce type se tenait là, sur Volpha, son pistolet prêt à faire feu sur celle-ci. Un léger tremblement s’empara de son corps et il lui fallut toute la volonté du monde pour réussir à se contenir et ne pas lui sauter à la gorge directement. Elle allait le tuer, le dépecer, éparpiller ses morceaux dans l’océan et retrouver sa vie d’avant cette rencontre. Elle n’aurait qu’à faire comme s’il ne s’était jamais rien passé après tout.

La demoiselle écouta sans vraiment comprendre les paroles du chasseur, mettant plusieurs secondes avant que son cerveau analyse et interprète ces informations. Il était sérieux dans ses questions ? Très bien, alors elle répondrait avec la plus grande sincérité.

-Cet animal, comme tu le désignes, est celui qui me permet de vivre la tête haute et de ne pas regretter mon passé. Il est celui qui m’aide et me soutient, celui qui m’inspire et pour lequel je veux me battre. C’est mon meilleur ami, mon confident.

Elle inspira de manière bruyante, se fichant d’être discrète ou non. Après tout, elle mettait des mots sur ce qu’elle ressentait. Cela pouvait paraître pitoyable, mais Volpha était tout ça. Sans elle, elle n’aurait jamais eu le courage de quitter Dwarf Town après tout.

-Pour Nakata, tu n’auras qu’à lui demander toi-même. Après tout, tu es son ami, pourquoi te priver de lui rendre visite ? A part si bien sûr tu mens et là, je n’ajouterai rien de plus.

C’était un pari risqué, surtout qu’il était en position de force là, même si elle se préparait à toute éventualité. Elle avait l’impression de jouer à la roulette russe et que c’était elle qui était en danger de mort. Après tout, Volpha était tout de même une part de son être même si elle faisait partie du monde animal. Mais après tout, les hommes descendent bien des singes. Ou tout du moins, c’est ce qu’on dit.

Les roses meurent, et le secret se trouve dans la douleur. Les vents soufflent dans les hauteurs des collines. Je ne t’entends pas. Viens m’enlacer fermement, je frissonne au coeur de la pluie. Les ténèbres s’installent alors que j’appelle l’aube.

La froideur de l'âme

Elle était tendue, se tenant néanmoins prête à toute éventualité. Là, elle jouait avec la vie de Volpha et elle n’aimait pas ça. La rose avait peur, terriblement peur. Il pouvait lui tirer dessus, s’acharner contre elle, mais en aucun cas il n’avait le droit de toucher à la louve. Cet animal était tout ce qu’il lui restait de son passé sur North Blue. En elle, elle avait l’impression de toujours être proche de cette île au climat si changeant. Ses mains se mirent légèrement à trembler lors de l’attente de la réponse du chasseur. Etait-il satisfait ? N’avait-elle pas été trop imprudente ? Elle ne pouvait pas, ou tout du moins ne voulait pas, croire qu’un homme se baladant avec un corbeau et un chat était quelqu’un de mauvais envers les animaux. Pourtant, les humains étaient des personnes plus qu’étonnantes. Ce ne serait pas le premier qu’elle rencontrerait qui serait un paradoxe à lui tout seul. Même si elle préférerait éviter ce paradoxe à l’heure actuelle. D’un geste nerveux elle se mordit la lèvre inférieure, sursautant légèrement lorsqu’il prit la parole. Les mots qu’il utilisa la firent tressaillir et elle amorça un geste désespéré vers son animal à la fin de ceux-ci. Holly perdait ses moyens, ne réfléchissant plus, voulant simplement empêcher ce type de faire du mal à sa louve. Il n’avait pas le droit de faire ça après tout, c’était son animal, même si la louve avait encore en elle un petit côté sauvage.

Un petit cri sortit de sa gorge quand elle le vit presser la gâchette de son pistolet. Tout semblait se dérouler au ralenti. Elle avait l’impression de voir la balle sortir et avancer doucement vers le crâne de l’animal au sol, sans défense. La demoiselle avait l’impression de voir jaillir le sang de l’animal, que son dernier souffle de vie partait au même moment. Le monde semblait s’écrouler autour d’elle. Clignant des yeux pour empêcher ses larmes de couler, la rose remarqua que cette scène, si horrible pour elle, n’était qu’une illusion créée par son cerveau. Une peur qui avait pris le dessus l’espace de quelques secondes. Volpha ne semblait pas être touchée. Elle n’avait pas bougé, restant au sol, assommée. Les yeux de la rose se levèrent lentement vers Noctis, le regardant avec incompréhension. Il n’avait jamais voulu la tuer ? Tout ceci n’était qu’une mise en scène pour la faire parler sous le coup de la peur ? Ce type était une ordure. Mais une ordure qu’elle appréciait un minimum. Après tout, il n’avait pas tué Volpha et elle lui en était reconnaissante. Même si l’intention y était au départ.

La demoiselle avança avec méfiance, écoutant vaguement le chasseur de primes sortir un « bye ». Ses yeux s’écarquillèrent légèrement quand elle le vit diriger son deuxième pistolet sur le sol, se préparant à contrer une nouvelle entourloupe. Qu’est-ce qu’il allait encore faire ? Il ne pouvait pas partir comme tout le monde ? Ce type avait quoi ? Un besoin de se sentir mystérieux ou supérieur ? Le peu d’estime qu’elle avait pour lui s’envola alors qu’il tirait, dégageant par ce tir une quantité plutôt importante d’un gaz opaque. Enfin, elle ne distinguait pas vraiment et n’aurait pas su identifier ce que c’était. Holly n’avait pas trop la tête à ça et préférait se concentrer sur la louve qui était au sol, non loin d’elle. Ce nuage était d’ailleurs plus que problématique pour la retrouver et elle avança à tâtons, s’agenouillant quand elle se sentit proche d’elle. Une toux forte la prit lorsque ce gaz se dissipa. Sûrement dû à un excès d’exposition à celui-ci. D’un geste las elle commença à caresser le pelage familier, s’arrêtant lorsqu’elle aperçut le moloch sur celui-ci. Cette petite bête s’était accrochée aux poils de la louve durant toute cette rencontre. Un léger sourire éclaira le visage de la rose alors qu’elle attrapait Areia, toujours installée au même endroit depuis le début. La petite boule de poils la regardait sans vraiment comprendre pourquoi on la dérangeait, prenant néanmoins un air plus que mignon lorsque la rose se mit à la caresser. Mi- sauvage, mi- domestique, ce fennec était une petite perle.

Holly attendit un petit moment là avant qu’un grognement attira son attention. Sa tête pris une expression inquiète lorsqu’elle regarda la louve se redresser doucement, secouant sa tête comme pour remettre ses idées en place. Ils avaient les mêmes mimiques au fond. Un sourire repris sa place sur son visage à cette pensée et elle caressa le sommet du crâne de la louve, attirant son attention par la même occasion.

-Hey toi.

Ces mots n’avaient été qu’un murmure sans vraiment d’importance, pourtant la louve redressa ses oreilles à l’entente de ceux-ci, attendant sans doute la suite. Un petit rire franchit les lèvres de la rose alors qu’elle se penchait vers la louve, l’entourant de ses bras délicatement après avoir fait descendre Areia. Elle était heureuse. Elle avait retrouvé la Volpha normale.

-Je suis désolée pour tout à l’heure …

Une petite larme coula sur ses joues et elle l’essuya rapidement, s’éloignant de la louve par la même occasion. La demoiselle était plus que sensible quand il était question de ses animaux.

-Tu te sens prête pour rejoindre les autres ?

Sa question n’eut pas à attendre longtemps avant de recevoir une réponse car la louve se leva presque instantanément, tanguant néanmoins sur ses pattes quelques secondes avant de trouver un véritable équilibre. La rose se leva à sa suite, vérifiant si son moloch était toujours à sa place avant d’attraper Areia dans ses bras. Il ne lui restait qu’à monter sur sa barque et retourner sur l’île qu’elle apercevait non loin de là. L’aventure reprendrait son cours normal ensuite.