Il s’était désormais passé quelques semaines depuis la venue de l’étranger qui avait mangé le zoan du phœnix et Kiru avait désormais repris la totalité de ses forces. Depuis ce jour il s’entrainait de plus en plus dur afin de s’améliorer et de devenir plus puissant. Il fallait qu’il réussisse à le faire afin de pouvoir protéger ses amis et tous ceux à qui il tenait. Il savait que si le phœnix avait utilisé la totalité de ses capacités face à lui, il n’aurait eu aucune chance de vaincre et aurait perdu, laissant subir aux villageois tout ce que l’étranger aurait voulu. Et plus encore il savait qu’il existait par-delà les mers des hommes encore bien plus fort que cet homme venu sur cette île perdue au milieu de West Blue. Il comprenait qu’un écart immense le séparait de nombres de personnes et qu’il lui restait un long chemin à parcourir avant de pouvoir s’aventurer sur ces mers et tenter d’accomplir ses objectifs.
 
            Il s’entrainait donc sans relâche, frappant des rochers, courant dans la forêt, esquivant, se jetant sur des arbres. Il se faisait parfois même souffrir afin d’entrainer tant sa résistance que sa vitesse, sa force ou ses techniques. Quelques changements avaient eu lieu depuis ce combat notamment au niveau des rapports avec les villageois, les premiers jours ils n’osaient pas trop lui parler, certains l’évitaient même. La seule qui gardait avec lui le même comportement qu’elle avait toujours eut était Caril, toujours aussi gentille et généreuse. Il avait passé deux jours au village avant que Jiro ne viennent voir ce qu’il se passait et l’emmène finalement dans la forêt, de nouveau chez lui afin de le soigner. Il mit une bonne semaine à recouvrer la totalité de ses capacités et dès lors il intensifia ses entrainements d’une manière qui laissait Jiro sceptique quant aux séquelles qu’il pourrait avoir s’il s’avérer que cet entrainement fut trop intensif. Il avait tenté de dissuader son protégé mais la seule personne qui y réussissait était la jeune femme qui le visitait environ deux à trois fois par semaine. Kiru essayait de comprendre les sentiments qu’elle avait pour lui tout comme les siens envers elle d’ailleurs. La seule chose qu’il savait était qu’il se sentait bien en sa présence et qu’il ferait tout pour la protéger.
 
 
            Tout se passait ainsi jusqu’au jour où Caril demanda à Kiru de l’accompagner sur la plage. Le Golem n’y voyait aucun problème mais s’inquiéta quand même de l’apparente nervosité de la jeune femme. Il la suivit tout de même jusqu’à la plage de sable fin sans faire part de ces inquiétudes, attendant tranquillement de voir ce qu’elle voulait lui dire. Ils arrivèrent sur le bord de l’eau tandis que le soleil se préparait à se coucher, les éclairant ainsi d’une lueur rougeâtre. Ils s’assirent sur le sable chaud sans dire un mot, Kiru observa une nouvelle fois son amie dont le regard semblait plongé dans l’admiration du paysage. La lueur qui éclairait la jeune femme actuellement la rendait absolument éblouissante et lorsqu’elle tourna les yeux vers lui le sentiment de lien puissant qu’il avait avec elle atteint son paroxysme. Elle le fixa quelques secondes avant de lui dire d’une voix hésitante :
 
            Ecoutes Kiru il y a quelque chose que je veux te dire mais je ne trouve jamais la manière, alors je t’ai écrit un poème!
 
            Sur ces mots elle prit les mains de Kiru dans les siennes et après une grande inspiration se lança d’une voix mélodieuse :
 
                            La vie n’a un sens
                            Que lorsqu’on la partage
                            Et au fond de moi je pense
                            Qu’il est temps d’ouvrir la page
                            A une histoire plus belle
                            A une vie plus sereine
                            Fais de moi ta donzelle
                            Ou bien même ta reine
                            Peu m’importe mon destin
                            Même si je ne possède rien
                            Tant que tous les matins
                            Je puisse me raccrocher au tien
                            Comprends-tu mon ami
                            Les sentiments qui me rongent
                            Je voudrais que pour la vie
                            Ils sortent de mes songes
                            Au nom de l’amour
                            Comme certains l’ont appelé
                            Je voudrais pour toujours
                            Pouvoir t’appeler mon bébé!
 
            Sur ces mots finaux la voie de Caril défaillie et des larmes commencèrent à couler le long de son visage. Elle ouvrit la bouche, voulant parler mais n’en eu pas le temps puisqu’elle reçut un baiser. Kiru avait agi instinctivement, il n’aurait su expliquer pourquoi mais il en avait juste eu envie à ce moment-là. Il embrassait donc la jeune femme et cela l’emplissait de bonheur, il aurait juste voulu ne jamais quitter ses lèvres mais le désir de la regarder une nouvelle fois devenait de plus en plus fort. Il mit donc fin à cet échange intime pour pouvoir admirer une nouvelle fois ce visage qu’il admirait tant. Prenant le visage de la jeune femme entre ses mains il la regarda dans les yeux, gravant chaque détail du moment actuel afin de s’assurer de ne jamais l’oublier. Finalement il la serra dans ses bras, une nouvelle fois sa seule présence auprès de lui le faisait se sentir heureux. L’amour avait-elle dit, Le Golem en avait déjà entendu vaguement parler, mais il n’en connaissait rien jusqu’à maintenant visiblement. Si ce sentiment était réellement l’amour il priait pour que jamais il ne cesse car c’était la première fois qu’il se sentait aussi bien depuis sa naissance. Les deux jeunes se sentaient si bien l’un contre l’autre sur le sable chaud et bercée par le son des vagues qu’ils finirent même par s’endormir là, leurs corps serrés l’un contre l’autre comme s’ils ne voulaient plus jamais être séparés.
 
 
            Au matin lorsque Kiru se réveilla il regarda celle qu’il appellerait désormais sa bien-aimée, resplendissante dans son sommeil. Il ne bougea pas d’un pouce, se contentant de la contempler et ayant trop peu envie de la réveiller pour tenter un quelconque mouvement. Finalement au bout de quelques minutes Caril ouvrit les yeux à son tour, ses yeux si profonds fixant le visage du Golem tandis qu’elle semblait vouloir le serrer encore plus fort dans ses bras, comme si elle avait peur de le voir partir. Kiru la fixa dans les yeux avant de lui dire :
 
            Je ne peux pas te promettre de rester éternellement sur cette île mais je te promets de toujours revenir et de toujours te protéger.
 
            Je sais, désormais c’est toi et moi contre le monde.
 
            Sur ces mots ils se resserrèrent l’un contre l’autre, contemplant l’horizon bercé par les vagues. Lorsqu’ils rentrèrent à la maison de Jiro ils lui annoncèrent leur nouvelle proximité et avec son accord convinrent qu’il serait mieux pour Caril d’emménager avec eux au lieu de faire le chemin depuis le village tous les jours. Surtout que les deux amoureux ne voulaient plus passer un seul instant sans l’autre. Par la suite la jeune femme s’installa avec Kiru, aidant Gaya à entretenir la maison et les alentours tandis que Le Golem et Jiro reprenaient des entrainements plus spécifiques. Les deux tourtereaux retournaient souvent sur la plage où avait réellement commencée leur histoire, désormais c’était leur plage et leur meilleur souvenir.