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[Léger flashback] Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué. [PV Suki]
Fenice Nakata
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Sam 7 Sep - 20:04

[Léger flashback] Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué. [PV Suki] 11571410


« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Poussant un soupire tout en fixant l'énorme rocher flottant qui lui faisait face, Nakata s'étira en grommelant. Devoir utiliser son pouvoir pour voler, afin de monter jusqu'à cette île suspendue par un si gros dirigeable ne lui faisait pas réellement plaisir, en fait. Il n'était pas réellement fan de cet endroit, même si d'un point de vue technique, il relevait du miracle... Non, lui, le peintre qu'il était préférait largement les paysages verdoyants, vivants, remplis d'animaux sauvages. Il avait toujours été proche de la nature et ici, à part quelques oiseaux, quelques arbustes et des touffes d'herbes çà et là, il n'y avait rien de marquant... Donc au final, ce n'était pas vraiment le problème de l'altitude qui se posait, mais plutôt celui de ce rocher désertique. Bien entendu, monter par l'échelle aurait pu être une solution, dans le cas contraire... Comme tout humain normalement constitué, d'ailleurs, ou presque. Décidant d'adopter sa forme totale, le Fenice se changea alors, et en quelques centièmes de secondes seulement, en un énorme oiseau flamboyant, de couleur bleue et or. Il battit des ailes et se souleva sans difficulté, quittant son navire pour s'envoler, ne reprenant son apparence habituelle qu'une fois arrivé sur l'énorme caillou. Se retournant, le blondinet regarda le MOT calmement. Méliandre, Holly et Damon devaient toujours y être. Ils n'avaient de toute manière pas grand-chose à faire sur cette île, depuis leur arrivée... Il y avait bien eu ce combat face aux forbans qui s'en étaient pris à la rose pendant son enfance et l'entraînement du combattant au haki de l'armement mais, à part ces deux événements, tout avait été incroyablement morne et plat. Mais suivant le regard que l'on décidait de porter sur les choses, il pouvait aussi s'agir d'un véritable coup de chance : le maudit et ses camarades n'ayant quitté la guerre peu de temps auparavant, et le capitaine n'étant sortit de cet étrange coma que depuis cinq ou six jours, un peu de repos n'avait de toute façon pas pu leur faire de mal. Mais un peu d'aventure ne l'aurait pas pour autant dégoûté : c'était en partie pour cela qu'il avait choisi cette vie de hors-la-loi, de rebut de la société, de criminel activement recherché...

Autrement dit, ce que voulait le musicien, c'était de l'action. Mais ce jour là, il ne se doutait pas le moins du monde que sur ce plan là, il allait clairement être servi... Décidant d'aller faire un tour dans les galeries de Peace Land, où les êtres vivants étaient un peu plus nombreux qu'en surface, l'ancien gouvernemental se dirigea vers l'une des grottes qui menait vers l'intérieur du rocher géant. Celle-ci, éclairée de quelques torches, permettait aux voyageurs de s'aventurer sans peine. La galerie qu'il emprunta n'était pas très grande. Deux mètres cinquante de haut pour deux mètres de large seulement, à tout casser... Mais au bout d'une cinquantaine de marches, il arriva alors à une sorte de cité rocailleuse, dans une cavité beaucoup plus large que précédemment. Légèrement époustouflé, Nakata fit quelques pas en direction de la première ruelle qui semblait l'accueillir à bras ouverts avant de s'arrêter brutalement. Il venait d'avoir la fâcheuse impression qu'on l'observait, qu'on épiait ses mouvements... Balayant l'endroit du regard, il ne trouva cependant strictement rien le confortant dans cette thèse. Il avait sans doute du rêver, halluciner... Légèrement soulagé, le garçon reprit la route tranquillement, regardant les bâtisses qui défilaient. C'était vraiment étrange, comme endroit... Quand on y pensait, les créateurs de ce dirigeable avaient dû calculer tout un lot de paramètres pour permettre aux gens de vivre ici, que ce soit sur ou à l'intérieur de Peace Land... Le Fenice ne s'arrêta pas pour autant et continua sa progression, cherchant tout simplement une auberge ou une taverne où il pourrait prendre un verre et réfléchir un peu sur la suite de ses aventures, avec le reste de Tengoku no Seigi. Hato était parti avec Elisabeth, pendant son sommeil... Apparemment, il avait pris la mer sur un radeau tout de suite après la mort d'Harushige, sans prendre la peine de s'en aller avec le reste de ses nakamas. Le capitaine ne le prenait cependant pas mal. Il comprenait la nécessité de ce dernier à cacher sa fille... Elle courrait un grand danger, si elle n'était pas capable de se défendre, à leurs côtés...

Mais alors qu'il songeait à tout et à rien, le maudit fut contraint d'arrêter son chemin. En effet, surgissant d'une maisonnette sur sa gauche, deux hommes se précipitaient sur lui. Le premier, assez grand, un peu plus que lui, soulevait une masse qu'il prévoyait sans doute d'abattre sur le crâne du primé. Le second, nettement plus petit, tenait une lance et souhaitait visiblement transpercer le même blond pour lui faire expirer son dernier soupire. Même si la surprise était au rendez-vous, Nakata n'allait pas se laisser faire et mourir aussi bêtement... Bloquant la masse d'un mouvement du bras, en amplifiant ce dernier avec le haki de l'armement pour éviter de se blesser bêtement, il écarta le premier des deux et pu ainsi attraper le manche de la lance du second avant que celle-ci ne le transperce. Tirant un coup sec, il força celui qui était certainement un chasseur de prime à perdre l'équilibre, tombant en avant, refusant de lâcher son arme. C'était une base, dans un combat comme celui-là : désarmé, il était mort. Mais malheureusement, se laisser tomber n'était pas réellement une meilleure solution... Sans aucune difficulté, le Fenice vint lui donner un coup de genoux dans le visage, le renvoyant d'où il venait en prenant la lance plus fermement. Le premier des deux gars, celui qui se battait avec une masse, venait de reprendre son équilibre et souhaita frapper le Supernova d'un coup horizontal. Il n'y parvint pas : ce dernier lui transperça l'avant-bras droit avant qu'il ne le touche, le forçant à lâcher sa massue en poussant un hurlement de douleur. Le pirate lâcha alors l'objet qu'il avait emprunté à l'autre adversaire et il donna un coup de pied sec dans la mâchoire de celui qui ne s'arrêtait pas de beugler, lui brisant deux ou trois dents au passage. Poussant un soupire, le maudit prit la parole lentement :

-Sérieux, les gars... Retournez sur les Seas. C'est un conseil.

Mais celui qui avait goûté à son genou quelques instants plus tard n'était visiblement pas de cet avis... Le nez en sang, il avait réussi à se relever et avait tiré une dague de son manteau. Désormais, il courait en direction du blondinet qui, d'un coup de pied bien placé, lui envoya la masse en plein ventre. Le chasseur de prime s'évanouit directement, abandonnant en quelques sortes son camarade qui sanglotait toujours sur le sol. S'approchant de lui, Nakata attrapa le manche de la lance et la retira d'un coup sec, sans aucune forme de pitié, avant de la jeter par terre un peu plus loin. Il s'approcha un peu plus de l'homme et l'attrapa par le col avant de le soulever lentement, prenant la parole d'un air froid mais étonnamment calme :

-Vous me suiviez, ou vous m'avez attaqué par hasard ?
-Qu... quoi ?

Il avait balbutié ces mots entre deux sanglots, ne comprenant visiblement pas qu'il n'était qu'une larve sur Grand Line. Poussant un nouveau soupire, le Fenice répliqua avec un peu plus de méchanceté dans la voix :

-Est-ce que vous avez décidé de me suivre depuis un moment, ou est-ce que vous ne m'avez vu qu'à l'instant ?
-Nous... Nous venons de te voir, je te le jure ! Laisse moi vivre ! Je... Je veux voir mon fils grandir !
-Alors occupes t'en, plutôt que de t'attaquer à plus fort que toi...

D'un geste sec, le maudit envoya le type au sol et tourna les talons avant de continuer son chemin. La question qu'il avait posée pouvait paraître anodine, mais elle ne l'était pas du tout. De cette manière, il venait de s'assurer que son équipage ne courrait aucun risque : des chasseurs de primes le suivait depuis plus longtemps auraient été de probables sources d'ennuis. Mais comme ceux-là n'avaient, de toute évidence, voulu aucun mal au reste de Tengoku no Seigi, il n'y avait absolument aucune crainte à avoir... Dans le cas contraire, le jeune capitaine aurait été contraint de les tuer, afin de laisser un message clair à leurs possibles alliés. S'il y avait quelque chose qu'il ne tolérait pas, c'était qu'on s'en prenne à ses amis... Les deux autres gars qui venaient de le combattre avaient eu de la chance, au final. Un autre forban de son niveau les aurait probablement tué.


CRÉDIT - FICHE

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Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.
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Fenice Nakata
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Tenshi Taya
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Dim 8 Sep - 14:21

      Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué.

      N'étais-je pas ici pour une raison bien précise ? N'étais-je pas là pour lui ? Tout ce chemin, toutes ces recherches ne pouvaient avoir été veines. Comment le pouvaient-elles ? J'en étais convaincue. Si je me trouvais à cet endroit, à cet instant, si proche de cet individu, c'était qu'il me fallait immédiatement terminer ce que j'avais débuté. Il fallait qu'aujourd'hui, ce soit le début de la fin de la légende du Phénix.



      J'avais profité de mes premiers instants de liberté depuis ma rencontre avec Noctis pour entamer une enquête alléchante au sujet d'une certaine personne à la prime importante et aux pouvoirs intéressants. Je ne savais pas encore grand chose de lui à cette époque. Je connaissais son pouvoir, je connaissais son prix, je savais pourquoi lui. Rien ne fut inutile et le pouvoir du clonage me servit beaucoup. Ainsi, tandis que je faisais des recherches de mon côté, deux moi-mêmes faisaient de même de leur côté et, une fois disparut, toutes leurs trouvailles me revenaient. Un travail trois fois plus rapide. Efficace. C'est pourquoi, il ne me fallut que très peu de temps pour réunir un grand nombre d'informations. Bien sûr, je ne savais pas encore tout, mais j'en savais assez. Cela me suffisait.

      Cet homme avait commencé sa vie de manière plutôt honnête en intégrant les forces du Gouvernement Mondial. Pourtant, il n'hésita pas à basculer du côté de la Révolution. Si cela s'était arrêté ici, je ne serais certainement pas actuellement en train de le traquer. Je n'avais jamais rien eu contre ce genre de personnes. Des hors-la-loi, certes, mais qui avaient un but bien défini et juste. Ils n'étaient pas tous mauvais et tous partaient d'une bonne intention. Néanmoins, l'individu concerné s'était rapidement tourné vers la piraterie intégrant l'équipage d'un Shichibukai, puis créant un équipage de diablotins dont il était le maître, le Satan en compagnie d'un certain Tsukiyo no Hato, un étrange personnage tout aussi diabolique. Cet équipage ne comptait pas encore beaucoup de monde, mais tous ces petits gens semblaient dotés de pouvoirs particuliers, d'une force surhumaine, des adversaires de taille.

      Soudainement, tous ces pirates avaient vu leurs primes doubler, voire tripler en l'espace d'une journée. Certainement quelque chose d'incroyable s'étant déroulé et semblant être étrangement lié avec la mort d'un sanguinaire personnage. L'avaient-t-ils tué ? Probablement.

      J'étais persuadée d'en savoir assez sur cet homme pour pouvoir l'affronter, pour le regarder dans les yeux et lui avouer mes quatre vérités. J'avais donc vite commencé à chercher où ce personnage se trouvait actuellement. Cela fut rapide et précis. Je fus vite sur les lieux, à monter à cette interminable échelle pour atteindre cet affreux rocher qui n'avait, à mes yeux, pas beaucoup d'intérêt. Je fus bien obligée, à un moment, de faire une pause dans ma montée pour boire et manger un en-cas. Assise sur un barreau, je songeais qu'il valait mieux ne pas avoir le vertige.

      Soudainement, une forme singulière apparut non loin de moi. Un oiseau qui semblait être fait de feu bleuté et doré. Je n'eus aucun de mal à le reconnaître et mon avancé se fit soudainement bien plus rapide. J'étais devenue cet animal traquant sa proie. Je montais ce qui me restais en l'espace de quelques minutes, je ne voulais pas le perdre de vue. Hors de question. Pourtant, il y eut bien un moment où je ne le vis plus. Il avait disparut. À cet instant je cru que tout était fini, même si je continuais mon ascension, l'espoir toujours dans le cœur.

      Je parvenais donc précipitamment à bonne hauteur et m'enfonçai tout aussi rapidement dans ce qui semblait être une grotte assez étroite, même si, quelqu'un de ma carrure, n'avait aucun mal à se faufiler. Un avantage parmi tant d'autres. Lorsqu'enfin j'arrivai au bout du tunnel, j'en profitais pour m'offrir une petite pause d'à peine quelques minutes dans le but de reprendre mon souffle et de finir le sandwich que j'avais commencé sur l'échelle. De toute manière, à présent, les minutes n'étaient plus importante. Il ne pouvait pas se volatiliser. Il était là, quelque part, et j'allais le trouver, je le savais. J'allais lui faire regretter d'être venu ici, aujourd'hui. Je ne me doutais pas du tout de ce qui allait m'attendre. Je connaissais la vie de ce personnage, mais sa psychologie me restait étrangère. Pour moi, il n'était qu'un pirate parmi d'autres qui n'avaient ni âme, ni esprit, ni pensée. Il n'était qu'un corps de plus à tuer. Il n'était qu'une prime de plus à remporter. Il n'était pas plus important que tous les autres. Il n'était rien à mes yeux.

      Même si je considérais cet individu comme n'importe quel autre, il était doté d'un pouvoir pour le moins extraordinaire, ayant mangé un fruit lui permettant à présent de se transformer en Phénix. À cet instant, je ne pesais pas encore la puissance de ce pouvoir. Certes, cet oiseau était connu pour renaître de ses cendres, mais cet homme ne pouvait être invincible. Le meilleur moyen de découvrir ce point faible était d'affronter cette personne. Le cerner. Trouver. Partir. Voilà comment je voyais les choses, ayant pour principal but de survivre à cette histoire.

      Je repris ma route après quelques minutes, errant au hasard dans les rues. Je le sentais, il n'était pas bien loin, cet étrange phénomène. Et mon instinct ne me trompa pas. Lorsque j'aperçus enfin sa tignasse blonde, une étrange impression s'empara de moi. Comme si je ne devais pas m'approcher de lui. Alors que je m'apprêtais à faire ce pas, deux hommes surgirent et se mirent face au pirate. L'un portant une massue, l'autre une lance. L'action fut rapide. Le résultat incontestable. En l'espace de quelques secondes, ce diable sur pattes venait de battre ses deux adversaires. Il n'était même pas fatigué. Il n'avait pas l'ombre d'une éraflure.

      Ainsi, avec une grande rapidité, l'un des hommes tomba, inerte, sur le sol et l'autre sanglota comme une petite fille. Je commençais tout doucement à me rendre compte que cet individu pouvait me tuer sans problème, s'il le souhaitait. Pourtant, il avait laissé la vie à ses adversaires. La pitié. Un grand défaut. Jamais de compassion. C'était l'une de mes règles pour la survie. Un ennemi devait mourir, il n'y avait pas d'autre choix. Ce fut sur cela que Fenice Nakata continua son chemin, tandis que je demeurais pantoise, ne sachant que faire.

      N'étais-je pas ici pour une raison bien précise ? N'étais-je pas là pour lui ? Tout ce chemin, toutes ses recherches ne pouvaient avoir été veines. Comment le pouvaient-elles ? J'en étais convaincue. Si je me trouvais à cet endroit, à cet instant, si proche de cet individu, c'était qu'il me fallait immédiatement terminer ce que j'avais débuté. Il fallait qu'aujourd'hui, ce soit le début de la fin de la légende du Phénix.

      Mais avant d'affronter celui-ci, je pris soin de faire apparaître un de mes clones. Si je savais bien une chose, c'était que, si blessures il y avait, elles seraient répercutées sur mes doubles. Si je pouvais en avoir un en bon état, je gagnais déjà beaucoup. Et l'effet de surprise demeurait, ordonnant à mon double de n’agir que lorsque je lui ordonnerais. Cela n'avait pas que des avantages. Ce moi pouvait très bien partir en courant ou ne pas m'obéir.

      Après cela, je pris une profonde inspiration pour balayer tous les doutes de mon esprit. Cela n'eut pas beaucoup d'effet, mais je sortis tout de même de ma cachette, toujours cet étrange impression au ventre. Était-ce la peur ? Je ne pouvais me permettre de ressentir cela face à lui. Et pourtant. Néanmoins, ce fut d'un pas tranquille et assuré que je m'approchais de celui-ci. J'avais pu constater que la surprise ne servait à rien. Je m'arrêtais donc en plein milieu du chemin, face à mon ennemi qui n'était qu'à quelques mètres et ne tardai pas à dégainer mon arme. Non pas que j'aie l'intention de l'attaquer tout de suite, mais plus pour avoir de quoi me défendre. Un sourire moqueur sur les lèvres, je lui dis :

      - Qui l'aurait cru ? Le célèbre Phénix faisant preuve de pitié face à ses adversaires. On ne t'a jamais appris que cela peut être dangereux ?

      Je profitai de ma proximité avec ce pirate pour détailler son visage. Il était encore plus agaçant que sur une photographie. Si je pouvais le gommer, je le ferais probablement sans attendre. Néanmoins, je n'avais pas cette capacité et je devais le supporter. Pour le moment du moins. Prenant une grande inspiration, je recommençai à marcher en direction de mon ennemi, tout en lui disant :

      - Mais je ne suis pas là pour te parler, le piaf. Tu dois bien t'en douter.


      Sur ces paroles, je pressai le pas et me mit à courir dans sa direction. Je ne doutais pas qu'il puisse facilement éviter ce premier assaut, qui n'en était pas vraiment un. Ce que je voulais ? L'approcher le plus possible, voir de moi-même à quoi il ressemblait de près, mais, surtout, ne pas me faire piéger tout de suite. Ne pas être trop prévisible me paraissait un bon moyen d'éviter cela.

      Mon arme prit rapidement la direction de la gorge de mon adversaire mais, au dernier moment, celle-ci se détourna de son chemin et se dirigea plutôt vers la tignasse blonde de mon ennemi. À défaut d'être son bourreau, je pouvais devenir son coiffeur.




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>> Dans la vie, il ne s'agit pas nécessairement d'avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes. <<

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« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Nakata venait tout juste de se débarrasser de ce duo de gêneur, dont l'un des deux membres continuait de geindre comme un enfant ayant perdu sa mère au milieu d'un marché, qu'il reprit son chemin tranquillement. A choisir, il aurait largement préféré avoir deux ennemis digne de ce nom, qui auraient pu l'occuper un minimum... Mais ceux-là faisaient vraiment partie intégrante du bas de gamme, du commun des chasseurs de primes. Sans doute ils n'avaient jamais réussi à capturer quelqu'un possédant une mise-à-prix au-delà d'une dizaine de millions de berrys, et qu'ils avaient cru que la chance leur souriait tout simplement... Quel sottise. Attaquer quelqu'un par surprise était une très bonne chose, une tactique judicieuse... En temps normal. Sur Grand Line, par contre, cela devenait tout de suite beaucoup plus dangereux : en général, les combattants digne de ce nom étaient toujours méfiants et prêts à affronter leurs possibles ennemis, ce qui était le cas du Fenice. A fortiori, les Supernovas étaient pour la plupart habitués à des tentatives d'assassinat éclair... Si le blondinet avait du compter le nombre de personnes qui avaient voulu prendre sa tête pour devenir riche, il serait toujours à calculer la première moitié. Et une personne vint très vite le conforter dans cette idée : une demoiselle aux cheveux cramoisis se plaça face à lui, à quelques mètres de là, le forçant par conséquent à s'arrêter. Croisant les bras, le pirate la fixa sans rien dire, immobile et calme. Sans aucun doute une autre chasseuse de prime... Ce qui faisait trois en l'espace de deux minutes. Dont deux groupes visiblement distincts, au vu de l'animosité à leur égard quand elle prit la parole. Record battu... Mais peut-être qu'elle avait tout calculer. Peut-être était-elle, au final, leur alliée ? C'était probable, mais quoi qu'il en soit, qu'elle soit avec eux ou contre eux, le forban s'en fichait singulièrement : elle restait une assassin voulant prendre sa tête. Et lui allait devoir lui inculquer les bonnes manières, lui montrer que, bordel, un pirate recherché mondialement, c'est pas quelqu'un avec qui on peut rire.

L'ancien gouvernemental ne bougea pas d'un poil lorsqu'elle le provoqua, après avoir sorti son épée de son fourreau. Debout, droit comme un I, les bras le long du corps, son écharpe placée sur sa bouche de manière à la cacher totalement, les sourcils froncés sous son bandeau de manière à jeter un regard presque fatigué à la jeune fille, il attendit simplement le bon moment pour passer à l'offensive. Et cette pauvre demoiselle le lui offrit sur un plateau. Fonçant dans sa direction, en négligeant nettement sa garde, elle voulut visiblement tenter de lui couper la tête dans un premier temps mais troqua cette première trajectoire du poignet pour une autre, plus haut, visant apparemment les cheveux de Nakata. Ce dernier avait l'habitude de combattre des bretteurs en tout genre : entre Hato et ses entraînements, Harushige et ses combats à mort et même son passé d'épéiste, il avait de quoi faire. Cette fille ne semblait pas avoir de style de combat particulier. Mais elle était apparemment sûre d'elle... Ou suicidaire, au choix. Après tout, il venait de coller une fessée magistrale à deux hommes adultes en bonne forme et une gamine de son style fonçait juste tête baissée... Tant mieux, ceci dit. Cela grillait l'étape des présentations, et le Fenice n'avait justement pas réellement envie de se présenter. D'autant plus que, selon ce qu'elle avait dit quelques instants plus tôt, elle le connaissait déjà. Ce qui, malheureusement, pouvait la mettre dans la pire espèce d'humains : celle de nuisibles à long terme. Poussant un soupire en fermant les paupières, le jeune homme songea qu'il était tout de même temps d'agir. Avec une vitesse fulgurante, il alla trouver l'un des nombreux points faibles d'une attaque si brutale : la tête. Appuyant sa main sur les cheveux de la gamine, il prit appui sur cette dernière et passa tout simplement au-dessus de son épée, avant de passer au-dessus de la propriétaire elle-même. Un saut périlleux supplémentaire et voilà que ses pieds retouchaient le sol, derrière la vilaine étrangère. C'était ça de fait. Néanmoins le maudit ne comptait pas vraiment s'arrêter en si bon chemin...

Pivotant vivement, se doutant bien que la jeune fille ferait de même si, toutefois, elle pensait bien comme un être vivant, il recouvrit son pied de haki de l'armement et tenta de frapper d'un coup sec dans la lame du katana pour forcer sa propriétaire à la relâcher. En effet, une onde de choc trop vive forçait bien souvent les épéistes à devoir changer de main, le poignet étant alors engourdi. Sans vraiment prendre la peine de voir si son coup avait bien fonctionné, Nakata se tordit en arrière et posa ses mains sur le sol pour prendre appui sur ce dernier. Continuant ainsi, il recula de deux ou de trois mètres afin de reprendre ses distances et se remit calmement debout, comme auparavant, sans la moindre blessure. Il prit alors la parole lentement, détaillant toujours cette étrange fille :

-De la pitié ? Non. Je n'ai ressenti aucune pitié, je n'avais simplement pas de nécessité à les tuer. Tu dois être la première des idiotes pour penser que je ne suis qu'un monstre sanguinaire, souhaitant la mort à tout être qu'il croise... Mais bon, sois gentille, et dis-moi qui tu es. Comme tu as l'air de me connaître, je n'ai pas besoin d'épiloguer sur mon cas, non ? 

Si le forban avait décidé d'en apprendre plus sur cette fille, différemment aux autres imbéciles qui avaient tenté de le tuer quelques secondes plus tôt, c'était pour une raison plus que simple... L'éclat qui brillait dans ses yeux n'était plus seulement que de la détermination. C'était une envie, une envie sauvage, bestiale, celle de répandre le sang du Phoenix sur le sol. Que lui avait-il fait, au juste, pour qu'elle se comporte ainsi ? Il n'en savait trop rien. Mais l'ancien révolutionnaire savait qu'il avait un bon nombre d'ennemis... Elle devait en faire partie. En général, les chasseurs de primes n'étaient pas complètement détraqués, alors... Cela paraissait étrange qu'elle veuille sa mort à ce point. Ceci dit, Nakata se doutait également que cette faction regroupait un nombre hallucinant de personnes ne vivant que pour l'argent et l'avidité... Dans ce cas-là, il était probable qu'il ne lui ait absolument rien fait. Mais comme il n'arrivait pas à comprendre cette mentalité, il préférait tout simplement l'écarter de son esprit. De toute façon, il le saurait bien tôt ou tard... N'ayant pas vraiment envie de la voir foncer à nouveau vers lui tête baissée, le Fenice finit tout de même par se mettre en garde, lentement. Il laissa son pied droit glisser sur le sol jusqu'à être légèrement en retrait, afin de lui permettre une bonne impulsion en cas de besoin. Ses mains, dépliées, étaient prêtes à frapper si l'occasion venait. Il avait bien envie de discuter, mais autant le faire sans que l'autre n'ait la moindre opportunité de le blesser... Autant faire dans la sécurité, même s'il avait relativement confiance en son fruit du démon. Le hors-la-loi reprit alors la parole, fixant toujours cette parfaite inconnue, ne déviant pas une seule fois son regard d'elle, de son arme, de ses pieds :

-D'ailleurs, penses-tu que laisser ces types en vie soit vraiment une chose dangereuse pour moi ?


CRÉDIT - FICHE

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Dim 8 Sep - 16:17

      Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué.

      S'il y a une chose à laquelle je ne m'attendais pas, ce fut bien la réaction de ce pirate. Lorsque je crus que j'allais enfin l'atteindre, il agit avec une telle rapidité que j'eus à peine le temps de réaliser ce qui était en train de m'arriver. Je prenais peu à peu conscience de la force de ce pirate. Jamais auparavant je n'avais rencontré une telle personne. Ce n'était plus ce genre de petit truand que l'on poursuivait pour quelques millions de berrys. Cette fois-ci, c'était bien plus gros et je n'en doutais plus à présent : Si je voulais mourir, j'étais au bon endroit. Tant mieux. Je n'avais jamais été friande de la vie. Je préférais finir ma vie face à un dangereux criminel que dans un canapé devant un bon feu de bois. Cela n'avait jamais été moi. Cela ne le sera jamais.

      Le Phénix avait décidé d'utiliser ma tête comme appui pour éviter ma lame qui fendit l'air dans le silence et la simplicité. Un geste pour le moins inutile. Après cela, je m'empressai de me retourner pour avoir toujours mon adversaire en vu, mais celui-ci avait déjà prévu ce mouvement et m'asséna un coup dans le poignet. Cela eut son effet car, dans un réflexe pour le moins stupide, je lâchai mon arme, rapidement rattrapé par mon autre main, prête à riposter. Mais l'ennemi était déjà loin, bien trop pour que je ne puisse l'atteindre. En quelques mouvements, il m'avait prouvé que je n'avais pas du tout le niveau pour l'affronter. Pourtant, je ne laissais rien paraître. Je savais que ce combat était à sens unique. Je savais que, s'il devait y avoir un perdant, ce serait moi. Pourtant, je restais postée, prête à l'attaquer. Je gardai ce regard déterminé et sûr de lui. Si je montrais à mon ennemi que je doutais, j'étais finie, c'était certain. Non, il fallait que je sois convaincue et qu'il soit convaincu que j'étais assez sûre de moi pour pouvoir le mettre hors d'état de nuire. Soudainement, j'entendis la voix de cet être diabolique, celle-ci ne fut pas du tout ce à quoi je m'attendais. J'avais plutôt imaginé une voix aussi monstrueuse que son visage et son âme. Une voix horrible. Elle ne l'était pas tant que cela. Il me dit donc, prononçant le tout avec lenteur :

      - De la pitié ? Non. Je n'ai ressenti aucune pitié, je n'avais simplement pas de nécessité à les tuer. Tu dois être la première des idiotes pour penser que je ne suis qu'un monstre sanguinaire, souhaitant la mort à tout être qu'il croise... Mais bon, sois gentille, et dis-moi qui tu es. Comme tu as l'air de me connaître, je n'ai pas besoin d'épiloguer sur mon cas, non ?  

      Ainsi, il souhaitait en apprendre plus sur moi. Je ne voyais pas d'inconvénient à lui révéler mon nom et prénom. Après tout, je lui étais probablement parfaitement inconnue. Je n'avais jamais traqué de grosses primes, agissant en permanence en solitaire. Même si cet être m'était insupportable, je considérais qu'il avait le droit d'en savoir un minimum sur moi. Après tout, j'en savais bien plus sur lui. Tant qu'il ne se mettait pas à fouiller mon passé et à trouver des choses que je préférais garder secrètes, tout cela me convenait parfaitement. Je voulus lui répondre, mais je pris vite conscience que cet individu c'était mis en garde. Avait-il peur de moi pour me surveiller autant ? Il ne me lâchait pas des yeux. C'est pour cela, que je fis de même. Que je me plaçais de telle façon à pouvoir me défendre et que je surveillais le moindre de ses mouvements.

      C'est alors que le pirate reprit la parole, posant une question dont la réponse paraissait évidente. Avait-il oublié son cerveau dans le ventre de sa mère pour s'interroger de la sorte ? Ne se rendait-il pas compte que chacun dans ce monde était un danger potentiel. Je ne pus m'empêcher de sourire devant sa naïveté. Encore une faiblesse. Naïf et compatissant. Cela commençait à faire beaucoup. Bien trop. Au moins, si je partais maintenant, cela n'aurait pas été vain. Mais je voulais en apprendre encore plus. Je voulais le cerner dans sa totalité. Tout comprendre. Le combattre ou lui parler ? Ou bien les deux. Cela semblait une bonne solution. D'abord converser, puis lancer l'assaut. Savoir. Apprendre. Découvrir. Je pris donc la décision d'offrir ses réponses à cet imbécile. Prenant une voix assez tranquille, je lui répondis :

      - Je ne pensais pas avoir besoin de te l'expliquer, mais je vais te le dire clairement. Je suis chasseuse de primes. Et comme je suis gentille, je vais aussi te dire que je m'appelle Suki Kagami. Mais ça, c'est très secondaire, n'est-ce pas ? Quant à ces hommes que tu as laissé en vie, tu penses qu'il ne représente aucun danger. Pour le moment, certes, ils ne le sont pas. Mais n'étais-tu pas, toi aussi, à un moment un faiblard ? Les gens ne restent pas éternellement les mêmes. Un jour, peut-être, un de tes ennemis que tu auras épargné deviendra meilleur que toi et s'en prendra à toi et n'aura, lui, aucune pitié. Ou peut-être pire. Il s'en prendra aux membres de ton équipage.

      J'avais prononcé ces dernières paroles en guettant la réaction de mon adversaire. Découvrir s'il était sensible à cela. S'il craignait qu'on s'en prenne à son équipage ou s'il n'avait aucun sentiment pour eux. S'il n'était que des pions dans son terrible jeu. Ainsi, je serais fixée. Je saurais encore une chose de plus. Néanmoins, je ne préférais pas encore trop le provoquer à ce sujet pour le moment. Qui sait comment il réagirait ? Reprenant la parole, je continuais tout de même sur ma lancée, prononçant, un sourire sur les lèvres, les mots suivant :

      - N'est-ce pas douloureux de savoir que tu as laissé les membres de ton équipage seuls, là en bas ? Qui sait ce qui pourrait se passer pendant que tu flânes ici. Crois-tu que nous sommes tous comme ces deux hommes ? Je ne suis pas la seule à te traquer. Es-tu certain que tu vas tous les trouver sains et saufs ? Trois chasseurs de primes qui apparaissent en quelques secondes, est-ce vraiment une simple coïncidence ?

      Soudainement, je fis disparaître mon sourire pour prendre une expression fermé et sérieuse. Tout ce qu'il y avait de plus sérieux. Je lui dis donc, comme lui offrant un conseil :

      - Tu es trop naïf.

      C'est alors que je pris conscience que mes paroles étaient peut-être allées trop loin. J'insinuais que son équipage était en danger et que j'étais intimement liée à cela. Qu'allait-il faire ? Allait-il seulement me croire ? J'espérais au moins réussir à le faire douter. Mais le mettre en colère n'était pas la meilleure solution. À moins de souhaiter ma mort. Voulais-je mourir pour parler ainsi ?




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Fenice Nakata
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« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Nakata s'était mis en garde lentement, montrant tout simplement à son adversaire qu'il était prêt à réagir au moindre geste de sa part. Loin de se démonter pour aussi peu, la demoiselle fit de même, ne souhaitant visiblement pas lui laisser l'avantage trop longtemps. Les premiers mouvements avaient montré une certaine rapidité de sa part, comparé au commun des mortels... Elle avait sa place sur le début de Grand Line, sans doute. Mais malgré cela, elle demeurait lente pour un combattant tout de même assez expérimenté, comme le Fenice justement. Il n'avait eu absolument aucun mal à lire dans ses mouvements pour trouver une faille et l'exploiter en peu de temps. Tout cela n'était qu'un jeu, pour lui, comme chaque combat. La vie, au final, n'était qu'un jeu. Un jeu de souffrances, un jeu de réjouissances. Un jeu de vie, de mort. Mais pour le Phoenix, c'était avant tout un jeu d'aventure. Cette gamine, là. Ces deux types, avant elle. Et tous les autres... Ils en étaient les obstacles. Et comme le héros d'un quelconque divertissement, il se devait de les éviter, de relever chacun des défis qu'on lui tendait, patiemment, courageusement, afin de prétendre à son but ultime, celui de changer le Monde. Personne ne pouvait prétendre à une finalité aussi énorme sans être sûr de pouvoir passer chacune des barrières qui lui offrirait tout naturellement la vie et sa funeste tendance à vous faire basculer dans la souffrance. Et justement, à force d'avancer, l'ancien membre des Raiu no Kaizoku s'en était bel et bien rendu compte. Maintenant, il n'avançait plus seulement que pour lui : il avançait pour ses nakamas, pour ses amis, mais aussi pour tous ceux qui espéraient voir ce système choir et laisser sa place un nouveau, plus juste, plus égal. C'était exactement pour cette raison que le Supernova n'avait pas le droit à l'erreur, surtout pas face à une gamine de ce style. Il allait la vaincre, si elle s'obstinait à vouloir le combattre...

Visiblement, cette jeune épéiste aux cheveux cramoisis n'avait rien contre un petit peu de discussion. C'était une bonne chose, elle semblait savoir se servir de son cerveau, ne serait-ce qu'un tout petit peu... Ce genre de situation était toujours bien plus intéressant que de combattre un tas de muscles idiot et particulièrement imbu de sa personne, ne cessant de débiter des âneries du genre "Pas besoin de connaître mon nom puisque tu vas mourir". Quelque part, cela prouvait qu'elle n'avait pas une confiance aveugle en sa force, en ses aptitudes, ses qualités de guerrière. Ce ne pouvait être qu'un bon point, d'ailleurs. Nakata l'écouta donc tout simplement, toujours immobile, les yeux rivés sur la personne face à lui qui s'avérait bel et bien être une chasseuse de prime. Ce n'était pas étonnant... A partir de maintenant, il risquait d'être pris pour cible de plus en plus souvent. Heureusement qu'il avait le haki de l'armement, en plus de sa malédiction... Cela pourrait lui permettre de sortir de situations dangereuses d'une manière pour le moins éclatante. Mais la demoiselle ne s'arrêta pas là, le forçant à se concentrer davantage sur ses paroles. Suki Kagami... Non, ce nom ne lui rappelait strictement rien. Le Fenice ne l'avait jamais entendu, il en était certain. Sa mémoire n'était pas mauvaise et, pour le moment, ne lui avait que très rarement fait défaut... Elle n'avait donc sans doute rien à voir avec lui. Rien d'autre que l'argent placé gracieusement par le Gouvernement Mondial sur sa tête, du moins. Elle était donc l'un de ces chacals de chasseurs de prime ? C'était bien dommage... La suite de la tirade de la jeune femme fut, par contre, beaucoup moins digne d'intérêt. Un cours de moral, comme quoi lui aussi, autrefois, avait été faible... Si seulement elle savait. Sa vie avait été bien plus prometteuse que celle du commun des mortels, tant et si bien qu'à l'âge de dix ans, il aurait sans doute été capable de maîtriser les deux imbéciles qu'il venait d'étaler, ou au moins de jouer jeu égal avec eux. Non, définitivement, elle parlait bien trop vite... Mais avant de marquer une courte pause, la fille aux cheveux éclats de sang prononça des paroles qui plurent un peu moins au Supernova. S'en prendre à ses compagnons, hein ? Quelle ordure... Il y avait deux possibilités. Soit elle avait prononcé ces paroles tout à fait au hasard, pour le jauger, soit elle connaissait bien plus son parcours que l'ancien révolutionnaire ne l'aurait cru et elle savait ce que le blondinet avait traversé dans la piraterie : la mort de ses anciens compagnons, en pleine mer. Dans les deux cas, il était évident que Suki ne voulait qu'une seule chose : l'agacer, le pousser à agir précipitamment. Malheureusement pour elle, il se contenta de froncer un peu plus les sourcils et de refermer ses poings. Il frapperait sans retenue, la prochaine fois.

Mais le zoan resta pourtant parfaitement immobile, choisissant de ne pas attaquer en premier. Même si elle n'était pas un adversaire à première vue dangereux, elle pouvait tout à fait avoir des atouts cachés... Nakata préférait donc se contenter de la toiser du regard, et ne broncha même pas elle formula la pire hypothèse qu'elle aurait pu formuler : que le reste de Tengoku no Seigi était également en danger. C'était plausible, évidemment, il l'avait relevé lui-même. Trois assaillants en si peu de temps, cela pouvait attirer les craintes du plus grand des idiots... Mais malgré cela, malgré tout ce que vociférait cette étrangère face à lui, il en vint à sourire doucement. Elle ne pouvait pas le voir, à cause de l'écharpe qui était restée bien en place malgré ses quelques mouvements acrobatiques... Mais lorsqu'elle prononça cette dernière phrase, concernant sa naïveté, il ne put s'empêcher de rire doucement. Ne laissant son pas son hilarité se développer davantage, il resta parfaitement immobile et poussa un soupire. Ce ne fut qu'après celui-là que le Fenice prit à nouveau la parole, toujours aussi calme et détendu :

-Je vois. Tu es définitivement mal informée, ma pauvre... Premièrement, cela fait de nombreuses années que je ne suis plus un faible. Grâce à une chose très particulière, que tu auras l'occasion d'observer, si toutefois tu en as la force... Ce dont je doute sérieusement.

Il faisait évidemment allusion à son fruit du démon, un zoan de type mythique, qu'il avait mangé alors qu'il n'était qu'un mousse, sur un navire gouvernemental. Une telle malédiction le propulsait directement dans le haut du panier, du moins à son âge juvénile autant que cela pouvait lui permettre. Aussi, avec un tel atout, ces deux gars étalés n'auraient pas pu le vaincre par le passé non plus. Mais bien décidé à répondre à toutes les hypothèses du Suki, le garçon reprit un air encore un peu plus sérieux :

-Concernant cette hypothèse farfelue, cela prouve une nouvelle fois que tu es mal informée. Ils ont beaucoup de choses à apprendre, oui... Ils sont parfois impulsifs, agissent sans trop réfléchir... Ils sont des débutants. Mais quand bien même c'est le cas, une centaine de types comme vous trois n'arriverait pas à en venir à bout. Alors j'espère pour tes pseudos-alliés qu'ils ont plus de talent que toi... Ça leur évitera de passer par dessus bord.

Elle avait souhaité le provoquer, il n'avait pas réagit dans son sens. Au contraire, il avait retourné sa provocation sur elle, en ciblant directement sa faiblesse évidente face au blondinet qui amena sa main droite à son écharpe. Tirant sur celle-ci, il l'ôta et la jeta par terre. Combattre avec un tel vêtement était idiot et dangereux, même face à une gamine trop imbu de sa personne... Après avoir fait cela, le pirate prit à nouveau la parole, un sourire malicieux s'incrustant encore un peu plus sur ses lèvres :

-Oh, d'ailleurs. La naïveté est un vilain défaut, c'est vrai... Mais malheureusement pour toi et pour ces enflures du Gouvernement, elle ne m'empêchera pas d'atteindre mon but.

Nakata s'attendait évidemment à ce qu'elle ne sache pas de quoi il parlait. Aussi, en reprenant sa position de garde qu'il avait brisé pour enlever son foulard, il ajouta, toujours aussi narquois :

-Ce Monde, tu ne le trouves pas grossier ? Cette justice que tu t'efforces à protéger au travers des contrats est-elle vraiment défendable ?

Sans rien ajouter de plus, le Fenice se mit à courir dans sa direction, ayant pris une impulsion brève sur le sol. Une fois à mi-distance, il sauta en l'air, levant une jambe en direction du plafond et prenant la parole pour accompagner sa fulgurante rapidité d'une technique :

-Busou-shoku, Hīru.

Quoi de mieux que cette technique pour entamer le début des réelles festivités ? Le haki de l'armement vint se fixer sur la jambe du blondinet qui menaçait d'abattre ce même membre sur la demoiselle d'un moment à un autre. Elle n'avait pas le choix quand à ses mouvements : Harushige lui-même avait eu du mal à arrêter cette technique, pendant la guerre, et avait vu ses pieds s'enfoncer dans le sol... La dénommée Suki n'était nettement pas aussi forte que lui corporellement parlant, elle n'avait donc que le choix de l'esquive. Dans ce cas de figure, le Supernova se contenterait de frapper le sol afin de briser celui-ci, histoire de lui montrer que Grand Line n'était pas fait pour les comiques. Il avait fait exprès de réduire sa vitesse pour s'assurer qu'en agissant vite, elle réussirait à s'en tirer... Alors, qu'allait-elle donc pouvoir faire ?


CRÉDIT - FICHE

_________________
Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.
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Fenice Nakata
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Tenshi Taya
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Dim 8 Sep - 18:56

      Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué.

      Alors que je venais tout juste de prononcer mes dernières paroles, un bruit léger se fit entendre. À peine audible, ressemblant étrangement à un rire émanant du Phénix. Le rire du diable en personne. Du moins, c'était ainsi qu'il sonnait à mes oreilles. J'en étais convaincue à présent. Un jour, quand j'en aurais l'occasion, je le ferais souffrir autant que possible avant de le laisser mourir à petit feu. De tuer chaque membre de son équipage devant ses yeux. Je voulais voir la souffrance sur son visage, je voulais voir des larmes de douleur dans ses yeux. Je voulais le voir agoniser. Ces pensées malsaines me firent frémir. Je me réjouissais d'avance de cette vision et très vite, un sourire tout aussi mauvais apparut sur mes lèvres.

      Mais c'est alors que le pirate reprit la parole, doucement, tranquillement, comme si je n'étais une ennemie. Il prétendit ainsi que j'étais mal informée en ajoutant qu'il n'était plus un faible depuis longtemps. Évidemment. Je n'étais pas idiote. Mais nous venions tous du ventre de notre mère à l'intérieur duquel nous étions tous fragile. Ne comprenait-il vraiment pas là où je voulais en venir ? Il dit par la suite que je n'étais probablement pas digne de voir son pouvoir. Ce qu'il ne savait pas était que je l'avais déjà aperçu, lorsqu'il s'était envolé en direction de ce gros rocher. Je me souvenais très bien de cela. Il était bien orgueilleux, ce bonhomme. Naïf, compatissant et orgueilleux. La liste s'allongeait progressivement pour mon plus grand plaisir. Cet homme était sans vulnérabilité physique, mais plein de faiblesses psychologique. Cela me convenait à merveille.

      Il n'arrêta pas à là ces paroles stupides, me parlant à présent de son équipage. Cela l'avait donc touché un minimum. Autrement, il se serait probablement contenté d'ignorer mes paroles. Pourtant, il se sentait obliger de me prévenir que ces compagnons de voyages étaient assez fort pour défaire une centaine de personnes de mon niveau. Essayait-il de me rabaisser ? De s'en prendre à mon amour-propre ? Il est vrai que je détestais être prise pour une faible. Cela me mettait généralement hors de moi, mais pas cette fois-ci. Je savais déjà. Je savais que je n'avais pas la force pour le battre. Le fait qu'il me le dise lui aussi ne me surprenait guère et ne me blessait que très peu. Pour une fois, cela n'eut aucun effet. Ou presque. Je souhaitais tout de même lui prouver que je n'étais pas aussi pathétique qu'il le pensait. Lui prouver qu'il se trompait au moins sur une chose.

      C'est alors que Fenice Nakata sembla vouloir passer aux choses sérieuses. Enfin. Il retira son écharpe d'un geste rapide, laissant apparaître une bouche semblable à n'importe quelle autre et qu'avait osé rire de moi précédemment. En parlant de celle-ci, très vite elle s'étira pour afficher un sourire. Une gomme, vite. Je ne le supportais plus. Qu'avait-il à sourire ? Pourquoi était-il heureux alors que je le haïssais de tout mon cœur. Alors que je ne souhaitais que sa mort. Comment pouvait-il sourire face à tant de gens voulant le tuer ? Manquait-il de bon sens à ce point ? Quel personnage agaçant ! Il se mit à parler de sa naïveté, insinuant que celle-ci que nous empêcherait pas, le Gouvernement Mondial et moi, à atteindre son objectif. À ces mots, je haussais un sourcil, interrogative. Je n'avais jamais dit vouloir l'empêcher de réaliser son rêve. Ce n'était pas vraiment mon but. Je le haïssais, comme la plupart des personnes. Il n'y avait pas de raisons particulières à cela.

      N'attendant pas de réactions de ma part, il enchaîna ses paroles en me posant deux question pour les moins saugrenues. Qui pensait-il que j'étais ? Un de ses chasseurs de primes qui suivent à la lettre la Justice du Gouvernement ? Il prétendait cela alors qu'il ne me connaissait même pas. Mis à part un nom et un rang. Il m'avait vite catalogué. Mais je ne pouvais nier faire de même. J'évaluais également les personnes par rapport à leur statut social. Mais peu importe, je savais le reconnaître au moins.

      Enfin, l'action venait. Le pirate courut dans ma direction tandis que je gardais toujours une position de défense, mon arme prête à infliger des coups. Lorsque l'ennemi sauta en l'air en tendant son pied dans ma direction, il n'en fallut pas moins pour que je réagisse. Je ne voulais pas prendre de risques inutiles, pas pour le moment. Je me décalais donc rapidement vers le côté. Je sentis tout de même l'attaque me frôler les vêtements puis, la seconde d'après, entendis un bruit sourd. Celui d'un pied détruisant le sol. Cela eut pour effet de me faire légèrement sursauter. Un pouvoir monstrueux. Effrayant. Qui pouvait prétendre être capable de ça ? Peu de personnes. En me retournant vers mon adversaire, je remarquai vite que sa jambe avait, effectivement, détruit le sol. Si cela m'avait touché, les dégâts auraient été sans précédent. Je ne serais probablement pas morte sur le coup, mais cela n'aurait pas été éloigné. Si je voulais pouvoir mettre à profit mes découvertes, il valait mieux que je demeure vivante et en bonne santé.

      Je n'attendis pas une seconde plus pour m'éloigner de mon adversaire. Pour la première fois, je ne voulais pas me battre car je savais pertinemment que cela me mènerait à ma perte. Je voulais encore gagner un peu de temps pour en apprendre le plus possible. Dans le pire des cas, mon clone était toujours là pour venir me secourir. Mais viendrait-il seulement. Après avoir mis plusieurs mètres entre moi et le Phénix, je pris une grand inspiration pour dire :

      - Je dois dire que c'est assez impressionnant. Mais je suis sûre que cela ne représente qu'une petite partie de ton pouvoir. Je l'ai déjà vu, cette chose qui a fait de toi quelqu'un de physiquement intouchable. Un oiseau fait de flammes bleutées et dorées. Je dois dire que cela est pour le moins fascinant et palpitant. Une capacité à la fois merveilleuse et extrêmement dangereuse. Je ne suis peut-être pas digne de l'observer, mais je l'ai déjà vu. Je connais mieux ta force que tu ne connais la mienne, l'oiseau. Et je ne suis pas stupide.

      Par ces mots, je venais de lui avouer directement que j'étais consciente que je ne faisais pas le poids face à lui. Il le savait, je le savais. À quoi bon le nier ? Une petite fille qui s'était égarée dans le monde impitoyable de la brutalité et la violence. Une petite fille qui faisait siennes cette violence et cette brutalité. Si j'avais survécu jusqu'à présent, c'était bien par prudence, mais aussi par chance. Bons nombres de personnes auraient déjà pu me tuer. Il faisait désormais parti de ces personnes. Je ne lui faisais pas plus confiance pour autant, bien au contraire. Reprenant la parole, je prononçai les mots suivants, paisiblement, naturellement :

      - Tu me connais très mal. Tu considères que je défend la Justice du Gouvernement Mondial, que lui et moi nous sommes alliés contre toi. Tu te trompes lourdement. Je ne suis pas de leur côté, je ne suis du côté de personne. Je ne sers pas leur Justice, je ne la protège pas. Je ne fais pas seulement cela pour l'argent. J'ai mon propre objectif, pirate, et tu commences à en faire partie. Chasser des primes n'est qu'une infime partie de celui-ci.

      J'affichais alors un petit sourire pour terminer mes paroles :

      - Mais cela te dépasse. Une personne comme toi ne pourrait le comprendre.


      Effaçant mon sourire, ce fut à mon tour de lancer l'assaut en courant vers mon adversaire, le regardant dans les yeux, ne laissant rien paraître de ce que j'avais l'intention de faire. Je ne pouvais pas l'atteindre physiquement, c'est bien pour cette raison que je stoppai ma course à quelques centimètre à peine du pirate. S'il décidait de m'attaquer à cet instant, je ne pourrais rien faire pour l'éviter. Mais j'étais convaincu qu'il ne ferait rien. Il était d'une faiblesse accablante. Il n'était pas capable de cela. Il était trop compatissant. Je pouvais bien me servir de cela à mon avantage. Lui accordant un grand sourire moqueur je lui dis :

      - Que dirais-tu d'en finir tout de suite ? Nous savons tous les deux qui sera le vainqueur. Mais cela ne change rien au fait qu'un jour, il faudra te préparer à voir mourir un à un les membres de ton équipage. Si ce n'est pas moi qui le fait, quelqu'un d'autre s'en chargera. Finis-en avec moi aujourd'hui et tu auras un ennemi de moins, mais je ne me laisserais pas faire si facilement. Mais sache que si tu décides de me laisser en vie, je ne te laisserais pas tranquille. Finis de parler, passons aux choses sérieuses.

      Sur ces mots, je laissais mon bras armé du katana se diriger vers la gorge de mon ennemi. Il allait l'éviter, mais qu'allait-il faire ensuite ? S'il me laissait en vie, cela ne voulait dire qu'une seule chose. Il fallait exploiter cette faiblesse le plus possible. Cette compassion, il fallait en puiser le plus de profit. Si le cas contraire se produisait, alors je n'aurais aucun regret. Dans les deux cas, je demeurais gagnante, il était perdant.



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« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Nakata avait fini par passer à l'attaque. Non pas que cette demoiselle commençait à vraiment l'importuner, mais bien qu'il voulait la jauger. Voir ce dont elle était capable, la pousser dans ses plus grands retranchements. Mais aussi et surtout... Lui montrer ce que lui pouvait faire. Elle devait prendre conscience que Grand Line et, a fortiori, ses Supernovas n'était pas fait pour elle. Pas encore. Evidemment, cela pouvait être interprété comme idiot, et personne ne devait songer un seul instant à ce qu'il agisse de cette manière. Un pirate qui voit un chasseur de prime mourir ne peut en tirer que des bénéfices, pas vrai ? Un adversaire théorique en moins. Mais malheureusement, si c'était bel et bien la manière de voir de la plupart des forbans, ça n'était pas celle du Fenice. Bien sûr qu'il n'aimait pas particulièrement cette fille, comme tous les autres membres de cette faction bercée par l'avarice... Mais comme tous les autres, elle était humaine. Elle méritait de vivre, tout simplement. La haine qu'il lui arrivait parfois d'éprouver à l'égard des Tenryubitos ou de certains autres gouvernementaux n'avait rien à voir avec celle qu'il éprouvait pour ces mercenaires officiels. S'il voulait bien la mort pour les uns, il préférait l'abandon des seconds. Qu'ils comprennent sa manière de penser, et qu'ils arrêtent de servir leur justice pour l'argent. Mais l'humanité n'était définitivement pas aussi bonne qu'il ne l'espérait, et il commençait lentement mais sûrement à s'en rendre compte. Aussi le Phoenix espérait que cette jeune femme soit différente, quelque part. Qu'elle finisse par ouvrir les yeux, et par se trouver un chemin plus louable... C'était avec cette intention qu'il frappa le sol, la voyant sans surprise éviter son coup. Suki n'était pas aussi faible que l'on ne pouvait le croire, elle semblait animer d'une certaine réactivité, et d'une capacité à anticiper les coups. Suffisamment pour survivre à cette technique, du moins. Ce qui n'était déjà pas mauvais, soit dit en passant. Le maudit se redressa alors, enlevant la plaque du haki de l'armement qui avait pris place sur sa jambe. De nombreuses fissures parcouraient maintenant le sol, et lui même se trouvant dans une sorte de mini cratère inégal, formé par les éclats de la roche à certains endroits. Sans vraiment faire attention à tout cela, le blondinet tourna son regard vers l'épéiste, silencieusement. Il l'écouta répondre, tout simplement.

Alors ainsi, elle l'avait vu utiliser le pouvoir de son zoan mythique... Quand bien même c'était le cas, elle ne devait probablement pas savoir tout ce dont il était capable. Ses capacités les plus poussées, sa régénération quasiment sans limites... Tout ça devait probablement lui passer au-dessus de la tête, comme à tous ceux qui ne le voyaient pas de leurs propres yeux. Nakata ne bougea pas d'un poil lorsqu'elle ajouta une remarque très intéressante. Elle déclara connaître sa force mieux que lui ne connaissait la sienne... A cela, il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. Alors quoi, elle le voyait se transformer en Phoenix et cela lui suffisait à penser qu'elle connaissait tout de lui ? Allons bon... Cette fois-là, c'était elle qui faisait une grossière erreur. Mais il ne releva pas tout de suite. Pas la peine. Suki finirait bien par s'en rendre compte, tôt ou tard... Et à ce moment-là, il serait trop tard. L'ancien révolutionnaire la laissa plutôt continuer son récit, toujours sans dire un mot. Encore et toujours cette pseudo-insulte le comparant à un volatile... Quelle idiote. Le Fenice la trouvait justement bien sotte de comparer un simple humain à un de ces êtres volants, plus libres que n'importe qui d'autre. Elle ne se rendait sans doute pas compte de la grossièreté de ses mots... Mais cela ne lui importait que peu de choses et le combattant au corps-à-corps préféra donc rester muet, une fois de plus, attendant qu'elle achève sa tirade pour réagir.

Le hors-la-loi resta donc debout les bras ballant lorsqu'elle ajoute qu'il la connaissait mal. C'était sans doute le cas, en effet. Il n'avait pas à le contester... Mais sur le coup, elle aussi le connaissait mal. Et justement, la position de la chasseuse était plus trompeuse que celle du criminel : elle pensait avoir des renseignements, pensait connaître sa vie. Mais il n'en était rien. Elle déclarait qu'elle ne servait pas les intérêts du Gouvernement, déclamait qu'elle ne prenait pas des têtes pour l'argent. Les belles excuses. Peut-être Suki avait-elle un but louable, mais Nakata crachait totalement sur ses manières de faire. Il avait toujours eu une assez profonde aversion contre ceux qui travaillaient pour l'argent et se cachaient ensuite derrière un but plus bénéfique pour le peuple, ou pour eux-même. Ils étaient intéressés, tout simplement. Et cela, une nouvelle fois, il ne pouvait pas le comprendre. Non, définitivement, cette gamine aux cheveux rouges lui apparaissait comme une habitante d'une autre planète... Mais il devait sans doute en être de même de son côté. Le Fenice, une nouvelle fois, se retint de prendre un fou rire quand elle ajouta qu'une personne comme lui ne pourrait sans doute pas comprendre. Pauvre d'elle... L'artiste la fixa s'approcher, toujours sans bouger d'un pouce, un sourire toujours collé sur le visage. Il attendait. Amusé, égayé, réjoui. Oui, en fin de compte, cette jeune femme le réjouissait, quelque part. C'était assez étrange, comme sensation, et tout le monde ne pouvait probablement pas comprendre... Mais il était réjouit de voir à quelle point il existait des gens bornés, en ce Monde. Comme il s'y était attendu, la chasseuse de prime s'arrêta à quelques centimètres de lui. Elle prenait des risques... Elle le sous-estimait. Mais elle avait sans doute raison, quelque part : le blondinet n'avait pas vraiment l'intention de mettre fin à sa vie, pas maintenant, pas ici. Non, il allait plutôt se contenter de la laisser progresser dans la nature... Il voulait voir ce qu'elle choisissait. La prise de parole de Suki le conforta dans son sourire et, du coin de l'oeil, il aperçut la lame de cette dernière fondre en direction de sa gorge. Sans difficulté, il l'attrapa sur sa trajectoire et, d'un coup sec... Vint la planter dans son propre ventre. Un filet de sang coula lentement de sa bouche tandis qu'il continuait de sourire en regardant cette petite dame dans les yeux. Le capitaine prit alors la parole :

-Tu parles, tu dis beaucoup de choses... Mais peu importe ce que je dis, tu ne sembles pas m'écouter. Tout d'abord, ce n'est pas parce que tu as vu une parcelle de mon pouvoir que tu peux estimer me connaître. Tu te plantes lamentablement.

Et comme pour appuyer ses mots, Nakata retira la lame du katana d'un coup sec. Une gerbe de sang tomba sur le sol tandis que des flammes bleues vinrent refermer la plaie, ne laissant aucune blessure. Comme pour montrer son corps intact à la jeune fille, il releva son tee-shirt jusqu'à l'endroit où il aurait normalement du être transpercé.

-Je suis invincible. Sauf sous certaines conditions, évidemment, comme tout autre maudit... Granit marin, eau. Mais ça n'est pas ça qui m'importe, pour le coup...

Il relâcha son tee-shirt et attrapa la main qui tenait le katana, pour empêcher la demoiselle de faire quoi que ce soit. Elle aurait pu être tenté de le trancher encore et encore, mais cela ne l'aurait pas vraiment amusé, alors le Fenice préférait anticiper et prendre des dispositions pour parler tranquillement, sans être gêné. Après cela, il reprit la parole, lentement, un air sérieux se plaçant à nouveau sur son visage :

-Tu me prends pour un idiot ? Pour ces légendes de brute épaisse sanguinaire que l'on conte aux enfants afin de leur prouver que la Marine et ses soldats sont les véritables hérauts de la justice ? Je suis plus à même de comprendre ton passé que n'importe qui, sans doute. J'ai vécu, et peu importe ce que tu as pu lire de moi, je suis finalement bien moins sot que la plupart de ces imbéciles de gouvernementaux qui agitent un étendard comme s'il s'agissait du symbole d'une loi parfaite. Mais tu t'es renseignée sur moi, n'est-ce pas ? Qu'as-tu vu ? Le traître, l'infâme ? L'ancien compagnon de Raphaël, également un traître ? Mais sais-tu seulement pourquoi j'ai décidé de quitter tour-à-tour la marine et la révolution ? Non, définitivement, si l'un de nous deux n'est pas capable de comprendre ne serait-ce qu'une parcelle de l'autre, ici, c'est toi. Et ce sera le cas tant que tu auras ces stupides préjugés sur les pirates et leur véritable liberté. Et enfin... Tu penses que je laisserais mes camarades mourir devant mes yeux, une nouvelle fois ? Tu crois que j'ai parcouru tout ce chemin sur Grand Line et que j'ai tué, de mes mains, le Sanguinaire pour les laisser me quitter une fois de plus ? Je suis un bouclier, Suki. Je suis une carapace, une protection, un rempart. Personne ne leur fera de mal, pas tant que je ne serais vivant. Je ne le tolérerai pas. Et ça vaut pour tous. Mes amis, mes proches. L'humanité toute entière. Il est grand temps que ce Monde connaisse enfin une justice véritable, tu ne crois pas ? Et peu importe que tu me vois comme un monstre, comme une horrible créature... Je ne suis pas ce que tu prétends voir, et je ne le serais jamais. 

Il relâcha alors le poignet de la demoiselle et fit un pas en arrière, en écartant les bras, lui offrant son torse. Avec un regard plus déterminé que jamais, il la fixait droit dans les pupilles et ajouta tout simplement :

-Alors vas-y. Si tu te sens capable de couper ma volonté, fais-le. Si tu penses que je ne suis qu'un Supernova comme un autre, courant après les pillages et les viols, tue-moi. Découpe-moi, lacère-moi. Fais ce que tu juges bon, mais n'aies pas de regret... Si tant est que tu en sois capable. Si tu n'en es pas capable, alors vas-t'en, tout simplement. Suis la vie que tu entends, deviens ce que tu veux devenir, fais ce que tu souhaites faire. Et reviens me donner ta réponse, un jour. Reviens me dire si oui, ou non, je mérite la mort.

Alea jacta est, les dés en sont jetés. Suki Kagami, que feras-tu ?


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Fenice Nakata
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Dim 8 Sep - 22:15

      Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué.

      Mon arme arrêta très vite sa trajectoire vers le point vital du personnage. Ce dernier l'avait arrêté de sa propre main pour le planter dans son propre ventre. Etait-il masochiste à ce point pour faire cela ? Comment pouvait-on seulement songer à se planter une épée dans le ventre ? C'était invraisemblable. Inimaginable. N'importe quoi. Cela me conforta dans l'idée que cet individu était probablement très dangereux, voire complètement psychopathe. Je voulus retirer mon katana de son ventre, mais celui-ci semblait déterminé à le laisser planter là-dedans pour un moment. Il prit alors la parole.

      Il pensait donc que je n'écoutais rien de ce qu'il disait. Il n'avait pas tort, car, en réalité, je ne me préoccupais pas beaucoup de ses paroles, cela m'importait peu. Il ajouta que j'étais en train de faire fausse route. Pensait-il que je le sous-estimais ? Certainement. Et c'était avoir une mauvaise idée de mes pensées. Je ne doutais en aucun cas de sa puissance. Je savais que le fruit qu'il avait mangé lui octroyé des pouvoirs sans précédent. Il retira ensuite la lame de son ventre puis, souleva son haut pour me prouver que sa blessure avait entièrement disparut. Ainsi, il était, en quelques sortes, comme un maudit de type logia. La suite de ces mots ne m'apprirent rien de nouveau. Il se contenta de m'expliquer que ses seuls points faibles étaient le granit marin et l'eau. Je m'en doutais. Comme tout utilisateur du fruit du démon, il restait un point faible. Toujours le même.

      Par la suite, il m'attrapa la main, comme pour m'empêcher de l'attaquer. Ce qu'il ne savait pas était qu'une autre personne était quelque part dans l'ombre et que, si j'en ressentais l'envie, pourrait réagir à n'importe quel moment. Me bloquer ainsi était donc complètement inutile. Néanmoins, je restais immobile, fixant mon ennemi, écoutant ses paroles même si celles-ci m'exaspéraient au plus haut point.

      Il commença par me demander si je le prenais pour un idiot. La réponse était évidente. Oui. Il me parla ensuite des légendes que l'on racontait aux petits enfants concernant les mauvais pirates et les gentils marines. Ce qu'il ignorait, c'était que moi-même j'avais vécu une de ses légendes. Sauf qu'aucun marine n'était venu me secourir. Aucun n'était venu nous aider. Je savais pour la brute sanguinaire, mais pas pour le marine héroïque. Pourtant, cet individu s'obstinait à me parler du Gouvernement, pensant probablement que je les voyais comme de glorieux et puissants héros sauvant tous les pauvres gens de la violence du monde. Mais ce n'était pas du tout ma vision des choses. Ce personnage prétendit même qu'il était capable de me comprendre. Non, il ne le pouvait pas. Il ajouta par la suite que je n'étais pas non plus capable de le comprendre. Je ne cherchais pas à le faire, je ne voulais pas le faire. Je savais simplement qu'il avait abandonné sa vie dans les rangs de la marine pour une vie de forban, de voleur. Il me dit ensuite que je ne serais pas capable de le comprendre tant que je n'aurais pas abandonné mes préjugés sur les pirates. Dans la suite de ces paroles, il évoqua son équipage qu'il était certain de pouvoir protéger, mais avoua également ce dont je me doutais. Il avait bien tué ce terrible pirate, c'était certainement la raison du bond de sa prime.

      Toute sa tirade commença à m'agacer. Ces dernières paroles furent légèrement plus intéressantes. Dans celles-ci, il affirmait souhaiter changer le monde pour une autre justice, probablement la sienne. Encore une preuve de sa naïveté. Comment pourrait-il y arriver ? Lorsqu'il acheva enfin sa tirade, il m'assura qu'il ne deviendrait jamais le monstre que je voyais en lui, qu'il ne l'était même pas. Cela parvint à m'arracher un grand sourire. Il était un monstre, il ne pouvait le nier. Ce genre de personne n'existait pas en version humain, il était un surhomme. Un monstre.

      Enfin, il relâcha ma main et fit un pas en arrière en écartant les bras, comme si on venait de lui clouer sur une croix, comme s'il était un martyr. Il planta alors son regard dans le mien et reprit la parole. Il m'invita alors à le tuer, à en finir avec lui. Je ne pouvais pas rêver mieux et mon excitation atteignit son paroxysme. Si je parvenais à mettre fin à sa vie, aujourd'hui, je savais que la récompense serait grande. Je serais enfin satisfaite... Pour un court instant. Je me verrais fin prête pour enfin réaliser mon objectif. À cet instant, plus rien ne comptait. Ma nouvelle intégration à Renaissance, ma famille, mon père, ma naissance. Rien. Juste lui et moi. Juste sa mort. Juste ça.

      Un grand sourire mauvais s'étira sur mes lèvres, sourire qui se mua vite en rire, un rire malsain. Cela ne dura que quelques secondes, je me réjouissais d'avance d'avoir l'occasion de m'acharner sur cet individu, de pouvoir mettre fin à sa vie. Lui couper la tête semblait être une bonne solution. Je ne savais pas si cela marchait, mais cela valait la peine d'essayer. Si cela ne marchait pas, alors j'aurais au moins eu la satisfaction d'avoir essayé. Mais avant cela, je voulais offrir une réponse digne de ce nom à mon interlocuteur. Toujours un grand sourire aux lèvres, je lui dis donc :

      - Oui, tu es un idiot. Et tu penses que je le suis tout autant que toi. Ces légendes sur les brutes épaisses sanguinaires que les enfants écoutent bêtement, j'en ai déjà vécu et, crois-moi, j'ai pu me rendre compte que le Gouvernement Mondial ne se préoccupait que très peu de cela. Mais les gens comme toi, qui prétendent pouvoir rendre le monde meilleur, qu'ont-ils fait ? Rien de plus. Ta justice n'est rien de plus qu'un nouveau mot sur tes lèvres. De l'injustice, il y en aura toujours et tu n'y changeras rien. Le Gouvernement n'est pas vraiment le problème. Des gens mauvais, il y en aura toujours. Juste devant toi, tu en as un exemple parfait. Et je ne suis pas la pire. Tous ces gens qui tuent, pillent, violent sont des milliers, des centaines de milliers. Que vas-tu faire pour cela ? Vas-tu tous les tuer ? Vas-tu tous essayer de les convertir en pacifique ? Tu n'arrives même pas à me convaincre que tu es une bonne personne. Crois-moi, tu es très mauvais pour cela. Tu ne changeras rien, tu n'en es pas capable. Personne n'en est capable. Le monde est tel qu'il est. Il ne changera pas et je ne fais que grandir dans celui-ci.

      Faisant une pause dans ma tirade, je repris mon inspiration, prenant le temps de réfléchir à la suite de mes paroles, cela ne dura pas longtemps et je continuai donc en prononçant ces mots :

      - Je te l'ai déjà dis. Tu ne me connais pas. Tu ne sais même pas qui je suis réellement. Tu détestes les Gouvernementaux, n'est-ce pas ? Moi, je déteste les pirates et tous ces hors-la-loi qui se prétendent libres et heureux. Je les déteste tous autant qu'ils sont et je ne fais pas de distinction. Je te déteste. Alors oui, tu mérites la mort. Pour être ce que tu es. Il n'en faut pas plus.

      Prenant une grande inspiration, je laissai mon arme filer vers le cœur de mon ennemi. Je ne savais pas s'il essaierait de l'éviter ou s'il se laisserait faire, mais, malgré tout, je ne m'arrêterais pas. Tout en réalisant ce mouvement, je lui dis :

      - Je sais que tu ne peux pas mourir et pourtant, je rêve d'entendre ton dernier souffle.




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>> Dans la vie, il ne s'agit pas nécessairement d'avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes. <<

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Fenice Nakata
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« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Nakata parla, sans s'arrêter. Dévoilant le fond de sa pensée à son interlocutrice, lui déclarant tout ce qu'il avait à déclarer, il parla, avec une franchise et une honnêteté digne du grand enfant qu'il était. Car oui, il en était un. Il n'y avait, au final, qu'une seule chose qui faisait vraiment de lui l'être qui l'était, et c'était sa naïveté. Mais heureusement, en plus de celle-ci, il avait de nombreux atouts qu'il avait su gagner avec l'âge. Sa force physique en était bien évidemment une, mais ça n'aurait pu être suffisant. Pas pour quelqu'un avec une si grande prétention, celle de vouloir changer le monde. Il y avait autre chose... Autre chose de bien plus marquant. Une chose que l'on ressentait dans son regard, dans le ton de sa voix, dans les gestes qu'il pouvait faire dans la vie de tous les jours. Et c'était bien cette force morale inébranlable. Décidé, le Fenice l'était. Peut-être même bouté, et têtu... Tout le monde l'était, au final, mais lui particulièrement. Il était de ceux qui n'abandonnent jamais rien, peu importe le nombre de peines qu'ils éprouvent. La mort de ses anciens compagnons de l'équipage Raiu no Kaizuku en était l'une des preuves des plus probantes... Cela avait été l'un des coups les plus durs infligés à sa vie. Et pourtant, il s'était contenté de tenir bon. De s'accrocher à ce qui lui restait. Autrement dit, pas grand chose. Il avait vécu principalement pour Fran, pour Kururu, pour Lilianna, pour tous les autres. Ceux qui lui avaient permis de tenir bon étaient ceux qu'il remerciait le plus. Et à ceux-là, il serait éternellement reconnaissant. Oui, au final, il n'était qu'un gamin. Ce Supernova tout entier n'était qu'un grand gamin, qui ne vivait que par des rêves, des illusions. Nombreux étaient ceux qui lui auraient ris au nez comme le faisait alors cette Suki. Nombreux étaient ceux qui l'auraient insulté de fou, d'aliéné. Mais... Les grands hommes sont toujours incompris, dans un premier temps, non ? Lui ne pensait pas en être un. Et pourtant, il en était un. Qui peut réellement se vanter, avec une telle force, de garder un objectif aussi louable et désintéressé ? Bien peu de monde. Le maudit, évidemment, n'avait jamais songé, pas un seul instant, à troquer cette envie de changer le monde en une satisfaction de son propre égo par les pillages et les vols, à la différence, il devait malheureusement l'admettre, à un grand nombre de pirates et d'autres hors-la-loi. Dans d'autres circonstances, d'ailleurs, il aurait sans doute été tenté de vivre seulement pour lui... Jamais au point, bien sûr, de commettre des crimes. Ce n'était pas dans sa nature. Mais le capitaine aurait sans doute pu abandonner toute cette générosité qui le caractérisait si bien, du jour au lendemain. Pourtant, il était là.

Le fait de voir rire Suki, comme si tout ce qu'il venait de dire ne l'avait pas touché, comme si une nouvelle fois, elle ne l'avait même pas écouté, l'agaça légèrement. Il ne l'aimait pas. Vraiment pas. Elle était tout aussi irrespectueuse que les hors-la-loi qu'elle pointait du doigt, sinon plus. Elle se contentait de son égocentrisme affligeant, de sa vie égoïste, sans plus réfléchir, et osait critiquer un homme ayant donné à ce Monde sous prétexte qu'il était, tout simplement, un criminel. Quelle impudente... Néanmoins, la naturelle patience d'artiste de Nakata prit le dessus, et l'empêcha de la cogner dans la seconde. Quelque chose lui disait qu'il devait écouter. Pourquoi ? C'était idiot, en fin de compte... Elle se contentait de lui rire au nez sans chercher à comprendre le sens de ses mots, et lui devait l'écouter bien gentiment et poliment ? Qui était le méchant, ici ? Cette situation n'avait vraiment aucun sens... Mais décidant d'obéir à son intuition, le Fenice ne dit rien. En silence et immobile, les lèvres closes dans une expression de profond sérieux, il l'écouta tout simplement débiter sa propre tirade. Il l'écouta affirmer qu'il était bien un idiot. Il l'écouta raconter dire qu'elle avait vécu l'un de ces contes sur les pirates sanguinaires, mais que dans celui-là, le Gouvernement Mondial n'avait pas agit. Il l'écouta pointer du doigt sa propre personne, en déclarant que même les gens comme lui, qui disaient se battre pour autrui, n'avaient rien fait. Et Suki voulut dire au maudit qu'il ne pouvait rien faire pour créer sa justice. Elle ajouta que ceux qui trônaient sur le Monde n'étaient pas vraiment fautifs, que c'était l'être humain en lui-même qui était la racine de tous les maux. Elle se pointa directement comme l'un de ceux là, l'un des humains de la pire engeance. Elle termina la première partie de sa tirade en déclarant qu'il n'était capable de changer personne, et encore moins le Monde. Que c'était touchant, au final... Le forban avait l'impression d'écouter le discours d'une pauvre petite demoiselle en proie à toutes les difficultés du Monde et qui, tout naturellement, ne faisait qu'aggraver les choses. Elle disait ne pas être des pires... Et pourtant, elle en était. Agir pour soi-même, passe encore. Agir pour soi-même et avoir conscience d'être un connard, c'était ça, le crime.

Ensuite, Suki ajouta qu'il ne la connaissait pas. Maintenant, ses mots paraissaient assez déplacés... Contrairement à elle, Nakata, lui, l'écoutait. Il avait cerné qui elle était. Une victime. Ou du moins, elle se faisait passer pour telle... Elle déclara détester tous les gens que le Gouvernement Mondial qu'elle rejetait pourtant classait comme criminel, sans distinction. Qu'elle idiote, vraiment... L'artiste avait l'impression de parler à quelqu'un n'ayant même pas pris la peine de réfléchir à son point de vue. Une personne qui n'aurait eu qu'une seule envie : rendre au Monde ce qu'il lui avait donné. Rien de plus, rien de moins... Elle en vint donc à faire la fatidique conclusion que le Fenice, lui aussi, méritait la mort. Se retenant de pousser un soupire exaspération, le garçon attrapa la lame de la demoiselle d'une main, sans prendre la peine de la recouvrir du haki de l'armement pour réduire les dégâts, du sang commençant à couler de celle-ci. Il dévia le katana de son coeur et s'approcha ainsi de la chasseuse de prime, la fixant droit dans les yeux, à quelques centimètres d'elle. Leur extrême proximité lui permettait presque de lire en elle. Ses yeux... Son aura... Tout était comme un livre pour n'importe quel humain digne de ce nom. Faible. En finalité, elle était des plus faibles. De ceux qui ne peuvent assumer leur destin. Elle qui pouvait se battre pour le Monde avait choisi de se battre pour elle... A son monologue, l'artiste décida de répondre doucement, comme dans un murmure, sachant que de toute façon, au vu de leur éloignement relativement restreint, elle saurait tout entendre :

-Tu te trompes sur toute la ligne. Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu décides de te battre contre les ennemis d'un Gouvernement que tu décris toi même comme inapte... Tu as conscience que ceux qui sont contre eux sont automatiquement classés comme hors-la-loi, non ? Et c'est mon cas. Comprend que tout le monde n'est pas contre l'humanité : il en existe qui sont contre le système. Et j'en connais, plus que tu ne le crois. Tu dis que tu as connu des hommes sanguinaires, non ? Et penses-tu que les imiter, c'est rendre justice ? Tu sens l'hypocrisie, totalement. Il ne tient qu'à toi de changer. Il ne tient qu'à toi de faire en sorte que d'autres personnes ne traversent pas ce que tu as vécu, et c'est exactement ce que je fais. Tu dis que je n'y arriverais pas, mais... Comment le savoir tant que je n'ai pas essayé ? Sais-tu seulement le chemin que j'ai parcouru depuis mes débuts ? Sais-tu seulement combien ma motivation, de ce fait, en a grandi ? Je suis inarrêtable, chère chasseuse de prime. Je le suis, et je le resterai. Harushige l'a appris à ses dépens...

Nakata relâcha l'épée de Suki et se recula d'un pas, en la toisant toujours du regard d'un air sérieux mais étonnamment calme. Des flammes bleues apparurent presque aussitôt sur sa main, refermant la blessure, tandis qu'il croisant les bras patiemment. Il n'avait pas à céder à la colère, pas face à elle. Elle ne le méritait pas... Une fille de ce style, sans arguments, n'était rien. Elle tentait de faire en sorte de purifier le Monde par ses actes, en tuant le plus de pirates possible, mais ne prenait même pas le temps d'y croire... C'est pour cela qu'il reprit alors la parole, toujours sans montrer la moindre once d'énervement :

-Tu dis qu'il existe des gens mauvais, n'est-ce pas ? Ça, je suis d'accord... Mais ce que tu ne dis pas, c'est comment ils le deviennent. Tu as vécu une légende des pirates sanguinaires et tu refuses de songer à celles des pirates bons ? Tu parles des tueurs, des pilleurs, des voleurs, mais pas de Roger et de tous les autres qui ne vivaient sans rien vouloir faire de mal à qui que ce soit, pas vrai ? Mais raconte-moi plutôt... D'où te vient cette haine sans pitié contre nous autres, les libres, les rêveurs ? Tu as vécu des choses désagréables et tu rejettes de ce fait la faute sur nous autres ? Tu penses que pour nous, la vie est magnifique et plaisante ? Tu crois que je me suis contenté de boire et de danser, pendant toute mon existence ? Non, j'ai souffert aussi. Et si tu veux mon avis, la seule chose qui nous différencie, c'est notre capacité à nous en redresser. Mais il existe peut-être une autre chose, oui... Tu te penses seule, pas vrai ? Tu te crois condamnée à la solitude, de gré ou de force ? Tu rejettes ceux qui veulent t'aimer, sans plus réfléchir ? Tu acceptes la démence de ta vie et piétines une possibilité d'être heureuse en vivant pour les autres, simplement pour tuer le plus de pirates possible ? Si tel est le cas, alors crois-moi : tu es définitivement la plus sotte de nous deux.

Il resta alors à la fixer droit dans les yeux, attendant sa réponse les bras croisés.


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Lun 9 Sep - 21:02

      Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué.

      Pourquoi fallait-il que cet homme ne se laisse pas faire ? Pourquoi était-il aussi borné ? Pourquoi ne pouvait-il pas tout simplement se taire et mourir ? Pourquoi devais-je supporter ? Qui était-il pour m'agacer à ce point ? Pourquoi m'étais-je mise à le poursuivre ? Qu'essayait-il de faire ? Qu'essayait-il de me dire ? Pourquoi ne voulait-il pas juste en finir avec moi ? Pourquoi insister ? Pourquoi ?

      Ce n'est que par la suite des événements que cet être humain commença à réellement me mettre hors de moi. Après ma longue tirade qui, à l'évidence, n'avait fait aucun effet, il arrêta la lame de mon arme alors que celle-ci aurait bien pu se planter dans sa poitrine. Il commença à saigner à l'endroit où sa main touchait le tranchant de la lame. Cela me fit soupirer. Pourquoi fallait-il que cet homme ne se laisse pas faire ? Il n'en n'avait pas encore fini avec moi, j'avais l'impression qu'il ne lâcherait jamais l'affaire, pourtant, je ne voulais pas m'avouer vaincu. Je ne voulais pas changer. Pourquoi était-il aussi borné ?

      Il reprit la parole, pour reprendre encore une fois toute son argumentation. Pour pouvoir, encore une fois, me convaincre que ses idéaux étaient parfaits et que moi, j'étais tout ce qu'il y avait de plus terrible dans ce monde. Ce qui n'était pas totalement faux en réalité. Pourquoi ne pouvait-il pas tout simplement se taire et mourir ? Le début de son discours ne me plut pas du tout. Il prétendait que j'étais en train de me tromper sur toute la ligne. Il commença à m'étaler toute sa science et sa Justice, en profitant pour me faire bien signifier que je n'étais qu'une idiote. Cela commençait tout doucement à m'énerver très sérieusement. Si j'avais pu m'acharner sur cet être humain autant que je le voulais, je l'aurais probablement fait. Pourquoi devais-je le supporter ?

      Par la suite, il ajouta que j'étais actuellement en train d'imiter ces hommes sanguinaires. Je ne pouvais nier que je faisais comme eux, mais seulement en partie. Je ne commettais pas de meurtres, je ne pillais pas des villes entières, je ne m'acharnais pas sur des gens n'ayant jamais rien fait de mal dans leur vie. Il me demandait ainsi de changer. Devenir quelqu'un d'autre que moi-même. Cela m'était impossible, depuis bien longtemps. J'étais née comme ça, je ne voulais et ne pourrais changer. C'est ainsi que j'avais survécu jusqu'à présent. Voir le mal en chacun, se méfier, agir au moindre danger, se défendre. Ne plus accorder sa confiance à personne mis à part soi-même. Là résidait le secret. Par la suite, il reprit tout son charabia sur son objectif, sa détermination, son but si louable et tellement parfait, prétendant qu'à présent plus personne ne pouvait l'arrêter. Toujours de l'orgueil. Encore de la vanité. Plus de lui. Plus de moi. Plus de prétention. Je me sentais prête à lui arracher les yeux. Qui était-il pour m'agacer à ce point ?

      Lorsqu'il lâcha mon arme, mon envie première fut de lui le planter dans la tête ou dans la gorge. Pourtant, ce qu'il avait à dire m'intéressais. Je voulais connaître ses arguments pour lui prouver que contre moi, cela ne marchait pas. Qu'on ne guérissait pas avec des mots. Il s'éloigna de moi, toujours aussi paisible. Pourquoi m'étais je mise à le poursuivre ? C'était probablement l'idée la plus stupide que je n'aie jamais eu. J'aurais du m'attaquer à quelqu'un de moins fort pour le moment. Je n'aurais pas du m'en prendre à ce genre de personne sûre d'elle tout de suite. Pas encore. Je n'étais pas encore prête. Il reprit alors la parole. Qu'essayait-il de faire ?

      Enfin, il admit que les gens mauvais existaient, mais que je ne lui avais pas encore expliqué comment cela se passait, comment quelqu'un le devenait. Je le savais. Je connaissais très bien ce genre de choses. Je l'avais déjà vu à plusieurs reprises. Le moment où la personne la plus douce du monde se mue en un monstre sanguinaire et désireux de vengeance. Il évoqua les histoires des bons pirates. Des gentils. De ceux qui, comme lui, prétendaient défendre la population. Il m'interrogea ensuite sur les raisons de ma haine envers les pirates « libres » et « rêveurs ». Il n'avait toujours pas compris. Il allait falloir lui expliquer. Encore une fois. Lui dire clairement les choses. Lui faire comprendre. Il me noya sous un flot de questions auxquels je ne prendrais même pas la peine de répondre. Il avait aussi souffert, je m'en doutais. Comme n'importe qui. Mais il ajouta que lui, avait réussit à surmonter les épreuves.

      Par la suite, il me parla de solitude, de cette manie que j'avais de rejeter en permanence les personnes qui m'étaient chers. Il n'avait pas tort. J'avais appris au cours des années que l'amour était une grande faiblesse, qu'elle pouvait vous transformez en ce que vous n'êtes pas. Je préférais cette solitude, elle me plaisait. Elle me permettait d'être libre, de faire ce que je voulais comme je le souhaitais. Pourtant, il semblait envisager une autre possibilité pour moi. Me battre pour les autres et non plus pour moi seulement. Qu'essayait-il de me dire ? Probablement qu'il y avait une autre alternative, mais je n'en voulais pas, je la refusais.

      Lorsqu'il eut enfin finit de parler, il planta son regard dans le mien. Attendant de moi une quelconque réaction, des paroles certainement. Il n'allait pas être déçu. J'allais lui répondre. Il me fallut quelques secondes pour ordonner mes idées, avant de pousser un long soupire pour prendre une grande inspiration et, à mon tour, recommencer à étaler une longue tirade :

      - Je n'imite pas complètement ces pirates sanguinaires. As-tu au moins déjà vu ce genre de pirates à l’œuvre ? J'en doute, si cela était vraiment le cas, tu ne diras pas cela. M'as-tu déjà vu voler ? M'as-tu déjà vu tuer ? M'as-tu déjà vu faire quoi que ce soit dont tu accuses ces mauvaises personnes ? Je ne crois pas, je suis même persuadée que tu n'as jamais entendu parler de moi auparavant. Tu me demandes si je connais le chemin que tu as parcourus jusqu'ici. Et toi, connais-tu le mien ? Non, tu n'en sais rien. Tu juges plutôt rapidement les gens pour un donneur de leçon très orgueilleux. Tu penses réellement que personne ne peut t'arrêter ? Que tu es invincible ? Tu te trompes. Tu l'as dis toi-même. Tu as tes points faibles. Il ne reste plus qu'à tes ennemis à en user judicieusement pour causer ta perte.

      M'arrêtant soudainement dans mes paroles, je baissais mon regard pour fixer mon poignet droit, grossièrement recouvert d'un morceau de tissu, avant de prononcer les mots suivants d'une voix étrangement calme :

      - Les gens ne deviennent pas mauvais, ils le sont dès leur naissance, c'est ainsi que cela se passe. Il suffit d'un déclic pour que toute la cruauté d'une personne ressorte. Et ces bons pirates dont tu parles sont peut-être meilleurs que les autres, mais ils favorisent également la naissance de nouveaux équipages sanguinaires. Si tu penses montrer le bon exemple, tu te trompes lourdement, car la plupart de ceux qui choisissent la même voie que toi sont mauvais et vaniteux. Alors oui, je jette la faute sur vous et je ne pense pas que vos vies soient meilleurs. On a tous notre lot de souffrance, sauf que le fardeau est plus lourd pour certains. Ne penses pas que je ne me suis pas redressée. Si cela n'était pas le cas, je ne serais probablement pas là et je serais bien différente, bien pire. Ma solitude n'est pas forcée, je la préfère, je suis plus libre et je sais que celle-ci a un grand prix.

      Sur ces paroles, je relevais mon regard et plantais ce dernier dans celui de mon interlocuteur. Lâchant mon arme, je me dirigeais vers lui d'un pas déterminé et ne m'arrêtais qu'à quelques centimètres de cet individu. Je lui dis alors :

      - Tu prétends être inarrêtable. Je veux bien accepter que je ne suis pas en capacité de t'arrêter. Mais toi, es-tu capable de m'arrêter ? Le ferais-tu ? Si tu n'es même pas capable de ça, tu n'iras pas loin.

      Par ces paroles, je prenais beaucoup de danger. Mais peu m'importait, j'étais sûre qu'il ne me ferait rien, je le savais. Il ne le ferait pas. Et s'il le faisait, tant pis. Pourquoi ne voulait-il pas juste en finir avec moi ? Pourquoi insister ? Pourquoi ?





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>> Dans la vie, il ne s'agit pas nécessairement d'avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes. <<

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« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Elle ne voulait pas l'avouer. Suki ne voulait tout simplement pas l'admettre, mais ce que déclarait Nakata haut et fort la faisait douter. Peut-être pas douter, non... Songer. Oui, songer était le terme parfait. Les réflexions que l'artiste avait dressées durant toute sa carrière passée étaient assez bien construites pour permettre à cette chasseuse de prime de songer, tout simplement. Pour quelqu'un de sensé, de "normal", ce n'était qu'une défaite. Après tout, il ne voulait pas la faire songer, mais la faire hésiter... Mais pour lui, c'était une victoire. Elle était boutée. Sur ce point-là, il ne pouvait nettement pas lui en vouloir. En fonction de la vie qu'elle avait menée, des expériences qu'elle avait traversées, il était tout naturel qu'elle n'en ressorte que plus fortes en convictions négatives, néfastes aussi bien pour son entourage que pour elle, au final. Lui-même avait été comme elle. Peu de temps, heureusement. Grâce à Fran, notamment, il avait su revenir sur le droit chemin... Ou tout du moins, celui qu'il estimait être le bon. Mais le Fenice n'avait jamais eu d'aussi sombres pensées qu'elle... Debout, les bras croisés, il accepta d'écouter ses paroles puisque manifestement et peu-à-peu, elle commençait à faire de même. Longue à la détente, visiblement... Non. Boutée. Elle faisait preuve d'une certaine intelligence. Trop pessimiste à son goût, comme intelligence... Mais intelligence quand même. Il ne pouvait le nier. Mais c'était encore plus intéressant ainsi. En quoi leurs factions opposées devaient-elles les empêcher de communiquer, comme deux vrais humains ? De débattre, de partager leurs points de vue ? C'était beaucoup plus drôle ainsi... Pour le blondinet, en tout cas. Il pensait bien que la demoiselle, elle commençait à perdre patience... C'était le propre de toute personne qui, de toute façon, ne souhaitait pas ouvrir les yeux. Mais si lui avait cru perdre patience quelques instants auparavant, désormais, il n'en était rien. Non, sa conviction était encore plus forte, encore plus inébranlable : elle allait changer. Il allait l'y forcer. Non pas par les poings, mais par les mots. Car l'un comme l'autre étaient ses domaines de prédilection...

Ainsi, l'écrivain et conteur à ses heures perdues l'écouta sagement, les bras croisés, un regard plus sérieux que jamais trônant sur son visage. Il admettait chacun de ses arguments pour pouvoir les réfuter plus rapidement par la suite, car ce n'était qu'en se plaçant réellement à l'intérieur d'une situation donnée que l'on pouvait y répondre efficacement. Ça aussi, il l'avait appris... Car contrairement à ce que voulait lui hurler la chasseuse de primes, la vie de forban avait bel et bien du bon. Nakata se rappelait, finalement, le débat bref qu'il avait eu avec Hato sur Alabasta, lors de la création de son propre équipage, Tengoku no Seigi. Lui aussi, savait utiliser les mots... Alors ne serait-ce que pour ce bretteur, son bras droit, le maudit se promettait de faire réfléchir la demoiselle et ce, par tous les moyens. La première chose qu'elle releva fut sa singulière différence, à ses yeux, avec les pirates sanguinaires qui se permettaient toutes sortes de délits plus aberrants les uns que les autres. Lorsqu'elle envisagea l'hypothèse que lui, l'ancien gouvernemental, n'avait jamais vu agir un hors-la-loi réellement brutal, il ne put s'empêcher de sourire doucement. Pas par moquerie, pas par méchanceté : tout simplement par amusement. La situation devenait amusante. Elle souhaitait rappeler au criminel lui-même que ses confrères étaient capables des pires atrocités... Quelle ironie. Le Fenice, cependant, ferma les paupières un court instant et reprit son masque de concentration et de sérieux, parfaitement prêt à écouter la suite des mots de la jeune fille aux cheveux rouges. Et une fois encore, il ne fut pas déçu : celle-là avait de la répartie, il ne pouvait lui ôter cette qualité... En fin de compte, plus leur discussion progressait, et plus il commençait à l'apprécier. Malheureusement, le sentiment ne devait pas être partagé... Tant pis. D'ailleurs, elle le prouva directement, en le jugeant orgueilleux. Lui, orgueilleux ? Peut-être... En réalité, il n'y avait jamais vraiment pensé. En fonction de la définition que l'on donnait au mot et en la partie de l'être que l'on ciblait chez le musicien alors oui, il devait évidemment être orgueilleux. Mais comme tout le monde, sans doute. Peut-être un peu plus, si la confiance et la détermination étaient des formes d'orgueil... Le Phoenix, par contre, ne put empêcher un nouveau sourire lorsqu'elle parla de son invincibilité. Ce qu'elle ne semblait pas avoir saisi, par contre, c'était le fait que son fruit du démon, ironiquement, convenait parfaitement à la personne qu'il était. Qui de mieux pour revendiquer la liberté qu'un homme capable de se changer en oiseau légendaire et bleuté, lui-même synonyme d'espoir depuis la nuit des temps ?

Pour Suki, la nature humaine faisait de ces créatures des êtres méchants, vils, et directement prêt à commettre des choses horribles. Sur ce point-là, les deux combattants qui se faisaient face avaient des avis totalement divergents sur la question... Puisque Nakata pensait précisément le contraire. Mais cela, il aurait le temps de l'expliciter à l'avenir, il en serait forcément contraint, si le dialogue poursuivait... C'était tout de même l'une des clés de la discussion que la nature humaine en elle-même. Ainsi, la demoiselle, assez habile de ses pensées, fit directement un lien avec la piraterie permettant d'incriminer directement Tengoku no Seigi et plus précisément son capitaine, déclarant grosso modo que même si leur but était louable, il donnait de trop mauvaises idées au reste de la population et engendrait de ce fait une vague de piraterie, à moindre échelle bien entendu que celle qu'avait provoqué Roger quelques années plus tôt. En lui-même, son discours n'était pas totalement insensé, il était forcé de l'admettre ! Mais une fois encore, il ne partageait pas du tout le même point de vue. Là où elle pensait que l'humain était par conséquent facilement manipulable mais aussi et surtout incapables de penser par eux-même, en tant que philosophe amateur, le Fenice, lui, songeait précisément au contraire, une fois encore. Certes, certaines personnes ne pouvaient que s'enfermer dans la bestialité, comme le tristement célèbre Harushige qu'il avait d'ailleurs nommé plus tôt... Mais il pensait que de base, un homme avait les capacités de peser le pour et le contre aux gestes qu'il devait commettre. Quoi qu'il en soit, le hors-la-loi resta muet, la laissant terminer en toute tranquillité. Il devait admettre avoir été surpris lorsqu'elle avait lâché son arme et s'était rapprochée de lui, comme précédemment, de manière à se mettre directement en danger. Bien sûre d'elle. Bien trop. Dangereux, surtout face à un Supernova... Elle avait eu bien de la chance de tomber sur le bon. Par dignité, le combattant au corps-à-corps se refusait tout simplement d'attaquer une demoiselle sans défense. Mais en plus de ça, il n'avait aucune raison de le faire. Il ne la voyait pas comme une menace. Plus, en tout cas, et pas immédiate. Elle le deviendrait peut-être, à l'avenir... Comme elle l'avait laissé supposer, un peu plus tôt. Mais à ce moment-là, l'ancien révolutionnaire aviserait, tout simplement. Quelle était donc une vie sans adversaire ? Sans excitation, sans imprévu ? Rien, à ses yeux.

Nakata laissa donc un sourire amusé prendre place, comme précédemment. Toujours aucune trace de moquerie, rien. Un bonheur enfantin, presque. Il poussa un soupire avant de répondre, regardant à nouveau la jeune femme face à lui droit dans les yeux, toujours plus calme à chaque seconde :

-N'oublie pas que je suis un pirate. J'ai fréquenté des gens qui n'étaient justement pas réellement fréquentables... As-tu, par exemple, entendu parler d'Harushige ? Je pense qu'on peut le placer, sans conteste, dans le top 10 des plus grandes ordures qu'a porté ce Monde. Il avait tué deux gosses et leur mère simplement parce qu'ils avaient pissé devant son navire... Il ne se remettait pas en question. Il songeait sans doute que c'était pour les faibles. Mais ce n'est pas pour autant que la piraterie appuyait ses crimes... En fin de compte, il était seul. Plus seul que n'importe qui. On fait croire que les criminels sont tous des hors-la-loi officiels. Et inversement. Pourtant, je ne pense honnêtement pas me tromper à dire que j'ai croisé autant de bons pirates que de mauvais. Chacun a tout simplement ses motivations et ses moyens d'agir. Par la force, parfois... Force est de le reconnaître. Mais justement... Là où je trouve la situation du Monde actuelle tout-à-fait dérangeante, c'est que personne ne cible les bons criminels. Toi-même, tu as cité les pirates... C'est bien beau, tout ça, mais as-tu seulement entendu parler des Tenryubitos ? De ces êtres qui, sous prétexte qu'ils descendent des fondateurs du Gouvernement Mondial, ont le droit de réduire à l'esclavage, d'opprimer, de supprimer des familles entières ? De ces êtres qui, en plus d'être logiquement les pires menaces, n'agissent que... parfaitement légalement ? C'est à cause d'eux que j'ai quitté de la marine. Et je te déconseille, par expérience, de croiser la route de l'un d'entre eux. Avec ton tempérament, tu risquerais de devenir l'une des nôtres, une pirate, bien plus vite que tu ne le penses...

Nakata n'insinuait évidemment pas qu'elle était un monstre, mais tout simplement qu'elle avait un tempérament à sang chaud et que quiconque n'était pas totalement soumis à la Marine et, a fortiori, aux Tenryubitos, était officiellement catalogué comme hors-la-loi. La triste réalité de ce Monde... Parlez, et vous serez tués. Mais maintenant qu'il avait répondu à l'un des points principaux que la chasseuse de prime avait soulevé, il souhaitait en répondre à un autre. Sans vraiment lui laisser le temps de réagir, se doutant bien que de toute façon, elle le laisserait poursuivre, il enchaîna :

-Par conséquent, il est évident que tu te places loin derrière les Tenryubitos, les mafieux et tout ce genre de types peu scrupuleux... Mais à ta manière, tu demeures mauvaise. Alors que pourtant, tu pourrais être utile. Pas à moi, évidemment. Au Monde. «C'est sur le fumier que l'on trouve les plus belles fleurs.» J'adore ce proverbe. Il veut dire, tout simplement, que seuls ceux qui croissent dans la misère peuvent réellement devenir bons. Ce sont les seuls qui peuvent guider l'humanité vers quelque chose qu'elle n'est pas, mais qu'elle devrait pourtant être : un monde de paix, de justice... D'égalité. Tu en es une, de ces belles fleurs. Tu as, du moins, le pouvoir d'en devenir une. Il ne compte qu'à toi pour que tu puisses, à ta façon, améliorer le Monde. Il n'est évidemment pas nécessaire de devenir un forban comme je le suis, j'ai décidé de cet extrême simplement parce que je n'avais plus le choix, ayant quitté la marine... Mais toi, tu as toutes les cartes en main.

Une nouvelle fois, le blondinet marqua une pause, regardant toujours Suki droit dans les yeux. Il n'était plus aussi sérieux qu'auparavant. Au contraire, il semblait plus... Tendre. Plus agréable, du moins. Son empathie était l'une de ses plus grandes qualités, sans conteste. Personne ne pouvait le contredire, le Fenice était d'une nature très compatissante. Et c'était pour cela qu'il pouvait comprendre mieux que quiconque ce qu'elle ressentait au fond d'elle... Le Phoenix prit alors à nouveau la parole, bien décidé d'éluder un autre point dans sa lancée :

-Concernant un autre point... Tu dis que j'ai mes points faibles, non ? Malheureusement, une fois encore, je le concède : n'importe qui a des points faibles. Ils sont naturellement plus difficilement accessibles chez moi, tout simplement... Enfin, naturellement. Non, ce qui me fait dire que je suis invincible... C'est concernant ma façon de penser. Peu importe ce que le Gouvernement Mondial me fera, ma volonté ne s'éteindra pas. Elle vivra. D'autres penseront comme moi. Des révolutionnaires, sans doute. Des marines, peut-être. Pourquoi pas des civils ? Je ne suis là que pour leur offrir une opportunité. Si je n'y parviens pas, j'ai confiance en l'humanité : un autre le fera.

Plus il y songeait, et plus toute cette histoire devenait intéressante, vraiment. Le capitaine avait eu une bonne idée en voulant explorer Peace Land un peu plus en profondeur... Sans ça, il ne l'aurait peut-être pas croisé. Peut-être pas dans ces conditions... Du coup, leur affrontement n'aurait sans doute pas abouti à une discussion de ce style. Et qu'est ce qu'ils auraient raté, l'un comme l'autre... Nakata décida qu'il était enfin temps de terminer sa tirade. Il lui restait une dernière chose à relever... Le fait qu'elle lui ait demandé de la tuer, pour voir jusqu'où il était capable d'aller. Une nouvelle fois, il sourit, en gardant les bras croisés avant de prendre la parole :

-Tu me demandes de t'arrêter... mais pourquoi le ferais-je ? Tu n'es pas mon ennemie. Tu souhaites te faire passer pour tel, mais tu n'es pas sotte. Tu es capable de comprendre, j'en suis certain. Je sais qu'en toi, tu peux trouver la force et la motivation de servir ce Monde, et non seulement ta personne.

Il ne bougea donc pas d'un poil, ne lui montrant absolument aucune intention hostile. Qu'allait-elle donc pouvoir répondre à tout cela ? Il était impatient d'avoir la réponse, en tout cas...


CRÉDIT - FICHE

_________________
Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.
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Fenice Nakata
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Mer 11 Sep - 18:02

      Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué.

      Tous les mots que j'avais prononcé semblaient avoir fait sourire mon interlocuteur. Non pas un sourire cruel, ni même un sourire plein de sympathie. Non, un sourire moqueur. Un sourire qui se voulait amusé, narquois. Le pire sourire que l'on pouvait voir après avoir prononcé des paroles très sérieuses. Le genre de choses que l'on ne pouvait supporter, ou du moins pas beaucoup. Du moins, c'était ainsi que pour moi apparaissait ce sourire. J'y voyais quelque chose de méchant et de mauvais, ce qui me donnait encore plus envie de l'effacer de ce visage monstrueux. Son soupire m'exaspéra encore plus. L'avais-je tant ennuyé ? Néanmoins, il se décida quand même à répondre, comme si je n'étais qu'une enfant qui n'avait rien compris. Comme si je n'étais qu'une imbécile.

      Il me rappela tout d'abord son statut. C'était le genre de chose inutile dont je me souviendrais de toute façon sans grande difficulté. Puis, il commença à me parler de ce fameux pirate sanguinaire qu'il avait tué, m'expliquant qu'il faisait partie des personnes de la pire espèce, des méchants. Des mauvais pirates. Qu'il n'était, par conséquent, pas comme lui. Il me fit en quelque sorte le portrait psychologique de ce fameux Harushige comme pour me dire, pour me faire bien comprendre, qu'il n'était pas comme ce mauvais forban, qu'il était le bon dans l'histoire. Le charitable, le parfait. Pour qui se prenait-il à la fin ?

      Néanmoins, il parvint tout de même à avouer qu'il avait rencontré beaucoup de mauvais pirates, autant que de bons. Cela, j'avais du mal à le croire. Ce n'était en tout cas pas mon cas puisque, pour le moment, je n'avais rencontré que des mauvais pirates. Fenice Nakata faisait partie de cette catégorie. Ils en faisaient tous partie du moment où ils avaient choisi la piraterie comme mode de vie. C'était indéniable. C'était comme ça.

      Très vite, il commença à m'évoquer un genre de personnes dont je n'avais même pas soupçonné le lien avec notre conversation. Avais-je affirmé que les Tenryubitos étaient des être parfaits ? J'en avais déjà entendu parlé, et je ne voyais pas du tout ces gens comme de bonnes personnes. Bien au contraire. Ils étaient tout ce qu'il y avait de plus mauvais. Je me souviens encore de la harpie que j'avais rencontré. Elle était une hors-la-loi, mais avant cela, avait été en compagnie de ces êtres qui se pensaient supérieur. Je le savais, elle n'avait pas seulement vécu de bonnes choses. Et pourtant, elle demeurait une pirate. Je ne m'intéressais qu'à elle que par intérêt scientifique. Ce genre d'espèce était rare, mieux valait-il en prendre soin.

      Tout son discours sur les Tenryubitos ne m'intéressa pas beaucoup et je n'en retins pas grand chose, mis à part que ceux-ci étaient l'une des raisons de son départ de la marine et le conseil qu'il m'offrait de ne jamais croiser leur route, prétendant que je deviendrais probablement de la même espèce que lui en moins de temps que je ne le pensais. Jamais, au grand jamais, je ne deviendrais une pirate. Une hors-la-loi, peut-être, mais un flibustier, jamais. Cela faisait partie d'un de mes principes fondamentaux. Je n'en n'avais pas beaucoup, mais celui-ci en était. Le fait qu'il suppose même cela provoqua en moi une vague de colère, mais d'un autre côté, je devais reconnaître qu'il n'avait pas tort. J'avais déjà été, il n'y a de cela que très peu de temps, membre d'un équipage de forbans. De gré ou de force, cela ne changeait pas grand chose. Mais cela, il valait mieux qu'il n'en sache rien. Qui sait quelle pourrait-être sa réaction ?

      Le pirate reprit alors la parole. Il m'avoua clairement et sans détour que j'étais mauvaise, à ma manière. Cela me fit légèrement sourire. Par amusement. Par plaisir. Il osait enfin me dire que je savais aussi dire la vérité. Je ne mentais que très rarement, n'est-ce pas ? Il prétendit ensuite que je pourrais être utile, m'offrant un de ces beaux proverbes qu'il avait certainement trouvé un jour dans un vieux livre et qu'il avait décidé de ressortir aujourd'hui. Il prétendit que je pouvais devenir une jolie fleur, venir en aide aux autres. Les secourir. Il pensait que je faisais partie de ces personnes qui pouvaient guider l'humanité. Si moi, je devais faire cela, je me demande bien quel serait l'état de l'humanité actuellement. Certainement pas très glorieux. Voulait-il me joindre à sa cause ? Pourquoi ? J'avais tout pour qu'il me haïsse de tout son cœur, pourquoi ne le faisait-il pas tout simplement ? J'avais vraiment du mal à le comprendre, à le cerner. Je n'y arrivais pas. Ce genre de chose me dépassait largement.

      C'est alors que le Phénix fit une pause, me fixant dans les yeux. Qu'avait-il à toujours me regarder ? Je ne le supportais vraiment pas. Lui arracher les yeux pour les gober, voilà la nature de la pensée qui me traversa à cet instant. Puis, il recommença. Il recommença à me parler de sa pseudo-invincibilité, que sa volonté ne pouvait s'éteindre car quelqu'un reprendrait forcément le flambeau un jour. Qui croyait-il être ? Le sauveur de l'humanité ? Le Messie ? Cet homme était vraiment pathétique. Je me demandais bien ce qu'il avait fait pour survivre aussi longtemps. C'était humainement impossible. Mais il n'était pas un homme, c'était une chose qu'il fallait bien prendre en compte.

      Il acheva enfin sa tirade en me refusant la mort. Pourtant, je ne lui demandais pas grand chose. Il affirma que je n'étais pas son ennemie et que j'étais capable de servir le monde, que je le savais au fond de moi. Ce fond devait être bien enfoui. Très bien. Néanmoins, si on remontait dans mon passé, il se trouvait bien là. La gentillesse. La compassion. L'amour. Toutes ces bonnes choses qui font ce qu'on est. Mais à cela suit souvent les sentiments plus négatifs. L’orgueil. L'apathie. La haine. Il semblait que cet individu ait du mal à le comprendre.

      Comment devais-je faire pour le convaincre qu'il se trompait sur toute la ligne ? Il semblait que la violence n'y changerait rien. Les mots non plus. Alors quoi ? Fallait-il que je le supplie à genou d'enfin m'écouter et accepter ce que j'étais en train de lui dire ? Non, cela ne semblait pas la solution adéquate. Je me décidais donc à continuer sur ma lancée, en parlant, tout simplement. Argumenter en cherchant la faille dans son discours qui semblait infaillible. Je pris donc à mon tour la parole, cherchant à me justifier, cherchant tout simplement quelque chose :

      - Oui, j'ai entendu parler de cet Harushige, mais je ne pense pas que son cas est vraiment quelque chose à faire ici... Tu veux prouver que tu as connu des mauvaises personnes ? Voudrais-tu que je te félicite pour cela ? C'est pathétique... J'ai également entendu parlé des Tenryubitos et je ne les trouve pas meilleur que n'importe qui d'autre. Ils sont peut-être même pires. Mais cela non plus n'a rien à voir. Mis à part si tu cherches encore une fois à me prouver qu'il y a pire que toi ce qui est difficile à faire en réalité. Tu as peut-être quelque chose à te reprocher ? Après tout, tu n'es probablement pas aussi blanc que tu prétends l'être, je me trompe ? Je suis sûre que non.


      Me plaçant bien en face de lui, je pointai mon doigt vers celui-ci et lui demandais, l'air de rien :

      - Alors, dis-moi, que cache le grand Phénix tout à l'intérieur ? Qu'as-tu fais que tu as regretté et que tu regrettes encore aujourd'hui ? Je suis certaine qu'il y a quelque chose. Pourquoi ne pas me le dire ? Ton plus grand point faible. N'est-ce pas ce que tu caches tout au fond de toi ? Pourquoi refuses-tu simplement de tuer ? Tu t'en rends certainement compte, que cela te met en danger. Tu n'es pas idiot, c'est ça ? Alors prouve-le. Tu le dis toi-même, je suis mauvaise. Que perds-tu à me tuer ? Rien. À moins que tu n'aie peur de quelque chose. Tu...

      Soudainement, le mots se bloquèrent dans ma bouche. Non pas parce que je n'avais plus rien à dire, bien au contraire, plus parce qu'une force extérieur m'en empêchait. Quelque chose qui me dépassait complètement. Je chassai rapidement ce sentiment. Une question s'imposa à mon esprit. Pourquoi insister autant ? Je lui demandais de mettre fin à ma vie, n'importe qui serait heureux que la personne en face de lui le lui refuse. N'importe qui, mais pas moi. Pas à cet instant. Je pensais que mon intégration à Renaissance changerait mon éternel solitude, m'offrirait un autre but, mais j'en étais toujours au même stade. Je n'avais rien changé. Je demeurais la même, condamnée à errer sans but sur une route sans fin, jusqu'au jour où une âme charitable m'offre ce que je désire. Reprenant mon souffle, je repris la parole, enchaînant cette fois-ci les paroles sans prendre de pause, lui crachant mes mots à la figure :

      - Tu n'es qu'un imbécile. Un imbécile naïf et heureux. Tu es le genre de personnes qui m’écœure le plus. Tu penses ne faire que le bien, mais tu ne te rends pas compte que tu fais aussi le mal. Penses-tu que tout le monde tire profit de ta pseudo-liberté et de ta volonté si parfaite ? Tu es vraiment...

      Une seconde fois, je stoppais ma phrase en plein milieu. Ma gorge s'était une nouvelle fois serrée et cette fois-ci, un nouveau phénomène était venu l'accompagner. Quelque chose qui ne m'arrivait que très rarement. Qui ne devait pas se produire. Surtout pas devant lui. Pas devant cet être immonde. Silencieusement, des larmes s'étaient mises à couler, s'écrasant lourdement sur le sol. De la colère. De la rage face à l'incompréhension. Peut-être encore autre chose, mais quoi ? Rapidement, je terminais ma phrase dans un souffle, un seul mot :

      - Idiot.

      Je ne souhaitais plus rester une seconde de plus en face du pirate. Je le détestais et cela me dépassait. Je pris donc l'initiative de contourner mon interlocuteur et de partir le plus vite possible de cet endroit, de vite tout oublier.





_________________
>> Dans la vie, il ne s'agit pas nécessairement d'avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes. <<

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Fenice Nakata
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« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Nakata fixa la demoiselle en parlant sans s'arrêter, mis-à-part de temps à autres pour reprendre son souffle et remettre rapidement du tri dans ses idées. Elle ne semblait, comme auparavant, pas vouloir montrer d'émotions autre que le mépris. Et c'était bien dommage, d'ailleurs... Elle semblait automatiquement partir du point de vue bien trop borné que son interlocuteur ne pouvait qu'être totalement mauvais, jusqu'au fin fond de son âme et de son être. Sur ce point-là, Suki le décevait. Il l'aurait espéré un peu plus ouverte d'esprit... Mais la solitude avait du forcer cette jeune femme à se renfermer sur elle-même, un peu plus chaque jour, et à haïr profondément les pirates. Tous les pirates. Il en était un, même s'il était clairement différent de tous ces bandits capables des pires choses... Mais après tout, et comme il le lui avait dit, le Fenice avait du croiser autant de pirates bons et ne vivant que pour la liberté que de mauvais capable de tuer à volonté et sans le moindre dégoût. C'était une idée reçue bien triste que de penser qu'ils étaient tous horribles et alcooliques... Mais comme c'était le Gouvernement Mondial qui manipulait les journaux du Monde entier, il était aisé de comprendre que les forbans ne pouvaient guère jouir d'une bonne réputation. Quelqu'un capable de se servir un minimum de son cerveau pouvait en faire la constatation... Le soucis étant que manifestement, cette jolie demoiselle devant lui ne pouvait pas le faire. Peut-être qu'elle ne le voulait tout simplement... Oui, c'était plus probable. Elle n'était pas sotte. Ses réponses, bien que manquantes cruellement d'argumentation digne de ce nom pour contrecarrer ceux du blondinet, étaient tout-à-fait cohérentes. Tant pis. Ce dernier comptait bien la forcer à ouvrir les yeux, tôt ou tard... Ou au moins à lui faire comprendre que tous n'étaient pas semblables et ne méritaient pas la mort, pour la simple raison que leur tête était mise-à-prix.

Le forban acheva sa tirade au bout d'un certain moment. Il lui restait évidemment des choses à dire, de nombreux témoignages à apporter... mais il n'en voyait aucunement l'utilité. Pas pour le moment. Assaillir cette chasseuse de primes de détails ne ferait que la surcharger et bloquerait totalement la discussion... C'était tout un art, en fait, mais il fallait toujours conserver des flèches pour bander son arc. C'était un principe de base que l'écrivain aimait suivre. Il fut donc soulagé de n'avoir pas épuisé ses stock de munitions quand les lèvres de l'épéiste se rouvrirent, voulant très certainement vociférer son indignation quand à son comportement. Et effectivement, ici non plus, Nakata ne se trompa pas... Tout d'abord, elle déclara qu'elle avait entendu parler d'Harushige. C'était logique. Sa triste renommée avait été soufflé au quatre coins du monde par des témoins de ses carnages, de ses pillages et de ses autres forfaits... Il avait à lui-même fait en sorte de rajouter un peu plus d'horreur sur la faction des pirates, comme si leur situation d'antan n'avait pas suffit. Les imbéciles de son genre, le Monde s'en serait bien passé... Mais fort heureusement, là où il était à ce moment-même, le "Sanguinaire" ne ferait plus saigné. Suki ajouta qu'elle connaissait également les Tenryubitos, de réputation. Mais une fois de plus, ça n'était pas surprenant. Le Fenice n'aurait accordé de crédit à ses paroles que si elle avait pu apporter un témoignage de ses propres expériences, ce qui ne semblait pas être le cas. Se baser sur les racontars d'autres hommes, voilà qui était bien digne de quelqu'un qui jugeait les gens sans les connaître... Se retenant de pousser un soupire d'exaspération, le capitaine se contenta d'écouter la suite de l'intervention de la demoiselle avec cette attention studieuse qui le caractérisait si bien. Mais la suite des paroles de la jeune fille le forcèrent à faire claquer sa langue l'air mécontent. Pourquoi interprétait-elle tout de travers ? S'y sentait-elle obligée ? N'avait-elle donc pas compris que le Supernova n'avait strictement rien à se reprocher, vis-à-vis des civils ? Soit. Il lui expliquerait, une fois de plus. Inlassablement.

Alors qu'elle pointait son doigt dans sa direction, il se contenta de la regarder en poussant un soupire. Elle l'accusait directement, lui demandant ce qu'il regrettait encore aujourd'hui... Si elle savait. Si seulement elle savait... La seule chose que regrettait pleinement l'ancien révolutionnaire avait été d'abandonner les autres Storms. Il avait été trop faible et trop naïf, à cet époque. Mais ça n'arriverait plus, oh que non... Ce qu'elle ignorait tout particulièrement, par conséquent, c'était que depuis sa jeunesse, et sans doute à cause du sang de ses paternels, Nakata avait orienté son parcours vers la justice, pour le bien commun. Il n'avait jamais hésité, ne s'était jamais vraiment posé de question. Il devait agir en faveur du Monde, tout simplement... Bien loin d'être égoïste et égocentrique, contrairement à ce que semblait prétendre Suki depuis leur rencontre, il aurait été capable de donner sa vie pour sauver celle d'un gosse et de sa mère, celle d'un vieillard et de sa femme. Il était un bouclier. Il le demeurerait. Inébranlable. Incassable. Indestructible. Telle était la résolution du Fenice. Mais... Il y avait quelque chose qui clochait, dans la tirade de la chasseuse de prime. Bien que toujours animée d'animosité, il n'y avait plus de réel argument... Toujours cette rage et cette obstination, mais plus ce répondant intrépide et impitoyable... Si le débat avait été en situation réelle, avec un public d'illustres personnages comme spectateur, elle se serait sans aucun doute fait huer. Insulter, c'est tout ? Alors que le Phoenix avançait autant d'arguments que possible en seulement une poignée de secondes, elle l'insultait ? Tentait de lui faire avouer qu'il était quelqu'un de mauvais aussi bêtement ? Si être têtu est parfois une qualité, chez cette Kagami, c'était certain : c'était un grand défaut. Et pour cause : elle en devenait sotte... Déplorable. Regrettable. Et même consternant...

Cependant, si Nakata, à ce moment-là, se retenait tout juste de lui couper la parole pour lui répliquer qu'elle était affligeante de tirer des conclusions hâtives, il ne s'attendit pas du tout à ce qu'elle bloque et s'arrête soudainement... Au début même d'une phrase. Ses beuglements avaient pris fin, d'un seul coup, sans crier gare. Pour le moins surpris, il reprit donc son calme tant bien que possible, bien décidé à interpréter ce moment de silence et de réflexion aussi justement que possible. N'avait-elle rien d'autre à dire ? Non, sans doute que non... Par son tempérament, elle avait prouvé quelques instants plus tôt au Fenice qu'elle ne s'arrêterait pas avant d'avoir gain de cause. Tout comme lui, au final... Suki voulait visiblement lui prouver qu'il était quelqu'un de mauvais, par quelque moyen que ce soit... Ou bien en obtenir elle-même la preuve. Car peu importait vraiment les rumeurs sur lesquelles elle se basait pour conclure qu'il était quelqu'un de méchant : elle n'avait concrètement aucune preuve de ce qu'elle avançait. Cherchait-elle alors un moyen pour forcer le capitaine à faire un faux pas ? Peu probable... Vraiment peu probable. Au contraire, le leader des Tengoku no Seigi songeait qu'elle s'était arrêtée sous un coup psychologique. Il n'y connaissait cependant pas grand chose, son domaine étant largement plus l'artistique, mais il lui semblait en tout cas étrange qu'elle s'arrête de parler aussi soudainement, alors que sa tirade semblait pourtant si bien amorcée... Quand bien même cette tirade n'était qu'un amas de conneries monumentales, il fallait forcément le préciser. Le maudit légendaire était donc plus ou moins déconcerté d'un tel revirement de situation auquel il ne s'était nettement pas préparé. Mais après un petit moment pendant lequel le blondinet se contenta de conserver une expression de calme et de sérénité, profondément ancré dans le silence, l'escrimeuse finit par reprendre la parole. Plus brutalement encore que précédemment. Sans aucun signe d'intelligence particulier. Mais plus rapidement, comme si elle avait... Peur. Peur de sa réponse. Peur de ce qu'il pouvait dire, peur de ce qu'il pouvait dévoiler. Etait-ce ça, la vérité ? En était-elle à ce stade qu'elle se refusait la réalité ? Qu'elle préférait vivre dans le noir d'une vie inventée de toute pièce ? Peut-être... Au final, le combattant ne la connaissait pas assez pour le juger. Et contrairement à elle, il ne comptait pas, à ce stade de la discussion, se baser totalement sur des a priori.

Ainsi, Suki avança qu'il était imbécile et naïf. Qu'en savait-elle ? Ce qu'il avait daigné bon de dire. Autrement dit ? Rien. Il croisa les bras, fronçant les sourcils mais en gardant son calme mythique. Elle voulait jouer à ce jeu-là ? Soit. Il allait encaisser. Ce n'était pas la première fois qu'on l'insultait, de toute façon... Et ses injures semblaient d'ailleurs cruellement plates, manquant incroyablement d'originalité. Nakata resta donc de marbre, même quand elle avoua qu'il était le type de personnes qu'elle détestait le plus. Forcément, puisque selon son point de vue, il était un pirate. Définitivement, elle était sotte... Elle finit même par incriminer sa liberté, avançant qu'elle ne profitait pas à tout le monde. Pourquoi ça ? Parce que derrière les barreaux, il ne ferait de mal à personne ? Dommage, même hors des prisons, il ne faisait rien de vraiment dangereux pour la population de ce Monde... Se préparant à répliquer, le Fenice fut néanmoins plus surpris encore que précédemment lorsqu'il put apercevoir une perle rouler le long de la joue de la jeune fille avant de s'écraser sur le sol. Elle... Pleurait ? Elle ? La chasseuse de prime impitoyable et renfermée sur elle-même ? Comme quoi, se baser sur des impressions était la chose la plus idiote et naïve que l'homme était capable de faire. Si le forban avait du prendre le pari, il aurait mis sa main à couper qu'elle n'en aurait rien fait. Mais en même temps... Le Phoenix pouvait se permettre ce genre de paris légèrement inconsidéré, puisqu'avec sa malédiction, ses membres repoussaient. Mais bien loin de songer à tout cela, l'écrivain reprit une attitude et une expression plus sereine et moins agacée qu'auparavant. Comme s'il avait pitié. Cependant, au final, il avait bel-et-bien pitié... Malgré tout ce qu'elle disait, hurlait, la Kagami était faible. Plus que tout au monde. Et surtout plus à plaindre que n'importe qui. Son histoire en avait fait une créature faible, tout simplement. Ses expériences l'avaient transformé en une de ces filles qui ne peuvent vivre normalement... Et cela donnait encore plus envie au blondinet de la faire changer. Elle devait vivre, heureuse.

Et comme prévue, elle s'arrêta, une nouvelle fois. D'autres larmes vinrent rejoindre la première et le Supernova commença cependant à lentement s'inquiéter... Ou carrément à péter un plomb. Il ne savait vraiment pas comment réagir, dans ce genre de situations ! Si elle avait été une amie, en théorie, il aurait pu s'en sortir, mais là... Elle le détestait ! Tenter le câlin tout gentil, c'était risqué ! Nakata n'avait pas envie de se prendre la baffe la plus magistrale de sa vie... Mais en même temps, il se refusait tout simplement à la laisser dans cet état ! C'était indigne d'un gentleman ! Même s'il n'en était pas vraiment un, de là à laisser pleurer une demoiselle devant lui... Non, quand même pas ! Un pirate, oui, un malotrus, non ! D'autant plus que c'était tout de même en bonne partie à cause de lui qu'elle avait fini dans cet état... Il n'avait peut-être pas fait preuve d'assez de tact ? Et sans même qu'il ne s'en soit réellement rendu compte, le Fenice commençait à s'inquiéter pour celle qui, une ou deux minutes auparavant seulement, l'exaspérant. Étrange nature humaine... Si cette chasseuse de prime en avait su quelque chose, sans doute aurait-elle été choqué de le savoir aussi désintéressé. Mais le garçon n'eut pas le temps d'agir ou de lui proposer un mouchoir qu'elle lui balança une dernière injure au visage avant de tourner les talons et de s'éloigner à grand pas. Quelle tornade... C'était peu dire. Le lecteur qu'il était avait l'impression d'assister à une mauvaise scène de roman à l'eau de rose. Vous savez, ce moment où l'héroïne hurle à l'homme qu'elle aime secrètement qu'il est pitoyable s'en va le cœur en lambeau... Tout semblait étrangement équivalent, à une différence prêt : la chasseuse de prime détestait le primé corps-et-âme... En tout cas, c'était ce qu'elle lui hurlait depuis un petit moment déjà. Il ne voyait pas vraiment de raison de douter de ce point, de ce fait... Cependant, il ne comptait pas abandonner pour si peu. Non, le musicien était toujours là... Rapidement, il tira alors la flûte qu'il gardait constamment dans la poche de son haut. Il la porta à ses lèvres, ferma les paupières afin de se concentrer et se décida à user d'une technique : Tanoshii merodī. L'air qui sortit de l'instrument à vent était reposant, vivifiant, relaxant. Lorsqu'il arriverait aux oreilles de Suki, elle se sentirait forcément réconfortée... Peu importait le fait qu'elle le déteste. La musique était un art universel, personne ne pouvait lutter. Elle faisait vibrer, amuser, trembler, désespérer, rigoler, sublimer, pleurer la personne qui l'écoutait sans que cette dernière ne puisse rien y faire. Au-delà de ce que l'on pouvait voir comme étant une vile manipulation... Elle était un don.


Malheureusement, Nakata se doutait que si la demoiselle serait dans un premier temps très surprise, surtout lorsqu'elle sentirait ses larmes arrêter de couler, elle risquait par la suite de s'emporter très violemment. C'est pour cela que directement après avoir rangé son instrument là où il le gardait constamment, il ouvrit les yeux à nouveau et regarda la jeune fille aux cheveux ardents avant de prendre la parole, toujours aussi calme qu'à l'accoutumée :

-Je ne suis pas mauvais, Suki. Je ne regrette rien d'autre que d'avoir perdu mes compagnons, autrefois. Pour cela, oui, je m'en veux terriblement. Mais je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit qui ne le méritait pas. Je n'ai jamais fait souffrir de civils ou de citoyens, pas plus que de soldats dans la mesure du possible. Je ne suis pas quelqu'un faisant le mal, accepte-le. Je suis sans doute naïf, à tes yeux. Peut-être idiot, également. Tu peux me voir comme quelqu'un d'égocentrique et de manipulateur, mais rien de tout ça n'est vrai. Je ne suis qu'un homme, avec un cœur qui bat. J'ai des envies, des caprices, un but. Je ne suis ni horrible, ni dangereux.  

Le Fenice marqua une pause, faisant un pas en avant en croisant les bras à nouveau, fixant la demoiselle avec une détermination sans pareille. Il était bien décidé à lui faire comprendre que la faction n'était rien.

-Un jour, Raphaël m'a dit que j'avais un pouvoir formidable, en tant que musicien. Celui de faire en sorte que les gens deviennent ce que je souhaitais, juste grâce à des instruments. Mais maintenant, je le sais : c'était l'une des rares choses pour lesquelles il avait totalement faux. La musique n'est pas un objet de manipulation, pas plus qu'elle n'est une arme. Comme la parole, comme la peinture, comme les gestes, elle est nous. Mais tu te demandes sans doute où je veux aller en déclarant quelque chose de ce style, je me trompe ? C'est tout simple. A ce moment-là... Quand j'ai joué, tu t'es sentie prise d'un accès de joie, non ? Depuis combien de temps n'en avais-tu pas ressenti de semblable ? Et c'est là que mes paroles me mènent. Tu es capable d'être heureuse. Comme n'importe qui d'autre. Et non seulement tu en es capable, mais tu te dois de l'être... Je te l'ai déjà dis, Suki. Tu es une fleur rare, qui a la capacité de se transformer en Perce-Neige. En espoir.

Nakata prit une nouvelle pause, fermant les yeux un instant. Lorsqu'il les rouvrit, la détermination de jadis avait disparu, laissant tout simplement place à une tendresse pleine de candeur. Une nouvelle et ultime fois, le blondinet prit la parole, toujours aussi calmement :

-Que tu le fasses ou non, c'est à toi de le décider. Seulement à toi. Mais sache une chose... Si j'agis comme je le fais, c'est bien pour éviter que d'autres ne se retrouvent dans ton cas. Que des gens ne vivent que par nécessité, par haine. Je remplacerai la justice faiblarde de la marine par un système dont la droiture serait maître-mot. J'ôterai cette égalité branlante que prône le Gouvernement Mondial pour la changer avec une équité absolue. Je ferais en sorte que jamais quelqu'un ne souffre comme toi tu as souffert. Je te le promet. 



CRÉDIT - FICHE

_________________
Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.
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Sam 14 Sep - 0:13

      Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué.

      Quoi que cet humain puisse être, j'en avais la certitude à présent. Je le haïssais, profondément. Je le haïssais bien plus que beaucoup de choses dans ce monde -et je n'aimais pas grand chose. Pour avoir oser me faire perdre toute ma dignité, pour avoir osé m'avoir retiré les mots de la bouche. Pour oser vouloir encore et encore insister malgré tout ça. Pour ne rien comprendre. Pour tout ce qu'il était, tout ce qu'il représentait. Je le détestais. C'était un fait. C'était ainsi. En aucun cas je ne voudrais que cela change.

      J'avais déjà commencé à m'éloigner de mon ennemi, cherchant des yeux mon arme, laissant l'eau salée couler librement, ne cherchant même plus à l'arrêter. À quoi bon à présent ? Il était bien trop tard pour cela. Il aurait fallu agir plus tôt. C'était fini. Lorsque enfin j'aperçus mon katana, je m'apprêtais à prendre la direction de celui-ci, sans plus me soucier de mon interlocuteur qui, quoi qu'il puisse me dire, ne m'empêcherait pas de m'en aller. J'espérais simplement ne plus jamais le revoir ou, du moins, en finir avec lui à notre prochaine rencontre. Ou qu'il en finisse avec moi. Peu m'importait. C'est alors que le Phénix agit d'une drôle de façon.

      Soudainement, une mélodie commença à se faire entendre. Si l'on prétendait que la musique adoucissait les mœurs, cela était vraisemblable à cet instant car, à peine le son parvenu à mes oreilles, je m'arrêtais de pleurer, comme si, soudainement, il n'y avait plus rien en moi. Plus rien mis à part une étrange joie qui ne venait pas de moi, mais plus de ces notes envoûtantes, quasi hypnotisantes. La première chose qui me vint à l'esprit fut que ce pirate était bien en train de manipuler mes sentiments. De les changer de façon à ce qu'ils lui conviennent bien. De façon à ce que notre conversation change, à ce que je l'accepte enfin comme il se voyait. Comme il pensait être. S'il pensait que ce genre de choses fonctionnait sur moi, il était dans l'erreur. Je l'appréciais encore moins pour cela. Rien que pour cela.

      Je me retournais vers le pirate, prête à lui infliger les pires tortures que l'on pouvait imaginer lorsque celui-ci prit la parole, comme pour m'empêcher de l'attaquer, comme pour créer une barrière. De toute façon, je n'étais pas idiote, ma colère n'aurait pas servi à grand chose. Il aurait certainement esquivé, comme à son habitude. J'écoutais donc ce qu'il avait à me dire dans le calme et la sérénité. Du moins, extérieurement, malgré le fait que je fulminais intérieurement.

      Il commença par me dire qu'il n'était pas mauvais et qu'il ne regrettait que d'avoir perdu ses anciens amis. Il prétendit même qu'il n'avait jamais fait souffrir personne qui ne le méritait pas. Ou du moins, qu'il essayait. Je restais persuadée qu'il en avait fait bien plus que ce qu'il pensait. Il ajouta que je pouvais pensais ce que je souhaitais de lui, mais que rien de cela n'était vrai. Il ne savait pas. Il ne comprenait pas. Il se croyait parfait. Il se pensait au-dessus de tout. Il me voyait comme une petite idiote. Il n'était pas un homme avec un cœur qui bat, il était un monstre avec un couteau à la place du cœur qui, à chaque parole, voulait s'enfoncer encore plus en vous jusqu'à vous déchirer en deux. Jusqu'à faire de vous soyez ce que vous n'êtes pas. C'était indéniable. Cet être était monstrueux. Il était un manipulateur sans scrupule.

      Cela se confirma par la suite de ses paroles, il m'expliqua clairement -ou plutôt se vanta- d'avoir le pouvoir de faire ce qu'il souhaitait des gens à l'aide de sa musique. C'était bien ce qu'il venait de faire, mais je ne le laisserais pas me diriger comme son jouet. Je me refusais à le devenir. J'avais déjà été le jouet de quelqu'un. Je l'étais toujours. Cela suffisait. Cela me suffisait. Encore un qui cherchait à tirer les ficelles. Encore un qui me prenait pour sa poupée de chiffon. Il continua à parler, prétendant qu'il m'avait offert un moment de joie que je n'avais probablement plus eu depuis longtemps. J'avais déjà été heureuse, mais cela remontait à des années bien en arrière. À une époque si éloignée que je n'étais même plus sûre de savoir quand celle-ci fut. La suite ne fut que des instants monotones et maussades. Il ajouta que j'étais capable d'être heureuse. Certes. Sous la manipulation, peut-être. Mais je ne voulais pas de ça. Ce n'était pas moi. Il continua à me parler de sa fleur, disant que je pouvais me transformer en espoir. C'était bien beau tout ça. Mais ce n'était que des mots. C'était faible.

      Il marqua une pause, pour reprendre de plus belle, utilisant une voix pleine de tendresse qui se voulait, à mes yeux, plus écœurante qu'autre chose. Il parla comme s'il me comprenait. Comme s'il me connaissait sur le bout des doigts. Il voulait instaurer sa Justice, il la pensait juste et équitable et il croyait, en plus de cela, qu'il empêcherait à des gens de vivre ce que j'avais vécu et de devenir ce que j'étais. Il pensait ainsi pouvoir me convaincre en me faisant songer à des gens qui vivraient les mêmes épreuves que moi. Je n'avais aucune sympathie pour eux, car ils finissaient tous pareils. Mort ou mauvais. Les morts n'avaient aucun intérêt et les mauvais je les haïssais. Je me haïssais. Que dire de plus ?

      Cherchant à récupérer mon arme avant de reprendre la parole pour pouvoir ensuite fuir comme je le souhaitais, je m'accroupis pour saisir dans ma main le katana et le ranger à sa place initiale. Après cela, je me plaçai bien en face de mon interlocuteur pour pouvoir lui répondre. Je pris une voix qui se voulait monotone, sans grande envie de faire partager mes sentiments à cet individu :

      - Tu penses sincèrement que je veux de ton bonheur mélodique ? Je me fiche éperdument de ce genre de choses. Je préfère garder tous mes sentiments négatifs plutôt que d'accepter ta joie artificielle. Je préfère rester ce que je suis. Je ne veux pas de ton soi-disant espoir, il ne m'a jamais servi à rien. Bien au contraire. S'il y a bien quelque chose que je pourrais aujourd'hui accuser, c'est ton espoir qui se transforme assez rapidement en désillusion. Tu ne sais pas ce que c'est de n'avoir rien à perdre pendant des années. Tu n'as jamais vu tous tes prétendus amis et compagnons se révolter contre toi sans réel raison. Tu ne connais pas ça. Et toi et ta grande justice parfaite ni changeront rien.

      Soudainement, je saisis par le col mon ennemi pour planter mon regard dans le sien et continuai à parler, accélérant soudainement le débit de mes mots :

      - Que va-t-elle faire pour tous ceux qui ont déjà tout perdu ? Que vas-tu faire pour tous ces morts ? Tu n'effaceras rien, tu ne changeras rien. Penses-tu pouvoir effacer tous les maux du monde ? Tous les guérir ? Il y a certaines choses qui ne changeront jamais. L'Homme est un loup pour l'Homme. On ne t'a jamais appris ça dans ton jolie livre de proverbes ? Arrête de me raconter ce genre de bêtises, comme quoi tu feras en sorte que personne ne souffre comme j'ai souffert. Sais-tu seulement qui je suis ? Sais-tu seulement pourquoi je fais ça ? Non, tu n'en sais rien. Ou du moins, tu penses le savoir, mais tu te trompes. Non, je ne tue pas des pirates seulement parce que je les déteste tous. Vous me servez à autre chose qu'à cela.

      Je le lâchais alors, mes yeux lançant des éclairs haineux à mon adversaire. Prenant une grande inspiration, je finissais par ces mots :

      - Le jour où tu sauras ce que j'ai vécu, peut-être que j'accepterais de t'écouter.

      Je contournais alors l'obstacle et retournais vers l'endroit où j'avais abandonné mon clone quelques minutes plus tôt, espérant qu'il était resté sagement à sa place. Je ne tardai pas à le découvrir en le voyant sortir de sa cachette sans que je ne lui en ait donné l'autorisation. Quelle impudence ! Je m'arrêtais alors de marcher, pestant intérieurement. Il ne manquait plus que ça ! Je ne souhaitais pas vraiment que ce satané Phénix découvre mon pouvoir. Et c'était le meilleur moyen pour cela. Quelle idée ? Je regardais mon double s'approcher avec inquiétude. Avec un peu de chance, il la prendrais pour ma sœur jumelle. Ou quelque chose comme ça.

      Mon moi s'arrêta juste en face de... moi. Il me regarda avec ses yeux vides et je sus dès cet instant ce qu'il avait l'intention de faire. Sans broncher, je laissais ce double faire, comme si je n'avais rien à craindre de celui-ci. Soudainement, il sortit son arme et la pointa dans ma direction, s'apprêtant à faire ce qu'il appréciait le plus : de la boucherie. Pourtant, je savais qu'il ne tarderait pas à se rendre compte de la présence de quelqu'un d'autre.

      Comme un animal renifle sa proie, il ne tarda pas à sentir la présence du Phénix et jeta un coup d’œil derrière moi, là où se trouvait le pirate. Un large sourire s'élargit alors sur son visage. Un sourire qui en disait long sur ses intentions. Il avait l'intention de nous transformer, mon ennemi et moi, en bouillie. Ce genre de double ne faisait pas la différence entre ami et adversaire. Pour lui, nous étions tous les mêmes : des humains à abattre. L'appel du sang.

      Sans crier gare, mon clone se saisit de mon propre katana, faisant attention de ne pas avoir le moindre contact physique avec mon corps. Pourquoi le laissais-je faire me direz-vous ? Parce qu'il ne faisait que réaliser ce que je souhaitais, comme je le voulais. Il était moi, en plus bestial. Lorsque je le priais de s'arrêter, il se contenta de grogner, comme une bête. Il avait sa première cible. Il s'agissait du pirate. Sans plus de présentation, il courut en direction de l'ennemi, prêt à lui trancher la gorge avec ses deux épées une fois à proximité de celui-ci. C'était inutile. Le Phénix l'arrêterait, mais je voulais voir de moi-même ce qu'il ferait de mon double. L'animal qu'on avait délivré de sa cage.





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Fenice Nakata
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« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Nakata acheva sa tirade qui, cette fois, avait été plus forte en sens que les autres. Il avait voulu dire tout ce qu'il avait sur le cœur, et il l'avait fait tant bien que mal. Tout ce que devait savoir Suki vis-à-vis de ce qu'il pensait d'elle, elle en était désormais au courant. Il ne restait qu'à elle d'en faire ce qu'elle voulait... D'écouter ses conseils et de vivre pour les autres en sachant qu'elle pourrait par la suite se montrer grandement utile au reste du Monde, ou bien de poursuivre son existence égoïste, sans chercher le bonheur et les autres émotions dites joyeuses. La monotonie parfaite que devait être sa vie effrayait presque le Fenice, lorsqu'il tentait d'y penser. Elle ne semblait pas chercher à avoir d'amis, et essayaient visiblement même de se tenir à l'écart le plus possible des autres humains. Elle ne faisait sans doute jamais ce qui aurait pu lui paraître intéressant, se consacrant à la chasse aux pirates. Elle ne tentait même pas de changer les choses pour avoir une situation qui lui paraîtrait plus avantageuse, plus plaisante... Définitivement, le forban n'arrivait pas du tout à la comprendre. Il n'arrivait pas à savoir comment elle faisait pour accepter de continuer ainsi. Faible, la chasseuse de prime l'était plus que n'importe qui d'autre. Pas physiquement, non, mais bien mentalement. Elle l'était plus même qu'un simple gosse, qui se contenterait de rêver à son futur. Non, elle ne rêvait même pas, n'imaginait même pas... Ne dit-on pourtant pas que c'est l'un des propres de l'homme ? Alors acceptait-elle de devenir un simple animal, un monstre sans cœur et sans dessein ? Malgré tout cela, l'épéiste semblait vouloir maintenir tant bien que possible le doute sur son être. Elle déclarait haut et fort qu'il y avait un but derrière cette traque sans fin des hors-la-loi du Monde entier... Mais quel but pourrait-elle bien tirer alors ? La vengeance n'engendre que la vengeance. Elle devait le savoir, si elle connaissait aussi bien la vie qu'elle le criait... Ceci dit, l'artiste devait admettre que dans certains cas, se venger paraissait la meilleure option possible. Il fallait tout simplement savoir la rejeter, voilà tout...

Avant de répondre, la demoiselle aux cheveux cramoisis alla s'accroupir pour récupérer l'arme qu'elle avait lâché auparavant. Elle se préparait à partir, visiblement. La discussion aura été animé... Mais ils devraient, l'un comme l'autre, pouvoir en tirer quelque chose. Si, toutefois, elle acceptait d'être moins bornée... En tout cas, Nakata, de son côté, n'avait que plus de détermination qu'avant. Il comprenait qu'elle avait énormément souffert et voulait changer le Monde avec encore plus d'ardeur, pour que comme il le lui avait dit, personne ne traverse les mêmes problèmes qu'elle. Cela pouvait paraître utopique pour quelqu'un qui n'était pas à sa place, mais pour le musicien, cela n'avait rien d'un rêve. Il le ferait, avec ou sans le soutien de ceux qui étaient encore, à l'heure actuelle, ses ennemis. Le Gouvernement Mondial, la Révolution, les autres pirates... Tous ceux-là pouvaient se rallier à sa cause s'ils le souhaitaient. C'était quelque chose que le capitaine avait décidé dès le début de son aventure, et qu'il ne bafouerait pas. Quelqu'un de festif et d'amical, il l'était. Alors il n'avait aucune raison d'accepter d'autres personnes à ses côtés, à condition d'avoir confiance en elles ! Le Fenice chassa ces pensées de son esprit en se reconcentrant davantage sur la jeune femme qui, à nouveau, lui faisait face. Il garda un air compatissant et plein d'empathie sur son visage, comme celui qu'il avait pris en prononçant ses dernières paroles quelques secondes plus tôt. Il ne voulait pas qu'elle ait l'impression qu'il avait pitié de lui, au contraire. Il était sincère, et ne souhaitait qu'une chose : qu'elle, comme tous les autres d'ailleurs, puisse vivre heureuse un jour ou l'autre. Le Supernova l'écouta donc répondre, déçu qu'elle ne comprenne réellement pas ce qu'il disait, bien qu'il s'en soit cependant douté lorsqu'elle avait repris sa place initiale. On ne pouvait changer une inconnue aussi facilement... Mais ça n'était pas pour autant qu'il n'essaierait pas, non. Le blondinet se faisait au contraire un point d'honneur que cette envie de faire changer les gens afin qu'eux aussi, à leur échelle, aient envie de changer les choses. Mais visiblement, avec cette Kagami, la tâche sera plus complexe que jamais...

Elle déclara tout d'abord qu'elle se fichait de la joie que pouvait lui offrir la mélopée jouée peu de temps auparavant par le Phoenix lui-même. Une fois encore, elle faisait un énorme contresens vis-à-vis de ses paroles... Il ne souhaitait évidemment pas lui offrir le bonheur chaque jour en jouant pour elle autant qu'il le pourrait, non. Evidemment, peu importait comment on le regardait, il ne s'agissait là que d'une fausse joie de vivre, que d'un bonheur illusoire qui retombait souvent à la dernière note. Ce que Nakata, en revanche, avait voulu faire comprendre à son interlocutrice, c'était le fait qu'elle pouvait bel-et-bien être heureuse, même maintenant, même après avoir traversé les horribles épreuves que pouvait parfois imposer le jadis. Ce n'était pas à lui de la mener à ce bonheur, absolument pas. C'était à elle de le trouver, si toutefois elle s'en sentait capable... Ce dont il commençait franchement à douter. Elle apparaissait plus lâche que n'importe qui, en finalité. Elle tournait le dos aux difficultés, se contentant de vivre pourtant dans une chose qu'elle semblait elle-même haïr. Faible, lâche. Ces deux mots la définissaient parfaitement, et même sans savoir précisément ce que cette sabreuse avait vécu, le Fenice le savait pertinemment. Il se conforta d'ailleurs dans cette impression lorsque jeune femme déclara même que son espoir, à lui, ne lui avait jamais servi à rien. Trop d'empressement manifeste dans ses mots... Même sans réellement la connaître, en sachant simplement qu'elle avait du voir et vivre des choses horribles, il pouvait dire sans plus réfléchir que son espoir, comme elle le disait si bien, avait forcément du lui être utile un jour. Ou en tout cas, qu'il en aurait l'occasion dans le futur... Comment pouvait-elle douter de cela si elle ne l'avait, après tout, pas vécu ? Mais elle ne s'arrêta pas là et ajouta à l'intention de l'ex révolutionnaire que l'espoir seul n'était que rare et que, bien trop souvent, le désespoir prenait sa place. Suki ajouta alors qu'il ne savait pas ce qu'était la solitude la plus parfaite, celle qui durait des années... Une fois encore, elle se précipitait. Il n'avait été que totalement seul pendant peu de temps, mais il l'avait bel-et-bien cruellement ressenti. Ce manque d'entourage, de proches... Le capitaine de Tengoku no Seigi en avait souffert d'ailleurs plus que n'importe qui d'autre : il était fait pour vivre en groupe, avec des amis, des nakamas. Rien ne le déchirait plus que cette impression d'être seul.

La chasseuse de primes ajouta alors que lui n'avait jamais pu voir ses amis se retourner contre lui, sans raison. Effectivement, cette sensation, il ne la connaissait pas le moins du monde. A chaque fois que ses alliés d'antan lui avaient tourné le dos, c'était parce qu'il avait eu quelque chose à se reprocher... Mais la demoiselle n'avait-elle d'ailleurs rien à se reprocher ? Il l'ignorait, le blondinet ne pouvait pas le savoir tant qu'il ne connaissait pas précisément son histoire et surtout l’événement auquel elle faisait alors allusion. Sachant cependant qu'elle ne lui raconterait rien même si Nakata le lui demandait, ce dernier préféra garder le silence religieusement, attendant qu'elle termine sa tirade à son tour calmement. Soudainement, elle attrapa son col. Se laissant faire sans aucune crainte, le combattant au corps-à-corps resta même parfaitement détendu, ne montrant que de l'empathie, comme depuis plusieurs minutes. Elle avait souffert, c'était incontestable. Comme une épave fatiguée par les batailles et les boulets de canon, elle s'était laissée échouer, abandonnant ses idéaux que chaque gamin porte pourtant normalement jusqu'à l'âge adulte, voire parfois jusqu'à la mort. Le Fenice écouta son interlocutrice déclamer qu'il ne pourrait rien faire pour ceux qui avaient déjà tout perdu, même la vie. C'était évident... A quoi bon s'enfermer dans ce genre d'axiomes ? Elle ne faisait qu'induire le garçon à la penser stupide... Peut-être étaient-ce ses nerfs qui lâchaient ? Peut-être ne se rendait-elle pas compte de ce qu'elle disait, peut-être ne réfléchissait-elle déjà plus... C'était probable, oui. Parce que débiter que les hommes étaient des loups pour les hommes dans le sérieux le plus total, c'était l'une des plus grosses idioties que le maudit n'avait jamais entendu. Les hommes n'étaient que ce que l'on faisait d'eux, dans la majeure partie des cas. L'homme n'était pas foncièrement mauvais envers ses congénères, de base. Il ne le devenait, comme elle, que part le biais d'expériences traumatisantes. Mais le jeune la laissa cependant poursuivre. Une nouvelle fois, Suki amena le fait qu'il ne la connaissait pas sur le tapis. Un pléthore de vérités idiotes, c'était cela qu'elle débitait sans s'arrêter ? La discussion commençait réellement à se tarir, au niveau de l'intérêt que pourrait lui apporter le justicier... S'il devait passer son temps à contrecarrer toutes ces opinions communes, il n'aurait aucune réjouissance particulière...

Nakata laissa, une fois de plus, l'épéiste le relâcher sans broncher. Elle prit une dernière fois la parole, annonçant que lorsqu'il saurait ce qu'elle aurait vécu, elle accepterait de l'écouter. Allons bon, c'était ça ? Elle s'enfermait dans un tempérament borné et bercé par l'idiotie pour la simple et très mauvaise raison qu'il ne la connaissait pas parfaitement ? Décevante, lâche et faible. La liste s'allongeait irrémédiablement... Si elle ne trouvait rien pour y pallier, elle allait se contenter de faire une chute vertigineuse dans l'estime du blondinet... Quand bien même elle n'y accordait sans aucun doute aucune importance. Néanmoins, il la laissa passer à côté de lui sans broncher. Elle tournait le dos à la sortie ? Peut-être avait-elle autre chose à faire... Cependant, l'amoureux de la nature, lui, resta face au couloir par lequel il était entré. Pourquoi ? Peu de temps auparavant, il avait entendu le hurlement d'Element, le faucon. La demoiselle ne le verrait que comme le bruit d'un quelconque volatile, mais le Fenice l'avait reconnu... Il sourit doucement tandis que son compagnon se montra, voletant doucement jusqu'à lui. Tendant le bras à l'horizontal, face à lui, le capitaine lui offrit un perchoir. Il caressa sa tête doucement et se retourna lentement lorsque l'animal lui mordilla l'index. Il le connaissait : quelque chose approchait, derrière lui. Quelque chose de menaçant. Suki ? Sûrement pas. Ainsi, le jeune musicien put observer un étrange spectacle. Deux Suki, en réalité... L'une, désarmée, qui le regardait tout simplement. L'autre, portant deux katanas, qui fonçait dans sa direction. Analysant rapidement la courbes que prenaient les lames et la vitesse qu'usait l'escrimeuse, sans prendre la peine de dire à son camarade plumé de s'en aller, le Phoenix se baissa pour éviter les katanas qui avaient voulu lui trancher la carotide. Lente. Trop pour lui. Sans aucune difficulté, et toujours en gardant Element sur son avant-bras, le musicien fit un croche-patte à celle qu'il ne soupçonnait même pas d'être un clone. Il sauta alors, enroulant ses jambes et ses pieds autour des deux bras de la demoiselle pour retomber sur son dos en position assise, parfaitement décontracté, tout en faisait face à l'autre jeune fille.

Nakata fit alors un mouvement du bras, incitant son faucon pèlerin à s'en aller, après l'avoir remercié de son aide en flattant son plumage une fois de plus. L'animal alla se placer un peu plus loin, ne faisait plus vraiment attention à la scène. Le garçon, lui, maintenant sa prise sur la mystérieuse combattante, prit la parole à l'intention de l'autre chasseuse de prime, celle qui était toujours debout un peu plus loin :

-C'est toi, la Suki à qui j'ai parlé, n'est-ce pas ? Mais qui est celle-là ? Une sœur ? Ou... Un clone ? Enfin, ça n'est pas important...

Le Fenice s'assura que la demoiselle sur laquelle il était assise pouvait respirer normalement sans pouvoir trop se mouvoir, évitant ainsi une fâcheuse blessure qui, de toute façon, ne lui aurait pas vraiment posé de problème. Il préférait cependant prendre des précautions, comme toujours : moins son fruit du démon lui servait, plus il aurait confiance en ses propres attributs, sa propre force... Contre quelqu'un de ce niveau, il aimait donc utiliser seulement son corps. Reprenant la parole, il regarda l'autre Suki avec un air plus sérieux qu'auparavant :

-Tu as débité pas mal de vérités générales, et je t'en félicite... Mais même si ça me gave profondément que de devoir répondre à des questions déjà posées mille fois et dans toutes sortes de circonstances, je vais le faire. Tout d'abord, effectivement, le bonheur que je peux t'apporter par la mélodie de ma flûte n'est qu'une pâle imitation du vrai bonheur. Tout ce que je voulais te prouver, c'était que même toi, tu n'avais pas pu totalement tourner le dos à la joie. Elle est partout, où que tu regardes. Il faut simplement que tu aies le cran de vouloir la voir, et elle t'apparaîtra. Après... C'est une autre question, que de savoir si tu en auras la force. Personnellement, je pense que tant que tu seras aussi têtue, tu n'y parviendras pas. Car ton obstination n'est que puérilité, elle t'empêche de progresser.

Il poussa un soupire. Le blondinet aurait préféré éviter à avoir à lui dire ce genre de choses en face, mais elle ne lui avait pas laissé le choix. Il reprit alors la parole :

-Comme dirait mon livre de proverbes, comme tu dis, « L’homme raisonnable s’adapte au monde ; l’homme déraisonnable s’obstine à essayer d’adapter le monde à lui-même. Tout progrès dépend donc de l’homme déraisonnable. ». Bien sûr, tu me prends pour un fou, à vouloir changer ce qui est déjà instauré, ce que tu crois acquis. Tu penses que l'homme ne pourra jamais être que mauvais, et que quoi que je fasse, je suis condamné à en faire également les frais. Mais crois-tu que les changements viennent toujours de personnes qui n'ont aucun rêve ? Crois-tu que les progrès majeurs de l'humanité ont été acquis par les raisonnables, qui se contentent de vivre comme on leur dit de vivre ? Je ne ressusciterai également personne, c'est un fait. Mais ce n'est pas pour autant que je n'arriverai pas à changer les hommes.

Se grattant la chevelure distraitement, le Supernova acheva alors sa tirade, avec une simple question :

-Mais il est naturel que tu ne puisses pas imaginer que je puisse le faire si tu t'es résignée à faire une croix sur ta propre imagination. Alors si ça te permet de t'ouvrir à d'autres horizons, vas-y... Voudras-tu me raconter ta vie ?


CRÉDIT - FICHE


PS : J'ai demandé l'autorisation à Suki pour pouvoir maîtriser son clone ^^ C'était juste pour gagner du temps !

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Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.
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Sam 14 Sep - 23:28

      Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué.


      Cet être était tellement prévisible. Bien sûr, il ne fit rien de bien mal à mon clone. Comme s'il le pouvait. Il ne connaissait rien d'elle et pourtant, il faisait comme si sa vie lui était précieuse, comme s'il ne voulait pas la gâcher. Ce fut donc sans surprise que mon double loupa son coup, qu'il ne parvint pas à mettre fin à la vie de son adversaire. D'un côté, cela me désola, mais d'un autre je savais que j'aurais préféré faire cela de mes propres mains.

      Lorsque l'autre moi fut immobilisée au sol, je ne pus m'empêcher de soupirer. Malgré sa faiblesse apparente, elle essayait, en vain, de se délivrer de la prise du pirate. Elle se tortillait, elle grognait. Après quelques secondes, elle arrêta de s'acharner et se calma enfin, comme si, dans un instant de lucidité, elle s'était rendue compte que cela ne servait à rien. À moins qu'elle ne fut déjà en train d’échafauder un plan dans sa tête pour pouvoir enfin faire couler le sang. Sans plus me préoccuper d'elle, je plantai mon regard dans celui du pirate qui semblait toujours aussi calme et détendu, comme si tout ce qui se passait autour de lui ne le concernait pas plus que cela. Il venait, d'ailleurs, de faire s'envoler un oiseau, probablement une bête qu'il avait domestiqué lui-même.

      Il prit alors à nouveau la parole, sans surprise. Je serais bien partie sans l'écouter, mais je ne pouvais laisser mon clone aux mains du pirate. Qui sait ce qu'il en ferait ? Qui sait ce qui risquait de m'arriver en ce moment-là. Non, décidément, il valait mieux que j'essaie de le délivrer au plus vite. Quitte à le faire disparaître sous les yeux de mon adversaire. Et tant pis pour la surprise. Cela ne marcherait de toute façon pas face à un ennemi de cette importance. Il m'interrogea donc sur l'identité de mon double. Devais-je vraiment lui répondre ? Tant mieux s'il pensait qu'elle était ma sœur, même si, celle-ci ayant existé, ne lui ressemblait pas du tout. Pourtant, il semblait ne pas trop s'occuper de cela. Tant mieux, l'idée qu'il se mette à fouiller pour trouver ne me plaisait guère.

      Il continua à me parler, prétendant que j'avais enfin réussis à dire des vérités. Comme si c'était la première fois. Je ne faisais que dire la vérité -ou du moins ce que je voyais comme telle- depuis le début de notre conversation. Il utilisa, encore et encore, les mêmes mots, les mêmes paroles, disant qu'en me jouant sa mélodie, il voulait simplement me prouver que j'étais capable d'être heureuse comme n'importe qui, qu'il me suffisait de voir la joie là où elle se trouvait. Je ne croyais pas un traître mot de ce qu'il me racontait. Il croyait donc qu'il me suffisait d'être moins têtu pour enfin trouver mon bonheur. Ce n'était pas ça. Le caractère n'y changerait rien. À quoi bon être heureuse si ce n'était pas vraiment moi qui l'était ? Dans le fond, je pouvais bien apparaître comme je le voulais, mais il y avait certaine chose qui restait ancrée au fin fond de soi, et malgré le fait que je puisse penser nager dans le bonheur, je le sentirais forcément au fond de moi. Que ma vie est fondée sur un mensonge. Qu'elle n'est pas ma vie. Qu'elle ne m'appartient plus. Voilà pourquoi je préférais rester tel que j'étais en demeurant seule et malheureuse. C'était une satisfaction en soi.

      Il recommença ensuite à me raconter un autre proverbe qui n'était pas plus intéressant que le dernier. Il recommença à me raconter toute son idéologie. Son histoire de rêve. Son histoire de gloire. Son histoire sur le changement de l'humanité. Encore une fois, son arrogance venait de frapper. Changer l'humanité, c'est impossible. Les Hommes sont nés mauvais et ils le resteront jusqu'à leur dernier souffle. Certains l'étaient plus que d'autres. Certains le montraient plus que d'autres. Mais il n'existait pas en ce bas-monde des bons et des mauvais. Ce n'était qu'un vulgaire mélange de méchanceté et de haine, parfois un peu trop salé ou poivré.

      Lorsqu'il acheva enfin sa tirade, qu'elle ne fut pas ma surprise de l'entendre me demander de lui raconter mon histoire. Je n'avais jamais fais cela auparavant, je la trouvais sans intérêt. Si je lui racontais tout, il pourrait très bien en user pour me manipuler à sa guise. Et cela ne l'empêcherait pas d'essayer de me convaincre que je devais absolument changer. C'est pourquoi, ma décision fut vite prise : je ne lui raconterais rien. Je ne voulais pas. Pas à lui. J'avais décidé de garder le secret pour ma propre sécurité. Nous ne vivions pas un monde où être enfant de pirate était une chose bien vue, bien au contraire. Poussant un long soupire, je pris la parole :

      - Je ne vois pas l'intérêt de te raconter ma vie, elle ne t'intéresse d'ailleurs probablement pas. Tout ce que tu veux c'est d'avoir l'occasion de l'utiliser pour pouvoir ensuite mieux me manipuler. Je vois clair dans ton jeu, pirate. Tu te crois plus malin que les autres, n'est-ce pas ? Je suis consciente que tout te révéler reviendrait à prendre des risques, je ne suis pas idiote. Je ne suis pas une hors-la-loi et je tiens à garder ce statut le plus longtemps possible, je ne vais pas me mettre en danger inutilement pour ton bon plaisir.

      Sur ces mots, je m'approchai du pirate et m’accroupis devant lui et, par la même occasion, devant mon clone. Désignant celle-ci du doigt, je recommençai à parler :

      - Concernant cette personne-ci, il ne s'agit pas de ma sœur qui, en vérité, ne me ressemblait pas du tout. Elle n'avait rien hérité de notre père, contrairement à moi...

      Je fus coupée en plein milieu de ma phrase par mon double qui semblait vouloir prendre la parole. Que cherchait-elle à faire ? Si elle en disait trop, je n'aurais d'autre choix que de devoir la faire disparaître. Et cela revenait à révéler clairement mon pouvoir au pirate. Le clone dit donc, un grand sourire sur le visage:

      - Pourtant, ce fut bien elle sa première victime.

      Il était rare que des copies de moi-même prennent la parole aussi facilement, surtout pour débiter ce genre de choses. Ce genre de bêtises qui risquait de me coûter cher. Je jetai donc un coup d’œil furtif vers mon double, très surprise de sa réaction. Cherchait-elle à m'embêter ? Probablement, c'était tout moi. Vouloir à tout prix déranger les autres. Elle n'était peut-être pas ma face sanguinaire, mais peut-être plutôt celle qui désirait à tout prix ma mort, ou plutôt, qui souhaitait faire de moi quelqu'un d'encore plus triste que je ne l'étais déjà. S'était-elle jetée sur le pirate exprès pour se faire capturer ? Était-ce volontaire ? Pourquoi faisait-elle cela ? Elle m'accorda un grand sourire mauvais, avant de reprendre la parole. Abasourdie, je n'eus d'abord aucune réaction et l'entendais débiter à toute vitesse ces paroles :

      - Ce fut le début de la fin pour toi -ou plutôt pour nous- n'est-ce pas ? Regarde-toi, tu es minable. Tu n'as rien fais pour elle, ni pour personne, tu es restée une faible toute ta vie et tu le resteras pour le restant de tes jours. Tu ne seras même pas capable de réaliser ton rêve. Tu es morte depuis longtemps et, lorsque ton corps perdra à son tour la vie, les gens laisseront celui-ci pourrir parce que personne ne se soucierait de toi. Tu vas finir dévorée par les chacals et les vautours parce que tu ne mérites que ça, parce que ce seront tes seuls compagnons. Finis-en, finis-en tout de suite. À moins que tu ne préfère continuer à vivre comme tu le fais. Ou bien...

      Elle marqua une courte pause, levant les yeux en l'air comme pour désigner celui qui était assise sur elle avant de reprendre :

      - Ou bien accepter d'écouter ce mignon...

      Ce fut à là que s'arrêta ses paroles. C'en était déjà trop pour moi et j'avais abattu ma main sur son visage pour la faire disparaître. Le Phénix serait certainement surprit de ne plus sentir le corps de la jeune femme en dessous de lui. Peu importait à présent, elle en avait trop dit, et elle n'avait que trop raison. Du moins en partie. Je le savais bien, elle cherchait à me faire craquer et elle avait déjà gagné. Dès le moment où elle avait commencé à parler, elle avait remporté la victoire. De toute façon, j'étais déjà morte depuis longtemps. Je n'avais qu'une enveloppe charnelle qui me maintenait en vie. Elle avait raison.

      Soupirant, je me relevai, sans un mot, je tournai les talons, m'apprêtant à partir, ne cherchant même pas à récupérer mon arme. Je ne voyais pas l'utilité de la récupérer, cela ne ferait qu'offrir une occasion de plus au pirate de prendre la parole. Je ne voulais plus l'entendre et, tout en marchant, je m'éloignais de celui-ci. Je ne courrais pas parce que je ne souhaitais pas qu'il se rende compte que je voulais à tout prix fuir, au plus vite...





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Dim 15 Sep - 1:03

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« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Nakata resta assis sur l'une des deux demoiselles, calmement et sérieusement, après avoir proposé à Suki de lui raconter son histoire, tout simplement. C'était bénéfique pour l'un comme pour l'autre. En effet, d'un côté, lui pourrait être plus efficace, la cerner plus aisément et lui permettre de retrouver un intérêt dans la vie avec efficacité. Elle, de l'autre côté, n'avait sans doute jamais parlé aux autres de ses expériences, vu comment elle se comportait de manière générale... Ou du moins, pas souvent. Cela faisait toujours du bien de raconter ce qui pesait en nos cœurs... Crever l'abcès, comme on dit. Repartir sur des bases saines, avec soi-même avant tout. Obligatoire pour fonctionner correctement... Et comme elle ne semblait, justement, plus fonctionner correctement depuis belles lurettes, il ne sentait que cette envie croître encore et encore. L'entendre, l'écouter, lui parler. Malheureusement pour le Fenice, son interlocutrice ne semblait pas être d'humeur à parler, comme depuis quelques instants en fait. Dommage... Elle avait sans aucun doute été surprise de son interrogation, mais sa façon de voir le pirate l'empêchait de se rapprocher trop de lui. Et encore une fois, elle se contredisait elle-même. Un paradoxe sur pattes, voilà comment il la percevait... Elle déclarait qu'il devrait connaître son passé pour qu'elle l'écoute mais, l'instant d'après, refusait de le lui livrer. Comment étaient-ils s'entendre, dans ce cas-là ? Parce que honnêtement, le blondinet commençait à être légèrement fatigué que ce dialogue à sens unique. Peu importait ce qu'il pouvait dire, elle l'interprétait mal. Elle trouvait toujours un moyen de mal l'interpréter, du moins... Négative, pessimiste. Bien trop. Il n'aimait pas cela. Mais chacun sa manière de penser...

Pourtant, quand bien même le forban respectait tout-à-fait la manière de penser de la chasseuse de prime, il ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel lorsqu'elle le suspecta d'avoir voulu la manipuler. Il sourit même doucement. Se rendait-elle compte de l'hypothèse incroyablement farfelue qu'elle venait d'énoncer ? Le Phoenix n'en croyait pas ses oreilles... A quoi bon la manipuler, alors qu'il aurait tout juste pu mettre fin à sa vie ? Plus facile et bien plus radical. Alors quoi ? La retourner contre ses alliés, qu'elle n'avait pas ? L'intégrer dans son "armée" et prendre le risque qu'elle le trahisse ? Non, peu importait comment le capitaine de Tengoku no Seigi regardait les choses, il ne voyait qu'une réponse idiote formulée par une fille qui, à cause de son obstination, en devenait tout aussi idiote, sinon plus. Mais une fois encore, inlassablement, Nakata se décida à l'écouter. Après tout, depuis le début, la demoiselle ne l'avait pas coupé dans l'une de ses tirades... La moindre des politesses était donc tout simplement de faire de même, cela coulait de source. Malheureusement, il aurait préféré ne pas entendre tout ça... Quel tissu de conneries. Elle disait voir dans son jeu... Quelle grossièreté ! Si elle voyait si bien que ça, elle se serait excusée de sa puérilité... Même si pour le coup, force était de reconnaître que lui non plus n'était pas tout blanc dans l'histoire. Après tout, le justicier l'avait tout de même plus ou moins poussée hors de ses gonds... Néanmoins, cela semblait être la seule manière de la faire réfléchir. Si toutefois c'était encore possible, avec un cerveau aussi pollué par la négativité. Le Fenice se retint une fois de plus de rire lorsqu'elle l'accusa de se croire plus malin que les autres. Il ne l'était pas, c'était une évidence... Il existait en ce Monde des personnes bien plus intelligentes et rusées que lui. Et il ne cherchait absolument pas à contredire cela... Une fois encore, l'épéiste avait donc parlé sans le connaître. S'ils avaient du compter les points, elle serait sans doute première sur la question... Mais bon, une fois de plus, le maudit du zoan se contenta de garder le silence, et de la laisser finir. Cependant, il devait admettre que répéter à chaque fois les mêmes paroles commençait sérieusement à l'agacer... Enfin, il verrait bien si la fin de son monologue aurait quelque chose de plus intéressant et de plus bénéfique que le reste qui n'était, ma foi, que digne du plus abruti des gosses.  

Nakata ne fut donc pas déçu. En effet, ce qu'elle avait sans doute prononcé tout à fait naturellement et sans se poser de question avait attiré sa plus pleine attention. Son passé pouvait la transformer en hors-la-loi ? Il n'y avait que peu de probabilités, dans ce genre de situations... Mais toutes venaient à dire que ses actes d'antan n'avaient rien de louables vis-à-vis du Gouvernement Mondial. Et donc possiblement, rien de louables vis-à-vis des civils non plus... Ce qui rajoutait une pointe de déception à l'état actuel du héraut de l'espoir, en réalité. Cela ne venait que prouver le fait que Suki critiquait, mais n'était pas mieux que ceux qu'elle pointait du doigt. Sans doute pire, même. Mais comme elle l'avait dit elle-même un peu plus tôt, le Fenice ne pouvait pas réellement lui en tenir rigueur... Ce qui le gênait plutôt, c'était le fait qu'elle n'ait pas l'air de regretter. Ou alors, qu'elle cachait très bien son jeu... Enfin, ça, il ne pourrait en tirer les conclusions qu'après, si elle daignait lui raconter par quoi elle était passée... Ce qu'elle ne semblait manifestement pas pressée de dévoiler. Ensuite, la chasseuse de prime se rapprocha une fois du plus du criminel qui resta confortablement assis sur l'autre demoiselle. Elle s'accroupit devant lui et tendit un doigt en direction de ladite demoiselle, ajoutant quelques paroles auxquelles le blondinet prêta plus d'attention qu'à sa courte tirade passée. Elle affirma avoir une sœur, implicitement, mais déclara que celle-là ne lui ressemblait pas. Cette hypothèse tombait donc à l'eau, selon ses dires... Mais alors quoi ? Un clone ? Un robot ? Les deux possibilités semblaient assez... étranges. Et elles le furent d'autant plus lorsque le présumé robot prit la parole à son tour, avec une voix ressemblant étrangement à celle de l'autre jeune fille aux cheveux cramoisis. Pour un humain lambda, cela ne choquait pas plus que ça, mais pour un musicien comme le Supernova, c'était une toute autre histoire... Il resta cependant silencieux, une fois de plus, se contentant de baisser les yeux pour observer celle qui se dessinait désormais comme étant une interlocutrice probable. Mais rapidement, il put comprendre que ce n'était pas vraiment à lui qu'elle s'adressait. Non... Tout semblait être fait pour provoquer l'autre sabreuse. A quoi tout cela rimait-il ? Bien contraint d'assister à cet étrange spectacle, le garçon resta donc parfaitement muet et immobile, se contentant d'assimiler autant d'informations que possible en bon auditeur. Et une fois de plus, il ne fut pas déçu.

En effet, rien que sa première prise de parole semblait particulièrement prometteuse... Elle se destinait à la sœur de la protagoniste, dont Nakata ne connaissait même pas le nom mais qui, visiblement, avait été la première victime du père de celle-ci... Ces histoires de famille commençaient à être bien compliquées. Et d'ailleurs, celle sur qui le jeune homme était assis, c'était qui ? Il ne comprenait réellement plus rien, pour le coup... Mais bon, étant donné qu'il était là, et que le duo féminin semblait bien décidé à entamer un petit dialogue, autant se taire et écouter. Ainsi le blondinet ne fut pas vraiment surpris de voir un sourire particulièrement mauvais se dessiner sur les lèvres de sa captive, tandis que l'autre, au contraire, était plutôt stupéfaite... Le Fenice le fut également, en l'entendant livrer une bonne partie des détails de sa vie tout à fait naturellement, mais également en brossant un grossier portrait psychologique du personnage... Elle l'injuria elle-même en la définissant violemment comme étant quelqu'un de pathétique, de minable. Mais elle ne souhaitait visiblement pas s'arrêter en si bon chemin, et poursuivit même en déclarant qu'elle était faible et qu'elle n'avait jamais rien pu faire, ni pour sa sœur, ni pour qui que ce soit d'autre. Alors comme ça, les traumatismes de Suki étaient plutôt d'ordre familiaux ? Ils étaient souvent les plus gênants, oui... Malheureusement, sur ce point-là, le philosophe en herbe n'en savait pas grand chose : son père était mort avant sa naissance, et sa mère peu après. Élevé par une famille adoptive, il ne pouvait pas connaître réellement les douleurs de perdre un proche de ce style... L'ancien révolutionnaire décida même de rester muet coi lorsque la captive déclara à l'autre jeune fille que le jour où elle mourrait, personne ne se soucierait de sa mort. Cruel venin que celui des paroles d'une personne qui nous connaît plus que tout au monde... C'était en tout cas la ferme impression qu'avait le forban : que ces deux là se connaissaient plus que lui-même ne se connaissait, ironiquement. La prisonnière termina sa prise de parole en l'invitant de clore sa vie dès maintenant. Si une chose était sûre, c'était que le combattant ne laisserait personne mettre fin à son existence juste devant lui, surtout une demoiselle paumée comme la chasseuse de prime. Mais la suite sembla encore plus cinglant. Cinglant pour Suki, du moins.

Nakata regarda alors la jeune fille qui parlait et se sentit, dans un premier temps, assez surpris. Comment ne pas l'être lorsqu'une quasi-inconnue nous définissait comme étant de mignon, d'autant plus lorsque cette quasi-inconnue était le portrait craché d'une autre étrangère qui s'était contentée de nous injurier violemment pendant les dix minutes précédentes ? Mais en plus de cela, il fut bien évidemment légèrement flatté : l’ego d'un homme n'a pas besoin d'énormément de choses pour être comblé. Surtout qu'il devait l'admettre : cette demoiselle cramoisie avait du charme. Si seulement elle était un peu plus sympathique, elle serait tout-à-fait son style... Mais tout cela fut soudainement balayé lorsque sa prisonnière disparut, avec un simple contact de l'autre fille. Il tomba en arrière, tout simplement, et se redressa lentement en position assise et en se grattant le crâne, sans vraiment comprendre. C'était quoi ce délire-là ? En la touchant, l'autre chasseuse de prime l'avait fait disparaître ? Le Fenice n'y comprenait réellement plus rien... A moins que... Une malédiction, comme lui ? La piste n'était pas à ôter, vraiment pas. Enfin, c'était la seule possibilité réelle qu'il voyait pour le coup. Voyant que l'autre Suki allait visiblement partir, ayant tourné les talons sans même prendre la peine de récupérer son arme, le pirate voulut prendre la parole en fronçant les sourcils. Il lui paraissait normal et légitime qu'il obtienne des réponses à ses questions... Non ? Quoi qu'il en soit, Element ne l'entendait visiblement pas de cette oreille. A peine son pseudo-maître eut ouvert la bouche et prononcé une syllabe qu'il se précipita dans sa direction, lui griffant la joue. Poussant un cri de surprise et de douleur, l'ancien révolutionnaire plaqua sa main contre la blessure qui commençait déjà à se refermer. Il voulut demander à son animal ce qui l'avait pris, mais n'en eut pas l'occasion. En effet, le regard de ce dernier l'en dissuada tout simplement... Oui, il était peut-être allé trop loin avec cette pauvre maudite... Poussant un soupire, il s'assit tout simplement en tailleur tandis que le faucon allait prendre le katana dans ses serres. Cependant, il profita de son vol et de la trajectoire de celui-ci pour également attraper l'écharpe rouge du blondinet, apportant le tout à la jeune fille en poussant un hurlement strident. Il se mit devant elle en voletant, l'invitant à reprendre le tout. Souriant devant ce spectacle assez hors du commun, le musicien prit alors la parole :

-Je dois dire que c'est assez surprenant qu'Element se lie d'amitié avec quelqu'un d'autre que moi... Il est assez réservé. Quoiqu'il en soit... Tu vois ? Même si tu les repousses, il y aura toujours des gens pour s'accrocher à toi. Il n'est peut-être qu'un faucon, mais il est plus humain qu'un bon nombre d'entre nous, comme tu l'as si bien dit.

Le capitaine se redressa et tapota son pantalon pour ôter la poussière qui s'y était accrochée lorsqu'il avait chuté. Il fit alors quelques pas en direction de la chasseuse de prime et bailla doucement avant de recommencer à parler :

-Je dois avouer que j'ai rien compris, ou presque, de cette histoire avec ta sœur et ton père... Mais en fait, j'ai réfléchis à un truc. Je m'en tape. Peu importe ce que tu as vécu, tu es toute aussi humaine que moi, peu importe comment tu le vois. Et pour ça, tu mérites tout mon respect. Enfin, bien sûr, si un jour tu as besoin d'une oreille attentive, je suis là. C'est toujours intéressant de discuter... Même si je doute que tu te tournes vers moi, dans ce cas de figure. Si tu le souhaites, tu pourras venir parler à Element, il sera sans doute toujours ravi de te voir.

En prononçant ces paroles, le Supernova était passé d'un pas calme et nonchalant à côté de son ennemie. Ne montrant, comme d'habitude, aucune agressivité, il continua son chemin, décidant qu'il n'était pas vraiment la peine de continuer le débat... Suki semblait exténuée. Normal, vu tout ce qu'il s'était passé. Le primé s'arrêta une fois à quelques mètres de la demoiselle et reprit :

-Oh, oui. L'écharpe, tu peux la garder. Considère la comme une récompense. Garde la précieusement, on sait jamais... Des fois que la prochaine fois, tu arrives à obtenir la tête qui va avec.

Nakata fit un clin d’œil complice à la jeune femme en souriant avec amusement. La perspective d'avoir une nouvelle rivale le faisait toujours jubiler. Plus d'aventure, plus de combats ! Et elle avait quelque chose d'à part, quelque chose de caractéristique... Loin d'être comme les autres, elle était un véritable défi pour le Fenice. Il voulait la changer, tout simplement.

-Tu as quelque chose d'autre à me dire, avant que je m'en aille ? Si tu veux qu'on continue de parler, j'ai autant de temps que tu le souhaites devant moi, mais je doute que ce soit ton cas, je me trompe ?

Il attendit les réponses de la jeune fille en silence, souriant toujours calmement, se doutant que cela allait peut-être clore leur première rencontre.


CRÉDIT - FICHE

_________________
Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.
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Fenice Nakata
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Tenshi Taya
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Lun 16 Sep - 19:56

      Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué.


      Soudainement, l'oiseau que j'avais vu précédemment auprès du pirate s'envola. Je n'eus pas besoin de me retourner pour deviner que cet animal venait d'attaquer son maître car ce dernier poussa un petit cri s'apparentant légèrement à celui d'une fillette en détresse. Cela me fit sourire, même rire. Il avait perdu le peu de dignité qu'il avait par ce cri. Soudainement, je vis ce qui ressemblait à un faucon se poster devant moi, ce qui stoppa ma marche. L'animal venait de m'apporter mon arme accompagné de l'écharpe du Phénix. Ma première envie fut de refuser le cadeau en tentant de chasser l'oiseau de la main. Ma seconde fut de ne récupérer que mon arme et de ne pas accepter le foulard qui devait porter l'odeur nauséabonde et répugnante du forban. Ma dernière fut d'accepter le tout, rien que pour pouvoir prendre quelque chose à mon ennemi. Sa voix retentit, alors qu'un débat intérieur faisait rage en moi.

      Il pensait qu'il était surprenant que son animal se lie d'amitié avec quelqu'un, d'autant que je n'étais pas le genre de personne que l'on appréciait le plus. Il prétendit qu'il y avait toujours des gens qui allaient se lier d'amitié avec moi et que cet oiseau était bien plus humain que bien des gens. Il était vrai que j'avais toujours préféré bien m'entendre avec des animaux que des hommes car ils étaient plus guidé par leur instinct qu'autre chose. Je les aimais bien pour cela. Parce que cela me correspondait bien aussi. Faire ce que l'on voulait sans limite, sans règle aucune.

      Après les paroles du truand, je finis par tendre ma main pour récupérer l'écharpe et mon katana. Je m'étais décidée à les prendre, même si je n'en voyais pas vraiment l'utilité. Ainsi, je rangeais mon arme dans son fourreau et me saisissait du foulard assez encombrant et dont le parfum me piqua le nez. Il allait falloir que je la passe une dizaine de fois au lavage pour le supporter. Au minimum. Lorsque le pirate reprit la parole, il me révéla n'avoir rien compris de ce qui venait de se dérouler et qu'il s'en fichait. Et c'était tant mieux. Il ajouta que je demeurais une humaine malgré mon passé et que, pour cela, j'avais l'honneur de recevoir ton son respect. L'honneur ou plutôt le déshonneur. Je ne souhaitais pas que ce type ait du respect pour moi, bien au contraire. Il me proposa alors de venir lui parler, un jour, si je le souhaitais. Cela ne risquait pas d'arriver. Il m'offrit même l'occasion de discuter avec son animal domestique.

      Après cela, mon ennemi passa tranquillement à côté de moi, me dépassant de plusieurs mètres. Il me dit alors que je pouvais conserver son foulard. De toute façon, je l'aurais gardé sans son autorisation. Cela m'aurait encore plus amusé si cela avait été le cas. Il me demandait de la prendre comme une récompense. De quoi ? Je n'en savais rien. Il énonça même l'hypothèse que j'aurais peut-être la tête qui allait avec. Si seulement. Il m'offrit alors un étrange clin d’œil. Encore une attitude que je ne supportais pas venant de lui, puis reprit là où il s'était arrêté en disant qu'il était prêt à m'écouter autant que je le souhaitais. Mais il n'avait pas tort, je n'avais rien envie de lui dire. D'autant qu'il m'avait dit explicitement plus tôt qu'il ne voulait rien savoir, ou plutôt qu'il s'en fichait. Alors à quoi bon ?

      Poussant un long soupire d'exaspération, je me décidai à clore cette discussion rapidement. J'aurais pu me contenter de ne pas répondre et de m'en aller, mais, par-dessus tout, je souhaitais avoir le dernier mot face à cet individu même si je restais persuadée que cela n'allait pas être mince affaire. Il était certainement comme moi et voulait la même chose. Je serais la première à céder étant donné que j'étais la seule à vouloir en finir rapidement. Prenant une inspiration, je lui dis donc :

      - J'accepte ta... Récompense, comme tu le dis si bien. Mais non pas parce qu'elle me plaît, simplement parce qu'elle sera là pour me rappeler que tu existes encore et je te promets qu'un jour, j'aurais la tête qui va avec.

      Sur ces mots, je nouai donc grossièrement le bout de tissu autour de ma taille en attendant de trouver un meilleur moyen de le transporter. Après cela, je dis à mon interlocuteur :

      - Je n'ai pas grand chose à rajouter et, comme tu t'en doutes, je n'ai pas envie d'étaler ma vie à un inconnu qui, en plus de cela, est un pirate. Néanmoins, je ne voudrais pas accepter ton écharpe sans te donner quelque chose en échange...

      Un sourire moqueur illumina alors mon visage. Je n'avais rien à quoi je tenais particulièrement et, de toute façon, je n'avais pas l'intention de le lui offrir. Néanmoins, une idée, aussi stupide soit-elle, m'avait, l'espace d'un instant, traversée l'esprit et j'avais pris la décision de la mettre à l’œuvre. Passant ma main dans mes longs cheveux, je finis par réussir à en arracher quelques cheveux. Rien de bien grave avec autant de cheveux sur la tête. Je les avais alors tendu au pirate tout en lui disant, le même sourire narquois sur les lèvres :

      - En souvenir de notre rencontre, c'est assez long et résistant pour que tu puisses les conserver, non ? En plus de cela, ils sont de la même couleur que ton écharpe, tu en récupéreras peut-être assez pour en confectionner une nouvelle avec.

      Sans prendre la peine de vérifier si le Phénix avait récupéré, ou non, ce qui s'apparentait à des fils rouges, je tournais les talons en un mouvement sec, prête à repartir. Lui offrir cela pouvait paraître dérisoire au premier passant, mais à celui qui se trouvait en moi, cela avait une toute autre signification. Ces cheveux, n'étaient-ils pas là pour me rappeler mes origines ? Lui en offrir une poignée ne revenait-il pas à m'avouer, implicitement, que je n'y étais plus si attachée à cela ? Que tout doucement, les choses prenaient une autre direction. Néanmoins, cela pouvait tout aussi bien dire que je n'avais pas l'intention d'abandonner et que, la couleur et la longueur de ma tignasse en témoignait clairement. Même moi, je ne savais pas quel sens accorder à ce geste qui était, en premier lieu, sans grande importance.





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>> Dans la vie, il ne s'agit pas nécessairement d'avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes. <<

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« Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué »
PV Suki

Nakata avait pris la parole comme toujours, sans réfléchir particulièrement aux mots qui venaient tout naturellement. Il sentait le débat arriver à sa fin et si celui-ci l'avait contraint à garder son esprit en éveil pour capter chaque mot de la demoiselle et pour les retourner contre elle, là, il se laissait nettement plus aller. Pas besoin de préparer une argumentation vive et brutale pour la désarçonner... Il lui parlait donc comme à n'importe qui d'autre, comme à une civile, une marine, ou qui que ce soit d'autre qui ne serait pas non plus proche de lui. Il ne la voyait honnêtement pas comme une ennemie... Les intérêts que Suki servaient étaient clairement capables de le gêner lui, mais la jeune femme n'avait pas ce qu'il fallait pour inquiéter le Fenice... Pas encore. Même avec son fruit du démon, dont il ignorait bien des choses comme par exemple le nombre de clones qu'elle pouvait invoquer et le temps que cela lui prenait, elle ne faisait absolument pas le poids... Rester sur Grand Line était bien dangereux pour quelqu'un comme elle, car en plus d'être faible mentalement, elle l'était physiquement, en tout cas bien plus qu'elle ne semblait le croire... Être sûr de soi était une autre. Être suicidaire en était une toute autre... En agissant comme elle le faisait, la chasseuse de prime risquerait d'un jour tomber sur un os. Un autre Supernova l'aurait sans aucun doute mis à mort. Même Hato, le bras droit du Phoenix, n'aurait certainement pas cherché à discuter autant que lui l'avait fait... Si le maudit avait appris quelque chose sur son second après les quelques semaines en mer qu'ils avaient passé, c'était que même si ce dernier était capable de faire preuve de clairvoyance et de répondant, il demeurait un vampire. Ses muscles servaient sa cause tout aussi bien que ses paroles, sinon plus. La pauvre Kagami aurait sans doute donc fini dans un bain de son propre liquide carmin avant même qu'elle n'ait le temps de réaliser quelque chose... En bref, cette jeune fille aux cheveux ardent avait eu bien plus de chance qu'elle ne semblait le mesurer. La vie avait beaucoup à lui apprendre, même si elle prétendait le contraire... Ce n'était pas parce qu'elle pensait avoir traversé quelque chose de dramatique qu'elle savait tout de ce monde, bien au contraire. Et le capitaine de Tengoku no Seigi était très bien placé pour savoir tout cela... Après tout, s'il avait du savoir lorsqu'il officiait encore en tant que bas-gradé dans la Marine qu'il allait parcourir tout ce chemin, il aurait sans aucun doute été effrayé de lui-même. A cet âge-là, il avait peur des forbans. Maintenant, il savait que si cette faction avait évidemment quelque chose d'indomptable et de dangereux, elle regroupait un tas d'hommes et de femmes portant des convictions tout-à-fait louables, bien plus en tout cas que la plupart des agents du Gouvernement Mondial qui, tristement, se contentaient d'amasser les richesses que l'on leur tendait, en véritables rapaces qu'ils étaient. Non, définitivement, le blondinet ne regrettait strictement rien. L'humanité devait changer, et ce le plus vite possible...

Fort de cette conviction, Nakata constata que Suki avait choisi de garder l'écharpe qu'Element lui avait amené. Ce dernier, une fois qu'elle avait tout récupéré, vint se percher sur l'épaule de son maître, fixant la demoiselle sans rien dire ni faire de plus. Pendant un court instant, l'ancien révolutionnaire se demanda comment interpréter le fait que son interlocutrice avait décidé de garder son vêtement. Était-ce comme un trophée ? Comme un souvenir ? Et dans ce cas-là, un bon ou un mauvais ? Les possibilités étaient nombreuses, et si pour un être vivant normal le bon souvenir était de mise, le Fenice devait admettre que la Kagami, dans son état actuel, n'avait presque rien d'un être vivant normal... Enfin, disons plutôt qu'elle se refusait manifestement de faire parti de ce que l'on considérait comme étant "humain" quand bien même elle ne pouvait fuir cette condition. Idiote, on en revenait à ce stade. A quoi bon fuir ce que l'on déteste si on a la capacité de le changer ? Lâche, également. En bref, décevante. Pour le coup, le maudit espérait vraiment que d'ici leur prochaine rencontre, elle s'améliorerait... Dans sa philosophie actuelle, elle n'avait absolument aucune chance de le vaincre. Même si le pirate devait combattre poing et pied liés, en contact direct avec du granit marin, leur force physique et leurs capacités mais surtout leur mental était à un univers d'écart. Là où l'ancien Storm avait décidé d'affronter ses démons de face, quitte à y perdre la vie s'il le devait, la chasseuse de prime se contentait tout simplement de se cacher, de se défiler. D’œuvrer pour ce qu'elle disait être un but. Il n'en était rien. Personne ne peut avoir un véritable rêve s'il a peur de l'humanité, et donc de lui-même. A part, éventuellement, le fantasme de voir les humains mourir, les uns après les autres... Mais un génocide à l'échelle planétaire était encore plus irréalisable que de changer le système politique en totalité. En somme, si elle espérait bien ça, la jeune fille était réellement sotte et n'aurait rien d'autre à prouver. Dans tous les cas, après que le faucon se soit placé silencieusement sur son perchoir favori, la gamine poussa un soupire avant de daigner donner une réponse au hors-la-loi, qui était face à elle tranquillement. Il l'écouta donc tout simplement dire qu'un jour, elle aurait la tête du Supernova, et que ce n'était absolument que dans cette optique qu'elle acceptait son présent. Le garçon sourit doucement, en fermant les paupières l'air amusé. Elle avait un chemin d'une considérable taille à parcourir avant de pouvoir ne serait-ce que l'inquiéter... Alors serait-elle vraiment capable de le relever ? Saurait-elle se montrer digne de ses paroles et surtout des espoirs du maudit ? Ça, personne ne le savait. L'artiste ne répondit rien, comme d'habitude, se contentant d'ouvrir à nouveau les yeux et laissant le temps à son vis-à-vis de nouer son écharpe autour de sa taille. Elle allait bien avec ses yeux et ses cheveux. La même couleur, le même rouge cramoisi et carmin. Couleur de la mort, pour certains. Le combattant au corps-à-corps y voyait cependant plutôt la couleur du triomphe et de l'ardeur. Autrement dit, la couleur qui suivait directement le blanc de l'espoir. La récompense. L'achèvement.

Nakata resta parfaitement immobile, la laissant tout simplement poursuivre sa dernière tirade, son ultime monologue. En effet, Suki ajouta qu'elle n'avait rien d'autre à lui dire, à lui qu'elle considérait encore comme étant un inconnu et par dessus tout, comme un pirate. Ironiquement, elle prouvait une fois de plus sa candeur... Une gamine, oui. Elle qui avait pointé du doigt le caractère enfantin du blondinet un peu plus tôt l'était en finalité plus que lui. S'arrêter aux factions que donnaient les hommes n'avait rien de bon. Même dans le cas des bandits et des chasseurs de primes, il y avait toujours des exceptions pour déroger à la règle. La preuve : le Fenice détestait tout particulièrement ces avares de pisteurs, car il ne les considérait, pour la plupart, que comme étant des êtres particulièrement lâches et sournois, ne vivant que pour l'argent. Mais cette fois-ci, force était d'admettre que la jeune femme sortait totalement du lot. Elle ne semblait, du moins, pas être aussi intéressée que la plupart de ses congénères... Sans quoi elle aurait continué d'intenter à la vie du Supernova dont la prime, à elle seule, pouvait rendre un individu immensément riche en quelques instants. Enfin... Le fait qu'elle ait auparavant essayé de s'en prendre à lui prouvait tout de même qu'elle méritait sa place parmi ces chacals. Se reconcentrant afin de ne pas rater un bout de la prise de parole de son interlocutrice, le forban l'écouta un peu surpris dire qu'elle voulait également lui donner quelque chose. De quoi pourrait-elle bien parler ? Un sourire que le musicien perçu comme assez énigmatique apparu alors sur le visage de la demoiselle qui, lentement, porta sa main à sa chevelure pour en arracher une mèche d'un coup sec. Des cheveux ? Idée pour le moins étrange, même aux yeux du hors-la-loi... Mais pourquoi pas ? Il l'écouta parler une nouvelle fois, toujours aussi calme et détendu, même s'il ne cachait pas totalement sa surprise devant un tel retournement de situation. Après qu'elle eut déclaré qu'il pourrait toujours se refaire une écharpe avec s'il parvenait à en récupérer assez, le garçon sourit à son tour en fermant les yeux et en se rapprochant d'elle pour récupérer la mèche qu'elle lui tendait. N'avait-elle donc rien appris ? Le capitaine ne la considérait absolument pas comme une adversaire. De ce fait, il ne lui ferait absolument aucun mal, pas tant qu'elle n'en était pas digne. Il n'était pas particulièrement égocentrique, ne se pensait pas trop bon pour elle, au contraire. Réellement simple, le Phoenix pensait tout simplement que tuer une fille aussi paumée qu'elle n'avait rien d'intéressant.

Après cela, Suki tourna les talons et entreprit de s'en aller brusquement, sans un mot de plus. Poussant un nouveau soupire, Nakata la regarda s'éloigner silencieusement, portant une main au plumage d'Element qu'il caressa distraitement. Après cela, il vint nouer la mèche de cheveux en une sorte de bracelet, autour de son poignet droit. Un sourire toujours plus amusé sur les lèvres, le Fenice murmura quelques mots, se doutant que la Kagami ne l'entendait déjà plus :

-Allez, change donc... Reviens me voir quand tu seras digne de prendre ma tête. Je t'attendrai... Sur le Nouveau Monde.


CRÉDIT - FICHE

_________________
Called to the ring, Taking me round by round
It hurts and it stings, Taking me down, down, down
You think that you caught me, I can hear you taunt me
Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed

But I'm not dead yet
So watch me burn.
[Léger flashback] Parce que l'être humain est fondamentalement compliqué. [PV Suki] Nak_si10

Fenice Nakata
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