Me voici arriver sur South Blue, une mer calme tout ce qu'il me fallait. Mais quand je dis calme, je n'aurais pas cru connaître une romance aussi mouvementé. Des filles, j'en ai connu, mais une comme celle-ci, je ne pouvais pas trouver mieux. Elle avait quelque chose de bien à elle. Que suis-je bête, je vous parle d'amour alors que je n'ai même pas commencé par le commencement. C'était il y a déjà cela un bon bout de temps, je me fais vieux à l'âge où je vous raconte cette histoire. C'était durant mon passage sur les mers calmes, sur South Blue, si je me souviens bien. Je suis un peu rouillé, je suis un peu bête ou ému par les émotions qui remontent. Je l'ai dit plus haut ! Quelle tête en l'air je ne fais pas ! Par où commencer ! Je venais de terminer, une folle rencontre avec une amie, oui je peux dire amie maintenant, tout aussi charmante que belle. J'ai vécu une amitié sincère et surtout une belle aventure épique pleine de rebondissement. Arya !
A force de vous parler, je me rends compte peu à peu que cette arrivée dans les eaux calmes m'avait apporté du bonheur et du bonheur. C'était tout simplement féérique ! Bon, rentrons dans le vif du sujet. C'était un jour comme les autres pour moi, un jour où quand tu n'as rien à faire tu te dégourdis les jambes. Et ce jour-là c'était un jour comme les autres ! J'aurais pu aller au théâtre, j'aurais pu aller au bar comme tous les poivrots, j'aurais pu me promener en campagne... mes choix de divertissement étaient aléatoires et nombreux ! C'est alors que je ne sais pas par quel hasard, ou quel enchantement. Je décidais de me promener sur les bords de la mer. Je venais de marcher pendant des kilomètres. Pensif et téméraire, mes rêves me faisaient oublier la fatigue de mes jambes. J'imaginais un parc d'attraction géant, ou mon nom serait écrit sur les panneaux. Là où tous les enfants viendraient se divertir et rigoler. Le paradis des enfants et même des grands ! Puis un corps vint me déranger de mes pensées. Un être, assis, la tête dans les genoux. Je ne savais pas qui, il ou elle était. Mais au fur et mesure de me concentrer pour percevoir qui était cet étranger. Je vis un corps de femme, une femme resplendissante, magnifique, de toute beauté ! Son corps aguicheur me donnait des sensations, comme si je la connaissais. La tête dans les genoux, j'entendis des gloussements. Elle semblait pleurer, on aurait dit une gamine, une pauvre enfant abandonnée. Je fis mine de ne pas la voir vu tant son corps et sa beauté me sautait aux yeux. Pourquoi une aussi belle femme pouvait pleurer. Elle devait être heureuse, avoir des enfants un mari qu'il l'aime etc... une vie de bohème comme j'en aurais tant rêvé. Mais je n'étais pas le personnage type. Ni ma personne, ni même ma volonté, ne pouvait devenir le mari que tout le monde rêve d'avoir. Je n'étais pas le mari de tout le monde. Je ne suis qu'un pauvre déserteur, un pauvre ermite, sans grande volonté à l'heure qu'il était.
Au moment de passer devant elle, elle se retourna, d’un geste furtif, elle essuya ses larmes et ajouta d’une politesse des plus courtoises et d’une voie tremblante :
- « Bonjour… »
Son ton de parole voulait tout dire, elle semblait vouloir parler, elle voulait parler. Sinon elle m’aurait ignoré. Son malheur semblait faire le bonheur de nous deux, enfin, qui sait encore à l’heure où se passait l’action. Je lui répondis d’un bonjour occasionné :
- « Bonjour ! »
Elle enchaîna tout de suite, comme si elle ne voulait pas que je m’en aille. Je ne voulais pas dérangé, un sanglot c’est tout seul que ça se partage enfin de mon point de vue. Elle dit :
- « Touriste ? »
Je ne compris pas la question au départ. Je compris ensuite et ajouta très gentiment de façon assez poétique :
- « Rêveur dirais-je ! »
Puis une conversation s’engagea. Je n’avais toujours pas regardé la promise, même si son corps m’avait frappé de loin. Je n’osais pas la regarder en face ! C’était comme un péché. Elle prit la parole, avec le nez plein et une voie un peu écrasée par les sanglots :
- « J’ai trop rêvé, mais la réalité m’a rattrapé, et c’est aujourd’hui que je tombe par terre comme un vasé cassé. »
C’était comme de la poésie, comme si elle récitait des vers des plus grands poètes, mais non c’était sa voix et son imagination. Cette femme commençait à me fasciner. Je lui posa une question qui sembla tabou :
- « Pourrais-je voir votre doux visage, si celui-ci s’apparente à votre voix, des plus exquis doit-il être ! »
La femme sanglota de plus belles et répondit avec une voix effacée et monotone :
- « Je ne préférais pas, sans vous offenser, mon visage en à faire retourner plus d’un, sans faire de jeu de mots. Mon visage répugne et dégoute être vivant ! »
Je soutins :
- « Ne dites pas ça, dieu a fait l’homme à son image, rien ne peut-être laid. »
Elle répondit du tac au tac comme si elle savait que quelque chose allait se passer :
- « Je veux bien essayer, pour vous jeune homme, vous qui avez osé me parler, même dans un sanglot profond, sachez que vos mots me réconfortent ! »
Quelque chose se passa, un blanc s’installa, plus un mot dans l’atmosphère. Rien, un silence complet ! J’attendais sagement, j’attendais son regard, son visage. Comme un père n’ayant jamais vu sa propre fille. Notre rencontre démarrait sur les chapeaux de roues, une complicité semblait s’être installée. Comme si nous avions toujours été en contact par l’esprit. Elle se retourna et…
Mon visage fit un demi-tour, mon buste, mes bras, tout mon corps fit un tour sur lui-même, je ne pus voir le visage de la fille. C’est comme-ci quelque chose me retenait. Un champ magnétique. La fille retomba dans un sanglot des plus tristes, elle pleurait à en tomber malade. Je tentais de la réconforter.
- « Je suis sincèrement désolé, je ne sais pas ce qui s’est passé, mon corps ne semble pas voir votre beauté. Je vous jure que ce n’est pas moi qui est tourné la tête, je vous l’assure madame. »
Elle pleurait, elle pleurait, encore et encore…
« Ne m’appelez pas madame, je ne suis pas vieille à ce point. Ne vous sentez pas offensé par votre geste, personne n’a jamais réussi à me regarder à part ma mère, personne, ça fait 20 ans que mon visage n’a pas été regardé, 20 ans que je ne suis plus une femme désirée… »
J’étais très embarrassé, son histoire me touchait énormément. Quelle malédiction pouvait la toucher à ce point ? De la sorcellerie ? Je la motivai pour lui faire faire un nouvel essai. Elle me souffla :
- « Laissez tomber, c’est peine perdue, je serais non désirée à jamais, autant en finir, regardez une nouvelle fois si vous voulez ! »
Le scénario reprit elle se retourna et je me retournai. Qu’est-ce que c’était que cette malédiction ? Elle se mit debout scruta l’horizon. Elle était au bord de la mer. Elle sanglotait de plus belle ! C’est alors en me répétant plusieurs fois le mot malédiction dans le crâne qu’une idée soudaine me vint ! D’un geste furtif et très mesquin ; je la poussai dans l’eau. Elle tomba en avant, la tête la première. La mer se vit fendue de par un être de toute beauté. Mon intuition était la bonne. Elle était maudite des eaux ! Arrivé dans les eaux peu profondes et gueula de toutes ses forces :
- « Vous êtes complètement fou, vous êtes comme tous ces hommes en fait, un vrai salaud, des ignares et des connards ! Je suis trempé, mouillé jusqu’au haut. Je me sens faible et j’ai froid. Espèce de con ! »
Elle était toute fébrile, toute chétive. Je lui dis quelque chose qu’elle n’allait pas oublier d’aussitôt :
- « Vous êtes belles… »
Un blanc s’installa, on ne pouvait entendre que les frisotis de l’eau sur le sable et les mouettes criaient. Je lui tendis ma main pour la sortir de l’eau. Elle me regardait, les yeux mouillés par l’eau et par les larmes de bonheur qui coulaient. L’eau qui était sur son corps et ses vêtements annulait les effets de sa malédiction. Elle tomba dans mes bras ! Puis elle soutint :
- « Mais qui êtes-vous ? Dieu ? Comme avez-vous fait ça ? »
Je ne savais pas quoi dire, même si j’avais l’explication rationnelle.
- « Non je suis loin d’être dieu. Je suis un être humain, tout simplement, comme vous ! Je suis un être humain maudit, comme vous l’êtes. Sur terre des pouvoirs démoniaques ont été dispatchés, j’ai connu la même douleur. Mais votre malédiction est très étrange, personne ne peut vous contempler ! Pourtant votre beauté est pure et très scintillante. »
Elle sortit la tête de mon épaule, puis s’approcha de ma bouche et m’embrassa. Tout cela allait très vite, mon cœur battait à fond, mon visage scintillait, sa beauté m’ensorcelait. Quel être ! Elle ne savait plus comment me remercier, elle me posait des tas de questions. Enfin de compte, elle était très bavarde. Une vraie pie. C’était remarquable. Elle semblait revivre.
- « Comme toute malédiction. C’est un pouvoir qui surpasse la nature. Il faut savoir le contrôler, le gérer pour qu’il devienne un atout. Vous êtes plutôt docile comme fille ? »
Elle me regarda, son corps était encore mouillé, on pouvait cerner ses seins par-dessus son maillot blanc. Je n’osais pas trop regarder pour ne pas passer pour le pervers du coin. Elle soutint :
- « Comme toutes femmes, j’ai été sifflé un bon nombre de fois. Un bon nombre de fois, on me prenait pour une prostituée. Un bon nombre de fois, on a essayé de me violer, de me faire l’amour sans désir. Enfin je le cherchais aussi, j’ai cherché tous les moyens pour que l’on me regarde. Je me suis fait taper dessus, on m’a piétiné. A force j’ai pris de la dextérité, chaque tentative pour que l’on me regarde se transformait en bousculade. Personne n’avait réussi à me regarder. J’étais pris pour une sorcière, un démon. J’ai appris à me défendre, j’ai même appris à devenir une traitresse à attaquer dans le dos. Je ne savais faire que ça. »
Un silence s’installa, son cœur en avait gros. Et il me semblait avoir percé son secret. Nous continuons notre balade sur la plage. Dès qu’elle se séchait. Je la poussais dans l’eau pour qu’elle s’humidifie. C’était devenu une partie de plaisir en fait. Elle en rigolait, parce qu’elle ne savait pas quand j’allais la pousser. Je l’invitais à manger avec moi dans un grand restaurant. Elle parla toute la soirée. Au point même qu’une énorme complicité se forma. Elle me raccompagna à mon hôtel, nous étions sur le pas de la porte. Elle s’avança vers moi pour me dire au revoir, puis elle m’embrassa, doucement puis langoureusement. Elle semblait ne pas vouloir me laisser, elle avait envie de moi. A vrai dire j’étais son sauveur. Nos ébats continuèrent, dans l’escalier, devant la porte de ma chambre, sur le lis. Mes couches de vêtement s’enlevaient, une à une. Les siens s’envolaient comme un tas de papiers au vent. Nous étions sur le lis et nos ébats continuèrent…
Le lendemain, je me réveillais, le corps nu de Summer. A oui ! Son nom est Summer ! Elle était allongée, je lui fis des câlins. Des bisous sur sa peau. Je ne revenais pas de la soirée et de la journée que je venais de passer. Une simple rencontre s’est terminée en une histoire d’amour. C’était magnifique.
Les jours qui suivirent, je les ai passé avec Summer, j’ai essayé de lui faire contrôler son pouvoir pour qu’elle ne soit plus détourné du regarde. Nous avons créé une complicité, un amour naissant et encore frais. Je lui ai fait canalisé son pouvoir pour pouvoir la contemplé à jamais…