|
|
| |
| | Sam 15 Fév - 17:03 ou la Mort qui pourchassait la RouilleLa lumière de la taverne perçait dans la nuit noire, ainsi qu'un bruit festif qui prenait de temps en temps de l'ampleur. Il était tard et c'était le dernier bar encore en service, pour la prise des Blue Ocean. Les pintes se suivaient, sans se soucier d'une quelconque note pour la soirée, l'endroit était très lié à leur famille et ils pouvaient bien se le permettre. Quatre semaines avant cela, ils avaient fait un assaut peu rentable qui leur avait couté leur bateau et les avait laissé sans vivres, à errer sur les mers avec leur faible butin. Ils durent attendre trois jours avant de trouver quelqu'un qui s'arrêta, et heureusement pour eux, l'équipage était sympathique et serviable...Ce qui leur permit d'échanger les places. Doté d'un nouveau rafiot bien plus résistant, ils étaient revenus en deux fois moins de temps qu'ils n'en avaient pris pour partir, ce qui présageait du bon pour la suite. -Hey, dis-moi, petite, ça te dirait pas de...Le barman, légèrement pompette était en train de tenter son coup avec l'une des plus jeunes membres de l'équipage des Blue, une petite gonzesse aux cheveux ridiculement grands et roses, doté d'un air malicieux et pervers. Son employé, son fils, vit sa tentative et lui tira l'épaule, le ramenant vers lui, inquiet. -C'est Needle. Des Blue...Papa, elle est pas net, et leur chef non plus. -Les Blue ? Pas net ? M'enfin Ed, tu sais combien ils ont fait pour...Camouflé par une épaisse capuche, un homme au pas lourd poussa les double-battants qui servait d'entrée, vêtu d'un trench-coat, rapidement salué par le barman, son fils et une assemblée de gens bourrés il alla s'assoir au bar, à côté de Needle, sans un mot tout en retirant tranquillement sa capuche. Ses cheveux étaient courts, à l'exception de deux mèches en spirale à l'arrière, plongées sous sa veste. Tirant sur le blanc-grisâtre, sa tignasse mal coiffée était retenue par deux deux barrettes pour l'empêcher d'être gêné lors de ses mouvements. Remontée sur le front, il portait une paire de lunettes de course teintée jaune, et portait d'étranges gants aux mains. Le plus impressionnant était le contraste entre un regard dur appuyé par sa pupille pourpre et un ton tranquille, presque enfantin..ainsi que le gros masque mécanique étrange qu'il portait sur le bas du visage duquel sortaient une cicatrice en dessous de son œil gauche ainsi que deux tubes à l'arrière fourrés sous le manteau, eux aussi. De sa poche, il sortit deux pièces qu'il aligna sur le comptoir posément. Après une légère réflexion, il en prit deux de plus et les aligna sur le côté. Observant un instant le barman, il préféra se tourner vers Needle, tendant la main. -Grimm Maaleech. Alors, comme ça, vous cherchez un charpentier ? ------------------------------------------------------------------------------- Un mois avant, un autre homme aux cheveux blancs, courts et aux yeux pourpres se terrait dans la neige de Drum, tenu au bout d'une pétoire qui ne semblait pas bien menaçante à ses yeux froids. Pas la moindre trace d'un sourire aux lèvres, il portait de vieilles frusques déchirées et à moitié brulées et il fixait ce type qui tentait tant bien que mal de le menacer avec le détachement le plus absolu. C'était ça son erreur. Quel crédibilité pouvait-il avoir en se démenant aussi ridiculement pour effrayer quelqu'un qui n'avait plus rien ? -Je sais ce que tu es...J'ai mis du temps à te retrouver, mais j'étais sûr que t'étais pas comme les autres. J'en connais qui seraient content de savoir que t'es toujours "en vie", petite teigne. Trop stupide pour voir la différence de niveau, trop stupide pour faire la différence entre une victoire et un combat qui n'avait pas eu lieu. Il ne pouvait pas croire que ceux dont il parlait aient pu faire appel à lui, le type à la pétoire avait dû se lancer seul en espérant une récompense quelconque pour sa découverte...Visiblement, depuis les Traders, il avait été un peu trop négligeant sur certains points. -Tu as fais une grosse erreur, en te lançant à ma poursuite. Le ton de la machine était lointain, à peine présent. Ce détail ne manqua pas d'inquiéter son attaquant, et au moment où il se releva, le chasseur de primes déstabilisé fit un pas maladroit en arrière, tombant sur les fesses, reculant à tâtons devant un PX aux yeux brulants de haine. -Déjà, toi, tu es faible...Le chasseur de primes chercha à tendre son flingue pour pouvoir élaborer un quelconque moyen de pression, mais le canon resta planté dans la neige, fermement retenu par une main de métal. Alors qu'il chercha à s'enfuir, il entendit un "chut" très distinct avant de sentir la lame lui pénétrer la chair, lui coupant la parole avant qu'il puisse essayer de supplier. C'était ennuyeux, maintenant. Alors qu'il s'apprêtait à jeter le corps ramené au bord d'une colline vêtue d'un manteau duveteux et blanc, au loin, il aperçut deux ombres de taille relativement conséquente, ainsi que des plus petites se déplacer entre les deux. Deux vaisseaux...Un qui avait plus l'air d'une barque, et l'autre... Avec un petit zoom, il put en apprécier le design fin et ciselé qui favorisait la vitesse, malgré la taille de l'engin. Enfin, ce qu'il avait traqué était à portée de vue...Du pied, il poussa feu son agresseur dans l'eau glaciale, le regardant s'enfoncer dans les profondeurs, les lèvres tiraillées sur la gauche. Sa dernière paire de lunettes tomba au sol, les verres brisées depuis un moment s'éparpillèrent dans la neige, petits points teintés de noir sur cette île si claire. -...and Hate destroys everything. ------------------------------------------------------------------------------- -Tout est détruit...Plus de réponse du gouvernail, la coque a pris l'eau, la voile se bloque...Ça n'a aucun sens, l'autre jour, on arrive ici, tranquille et là...A mi-discours, Grimm esquissa un sourire invisible au vu de son masque. C'était un sabotage évident comme le nez au milieu de la figure, et ils n'avaient rien vu. -Needle, c'est bon. Alors, c'est réparable ? C'était facilement réparable, surtout quand on connaissait la source des dégâts. Au bout d'une petite heure, il devrait être bon, deux, en prévoyant large. Il fallait déjà ramener son arme à bord, pas question de la laisser là. Ensuite, une rapide identification de l'équipage... -Bien sûr, en une journée, on sera bon. Sans rien dire de plus, Raul hocha la tête, pensif. C'était un pirate aux longs cheveux verts, peu entretenu, paré de quelques bijoux d'or, dont deux boucles d'oreille du côté gauche, une chaine épaisse avec un pendentif de crâne et une bague sertie d'un rubis. Sa tenue était basique, mal entretenue et froissée. Son arme, quand à elle, avait une poignée et un fourreau flambant neufs. Le crochet qu'il avait à la main gauche ne quittait jamais le pommeau de son épée. Très vite, il prit congé, laissant son nouveau charpentier travailler. -Heeeeeeeeeeeey...Tu fais quoiiiii ? C'est quoi le problème ? Les pieds dans l'eau pour évaluer les dégâts à la coque, il remarqua que l'eau ne s'était que très peu infiltrée, comme il pouvait s'y attendre. Needle le collait depuis tout à l'heure, ce qui contrariait un peu ses plans, mais c'était déjà ça. La veille au bar, il avait pu se renseigner suffisamment pour savoir qu'ils étaient en tout dix dans l'équipage. Le corps principal des Blue se composait de Needle, Raul, le capitaine et son bras-droit, un certain Franz. Il avait pu se faire son opinion de Raul, l'ayant même vu combattre en arrivant sur le port et il avait pu discuter longuement avec Needle à la taverne pour se faire une idée. En revanche, il ne connaissait pas du tout ses capacités, c'était encore pire pour le dernier qu'il n'avait toujours pas vu. En dessous de ça, il y avait trois autres des membres fondateurs, et encore en dessous, deux mousses récemment recrutés. Les deux restants étaient...plus évasifs, et pour l'instant, ils ne risquaient pas de poser problèmes, vu qu'ils n'étaient pas du tout dans la région. Ses réparations seraient plus rapides que prévues, mais avec elle sur le dos, ça ne changeait rien. Raul s'était barré au bar, qui était à plus de vingt minutes à pied...Se saisissant d'un tournevis, il l'observa en biais, allongé sur le ventre sur une caisse, les jambes battants dans l'air en se tenant le visage avec les mains, elle avait l'air de tout sauf de quelqu'un de dangereux. Pourtant, l'un des derniers mousses était devenu livide en la voyant arriver. -Je me rends compte que ça pourrait être réglé bien plus vite que prévu. Dis-moi, Needle...Est-ce que vous avez des ennemis ? Elle se mit à rire, d'une façon cristalline, avant de se calmer en un souffle. -Bien sûr, on est des pirates, Grimm ! C'est quoi cette question ? -Ça doit être dangereux, pour une fille comme toi. -Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée d'insinuer ça, le nouveau. -Pourquoi ? C'était un compliment. -Mais je sais me défendre, moi, monsieur le charpentier, désolé de pas être une pimbêche impotente ! -Ce que je voulais dire, c'est que tu fais partie de la tête de cet équipage, tu es une cible potentiel...Bon peu importe, si j'ai demandé ça, c'est parce que ce n'était pas un hasard...Quelqu'un vous a foiré le bateau, de façon assez dégueulasse d'ailleurs. -Hein..? Co...comment ça ? balbutia-t-elle, décontenancé et souffrant d'un début de rougissement. Il posa les deux doigts sur son masque, les yeux fermés, prenant le temps de réfléchir avant de tendre son bras droit vers l'intérieur de la coque, pleine de quatre bons centimètres d'eau. C'était presque trop facile. -Y'a des trous dans la coque, assez visibles, non ? C'est pas un rochet qui a fait ça, ni un animal. Et moi, si j'avais dû faire ça et bah...Disons que peu importe le charpentier, ça aurait pas servi à grand-chose. Vous avez de la chance, quoi. Il remarqua la tête de Needle se décaler petit à petit sur le côté, et pour ce qu'il semblait être la première fois, elle resta bouche-bée. Elle se retourna et d'un bond se remit sur ses pieds. Alors, vraiment personne n'avait pensé à cette théorie ? -Aaaah, fais pas le malin Grimm ! Tu veux dire que y'a un type qui s'est chié en voulant nous empêcher de partir ? On peut pas se permettre plus de temps à l'arrêt...Faut que je le dise à Raul...Tu...Tu peux attendre là ? Il secoua la tête, déposant l'outil avant de croiser les bras. -Je préfère autant pas, Raul est en ville et j'ai besoin de lui pour prendre de quoi faire les réparations. Autant que j'y aille moi-même, non...Avec ce que vous m'avez donné, ici, je sers à rien. Après un moment d'hésitation, elle prit le choix qu'il espérait, au vu de ce qu'il avait cru comprendre du fonctionnement des Blue. -Je vais voir avec Franz...Allez suis-moi, ça te donnera l'occasion de le voir. C'est le deuxième membre le plus fort, après Raul, et il a presque autant d'appui auprès des hommes. -Ah...Et bah, si tu penses que c'est absolument nécessaire, allons-y. Empaquetant rapidement ses affaires, il se dirigea avec elle vers la sortie, pour aller voir Franz. En chemin, il décida que c'était enfin son tour de poser quelques questions. -Dis-moi, Needle, avec quelle arme tu te bats, pour être si sûr que tu ne risques rien ? Se détendant visiblement légèrement, elle se permit un petit rire avant de s'expliquer. Les mots choisis firent mouches, tant ils étaient reliés à sa propre expérience. -Je suis une arme, Grimm, voilà pourquoi. ------------------------------------------------------------------------------- En une baffe, sa nuque se brisa misérablement et il s'effondra sur le sol, lamentable et faible. Quatre, cinq...Maintenant, il pouvait compter six chasseurs au sol qui auraient mieux fait de rester chez eux ce soir-là. Totalement éloigné de ce qu'il venait de faire, Hate avait le regard qui pointait sur l'île de Jaya. Maintenant qu'il s'était débarrassé de tout le monde à l'intérieur, son embarcation ne lui servirait plus à rien. Il s'était un peu emporté dans l'effort, et c'est plus une armature de bois qui s'échoua tristement sur le rivage plutôt qu'un vrai bateau, trente minutes plus tard. Avec Rebellion dans son dos, il alla en direction d'un coin tranquille qu'il connaissait bien. Mock town et Jaya n'avaient rien de secret pour lui, c'était la première chose qu'il était venu visiter lorsqu'il avait enfin pu descendre. Pas vraiment le meilleur exemple, Mock Town. Lorsqu'il était jeune, son père l'y avait amené et semblait déjà connaitre la plupart des types qui s'y trouvaient. A l'époque, ils étaient déjà pirates, mais ça n'empêcha pas le graaaand Vegafunk de les diaboliser par la suite. Toujours très exemplaire, le papa. L'un de ceux qu'il avait rencontré, à l'époque, l'une des toutes premières personnes des mers bleues à être entrée dans sa banque de donnée (qui à l'époque n'était pas grand chose de plus que sa mémoire) était la pièce manquante du puzzle. Plus ou moins. Pour finir de disparaitre, il avait besoin de son matériel, parce qu'à part son arme favorite et bien...Il était, comme qui dirait, plutôt à sec. Pour l'instant, à ce qu'il en savait, une seule personne avait réussi à faire le lien entre lui et les évènements de Traders ainsi qu'au Prototype PX, à ce qu'il en savait, et il s'était déjà occupé de le faire taire. Par contre, ce genre de chose ne pouvait pas se reproduire. La prochaine fois que des types se pointeraient avec un minimum de jugeote, ils ne se rameuteraient pas en petite bande, à terme, ça pouvait devenir dangereux. Ce qu'il fallait maintenant, c'était disparaitre...Pour un pacifista doté d'upgrades comme les siennes, changer d'apparence n'était pas le souci. Pour vraiment être considéré mort une bonne fois pour toute, il fallait qu'il s'assure d'être indétectable...Et surtout, il devait s'assurer que son cadavre soit retrouvé. Juste être disparu, même présumé mort, ce n'était pas suffisant. Un petit check-in vite fait dans sa banque de données lui donna sa prochaine destination : Grimm Maaleech. -------------------------------------------------------------------------------
Franz n'avait rien de très particulier. C'était un bretteur, qui s'aidait de fumigènes diverses. Rien de bien inquiétant à ce niveau là. Needle quand à elle, ses capacités étaient relatives à l'assassinat. Un style de percussions précises au corps à corps, aucun problème à priori. Raul, même si il avait plus de force, était simple à cerner, ou même à dépasser en matière de puissance brute. Le reste de l'équipage était fait de faisans...Une fois revenu de la ville avec Raul, il donna un petit coup rapide dans ses réparations plus que sommaires et l'équipage était prêt à partir. Grimm se posa dos au gouvernail, les bras croisés avec dans ses mains une simple clef à molette. Il les jaugea une nouvelle fois du regard, un à un, les sourcils froncés et l'air pensif. Ses yeux se tintèrent alors d'une lueur décidée. C'était le moment. En face de lui, tout l'équipage, facile à gérer, le plus dur étant la visibilité qu'offrait le port, mettant à compromis la discrétion dont il avait besoin pour cette opération. -Alors, avant toute chose, je pense que maintenant, je fais partie des vôtres, non ? -Tant que le bateau est prêt à partir, c'est assez évident oui. -Alors, justement...Il se décala d'un pas sur la gauche pour montrer le gouvernail à tout le monde, le faisant tourner d'une tape sur l'une des poignées. La voile était déjà sortie depuis leur arrivée, juste pour la démonstration, et la coque était vidée de son eau. Il stoppa alors les tournoiements furieux du gouvernail avec sa main, les yeux souriants. -Seulement voilà, j'ai quelque chose à vous proposer avant. Si vous acceptez, on doit partir maintenant, sinon, je me débrouillerai de mon côté...Je serais désolé de rater une occasion qui me permettrait de passer plus de temps avec vous mais...Ils étaient tous bien perplexes, ce qui était parfait et tout à fait naturel. Naturellement allait maintenant venir le : -On t'écoute...Ah, pas exactement, mais peu importe. De sa poche, il sortit un rouleau de l'île de Jaya où Mock Town était représentée par une maison dont le toit avait une forme de point d'interrogation. -Ce rouleau est un message, un des très nombreux identiques qui ont été envoyé d'un équipage de marines à un autre. J'ai pu savoir grâce aux escargophones qu'ils allaient livrer une énorme, et je dis bien, énooorme paye à un équipage de pirate. Raul tenta de dire quelque chose, mais du bout des doigts, à distance, Grimm lui intima de garder ce qu'il avait sur le bout de la langue pour lui. -La carte, elle, a été envoyée par divers messagers à l'équipage de pirate. Avec mes...complices, on va dire, j'ai réussi à en intercepter un. Le code était supposé impossible à craquer, mais disons que...La marine a eu de meilleurs jours à ce niveau-là. Cette fois-ci, il leva les l'index et le majeur qui se tournèrent vers Needle pour lui intimer qu'elle pouvait poser la question qui semblait la tirailler. Elle ne semblait visiblement pas indifférente au fait qu'il la laisse parler plutôt que son capitaine, vu la façon dont elle rougit, encore, sans même s'en rendre compte, pas même en entendant le tiraillement dans sa voix qu'elle tenta de masquer...et bien, en étant elle-même. --Heu...Désolé d'être crûe, hein, mais...Au final, tu pourrais te magner d'être plus clair, et arrêter de nous faire perdre notre temps sinon, hein ? Si seulement ils pouvaient le voir, sous son masque, sourire comme un dingue. Ils n'avaient aucune idée de ce qui allait se passer, à ce moment-là, Grimm était déjà sûr de comment ça allait se dérouler, exceptés quelques petits détails. Au final, la résolution de ce problème serait toujours le même, plus ou moins un dommage collatéral de-ci, de-là. -D'accord, Needle. Pour faire simple, en plus d'un paquet de Berrys, il y aurait un poste de Shichibukai à la clef pour l'équipage de pirate, en échange d'informations cruciales et d'otages dangereux...Dont le capitaine du White Ferry, le vaisseau des traitres en question. Cette fois-ci, c'était à Franz d'intervenir, visiblement agacé de ne pas comprendre où tout ça en arrivait, au final. -Oui, tu as une information juteuse avec pour seul problème ...voyons voir, l'équipage de quelqu'un en passe de devenir Shichi, et un équipage de marine surement de niveau similaire, peut-être deux, pour s'assurer que l'échange se passe correctement. En gros, c'est pas de notre calibre. Fais passer la pilule, arrête de t'embêter avec l’enrobage, ça sera beaucoup plus rentable niveau temps. Haha, il était sanguin. C'était ce qu'il avait remarqué. Ça et le fait que Franz aimait bien avoir raison et se sentir maitre de la situation, en toutes circonstances. C'était un homme fin, avec de longs cheveux roux et une tenue de pirate banale et à la tête de fouine, le parfait profil de bras-droit sans la mentalité. Il continuait de chercher le hic dans cet équipage, le twist qui viendrait lui faire regretter de s'y être frotté. Rien ne venait. Leurs meilleurs éléments, peu importe leur niveau (qui n'était d'ailleurs pas assez élevé), ne risquait pas d'être en mesure de quoi que ce soit. Le grand mystère résidait dans les absents, qu'il n'avait jamais pu voir, les mousses n'étant à son avis pas d'un niveau très élevé...Mais l'avantage de ces fameux absents se trouvait dans leurs noms : Pour l'instant, ils pouvaient très bien être un problème, mais ils l'étaient ailleurs. En effet, se dépêcher était relativement dans son intérêt, même si on n'était plus vraiment à ça près, vraiment. C'était ennuyeux maintenant, vraiment. -Oh mais justement. Mes "complices" sont ce qu'on pourrait appeler...Des Bombers. Ils seront déjà à l'intérieur de chacun des équipages. Tout ce qu'on aura à faire, c'est les récupérer pendant l'échange, je m'occupe de voler le butin et puis boum ! On en parle plus. Vous vous faites un nouveau membre, mes co-équipiers prennent 40% de ce qu'on récupère pour disparaitre comme ils le sentent, on récupère un bon pactole, on élimine un équipage de traitre avec le niveau de Shichibukai et les chiens de la marine qui allaient avec. Laissant à son audience le temps de méditer, il commença à rerouler sa carte, prêt à réagir peu importe le choix qu'ils prendraient. Leur réponse était évidente, mais rien ne valait un peu de préparation. Tout de même, il espérait réellement qu'ils acceptent, les dégâts faits au navire seraient bien moins importants...et ce serait tout simplement moins pratique. C'était cette fois-ci à Raul de parler, surement pour s'imposer davantage en temps que chef, ce qui était peut-être un peu tard à ce moment-là, mais tout de même bien tenté. -Et pourquoi tu serais venu nous voir nous pour ce plan, qui te vient...d'où d'ailleurs ? D'autant que tu as tes "complices", comme tu dis, que tu mentionnes tout le temps ? Il était décidément plus vif d'esprit que ce qu'il ne laissait paraitre. A certains moments, il paraissait insondable, empli soudain d'une nouvelle profondeur. En combat, ces moments se caractérisaient par des prouesses techniques en opposition avec son style habituel particulièrement brutal. Malgré les apparences, il n'était pas devenu capitaine par hasard. -C'est simple, je me suis renseigné sur vous. Enfin plus précisément, ce navire, cette vitesse, c'est exactement ce qu'il nous faut. Et l'équipage et bien...Seul, ce serait impossible, et je ne suis pas un solitaire, contrairement à ceux avec qui je travaille...On aura besoin de deux barques pour faire des transports rapides. Après un petit flottement volontaire pour l'ambiance, il esquissa un sourire invisible, prêt à les entendre. -Alors ? Intéressés ? -Va falloir être plus convaincant que ça, mais avant...Où est l'arnaque ? Tout ça semble trop beau. -L'arnaque ? Haha...Décidément Raul, tu es bien plus fin que ce que je pensais...Et bien, pas grand-chose à vrai dire, bien que je trouve ce phénomène remarquable...-Hein ? Ce que tu dis n'as vraiment aucun sens. De quel phénomène tu parles ? Il laissa un nouveau temps de silence, principalement pour retenir un fou rire qui menaçait d'éclater. Ils étaient tellement prévisibles, au fond. La vérité était parfois l'arme la plus efficace, dans un bon mensonge. -C'est très simple, l'échange se fera d'un côté et de l'autre du Knock-up Stream ! -------------------------------------------------------------------------------
La famille des Maaleech s'était lancée dans la piraterie depuis plusieurs générations déjà et leur nom était devenu néfaste, dangereux au fil des années. Jusqu'à quelques mois avant l'évènement des Traders, quelques mois avant que tout son monde ne foute le camp, un équipage s'était fait démanteler de façon bien sale par un détachement du CP9. L'affaire avait été passée sous silence pour éviter tout risque que l'on présente les pirates comme des martyrs, à l'exception d'une personne : Grimm Maaleech. Son père, Neriel Maaleech, s'était assuré avec l'un de ses anciens amis, l'ingénieur Vegafunk, de mettre son fils à l'abri. Grimm était du jour au lendemain passé de pirate anonyme à successeur d'un réseau et de secrets importants, ainsi que d'un dégoût prononcé pour la marine, qui n'avaient pas été capable d'empêcher l'assassinat de son père...ni-même d'avoir la moindre information sur le tueur. Cette vie lui fut imposée, mais ce n'est pas sans plaisir qu'il l'endossa, regrettant simplement de ne plus avoir personne à impressionner alors qu'il prévoyait de monter un équipage prometteur, reprenant les principes les plus basiques de sa famille. Tous les Maaleech étaient présents dans la banque de données du cyborg, mais le seul qui était encore d'intérêt se trouvait ici, à Mock Town. Hate, quant à lui, se trouvait devant sa porte. Le gamin était charpentier et ingénieur, ce qui ne manqua pas de faire sourire la machine de haine en repensant à son traite de père, lorsqu'il lui disait combien lui et Grimm se ressemblaient, petits. Même couleur de cheveux, même flamme dans les yeux, même tempérament de tête brulée. Même occupation, aussi. Le bateau des Blue n'irait nul part pour un moment parce que ce gamin, c'était lui, la dernière pièce. Amusé, Hate sonna à la porte, curieux de voir comment allait se jouer les choses. Avec sa vision à rayon-x, il le vit descendre les marches avant de se diriger vers la porte. Il ouvrit à un robot plus souriant que jamais, qui tendit sa main en avant, le plus amicalement possible. Du coin de l’œil il avait déjà repéré le masque sur la table du salon, facilement repérable depuis l'entrée. -C'est donc vrai ce qu'il m'a dit sur toi, Grimm. Pâle comme un linge, le jeune homme aux traits fins se décomposa encore davantage quand les connexions s'effectuèrent dans son cerveau. Il connaissait visiblement les machines et n'avait eu aucun problème à comprendre que le pacifista auquel il avait affaire n'avait rien de naturel, et ce à partir d'une brève seconde et d'une phrase. C'était remarquable. -Oh merde...Sa main se dirigea instinctivement vers son arme à feu, à sa ceinture, mais le poing de l'homme de fer fut plus rapide, l'envoyant voler violemment contre une porte, sonné. Pour l'instant, Grimm n'avait pas encore d'équipage, il n'y avait donc rien à craindre. Lentement, Hate se rapprocha de sa victime, encore à moitié dans le coaltar, tentant de se diriger maladroitement de son arme qui avait glissé un peu plus loin. Cette tentative était futile, mais admirable. A ce stade, Hate se disait que ses mouvements ne devaient plus être que de l'ordre du réflexe. -Tu vas devoir dormir, pendant un booooon moment, Grimm. Et merci, d'ailleurs, tu es un cas amusant, toi. ------------------------------------------------------------------------------- La nuit était noire, glaciale. Le croissant de lune recommençait à percer au travers des nuages, sublime et lugubre, peu à peu. Le fond de l'air était frais et au beau milieu de la mer, à cet endroit précis, le silence était total. Quelques secondes avant, les fracas des combats avaient envahi l'air, mais très vite, ils s'étaient laissés aspirer par le silence. Tout ça c'était passé pendant les quelques brèves secondes où la lune avait disparu, privant l'équipage des Blue de presque toute sa lumière. La plupart des cabines à l'extérieur étaient défoncées, le mât quand à lui était aux abonnés absents, comme une bonne partie de la balustrade. Plus personne ne dirigeait le vaisseau qui dérivait sans un bruit, vers la ligne de l'horizon. Aucune trace de vie à bord, si ce n'était deux ombres collées l'une contre l'autre, dans une étreinte sordide, encore camouflées par le voile que procurait les nuages. Petit à petit, la lumière astrale dévoila des tubes étincelants reliés à une machinerie qui émettait un son métallique froid, satisfait. Sa chevelure blanche en bataille dont seules deux mèches descendaient jusqu'au bassin et sa chemise noire sans manches à haut col, Grimm rigolait doucement. Au-dessus de l'eau, il tenait Needle par la gorge, les membres pendant comme ceux d'une marionnette aux fils coupés, désarmée, ensanglantée, suffocante. -Grimm...Qu'est-ce que tu as fais..? Vr...ar...Une quinte de toux l'empêcha de parler, mais le charpentier nouvellement recruté ne s'arrêta pas d'écouter pour autant. Maintenant, tout ça l'amusait vaguement, tout au plus. Il n'avait plus qu'à attendre, de toute façon, il ne pouvait rien faire pour accélérer les choses alors pourquoi pas dans le fond ? Sur un ton serein, doux, il l'engagea à continuer. -Oui, je t'écoute. Elle prit une inspiration, ce qui semblait douloureux au son qu'elle produisait, avant de prendre le temps de trouver les mots pour sortir une phrase correcte d'une traite. -Bordel, qu'est-ce que tu fous, Grimm ? Avec tout ce que tu nous as dis...le plan...l'équipage...la carte...sans déconner...Ce n'était certainement pas ce à quoi il s'attendait, mais c'était parfaitement Needle, après tout. C'était aussi pour ça qu'il l'avait laissée pour la fin. Singulière, voire un peu trop, elle n'en demeurait pas totalement imprévisible dans la moindre de ses réactions. C'était l'élément le plus dangereux, au final, celui qui aurait pu tout faire échouer, d'une façon totalement improbable. Il lui avait au moins laissé l'opportunité de le faire avant que tous les Blue ne se fassent éclater un par un. Voilà ce qu'elle allait gagner, comme lot de consolation : Une explication. Elle ne s'en était pas si mal sortie que ça, si on devait vraiment y penser. Il dégaina le "jouet" qu'il avait récupéré sur celui qui avait fabriqué le masque qu'il portait, l'exhibant sous ses yeux pour qu'elle puisse l'observer sans avoir à bouger la tête, ce qui lui semblait assez compliqué pour le moment. -Alors pour commencer...Il n'y a pas un mot que j'ai pu vous dire qui soit vrai. L'équipage, la carte, rien.Il laissa le temps à son cerveau surement bien commotionné de comprendre l'idée de base avant de continuer. -Voilà, maintenant, en ce qui concerne Grimm... Ça, il lui fallait un moment pour l'annoncer. Il s'était préparé d'une façon scandaleusement laborieuse tout ça pour en arriver ici, à cet instant et endroit précis le plus discrètement possible. Et Grimm était l'élément essentiel pour que tout se déroule sans accroc. -Et bien, pour le faire simplement, il n'est plus là depuis un bon moment. Comme j'aime les métaphores, je dirais bien qu'il s'est fait consumer par la haine...Mais ce serait trop facile. Il jeta la pétoire qu'il tenait à l'eau, avant de fermer le poing, tout sourire. -Maintenant, c'est le moment de dormir, Needle. A ce moment il lui colla une droite qui lui passa à quelques centimètres de la tempe, avant de courber d'un coup son bras en l'avançant pour lui asséner un coup de coude qui la refroidit d'un coup, lui faisant perdre connaissance. Sans plus de considération, il lâcha la prise de sa main gauche pour la laisser tomber avant de se retourner pour aller en direction de la figure de proue. Il alla s'assoir sur celle-ci, une tête de loup avec un saumon dans la bouche, la tête tournée vers la lune. Selon ses données, tout était correct...En tournant le visage sur la gauche, il aperçut les barques qu'il leur avait demandé de ramener, pleines des corps inconscients des Blue, dont Needle, en train de dériver plus loin, avec suffisamment de vivre pour une bonne semaine, vu leur nombre. Quelque chose semblait bizarre, cela dit. Quelque chose qu'il sentait depuis un bon moment. La scène était enfin retombée dans le silence le plus complet, et la lune s'en allait de nouveau. Alors que le charpentier qui s'était occupé de tout l'équipage à lui tout seul était le dernier présent sur le pont au moment où la lune éclairait encore totalement, deux ombres purent se voir sur le bateau avant que l'astre ne soit camouflée de nouveau. Dans la nuit noire, seul le rouge électrique des yeux de "Grimm" brillaient, lumière emplie d'une rage à peine contenue. -Je le savais, il en manquait un, sur les barques, pas vrai ? J'avais des doutes au début...mais tu pues l'envie de meurtre à des kilomètres, mon gars. Ce soir, tu vas aller nourrir les poissons, avant que le geyser ne m'emporte...Jamais il n'aurait pensé pouvoir le tuer avant que le Knock-up Stream ne jaillisse, mais le hasard faisait bien les choses. Toujours dos à la deuxième ombre qu'il attendait impatiemment d'éparpiller aux quatre coins du rafiot des Blue, le pirate sentit ses dents grincer les unes contre les autres et la figure de proue commencer à céder sous son poids alors qu'il s'agitait sur son siège. Pourtant, il se retenait de tout déplacement, pour le moment, toutefois, il lui semblait bon de clarifier ce qu'il avait énoncé plus tôt. -Je vais te crever, pour Raph'... © Never-Utopia | | | | |
| | Sam 1 Mar - 20:33
Jaya ~ 1503
Au large des côtes de Jaya, une intense lueur perça l'obscurité nocturne, se mouvant à la surface de l'eau telle une danseuse de balais. Quelques mètres plus loin un étrange navire d'infortune progressait, le dos éclairé par ce lointain faisceau incandescent. Une silhouette ; ombre jusqu'ici, commença alors à se dessiner dans la lumière, traçant le corps squelettique d'un homme de taille moyenne aux longs cheveux d'ébène. L'éclat de la torche brûlant au loin fit scintiller ses deux yeux rouges, tout en dévoilant plus en détails le reste de son corps : l'homme était couvert de bandelettes grises et d'un linceul décharné qui tenait plus office de guenilles. Aussi inquiétante que lui, son embarcation ressemblait grandement à un cercueil sur lequel il reposait debout, gardant un équilibre incertain tandis qu'il ramait avec une planche de bois roussie. C'est alors que l'echo lointain de multiples cris de détresse et de terreurs rompit le silence de cette nuit sans lune.
« … l'ange de la mort en personne : Rackham le Rouge ! »
« Allons Berny je veux bien admettre que l'incendie en pleine mer de ton bateau t'ai traumatisé, mais tout le monde sait que ce mythe n'est qu'une vieille superstition... tu devrais réfléchir avant de balancer de tels balivernes, on va te prendre pour un fou ! »
« Je sais ce que j'ai vu Al' ! Et cette blessure en témoigne : c'était lui ! »
« Je vous resserre un verre les gars ? Et c'est quoi encore cette histoire d'ange rouge? »
« Ca se voit que t'es nouveau dans le coin toi, à Jaya tout le monde connait l'histoire de Rackham le Rouge... remet donc une dose à Berny, il va te raconter. » Le garçon s'exécuta en hochant la tête, à peine âgé d'une quinzaine d'années, il avait atterris sur cette île comme tant d'autres naufragés victimes du Knock Up Stream et faute d'argent pour quitter Jaya, il était coincé ici depuis maintenant quelques semaines. Son boulot de serveur lui rapportait peu mais il était patient et l'espoir de revoir un jour sa famille à Alabasta lui permettait de tenir le coup. Comme tous les adolescents de son âge, il écoutait avec fascination les récits d'aventures maritimes que les nombreux pirates passant par ce bar lui racontaient. Mais jusqu'à aujourd'hui, il n'avait jamais entendu parler de ce « Rackham ». Le dénommé Berny avala d'une traite le verre de rhum qu'on lui avait servis et s'éclaircit la gorge à plusieurs reprises. Tout en parlant, il tripotait nerveusement le moignon de sa main droite, le regard choqué par les souvenirs qui lui revenaient en mémoire.
[color=#00cc00« On est partis de Traders après avoir fait le plein de rhum et de tabac là-bas, mais dès le début j'ai senti qu'il se passait quelque chose de louche à bord... »[/color]
« T'as surtout remarqué qu'il manquait un de tes hommes le lendemain du départ ! »
« J'avais déjà un mauvais pressentiment avant que Rost ne disparaisse, ça n'a fait que confirmé mes craintes ! »
« Ouai enfin, t'as quand même attendu une semaine avant de faire fouiller le navire pour déterminer s'il y avait un passager clandestin à bord. Entre temps trois matelots supplémentaires s'étaient volatilisés. »
« Qu'est-ce que tu insinues ? »
« Rien de plus que ce qui s’est passé : tu étais bien trop terrorisé par ces mystérieuses disparitions pour chercher une explication tangible à cette sombre affaire ! »
« Comment oses-tu remettre en question le courage d'un pirate de ma trempe ! Crois-moi que si j'avais encore ma main droite, je t'aurai appris le sens du mot respect ! »
« Pas de bagarre ici ! Boit un autre verre et reprend où tu en étais Berny, Al' te charrie un peu pas la peine de t'énerver. »
« Ouai, parle donc au gamin de la trouvaille que t'as déniché après ça, au lieu de lancer des menaces en l'air. »
« Tu perds rien pour attendre...Après le septième jour, j'ai envoyé un de mes hommes vérifier la cale pour déterminer si un mauvais farceur se cachait dans la cale. On a trouvé aucune trace de vie humaine mais quelque chose qui ne faisait pas partie de la cargaison... »
« Et c'était quoi ? »
« Un sarcophage. »
« Tu... tu veux dire un sarcophage comme ceux d'Alabasta ?! »
« Tout juste ! J'en avais jamais vu de mes propres yeux mais celui-là, j'aurais mis ma main à couper qu'il devait être vieux de plusieurs siècles... »
« Passe à la suite Berny. »
« Ouai ouai... pendant une semaine de plus on a essayé de l'ouvrir, mais rien n'y faisait ce foutu cercueil de pharaon résistait. Alors on a décidé de faire escale à Jaya pour trouver de meilleurs outils, entre temps j'avais perdu cinq hommes de plus. »
« Et c'est là qu'intervient Rackham c'est ça ? »
« … cette nuit-là je me suis rappelé un mythe auquel mon grand-père croyait dur comme fer : l'histoire de Rackham Le Rouge... » Berny se racla la gorge et fis signe au jeunot de lui resservir un verre. Une fois ceci fait, il but une lampée pour s'humecter les lèvres avant de débuter son récit, le garçon de table aussi attentif que l'on puisse être.
« La légende raconte qu'un naufragé s'échoua à Sand Island et fut recueilli puis soigné par la princesse d'Alabasta, ils tombèrent tous les deux amoureux l'un de l'autre, se marièrent dans l'année et eurent un fils quelques années plus tard. Mais un jour, un équipage de pirate attaqua la cité et assassina le roi avant de déclarer que le nouveau prince était aussi leur capitaine : un sanguinaire flibustier du nom de Rackham Le Rouge. En apprenant que le royaume tout entier avait été livré à une bande de flibustier par sa faute, la princesse ne put le supporter et se suicida. Son fiancé n'était toutefois pas le capitaine pirate qu'elle imaginait, bien au contraire. Il avait été victime d'une mutinerie qui le rendit amnésique et lorsque son ancien équipage apprit qu'il était devenu prince d'Alabasta, il s'était servi de lui pour prendre le contrôle de l'île tout entière. Fou de rage et de désespoir, le prince massacra chacun des traîtres avant de raconter dans un dernier soupir, toute la tragédie à son fils. L'héritier rétabli l'honneur de son père en rendant publique la vérité et on inhuma alors chaque membre de la famille royale selon les rites sacrés d'Alabasta... »
« Cette histoire est incroyable... mais quel rapport avec ton affaire dans tout ça ? »
« Bien des décennies plus tard, une bande de pirates réussirent à pénétrer dans la nécropole royale pour y piller tous ses trésors... la moitié d'entre eux disparurent et le reste pris la fuite comme s'ils avaient la mort aux trousses. Dans la crypte on ne retrouva aucun corps, mais des litres de sang qui peignaient en rouge chaque centimètres des murs, du sol et du plafond. On constata par ailleurs l'absence du sarcophage de Rackham Le Rouge, sans doute les forbans avaient-ils eu le temps de voler ceci avant d'être attaqué par une force mystérieuse... » Berny en était déjà à son quatrième verre et l'alcool commençait doucement à faire son effet sur lui malgré son apparente impassibilité. Malgré tout, « Al' » savait reconnaître les symptômes de l'ivresse chez ce flibustier : être saoul le rendait bavard... très bavard.
« Quelques jours après cet événement, un navire fut découvert en pleine mer par d'autres pirates : son équipage s'était volatilisé et la cale du bateau ainsi que le pont étaient couverts de sang. Dans ce vaisseau fantôme, il ne restait rien d'autre qu'un conséquent butin. Certains mousses superstitieux y virent là une sombre malédiction à l'œuvre et déconseillèrent leur capitaine de s'emparer des trésors. Mais la soif de richesse de ce dernier fit taire les protestations vigoureuses de ses hommes. Il ordonna qu'on embarque alors la cargaison et les malfrats reprirent la mer sans se douter qu'ils avaient eux-mêmes invité le diable à bord... »
« Je suis complètement perdu, à part l'omniprésence du sang dans ces deux histoires, rien ne les lient entre-elles... »
« Fait un peu marcher tes méninges gamin ! Pourquoi crois-tu que Rackham était surnommé " Le Rouge ". » ?
« Qu... vous voulez dire que tout ce sang... ce serait lui ? »
« Tout juste ! »
« Mais il est mort à Alabasta pourtant ! »
« On ne peut plus mort... et enterré avec les honneurs dues à son rang. »
« Je comprends vraiment pas où vous voulez en venir ! »
« Réfléchis petit, où enterre-t-on la famille royale d'Alabasta ? »
« Ben... dans une crypte ? »
« Décidément t'es pas vraiment une flèche... creuse un peu plus. » Le jeune serveur fronça les sourcils, signature de l'intense effort que lui demandait cette réflexion. Il tira la langue un moment, se frotta le dos du crâne et se gratta le menton. Cinq minutes passèrent durant lesquelles Berny eut le temps d'entamer son sixième verre. Puis soudain, le visage de l'adolescent s'illumina.
« Le Sarcophage ! » En entendant ce mot, le pirate diminué qui s'était déjà enfilé l'équivalent de deux bouteilles de rhum jusque-là, faillit s'étouffer avec sa dernière gorgée. Après quelques instants à éructer et l'aide salvatrice des quelques tapes dans le dos de son camarade de boisson, Berny reprit enfin son souffle et lâcha une flopée de jurons pour exorciser sa frayeur.
« La légende raconte qu'avant de succomber à ses blessures, Rackham aurait juré de revenir d'entre les morts pour prendre sa revanche sur la piraterie... »
« Enfin tout ça c'est des histoires de vieux loups de mers. La vérité c'est que Grand Line est une mer imprévisible où il se passe parfois des choses inexplicable comme l'apparition de bateaux fantômes. Cette superstition est née pour vaincre la peur de l'inconnu mais tu peux me croire, Rackham le Rouge n'est qu'un mythe totalement infondé ! »
« INFONDÉ ?! » Cette fois-ci le verre de Berny ne supporta pas la pression de sa main restante et se brisa en une multitude d'éclats qui se fichèrent pour la plupart dans sa paume, sans attirer son attention pour autant. Le flibustier ne pouvait supporter les provocations de cet effronté : il n'était pas encore gâteux et savait pertinemment que ce qu'il avançait était la pure vérité. Certes, peut-être ne s'agissait-il que d'un passage clandestin qui s'était attaquait à son équipage, mais les ressemblances avec la légende ne laissaient que peu de place au doute. La nuit dernière, il avait vu cet homme mettre le feu à son navire après avoir fait disparaître dans une mare de sang le reste de son équipage. Nul autre que Rackham le Rouge n'aurait pu commettre un tel carnage...
« Ose insinuer une seule fois de plus que je mens et je te j... » Un silence de mort était tombé sur la bruyante assemblée, sans même qu'il ne le remarque, l'attention d'Al' et du gamin s'était détourné de lui, focalisé à présent sur le mystérieux voyageur qui venaient de pénétrer les lieux. Ses guenilles couleur de nuit lui couvraient la totalité du corps - visage compris - et on ne pouvait apercevoir de lui que la lueur vermillon de ses pupilles incandescentes. En croisant son regard irréel, Berny tressaillit.
« Toi... »
┼ Pourquoi l'homme a-t-il peur du noir ? Quel mystère, le pousse-t-il à fuir l'obscurité et la craindre même lorsqu'il devrait se sentir en sécurité ? Jack a longtemps cherché les réponses à ces questions pour pouvoir enfin se défaire de cette faiblesse inhérente à l'humanité. Au contact d'une multitude de personnages qu'il rencontra tout au long de son interminable vie, il se forgea graduellement une opinion. En réalité, la solution à ce problème il la détenait déjà sans le savoir depuis le début. Ce qui se cache dans les ténèbres, ce que tous redoutent sans comprendre d'où vient ce sentiment de panique maladive... c'est tout simplement la fin, le néant, la Mort. Mais connaître les raisons qui font naître la peur en l’homme ne lui permet pas de la vaincre, il ne peut qu’apprendre à l’utiliser contre ses pairs.
Depuis, l’immortel a oublié cette importante vérité avec le reste de ses souvenirs. Il ne se rappelle plus que du départ d’un ange pour l’autre monde et la quête de vengeance qui l’avait mené jusqu’ici. Toutefois malgré son amnésie certaines habitudes, ancrées en lui bien plus profondément que sa mémoire, perdurent et influencent ses actes. C’est une sorte d’instinct gravé en lui qui le pousse à insuffler la crainte dans le cœur des hommes qui croisent son chemin. Voici donc pourquoi Jack arpentait les mers depuis plusieurs semaines, en utilisant le mythe de Rackham le Rouge pour obtenir ce qu’il souhaitait de chaque équipage pirate sur qui il tombait. Ironie du sort, il ignorait que cette légende était l’histoire déformé de sa propre mort, bien des siècles plus tôt. Son amnésie lui avait enlevé tout souvenir, jusqu’à effacer même sa propre identité. Les circonstances de son réveil, au beau milieu des pompes funèbres du Royaume de Traders avec à ses côtés le corps sans vie du capitaine pirate Raphaël, l’avait alors persuadé qu’il était un membre de son équipage. Peu à peu convaincu que son devoir était de venger la disparition de la dernière personne qu’il avait gardée en mémoire, le revenant s’était lancé à la poursuite de celui qu’il jugeait responsable de cette mort : Hate Vegafunk.
« Je le savais, il en manquait un, sur les barques, pas vrai ? J'avais des doutes au début...mais tu pues l'envie de meurtre à des kilomètres, mon gars. Ce soir, tu vas aller nourrir les poissons, avant que le geyser ne m'emporte... » La rage et la haine qui émanait de cet homme était palpable. Dans ses pupilles, on pouvait aussi y lire quelques notes de détresse. Mais son interlocuteur passa outre ce détail, sa propre fureur l’aveuglait partiellement. Dans son esprit se rejouait la scène tragique où on avait ôté la vie du Lord of Storm, quelques instants plus tard, c’était lui qu’on avait éliminé, d’une balle de granit marin en pleine tête. Il avait vu ces images défiler des milliers de fois devant ses yeux, sans jamais parvenir à en comprendre chaque détail. Au fil des jours qu’il avait passé à chercher un responsable de cette double mise à mort, il avait finis par réaliser que l’homme le plus proche de Raphaël était obligatoirement coupable. Hate était un personnage bien moins connu que l’ancien Shishibukai, il avait une belle prime sur la tête mais sa réputation souffrait de l’ombre que la renommée de son capitaine jetait sur lui. Il était le « second », le complice, l’acolyte, parfois même relégué au simple titre de « subalterne », tout ce manque de considération avait dû développer en lui un ressentiment certain pour Raphaël. C’était la seule raison plausible, expliquant pourquoi il n’avait pas été présent pour le protéger. A moins qu’il n’ait lui-même fomenté l’éradication de celui qui l’empêchait de briller, peut-être était-ce lui, l’homme au smoking blanc…
« Je vais te crever, pour Raph'... » Une ombre imposante fila du ciel comme un oiseau de proie, piquant droit sur Hate qui ne bougea pas d’un cil, prêt à se faire écraser. Au moment où le projectile fut à sa portée, il agit en accord avec sa réputation : d’un puissant coup de poing, il envoya valser l’objet quelques mètres plus loin. Son agresseur saisit ce moment d’inattention pour tirer une balle de sniper du haut de son perchoir. Une violente secousse agita le pont tout entier lorsque celui-ci se planta verticalement dans le sol. La lumière lunaire dévoila enfin ce dont il s’agissait… un sarcophage vieux de plusieurs centaines d’années.
« Ferme là ! Tu n'as plus le droit de prononcer son nom désormais... » Jack était tombé du ciel à son tour, atterrissant en souplesse face au cercueil des pharaons, il jeta ensuite à la mer le fusil qu’il avait volé à la vigie. Désormais il n’aurait plus l’occasion de s’en servir et il préférait éviter que cette arme tombe entre les mains de son adversaire. D’un geste vif, il retira ensuite les guenilles qui couvraient son corps ainsi que le masque qu’il portait jusqu’à présent, son vrai visage apparu au cœur de la nuit, une crinière d’ébène et des yeux rouges sangs. L’immortel inspira profondément et fit craquer avec impassibilité chaque os de son corps. Puis il serra les poings et attendit la réaction de l’ennemi de pied ferme.
« Cette nuit, tu as rendez-vous avec l’ange de la mort Hate Vegafunk. » | | |
| |
|