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[FB] - Des animaux géants et une jeune fille, mais qui est le monstre ? [Pv : Diji]
Erwin
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Mar 11 Mar - 20:14
Comment en suis-je arrivé ici ?

Le cri de la petite fille contre moi me décontenança et nous fit vaciller. C’était troublant, on aurait dit qu’elle se débattait dans mes bras alors qu’en réalité ce n’était que la peur de tomber qui parlait. Comment en étais-je arrivé là, accroché à une branche à trente mètres de hauteur au-dessus d’une forêt menaçante, avec un rapace de la taille d’une montgolfière faisant des ronds au-dessus de ma tête ? Je me mis chercher dans mon esprit les maigres indices qui pourraient me pousser à croire que je n’étais pas maudit jusqu’à la moelle, mais rien ne vint. C’était trop flagrant. J’étais arrivé à peine dix heures auparavant et j’étais déjà dans une merde monumentale. En regardant en dessous de nous, je me rappelai que mon pouvoir pourrait nous sauver de cette situation… Mais d’une certaine manière, cela ferait une bonne petite frayeur à cette gamine.

Elle avait fugué. C’était tout ce qu’on m’avait dit en me faisant promettre d’aider dans les recherches d’une petite fille, à peine étais-je arrivé sur l’île. Elle avait dix ans, des cheveux blonds tressés en une seule cascade ornée de fleurs fraiches et de magnifiques habits de soie blancs. Bien sûr, il s’agissait de la dernière image que ses parents avaient d’elle avant qu’un oiseau géant ne vienne l’attraper entre ses serres pour s’en servir comme casse-dalle pour ses gamins. On m’avait tout de même compté qu’elle n’y était pas pour rien, à mettre des appâts dans son propre jardin malgré les consignes strictes mais justes de sa mère.

Je m’arrêtai un instant de penser à cela en constatant l’état actuel de la gamine. Sa tresse avait presque disparu, laissant à sa place ses cheveux tomber, grossis par quelques morceaux d’une paille à la couleur suspecte, entre le jaune et le marron. Malgré son aventure ses habits s’en tiraient plutôt bien. Elle avait au moins de quoi recouvrir son corps plutôt frêle avec un arc-en-ciel de couleurs plus écœurantes les unes que les autres, très loin de leur pureté originelle.

« - Lâche-moi, espèce de pervers ! Me lança-t-elle d’une voix qui résonna dans les environs, me faisant passer pour un être abjecte auprès des animaux. »

Je ne répondis pas à ses provocations mais pour la terroriser un peu, je lâchai du lest et lui fis comprendre que son corps pourrait bien accidentellement glisser de mes bras, ce qui la fit frémir très rapidement d’horreur. Un sourire narquois sur les lèvres, je continuai de me souvenir des évènements qui m’avaient amenés jusqu’ici. En pénétrant dans la forêt, j’avais compris que le chemin serait long et ardu, et que mes pieds souffriraient plus que le reste de mon corps. On m’avait dit qu’il y avait « très peu de chances qu’elle en ressorte vivante » ce qui ressemblait à un soulagement sur le visage de certains commerçants. Sûrement était-elle la terreur de ces braves gens incapables de compassion. Ce n’était pas pour cette gamine dont on m’avait compté tant de mal que j’étais inquiet, mais pour ses parents qui semblaient remuer ciel et terre, faisant appel à toute l’aide disponible. Le père avait déjà entamé de grimper la montagne pour chercher sa gamine, et depuis une heure déjà on ne l’avait pas revu ! On voyait rarement la terreur dans les yeux d’une femme quand on voyageait autant que moi, car il fallait la connaître pour qu’elle livre cette émotion qu’on tentait souvent de cacher derrière un masque de quiétude.

Je m’étais donc mis à arpenter la forêt de fond en comble pour trouver la gamine. Pendant les premières heures qui m’avaient paru interminables je ne m’étais pas trop aventurer en dehors des chemins, puis quand on avait retrouvé le père gisant par terre, attaqué par une meute de bêtes géantes, à moitié mort comme ses opposants, je m’étais décidé à utiliser mes talents spéciaux pour leur venir en aide. Ce fut alors plus rapide que ce qu’on aurait pu croire. Mon corps s’était transporté dans les airs, au-dessus de l’ile, et j’avais pu localiser dans une vallée un oiseau géant que je suivis pendant quelques minutes avant de rencontrer un amas de nids de créatures géantes avec, dans le foyer le plus à droite, la gamine derrière laquelle j’étais apparu avec dans l’idée de lui apprendre les bonnes manières. Cependant, lorsque la créature géante s’était mise à attaquer son propre nid et nous avait fait vaciller, j’avais peiné à la rattraper et à nous pendre à une branche comme les singes évolués que nous étions.

Et il s’agissait donc de l’état dans lequel nous nous trouvions. Je regardai la gamine un instant et pensai à mon pantalon plutôt large qui finirait par tomber si la gamine continuait à s’appuyer dessus avec ses chaussures ouvertes. Mon tee-shirt blanc aux coutures noires n’avait, lui, rien d’autre à craindre que les couleurs de la gamine. Il n’était d’ailleurs sûrement plus immaculé depuis quelques minutes. Je soupirai, peut-être que je devrais nous téléporter. A ce moment-là, la branche se brisa et nous tombâmes dans le vide.
Erwin
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Mar 11 Mar - 22:06




Sa barque s'échoua sur la rive sablonneuse qui bordait le pan côtier de l'île. Cette dernière n'avait pas l'air bien grande : cependant, elle était presque entièrement recouverte par une épaisse forêt luxuriante, humide et angoissante.

Plus tôt dans la matinée, il était arrivé dans ce qui semblait être l'unique ville de l'île, plus au nord. Il avait pu se rafraîchir et se restaurer convenablement, et les autochtones paraissaient serviables et fort aimables. Toutefois, Diji avait décelé une pointe d'angoisse sur tous les visages, quelque chose qui les rendait incroyablement soucieux, sinon complètement terrorisés. En bons hôtes, ils s'étaient montrés courtois envers le Révolutionnaire, mais ce dernier n'était pas dupe. Leur comportement étrange, ainsi que les gigantesques tronc de bois taillés en pointe qui jalonnaient la petite ville donnaient des sueurs froides au jeune homme aux cheveux rouges. C'était quoi, cette protection titanesque ? On pouvait facilement comprendre que les villageois cherchaient à tout prix à se prémunir contre quelque chose, ou quelqu'un de... passablement grand. Des géants ? C'était pour Diji la seule explication plausible à cette grandiose barrière érigée aux abords de la ville. De plus, on ne trouvait pas ces protections du coté de la mer. Elles s'hérissaient uniquement en direction de la forêt, immense et mystérieuse.

Fort de ces constatations, Diji avait posé quelques questions. Finalement, il avait pu obtenir des réponses convaincantes. En fait, l'île était peuplée d'animaux gigantesques. Des animaux normaux, comme des oiseaux, des singes, des insectes, des lapins... Mais tous avaient atteints une taille inédite et rarement rencontrée. De fait, il y avait des années, lors de la colonisation de ce petit coin de terre par les humains, ils avaient dû se rendre à l'évidence : si ils voulaient s'installer ici, force était de constater qu'ils devaient faire le nécessaire pour survivre, et se protéger de la faune tyrannique.

Ces informations en poche, Diji s'était proposé de les aider. En fait, il devait s'avouer que cette soudaine envie de porter assistance à ces villageois n'était pas entièrement désintéressée : il voulait s'entraîner. Et quoi de mieux, compte tenu des capacités de son fruit, que d'aller chasser des bêtes géantes ? Il en était lui-même une, et pas des moindres. Dans le règne animal, et sous forme totale, il se retrouvait quasiment au sommet de la chaîne alimentaire.

C'est ainsi qu'il avait repris sa barque pour faire le tour de l'île, puisque les renseignements qu'on lui avait fournis indiquaient que la partie de la jungle la plus éloignée du village correspondait aussi à la plus dangereuse. Ici, les végétaux se faisaient plus denses, et d'étroites falaises bordaient le paysage. Le bruit de la faune était omniprésent ; des insectes bourdonnaient, des oiseaux caquetaient, des singes hurlaient, et d'autres cris moins harmonieux perçaient également la canopée. Debout sur la plage, devant le mur que formait l'orée de la forêt, Diji pénétra en ces lieux antiques et vierges de toute main humaine.

Immédiatement, l'humidité ambiante l'étouffa, et une subite envie de nicotine le saisi. Sa dernière cigarette datait de probablement quelques minutes, mais il avait fait des réserves, il ne serait pas à court. S'allumant une clope, il leva la tête vers le ciel : on ne voyait rien. La voûte des arbres étaient tellement dense que le soleil filtrait à peine, par ici.

Il se mit en route, tant bien que mal. La végétation luxuriante l'empêchait d'avancer à bonne allure. Quant aux animaux surdimensionnés, il n'en croisa guère. Sauf un ver de terre de deux bons mètres, mais cela ne représentait pas vraiment un trophée de chasse. Plus il continuait, plus il ralentissait. Enfin, un vague bruit perturba sa solitude : un cours d'eau fraîche, dans lequel il pu se désaltérer. D'ici, il avait une vue bien plus dégagée sur les alentours : en face de lui se dressait une haute falaise abrupte. Et il trouva enfin ce qu'il était venu chercher.

Des oiseaux énormes, des rapaces, sillonnaient les contours ciselés de la montagne, certainement en quête d'une proie. Les grands ronds qu'ils effectuaient pour chercher leur repas rappelaient à Diji sa propre manière de faire, dans... certaines circonstances.

C'était décidé, il irait voir de quoi il en retournait. Seulement voilà, au moment où il s'apprêtait justement à se métamorphoser pour foncer sur les rapaces, une curieuse chose se passa.

- Lâche-moi, espèce de pervers !

Cette phrase claironnante, appartenant de toute évidence à une jeune fille, résonna dans la moiteur ambiante. Plissant son unique oeil valide, Diji focalisa son regard sur l'origine de cette curieuse perturbation sonore. Et quelle ne fut pas sa surprise ! Un homme et une enfant, suspendu dans le vide, à trente mètre de hauteur, à flanc de falaise ! Mais que diable fichaient-ils ici, tous les deux ? Cette région était pourtant inhospitalière, non ? Comment s'étaient-ils retrouvés dans cette situation ? De toute manière, la petite fille ne paraissait pas satisfaite du contexte. Un pervers ?
Diji ne comprenait plus grand-chose.

Ne quittant pas des yeux la scène qui se déroulait à une bonne cinquantaine de mètres de lui, il eut la sensation désagréable qu'il devait comprendre le fin mot de cette histoire. Cette situation était bien trop... extravagante pour qu'il n'y prête pas attention.

Silencieusement, il s'approcha. Lorsqu'il fût au pied de la falaise, et que la scène se déroulait au-dessus de lui, il leva à nouveau la tête.

L'homme semblait en mauvaise posture. Il cherchait à tout prix à retenir la gamine, alors que cette dernière se débattait comme une tigresse. Peut-être que dans sa position, l'homme n'avait pas aperçu qu'il n'avait qu'à se laisser tomber... les épais feuillages des arbres amortiraient sans aucun doute sa chute. Et si ce n'était pas suffisant, les larges tapis de fougères se chargeraient du reste.

Finalement, l'homme lâcha sa prise. Ou la branche sur laquelle il se cramponnait céda, mais cela n'avait pas la moindre importance. La jeune fille hurla de terreur.

Pffff... Diji venait encore de mettre les pieds dans un beau bordel. Si cet homme comptait vraiment prendre la virginité de cette pauvre gamine, la morale du jeune Révolutionnaire lui donnerait l'ordre d'agir.

Sa partie de chasse devrait être reportée...


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Erwin
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Mer 12 Mar - 0:14
Descendre... Monter.

Notre chute fut courte et mieux amortie que ce que j’avais imaginé. Pendant toute la descente, je m’étais appliqué à garder la gamine contre mon torse, vers le ciel, de sorte à ce que les branches ne la touchent pas. Mission réussie ! Mon corps endolori n’avait cependant pas réellement heurté le sol, les arbres très épais avaient servi de matelas. Seules quelques égratignures pouvaient témoigner de mes exploits… Et ce n’était pas l’impétueuse jeune fille qui me rendrait des hommages, ou même un remerciement pour sa chère vie que je venais de sauver. Lorsque je la relâchai, elle se mit à bouder dans un coin, cachée du reste du monde à part moi par des buissons. Je crus apercevoir une silhouette, un peu plus loin, mais n’étant pas mon principal centre d’intérêt pour l’instant j’en détachai très vite mon regard. Celui-ci se reporta sur la gamine, il fallait au moins que j’apprenne son nom, information qu’on avait totalement omis de me transmettre en premier lieu. Ou que j’avais zappé.

« - Tu t’appelles comment ?

- Me parle pas, pervers ! Répliqua-t-elle en se retournant et en disparaissant dans le buisson en hurlant presque au viol. »

Si je ne venais pas de la sauver de l’expérience la plus traumatisante de sa petite vie de princesse, je l’aurais certainement tué sur place. Ce genre de gosses m’exaspérait, et j’aurais aimé lui montrer de quel bois je me chauffais. Le bruissement des arbres résonna à mes oreilles lorsque le vent vint caresser les feuilles mécontentes de ce passage. Ce n’était pas le tendre toucher d’un amant, mais à ce moment-là cela ressemblait plus à la déchirure d’un prédateur dans la chair de sa proie. Y-avait-il quelques champignons hallucinogènes par ici ? Je toussai légèrement en essayant de ne pas me focaliser sur cette image. Il fallait retrouver la gamine, à défaut de la tuer, je pourrais au moins l’exposer sur la place du village dans cette tenue-là. J’étais peut-être un peu cruel. Surtout quand on savait que les animaux de cette forêt semblaient réagir un peu violemment. J’espérais qu’elle était encore saine et sauve pendant la minute où je l’avais laissé hors de ma vue.

Un rugissement arriva alors à mes oreilles. Ce n’était pas n’importe quel « rugissement ». C’était celui d’une créature qu’on devinait affamée… Et agonisante. Un roi de la jungle en pleine perdition. Je fixai un point imaginaire dans les fourrés en essayant de ne pas écouter la mort du roi. C’était sûrement la loi du plus fort ici. Qui gagnerait le jeu de la vie ? Je souris à moitié, tristement, en fixant le ciel. A présent je devais y aller. Quand mon regard fut attiré par une petite créature porcine au milieu de cette forêt, je sentis un bond se faire dans ma poitrine. C’était attendrissant. Mais cela ne prenait bien sûr pas en compte le sanglier qui faisait huit à dix fois la taille d’une de ces créatures habituelles derrière elle. Je déglutis. Et merde !

Mes pieds bougèrent d’eux-mêmes quand je me retournai. Impossible qu’une telle créature ne m’empale pas s je m’arrêtais. Nous décrivîmes d’abord un cercle… Pendant quelques secondes, avant de changer de direction pour prendre celle que la petite fille avait emprunté. C’était à ce moment-là que je remarquai qu’elle n’avait été toute cette longue minute qu’à deux pas de moi. Cette petite fille perdue dans les bras d’un autre, d’un homme ! Je ne savais pas quoi en penser. Etait-ce un pervers ? Ou un agresseur ? Quoiqu’il en soit, je ne fis pas attention à lui et utilisai la force de propulsion dans mes jambes pour sauter sur la branche la plus base d’un arbre et ainsi grimper à celui-ci. Le sanglier qui me suivait, certainement concentré sur mon image, fonça contre le tronc qu’il fit vaciller dans lequel se plantèrent ses défenses. Incroyablement, un mouvement et il pouvait me faire tomber.

J’étais à la fois émerveillé et terrorisé. Bien sûr, m’en sortir était tout à fait possible, j’avais vu pire sur Grande Line. Mais il n’était pas question que j’utilise mes pouvoirs en face de la gamine. Elle saurait sinon dans quel traquenard je l’avais conduite. C’était le genre de chose qui ne l’aiderait pas à changer. Je soupirai. Maintenant que j’étais dans la merde… Il allait falloir m’en sortir avec les moyens du bord.
Erwin
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Mer 12 Mar - 15:35




Leur chute fut plus douce que prévu. Les feuillus amortirent agréablement leur descente inopinée, et Diji prit l'initiative de lui-même de se cacher derrière un buisson. Il avait besoin de plus d'informations avant d'agir. D'un coté, l'homme ne semblait pas nourrir de mauvaises intentions à l'égard de l'enfant, mais cette dernière ne le voyait pas du même oeil. Diji préférait se fier à l'innocence et à la fraîcheur de la petite fille. La vérité sortait de la bouche des enfant, paraîtrait-il.

- Me parles pas, pervers ! couina la petite avant de se ruer loin de lui.

Il vint se réfugier non loin du jeune révolutionnaire, toujours discret. Jetant un coup d'oeil en direction de l'homme, qui semblait blasé, il s'adressa à la gamine, deux buissons plus loin :

- Eh ! Psssss !

La jeune fille, intrigué, tourna la tête et aperçu le jeune homme borgne. Fronçant les sourcils, elle le fixa intensément.

- Je vais t'aider, murmura Diji. Cet homme te veux du mal ?

- C'est un pervers, plaida-t-elle. Il ne voulait pas me lâcher !

Elle s'approcha.

- Tes cheveux sont cool, continua-t-elle, le plus silencieusement possible.

- Tu trouves aussi ? fit Diji, amusé. Une petite fille, comme toi, m'a dit un jour qu'ils avaient la couleur des tomates.

La petite fille gloussa, et vint se réfugier dans les bras du jeune homme. À cet instant précis, un animal poussa un râle d'agonie, et les cris des oiseaux et des singes alentours s'agitèrent de plus belle.

Soudainement, tout s'enchaîna très vite.

Le sol trembla, et la petite fille se crispa dans ses bras. On aurait dit un troupeau de chevaux lancés au triple galop. Une énorme bête - qui ressemblait à un sanglier, mais géant - fonçait droit sur l'homme, éberlué. Celui-ci opta pour la fuite, qui prit d'abord la forme d'une course-poursuite circulaire tragi-comique, pour finir par débouler non loin d'eux. Le regard de ce jeune homme et de Diji se croisèrent l'espace d'un instant, mais son interlocuteur était toujours poursuivi, et devait avoir autre chose à faire que de taper une petite discussion. D'un bond puissant et élégant, il sauta sur une branche d'un gros arbre, bien épais. Aux dernières nouvelles, les porcs ne montaient pas aux arbres. Quoi que, à voir l'abérration génétique qui régnait sur l'île, un cochon géant escaladant les branches d'un feuillu n'aurait peut-être surpris personne.

Le tremblement du sol s'intensifia, et la gigantesque créature surgit devant eux. Diji plaqua promptement sa main sur la bouche de la gamine, pour l'éviter d'hurler d'horreur. Le sanglier ne semblait pas encore les avoir repérés, il fixait son regard sur l'homme réfugié dans l'arbre. De justesse, le jeune révolutionnaire parvint à éviter la folle - et meurtrière ! - charge du phacochère. Celui-ci, fou de rage, termina sa course dans le solide végétal dans lequel l'autre homme s'était mis à l'abri.

À cause de la puissance du choc, l'arbre tout entier s'ébroua, et quelques feuilles se détachèrent des hautes branches, pour tomber silencieusement et doucereusement sur la scène qui se déroulait au sol.

Mais voilà : un cochon de cette taille, ça a beau être dangereux, ça n'en reste pas moins carrément stupide. L'énorme bête, qui avait mal calculée son coup, planta profondément ses défenses dans le bois tendre de l'arbre. Il avait beau s'agiter, ruer dans tous les sens, hurler de rage, rien n'y faisait. L'arbre bougeait dangereusement, mais à part craquer de protestation, il ne semblait pas prêt à se déraciner aussi facilement.

À ce moment-là, Diji pensa qu'ils étaient arrivés au summum de l'absurdité, qu'on ne pouvait pas aller plus loin dans le sensationnel. Pourtant, il n'allait pas tarder à comprendre à quel point il se trompait.

Rapidement, il souleva la gamine, et l'intima à monter dans un autre arbre, en lui ordonnant de monter le plus haut possible, pour être hors d'atteinte de tout danger. Une fois l'enfant en sécurité, il reporta son attention sur l'animal qui se débattait toujours dans son piège. Le pauvre homme, sur l'arbre, était balloté dans tous les sens. Diji se demanda ce qu'il pouvait bien faire pour lui venir en aide. Et d'abord, devait-il vraiment lui porter secours ? Ils ne se connaissaient pas, et si l'homme était vraiment un pervers, portant son vice jusque'à kidnapper des enfants, ils ne méritaient pas vraiment d'être sauvé. De plus, le révolutionnaire n'aimait pas vraiment s'occuper des affaires des autres. Mais d'un autre coté… Diji restait quelqu'un d'altruiste, et dans l'état actuel des choses, cet homme ne lui avait rien fait. Grâce à son pouvoir, l'utilisateur du Zoan pourrait facilement croquer ce porc géant, mais dévoiler ses capacités aux yeux d'autrui était une chose que Diji n'avait pas envie de se résoudre à faire.

Alors qu'il cogitait, le sanglier parvint finalement à s'extraire de sa prison végétale. Reculant, il prit son élan pour une deuxième charge. Cette fois, c'était sûr et certain, l'arbre ne tiendrait pas une seconde fois. Bon… Soupirant, Diji attrapa le petit porçinet qui passait à ce moment précis devant lui. La bestiole se mit instantanément à brailler, et sa mère - ou son père - se retourna immédiatement, les yeux fous de colère.

- Oups, déglutit Diji.

Il avait agit spontanément, pour aider l'autre homme, et voila qu'il se retrouvait dès à présent lui-même en mauvaise posture. Il recula promptement, sans quitter des yeux le géant poilu qui s'apprêtait à le charger. Fallait-il se résoudre à utiliser sa malédiction ? Il était venu pour chasser, mais la tournure des évènements semblait en avoir décidé autrement.

Sans crier gare, la monstrueuse bête chargea. Et s'arrêta net, tout aussi soudainement.

Fronçant les sourcils, Diji se demanda ce qui pouvait bien être passé par la tête de la créature. La réponse arriva rapidement, sous forme d'un cri encore plus effroyable que ceux poussés par le phacochère.

Une énorme ombre noire passa au-dessus de lui. A première vue, on aurait dit un humain, mais à bien y regarder, il était bien plus costaud. Et poilu. Un gorille ? Oui ! Mais un gorille qui devait bien avoisiner les 5 mètres de hauteur. Puissant, gigantesque et imposant, il se ruait sur le sanglier.

- Mais c'est quoi ce merdier ? glapit Diji. C'est un zoo des horreurs, ou un truc du genre ?

Sa question resta sans réponse. D'un coin de l'oeil, il guigna la jeune fille, bien en sécurité en haut d'un arbre. Terrorisée, elle regardait la scène, les yeux grands ouverts. Puis il reporta son attention sur le combat titanesque qui se préparait.

Le gorille chargea, et le phacochère baissa la tête, tentant vainement d'empaler son agresseur. Mais le singe géant était bien trop rapide, trop agile et puissant. D'un coup de patte phénoménal, il écarta la tête de son opposant, et lui balança un coup de genou sous le menton. Gémissant, le sanglier couina. Le gorille, plein de confiance en lui, continua sur sa lancée,et dans un cri, abattit ses deux poings sur le haut de la tête de son adversaire. Des os craquèrent, et le sanglier n'eut même pas le temps de réagir, qu'il était déjà mort.

Dans les bras du borgne spectateur, le petit porçinet vagissait sauvagement. Diji le laissa partir. En moins de deux, il avait disparu derrière d'épaisses fougères.

Mais voilà que maintenant, il avait un autre problème. Et autrement plus moche que l'autre. Le gorille le regardait, à présent. 5 mètres de muscles, et d'intelligence. Sans transformation, Diji ne s'en sortirait pas vivant.

C'était le moment.

- Hakuna Matata, scanda Diji.

Il n'avait aucune idée de la signification de ces mots, mais ça lui était venu, comme ça.

Le gorille le chargea, mais Diji aurait besoin de plus de temps pour se métamorphoser. Comment allait-il se sortir de cette bouse infâme ?



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Erwin
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Mer 12 Mar - 17:00
Combats de titans.

Lorsqu’un gorille d’une taille anormalement élevée apparut de nulle part, je crus que c’était la fin du monde. Littéralement. Depuis quand les animaux avaient-ils le droit d’être aussi grands en dehors de la mer de tous les périls ? Nan, c’était inadmissible. Je regardai les créatures engager leur lutte et mon regard fut tellement pris par la bataille que je ne remarquai qu’à la fin la présence de l’homme. La gamine avait été mise en sûreté, dans un arbre où elle grimpait maladroitement jusqu’au sommet. Quant à l’homme… Il fit une monstrueuse erreur en prenant dans ses bras le petit sanglier. Le bruit qu’il fit semblait tirer l’âme du corps du monstre vaincu par le gorille s’étira certainement dans une partie de la forêt… Suivi d’un calme libérateur où l’attention de la créature proche des géants focalisa son attention sur l’homme.

Il s’en suivit une charge que je n’avais pas prévue. Sans réfléchir, je mis mon casque de musique sur mes oreilles, celle-ci commença alors à s’émettre lentement et mon corps se projeta sur le tueur de sanglier. En le rattrapant aisément, je fis un bond dans les airs et lui assenai un coup de pied sur le sommet du crâne, chose que mon état habituel ne m’aurait permis de faire qu’avec une force moindre. Dans le cas présent, ça avait emporté la tête du gorille contre le sol. Certes, ce n’était pas assez pour l’assommer, mais c’était suffisant pour nous permettre de gagner un peu de temps. Il ne fallait pas cesser mon offensive, au moins cette certitude ne me quitterait pas. Le poing en avant, je me mis en position de défense. La créature se releva, me dépassant de plusieurs mètres, et d’un simple geste de la main m’envoya valser contre l’arbre le plus proche. La surprise avait été telle que je n’avais pas utilisé mon pouvoir. Après une offensive pareille, il aurait dû me craindre. Je crachai quelques gouttelettes de sang sur le sol et essuyai le filet qui coulait le long de mon menton. Je m’étais certainement mordu la lèvre inférieure durant le choc.

Me relevant avec légèrement malgré mon état, sûrement à cause de l’adrénaline dans mes veines, j’enlevai mon casque et entendis alors les cris désespérés de la gamine au-dessus de nous. Des rapaces lui tournaient autour. Pas ces oiseaux géants qui l’avaient kidnappés mais bel et bien des charognards, certainement attirés par la carcasse du sanglier encore fraiche. Qu’allaient-ils faire ? J’aurais voulu hurler à la jeune fille que ce n’était pas après elle qu’ils en avaient, mais cette fois-ci la peur d’être repéré me prit… Ce n’était pourtant pas cela qui m’empêcherait de sauver cette enfant. D’un geste habile, je commençai à grimper à l’arbre, hurlant vers le sol avec l’espoir que l’écho n’atteigne pas le ciel.

« - Je m’occupe de la gamine, mets-toi à l’abri ! »

Bien sûr, je m’adressai à l’homme qui était resté en face du gorille et dont je n’avais pas la moindre idée de s’il était encore en vie ou non… Mais si la créature géante ne m’avait pas suivie dans l’arbre, c’était soit qu’elle était occupée à déchirer sa carcasse, soit qu’elle avait été vaincu. Ou qu’elle était en train de se battre, les possibilités étaient multiples. Soupirant un instant, je pris le soin de changer d’arbre en empruntant les branches les plus solides et me rattrapai de justesse à l’un d’entre elles avant d’atteindre le pseudo-sanctuaire dans lequel s’était cachée la gamine. Enfin, j’arrivai à deux branches d’elle. Ma présence devait vraiment l’effrayer car elle tenta de grimper un peu plus haut encore… A la limite du ciel où l’oiseau qui l’avait enlevée arriva, fauchant au passage un des charognards d’un coup de bec. Apparemment, la grosse créature s’était prise d’affection pour la gamine, ou alors elle la considérait toujours comme un encas potentiel. Ce qui était certain, c’était qu’elle n’abandonnerait pas avant de l’avoir ramenée au nid.

Le corps de la charogne s’écrasa de tout son poids sur le sol, sans vie. Pas un seul mouvement n’émanait de son corps gisant à terre, certainement bientôt dévoré par les autres créatures de la forêt. Je soupirai, repris mon souffle et me mis à chercher du regard une échappatoire pour nous. Trop tard, le gros oiseau la prit à nouveau entre ses serres, abimant au passage définitivement la tenue de soie que la gamine portait. Le battement d’aile qui l’aida à se hisser plus haut encore dans le ciel me propulsa vers la terre. Je me souvins de l’emplacement où le gorille m’avait envoyé valser, de la vision d’horreur que j’avais eu à ce moment-là, mais surtout de cette manière de l’endroit où j’allais atterrir en douceur.

Ma disparition aurait paru incongrue à n’importe quelle personne, si bien que j’espérais qu’aucun regard n’avait capté ce moment-là. Quoique j’en dise, j’atterris sur le sol, entouré par les cadavres d’animaux. Chose étrange, je me demandai si ce genre de choses arrivait tous les jours, et comment dans ces cas-là cet endroit ne ressemblerait pas à un cimetière d’animaux. Peut-être qu’en creusant, on se heurterait vite à un os ! Ma réponse arriva plus rapidement que prévu quand des fourmis aux reflets rouges et onyx de la taille d’un petit chien se mirent à arriver en masse pour dépecer les créatures et manger leur chair encore fraiche. Je déglutis devant ce spectacle ragoutant et heurta quelque chose derrière moi, au passage. Je me retournai brutalement avant de remarquer qu’il ne s’agissait que d’un tronc d’arbre. Ouf. Il fallait quand même que je trouve un moyen de me sortir de ce pétrin et de sauver la gamine, malgré toutes les frayeurs que cela m’apportait. Un nouveau soupir et je chuchotai comme pour moi-même :

« - Et c’est parti pour martyriser la gamine… »

Bien sûr, encore une fois j’espérais ne pas avoir de spectateur. Quoi de plus étrange que d’entendre quelqu’un parler de cette manière ?
Erwin
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Jeu 13 Mar - 0:05




Alors là, franchement, Diji était sur le cul. Le mec qu'il avait prit pour un simple pervers se trouvait être au final un combattant hors pair. Sans déconner ! Corriger le gorille géant de cette manière, fallait en avoir, des burnes ! Bon, il s'était pris un joli vol plané, derrière ca, mais Diji respectait carrément ce geste incongru. Il fallait dire également qu'il lui avait sauvé la vie. Si cet homme n'était pas intervenu, le borgne aurait probablement été aplati comme un vulgaire pancake. La force du singe géant devait certainement dépasser la sienne, en forme hybride en tout cas.. Enfin bon, dans l'immédiat, il fallait agir.

 cet instant, la gamine se remit à hurler à pleins poumons. Comment pouvait-on posséder autant de souffle ? Elle voulait pas la boucler ? Diji tourna la tête pour essayer de comprendre l'origine de cette subite crise de panique. Des charognards, probablement attirés par la carcasse du pauvre gros cochon, qui gisait sans vie à quelques pas de là. Ils tournoyaient, menaçants, en de grands cercles autour de leur position. Mais un oiseau gigantesque, le même que Diji avait aperçu quelques temps auparavant, fonça dans le tas, et tua d'un seul coup un des vautours.

Stop, ca faisait trop d'informations en trop peu de temps, là ! Le jeune homme devait remettre de l'ordre dans ses idées. Premièrement, le gorille géant, non loin de lui, qui semblait - heureusement ! - s'interroger sur l'oiseau mort, tombé du ciel, à ses pieds. Deuxièmement, la gamine hystérique, qui, en continuant à beugler comme si on l'égorgeait, risquait bien d'attirer toute la faune la plus dangereuse de toute cette maudite forêt. Troisièmement, les volatiles titanesques, au-dessus d'eux, qui ne manquaient pas une miette du spectacle, et attendant la première occasion pour piquer droit sur eux, certainement pour les emporter loin d'ici, les donner à becqueter à leur saloperies d'engeances tout aussi énormes qu'eux. Quatrièmement, un mec sortit de nulle part, incroyablement balèze, pour qui le sort de l'enfant devait définitivement importer, puisqu'il escaladait dès lors l'arbre dans laquelle Diji avait déposé la chialeuse quelques instants plus tôt, pour lui venir en aide.

Okay, maintenant que les choses étaient posées, Diji pouvait tenter quelque chose. L'autre homme, lui, avait moins flâné. Contrairement au Révolutionnaire, il agissait rapidement, et ne restait pas planté là, comme un gland.

- Je m'occupe de la gamine, mets-toi à l'abri ! Lui cria-t-il, du haut de sa position.

Le gorille releva la tête, intrigué par les cris de l'homme. Il avait terminé de jouer bêtement avec l'oiseau mort, et reportait maintenant son attention sur la situation. Dans un grognement, il se releva, et de toute sa stature, se frappa le torse avec force, criant sa rage aux protagonistes partageant l'action. Oiseaux géants compris, c'était indéniablement lui le plus fort. Même transformé, Diji n'avait pas envie de se frotter à lui, dans l'immédiat. Le combat serait trop long, et trop intense. Pour l'instant, il fallait à nouveau s'occuper de la sale gosse, qui venait une nouvelle fois de se faire attraper par l'énorme volatile.

- Nan mais merde, quoi ! se plaignit Diji. Elle cherche vraiment les emmerdes, c'est pas possible !

Son désormais camarade - de circonstances - était depuis longtemps tombé de l'arbre, mais Diji l'avait perdu du regard. Bon, tant pis. Il s'en sortirait bien, il avait l'air de savoir ce qu'il faisait.

Prenant sa respiration, Diji fouilla les recoins de son esprit ou se cachait l'animal. C'était devenu un rituel. Chercher la colère, la rage, la laisser enfler, enfler encore, jusqu'à lui permettre de déborder. Dans un cri d'humain qui s'étrangla dans sa gorge, il tomba à genou dans l'herbe, et lutta contre la douleur. Ca faisait toujours un peu mal. Son corps était soumis à d'énormes remodelages, alors quoi de plus normal qu'une souffrance relative à la grandeur de la métamorphose ?

Son cri mua, évolua vers quelque chose de plus grave, de plus primitif. L'air autour de lui se réchauffa, et la condensation de l'air humide alentours eut bientôt pour effet de tremper les végétaux à proximité. D'un jet puissant et multiple, une fumée noire et étouffante jailli du corps de Diji en pleine mutation. Les écailles, le museau, les dents, griffes.. Les bras, les jambes...

D'un geste plein de haine, il arracha son bandeau. Puis, en grand final, ses ailes poussèrent dans un claquement d'air, et plusieurs petits arbres alentours furent déracinés par elles. Dans sa forme complète, la taille de Diji dépassait les 15 mètres, de la tête à la queue. A présent, il toisait le gorille de haut, et de la suie épaisse et brûlante s'échappa de ses naseaux.

Le macaque l'observa, subjugué. Il semblait comprendre que le petit homme d'avant était devenu autre chose, de plus gros, de plus dangereux. Maintenant, il était question de deux monstres, et plus d'un seul.

Pourtant, le gorille ne paru pas le moins du monde effrayé. Existait-il des animaux encore plus imposant, sur cette foutue île ? Elle aurait du être interdite d'accès, ma parole ! Quoi qu'il soit, l'imposant singe se mit rapidement en mouvement. D'un bon agile, il sauta sur Diji, et s'agrippa à son long cou sinueux. Cela eut pour effet de plaquer la tête du dragon contre le sol, car le poids de l'animal était... conséquent. Bloqué dans cette position, le Zoan commença à se prendre de violents coups de poings à répétition sur le haut du crâne. Aie. Hurlant sa colère, Diji s'ébroua, et d'un sauvage coup de griffe, se débarrassa du gorille. Celui-ci couina, et plaqua sa main contre son épaule meurtrie, qui saignait dès lors abondamment.

Profitant de ce répit, le Dragon de Fumée replia sa nuque, rejeta la tête en arrière, un cracha un torrent de suie chaude et collante sur son adversaire. Celui-ci hurla, se roula par terre pour tenter d'enlever cette substance - qu'il ne connaissait pas- qui s'engluait dans son pelage.

Fort de cette attaque, Diji s'éleva dans les airs d'un puissant coup d'aile qui plia chaque fougère et chaque brin d'herbe autour de lui. D'un coin de l'oeil, il cru voir... L'autre homme qui se débattait avec ce qu'il semblait être... Des fourmis ? Ouais, des fourmis géante.

Décidément, le jeune révolutionnaire ne voulait pas rester une minute supplémentaire dans ce repaire à fous. Repliant ses ailes, il plongea sur son ennemi - le gorille se tordait toujours de douleur au sol - l'attrapa par la nuque, et serra ses mâchoire d'un coup sec. Dans un bruit de chair qui se déchire et d'os qui se brisent, le gorille couina, et, un soubresaut plus tard, devint inerte entre les crocs du dragon.

Ce sale macaque n'était dorénavant plus le roi de cette île.

Tournant la tête en direction du ciel, il repéra l'oiseau géant qui s'envolait au loin, l'enfant entre ses serres. D'un hurlement bestial et caverneux, Diji signifia au gigantesque volatile qu'il devait se magner, s'il ne voulait pas se faire cramer le bout des plumes.

Le dragon fit un tour sur lui-même, et le bruit de ses pas sur le sol fit fuir quelques petits serpents entre deux buissons. Ainsi, il y avait quand même des animaux de taille normale, dans ce sale coin. Au passage, sa queue épineuse déracina un jeune arbre, qui allait s'écraser, dans une protestation végétale, dans un lit de fougère.

S'adressant à l'homme, pas loin, Diji grogna d'une voix grave et rocailleuse :

- Monte. La ballade est gratuite. Mais après, je devrai te manger.




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Erwin
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Jeu 13 Mar - 13:29
Monter ou ne pas monter, telle est la question.

La créature devant mes yeux était l’une des plus impressionnantes que j’avais vue sur Terre. Bien sûr, dans les livres d’histoire on croisait souvent ce genre de bête. Il y avait plusieurs milliers d’illustrations qui retraçaient leur histoire légendaire sans jamais arriver à la beauté même de celle qui se trouvait sous mes yeux. Magnifique… Effrayante… Imposante. A vue de nez, je dirais qu’elle faisait entre treize et quinze mètres de hauteur. Ses écailles semblaient plus dures encore que l’acier, ce qui leur octroyait à mes yeux une résistance impressionnante. J’aurais voulu passer ma main dessus, mais leur simple contact semblait bien trop généreux pour un simple humain comme moi. Les arbres cédèrent sous son imposante carrure, et le souffle chaud qu’il dégageait réchauffa l’atmosphère d’un seul coup. Les animaux de la forêt semblaient s’être écartés, comme s’ils jaugeaient le danger que ce nouveau ‘Roi’ représentait. Mon instinct me disait aussi de fuir… Pourtant ce dragon exerçait une certaine fascination sur moi. J’étais incapable d’en détacher le regard. Bien sûr, je n’étais pas un idiot, il s’agissait évidemment d’un utilisateur de fruit du démon. Il n’existait plus de dragons depuis bien longtemps… Du moins, pas sur les Blues. J’étais presque certain que le Nouveau Monde devait en contenir quelques-uns, mais cette supposition en resterait une pour l’instant.

Quand il parla, mes soupçons furent confirmés. Ses paroles amenèrent cependant un froid… Il me proposait de m’aider en échange de ma vie. Peut-être était-ce une blague qu’il avait l’habitude de faire, mais ça ne me faisait pas rire du tout. Je jetai un coup d’œil au ciel où le soleil perçait les nuages de ses rayons. C’était une lumière plutôt faible… Je ne m’y attardai cependant pas, mon regard se concentrant à nouveau sur la créature géante. Lui monter dessus… C’était tentant. Vraiment. Encore une fois ma curiosité pourrait prendre le pas pour me pousser à le chevaucher. Cependant, sans selle, ses écailles menaçaient de me blesser au niveau de l’entrecuisse… Peut-être, je n’en savais rien.

Mieux valait ne rien risquer.

En regardant autour de moi, je vis que les fourmis avaient toutes disparu. Plus aucun rapace n’était d’ailleurs en train de nous fixer avec un air charognard. Le silence régnait, en dehors de la respiration de la créature mythique. Le noir de ses écailles luisait légèrement à mes yeux, peut-être à cause des rayons du soleil qui n’étaient déjà plus couverts par les nuages. Si je regardais dans le ciel, je serais certainement ébloui. Mais je n’avais pas besoin de regarder. Il était inscrit dans ma mémoire.

« - Je pense que je vais pouvoir me débrouiller pour le transport, lui lançai-je en souriant, évitant de croiser son regard. »

Me levant, je m’élançai dans les arbres en utilisant mon pouvoir. Si cela pouvait paraître comme un déplacement rapide aux yeux de certains, les connaisseurs pourraient deviner qu’il ne s’agissait pas du Soru, la technique que les marines utilisaient. Il n’y avait pas ces trois petits tapotements agaçants au sol. En quelques secondes, je fus dans le ciel, assez haut pour avoir une vue presque complète sur la forêt. Elle était immense, assez en tout cas pour cacher les créatures qui y vivaient, ce qui n’était pas une mince affaire. Les oiseaux s’éloignaient à vue, regagnant leurs nids pour consommer leur prise du jour. Ils avaient entre les serres non seulement la gamine mais aussi des bouts de viandes tirés des carcasses de certains animaux. Leurs becs avaient sûrement servi de scalpel dans la délicate opération qui consistait à voler la chair des cadavres.

« - Bien, elle devrait être arrivée après moi… Mais tant qu’elle n’est pas en danger… »

Je devais tout de même être prudent, la mort pouvait arriver plus tôt qu’on ne le pensait. Sans attendre, je disparus à nouveau. J’étais au-dessus des oiseaux, ceux-ci semblaient trainasser sur le chemin vers leurs nids. La gamine ne bougeait plus… Puis elle se mit à hurler, à pleurer, ce qui me rassura sur son état. Une telle frayeur était inhumaine. Mais pour une peste pareille, il fallait employer la manière forte. Regardant derrière moi, je cherchai du regard le dragon de tout à l’heure. Il n’aurait sûrement aucun mal à nous rattraper vu sa carrure, et peut-être pourrait-il s’occuper de l’oiseau, ça me permettrait de sauver la gamine. En tournant la tête, j’entraperçus le village entouré de défense titanesque, certainement en proie à l’affolement.

« - Aidez-moi, pitié ! Hurla la gamine en décontenançant l’oiseau qui la tenait par le son strident qui émanait d’elle. »

Il pencha alors sur le côté, essayant dans un mouvement plutôt stupide d’attraper la tête de la gamine, toujours prisonnière de ses serres, avec son bec. C’était assez comique, mais surtout dangereux, car il perdit l’équilibre. Je disparus alors pour arriver sur le dos de la créature, lui mettant un coup de poing accompagné de ma chère musique sur le dos. Cela suffit à attirer son attention… Et à lui faire perdre le contrôle de ses pattes, offrant ainsi pour la seconde fois de la journée une chute libre à la jeune fille. Et merde !
Erwin
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Jeu 13 Mar - 17:28




Décidément, ce jeune homme était plein de ressources. Voilà qu'il volait ! Diji ne comprenait pas comment il s'y prenait. Ses mouvements ne ressemblaient à aucun autres. Un fruit du démon ? Difficile de le dire. Il parcourait de très grandes distances en un rien de temps, comme si il se... téléportait. Impressionnant.

Soit, Diji n'avait plus besoin de faire le taxi, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Son coté humain n'y voyait pas vraiment d'inconvénients, cependant la partie animale en lui rechignait à ne servir que de vulgaire moyen de transport. Sa fierté en prenait un coup. Tant mieux, sans personne sur le dos, il serait plus libre de ses mouvements. Ses écailles aussi confortables qu'un canapé de pierre pointues devaient probablement jouer un rôle, aussi. Quoi qu'il en soit, il était temps de prendre son envol. L'autre homme - il ne connaissait toujours pas son nom, d'ailleurs - était déjà loin devant, bataillant avec ces sales volatiles pour récupérer cette stupide enfant. D'ailleurs, la bête qui partageait maintenant l'esprit de Diji se moquait éperdument du sort de la gamine. Elle aurait bien pu crever comme le sanglier d'avant, peu lui importait. La seule chose qui le concernait, c'était ces hurlements stridents à répétitions qui lui tapait franchement sur le système. L'espace d'un instant, l'utilisateur de Zoan faillit céder à la tentation de laisser tomber cette mascarade, et de s'envoler loin. Mais bon, son coté humain se manifesta de plus belle, car sa nonchalance pouvait coûter la vie à la fillette, et peut-être même au curieux jeune homme.

Arquant ses quatre pattes, repliant ses ailes, Diji décolla, et la puissance de l'air brassée par ses membranes dispersa la fumée qui stagnait alentours. En cinq ou six battements, il surplomba la forêt, qui s'étendait presque à perte de vue. L'air frais qui s'engouffrait entre ses écailles lui procurait une sensation agréable de fraîcheur, et les puissants courants venteux qui s'engouffraient dans les toiles de ses appendices dorsaux le grisait. Depuis que Diji maîtrisait son fruit, sa plus belle découverte, toutes catégories confondues, avait été de découvrir la joie de voler.

Rugissant, il parcouru rapidement la distance qui le séparait encore du groupe d'oiseaux. Le combat qui s'annonçait serait son premier qui se déroulerait entièrement dans les airs.
Ces sales piafs faisaient presque sa taille, et ils étaient tout aussi rapides que lui. Ils avaient l'avantage du nombre, et connaissaient mieux le terrain. Cependant, Diji possédait une armure, et ses armes à lui ne se limitaient pas à un bec et des serres.

Ce ballet aérien s'annonçait pour le moins épique.

À l'instant où il arriva la distance du groupe d'oiseaux, l'homme aux mouvements rapides cogna le volatile, à main nues. Badass ! L'adversaire ne sembla pas vraiment en souffrir, mais il fut tout de même surpris, et lâcha sa prise. La gamine gueula de plus belle. Plonger pour la secourir, ou pas ? D'un coté, si elle s'écrasait violemment sur le sol, elle arrêterait de leur bousiller les oreilles. D'un autre, ne pas porter assistance à une enfant, aussi insupportable soit-elle, n'était pas moralement acceptable pour Diji.

- J'y vais, gronda Diji, à l'attention de l'autre homme.

Aplatissant ses ailes le long de son corps, il piqua en direction de la gosse. Il manoeuvra de son mieux pour que le choc de son atterrissage sur son dos soit le moins violent possible. La petite fille s'écorcha sur ses écailles, et reprit son opéra de chialeuse de plus belle.

- Va falloir me l'enlever des pattes, celle-là, se plaignit Diji. Sinon, je la balance en bas. Et je ne peux pas me battre avec une petite crevette qui gesticule comme ça sur mon dos.

Dans l'immédiat, peu de choix s'offraient à lui. Il fallait mettre la gamine en lui sûr, voilà qui était certain. Mais où ? À tous les coups, si il la déposait sur le sol, elle trouverait encore le moyen de se foutre dans la merde, comme se faire avaler par une limace géante, ou un truc du genre. La ramener au village ? L'option la plus sûr, mais également la plus irréaliste. La virer de son dos, et la laisser se fracasser le crâne en bas ? La décision la plus sage, mais aussi la plus immorale. Pfff.

Alors qu'il cogitait, un choc extrêmement violent l'ébranla. Déstabilisé, il lui fallu plusieurs secondes pour comprendre ce qu'il venait de se passer. Un des oiseaux s'était détaché du groupe, et l'avait happé en plein vol, avec une puissance considérable. Dans un cri propre aux rapaces, il lacérait le dragon avec ses serres, le pilonnant de coups de becs agressifs et répétés. Sous la sauvagerie des attaques, Diji perdit le contrôle de son vol, et chuta, entrelacé avec le gigantesque rapace qui ne le lâchait plus. Évidemment, la petite fille fut éjectée promptement de son dos, et retomba, dans des cris d'horreur, vers le sol.

Le jeune homme aux cheveux rouges se trouvait dans l'incapacité totale de l'aider. Et puis les règles du jeu avaient changé. La petite touche d'altruisme qui subsistait encore en lui venait de se volatiliser avec l'attaque du piaf géant ; maintenant, c'était entre eux et Diji. Le combat avait évolué vers quelque chose de plus personnel. Que la gamine crève, le dragon s'en moquait littéralement. L'animal avait prit le dessus sur l'être humain, et l'animal voulait du sang, des cendres et la mort de ses adversaires.

Il allait pouvoir se défouler.


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Erwin
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Jeu 13 Mar - 23:12
Contre un oiseau.

La présence du dragon noir me rassura. Quand il fut enfin dans mon champ de vision, son plongée en piqué lui permit de rattraper la gamine au vol. Elle devait avoir été malmenée par les écailles de la créature titanesque mais rien qui la tuerait dans l’immédiat. Alors l’oiseau sur lequel je me trouvais toujours se mit à dévier de sa trajectoire, assez rapidement pour me désarçonner et me faire tomber à mon tour. Apparemment, il n’aimait pas ma présence sur son dos. En essayant de me remettre en position tout en tombant tranquillement, une douleur me prit au niveau des côtes. L’une d’entre elle avait peut-être été fêlée à cause du coup du gorille géant, un peu avant. Je me mordis légèrement la langue, juste assez fort pour m’empêcher de crier de douleur. Avec le frottement de l’air, ça faisait un mal de chien.

Heureusement ma téléportation m’aida à annuler le problème. Je me figeai sur place, ne tombant pas réellement grâce à mon pouvoir qui me maintenait sur place. Quand l’oiseau atteint enfin le dragon, le choc suffit à faire tomber la gamine qui reprit une chute libre. Jamais deux sans trois comme dirait l’autre. Ce qui me surprit, ce fut la vitesse avec laquelle le Zoan se reprit dans les airs. Il semblait prêt à se battre… Mais plus à aider la gamine. En plus de cela, trois autres oiseaux s’étaient mis en tête de venir en aide à leur compagnon. Ça n’allait pas être une partie de plaisir pour mon allié.

Utilisant ma téléportation, je pris soin de retirer mon casque de mes oreilles et pris dans mes bras la jeune fille en presque une seconde. Elle me regarda, inquiète, tandis que nous tombions de plus en plus vite, de plus en plus proches du sol. Ma côte me fit souffrir le martyr, je n’étais pas habitué à être blessé. La dernière fois remontait à longtemps ! Me mettant dans une position presque droite, je nous fis disparaître d’un coup et apparaître sur la branche d’un arbre à vue. Maintenant, les choses allaient se gâter. J’avais plusieurs choix, le premier étant de ramener la jeune fille au village… Ce qui voulait dire abandonner la leçon que je souhaitais lui donner. D’une certaine manière, c’était un peu osé de vouloir continuer dans cette direction-là, sachant que le dragon risquait sa vie en haut. Plus encore, un des oiseaux géant l’avait dépassé et se dirigeait droit sur nous. Il devait faire un peu plus de deux-cent kilo, ce qui voulait dire que je pouvais encore le téléporter, mais ça signifiait par la même occasion que je mettrais en danger d’autres personnes. Il fallait donc que je le piège. Ma force de frappe n’était pas aussi importante que celle de la créature mythique, en revanche ma situation était plus avantageuse.

Faisant en sorte de rester dans le champ de vision de l’adversaire, je sautai sur un autre arbre, me rattrapant de justesse grâce à mon pouvoir. En regardant la gamine bien silencieuse jusqu’à présent, je remarquai avec dépit qu’elle s’était évanouie. Ce qui était étonnant, c’est qu’elle ait tenue aussi longtemps. Regardant derrière moi, je vis que le volatile avait augmenté sa vitesse de plongée et s’approchait dangereusement de nous. Le narguant d’un signe de la main, je disparus au moment où son bec plongeait pour nous attraper. A la place, le bout de l’arbre lui écorcha l’intérieur de la bouche et je me trouvai au-dessus de lui. D’un geste habile, j’envoyai la gamine vingt mètres au-dessus de moi, mis mon casque, reçus à nouveau la musique qui me permit d’ignorer la douleur sur mon torse avant de donner un coup de pied sur sa tête. Cette fois-ci, il poussa un petit hurlement d’agonie et son corps s’écrasa lourdement contre le tronc de l’arbre géant. Etait-il mort ou juste assommé ? Peu importe, ça laissait assez de temps au dragon pour faire ce qu’il avait à faire. Je rattrapai la gamine que j’avais envoyée au vol et soupirai. A présent, j’étais debout sur la branche d’un arbre, essayant de voir si d’autres ennemis allaient arriver près de nous.

« - Que se passe-t-il ? Demanda la jeune fille en ouvrant légèrement les yeux.

- Tiens, t’as pas été évanouie bien longtemps, constatai-je, presque étonné de cette découverte. Le gentil dragon nous a aidé, et maintenant il bat les méchants oiseaux…

- Ne me parle pas comme à une débile, rétorqua la gamine avec un regard franc. C’est ma faute si on se retrouve dans cette situation… Mon père… Et ma mère…

- Ton père est dans un état critique, lançai-je en essayant de cacher mes émotions. Il faudrait que tu ailles le rejoindre au plus vite mais je ne peux pas laisser ce gars tout seul… Alors on va attendre, et tu vas croire en la force vitale de ton père. »

J’avais lancé ça sur un ton qui ne demandait aucune réponse. Il fallait qu’elle s’inquiète, qu’elle prenne conscience de son erreur. On apprenait que de celles-ci après tout. A nouveau je me mis à chercher un potentiel ennemi du regard, dans les airs. Quand l’arbre commença à trembler, je constatai qu’au sol rien n’était sûr. Deux macaques qui devaient faire deux fois la taille habituelle de leur espèce semblaient prêts à nous déchiqueter avec leurs crocs aiguisés. Décidément, quel genre d’endroit était-ce ?
Erwin
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Mar 18 Mar - 11:40




C'était désormais l'animal au plus profond de lui qui s'exprimait. Toute logique avait disparu, toute stratégie s'était envolée. Il ne restait que le fracas des ongles pointus des rapaces sur ses écailles d'obsidienne. Depuis qu'il maîtrisait ses pouvoirs de métamorphose, c'était la première fois qu'il se battait contre des prédateurs de sa taille ; la première fois qu'il goûtait à un combat aussi féroce et sauvage. Tout n'était que rugissements et glapissements. Aveuglé par des avalanches de plumes et de sang, les oreilles englouties par un flot incessants de battements d'ailes puissants et omniprésents, sa fureur n'avait d'égale que la bestialité des affrontements. Il saignait d'un peu partout - surtout les endroits de son corps plus fragiles, comme le dessous de son ventre ou la base de son cou. Ses cornes étaient elles aussi garnies de liquide rouge, tout comme ses griffes, ses crocs et ses serres.

Il avait peut-être l'avantage de la force de frappe, mais ses ennemis étaient maintenant trois sur lui, l'agressant de toutes parts, et leur vitesse de mouvement en l'air se faisait sensiblement plus rapide.

Pourtant, Diji n'avait pas encore joué toutes ses cartes. Mais il n'allait pas tarder à sortir le grand jeu. Tout s'était passé tellement vite... Ces sales piafs ne lui laissait vraiment pas une seul seconde de répit. Sa capacité à expulser de la fumée par les orifices entre ses écailles devait se recharger, et l'utilisation qu'il en avait faite juste avant ne lui permettait pas d'en faire usage dans l'immédiat. Pour l'instant, il avait sa mâchoire, sa queue musclée, ses griffes, et... la suie brûlante et toxique qu'il pouvait cracher. Seulement voilà, il ne voyait rien. Il tournoyait sans cesse et sa vision se brouillait. Des plumes voltigeaient dans tous les sens, ce qui amoindrissait considérablement son champ de vision. Enfin, y'avait ce foutu oeil que lui avait enlevé la Marine des années de cela. Dans des cas comme celui-ci, il en aurait eu tellement besoin !

D'un sursaut, il parvint finalement à s'extirper de l'étreinte des rapaces. S'éloignant rapidement de la zone de combat, il pu enfin mieux y voir. Dans la cohue générale, certains aigles se battaient même entre eux ! Quels stupides animaux. Dans un mugissement de rage, Diji se rua une nouvelle fois dans la mêlée. Mais cette fois-ci, il déversa un torrent de suie nocive sur ses trois opposants. Un des oiseaux fut touché en plein dans les yeux, et hurla de douleur. Son vol se fit moins assuré, et il dégringola finalement dans une chute tragi-comique vers le sol de la forêt, où les fourmis se délecteraient probablement de sa carcasse. Un de moins.

L'un des deux rapaces restants se débattait avec l'épaisse poudre noire qui lui engluait les plumes des ailes, et il montrait certaines difficultés à maintenir un vol cohérent. Ni une ni deux, le dragon se précipita sur sa proie, et lui saisi l'os de l'aile entre ses crocs. Tirant de toutes ses forces, en s'aidant de ses pattes, il arracha violemment le membre du volatile. Des os craquèrent affreusement, des tendons claquèrent dans l'air vicié, et des gerbes de sang éclaboussèrent les deux opposants, colorant de rouge l'atmosphère ambiante. L'épais liquide rouge se mélangeait à la suie, créant une pâte visqueuse et sale. Son ennemi hurla de douleur, et s'écroula comme une pierre sur le sol, plusieurs trentaines de mètres plus bas.

Il restait un dernier rapace. Le plus gros et le plus féroce. À juger le respect avec lequel les autres le traitait, ce devait être le mal dominant, ou une affaire du genre. Sans se faire prier, ce dernier fonca sur Diji, ses serres dépliées et menaçantes le précédant. Le dragon se retrouva dans une position ou il n'était pas en mesure d'éviter ou de parer, et de fait, il se prit l'attaque frontalement, sans rien pouvoir y faire. Le choc fut titanesque, et tous les os de son corps en tremblèrent. Quelques-unes de ses écailles furent délogées de leurs emplacements, arrachant un hoquet de douleur de la part du Zoan. Essayant vainement d'enrouler se queue autour de la taille de son adversaire, Diji se contorsionna rageusement , comme un poisson prisonnier de filets indestructibles. Cet oiseau était presque plus grand que lui ! Les cris stridents que poussaient son ennemi lui vrillait les oreilles, et il devait développer des trésors d'inventivité pour éviter ces incessants coups de becs qui ne désiraient qu'une chose : lui crever son oeil restant.

Éructant des gerbes de suie bouillante, Diji fulminait. Le rapace évita habilement, ayant forcément compris que cette matière bizarre était grandement dangereuse pour lui. Alors que le jeune dragon se trouvait en position plus que délicate, son corps lui envoya un signal clair et limpide : ses réserves étaient pleines.

Mugissant à pleins poumons, il évacua une épaisse fumée grise de tous les interstices entre ses écailles. Cette fumée atteignait tout de même une chaleur inédite, et son adversaire, collé à lui, le lâcha instantanément. S'ébrouant les plumes, le volatile semblait avoir de la peine à reprendre sa respiration. C'était le moment ou jamais de passer à l'offensive.

Donnant de puissants coups d'ailes pour monter quelques mètres plus haut dans le ciel, il replia subitement ses membranes, et se laissa tomber en chute libre sur le dos de son ennemi. Ses serres entrèrent profondément dans la chair de l'oiseau, et bien que ce dernier se débattit comme un beau diable, Diji ne céda pas un pouce de terrain. Solidement ancré, il attrapa le bec de son adversaire avec ses pattes avant, pour éviter que celui-ci ne le morde, et tira de toutes ses forces vers l'arrière. Le cou du mâle alpha se plia dans un angle peu commun, et dans un craquement qui fit frissonner Diji, finit par céder. Le poids de la créature morte doubla soudainement entre les serres du Dragon, et celui-ci lâcha sa prise pour ne pas être entraîné dans le chute de l'animal mort.

Le troisième corps s'écrasa en bas, dans un fracas de troncs qui s'écroulent et d'animaux plus petits qui fuient tout ce remue-ménage.

Éreinté, Diji n'avait plus la force de se battre contre qui que ce soit. Éraflé de partout, il saignait abondamment à la base du cou, et l'articulation de son aile droite lui faisait un mal de chien. Il devait avoir probablement quelques ligaments distendus. Battre des ailes se faisait supplice.

Jetant un coup en contre-bas, il amorça sa descente en direction de la jungle, là où il avait aperçu l'homme qui se téléportait et la gamine pour la dernière fois. Haletant, il se posa sur le sol, et se transforma rapidement en forme humaine. Effectivement, il n'arrivait plus à lever son bras droit. Il serait probablement inutilisable pour un moment. Même sous cette forme, il continuait à saigner, et ses jambes flageolaient. Sans forces, il s'écroula sur les genoux, puis sur le dos. Couché là, il regarda le ciel, à l'endroit précise ou s'était tenue son épique bataille. En témoin des évènements, un brouillard gris et lourd peinait à se faire disperser par le vent. Sortant  de sa poche une cigarette salvatrice, il se l'alluma et tira avidement une bouffée régénérante. Un cri de macaque attira son attention, mais il avait trop mal pour se retourner et voir de qui il était question. Il ferma les yeux quelques minutes, pour récupérer. Il fut réveillé toutefois quelques instants plus tard par un incroyable tremblement qui secoua toutes les feuilles des arbres alentours.

- Quoi, encore ? Gémit-il.










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Mar 18 Mar - 17:29
Blessé.

Le corps imposant de la bête mythique s’élançait vers le sol tandis que les macaques s’avançaient vers moi. Mon corps entier tremblait à présent de rage à l’idée que je devrai utiliser mon pouvoir à outrance à partir de maintenant et jusqu’à la fin de mes jours. Je l’avais trop utilisé et je l’utilisais trop. C’était une malédiction pourtant. Quand je prenais un bain, je me sentis faible à cause de l’immersion, et nager était devenu quelque chose d’impensable. Ce n’était pas mon activité favorite mais ce genre de petits plaisirs me manquait parfois. Il y avait trop d’avantages cependant à être maudit pour vouloir perdre cette malédiction. Lorsque les singes arrivèrent, je regardais l’homme à terre et ne leur portai pas plus d’attention que je n’en accordais aux arbres environnants. Puis je disparus et apparus plus bas, dans une petite clairière où était étalés les cadavres encore frais de quelques oiseaux géants. D’un geste inutile, je cachai la vue à la gamine qui étouffa un cri d’horreur. Elle ne semblait pas habituée à ces spectacles de mort. Moi-même, malgré le nombre de cadavres que j’avais observé dans ma vie, j’étais encore sensible à ces images.

« - Ces singes vont sûrement vouloir nous attaquer… Ce qu’on va faire, c’est que je vais te renvoyer au village et j’irai aider le monsieur… »

Je n’eus pas le droit à une réponse particulière. Inspirant légèrement, ce qui me fit sentir l’odeur de sang à cause des litres déversés à mes pieds, je me téléportai dans le village, au milieu de la place principale où s’étaient réunis une dizaine d’hommes prêts à partir dans la forêt. Sans lâcher la jeune fille, je choisis de disparaître seul, retrouvant les macaques encore présent en haut de l’arbre. Par habitude, je m’étais téléporter en hauteur, pas assez haut cependant pour éviter qu’ils ne me saisissent par la jambe, sûrement par pur reflexe, avant de m’envoyer violement vers un arbre assez imposant. Le choc me fit cracher un peu de bile, et le tremblement qui s’en suivit me surprit du fait qu’on aurait pu penser que mon corps entier se serait fracturé suite à ceci. Mais je ne sentais rien, aucune douleur ne me traversait, et quand je me ressaisis et atterris sur le sol, je pouvais bouger normalement.

Alors je le vis, en train de fumer une cigarette, apparemment mal en point. Sa bataille aérienne avait du mal se finir. Au moins, il avait gagné, mais on aurait pu l’éviter si on s’était allié plus rapidement. L’objectif était de sauver la gamine après tout. Alors que je l’observai, constatant un bandeau sur son œil droit, je me mis à me demander comment il en était arrivé ici, quel genre de personne c’était. Et soudain, le cri strident des macaques retentit à mes oreilles. Je blanchis à vue d’œil, me souvenant rapidement de leur dernière action envers moi et n’ayant pas envie de retenter l’expérience. Il fallait qu’on se sorte d’ici, presto !

« - On devrait y aller, les habitants du village pourront certainement te soigner gracieusement quand ils sauront que tu as sauvé cette jeune fille ! »

Je ne lui laissai de toutes les manières pas le choix. Les singes venaient de découvrir notre position et s’étaient élancés sur nous, pattes en avant comme pour nous étriper. Ni une, ni deux, j’effleurai l’épaule de l’homme pour l’envoyer dans le village et regardai une dernière fois les singes avant de le suivre.

Les hommes et les femmes s’étaient réunis devant la jeune enfant qui venait d’apparaître au milieu d’eux, comme si elle se trouvait être issue d’un quelconque prodige, d’une action surnaturelle ou d’un don de dame nature. C’était merveilleux de voir qu’elle s’en était sorti. Cette bande d’hypocrites qui ne pouvaient pas la voir en peinture lui offrait les plus belles retrouvailles qu’une jeune fille aurait pu espérer, et je ne brisai pas ce moment de plénitude, évitant de hurler à la mort pour avoir un docteur. Les blessures semblaient pourtant vilaines, assez pour nécessiter d’être désinfecter à mon humble avis. J’allai voir une femme, apparemment une none ou une sage-femme, et lui demandai d’appeler le médecin du village pour guérir les blessures d’un… héro. Je crois que c’était le terme que j’avais employé. En expliquant la situation et en ayant l’approbation de la jeune fille, j’eus, en quelques instants, l’aide de tout le village.

On alla chercher le médecin, et je pus m’asseoir sur le bord de la fontaine pour me relaxer pendant que toute cette cacophonie avait lieu. D’une voix un peu désolée, je lançai au Zoan :

« - C’était extraordinaire de te voir combattre… Merci d’avoir aidé cette gamine, et je suis désolé de ne pas l’avoir transporté plus tôt, je voulais lui donner une leçon… Je n’aurais pas dû, ce n’est pas mon rôle. »

J’avais dit cela avec une voix un peu éraillée, conscient de mon erreur. Si j’avais directement appelé les secours… Alors que je commençais à regretter mes actions, une petite boule de poil, sorte de petit lapin vert aux yeux pétillants, sortit d’une ruelle. Miu. Mon compagnon de route semblait s’être empiffré avec quelques baies avant de s’endormir aux abords du village. Il avait vécu dans des environnements plus hostiles encore que celui-ci, pourtant sa survie m’avait prouvé qu’il savait se débrouiller tout seul. Je n’avais pas besoin de m’inquiéter pour lui. Il sauta alors sur mes genoux, se collant contre mon tee-shirt et s’assoupissant presque immédiatement. J’aurais peut-être dû me présenter, le présenter, attendre une réponse de la part de cet homme-dragon mais la fatigue s’emparait de moi. Ou plutôt, mon corps semblait lâcher prise. Alors l’adrénaline cessa de couler dans mes veines et la douleur commença à poindre.
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Mer 19 Mar - 19:05




Ouch. Son épaule droite était vraiment mal en point. Il était obligé de fumer de la main gauche ! Il avait littéralement des douleurs partout. Comment des oiseaux pouvaient-ils être si coriaces, violents ? Ils avaient probablement pris l'habitude d'être au somment de la chaîne alimentaire, et croiser la route d'un ennemi de leur niveau et de leur corpulence les avait à première vue carrément mis hors d'eux.

Mais la colère d'un dragon était bien plus grande, bien plus ancienne, bien plus dangereuse. Ils avaient payé le prix ultime pour en apprendre la leçon.

Sa respiration se faisait plus rapide. Non, Diji n'allait pas mourir, mais il n'était plus en état de se battre. Une petite flaque de sang s'écoulait déjà sous lui, et ses habits en étaient trempés. Blessures mortelles, peut-être pas, mais ca faisait quand même vachement mal, et si une autre de ces affreuses bestioles qui peuplaient cette maudite jungle décidait une fois de plus de l'attaquer, Diji ne donnerait pas cher de sa peau.

L'espace d'un instant, il se demanda où étaient passés l'homme et la petite fille. En forme complète de dragon, il avait perdu toute notion, et le sort de la gamine était passé au second plan. Mais maintenant qu'il avait repris forme humaine, il commençait à culpabiliser. Pouvoir se transformer en dragon énorme et puissant, c'était cool, mais la métamorphose lui modifiait trop l'esprit. À l'avenir, ceci pourrait franchement poser problème.

Pas un instant Diji ne craignait pour la vie de l'homme. Il possédait un niveau qui lui permettait de faire face, et ses capacités hors du commun lui donnait la possibilité de se mettre rapidement à l'abri en cas de pépin. Et à première vue, il se servait également très bien de ses pouvoirs à des fins offensives. Mais qu'en était-il de l'enfant ? Avait-elle survécu ? Avaient-ils accompli tout ceci pour rien ? Beaucoup d'inconnus traversaient encore l'esprit du jeune borgne blessé. Enfin bon, dans l'immédiat, il devait trouver un moyen de sortir d'ici, car la forêt n'allait pas tarder à lui envoyer une autre saloperie sur la tronche. Mais sans pouvoir bouger un orteil, que pouvait-il faire ?

Une branche craqua devant lui. Au même moment, de furieux cris de primates enragés résonnèrent non loin de là. Eh merde.

- On devrait y aller, les habitants du village pourront certainement te soigner gracieusement quand ils sauront que tu as sauvé cette jeune fille !

Diji leva la tête, et se retrouva nez à nez avec l'homme d'avant. Ainsi, il était en vie ! Et la fillette également ! Pas un seul instant il n'en avait douté. Comme prédit, il s'en était sortit facilement, et avait gardé en vie la jeune enfant.

- J'ai sauvé personne, rétorqua-t-il. Sinon moi-même. Tout le mérite te reviens, de mon point de vue. J'aurais pu plonger la deuxième fois, mais je ne l'ai pas fait. Je l'aurais laissé s'écraser comme une fiente des dizaines de mètres plus bas.

Diji avala un peu de sang, et reprit sa respiration :

- T'as été vraiment rapide. Et ton pouvoir est hallucinant.

Puis il tomba dans les pommes.



********************************


Il se réveilla au milieu du village, plusieurs personne penchées au-dessus de lui. Quelqu'un le soignait et pansait ses blessures soigneusement. Prenant place sur le rebord de la fontaine de l'île, à coté de son homologue maudit, Diji s'alluma une cigarette.

- C’était extraordinaire de te voir combattre… Merci d’avoir aidé cette gamine, et je suis désolé de ne pas l’avoir transporté plus tôt, je voulais lui donner une leçon… Je n’aurais pas dû, ce n’est pas mon rôle.

- Ne te méprend pas. Qui a pris en charge cette fillette depuis le tout début, jusqu'à la toute fin ? Qui a supporté son caractère pourri sans jamais broncher ? Et qui m'a sorti de la forêt avant que je me fasse bouffer par on ne sait quel animal ? C'est toi, le vrai héros. Et en plus de ça, t'es plein d'humilité. Je t'admire.

Une bouffée de nicotine, et il continua :

- Lorsque je me transforme entièrement, j'ai tendance à perdre les notions les plus fondamentales. Là-haut, pendant que je me battais, le destin de cette gamine m'importait peu. Toi tu t'en es occupé, tout en me venant en aide. Respect, termina Diji dans un hochement de tête plein de gratitude.

Clope au bec, il tendit sa main gauche - son bras droit reposait dans une écharpe de circonstance - à l'homme assis à coté de lui.

- Diji, se présenta-t-il. Ravi de te connaître. Comme je vois mon avenir, on sera amené à se revoir. Tu entendras parler de moi, sois-en certain. Et je n'oublierai jamais à quel point je te suis redevable.

Les yeux rivés sur l'horizon, le jeune révolutionnaire inspira un bouffée brûlante pleine de saveurs. Sa petite escapade sur cette curieuse île s'était révélée remplie de surprises. La prochaine étape de son aventure s'annonçait encore plus périlleuse. Tant de choses restaient encore à accomplir... Tant de murs à faire tomber, tant de fesses à virer de leurs trônes.

Diji soupira, évacuant la fumée blanche si caractéristique des cigarettes.

- Amis ? lanca Diji à son compère.

Des amis, il en aurait bien besoin.

Et tout ça n'allait pas tarder à commencer. Bientôt, on l'enverrait en mission aux quatre coins du globe. Il n'attendait plus que les ordres venant d'en-haut.

Le soleil ne tarderait pas à se coucher. Un crépuscule doré filtrait à travers les nuages cotonneux de cette chaude - et pleine de rebondissements - journée d'été.

En route pour de nouvelles aventures.



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Mer 19 Mar - 20:17
Mort.

Le discours du borgne me fit rougir. Je n’avais pas vu les choses de cette façon, tout simplement parce qu’en réalité sans son aide, je ne pensais pas que je m’en serais sorti. Il s’était transformé en cette incroyable créature qui avait fendu le ciel pour tuer les oiseaux géants qui nous menaçait. Bien sûr, le contrôle de son esprit avait été moindre, mais il s’en était sorti. A présent, on le prenait en charge, et les choses n’allaient qu’aller mieux. Tandis que je le regardais, je lui affichais un sourire gêné mais soulagé. J’aurais aimé l’interrompre à tout moment, mais d’une part c’était impoli, de l’autre si c’était pour bégayer, il valait mieux que je me retienne. Alors, quand il eut fini, je lui lançai d’une voix incertaine :

« - Tu nous as sauvé, tu as vaincu les oiseaux, qui d’autre aurait pu le faire ? Je te suis redevable, tout comme cette fillette. »

Je ne savais pas quoi dire, mon esprit s’était embrouillé et la douleur dans mon dos devenait de plus en plus intense, assez pour brouiller mon esprit. Lorsqu’il se présenta à moi, j’essayai de caser son nom dans un coin de ma mémoire. J’attrapai sa main, évitant de m’en servir pour me tenir debout. Alors comme ça il se sentait redevable envers moi ? C’était drôle. Miu, sur mon épaule, poussa un petit cri de victoire tandis que je réfléchissais sur le besoin de me présenter à mon tour.

« - Erwin… J’espère qu’on se rencontrera à nouveau, Diji. »

Puis suite à une petite tape sur le crâne, j’ajoutai sur un ton gêné, désignant la petite boule de poils du bout du doigt :

« - Et lui, c’est Miu. »

Je m’assis alors brutalement sur le sol, mes jambes m’ayant soudainement lâché. Je croyais que ça n’arriverait pas de sitôt, pourtant les effets secondaires dus au choc de tout à l’heure commençaient à se faire ressentir. Mon corps n’était pas si résistant que cela. Je regardai alors Diji, essayant de faire bonne figure, ne sachant pas combien de temps encore je pourrais rester éveillé.

« - Ami ! Lançai-je avec un sourire… avant de m’effondrer sur le sol, incapable de tenir le coup. »

Quand je me réveillai, j’étais au milieu d’une pièce presque close, sur un lit de paille. Les murs étaient teintés d’une lumière tannée qui m’indiquait que c’était certainement le matin. Mon dos semblait recouvert de pommade, ou du moins d’une substance que je pouvais assimiler à cela. De ce fait, j’étais torse nu, allongé sur le ventre. Je me relevai doucement en essayant de faire le moins de mouvements brusques possible. A côte de mon lit de fortune, un plateau sur lequel étaient disposés un bout de pain, un bol de soupe fumante et un verre d’eau avec une carafe avait été posé, certainement très récemment.

Je me saisis du pain, le trempait dans la soupe et commençai à le mastiquer sans sortir dehors. Après avoir fini de déguster mon… fastueux repas, je me dirigeai hors de cet endroit. Le soleil semblait plutôt haut, assez pour dire qu’en réalité on approchait de midi. Il n’y avait aucune trace d’animaux géants, aucune trace d’un quelconque danger. Les habitants souriaient, riaient, et quand l’un d’entre eux vint à ma rencontre, il se targua de m’avoir transporté et d’avoir appelé le médecin. Miu se dévoila alors, caché derrière une maison, et arriva sur mon épaule. On me fit consulter un docteur, et une heure plus tard j’étais libre de tous mes mouvements. Apparemment, leur onguent m’avait revigoré rapidement, je n’avais dormi qu’une seule nuit sur leur île. Les soins m’étaient offerts pour avoir sauvé la jeune fille, et ils me remirent tous mes vêtements et mes bagages. J’étais soulagé.

A ce moment-là, un cortège passa dans le village. Je regardai la petite-fille de la veille et sa femme, pleurer, habillées en noir. Sur le cercueil, la photo d’un homme trônait. C’était le père de la gamine, qui était allé la sauver et qui avait rencontré quelques créatures de l’île. Il n’y était pas préparé… Le médecin me raconta qu’il n’y avait rien à faire, que ses blessures avaient été trop profondes et qu’après un moment on avait cru qu’il pourrait s’en sortir… Ses yeux s’étaient fermés à jamais. Je suivis la procession, accompagnant les villageois. La jeune fille, rongée par le remord, ne remarqua pas ma présence. Des soubresauts la parcouraient, et son regard perdu à terre semblait plus profondément marqué par le chagrin que celui de n’importe quelle gamine. Elle venait de perdre son père, et si quelqu’un lui disait que c’était de sa faute, elle ne pourrait pas rétorquer le contraire.

Je continuai à marcher, observant, priant.
Erwin
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