Feuille de personnage Niveau: (52/75) Expériences: (879/1000) Berrys: 2.235.426.002 B
Dim 26 Jan - 22:05
« Ah, doux spectres d'antan... »
PV Misa
-Mon colonel ! Un autre navire à bâbord !
-Merde ! Commandant, prenez cinq hommes avec vous et faites feu avec tous les canons latéraux ! Lieutenant, allez arroser ces fumiers avec l'unité de fusiliers ! Sergent-chef, vous allez devoir vous débrouiller avec les canons frontaux pour nous frayer un chemin ! On ne peut pas gagner !
-Bien !
-Ils ont ouvert une brèche, mon colonel ! De l'eau s'engouffre dans la coque, et la quille semble être endommagé !
-Vous trois, descendez vérifier les dégâts et essayer d'arranger ça comme vous le pourrez ! En remontant, prenez quatre fusils supplémentaires, nous en aurons grand besoin !
-C'est inutile... Et vous le savez aussi, mon "colonel".
La voix du forban altier acheva de réveiller totalement Nakata qui, suffoquant et transpirant, se redressa d'un bond dans son lit. Il prit peu à peu conscience qu'il n'était bercé que par les vagues, et que les seuls bruits qui lui parvenaient étaient les sifflements de Rai dans son sommeil. Avec un soupir de soulagement, il porta une main à son front et frotta ce dernier en revenant à lui-même, réalisant que tout ceci n'avait été qu'un sombre rêve. Ou tout du moins, un douloureux souvenir... Peut-être le seul qu'il aurait pu considérer comme réellement traumatisant. Le seul qui venait encore le hanter fréquemment, presque toutes les semaines... Le marine, désormais devenu Supernova, et qui serait sous peu un des Schichibukais, sortit de son lit et se leva avant de se diriger vers la porte de sa cabine qu'il ouvrit aussi silencieusement que possible. Si Méliandre ne dormait peut-être pas, de par sa nature de vampire, les autres devaient en revanche être plongés dans les bras de Morphée... Et le blondinet ne comptait pas les en tirer pour si peu. Il traversa les couloirs du MOT à présent si familier et arriva rapidement à la petite cuisine où il attrapa un verre et fit couler de l'eau. Il porta le récipient à ses lèvres et avala le contenu d'un trait avant de reprendre son souffle en regardant par le hublot. Il faisait encore parfaitement noir dehors, et le Fenice remarqua que la nuit était bien sombre, pour une fois. Les étoiles ne semblaient pas vouloir se montrer, et la lune elle-même devait être tristement voilée par un nuage quelconque. C'était comme si, inconsciemment, son être s'était accordé pendant son sommeil avec le lugubre de la mer extérieure... Comme si lui aussi avait été plongé dans les ténèbres, sans que la moindre source de lumière ne parvienne durablement à l'éclairer. Péniblement, le capitaine secoua sa tête pour revenir à l'instant présent et sortit sur le pont, jugeant qu'un bol d'air frais lui ferait le plus grand bien. Le froid glacial ne le perturba guère, tout comme la légère brise marine qui vint dérangé ses cheveux où son bandeau était, une fois n'est pas coutume, absent. A vrai dire, et puisqu'il n'avait pas prévu cette subite excursion, il n'était à ce moment-là qu'en pantalon de tissu, et même la peau de son torse ressentait alors les embruns du capricieux Neptune. Mais le Phoenix ne craignait pas de finir frigorifier ou même de tomber malade, n'ayant plus subis le moindre rhume depuis bien des années. Sa santé était, déjà à sa naissance, particulièrement solide, mais son fruit du démon et l'acquisition des mystérieux pouvoirs semblait l'avoir renforcé encore plus. A moins que cela ne soit dû qu'à son âge, et à son métabolisme plus performant...
Après un petit bol d'air frais, qui eut clairement le mérite de le ramener à la réalité et parvint même à le faire grelotter un court instant, Nakata se tourna afin d'entrer à nouveau à l'intérieur du MOT. Il marcha en direction de sa cabine dans laquelle il entra avant de retourner s'allonger dans son lit, chassant définitivement ces souvenirs accablants, les bannissant de son être tant bien que mal, même s'il savait lucidement qu'ils finiraient tôt ou tard par revenir. Peu-à-peu, il parvint à renouer avec l'étreinte de Morphée...
Les boulets percutaient mâts et coques, faisant trembler les navires assez violemment pour parfois éjecter un soldat à l'équilibre momentanément trop précaire par-dessus les gardes-fous, l'expédiant droit vers la mer où les vagues mouvementées se contentaient de le happer sans aucune pitié, impitoyablement. Dame nature elle-même semblait avoir voulu se liguer contre les pauvres agents du Gouvernement Mondial, puisque l'escarmouche navale surprise se retrouvait désormais en plein cœur d'une tempête d'une violence inouïe. Et plutôt que de faire preuve de bon sens et de laisser les hommes s'en aller, les forbans trop sanguinaires se contentaient de maintenir l'assaut, de tirer autant de projectiles que possible, d'abattre leurs lames aussi violemment qu'ils le pouvaient, sous la présence inquisitrice des éclairs qui pourfendaient les cieux et déchiraient les âmes. Le vent soufflait dans les voiles à tel point qu'elles risquaient de se déchirer d'un instant à l'autre, mais le colonel avait d'autres soucis bien plus pressants que le bon état de ces vulgaires morceaux de tissus. Que le mât principal s'effondre ou pas, il n'en avait également que cure : pour le moment, son objectif premier était de maintenir autant de ses hommes que possible en réorganisant ses troupes pour repousser, ne serait-ce que temporairement, ces fous de hors-la-loi. Ils avaient surgit de nulle part, et avaient rapidement encerclé le navire de la marine avec leur véritable armada, une flotte digne d'un buster call, réduisant à néant l'espoir des gradés de pouvoir s'échapper sans combattre. Leur seule possibilité de fuite était de créer une percée, et de profiter du climat pour distancer leurs assaillants tout en appelant des renforts. Mais les justiciers allaient-ils seulement parvenir à faire cesser les assauts des criminels ? Rien n'était moins sûr... L’instigateur de cette attaque soudaine, le belligérant principal du côté des pirates n'était nul autre que le tristement célèbre John K. Irmora, avec une prime de plus de cent millions de berrys sur sa tête. Avec un vice-amiral de leurs côtés, les mouettes auraient vraisemblablement pu triompher sans trop de mal, mais les gradés étaient malheureusement peu nombreux, et les bons combattants n'étaient de ce fait pas légion. Tout semblait pour ainsi dire jouer en leur défaveur...
Au cœur de cet enfer véritable, de ce tourbillon de sang et de brutalité, de cet incessant lacis de cruauté et de barbarie, demeurait un jeune garçon même pas adultes aux cheveux dorés et au bandeau ardent. Nakata avait été enrôlé plusieurs années plus tôt, et avait désormais acquis le prestigieux grade de sergent-chef, l'un des deux seuls disponibles sur le bâtiment. Par conséquent, sur un total de près de quatre-vingt hommes, il était le cinquième plus haut gradé, après le colonel, le commandant, le lieutenant et son coéquipier sergent-chef. Il était chargé, habituellement, de retranscrire les ordres aux marins et de leur prêter main forte afin de les exécuter. Au milieu de ce brouhaha, il n'était plus qu'un vulgaire combattant, tout comme l'était ce pirate face à lui, la seule distinction que l'on aurait pu faire entre eux deux était que la lame du Fenice semblait briller d'un dessin plus louable et moins sanglant. Alors quand son ennemi, bien plus grand et clairement mieux bâtit que lui, abattit violemment son arme en direction de son crâne, le jeune homme n'eut guère d'autre option que de se défendre tant bien que mal en interposant son katana sur la course du cimeterre, horizontalement. Son assaillant se permit un rictus en comprenant qu'il avait, en un seul coup, prit l'avantage, et leva à nouveau son arme pour l'abattre en direction du gradé... Mais il n'en eut guère le temps, car une balle vint se planter au milieu de son front, l'expédiant au sol, sans vie. Sans perdre davantage de temps et sans même prendre la peine de remercier son sauveur, qui était certainement un marine, le maudit se mit à courir droit vers un deuxième ennemi qu'il trancha verticalement avant de lui donner un coup de pied sec et brusque pour l'expédier par-dessus bord. Le corps inerte et gesticulant fut à son tour avalé par les vagues, qui se devaient se repaître d'un nombre exponentiel de cadavre. Et pourtant, comme insatiable, Poséidon perdurait ses assauts sur les coques des bateaux, comme s'il voulait les retourner.
L'horreur perpétuée par la lutte entre justice et crime ne semblait aucunement s'atténuer, au contraire : plus les cadavres s'entassaient, plus les balles fusaient et les épées s'abattaient. Si les agents du Gouvernement Mondial étaient sans conteste plus organisés et bien plus efficaces que leurs adversaires qui subissaient sans arrêts de lourdes pertes, le désavantage numérique ne jouait clairement pas en leur faveur : pour chaque soldat, il y avait une meute de brigands qui n'attendaient que de trancher des veines et de briser des os. Tous les talents du Monde n'auraient donc pas permis aux troupes du colonel de s'en sortir indemne, et la première ligne, où évoluaient notamment le sergent-chef Fenice et la sergente Juna était presque éteinte que le premier navire des pirates n'avait pas achevé de vomir ses hordes de combattants. La situation était donc clairement désespérée, et ce ne serait qu'au prix d'énormes sacrifices que les soldats pourraient espérer s'en sortir vivants... Les canons n'en pouvaient plus de cracher leurs boulets, et les troupes de la marine risquaient d'ailleurs d'être à court de munitions tôt ou tard. Mais l'homme en charge du bâtiment des mouettes ne donnait pas encore son accord pour briser le cordage du navire en face, pas plus qu'il n'ordonnait à ses navigateurs de foncer droit devant pour tenter de se libérer du joug de leurs ennemis. Le moment n'était pas encore venu... Chaque instant risquait fatalement de les amener tous devant la Faucheuse, mais il était certain que le moment était à choisir avec précaution. Son instinct lui intimerait alors l'ordre de lancer le plan... Et pas avant. Mais ce dont il ne se doutait pas un seul instant, la seule chose qui ne lui effleurait pas du tout l'esprit à ce moment-là, c'était que cette bataille, s'il attendait une seconde de trop, allait changer à tout jamais la vie de son jeune sergent-chef. Il ignorait qu'un événement sombre allait survenir dans la vie de ce dernier par la seule faute de sa fausse patience, et il ignorait tout autant que celui qui était promis à embrasser une carrière de vice-amiral voire d'amiral allait, au contraire, basculer du côté des Supernovas.
Le vent fouettait son corps encore trop juvénile et la pluie incessante semblait pénétrer sa peau jusqu'aux os tandis que Nakata continuait d'affronter avec une vaillance extrême ses ennemis, qui, s'il ne les vainquait pas sur le pont de ce navire, iraient répandre ailleurs mille vices et mille crimes, terrorisant les civils selon leur bon vouloir. Il était de sa responsabilité que de terrasser ces adversaires de l'ordre public, en tant que justicier autant qu'en tant que gradé. Ses propres hommes mourraient à ses côtés, et d'autres, s'il lâchait prise, risquaient de mourir derrière lui également. Il était, pour ces raisons, absolument hors de question que le garçon ne fléchisse ne serait-ce qu'une seule seconde. Un fusilier tira dans sa direction mais il eut le réflexe salvateur de pencher sa tête sur le côté au dernier moment, laissant la balle effleurer sa joue et le faire saigner lentement avant que n'apparaisse la flamme bleutée habituelle pour guérir son corps de ses maux. La lame d'air brutale qu'il envoya en direction du hors-la-loi trancha le torse de ce dernier avec véhémence, l'expédiant dans l'autre Monde sans plus de cérémonie. Le blondinet poussa un léger soupir pour reprendre son souffle et un des bandits en profita pour s'approcher de lui tout en soulevant une hache d'une taille imposante qui menaça de trancher le garçon en deux. Mais une silhouette bien singulière apparut devant le Fenice et frappa le forban avec virulence, l'assommant sans remords. Misa, sa dulcinée, venait une fois de plus de lui sauver la peau, et le jeune Phoenix la gratifia d'un rictus légèrement inquiet avant de bloquer une nouvelle offensive. Et alors qu'il tranchait son assaillant d'un coup d'estoc, il eut l'horreur d'apercevoir du coin de l’œil un lieutenant de John K. Irmora chasser la sergente d'un simple revers de la main. Celle-ci retomba sur le pont non loin de là, mais, celui-ci étant détrempé, glissa inexorablement vers la balustrade à laquelle elle s'accrocha inespérément, le corps pendant dans le vide, à quelques mètres seulement des vagues qui menaçaient de la happer d'un instant à l'autre.
Si le Phoenix n'eut aucun mal à vaincre le lieutenant du Supernova, le tranchant avec colère au niveau du torse et répandant son liquide carmin et vital dans les airs et sur le navire de la marine, l'entreprise de sauver Misa fut une autre histoire... Car au moment où il s'apprêtait à venir lui prêter main forte, le cor sonna. Ce qu'il signifiait ? Que le sergent-chef devait sans plus attendre procéder à la suite du plan, à savoir trancher les cordages qui reliaient les voiles du navire pirate qui leur barrait la route au bastingage et aux autres pièces de bois. Une telle manœuvre permettrait de se débarrasser, grâce au vents violents, de cet obstacle et ce de façon inespérée. Les agents du Gouvernement Mondial auraient de cette manière pu se frayer un chemin afin de prendre la poudre d'escampette, de contentant de capturer momentanément tous les criminels ayant pris le risque de les aborder... Mais ce fut un dilemme plus ardu que celui de l'âne de Buridan qui s'imposa dès lors à Nakata : agir comme le gradé qu'il était, et remplir l'objectif de sa mission avant de faire passer ses envies, ou procéder comme l'enfant qu'il était toujours et sauver la Juna, au risque de les condamner tous ? Mais il n'eut pas le temps de choisir que déjà la demoiselle lui hurlait des paroles, avec un sourire sûre d'elle accroché aux lèvres... Avec rage, le garçon se changea en oiseau légendaire sous le regard incrédules de ses ennemis, qui ne s'attendaient aucunement à croiser le chemin d'un fruit du démon aussi puissant au beau milieu de Grand Line. Il prit son envol et fonça droit vers les voiles, avant de déchirer avec force les cordages qu'il avait ciblé un instant plus tôt. Comme prévu, le vent vint faire dévier le navire de sa trajectoire, et l'oiseau gigantesque bleuté fit le chemin inverse aussi vivement qu'il le put. Une fois arrivé au-dessus du bateau de la marine, il reprit une forme humaine et fonça droit en direction de Misa. S'accroupissant et se laissant glisser jusqu'à elle, il saisit sa main avec conviction pour l'empêcher de choir, et le sourire rassuré de la demoiselle remua ses entrailles avec une violence plus inouïe que celle de la lutte qui l'entourait. Mais un forban s'approcha du dos du Fenice, et le tireur de la justice qui tenait le pirate en joue réagit un instant trop tard : la balle qui lui était destiné ne vint se loger que dans son omoplate droit et, au lieu de le tuer pour le coup, le projectile eut pour effet de le projeter par dessus bord... Et il s'accrocha d'un seul coup à la jambe de la sergente, rajoutant un poids conséquent à celui que l'épéiste aurait pu remonter.
Le blondinet tenait bon, serra la main délicate de sa dulcinée dans la sienne, refusant de céder malgré la douleur qui grandissait le long de ses propres membres. Il serrait les dents plus forts que jamais, ne voulait pas lâcher prise, ne concevait pas même le fait de sceller le destin de celle qu'il aimait plus que tout au monde. Et pourtant, ses mains moites, tant par la transpiration que par l'eau salée de la mer, ne pouvaient empêcher la jeune femme de glisser... Et à nouveau, elle lui chuchota quelques mots avec le sourire de ceux qui vont mourir, mais qui, malgré tout, ne peuvent s'empêcher d'être heureux. Et, avec volonté, elle lâcha prise, chutant vers les abysses profondes de l'océan impétueux. Il voulut sauter, il voulut la rejoindre, mais une main ferme l'en empêcha, attrapant son épaule et le retenant de faire une sottise. Et tandis qu'il hurlait à s'en arracher la gorge, et tandis qu'il pleurait plus qu'il n'avait jamais imploré, et tandis qu'il se débattait comme un diable pour se délivrer de l'emprise de son supérieur, sans aucun succès, le corps fragile de la jeune femme frappa la mer et s'enfonça en son sein, la masquant à sa vue à tout jamais...
Et vous vous permettez encore de le juger ? Vous vous permettez de critiquer la vertu de son objectif, vous vous permettez de le voir comme un paria non comme un héros ? Parce qu'il a choisi le chemin des forbans, vous le voyez comme un traître, comme un criminel, comme un malfaiteur comme les autres ? Avez-vous seulement vu mourir amis, amour et famille ? Avez-vous seulement tout perdu et à plusieurs reprises, à tel point que vous vous demandiez alors si la vie ne se jouait pas de vous ? Et si cela vous était réellement arrivée, auriez-vous gardé à l'esprit de si louables desseins ? Auriez-vous poursuivi sur la voie de la justice ? Je ne le crois pas. En réalité, vous êtes un monstre. Il est un héros. Laissons lui le rôle de justicier, laissons lui le rôle de vainqueur, laissons lui le rôle de bienfaiteur : il est le seul qui puisse volontairement l'endosser. Il est le seul qui, malgré les sacrifices, sait quel chemin emprunter. Il est le seul qui, malgré les ténèbres oppressants qui l'englobent, sait poursuivre son chemin droit vers une simple étincelle d'espoir... Il est le Phoenix, et nous ne sommes que des hommes.
CRÉDIT - FICHE
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Called to the ring, Taking me round by round It hurts and it stings, Taking me down, down, down You think that you caught me, I can hear you taunt me Fractured and I'm falling down, My enemy is watching me bleed