Le tri était maintenant fait. Le sol était jonché de prétendu gardes qui, pourtant, s'étaient fait étaler par une facilité déconcertante. Aucune qualité ! Au fond, ils ne savaient que frapper dans le tas, comme quoi être un simple tas de muscle n'était utile que pour en faire un sac de frappe et rien d'autre... Après tout, à nous deux, Kyoshiro et moi avions réussi à tous les mettre au tapis, alors qu'ils avaient l'avantage du nombre et de la force brute... Toute la différence se trouvait dans la tête, et dans l'agilité. Ils avaient d'ailleurs aussi assez de force pour que l'on puisse la retourner contre eux et ainsi mieux en finir. Arriver ici n'avait pas été une grande difficulté pour nous, ce qui prouvait d'autant plus leur incapacité à tenir leur rôle, celui-ci n'était jamais que de faire régner l'ordre dans cette enseigne. S'ils avaient suivi un style de vie tel que le Bushido, la seule issue pour eux aurait été de se Seppuku, à tel point ils étaient inutiles.
Il ne manquait maintenant plus que le chef de l'établissement, sur qui nous n'hésiterions pas à passer si cela nous permettait de récupérer nos affaires... Après tout, il n'y avait pas d'autres solutions. Lui-même n'avait semblé que très peu intimidé par notre prestation, à croire qu'il ne craignait rien. En effet, le clown, car ce n'était que comme cela que nous pouvions le définir, était presque resté de marbre. Peut-être s'était-il énervé de la prestation de ses employés, ou plutôt sur notre carnage, mais en aucun cas, il n'avait été intimidé... Il semblait presque être capable de vouloir nous frapper lui-même. Et puis, c'était parfait. Je jetais tout d'abord un regard vers Kyoshiro, qui ne semblait vraisemblablement pas décidé à m'aider à se débarrasser du tout dernier. J'allais devoir le faire moi-même... Et c'était tout à fait compréhensible. Kyoshiro, depuis notre adolescence, n'était pas particulièrement adepte de la castagne comme moi. Il frappait que lorsque cela était vraiment nécessaire. Dans une autre formulation, lui était la tête, et moi les muscles ! De plus, avec ce qu'il venait de dire, il était évident qu'il ne souhaitait pas s'attarder, par conséquent, c'était à moi d'envoyer valdinguer cette... chose qui servait de propriétaire. S'il fallait le secouer comme un prunier pour récupérer nos affaires, alors j'étais prêt.
La question était maintenant si je devais être sadique ou pas. Après tout, pour les quelques couteaux que j'avais pris à la taverne, question de sécurité, j'avais de quoi m'amuser. L'obliger à coopérer, même si je pouvais avoir facilement ce que je voulais... Il s'agissait d'une bonne alternative, mais mon frère qui se tenait avec moi n'était pas particulièrement adepte de la violence, peut-être ne devrais-je pas m'amuser de la sorte devant lui... La souffrance de quelqu'un pouvait paraître jouissive lorsqu'elle était provoquée de mes mains, et le sang versé s'apparentait à une pure extase. Et le tout était de garder sa victime en vie, non seulement pour mieux pouvoir s'amuser avec lui, mais aussi pour continuer à cultiver la haine en lui... Mine de rien, avec seulement un ou deux couteaux, beaucoup de choses pouvaient être faite pour pousser quelqu'un à bout... Mais mes pensées s'égaraient, là n'était pas la question, il nous fallait juste récupérer nos affaires, ou plutôt nos armes et nos bourses, car il s'agissait après tout du plus important. Ainsi, je fis tout d'abord deux pas, avant de m'arrêter, et ainsi faire un effort avant de frapper : parler.
« On peut récupérer ce qui nous appartient, ou on doit aller jusqu'au bout pour le carnage ? »
Monsieur n'était pas prêt à léguer des biens qui nous avaient auparavant appartenu, pourtant, j'avais fait l'effort de lui demander avant ! Il l'avait cherché. Faisant encore plusieurs pas jusqu'à arriver à cinquante centimètres de son visage, je souriais de toutes mes dents. « J'vais te montrer ma version à moi du Shifumi ! ». Alors qu'il se saisissait d'une arme sur son bureau pour m'atteindre, au moment où il chercha à me frapper, je n'eus qu'à intercepter son poignet en y mettant un bon coup. Après quoi, tout ce que j'eus à faire pour clore le tout fut de lui mettre un coup gros coup de boule dans le crâne. Il ne suffit rien de plus pour qu'il s'étale à moitié sur le bureau, totalement en déséquilibre.
« Pas de chance, c'est tombé sur la pierre. J'te déconseille de te relever si tu veux pas savoir c'est quoi le ciseau. »
Il ne me restait plus qu'à ouvrir le coffre, collé au mur et dont la clé était fièrement et bêtement exposée sur le bureau. Lorsque je l'ouvris, j'eus presque l'impression de voir tout son contenu briller , à tel point qu'il en manquait qu'un petit jingle en musique de fond. Je me saisissais tout d'abord de tout l'équipement de Kyoshiro, pour ensuite le lui tendre, avant de prendre mon linge, mon argent et surtout, mes armes. Un samouraï n'était rien s'il n'était pas doté de ses armes, eux-même qui représentaient son âme de guerrier. Un homme sans son âme n'était rien d'autre qu'un vulgaire cadavre et rien ni personne ne pourrait nous séparer de nos sabres, mon frère et moi.
Nous étions dès lors équipés comme il se fallait, nous avions retrouvé nos habits, surtout Kyoshiro qui avait enfin pu se vêtir correctement sans me faire honte ! Avec ça, nous pûmes enfin quitter l'établissement en toute quiétude, maintenant qu'il n'y avait plus vraiment de monde pour nous stopper, après avoir fait le nettoyage. Maintenant que cette mésaventure était passée, il conviendrait peut-être d'aller fêter nos retrouvailles... Autrement que par des coups. Après tout, nous nous étions réveillés dans une salle avec une forte odeur de vomi... Ce n'était pas la meilleure des retrouvailles que l'on pouvait faire !
« Bon, on va se mettre une autre cuite ou quoi ? »