Before


«Pas grand-chose.. Tu sais, les criminels ont beau se multiplier comme des rats, les primes ne sont pas aussi fréquentes.» Dit-elle en commençant à feuilleter le journal.

Il était encore très tôt et le soleil commençait à peine à se lever sur les Groves de l’Archipel Shabaody. Contrairement aux autres jeunes de mon âge, je n’étais pas du genre à faire la grasse matinée. La raison ? Tout simplement car chez les Chasseurs de Primes, le slogan est : « Premier arrivé, premier servi ! ». De ce fait, je préférais me laisser toutes les chances en consultant les nouvelles primes le plus tôt possible. Toutefois, cela ne m’empêchait pas d’avoir la tête dans le cul, puisque mes nuits se résumaient à des idées révolutionnaires concernant les objets qu’il m’était possible de fabriquer, ainsi que des rêves éveillés où je me voyais aussi redoutable que le Chasseur de Yonkou. Je m’imaginais déjà représenté par une statue érigée à la gloire du meilleur mais aussi du plus beau Chasseur de primes qui soit, trônant en plein milieu de chacun des Groves. C’était une très belle idée pour un jeune homme plein d’ambitions comme moi. Pas vrai ?

En clair, je ne passais réellement que deux ou trois heures consacrées au repos, ce qui pour être sérieux, n’était clairement pas assez. En particulier pour un garçon encore plein de vie ! Tout à coup, je fus tiré de mes rêves – car oui, en général, il m’arrivait souvent de sombrer dans l’imaginaire – par une interpellation de la vieille femme se tenant derrière le comptoir de l’auberge.

« Ah, tiens ! Voilà quelque chose qui peut t’intéresser. Ecoute-ça : Est recherché mort ou vif le Hors-la-loi vicieux surnommé Le Duc. D’après les différents témoignages, il aurait été vu en train d’accoster sur une île se trouvant sur la Sixième voie de GrandLine, Sweety Peaks. On dit qu’il s’en prendrait aux adolescents ainsi qu’aux jeunes adultes. Cependant, nous n’avons guère plus d’informations à son sujet. Par contre, il faut rester prudent.. Personne ne sait de quoi il est capable et surtout ce qu’il fait de ses proies. »


La vieille aubergiste ferma les yeux et secoua lentement la tête de droite à gauche en essuyant un verre. Elle ne put toutefois pas s’empêcher d’arborer un fin sourire.

« Je suppose que je ne pourrai pas te faire changer d’avis.. Comme d’habitude. »

Aucune réponse de ma part, seulement une moue fière dégageant une certaine motivation alors que je me levais pour partir. Elle me connaissait bien, depuis le temps que je vivais ici. J’avais d’ailleurs été gracieusement accueilli, lui rappelant fortement son défunt petit-fils. Elle voyait en moi une seconde famille, le dernier proche qu’elle espérait garder au creux de ses bras.

Now

Des bonbons, de la guimauve, du chocolat, des friandises partout ! Je n’arrivais pas à le croire, je me croyais presque dans un rêve. Et pourtant, tout était bien réel – ayant essayé le fameux test du pincement, qui s’avéra d’ailleurs être très douloureux -. Restant toujours sur ma faim après chaque repas, je ne pus m’empêcher de goûter tout ce que je pouvais trouver sur ma route. Tout était succulent, possédait un goût des plus prononcés, laissant même parfois de petits picotements sur la langue. Je n’avais à vrai dire rien connu d’aussi agréable, de toute ma vie ! Le paradis sur Terre en somme. Malheureusement, j’allais très bientôt être ramené à la triste réalité..

Fiche de liens (c) Miss Yellow

Comment un tel endroit pouvait-il exister en ce vaste monde ? C’était presque impensable selon moi, même si je tenais à croire qu’il puisse encore y avoir de magnifiques choses à découvrir. Je me laissais donc aller au plaisir, à la gourmandise, chose que je n’avais pas vraiment l’habitude de faire en temps normal, toujours surveillé par la grand-mère de l’auberge. Cependant, je ne devais pas pour autant baisser ma garde. Après tout.. Je n’étais pas venu ici pour m’amuser, mais bel et bien pour traquer un hors-la-loi recherché pour ses méfaits. C’est d’ailleurs pour cela que, même en m’empiffrant de sucreries, je gardais les yeux rivés autour de moi.

Très vite, et comme j’avais pu le prévoir en venant m’engouffrer dans ce puits de nourriture sans fin, j’entendis des bruits, certes peu audibles, mais tout de même. Bien évidemment, il ne fallait pas que ceux-ci durent trop longtemps. C’est pourquoi, sans me retourner afin de jouer le jeu, je ressentis une sorte de piqûre au niveau de mon cou. Par réflexe, mais aussi sûrement pas ingéniosité, je fis en sorte de transformer cette partie atteinte en bonbon, de façon à ce que l’anesthésiant ne puisse se propager dans mon organisme et finir par m’endormir. Mais ça.. Les hommes de main du Duc n’y avaient pas fait attention.

Ainsi, grâce à mon excellent jeu d’acteur, je pus donner l’air d’être inconscient comme toute autre personne l’aurait été dans cette situation. Sur le chemin menant à la base secrète du criminel, j’essayais d’ouvrir les yeux en les fronçant, de temps en temps, sans pour autant donner l’air d’être éveillé. C’était une manière de prendre connaissance des alentours, de ce qu’il pouvait y avoir entre ces murs, les éventuelles failles ou que sais-je encore. Malheureusement, je ne remarquai rien de bien particulier, seulement des murs, des murs, et encore des murs. Tout était sombre là-dedans, de quoi effrayer des enfants nés avec une cuillère en platine dans le gosier.

*Bon.. Vu la façon dont cette planque a été bâtie, je suppose que la salle où ils enferment leurs victimes ne doit pas être faîte en mousse. J’aurai sûrement la possibilité de manger quelque chose d’intéressant là-bas. J’attends de voir.*

Après plusieurs minutes de transport, à passer par de multiples couloirs se ressemblant presque comme deux gouttes d’eau, je me sentis glisser, avant d’être finalement balancé comme un vulgaire sac. Une porte se ferma, j’entendis même le bruit du cadenas, ainsi que d’un trousseau de clés. Une fois que les gardes furent suffisamment loin des lieux, j’ouvris les yeux, regardant tout ce qui m’entourait. Cette salle était glauque, humide, et sombre. Mais je n’étais pas seul, loin de là. Il y avait quatre autres garçons, approximativement du même âge que moi, qui semblaient en mauvais état. Leurs vêtements étaient déchirés ou seulement abîmés pour la plupart, et je pouvais également discerner une sorte de tatouage, comme s’ils avaient été brûlés au fer rouge. Heureusement, ça n’avait pas été mon cas. J’avais seulement écopé d’une paire de menottes qui maintenaient fermement mes poignets. Seulement, en regardant mes compagnons d’un peu plus près, je pus remarquer la différence de matériau d’une des menottes. Celle d’un jeune homme roux. Il ne s’agissait pas de pierre simple.. Cela ressemblait plutôt à du Granit Marin, à en juger par sa couleur et sa texture particulières.


Sur ces mots, je me levais, comme si de rien n’était, et me dirigeai vers l’une des parois non visibles par les gardes pouvant s’approcher de l’entrée, pour en dévorer une partie. Ma bouche s’agrandit de trois ou quatre fois sa taille initiale, et engloutit la pierre constituant le mur.

Fiche de liens (c) Miss Yellow

Le Duc, me voilà.. Après un sublime jeu d’acteur digne de George Clooney, j’étais enfin arrivé dans la salle où étaient retenus prisonniers les jeunes garçons. Très vite, le roux aux menottes de faîtes en Granit Marin se leva pour me poser une question, alors que j’étais en train de dévorer l’un des murs de l’enceinte. Trop occupé au début, je ne pris pas le temps de répondre, me disant également que celle-ci était stupide, sachant qu’un humain normal ne pouvait faire une telle chose. Malheureusement, il y avait quelque chose que je n’avais pas prévu. En effet, l’un des prisonniers profita du fait que je fasse autre chose pour se lever et se placer derrière moi, enfonçant violemment un morceau de métal ou je ne sais quoi dans mon épaule. A la réaction que cela produisit sur mon corps, je compris qu’il s’agissait de Granit Marin. Grommelant en arrachant celui-ci pour ensuite le ranger dans ma poche, je me retournai sèchement, assénant un puissant coup de poing en plein milieu de son visage. Ma main avait entièrement été recouverte de pierre, de façon à amplifier les dégâts provoqués et être certain qu’il soit assommé pour un bon moment. Pendant ce temps, les gardes se précipitaient vers la cellule, ayant entendu l’appel émis par le jeune garçon.


Lançant un rapide regard en direction du roux, je retournai m’asseoir dans un coin, posant mes mains au niveau de mes genoux alors que le garçon se faisait cette fois menotter par du Granit. Murmurant d’un ton désintéressé et calme, je leur indiquai.


«Ferme-là toi. On ne t’a pas sonné.» Déclara l’un des gardes, sur un ton agressif.

Finalement, ils s’exécutèrent, entourant la bouche du « pseudo-maudit » à l’aide d’un bout de tissu, afin de l’empêcher de l’utiliser et même de parler. Puis, ils sortirent, refermant bien la porte derrière eux et la verrouillant, comme à leur habitude. Regardant hâtivement celui qui m’avait attaqué, j’appuyai quelque peu sur ma poche, me disant que cet éclat de Granit pourrait me servir par la suite, juste au cas où. Je me relevai ensuite une fois que la voie fut libre, pour me diriger en direction du jeune roux se trouvant à l’autre bout de la pièce.


M’approchant ensuite de la porte à barreaux, je regardai à l’extérieur, continuant.

Fiche de liens (c) Miss Yellow

Maintenant fermement les barreaux de la cellule, j’observais le long couloir qui y menait. Au loin, je pouvais apercevoir la silhouette des gardes grâce à la faible luminosité. En effet, dans cet endroit, les seuls éclairages possibles étaient des sortes de flambeaux, accrochés sur certains murs, à des distances plus que raisonnables. Pendant ce temps, le jeune homme à la chevelure rousse répondit à ma première question, décrivant parfaitement ce dont j’étais capable. Seulement, il avait tort sur un point. Laissant un très léger rictus se dessiner sur le bas de mon visage, je me retournai lentement, jetant un regard confiant à mes trois camarades. Bien qu’étant prisonnier, je restais tout de même maître de la situation, n’ayant pas été menotté avec le même matériau que l’autre maudit. Et puis.. Mon pouvoir pouvait aisément nous permettre de sortir de là, mais.. Ce n’était pas mon but. Je me devais de jouer le jeu, au maximum, afin de pouvoir atteindre Le Duc d’une quelconque façon. Et pour cela, rien d’autre ne me venait à l’esprit que de me laisser prendre dans leur filet, jusqu’à être directement amené jusqu’à lui. Fermant donc une fois les yeux, rien qu’une seconde ou deux, j’entre-ouvrai la bouche.


L’ouvrant de plus en plus pour avoir presque l’air d’un alligator, j’aspirai l’air d’une grande inspiration. D’un seul coup, les autres purent voir comme une bourrasque entrer dans mon propre corps, alors que je ne semblais pas m’arrêter. Ce spectacle dura quelques secondes où je ne repris pas ma respiration. Ceci fait, je me mis à rire, fier du petit tour que je venais de leur faire, malgré un rot qui s’échappa pendant que je me frottais le ventre.


Peu de temps après, le jeune garçon surnommé « Le Pessimiste », se mit à geindre, tout en énonçant son nom avec distinction. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant cette façon de réagir, et m’approchai de lui pour lui tendre mon poing. Une forme de salut stylé. Mais le plus drôle arriva par la suite, lorsque celui-ci m’appela « Chef ». Je n’avais jamais eu cet honneur, jamais personne durant toute mon existence ne m’avait considéré comme tel. Bien sûr, j’étais conscient que cette appellation était due au fait qu’à l’heure actuelle, je restais le seul capable de faire quelque chose pour nous sortir de là. Soudain, des bruits d’explosions, de cris, et de tirs se firent entendre dans toute la pièce. Les gardes se mirent en alerte, quittant leur état de mollusque pour se précipiter vers la porte. Écartant légèrement les lèvres, je pus seulement murmurer quelques mots aux trois autres avant que la salle ne soit ouverte.


Les deux hommes se décidèrent donc à nous attraper par le bras, ainsi qu’à porter le gamin que j’avais précédemment frappé, nous faisant immédiatement sortir. Qu’était-il en train de se passer dehors ? Et surtout.. Pourquoi nous faire sortir maintenant ? A la vue de leur réaction, il ne pouvait s’agir d’une simple volonté de leur boss. Non.. C’était autre chose. Plus important.

Fiche de liens (c) Miss Yellow