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| Dim 8 Mar - 12:26 Pause Le problème, lorsque l'on est un homme magma, c'est de devoir se battre en pleine mer. Je veux dire, certes, on peut facilement exploser une embarcation, et ce sans aucun souci. Seulement, quand nos pouvoirs proviennent d'un Fruit du Démon qui nous change en enclume lorsque l'on est dans l'eau, c'est davantage problématique. Faire exploser un navire du Gouvernement, c'est bien. Ne pas faire cramer la barque dans laquelle on voyage en lâchant le poing de lave qui détruit le navire ennemi, c'est mieux. Or, voilà, quand on est un colérique de base avec aucun sens de la modération, à plus forte raison quand on est face à l'objet de notre haine la plus profonde, il est difficile d'être dans le premier cas.
Voilà comment, après quelques insultes salaces, menaces et échanges de coups, j'avais fini par mettre en morceaux et à feu un vaisseau de la Marine... et mon embarcation. Ce fut principalement par miracle que je finis par tomber sur des débris du navire et éviter la noyade. Bien entendu, il était difficile de naviguer dans cette mer sans voile ou autre. Il m'avait fallu tirer à plusieurs reprises des salves de lave pour me propulser jusqu'à l'île la plus proche... Après deux jours. Inutile de préciser que l'absence de nourriture et d'eau potable avait joué un certain rôle quant à l'état dans lequel j'avais atterri sur la plage de Powder Island. Déshydraté, affamé, sans aucune force, le remouds des vagues étant la seule force qui m'avait fait rejoindre le rivage.
Ce dernier m'avait également éjecté de la grande planche de bois qui me servait de bateau, me laissant inerte sur le sable de la petite île minière. Et le premier contact que je sentis après ces quelques jours en mer fut un bâton qui s'enfonça entre mes fesses. Charmant non ? Ma réaction, qui se résuma à un cri de douleur avant que je ne m'évanouisse à nouveau, le fut également, effrayant le trio d'enfants qui se demandaient si j'étais mort ou non. La suite des événements me semble encore trouble, étant donné que j'étais dans un pseudo-coma. Tout ce que je compris en ouvrant les yeux, c'était que je n'étais pas en cellule, ni avec de quelconques entraves aux poignets ou aux chevilles. Au moins, j'étais vivant, et je n'étais pas en prison. C'était une bonne chose.
Regardant autour de moi en tournant lentement la tête, sentant toujours que j'étais faible, je prenais soin de fixer cet environnement inconnu. Un lit bien douillet, une table de chevet en bois, comme le reste du mobilier. Tout avait l'air un peu miteux, mais paradoxalement confortable. Je pouvais même sentir la chaleur d'un feu de cheminé. Une table avec un bouquet de fleurs en vase, deux chaises et une commode surmontée d'un miroir accroché au mur. De toute évidence, cela ressemblait à une chambre d'auberge. J'en avais côtoyé assez ces derniers temps pour reconnaître leur côté banal, sans touche personnelle.
Me redressant lentement, posant ma main contre mon visage en soupirant. J'avais une horrible migraine, le genre de mal de crâne donnant l'impression qu'une colonie de piverts s'est installée dans votre tête et s'amusent à passer en revue tout le répertoire d'un groupe de samba au rythme bien rapide. C'est sans doute à cause de cela que je ne remarquais que maintenant la gamine qui était à moitié affalée sur le lit, comme on le serait sur une table de cours avec un professeur soporifique. C'était qui ce modèle réduit ? Une petite blondinette qui bavait sur la couette, avec des cheveux mi-long et des vêtements sales, plein de poussière. Qu'est-ce qu'elle faisait à mon chevet ainsi ?Je n'étais pas vraiment du genre à l'aise avec les enfants, même si je n'en étais plus un depuis très peu de temps. Il fallait dire que mon passé m'avait rendu quelque peu récalcitrant quant aux relations avec ces derniers, la colère qui m'habitait étant peu compatible avec ce genre de relation.
Des bruits de pas résonnèrent dans l'escalier en bois situé au fond de la pièce, m'annonçant l'arrivée de quelqu'un qui montait. Je vis alors une jeune femme, d'une grande beauté, dont on devinait aisément le lien de parenté avec la belle aux bois dormants qui squattait ma couette. A vue de nez, elle devait être en fin de vingtaine, alors que la petite fille endormie devait avoir huit ou neuf ans. Je ne dis pas un mot, me demandant sérieusement ce qui s'était passé depuis mon naufrage. La jeune femme m'accueillit avec un sourire chaleureux, me rappelant celui de ma mère, faisant vibrer quelque chose en moi, le battement de coeur que je manquais me rappelant cette époque heureuse.
On dirait que notre dormeur a fini par se réveiller. N'en faites pas trop, cela fait trois jours que vous dormez. Il ne faut pas brusquer votre corps.
Je restais silencieux, à la fois subjugué et gêné par les déclarations de la jeune femme dont les cheveux dorés retombaient en une longue tresse devant son épaule gauche. Une chaleur humaine, maternelle, émanait de son sourire et de sa gestuelle, douce et bienveillante. La colère qui m'habitait habituellement ne parvint pas à se manifester, comme si elle était calmé par cette attitude reposante et d'une rare gentillesse. Je n'arrivais pas à trouver mes mots, comme bloqué par ce sentiment de paix que je n'avais pas ressenti depuis très longtemps. Mon regard se porta alors naturellement sur la petite fille, montrant toute l'interrogation que j'avais à son égard. Le sourire de sa mère précéda les explications de celle-ci, toujours avec une voix douce et compatissante.
Chloé est l'une de celles qui vous a trouvé étendu sur le rivage. Depuis ce moment là elle a voulu rester à votre chevet pour ne pas rater votre réveil. Il semblerait que la fatigue de ces trois jours ait été la plus forte.
Cette gamine était restée trois jours à me regarder dormir ? J'ignorais si je trouvais cela mignon ou flippant. Néanmoins, je ne pouvais pas cacher que j'étais touché, tant par les attentions de la fille que par celles de la mère. Elles m'avaient hébergé ici, sans même me connaître, juste parce que j'en avais eu besoin. Me redressant légèrement, un seul mot sorti de ma bouche sans que je n'ai eu le temps d'y penser.
Merci...
J'eus alors droit à un sourire davantage marqué de la part de la jeune femme, qui me gratifia d'un hochement de tête, comme si le fait de m'accueillir était tout à fait naturel. En revanche, la petite tête posée sur la couette se releva, essuyant ses yeux à cause de la fatigue. Ces derniers s'écarquillèrent en voyant que j'étais réveillé. Le calme ambiant laissa place soudainement à un chaos sans nom, la fillette était pour le moins... du genre agitée et bruyante.
HA ! Nii-san ! T'es enfin réveillé ! On y croyait plus ! Il était temps ! Hé ! Dis ! T'es qui ? Comment tu t'appelles ? Comment t'es arrivé ici ? T'es un pirate ? Un marine ? Un chasseur de prime ? Un voleur ? Un marchand ? Un voyageur solitaire ?
Too much informations ! Ce flot de questions assommantes suffit à faire rire la mère de la jeune fille de façon timide, alors qu'elle observait la scène. Pour ma part, je me présentais, Pyras D. Dante, sous couvert d'être un "voyageur" sans plus d'information. Mieux valait éviter de dire que j'étais un jeune homme qu luttait contre le Gouvernement et la Marine, espérant un jour rejoindre l'Armée Révolutionnaire. J'expliquais que mon navire avait sombré suite à un incendie, ce qui, en soi, n'était pas complètement un mensonge.
La mère de Chloé se présenta sous le nom de Laurence, la tenancière de l'auberge où je me trouvais. Nous étions dans l'un des sept villages de Powder Island. J'avais entendu parler de cette île, comme quoi pas mal de matériaux servant à forger les armes et les munitions étaient extraient de la gigantesque montagne qui trônait en ces lieux. Conscient de la dette que j'avais envers Laurence et sa fille, je demandais s'il y avait moyen que je rembourse celle-ci auprès d'elles. Et même si les deux demoiselles refusaient catégoriquement, j'insistais pour connaître ne serait-ce que le montant d'une nuit dans l'établissement ainsi que des soins prodigués pour me faire une idée.
Le meilleur moyen pour moi de les rembourser, malgré ma bourse vide, était de travailler comme mineur avec les hommes du village. Cependant, cela semblait générer un certain malaise chez la tenancière. J'appris alors, en regardant les photos dans le bar et en questionnant la belle, que son époux avait perdu la vie suite à une explosion de gaz lorsqu'ils avaient creusé dans la montagne. Cela expliquait pourquoi elle était seule avec sa fille.
Écartant ce sujet rapidement, je calculais vite fait le montant des frais que j'avais coûtés aux deux blondinettes. Ce dernier nécessiterait au moins trois semaines de salaire. La modération n'étant pas mon point fort, je promis de me donner à fond pour les rembourser, et ceux malgré leurs protestations. Demain, j'allais me rendre auprès de l'équipe de mineurs pour leur demander de me donner une chance de travailler. Et puis, cela me ferait une pause dans les combats incessants que je menais. Même si je refusais de l'avouer, travailler honnêtement sans avoir à craindre constamment pour ma vie, était une chose qui me ferait le plus grand bien. | | | | |
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| Dim 8 Mar - 18:37 Travail Cela faisait maintenant trois jours que j'avais émergé de mon sommeil. J'étais parvenu à obtenir un travail au sein de la compagnie minière du petit village où Laurence et Chloé se trouvaient, et je mettais tout mon coeur à l'ouvrage, creusant, piochant, comme le ferait n'importe quel mineur. Le charbon, la terre, la sueur, voilà ce qui faisait mon quotidien depuis seulement deux jours et pourtant, j'avais tout de suite été adopté par l'équipe de travailleurs. Il fallait dire qu'ils avaient rarement des ouvriers aussi jeunes que moi et l'ardeur que je mettais à la tâche était loin d'être désagréable. L'ambiance était également au beau fixe, une certaine proximité régnant entre chacun des mineurs. Bob était le popotier, comprenez par là qu'il gérait les casse-croûtes et les pauses. Joseph était le contremaître, chargé d'organiser le temps de travail et de gérer les groupes qui descendaient dans la mine pour creuser, ainsi que les plannings des équipes. C'était lui qui m'avait reçu en entretien pour le poste.
Lors de notre premier contact, il m'avait pratiquement envoyé me faire voir en disant que ce n'était pas la place d'un "gosse". Mais par chance ou malchance, tout dépend du point de vue, l'un des membres de l'équipe trois était malade et il manquait de monde pour le remplacer. J'avais été pris à l'essai pour une journée, histoire de voir ce que cela donnerait. Sans doute avait-il pensé que j'abandonnerai, mais il n'en fut rien. Au contraire, j'avais mis tout mon coeur à l'ouvrage, attirant par la même l'attention de la douzaine de membres qui se trouvaient dans la même équipe que moi. Nous échangeâmes pas mal et je pouvais voir que malgré la difficulté de leurs labeurs, ces hommes vivaient simplement, avec honnêteté, oeuvrant avec toute leur force dans l'espoir d'offrir une situation aussi confortable que possible à leur famille.
A la fin de la journée, Joseph m'avait dit qu'il avait eu de bon échos et que si je continuais comme cela, il était d'accord pour prolonger mon emploi jusqu'à la fin des trois semaines que j'avais demandé. Laurence et Chloé étaient ravies de me voir rentrer, quoi qu'un peu inquiètes en voyant à quel point j'étais crasseux, des traces de charbon et de terre se trouvant partout sur mon visage. Cela intrigua tout de même la tenancière lorsque, sortant de la douche, elle constata que je n'avais aucune égratignure. Normalement, la plupart des gens ont quelques écorchures ou autres bobos du même genre, mais j'étais étrangement intact. Riant nerveusement, j'espérais ne pas avoir à expliquer que j'avais quelques "talents cachés". Après tout, pour moi, les pouvoirs du Magu Magu no Mi n'étaient rien d'autre que des armes, des choses que l'on utilise en se battant. Alors que je me trouvais ici, j'espérais ne plus jamais avoir à les utiliser.
Le troisième jour, j'étais retourné travailler, avec mon casque et ma pioche, heureux comme le serait n'importe quelle personne qui éprouve de la fierté à l'idée d'un travail bien fait. La matinée se déroula sans problème, de cinq heures du matin jusqu'à onze heures et demi. A cet instant, nous sortîmes de la mine pour prendre notre collation pendant que l'équipe deux prenait le relais. Couverts de suie, tous autour d'un feu où nous faisions griller notre déjeuner, à quelques quatre-vingt mètres de la mine, nous échangions alors dans une ambiance toujours chaleureuse. Jusqu'au moment où la conversation s'orienta sur moi.
Alors gamin, c'est ton deuxième jour ici et on doit dire qu'on est quand même impressionné. En général, une seule journée à la mine suffit à faire décamper toutes les feignasses de ton âge. Pourquoi est-ce que tu viens t'user la santé ici petit ?
La question était posée de manière certes un peu brusque, mais en voyant le sourire de Bob, ainsi que les rires de ses compagnons, je comprenais qu'il s'agissait juste de bienveillance, sous couvert de curiosité. Je ne pus m'empêcher de rire aussi légèrement, comme si mes combats passés n'avaient jamais existé. Avec une voix beaucoup plus détendue qu'à mon habitude, je pris la parole pour répondre à cette question.
C'est plutôt simple en fait. Je dois beaucoup aux habitants de cette ville, et en particulier à Laurence et sa fille. Alors si je peux les aider en remboursant ma dette et en me rendant utile... Cela ne me dérange pas de rentrer fatigué, sale... Quitte à devenir aussi gros et puant que toi Bob !
La pique était lancée avec un sourire qui fit rire de bon coeur toute l'équipe, même Bob qui prit la chose avec humour. Cette bonne ambiance, cette franche camaraderie... Voilà une chose que j'avais oubliée. Depuis les dernières années, j'avais passé mon temps seul, à me battre contre les pires ordures possibles, au point d'en oublier qu'il existait des gens comme Bob, Joseph, Laurence et Chloé. Cette pause ne me faisait pas de mal, même si intérieurement, j'avais peur de perdre de vue mon objectif principal, mon désir de vengeance. Mais serait-ce un mal ?
Alors que je me perdais dans mes pensées à réfléchir à cela, une violente détonation se fit entendre, provoquant un léger tremblement de terre. L'entrée de la mine laissa s'échapper un violent nuage noir. Tout le monde se redressa alors d'un seul coup, jusqu'à voir une dizaine de personnes sortir en toussant. Le chef de l'équipe deux arriva jusqu'à Joseph et essaya de reprendre son souffle pour lui parler.
Kof kof... L'équipe a... percé la roche mais... une poche de gaz a fait sauté une partie du tunnel. Kof kof... Serge et Romain sont toujours coincés de l'autre côté. Le gaz nous empêche d'approcher pour creuser la paroi qui les sépare. Kof...
Serge et Romain... Deux membres de l'équipe deux. Je me souvenais d'eux, ces derniers m'ayant mis une tape dans le dos pour me souhaiter la bienvenue, avant de me filer un supplément à manger pendant ma pause le premier jour. Deux types biens d'après ce que je savais. Mais le simple fait de voir l'expression faciale de Joseph suffit à me faire comprendre ce à quoi il pensait. Il avait l'air abattu, comme un rat qui chercherait une issue dans un labyrinthe, en sachant pertinemment qu'il n'y en avait aucune. Ces deux hommes étaient perdus... C'était ce qu'il n'allait pas tarder à dire, même s'il se creusait les méninges pour chercher une solution qu'il savait inexistante.
Fronçant les sourcils, je me mis alors à jeter mon casque pour courir vers l'entrée de la mine, malgré Bob qui cria mon nom en me voyant faire. Qu'allais-je bien pouvoir faire ? Je n'étais pas un mineur expérimenté, mais j'avais quelque chose que les autres n'avaient pas : les effets bénéfiques d'être un Logia. Même si je détestais ce pouvoir, voilà pour moi une chance de le rendre utile, de le rendre bénéfique, pour le bien de personnes de bonne volonté ! Pour une fois, peut-être, il allait pouvoir m'être utile sans donner la mort à qui que ce soit, mais au contraire, en les sauvant. Alors que je m'enfonçait dans la mine, je constatais que les lumières étaient éteintes, les lanternes s'étant brisées. Je levais alors mon index pour le faire rougeoyer, le changeant en magma pour m'éclairer.
M'enfonçant de plus en plus profondément dans le tunnel, je me stoppais net en sentant une odeur plutôt atypique. A peine eussé-je compris de quoi il s'agissait qu'une violente déflagration m'arriva en pleine face. Un mur de flamme me faucha net, ne laissant de moi qu'un petit tas de lave... Qui finit par se reconstituer. Voilà donc la fameuse poche de gaz qui avait fait tout ce bazar. Il semblait que la première explosion n'ai tpas consommé tout ce dernier. J'arrivais alors devant un immense mur de pierre et de charbon. J'entendais de l'autre côté des complaintes et des gémissements. Romain et Serge se trouvaient de l'autre côté, cela ne faisait plus aucun doute. Mais si je perçais la roche avec la lave, et que du gaz sortait à nouveau, je condamnais à mort les deux hommes.
Pas le choix, j'allais devoir consumer tout le gaz en remontant le long de la partie du tunnel d'où il provenait. Leur disant de tenir bon, je me dépêchais alors de biffurquer, laissant toujours mon doigt allumé. Une nouvelle explosion me fit voler en éclat. Puis encore une... Puis une autre. Je finis par arriver au niveau d'un trou béant par où le gaz sortait en continu. Levant le poing, je laissais ce dernier se changer en lave et s'abattre d'un seul coup. Le magma provoqua une nouvelle explosion, alors que je priai pour que mes deux compagnons ne finissent pas en morceaux. C'était notre seule chance. Les flammes continuaient de sortir du trou, me brûlant et changeant tout mon corps en torche humaine et en lave, alors que mon poing s'approchait de plus en plus de l'embouchure. Finalement, je laissais une grande vague de lave suinter de mon corps pour recouvrir la fuite, noyant le feu dans la lave et solidifiant cette dernière pour boucher la fuite de gaz.
Fier de mon oeuvre, je reprenais mon souffle avant de constater que... J'étais pour ainsi dire enterré vivant. Sérieusement ? Tout ça pour ça ? La sortie de mon tunnel était bouchée, le plafond s'était effondré, et je n'avais devant moi que trois mètres cube de libres. J'allais faire quoi maintenant ? La réponse était on ne peut plus évidente. Cette fois-ci, je laissais jaillir de mes deux bras une vague de lave qui allait m'ouvrir le chemin pour que je puisse retourner sur mes pas. Brûlant la roche, la faisant fondre, créant un chemin circulaire propre, je finis par arriver jusqu'au mur où mes deux camarades se trouvaient.
Sans une once d'hésitation, je laissais ma main se poser sur celui-ci, avant d'étendre la lave pour qu'elle fasse un trou béant, me dévoilant à Serge et Romain qui étaient désormais inconscients. Un nouveau tremblement de terre se fit ressentir. Peut-être avais-je un peu trou chamboulé la montagne. Pas de temps à perdre, je pris Serge sur mon dos, et je traînais Romain par le col en marchant le plus rapidement vers la sortie. Ce fut mon nez qui se mit à rougir pour me servir de lanterne, et ce jusqu'à arriver là où les lumières étaient allumées. Cela m'indiquait que nous étions proches de la sortie. Je me mis alors pratiquement à courir à travers le nuage noir pour finalement arriver dehors.
Les autres mineurs finirent par accourir et s'occuper de leurs camarades, ôtant Serge de mes épaules et reculant Romain de l'entrée de la mine. Joseph, lui me mit la main dans le dos pour me faire continuer à avancer, afin que je reprenne de l'air frais. Toussant comme un perdu, il me fallut un moment pour reprendre mon souffle. Relevant la tête, je vis dans le regard des autres qu'ils étaient à la fois content, mais surtout surpris, se demandant comment j'avais fait. Allais-je leur révéler la raison du fait que j'étais indemne ? Le devais-je ? Était-ce une bonne idée ?
Gamin... Comment est-ce que...
Ma respiration était toujours haletante, mais pas assez pour m'embrouiller les idées. Je voyais bien que le silence qui régnait était lourd, plein de questions en suspens. Je fermais les yeux en prenant une profonde respiration, avant de me dire que je devais au moins à ces gens des explications. Ils avaient été bons avec moi. Même s'ils me rejetaient, même s'ils avaient peur de moi, je me devais de leur dire la vérité. Je levais alors mon bras en face de moi, jusqu'à le faire rougir, puis le changer en magma, laissant la fumée noire émaner de mon épaule, alors que la lave coulait de mes doigts.
J'ai mangé... Le Magu Magu no Mi. Je suis... désolé. Je ne voulais pas vous le cacher mais... J'avais peur de votre réaction... De vous décevoir ou de vous effrayer... Je... Pardon...
Fermant les yeux, attendant que le couperet tombe, que l'on me chasse ou quoi, je sentais les larmes monter. Et ce jusqu'à voir Joseph s'avancer face à moi. La seconde qu'il passa à me regarder me sembla durer une éternité. Lorsqu'il s'avança d'un coup vers moi, je fermais à nouveau les yeux, redoutant une baffe ou toute autre forme de rejet. Mais mes yeux s'écarquillèrent lorsque je le sentis contre moi, alors qu'il me serrait dans ses bras.
Gamin... Tout ce que je retiens aujourd'hui, c'est pas le fait que tu sois une lampe humaine qui brûle. C'est que t'as sauvé deux de mes hommes en risquant ta vie. Y'a rien d'autre à se dire, y'a rien d'autre à savoir.
Allez savoir pourquoi, alors qu'il me dit ces mots en me serrant contre lui, je sentis les larmes se faire de plus en plus pressantes, de plus en plus fortes, au point que je n'arrivais plus à les contenir. Les autres mineurs se joignirent alors à ce câlin collectif, en me mettant des tapes dans le dos, m'ébouriffant les cheveux et m'offrant divers gâteaux pour me féliciter, le tout en riant aux éclats. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais la sensation d'avoir trouvé des personnes qui me comprenaient... Des personnes qui m'acceptaient... Un "foyer".
Après toute cette agitation, nous eûmes droit à notre après-midi que nous passâmes à parler, manger, chanter. Tous venaient me poser des questions sur les pouvoirs de mon Fruit du Démon, ce genre de chose n'étant pas très répandues ici, en particulier en ce qui concerne les Logias. Je fis quelques démonstrations du style éruption partant de mes cheveux, pour donner toute sa légitimité au titre de "volcan humain" que l'on m'avait donné. Cela fit rire une bonne partie du groupe, et je sentais cette atmosphère chaleureuse percer les défenses de la muraille que j'avais bâtie autour de mon coeur. Pour une fois depuis longtemps, je riais de bon coeur, je souriais sincèrement.
Laurence et Chloé se joignirent à la petite fête avec le reste du village, apportant avec elles divers plats qu'elles avaient préparés pour encourager les mineurs et moi-même. Et la fête se poursuivit jusqu'au bout de la nuit. Le lendemain, nous reprîmes tous le travail, avec une certaine gaieté, cet incident nous ayant tous rapprochés. Je faisais "partie de l'équipe", je me sentais chez moi. Et après cela, les trois semaines passèrent trop vite à mon goût.
Vint finalement le moment du départ. J'avais remboursé Laurence, et j'avais acquis une nouvelle embarcation. J'allais continuer ma route. Le petit village minier s'était réuni au port pour me souhaiter bon voyage. Même si je ne leur avais rien dit sur mes objectifs, ils ne m'avaient rien demandé, sachant que c'était un sujet personnel et ne voulant pas me presser à leur révéler mes projets. Mais intérieurement, j'avais compris qu'ils savaient qui j'étais... Qu'ils savaient ce à quoi j'aspirais.
Nii-san ! On regardera les journaux chaque jour pour voir si on parle de toi ! Promis ! Alors tiens-toi à carreau !
La remarque de Chloé me fit sourire. Elle me rappela ma petite soeur disparue. Cela suffit à me faire sourire à nouveau. Mon regard se tourna alors vers Laurence. La jeune femme s'avança vers moi, toujours avec son sourire chaleureux. Avec une certaine fierté, je pris la parole, laissant mon écharpe flotter au gré du vent tandis que je prenais un ton plein d'assurance.
Vous verrez, je ferai en sorte que vous soyez fiers de moi ! Et quand je reviendrai ici, j'aurais plein de choses à vous raconter, autour d'un excellent repas ! Je fais la promesse de revenir ! Même avant, si jamais vous avez besoin de moi ! Je serai toujours là !
La jeune femme se mit alors à rougir légèrement, portant sa main sur sa joue droite avant de sourire avec un peu de malice et de... gêne ?
Ohlala... Attention Dante. On pourrait interpréter cela de bien des façons, même si je suis nettement plus âgée que toi.
J'ignorais si elle était sérieuse ou si elle cherchait à me taquiner, mais cette simple remarque portée avec son visage innocent, plein de malice, suffit à me faire monter le rouge aux joues. Je me mis alors à bégayer, détournant la tête sur le côté en bougonnant comme un gamin timide.
Mais mais mais... Non enfin je... Ce n'est pas ce que je voulais dire... Enfin pas tout à fait...
Mes derniers mots avaient été prononcés tout bas, comme si je ronchonnais légèrement. Mais mes yeux s'écarquillèrent lorsque la tenancière me tourna la tête, son pouce et son index m'attrapant délicatement le menton, avant que ses lèvres ne se déposent sur mon front. Le temps sembla alors se figer un court instant, tandis que j'étais surpris par cette action qui, pour le coup, pouvait clairement être interprétée de plusieurs façons. Les mots de la jeune femme brisèrent alors le silence, toujours avec sa voix harmonieuse et chaleureuse.
Sois prudent.
Aussi bien le maire que les autres mineurs et habitants étaient bouche bée, se demandant ce que cela pouvait signifier. Surtout que j'avais dormi pendant plusieurs semaines chez la jeune femme et sa fille. D'ailleurs, Chloé ne percutait pas ce qui se passait, sans doute parce qu'elle était trop jeune. Me tournant alors pour gagner mon bateau, encore secoué par les mots et actions de la tenancière, je finis par me casser la figure sur la barque, marchant comme un robot mal réglé.
Finalement, la surprise laissa place à l'émotion, alors que je m'éloignais au loin en faisant signe à toute l'assemblée. En regardant l'île rétrécir au fur et à mesure que j'avançais, je sentais mon coeur se serrer. Mais cela m'indiquait au moins que, malgré les épreuves que j'avais traversées, il était toujours là. Certes, meurtri, mais bien présent, capable de s'animer lorsqu'il était au contact de personnes généreuses et bonnes. Ce petit village à Powder Island... Il représentait désormais beaucoup pour moi. Plus qu'un foyer, il était le leitmotiv qui me poussait à rester dans le droit chemin, pour rendre ces gens fiers de moi, pour faire honneur à la confiance qu'ils avaient en moi. Ce court séjour m'avait appris quelque chose d'important.
La vie nous abîme, c'est comme ça. Mais nous pouvons nous réparer au contact des autres... | | |
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