Barber Janz.

Cette bataille avait été une simple formalité... Une partie de plaisir, un jeu d'enfant, une rigolade comme on en fait rarement. C'était avec cette mentalité satisfaite et pleine d'assurance que le capitaine Supernova avait continué son chemin sur Grand Line aux côtés de ses compères, avec les numéros de Den Den de deux nouveaux hypothétiques alliés, glorieux et fiers comme jamais... A l'exception d'Hassan, entre autres, qui ne pouvait que tirer la tronche à cause de la déculottée qu'il avait subi, bien entendu. Quoi qu'il en fut, les heures s'écoulèrent doucettement, les unes après les autres, jusqu'à ce qu'un horrible événement n'interrompe la vie de l'équipage.
Nera avait été la première. D'une constitution globalement plus faible que les deux autres, la demoiselle avait rapidement démontré une intolérance flagrante à la vermine qui lui avait été inoculée. Elle en était morte quelques dizaines de minutes seulement avant Jalais, qui en fut également terrassé. Pour Hassan, toutefois, dont le corps était nettement plus résistant et entraîné que celui de ses compères, le poison ne fut pas fatal : les médecins de l'équipage comprirent à temps le sinistre destin qui l'attendait et ils prirent les dispositions nécessaires pour le remettre sur pied, ou tout du moins lui sauver la vie. Il était encore incapable de marcher, et même de se redresser, mais était globalement sauf. Cela n'empêcha pas Janz de se torturer l'esprit pour savoir quand exactement ce poison avait pu leur être inoculé. La première hypothèse fut celle des deux agents du Cipher Pol, puisqu'ils s'étaient trouvés ensemble sans que le Supernova ne puisse les surveiller durant quelques minutes... Mais la seconde, plus terrible, fut celle de l'homme-masqué qui avait été censé leur donner un calmant. Sans plus attendre, impulsivement, le primé décrocha le combiné de son escargophone personnel, composa le numéro qu'il possédait et attendit tant bien que mal. Lorsque son homologue décrocha, il ne prit pas même la peine de savoir s'il s'agissait de la bonne personne et il hurla directement :

-Je vais t'ouvrir en deux, t'arracher les boyaux et nourrir tes porcs de parents avec jusqu'à ce qu'ils en gerbent, espèce d'enflure !

De quoi donner le ton.

Barber Janz.

Effectivement, il s'agissait du bon numéro de Den Den : ce fut bel et bien la voix de l'homme-masqué, même si elle ne lui était clairement pas familière, qui répondit à sa magnifique entrée en matière par un air hautement insupportable d'une incompréhension feinte et terriblement malsaine. Du moins, c'était ainsi que Janz avait perçu cette réponse, un peu comme si son interlocuteur n'avait pas pu s'empêcher de péter un fou rire tout en répondant. De facto, il ne retrouva nullement son calme et surenchérit en frappant sa table d'un coup de poing sec :

-T'as butté Nera et Jalais ! Tu les as empoisonné, c'est certain ! Espèce de fils de pute, je vais t'arracher la glotte et te la remettre en place en passant par ton cul !

Véritablement inventif, Janz, plus poétique que jamais, enchaîna avec une dizaine de noms d'oiseaux, refrénant difficilement ses ardeurs... Ce qu'il finit toutefois par faire, après une bonne trentaine de secondes tout du moins. Se précipiter n'avait rien de bon... Il devait discuter davantage, pour comprendre. Ou essayer, par défaut.

Barber Janz.

La réponse de son homologue criminel était encore plus atterrante que ce à quoi il aurait pu s'attendre. Cet enfoiré de fils de pute lui demandait la raison de ses agissements, maintenant ? Il ne prenait même pas la peine de démentir, en plus ! Attrapant difficilement un cigare, tremblant de rage tout en l'allumant, le Supernova en vint à prendre une longue et lente bouffée de tabac pour tenter de retrouver son sang froid, tant bien que mal. C'était rare de le voir poussé à de tels excès, mais pour le coup, ce gros crétin avait fait la seule chose qu'il ne pouvait pas tolérer...

-Arrête de jouer au plus con, tu veux ? Je te préviens : ne reviens jamais devant moi. Jamais. Si je te trouve... Je t'arracherai tous les doigts un à un, et je planterai dans tes plaies béantes des centaines d'aiguilles chauffées à blanc.

Un châtiment dûment mérité.

Barber Janz.

Ca y est, ce connard l'avait fait. Non seulement il s'était mis à rire, courrouçant le Supernova au plus haut point, l'irritant comme jamais, mais il en vint de surcroît à avouer son crime et à le faire passer pour un acte raisonnable et intelligent. La putain d'ordure... N'avait-il jamais vu ses potes mourir ? N'avait-il jamais ressenti la tristesse de perdre un proche ? Si tel était le cas, Janz allait s'assurer à y remédier aussi promptement que possible... En attendant, il ne tarda guère à jeter quelques invectives à la tronche de son homologue criminel :

-Reste bien caché derrière ton petit masque, sale bouffon. Le jour où je serai en mesure de te mettre la main dessus, je te jure que t'en auras bien besoin pour cacher tes larmes.

Barber Janz.

Ce mec n'avait pas l'air de comprendre ce qui allait se passer, pour lui... Janz allait s'assurer de l'abattre, de briser ses rêves et ses ambitions un à un, de tuer tout ce pour quoi il vivait avant de réduire sa propre existence à un néant totalement révolu. Oui, le Supernova ne comptait désormais plus faire de prisonniers, et n'allait pas non plus être miséricordieux dans cette lutte qui allait assurément l'opposer à cette ordure masquée. Shabondy... Ils n'avaient plus qu'une poignée d'îles à parcourir pour y être. Largement suffisant pour qu'Hassan soit sur pieds et capable de combattre, largement suffisant pour qu'ils puissent tous progresser amplement et les détruire lorsqu'ils en auraient l'occasion. La guerre était déclarée, et le Barber ne prit pas même le temps de répondre aux dernière provocations de son opposant. Il raccrocha sèchement et brutalement, serrant les dents de rage et de colère avant de se redresser et de sortir de sa cabine, fermant violemment la porte derrière lui.
Il allait tuer ce fumier quoi qu'il advienne.