L’encyclopédie : Zehir	L’albinos : Alice

Plage d’Alabasta, près de Nanohana au petit matin…

- Regarde ce que titre cet article du Contestation… Ah ouais nan, tu peux pas.

- Idiot.

- Rho ça va ! Si on peut même plus rigoler… Bon, comme je suis gentil, je vais te le lire à voix haute.

L’article du journal pro-révolution parlait de l’emprisonnement d’Harlock Zora. On y soulignait l’étrangeté de sa capture, compte tenu du fait qu’elle faisait partie des personnes ayant mystérieusement disparu.

- Au moins on sait pourquoi elle n’est pas revenue de la réunion…

- Zora…

- Elle doit probablement déjà être à Impel Down. J’imagine que ma mission est terminée du coup.

Alice ne s’était pas tournée vers son interlocuteur. Les yeux perdus dans le vide, son visage avait brièvement pris un air triste qu’il s’était aussitôt dépêché d’abandonner pour retrouver son habituellement impassibilité. La jeune fille, assise sur le sable, face à la mer, se releva, pensive, avant de finalement réagir.

- On doit l’aider.

- Hahaha, bah voilà ! Toi aussi t’as le sens de l’humour quand tu veux !

- Je suis sérieuse, Zehir, rétorqua-t-elle en se tournant vers lui, sans que ses yeux ne trouvent les siens.

Le jeune homme prit alors lui aussi un air sérieux. Il s’approcha de son interlocutrice et lui attrapa les épaules.

- Moi aussi je suis sérieux, Alice. Tu sais ce qu’on va faire maintenant ? Toi et moi on va prendre nos affaires, tranquille et on va retourner à nos occupations. Toi tu repars à West Blue et moi je reste sur Grand Line. On va faire comme si Zora n’était pas là… Oh, mais c’est facile puisqu’elle n’est justement pas là !

- …, se contenta-t-elle de répondre, en se massant le menton, perplexe.

- Je vois même pas ce que je fous encore ici à te causer… Allez, j’me casse. Ciao.

Il attrapa une sacoche en cuir posé à quelques mètres, sur le sable et s’éloignât progressivement. Cependant, la voix d’Alice l’arrêta alors qu’il se trouvait au même niveau qu’une énorme masse dans l’eau, qui semblait épier les deux révolutionnaires avec curiosité.

- Zehir, attends.

- Faut croire qu’en plus d’être aveugle, t’es sourde, lui dit-il sans se retourner.

- Aider Zora pourrait t’aider à gagner en importance, tu pourrais monter en grade.

- Ouais, tout comme je pourrais finir en taule ; je perds mon temps là. Plus vite j’arriverai à Kaiten-sû, plus vite je pourrai reprendre une VRAIE mission et chopper une promotion.

- Tu n’as pas de pouvoir, n’est pas particulièrement doué au combat ou pour diriger...

- Je t’emmer...

- Les chances que tu dépasses le grade de Capitaine sont relativement faibles. Celles que tu deviennes un jour maréchal sont quasiment nulles.

- T’en sais rien, protesta-t-il en la fusillant du regard, et puis c’est quoi le rapport avec l’autre grognasse ?

- La sauver te permettrait d’acquérir plus de renommée que tu ne pourrais en avoir en trois ans d’activité acharnée... Tu sais parfaitement que j’ai raison.

Oui, il le savait et ça l’énervait encore plus. Zehir s’efforça cependant de garder son calme pour la laisser parler. Il n’avait rien à perdre après tout. De son côté, Alice était assez satisfaite d’elle-même. Le peu de temps passé aux côté de cet énergumène lui avait suffi à établir un profil relativement correct. Elle avait vu juste, sans mauvais jeu de mots.

- Okay, fit-il en levant les mains, l’air moqueur, balance ton plan, qu’on rigole.

- Je n’ai pas encore pris le temps d’y penser...

- Ha, tu veux t’attaquer à la méga prison inviolable du gouvernement mondial, mais t’as pas de plan ? Géééénial !

- Les Orato nous ont montré qu’elle n’était pas inviolable. Grâce aux témoignages des évadés, Bartigo connait le fonctionnement du pénitencier, ainsi que l’agencement de ses différents niveaux…

Tout était compilé dans le fameux « Dossier Impel Down », Zehir l’avait encore très clairement en mémoire.

- Tu espères réaliser ça… juste à deux ?

- Bien sûr que non. Il faudrait d’abord trouver des « aptitudes ».

- Et où est-ce que tu veux qu’on trouve ces personnes ?

- On ? Tu es d’accord alors ? demanda-t-elle en souriant légèrement.

- Me force pas à le dire à haute voix, je pourrais encore changer d’avis. Bref, les aptitudes.

- Il suffit d’aller dans des lieux très visités, on organiserait notre plan en fonction de ceux ou celles qu’on aura à disposition.

Zehir pointa l’énorme masse flottante à quelques mètres d’eux, sur l’eau. C’était une tortue marine gigantesque, sur laquelle se trouvait, au sommet de sa carapace, une étrange petite maison.

- Avant ça, fouillons cette bête, on trouvera peut-être quelque chose d’utile.

- Elle s’appelle Panda, fit remarquer Alice, Yû et les autres doivent nous y attendre.

- Une tortue qui s’appelle Panda... paye ton humour.

Ils escaladèrent la carapace de l’animal et frappèrent à la porte de la petite maison en son sommet. Une jeune homme vint les ouvrir et les invita à entrer. Une échelle les mena alors à l’intérieur de la carapace. L’espace était divisé en plusieurs parties à l’aide de grandes tentes disposées un peu partout. Zehir repéra celle de Zora et s’y engouffra, tandis qu’Alice lui emboita le pas. En temps normal, personne n’avait le droit d’y pénétrer et à peine y firent-ils un pas qu’un inquiétant grondement se manifesta sur leur droite.

- Oh, je l’avais oublié...

- Bordel, qu’est-ce qu’un monstre pareil fait ici ? s’exclama le jeune homme en sortant son arme à feu.

- Non Zehir, ne le blesse pas, c’est Koala ! Zora a dû le mettre ici pour empêcher les intrus de venir fouiner.

- Elle n’a pas pu s’empêcher de lui donner un nom débile ? Et puis c’est quoi comme bête, un gros chat ? un gros chien ? demanda-t-il en pointant son arme vers l’animal, qui se rapprochait.

- Ni l’un ni l’autre, fit Alice qui s’avança vers l’animal avant de s’assoir en tailleur, devant lui. Il faut lui montrer qu’on n’a pas peur de lui. Tu le saurais si tu avais passé plus de temps avec Zora.

L’animal s’approcha dangereusement de la jeune fille et ouvrit sa gueule, comme pour refermer sa mâchoire sur la tête d’une Alice impassible. Sa cécité l’empêchait de voir le bestiau, mais elle le savait très proche. Koala se contenta finalement de lui rugir en pleine face, avant de finalement laisser tomber, constatant que son intimidation ne fonctionnait pas. Sous les yeux ébahis de Zehir, la curieuse bête rétrécit instantanément, pour prendre l’apparence d’un petit chat et vint se frotter contre sa jambe en ronronnant.

- On dirait qu’il t’aime bien.

- Les chats sont des crevards, ce n’est pas une preuve d’affection mais un marquage de territoire. Il vient de faire de moi sa chose…

- Hey, interrompit Alice, qui s’était déjà éloignée pour ne pas avoir à écouter les leçons de vie de Zehir, j’ai trouvé quelque chose ici. On dirait… des sphères en verre. Regarde à l’intérieur et dis-moi si tu vois de la terre.

Elle balança la boule en verre par-dessus son épaule avec une étonnante précision. L’objet tomba pile dans les mains de son collègue, qui confirma la présence de terre à l’intérieur. Il s’agissait donc d’une Eden Ball. Il y en avait une caisse pleine, dans un coin de la tente. Zehir posa la sphère et s’approcha de ce qui semblait être un bureau, qu’il fouilla un moment avant de tomber sur un grand cahier noir.

- Et je crois que je viens de trouver son journal de bord. Voyons voir ça…

Le journal, pratiquement rempli, remontait sur les dix dernières années. Il y avait parfois de longues périodes sans écrit. Zora n’avait pas la meilleure des écritures, mais restait lisible. La plupart des évènements y étaient brièvement résumés à l’aide de mots clés.

- Dit à Yû de mettre le cap vers Sabaody, je vais essayer de mémoriser tout ça sur le chemin.

La grande opération de sauvetage allait pouvoir commencer.