Un an.


Cela faisait déjà une année que le Kurohebi avait anéanti la Villa Loca et son souterrain. Cela faisait un an que le brun ne s’était pas rendu sur Whisky Peak et esquivait cette île. Non pas par crainte, bien au contraire, mais par mépris.

Cette île représentait la triste trahison d’Erwin Dog et Kanae Toupex, mais aussi la décision la plus marquante de la vie de l’Archer depuis son arrivée dans l’amirauté. Aujourd’hui, c’était en tant que vice-amiral qu’il se rendait sur les lieux de son crime. Enfin… Ce crime n’était pas réellement, le crime de Ghetis. L’homme de la Marine s’était rendu coupable des meurtres engendrés par la pluie de météorite qu’il déchaina sur l’île, mais l’explosion en elle-même fut l’œuvre de Pride, l’un des membres de La Couronne ayant sans doute le moins de scrupules à agir de la sorte.

Cependant, le capitaine ne pouvait en vouloir à son scientifique, ce dernier ayant œuvré pour le bien commun de l’équipage, une chose qu’il fallait valoriser davantage que l’acte barbare… du moins… c’est ce que pensait le guerrier.

Aujourd’hui il ne se retrouvait pas en ces lieux par envie sadique d’observer sa folie passée. Non, le futur amiral connaissait son passé et vivait avec lui, ce dernier l’ayant forgé grâce à des individus comme Caligula Spown ou Heziel Coffe qui surent lui prouver la beauté qui sommeillait encore en lui. Bien au contraire cette destruction d’ampleur fut le point de lancement de sa vie de bâtisseur.

C’était un Ghetis riche d’un affrontement encore récent contre Kokuwo Makui qui se tenait assis en plein milieu d’un immense cratère, aussi grand que la superficie qu’occupait la Villa Loca et ses alentours.

Installé confortablement sur un buisson robuste, créé par une pop green de son choix, il n’était pas venu de façon officielle. Un manteau noir surmonté d’une capuche cachait son visage, alors qu’il ne portait aucun haut, uniquement son pantalon et ses chaussures. Il arborait plutôt de nombreux bandage sur le torse et les avant-bras. Son dernier combat fut musclé et les bandelettes sur ses jambes étaient cachées uniquement grâce à ce fameux pantalon.

A son épaule trônait un petit oiseau multicolore nommé Guêpier. Il s’agissait en vérité de son fidèle gunbai, désormais arme maudite.

Une question subsistait tout de même, comment était-il arrivé en ces lieux ?

La réponse demeurant assez simple… Le navire volant de La Couronne s’était stabiliser au large de l’équipage et le Vairon n’eut qu’à faire discrètement le reste du trajet en geppou. Il arriva par la montagne de « faux cactus » qu’étaient le cimetière de Whisky Peak et n’eut ensuite qu’à marcher.

Son périple terminé, il s’installa au lieu de son rendez-vous. Guettant son invitée. Une femme dont il n’avait jamais pu oublier le nom, elle avait longtemps été une valeureuse guerrière à l’époque où le Vairon utilisait encore son gunbai comme arme offensive, ce qui n’était plus le cas depuis plus d’un an, cela grâce au  développement de sa force surhumaine.

Il lui avait proposé un entrainement de quelques jours sur Little Garden, mais elle refusa le rendez-vous, sans doute pour favoriser ses projets d’impératrice à l’époque. Pour une raison encore obscure elle avait finalement accepté de reprendre contact avec cette sorte de nouveau Ghetis, qui n’eut d’autre choix logique que d’accepter, d’où ce léger détour avant de reprendre la route pour Jaya.

- Tenshi Taya.

Tant de souvenirs remontaient à l’esprit du Vairon juste en prononçant ce nom. Il revoyait bien des moments houleux, mais aussi des moments heureux. Il n’avait jamais considéré la jeune femme comme une ennemie réelle et la trouvait plus amusante que dangereuse. Aujourd’hui, cela n’avait probablement pas changé, mais il ne pouvait nier avoir eu un certain étonnement en apprenant son nouveau statut. Elle avait longtemps été effacée dans son ancienne organisation, de ce fait, la voir à ce poste l’avait surpris. Néanmoins, cela restait une surprise tempérée, car elle ne possédait qu’une île, c’était le cas de plusieurs individus de leur rang pour être honnête. Nakata Fenice, Erwin Dog, Zeke Lundren, Ren Tao, tous ces individus possédaient un quartier général, une place forte. Ce qui surprenait l’Archer n’était donc pas le fait qu’elle soit impératrice, mais bien le fait qu’elle possédait désormais une place forte, de la même façon que lui possédait Jaya, Bilca, San Faldo ou encore Little Garden.

D’autres souvenirs vinrent s’ajouter à cette pensée, notamment leurs quelques affrontements livrés sur les malheureux grooves de l’Archipel des Shabaody. Ils permirent au vice-amiral de se dégourdir les jambes, tandis qu’il put montrer à l’impératrice quelques failles de son style de combat. Bien entendu, elle avait permis à Ghetis d’entrevoir les mêmes failles de son côté, mais il ne s’en était probablement pas rendu compte et avait juste noté ses défauts machinalement pour que la demoiselle ne puisse plus les exploiter.

Parmi tous ces combats, restaient un combat dont la fin plutôt intime fit l’Archer pouffé de rire, jusqu’à rire complètement. Une petite voix lui murmurant qu’il pouvait désormais se targuer d’avoir dans ses conquêtes l’impératrice des amazones, cette femme souvent juger comme la plus belle femme du monde d’après les dires d’autrui. Il en riant d’autant plus qu’il pensait à tous ces hommes hétéros qui voudraient échanger leur place avec l’homo déviant qu’il était.

Bientôt il ria un peu trop fort et trop vigoureusement, sa main posée sur son abdomen comme pour calmer ce rire qui provoquait des crampes, faisant gesticulé le brun jusqu’à faire tomber sa capuche et libérer sa chevelure de lion.

- Oulah…

Remettant rapidement sa capuche, il n’y avait pas grand-chose craindre, tout le monde n’était pas dans le cratère laissé par l’explosion de la Villa Loca après tout. En revanche, Tenshi, qui connait sa voix, dut certainement la reconnaître. Une pensée qu’elle pourrait confirmer en voyant sortir du cratère un homme encapuchonné, dont le manteau ne cachait que légèrement le torse. Il la portait telles ces capuches qui servaient de cape et ne cachait que le visage.

Bien évidemment, le tatouage de la marine placé sur son torse aurait pu être un indicateur pour ceux qui le connaissait, mais rien de plus. Pour un inconnu c’était une chose surprenante certes, mais un habitué de Whisky Peak savait pertinemment que certains criminels ou chasseurs de primes avaient jadis été des membres de la Marine.

Ayant assez attendu, le brun se concentra sur son mantra pour localiser les voix qu’il connaissait déjà, celle des gens qu’il avait côtoyé ou affronté. Tenshi rentrait dans ces deux catégories, de plus, étant proche de Ghetis, il fut assez aisé pour lui de la repérer. S’approchant d’elle d’un pas assuré, sa première réaction fut assez….. Normale vu leur relation ?

Sa main allant se poser sur le crâne blond platine de la petite sabreuse.

- Alors impératrice sans culotte, comment vas-tu ?

Bien entendu, sa voix fut plus calme, plus posée, il était déjà de grande taille, si en plus il hurlait, cela pourrait attirer l’attention, bien plus qu’il ne le fallait. Dans un monde comme celui-ci, un homme encapuchonné et grand n’était pas rare, au contraire, la taille de Ghetis étant anecdotique en comparaison avec d’autres. En revanche, un grand qui s’amusait à crier aurait été une chose plus déplaisante.

- Tu n’as pas pris un centimètre en un an. Il serait temps de te trouver un chéri, il parait que ça fait grandir d’être une mère.

Le sourire large du brun et son ton enjoué, montrait à quel point il taquinait la blonde, mais aussi un certain plaisir de la revoir. Le temps était passé depuis son attaque de Whisky Peak, tous deux avaient fait du chemin et la connaissant, Ghetis se doutait qu’elle ne lui en voudrait pas, contrairement à Zeke.

La relation entre l’impératrice et le vice-amiral était assez ambiguë, le personnage répondant au nom de Ghetis Archer était un florilège de pensées qu’il fallait pouvoir synthétiser, tandis que le personnage se nommant Tenshi Taya était un personnage plus profond, nécessitant un certain détail pour mieux comprendre son psyché.

De ce fait, lorsque qu’une union apparaissait entre ce genre d’individus, il ne pouvait y avoir qu’une issue ambiguë.

Néanmoins, Ghetis avait bien évolué depuis et n’était plus aussi complexe qu’avant.

Par le passé, bien trop de choses se bousculaient dans l’esprit du brun. Il souhaitait tantôt fonder une famille, tantôt atteindre les hautes instances du Gouvernement Mondial, gagner des berrys grâce aux primes récoltées, venger Noctis et bien d’autres choses encore. Tout fusionnait pour créer une bataille sans pareille dans le subconscient du Vairon.

Heureusement, aujourd’hui, il était un peu plus facile de résumé le personnage de l’Archer. Il s’agissait d’un père de famille souhaitant bâtir le plus de choses possibles. Pour cela il asseyait sa puissance par la paix d’un côté, mais aussi la force de l’autre. Par cette situation, il était à cheval entre le bien et le mal, appartenant à ce genre d’homme capable de se salir les mains pour la paix du monde. Chercher la lumière, mais savoir être l’ombre de celle-ci. C’était ce qu’était Ghetis.

Emplit de joie depuis qu’il avait réussi à fonder une famille stable, le guerrier appréciait à sa juste valeur l’art du combat et gardait son orgueil d’antan.

C’est sans doute grâce à ce changement qu’il avait abordé Tenshi d’une façon si naturelle, faisant table-rase du passé.

Dès l’instant où elle le tira un peu vers elle, il eut un sourire qui se transforma en un rire amusé à la réponse de l’Impératrice. Elle semblait se prendre au jeu du brun, comme toujours, mais avec un peu plus de taquinerie désormais, à croire que tous deux avaient évolué depuis. Ils furent ennemis à cause du désir de vengeance de l’Archer après tout, une envie qui se tournait vers l’ancien capitaine de la Taya, une chose bien différente aujourd’hui, puisqu’elle était assez détachée des Badlands désormais.

En tout cas, elle se portait pour le mieux et c’était en soi une bonne chose. Ghetis ne lui souhaitait aucun mal. Si les deux se croisaient à cause de leur faction respective, il n’hésiterait pas à se battre farouchement contre elle, mais la conduire à Impel Down était une autre paire de manches, il faudrait un ordre implacable pour l’y obliger, en fait, un seul homme pouvait l’y obliger à l’heure actuelle : Thalassa Yang. C’était le seul individu à qui Ghetis ne pouvait dire non, car il s’occupait indirectement de la famille du Vairon. Par chance, Tenshi n’était pas l’ennemi de cet homme et ne suivait pas des objectifs l’érigeant en ennemie de cette famille.

De plus, la situation devait être identique pour la sabreuse, s’il en allait de la survie de son peuple elle ferait de même avec Ghetis par obligation plus que par désir. Néanmoins, ils n’en étaient pas là et n’y arriveraient jamais.

Il eut un petit sourire en apprenant qu’elle s’était laissée aller à l’amour sans succès, non pas par son échec, mais en du fait qu’elle ait cédé à ce sentiment. Lui qui n’avait aimé par amour qu’un seul homme et par sincérité que ses enfants, il était heureux que Tenshi soit capable de ce genre de choses, elle qui était si froide par moment.

Pour conclure, elle fit écho à la réputation de Kurohebi, une réputation qui fit sourire le marine qui était encore un rebus de la Marine il y a encore un an de cela. Chairoka lui avait accordé une chance par dépit et Yang lui avait offert une place au mérite. Il pouvait être fier de son parcours, c’était un fait, c’est pourquoi il se consacrait au parcours de ses fils également. Caligula et Sypher étaient tous deux Contre-Amiraux, le rouquin venait de vaincre son premier Nebula, une grande joie pour son père.

Il eut alors un léger sourire, portant sa main à la ceinture du kimono de l’impératrice, tirant légèrement sur le ruban qu’était ce « obi » comme disait la coutume.

- Pas de culotte ? Je ne crois que ce que je vois voyons. Quant à l’ancienne, je l’ai gardé voyons, tu pourras peut-être la récupérer si la journée se conclut comme notre dernière nuit sur Shabaody par exemple.

A ces mots l’Archer se redressa, laissant sa comparse sur cette phrase tout aussi provoquante que celle adressée précédemment par la Taya.

- Effectivement, je gravis pas à pas les échelons, j’ai pour projet de devenir le prochain Amiral, alors il me reste encore beaucoup de choses à faire. Quant au fait de s’affronter de nouveau… C’est une possibilité, même si je t’avouerai faire des décimas et de la Révolution ma priorité. Ils sont les seuls à réellement gêner le Gouvernement actuellement.

Il dit cela en toute franchise, ne cachant point ses idéaux, bien au contraire, il porta plutôt sa main vers la chevelure blanche la caressant entre deux doigts.

- Et puis il y a bien longtemps que je n’ai pas molesté ton petit minois, je n’oserai peut-être pas le faire à nouveau qui sait.

Bien entendu, il s’agissait là d’un grossier mensonge, puisque Ghetis prit un ton taquin en le prononçant. Il aimait se battre et si Tenshi souhaitait en découdre il répondrait toujours positivement.

- Quant au chéri… tu sais pertinemment que je suis le seul à pouvoir te convenir sans te peser. Tout simplement parce que je ne te vois pas comme une petite femme à protéger, mais une guerrière. Une guerrière ne peut qu’être avec un guerrier.

C’était un fait, Ghetis ne voyait même pas la sabreuse comme une femme, il n’avait pas cette définition d’elle. Il s’agissait purement et simplement de Tenshi Taya, une ancienne rivale à l’époque où il utilisait son gunbai pour combattre une ancienne fréquentation.

- Mais bon il faut dire que j’ai appris à te connaître à travers une chose que tu aimes autant que moi je pense. Croiser le fer. Un homme qui ne peut pas te comprendre juste en combattant face à toi ne te mérite pas Madame L’impératrice.

Relâchant lentement la ceinture de son kimono il regardait un peu au tour de lui et rétorqua.

- Il n’y aurait pas un endroit moins peuplé où aller ? Que je puisse retirer cette vilaine capuche…

Il y avait un peu trop de monde pour converser entre vice-amiral et impératrice Kuja.

Le Gouvernement Mondial et ses différentes instances avaient un fonctionnement assez particulier. Il était difficile de le percevoir, mais cette organisation était découpée de façon intelligente. Ainsi, chaque individu avait son secteur d’activité et sa zone de prédilection. C’est un peu pour cette raison que Ghetis était sûr de ne pas avoir affaire avec la Taya si elle ne se liait pas à des factions comme la Révolution ou la Cour Décima. Il n’accordait pas d’importance au reste des conflits avec les criminels. C’était un peu le cadet de ses soucis à l’heure actuelle.

Il s’agissait effectivement d’ennemi de la faction gouvernementale, mais ils ne représentaient pas une menace aussi tangible que d’autres ordres. Ghetis pourrait s’occuper des hors-la-loi une fois Grand Line saine et la Cour Décima effacée. La preuve la plus flagrante fut le fait qu’il n’ait jamais rencontré Tenshi Taya, Zeke Lundren ou Ren Tao lors d’une mission. Cela n’appartenait pas à sa juridiction.

De ce fait, il écouta la demoiselle parler avec attention, esquissant un sourire en la voyant si convaincue de croiser le fer avec lui un beau jour. C’était normal pour elle de penser cela après tout, sa prime était devenue assez conséquente.

Alors qu’ils traversaient la ruelle, le Vairon en profita pour ôter sa capuche, laissant sa crinière se libérer sauvagement avant de reprendre la parole d’une voix calme.

- Je ne pourrai pas te dire ce genre de choses tu t’en doutes bien. Je passerais pour un de tes alliés si je t’informais d’une attaque.

Il arrêta son pas peu après et posa sa main sur l’épaule de la demoiselle pour l’arrêter un instant son regard bicolore se posant dans le sien avec un sérieux glaçant.

- Ne demande pas à m’affronter. Je tue pour le Gouvernement Mondial, alors ne demande pas à mourir par ma main s’il te plaît.

C’était un fait avérer, lorsque la mission l’incombait, Ghetis n’hésitait pas à tuer les ennemis de son organisation. Il avait été chasseur de primes et avait appris à tuer pour tuer. Même s’il s‘était assagit depuis, les souvenirs du passé restaient ancrés en lui avec fermeté. Il n’avait donc aucune envie de faire de Tenshi une proie ou qu’elle le voit dans cet état d’esprit.

- De plus, je ne souhaite pas mourir par ta lame. Alors autant que faire se peut, il faut que nos affrontements restent amicaux.

Il fallait que cela reste amical pour que cela se reproduise le plus de fois que possible. Plus longtemps ils resteraient libres et plus longtemps ils pourraient se battre l’un contre l’autre. Caressant le monde à la dureté de leurs poings et de leurs lames. Il esquissa finalement un léger sourire pour adoucir l’atmosphère et conclut cette partie de la discussion.

- Et puis si tu finis à Impel Down je ne pourrais plus m’amuser avec une impératrice.

Il regarda alors vers le sommet des bâtiments formant la ruelle où ils étaient et s’accroupit légèrement, son bras alla chercher l’arrière des cuisses de la sabreuse et vint ainsi l’asseoir sur son épaule, son bras se refermant en posant la main sur l’avant des cuisses de la jeune femme, pour éviter toute chute. Enfin, il prit une bonne impulsion et sans difficulté se hissa au sommet d’un des bâtiments cubiques de Whisky Peak. Les maisons là-bas avaient l’avantage d’être assez proche pour rendre une marche de maison en maison assez aisée étant donnée leur forme atypique.

- Voilà qui sera plus discret.

En revanche, l’Archer avait noté la réaction de la demoiselle lorsqu’il lui fit comprendre quel type d’homme lui conviendrait sans doute, le brun connaissant suffisamment sa petite sabreuse pour voir ce genre de gêne.

- Quant aux amours, inutile de te casser la tête. Les gens sont divers et variés, tôt ou tard des chemins se croisent ou se séparent. L’important est de voir ceux qui sont encore présents et chérir les moments en leur présence.

C’est de cette façon que Ghetis avait définitivement enterré son vécu avec Erwin sous les traits de Mask, mais aussi son passé avec Kanae, profitant du jardin de La Couronne. Désormais il s’attachait à chérir chaque moment en la présence des siens et faisait en sorte de les protéger. La Couronne était devenue sa raison de vivre depuis qu’il avait accompli ses désirs de vengeance.

- Deux questions me taraudent malgré tout… Pourquoi comptes-tu être à nouveau ennemie du Gouvernement alors qu’ils ont laissé ton île tranquille ? Et… Pourquoi évoquer tes amours crée un tel pincement en toi ?

Gardant la demoiselle encore sur son épaule, il lova sa main libre dans la sacoche à l’arrière de son pantalon et en sortit un tout petit oiseau coloré bien endormi. Roucoulant dans le creux de la main du Vairon, l’animal fut réveillé par le pouce qui vint le chatouiller doucement.

- Gun mets-toi en gunbai mon petit.

C’est ainsi que le volatile se leva avec lenteur, s’étirant un grand coup pour ensuite bailler et finalement se transformer lentement en un objet bien connu de tous, le grand gunbai du Kurohebi ! Au manche de cette arme trônait depuis toujours une belle mèche de cheveux d’un blanc immaculé. Tenant l’arme, le manche vers le haut, il releva donc le manche à hauteur des yeux de la Taya.

- La femme dont j’ai noué la chevelure à mon arme fétiche est bien trop forte pour se laisser atteindre par la trahison d’autrui. Elle sait que le monde est injuste, mais qu’on peut y trouver une forme de paix. Alors ce genre de chose ne peuvent la toucher, car elle est au-dessus de tout cela.

Comme beaucoup d’individus, Tenshi offrait à Ghetis les critiques les plus faciles faites au Gouvernement Mondial. Il était assez facile de casser du sucre sur l’organisation la plus largement répandue dans le monde, alors que le principe même d’une organisation trop large était la difficulté à pouvoir la gérer dans les moindres détails. Gérer une île était chose simple, gérer un royaume passait, s’occuper d’une voie ou d’une mer devenait plus complexe, mais en grande partie cinq à six mers, devenait une tâche extrêmement complexe. Peu importe l’organisme, aussi bien intentionné qu’il soit, il reproduirait un schéma identique au gouvernement en place.

De plus, en parlant de l’organisme mondial comme ayant tenté de la soumettre par la force, elle négligeait une importante partie du récit : ses propres actes. Elle était restée en surface et cela permettait toutes les critiques envisageables.

Pourtant, lorsqu’on prenait l’organisme dans ses moins recoins on constatait une chose flagrante : sa densité de population. Enormément d’individus souhaitaient rejoindre le gouvernement, énormément d’île étaient protégées et dorlotées par cette institution, énormément de vies en dépendaient et beaucoup de personnes aimaient vivre sous cette protection. En imaginant un seul instant un monde sans la Marine on comprenait assez rapidement l’anarchie qui se répandrait de ci et là du monde.

Ghetis se trouvait dans cette entre-deux de figure montante et figure tête du monde en place, de ce fait, il connaissait les torts de sa faction, tout comme il n’ignorait pas les torts des autres factions. Le monde était imparfait, mais il avait compris que c’était cette hétérogénéité qui le rendait beau. Heziel le lui avait montré, les défauts d’une faction était une chose, mais ses bienfaits comptaient bien plus dans la balance, c’est pour cela que l’Archer devint un bâtisseur, pour faire partie des bienfaits de son groupe.

Il n’eut donc qu’à réfléchir un bref instant pour entrevoir une réponse à offrir à sa camarade. Plantant calmement son gunbai dans le sol, il se retourna et observa l’étendue de l’île.

- Malheureusement il ne sert à rien de se « victimiser » lorsque l’on essaie de comprendre pourquoi sommes-nous devenus victimes. Bien au contraire, il faut plutôt essayer de comprendre les raisons du coupable, comprendre pourquoi a-t-il agit ainsi.

Son regard se posant ainsi sur le cratère de la Villa Loca.

- Je n’ai pas causé l’explosion de la Villa Loca, ni commanditer cette attaque pour être franc. C’est l’œuvre d’un de mes hommes. Pourtant ma fille m’a porté fautif de cet acte. Cependant, je suis responsable des météores ayant pris certaines vies. Paradoxalement je ne comprenais pas pourquoi étais-je celui ayant le mauvais rôle. Alors plutôt que de voir les défauts de mon ennemi et tenter de les mettre en exergue, j’ai observé les miens et j’ai compris ce qui m’avait placé dans ce mauvais rôle. Faisant de moi le bâtisseur que je suis aujourd’hui.

Esquissant alors un bref sourire il se retourna et regarda la jeune femme.

- Simple exemple, pourquoi ne pas m’avoir appelé lorsque tes échauffourées avec la Marine ont commencé ? Tu sais pourtant que j’attendais un appel de ta part pour nôtre entrainement sur Little Garden. Je t’aurais donc répondu et intercéder en ta faveur.

Il en était certain, si au moment du conflit elle l’avait appelé, un simple coup de fil de sa part et un coup de pression aurait tourné l’affaire très différemment.

- Avoir des alliés n’est pas une faiblesse.

Ghetis pensait toujours qu’il fallait mettre ses alliés en dehors de certaines affaires malgré tout et ne pas faire appel à ses alliés de façon lâche, mais ici il n’aurait fait que calmer un conflit en la chaperonnant, sans intervenir directement.

- Enfin, le Gouvernement n’est pas parfait, aucune faction aussi vaste ne peut être parfaite. Elle possède nécessairement des zones d’ombres, c’est le cas de toute faction de cette envergure. En revanche le Gouvernement contribue largement au bonheur d’une large partie du monde et à la sécurité de celle-ci. L’ériger en monstre c’est méconnaître ses bienfaits. C’est bien trop facile. Malgré tout je comprends cela, c’est pourquoi j’essaie d’améliorer mon institution petit à petit, quand j’en serai amiral, cela se fera ressentir.

Une fois à ce poste, Ghetis pourrait améliorer un peu plus sa faction et en faire un meilleur groupe. Il ne se berçait pas d’illusions pour autant et savait pertinemment qu’il devrait dépasser ce grade-ci un jour futur.

- D’ailleurs au lieu de me dire qu’ils t’ont forcé la main, dis-moi clairement ce qu’ils t’ont proposé et ce que tu as demandé toi, mais aussi comment le conflit à dégénérer, car pour le moment tu ne m’as rien dit, rester en surface ne me permet pas de me mettre à ta place. Entre dans les détails.

En soi, le capitaine de La Couronne ne se fermait pas à la discussion au sujet de son groupe, il en connaissait les bons et mauvais côtés et les assumait pleinement. Ainsi, il redirigea son attention sur la jeune femme allant glisser une main souple dans sa chevelure blanche.

- L’amour ne rend pas faible. L’amour que j’ai pour mes enfants ne m’a jamais rendu aussi fort qu’aujourd’hui, tout comme mes conflits avec mes enfants ne m’ont jamais autant endurci. L’amour fait souffrir ou sourire, mais il ne rend pas faible.

La main glissa de la chevelure à la joue et les paroles du Vairon vinrent poursuivre sa pensée ?

- J’ai toujours été égal à moi-même avec toi que je sache, certains Hommes sont faillibles, mais pas tous. Aussi longtemps que je serai en vie tu peux me faire confiance aussi ambiguë soit notre relation.

Il l’avait bien remarqué, elle n’avait pas relevé le fait qu’il parle d’elle comme étant une femme forte ne se laissant pas affecter par la trahison. Elle garda le silence sur cette phrase, mais y réfléchit probablement. De ce fait il lui était facile de comprendre une chose, Tenshi avait été blessée par autrui.

- Qui t’as blessé de la sorte ?

Cette question… Jamais il ne l’aurait posé avant, jamais il ne l’aurait posé avant ce combat… Le fait de l’avoir tué fit de lui un homme bien plus compréhensif. Il pensait encore sa fille morte de sa main, mais en avait fait le deuil. Malgré tout, il avait compris une chose : il avait blessé celle-ci avant qu’elle ne se retourne foncièrement contre le Gouvernement, allant jusqu’à s’introduire dans l’un des complexes les plus sécurisé de ce dernier. Ghetis avait été un mauvais père en blessant son enfant, c’est pour cela qu’il avait posé cette question à Tenshi…. Il avait appris de ses erreurs et de son trop plein d’orgueil, qui lui empêcha de demander à sa fille ce qu’il avait fait pour qu’elle s’éloigne à ce point de lui, en quoi l’avait-il blessé. Il ne voyait absolument pas sa fille en Tenshi, mais il voyait une personne blessée et cette fois-ci, il ferait son possible pour offrir à cette personne toute son aide, plutôt que lui imbriquer sa vision des choses.

« L'évolution est événementielle. C'est l'événement qui fait l'évolution et l'événement - en l'occurrence la circonstance - fait la transformation. »

- Tu as raison.

Il n’y avait pas à polémiqué sur ce fait, le Gouvernement avait clairement manqué d’habilité si ce que disait la Taya était vrai. Il paraissait assez légitime de laisser un peuple juger selon ses propres coutumes une criminelle. L’Archer aurait tout à fait accueilli ce genre de demande de la part du peuple bilcan par exemple, sachant qu’il s’agissait d’un peuple reclus ayant ses traditions.

Une Marine qui se voulait souple aurait dû comprendre le point de vue des Kujas et l’accueillir. Que représentait la vie d’une espionne face au gain d’une Shichibukai et son île de guerrière ? Rasgarat Abel était puissant certes, mais terriblement égoïste. Il n’intervenait qu’à de rares occasions dans les conflits du Gouvernement, ce qui faisait de lui un appui relatif.

Cependant, Rasgarat possédait une puissance qui fit légèrement soupirer Ghetis. D’après ce qu’il avait entendu sur le fruit qui avait éliminé son cadet, même lui n’avait aucune chance face à cet homme une fois ce dernier doté de sa malédiction. Il fallait le piéger tout comme l’avait fait Kokuwo Makui. C’était en fait la seule solution efficace pour avoir cette personne.

De ce fait, l’Archer ne put s’empêcher de penser qu’il était sans doute mieux qu’elle n’est pas affrontée un tel ennemi.

- De mon point de vue, pour être en harmonie avec tous, nous devons comprendre les cultures et les partager, c’est ainsi que je mène la plupart de mes conquêtes. Il est important d’accepter la culture d’autrui.

Après avoir ordonné à son gunbai de revenir à l’état d’oiseau pour le ranger à nouveau dans sa sacoche, Ghetis croisa les bras et réfléchit un instant, tout en hochant la tête.

- Cependant, je ne pense pas me tromper en disant que tu n’avais aucune chance face à Abel, je n’en ai moi-même aucune… Alors que c’est l’homme qui a tué mon frère. Néanmoins, ma rancune n’est jamais allé envers lui pour des raisons assez vaste.

Noctis avait vécu pour ses convictions et était mort pour elle, il avait rencontré son adversaire ultime et avait guerroyé jusqu’au bout… Il ne pouvait en vouloir à cet homme. Il en avait voulu uniquement aux pseudos bons amis de Noctis qui avait méconnu sa mort. Ces individus désormais discrets, dont l’un d’eux mort, Ghetis sentait sa vengeance accompli. Malgré tout, parler de ce corsaire, fit ressurgir en lui quelques souvenirs... Il secoua la tête pour se sortir de ses pensées et repris la parole.

- Je comprends donc pourquoi tu as préféré prendre les armes, il est dommage que le conflit soit né de tout cela, mais ainsi vont les choses. J’espère que tu resteras une ennemie « moyenne » si je puis dire. C’est-à-dire une ennemie dont la dangerosité n’égale pas les Décimas ou la Révolution. Sinon on pourrait faire appel à moi et ce serait un peu gênant.

Tant que Tenshi restait un danger relatif les choses devraient bien se dérouler pour les deux. Il fallait qu’elle continue à représenter une gêne uniquement pour la Marine en clair. Ce n’était guère un secret, La Couronne agissait bien plus dans les intérêts du Gouvernement Mondial que pour celui de la Marine.

En dépit de son poste et de sa réputation, Ghetis n’avait dialogué que deux fois avec Chairoka, une en face à face et l’autre par escargophone. Un bien maigre résultat quand on comparait sa relation actuelle avec les Thalassa.

- Quand je serai amiral les choses changeront sois en certaine.

Quand le Vairon accèderait au sommet de l’amirauté, il pourrait améliorer nettement sa faction, mais aussi étendre sa puissance.

Finalement, ce fut un léger sourire qui prit notre homme face aux quelques mots de la demoiselle sur l’amour. Elle avait négligée la question du Vairon et resta en surface.

- Commettre des idioties dis-tu ? Possible… Mais est-ce bien grave ? Je pense que cela fait partie intégrante du jeu et nous forge davantage. Si l’équipage auquel tu appartiens est bon, alors tu dois avoir déjà remarqué que ces idioties sont parfois nécessaires.

Bien entendu il n’y avait pas que l’équipage qui poussait un capitaine à faire des idioties, les ambitions personnelles servaient également.

D’un pas il s’approche de la Taya, rendant l’espace entre eux infimes et rétorqua.

- C’est une idiotie de ma part d’être sur une île comme celle-ci et c’est une idiotie de part d’être aussi proche de toi. Pourtant ce sont des idioties nécessaires.

Il posa sa main dans la chevelure de l’amazone la ramenant doucement contre lui.

- Pour montrer la valeur que tu as à mes yeux petite impératrice.

Si l’homme ne s’était pas présenté au rendez-vous proposé par la Kuja naturalisée, il lui aurait montré à quel point elle n’avait plus d’importance pour sa personne. Le lien ambigu entre eux serait mort sans possibilité de renaître de ses cendres.

En venant ici, en se présentant à elle, il lui montrait son idiotie, mais aussi son attention envers elle.

- La société nous a fait ennemis, mais la vie n’a jamais été contre nous.

Effectivement, les seuls obstacles entre le marine et la criminelle avaient toujours été leurs factions respectives. Le rôle de chasseur de primes ou de marine poussait l’Archer à être son ennemi et obligeait la Taya à riposter. Pourtant, en dehors des obligations militaires, lorsque les deux se voyaient, ils échangeaient un franc combat avant de partager quelques chamailleries et moments plus personnels. Peut-être était-ce une idiotie de faire perdurer un tel lien, mais en quoi était-ce mal ?

Effectivement, en étant accompagnée la jeune femme avait peut-être certaines chances contre le Shichibukai, il s’agissait même d’une victoire très probable. Néanmoins, l’idée de faire appel à des alliés pour ce genre de combat n’était pas passée à l’esprit de l’Archer. Ce dernier étant bien trop fier et plein d’honneur, il préférerait gagner son titre seul que grâce à autrui. S’il prenait la place d’une personne qu’il ne put égaler seul, Ghetis se serait sentit bien trop faible pour occuper ladite place.

Cependant, cela n’était que son opinion. Il préférait avoir recours à des alliés pour d’autres situations que celle-ci. Les exemples les plus flagrants à cela étaient Ojo, Akainu ou plus récemment Makui. Seul, il s’était attaqué à l’équipage de la Supernova Ojo et expédia celle-ci à Impel Down, uniquement pour prouver son titre de Contre-Amiral. Lorsqu’Akainu apparut à la guerre de Drum, ce fut seul qu’il décida de l’attaquer, même s’il reçut du renfort sans en réclamer. De même il affronta Makui seul du début à la fin.

En revanche, pour renforcer son équipage ou son projet White Road il n’hésitait pas à être aider. Les projets extérieurs à sa personne possédaient ce petit « bonus » pour ainsi dire.

Tout le monde n’était pas aussi orgueilleux que lui et tout le monde ne se compliquait pas autant la vie bien entendu.

Une fois dans l’amirauté, le Kurohebi comptait bien montrer son talent et sa façon de penser. Il appartenait à la Marine pour cela. Il l’avait expliqué à son ainé, Sypher Wenham. Le Gouvernement Mondial représentait le système dirigeant le monde actuel, il était plus simple d’en faire partie et le réformer de l’intérieur que s’en prendre à lui de l’extérieur tel un criminel. C’est pour cela qu’il n’adhéra jamais à la Révolution ou à la Cour Décima. Les pirates et les hors-la-loi appartenaient à une autre catégorie pour lui, de ce fait, son point de vue sur eux était différent. Ils ne remettaient pas forcément en question le Gouvernement Mondial, mais souhaitait s’en affranchir, c’était une différence forte que le brun comprenait.

Soufflant un peu, il écouta sa comparse avec calme. Il voyait là les changements que la vie imprima sur lui à sa façon de réagir aux paroles de l’impératrice. Il se répondait avec un certain calme à ses remarques. Ghetis savait désormais différencier bien des choses. S’il ne faisait aucun doute qu’il pourrait s’ériger telle une muraille face à Tenshi le jour où le Gouvernement le lui demanderait, il était certain qu’il profiterait au maximum des jours passés en sa présence tant qu’elle n’appartiendrait pas à une des factions qu’exécrait le Vairon.

Il s’agissait bel et bien d’une énorme bêtise que de témoigner de l’affection pour une criminelle comme la Taya, mais l’Archer n’avait jamais caché son point de vue sur la jeune femme. Dès son premier entretien avec Chairoka, celle-ci put visualiser en lui l’ensemble de sa vie, l’ensemble de ses liens et même son attirance physique de l’époque pour celle qui n’était même pas impératrice à ce moment, mais juste la jeune femme à laquelle il vola une culotte. La Marine savait pertinemment que l’Archer dévoilerait sans peine toute sa puissance aux Kujas s’il le fallait. Tout en sachant que Ghetis ne s’intéresserait à ce groupuscule que s’il devenait un problème d’ordre étatique. Mais il doutait être celui qu’on enverrait sur ce genre d’affaire, ils feraient plutôt appel à des personnes comme Taito pour ce genre d’affaire.

La suite du discours de la jeune femme fut un peu plus morose, offrant au brun un sourire embêté pour la sabreuse.

L’amour… Etait-ce important ? Bien sûr, aussi important que l’amitié ou la famille.

Manifestement personne n’avait été capable de le montrer à la Taya.

L’Archer avait eu cette chance aux travers de rencontrer comme celle de Caligula ou Heziel. Le premier étant son fils le plus proche et le second étant l’homme ayant changé le destructeur en bâtisseur. Tout comme on lui avait ouvert cette porte, le Vairon se devait de la montrer à Tenshi.

D’un pas il s’approcha à nouveau de la Taya, collant son torse au dos de celle-ci, il se pencha un peu sur son petit être et vint l’envelopper de ses bras en une chaleureuse étreinte, sa voix se faisait plus calme, plus apaisée.

- Notre relation n’est pas un secret pour l’amirale-en-chef. Je lui en ai fait pat dès mon entrée dans la Marine. Tout ce qui importe est que je puisse me battre face à toi le moment venu. Et je ne te manquerai jamais de respect au point de ne pas t’affronter tu le sais.

Aussi étrange soit cette « relation » elle était définie entre de nettes barrières qui évitaient ainsi tous débordement imaginables.

- On ne nait pas tous égaux, sur mon île natale je suis un paria, mais sur Grand Line et Seas Blues une petite icône. La naissance régit bien des choses, mais dès que l’opportunité se présente, il faut saisir des choix de vie qui peuvent nous ouvrir bien des portes.

Allait-elle ouvrir celle qu’il tenterait de lui ouvrir ? Peut-être que oui, peut-être que non.

- Tenten, laisse-moi te montrer comme cette stupidité qu’est l’amour vaut la peine d’être vécue quand on trouve la bonne personne.

Ghetis parlait-il de sa personne ? Ou d’autrui ? Pour être honnête il laissait cette réponse entre les mains de Tenshi, si elle souhaitait que ce soit lui, il le serait, si elle souhaitait qu’il l’aide à trouver cette personne par des conseils, il le ferait.


Ils se connaissaient. Elle le connaissait suffisamment pour savoir ce qu'il entendait dans cette question. Elle était la seule femme à avoir croiser le fer aussi souvent avec lui, les malentendus n'étaient donc point permis. Elle savait que le choix était désormais entre ses mains.

Finalement, l’Archer s’était fourvoyé… Il pensait que l’impératrice le connaissait assez pour savoir qu’il était ouvert à toute proposition venant d’elle, qu’elle le connaissait assez pour ne pas se cloisonner aux simulacres enveloppant les relations amoureuses. Il pouvait aussi bien être un ami, qu’un amant, il pouvait aussi bien être un confident, qu’un commère… Alors oui… la réponse de la Taya lui fit de la peine. Non pas parce qu’elle le rejetait, mais bien parce qu’elle n’avait rien compris au Vairon.

En finalité les armes ne suffisaient peut-être pas à faire un lien entre eux…

Alors oui, il avait accepté cette étreinte, la petite souris qu’était la Taya se retrouvant à câliner la brute de muscle qu’était l’Archer. Et lui, calmement posa sa main sur la tête de celle-ci, caressant sa cheveux immaculée avant de lâcher un léger soupir. Il n’aimait guère avoir à s’expliquer, mais il le fallait bien, un tel malentendu ne pouvant subsister.

Lorsqu’elle se décolla de lui, le marine fit un fin sourire, puis posa sa main sous le menton de l’impératrice, relevant son visage à sa hauteur pour plonger son regard dans le sien.

- Tu te trompes Tenshi… Je ne te proposais pas un simple amour, c’est un jour de relation trop peu complexe pour nous…

L’air de rien il approcha alors son visage du sien, laissant feindre ce qui pourrait ressembler à un baiser, mais s’arrêta avant qu’un quelconque contact eu lieu… Les visages proches, les respirations s’entremêlant en un souffle chaud.

- J’aime profiter de la douceur de ton corps, c’est vrai… Mais j’aime aussi tâter la rudesse de ta lame et froideur de tes propos. Tout comme j’apprécie le fait que tu saches te montrer faussement coquine.

Oui « faussement », car en vérité Tenshi n’avait jamais été au bout de ses propos quand elle se montrait taquine, c’était essentiellement Ghetis qui « attaquait » perpétuellement. Cela ne le dérangeait guère, mais il restait amusant de pointer cet aspect de la sabreuse.

Alors, son visage quitta le sien, même si sa main resta au même endroit.

- Je te proposais aussi bien mon amitié que mon affection, ma bienveillance et mon vice évident. Ne limite pas mon offre à un couple, je n’ai pas envie d’être en couple avec une femme. J’aime mieux les hommes pour ça.
C’était bien vrai, complexe personnage, particulièrement dans le domaine amoureux ; Ghetis pouvait ressentir un florilège de sentiments amusant pour les femmes, tout simplement car il n’attendait rien d’elles, mais pour les hommes, il pouvait se focaliser sur le sentiment amoureux et le pousser aussi loin que l’avenir le lui permettait. Il ne s’amusait pas avec les hommes lorsqu’il entamait une relation, à moins que les termes de celle-ci soient explicitement décrits.

L’exemple le plus probant étant sa relation avec Yzis, basé sur le polyamour, ce qui expliquait le fait que chacun s’amuse librement de son côté.

Finalement il ôta sa main du menton de sa comparse et conclut.

- Alors contente-toi d’accepter toutes ces choses et d’en profiter. L’avenir est incertain. Tu n’as pas à occuper ton esprit avec, ce sera simplement la même relation que d’habitude avec un nom pour la décrire ! Il faudra juste trouver ce nom aujourd’hui…

Sans plus tarder l’homme tourna les talons faisant quelques pas au gré des bâtiments, il semblait avoir une idée en tête, une direction claire et précise. Il avançait avec tranquillité, réfléchissant à ce qu’il faisait en ce lieu, ce que le lieu lui offrirait comme souvenir. Les pas de l’homme allaient le mener aux grands cactus composant l’apparence atypique de l’île.

Alors, lorsqu’ils furent à mi-chemin le Vairon bondit hors du dernier bâtiment, le duo se retrouvant à la limite de la ville, alors que les impressionnantes montagnes nommées « cactus » se présentaient à eux. Il se retourna ainsi vers l’impératrice et dit d’un air amusé.

- Alors impératrice coquine une dernière chose à ajouter ?

Tenshi avait véritablement le don d’imposer un certain silence presque pesant avant d’offrir toute réponse au brun, tout comme à d’autres moments elle lui répondait sans prendre le temps de réfléchir, les mots sortant aussi rapidement que la pensée, une chose plutôt rare quand on voyait son naturel impassible.

Néanmoins, elle avait raison d’agir de cette façon avec son comparse, c’était ce qui la rendait intéressante à ses yeux et permettait à ce lien de perdurer. Il fallait admettre qu’elle savait faire réfléchir le vairon lorsqu’elle prenait la parole.  A tel point qu’il commença à réfléchir sur les propos qu’il venait de tenir, se rendant compte de la contradiction de ceux-ci, il lui faudrait plus de simplicité dans sa façon de procéder tout en restant lui-même.

Malgré tout, une chose restait difficilement compréhensible pour lui, la blonde platine semblait rejeter l’utilité du plaisir, c’est-à-dire qu’elle ne voyait pas l’utilité d’user leur corps dans un plaisir éphémère ; pourtant toutes leurs « relations » furent jusqu’à maintenant le fruit de purs plaisirs éphémères, ce qui rendaient cette phrase assez difficile d’interprétation pour le vice-amiral.

La dernière prise de parole de l’impératrice sonnait comme une idée logique, il n’y avait pas de raison d’offrir un nom à leur relation ambiguë, cela la dénaturerait et lui ferait perdre toute sa spontanéité. De ce fait, il vaudrait mieux se contenter d’en profiter sans plus de cérémonie.

Alors, il allait répondre à l’envers, commençant par la dernière réponse de la jeune pour finir par la première ensuite.

- Pour le coup, j’avoue que tu as raison, donner un nom à notre relation lui ferait perdre son intérêt, cela nous obligerait à nous ranger dans une catégorie, ce qui n’a pas grande utilité pour nous. En revanche je suis assez surpris.

Tout en commençant une petite marche les menant à l’ascension des cactus géants de Whisky Peak, le brun continua avec calme.

- Cette nuit que tu as passé dans le même lit que moi et les autres nuits où nous nous sommes battus encore et encore… Toutes ces nuits n’étaient vouées qu’à un plaisir éphémère.  Alors pourquoi parle tu d’user nos corps dans des plaisirs trop éphémères, alors que ce sont eux qui conditionnent nos relations depuis le début.  Tantôt ennemis, tantôt amants, c’est ce que nous sommes, deux choses éphémères.  Néanmoins, si tu vois l’affection et l’amitié comme des choses inutiles aux liens que nous partageons déjà je peux le comprendre. Mais alors, cela signifie-t-il que nos rapports sont limites au fer et au drap ?

Si c’est ce que voulait la jeune femme, alors l’Archer s’y plierait sans le moindre problème, c’était déjà le lien qu’ils entretenaient actuellement, alors cela ne serait qu’un changement très relatifs.

- D’ailleurs nous pourrions prendre une chambre ce soir, les Log Pose prennent un jour pour se recharger après tout.

Cependant, louer une chambre paraissait ironique quand on savait que le vairon pouvait littéralement créer ce genre de chose comme il l’avait fait la dernière fois qu’il fut intime avec la jeune femme, son désir de faire profil bas sur cette île était donc bien réel. Pourtant il était principalement craint sur cette île et les villageois cherchaient plutôt à capturer le Lundren pour se libérer de son contrôle qu’éliminer l’Archer, mais il s’agissait d’une autre épopée.

Ainsi, Ghetis prit le partie de faire un détour, ne souhaitant pas arriver sur la partie où les tombes desdits cactus commençaient à apparaître. Au lieu de ça il les longea pour arriver derrière eux, en soi, derrière l’île, pour ainsi entamer une descendante.

- Dis-moi Tenshi, as-tu déjà entendu parler de Noctis, mon frère cadet ? Il faisait équipe avec Zeke autrefois et a longtemps séjourné sur cette île qui était celle de son organisation. Eh, bien d’après une rumeur figure-toi qu’il aurait laissé un enfant dans ce monde en mourant… Il aurait entretenu une relation particulière avec une femme, mais je ne sais pas encore si celle-ci a réellement eu un enfant, parce que l’histoire me surprend quelque peu, pour une raison simple : cette femme serait apparemment, une amazone.

La discussion du duo prenait alors un tournant significatif, un tournant qui signerait le début d’une discussion d’un autre niveau, car la bretteuse pouvait s’en douter, l’Archer ne parlait pas de ce genre de chose pour rien, il avait bien évidemment autre chose à dire derrière tout ceci.